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Gabrielle d' Harcourt (Traducteur)Jean-Pierre Vernier (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782070712304
182 pages
Gallimard (11/02/1988)
4.15/5   27 notes
Résumé :
"Avais-je jamais su lui dire, ce que je lui écrivis aussitôt, toute l'affection, l'admiration, la vénération, que, malgré tant d'absence et de silence, je n'avais cessé de lui vouer ? De mes aînés, je n'aimais, ne connaissais que lui. J'étais entré avant-hier chez Galignani, possédé par le désir d'acheter le nouveau livre de Conrad ; que je lis avec l'admiration la plus vive." André Gide "- Eh bien, qu'y a-t-il ? Et le capitaine Whalley, se détournant à demi, murmur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voilà une triste histoire aux allures de tragédie, car finalement ce n'est pas la médiocrité des hommes qui gagne, mais bien le destin. L'incipit de Conrad est énigmatique : S'agirait-il d'une histoire vraie ? J'ai bien aimé lire cette histoire à mi-chemin entre le roman et la nouvelle, bien que je ne sois pas (encore ) fan de ces dernières. Superbes descriptions des mers et des côtes vers Sumatra, du navire, et bien sûr des caractères. Ce livre m'a fait renouer avec Joseph Conrad dont j'avais adoré jadis son roman "Fortune". (Ensuite j'avais abandonné "Lord Jim", peut être les prémices de mon abandonnite aigüe(!) -cf présentation- à présent guérie. Point de vue style, je n'avais pas le souvenir de phrases si développées, à tel point que j'ai à plusieurs reprises dû remonter dans le paragraphe pour en reconstituer toute la forme: J'aimerais le lire en anglais, mais je ne pense pas avoir le niveau! En conclusion, un beau livre qui pourrait servir d'introduction à l'univers merveilleux de Conrad le marin, cet immense écrivain .
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Un roman court, étonnamment varié et riche. La simplicité de l'intrigue n'empêche pas Joseph Conrad de dilater le temps, en composant d'excellents portraits. D'un côté, les médiocres ; le second arriviste et l'armateur obsédé par les jeux, esquissés avec une belle ironie. de l'autre, les sages intelligents, mais traités comme une espèce en voie de disparition: le commandant Whalley, et le seul qui le comprenne, le planteur van Wyk. L'intrigue simple d'un vieil homme ruiné, qui cherche à envoyer de l'argent à sa fille. Mais le récit prend une ampleur insoupçonnée, lors d'une révélation frappante. Une infirmité transforme le récit en tragedie à hauteur d'Homme.
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Celui qui est au bout du rouleau c'est le capitaine Whalley, vieux loup de mer obligé de reprendre la navigation afin d'apporter un peu de réconfort financier à son unique fille, mal mariée.

Ce Père Goriot ultramarin, veuf inconsolable, qui voue un amour absolu à sa descendance, pilote dorénavant le Sofala, minable barcasse à vapeur pour l'exploitation de laquelle il a engagé ses propres fonds. Il espère pouvoir bientôt récupérer sa mise en prenant enfin une retraite bien méritée mais il doit composer avec un équipage gangrené par l'envie et la lâcheté. Le copropriétaire du rafiot, l'immonde Massy, abject pétochard huileux, n'aspire qu'à le spolier cependant que Sterne son second, piteux arriviste, guigne son poste, prêt à toutes les ignominies pour atteindre son but.

Son amitié avec le désabusé Van Wyk et la complicité muette qui le lie à son loyal maître d'équipage malais aident Whalley à supporter cette fin de carrière désastreuse. Mais notre noble vétéran cache un sombre secret...

Cette longue nouvelle à la chronologie génialement bousculée nous balade de Singapour à l'estuaire de Batu Beru : la langue conradienne y est comme toujours opulente. Qu'il évoque les rues poussiéreuses du Gibraltar de l'Extrême-Orient, les rives exubérantes de fleuves serpentins ou les jeux d'ombres de feuillages tropicaux, Conrad sollicite tous les sens du lecteur. Il sublime l'anodin et nos yeux se dessillent, nos narines palpitent, nos oreilles s'enchantent...

D'un matériau somme toute convenu, ce styliste aguerri modèle un récit haletant et dru. Un ravissement.
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Joseph Conrad un polonais né en Ukraine qui vécu à Marseille et qui écrivait en anglais des histoires de mer. Un homme de voyage, citoyen du monde comme tous les marins, il en était un lui-même pour s'être engagé dans la marine marchande britannique.
Cet auteur mal connu aura vécu la charnière entre les deux siècles (il est mort en 1924) et il influencera les plus grands : Faulkner, Gide ou Malraux, pour ne citer qu'eux.

L'histoire d'un marin, bien sûr, un de ces grands capitaines de la marine marchande du XIX° siècle, souvent propriétaires de leurs propres navires, qui parcouraient les mers sur leurs grands clippers à la poursuite de la bonne fortune.
C'était avant que les vapeurs ne viennent bouleverser cette économie très particulière.
Après la faillite d'une banque anglo-asiatique qui engloutira son capital, le capitaine Whalley se retrouve en mauvaise posture, incapable d'aider sa fille qui a besoin d'argent.
Le commandant réussit tout de même à racheter finalement un petit vapeur et se livre au cabotage le long des côtes, non loin de Singapour.
Malgré la malchance et l'adversité (difficile de vous en dire plus sans trop en dévoiler), il affronte la mer et son destin.
Profondément convaincu de la noblesse de son métier de marin et de sa grandeur d'homme, il fixe l'horizon, obstiné, obsédé par l'idée de transmettre à sa fille qui vit au loin, un peu du capital qu'il essaie de préserver en commandant son vapeur le long des côtes.
Une histoire nourrie de celle de Conrad lui-même, à cette même époque criblé de dettes, contraint d'arrêter la navigation ... et pressé par son éditeur d'écrire quelques nouvelles.
Un portrait d'homme (et de quelques autres qu'il croise sur sa route), d'une belle écriture classique, ample et riche, nourrie de détails, au parfum surrané de ce tout début de siècle.

[...] Il y avait eu un temps où les hommes comptaient.

Visiblement, Conrad était de ce temps là.
Lien : http://bmr-mam.over-blog.com..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
incipit :
Longtemps après que le vapeur Sofala eut changé de route pour rallier la terre, la côte basse et marécageuse avait conservé l'aspect d'une simple tache d'obscurité au-delà d'une étendue scintillante. Les rayons du soleil tombaient violemment sur la mer calme - ils semblaient se fracasser sur une surface impénétrable et se transformer en poussière étincelante, en une éblouissante vapeur lumineuse dont l'éclat changeant aveuglait l'oeil et lassait le cervau.

Le capitaine Whaley ne regardait pas la mer. Quand son serang, s'approchant de l'ample fauteuil de rotin qu'il remplissait sans peine, l'avait averti à voix basse qu'il fallait changer de route, il s'était levé aussitôt et était resté planté sur ses pieds, le visage tourné vers l'avant, tandis que le nez de son navire décrivait un quart de cercle. Il n'avait pas prononcé un seul mot, pas même l'ordre de redresser la barre. ç'avait été le serang, un petit Malais plus tout jeune, vif et très brun de peau, qui avait murmuré l'ordre à l'homme de barre. Et alors, lentement, le capitaine Whalley s'était rassis dans le fauteuil sur la passerelle et avait fixé du regard le pont entre ses pieds.
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[...] On ne pouvait s'y tromper : un vapeur désarmé était chose morte ; un voilier semble en quelque sorte toujours prêt à reprendre vie au souffle des cieux incorruptibles ; mais un vapeur, pensait le capitaine Whalley, tous feux éteints, sans les chaudes bouffées qui de ses profondeurs montent à votre rencontre sur le pont, sans le sifflement de la vapeur, sans les bruits métalliques dans son sein, repose là, froid, immobile, sans pulsation, comme un cadavre.
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Son cœur battait violemment sous l'effet d'une crainte étouffante des blancs, de ces hommes à l'obstination arbitraire qui poursuivent inflexiblement leurs dessins incompréhensibles - ces êtres qui avaient d'étranges intonations dans la voix, étaient mus par des sentiments inexplicables, animés par des mobiles impénétrables.
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[...] Il y avait eu un temps où les hommes comptaient.
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Un navire de croisière qui s'échoue. le commandant qui prend la fuite. Une trentaine de passagers qui perd la vie. Ca c'est passé il y a quelques années, vous vous en souvenez. Pour un marin, déserter le bord c'est le déshonneur suprême. Et pour un romancier, c'est l'occasion de sonder les abysses de l'âme humaine.
« Lord Jim » de Joseph Conrad, un classique à lire chez Folio.
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