J'aime l'écriture de
Catherine Cusset par contre il m'arrive de ne pas adhérer systématiquement à sa production romanesque partant toujours d'éléments autobiographiques romancés. Dans les meilleurs des cas cela donne "
Un brillant avenir " ou très récemment le délicat " le côté gauche de la plage" et dans le pire "
Indigo". "
L'autre qu'on adorait" se situe pour moi entre les deux.
Thomas, est grand, beau, très très intelligent et promis à
un brillant avenir dans un milieu universitaire où sa parfaite connaissance de l'oeuvre de
Proust lui donne une aura qu'il sait utiliser sans complexe. Après avoir été un temps l'amant flamboyant de l'auteure, il restera ensuite un ami fidèle. C'est au nom de cette amitié et à la suite de son suicide à trente-neuf ans, que
Catherine Cusset retracera son parcours de 1986, année de son premier échec à Normale Sup à avril 2008, date de sa mort.
Le récit débute sur les chapeaux de roue, brillant mélange d'éléments biographiques, historiques et psychologiques autour de ce séducteur. J'ai été tout de suite accroché, intéressé malgré la forme très personnelle que prend le texte.
Catherine Cusset s'adresse à Thomas en employant le tutoiement, signe de proximité, voire de réalité, donnant ainsi une force à son récit mais tenant aussi le lecteur à distance. La description minutieuse de cet univers d'universitaires très aisés, certes sociologiquement et psychologiquement intéressante, envoie malgré tout des signes bien précis d'un monde à part dont, au fil des pages on se sent petit à petit un peu exclu. Thomas, sautant de maîtresses en maîtresses comme dans les nombreux vols aller/retour France/Usa, finit par lasser. Ses amours et sa procrastination autour de sa thèse se font de plus en plus répétitives, ses recherches d'emploi aussi. L'écriture virevoltante de
Catherine Cusset, fait que l'on n'abandonne pas son héros, de plus en plus antipathique. On le laisse continuer à disserter ( brillamment ) sur
Proust, à acheter ses glaces chez Crébillon, à draguer et baiser divinement des conquêtes et à boire des grands crus. Heureusement vers le dernier tiers, un regain d'intérêt apparaît avec, je pense, le noeud du livre, l'élément sans doute déclencheur de cet hommage posthume.
Catherine Cusset avait écrit au début des années 2000 un portrait peu amène de son ami qu'elle avait eu l'audace ? l'honnêteté ? de lui faire lire. En tant que lecteur, un certain malaise naît. Malveillance de la part de l'auteure ? Sentiment de culpabilité ? En tous les cas la réflexion que ce texte a suscité de la part du malheureux a ouvert la porte au roman : " Tu sais, Catherine, les gens ont quand même une vie intérieure.", phrase plusieurs fois reprise comme une claque dont on ressent toujours l'impact.
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