Tellement de livres, d'ouvrages déjà écrits sur
Sylvia Plath, que pouvait apporter de plus
Ananda Devi ? Son coeur et son talent de poète…
« Je dois escalader les ombres », nous dit-elle en toute fin de ce livre. Sur quelles épaules s'est-elle juchée pour écrire
Sylvia P. ? Celles de Ted ? de Sylvia ? Aucunes et toutes à la fois…
Ananda Devi ne décortique pas des faits, ne cherche pas à prendre position sur une quelconque vampirisation du talent de l'un par l'autre, ni à savoir qui porte la responsabilité de cette mort…
Elle nous ouvre sa vision de deux poètes qui ne pouvaient faire autrement que de se rencontrer, de s'affronter, de s'entre-dévorer…
C'est organique. Comme deux plaques tectoniques qui s'entre-choquent, et dans un bouillonnement irréfréné, laissent jaillir des pépites éblouissantes, poèmes faits de chair et de sang, mis au monde dans une effervescence de splendeur, de joie et de souffrance.
« Il faut vivre en permanence avec un pied dans l'obscur et sa terrible splendeur, et que sur chaque instant soit posé cette lame qui risque de trancher les vertèbres, pour savoir que la poésie peut tuer. »
Tout cela a un prix. le labeur des mots, mais pas que. Celui de la vie, des filets jetés sur tout ce qui peut, pourra, se changer en matière poétique.
Sylvia écrit. Jour et nuit. Elle biffe, reprend, intercale, substitue… pour trouver la perfection. Cela sera sublime ou cela ne sera pas. C'est toujours en mouvement, toujours en chantier. Sur le papier, dans la tête, le coeur et le corps. Ça bouge et ça grouille, en elle.
« mais elle finira par savoir qu'écrire est un acte solitaire. Comme mourir. »
Merci à Babelio et aux éditions
Bruno Doucey pour cette superbe lecture.