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Sophocle (Traducteur)Anne Lebeau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782253081043
384 pages
Le Livre de Poche (23/03/2005)
3.85/5   31 notes
Résumé :
Est-il vraiment besoin de rappeler l'histoire de ce qu'il convient de considérer comme l'une des plus intenses tragédies grecques ? Électre, fille d'Agamemnon et de la reine Clytemnestre, n'a de cesse de réclamer la mort de sa mère, qu'elle estime responsable de l'assassinat de son père. Cloîtrée à Mycènes, maintenue dans la pauvreté, placée sous surveillance étroite, de facto impuissante à l... >Voir plus
Que lire après Électre : Les Choéphores d'Eschyle - Électre de Sophocle - Électre d'EuripideVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici un livre que je trouve plus intéressant que chacune des parties qui le constituent. Comme son titre l'indique, il est centré sur le personnage mythologique d'Électre.

Mais ce qui est intéressant ici, ce ne sont pas forcément les pièces prises indépendamment, mais les comparaisons qu'elles nous permettent. Or, vous savez bien que la méthode comparative est l'une des deux seules façons de mener des investigations scientifiques.

On sait que sur les plus de trois cents ou quatre cents tragédies écrites par Eschyle, Sophocle et Euripide, seules 33 nous sont parvenues. Et sur ces 33, dix évoquent de près ou de loin cet épisode mythique. C'est dire s'il est important dans la tradition culturelle grecque.

On peut rappeler en quelques mots cet épisode. À la base de la base, chez les tragiques grecs on s'appuie sur Homère, qui lui le raconte assez succinctement, laissant ainsi la place à de nombreuses interprétations, prolongations ou enjolivures.

Agamemnon, le roi vainqueur de Troie, sacrifie sa fille Iphigénie, pour apaiser le courroux de la déesse Artémis. Évidemment, Clytemnestre, sa femme, ne voit pas d'un très bon oeil ce sacrifice de sa fille. On sait de plus qu'elle fait des infidélités à Agamemnon pendant son absence avec le cousin du roi, Égisthe.

De sorte que Clytemnestre manigance avec son amant d'assassiner Agamemnon. Égisthe se charge de la besogne et remplace poste pour poste son défunt cousin, à la fois dans le lit de sa femme et aux commandes du royaume.

Comme vous pouvez vous en douter, les enfants d'Agamemnon et de Clytemenestre prennent assez mal la chose, mais parmi eux, il n'y a qu'un fils, Oreste, et qui est encore trop jeune pour défendre l'honneur de son père. Il est donc exilé manu militari par des partisans de l'ancien roi aussi bien pour le protéger que dans l'espoir d'une vengeance future.

Les soeurs d'Oreste sont Électre, la rebelle et Chrysothémis la soumise. Au passage, Sophocle semble le seul à nous parler de cette soeur qu'il a peut-être ajoutée pour les besoins de sa pièce.

Électre représente donc l'archétype de l'héroïne au destin tragique : fille de roi, déchue après son assassinat, honteuse d'avoir une mère adultère et meurtrière et pas certaine qu'un jour son petit frère puisse lui sauver la mise et ainsi lui permettre un beau mariage honorable.

Ce qui est particulièrement intéressant ici, c'est de voir l'évolution du personnage chez les trois tragédiens à quelques années d'intervalle, ainsi que l'évolution du théâtre même et de ses finalités.

Eschyle, c'est vraiment la préhistoire de la tragédie. On peut le déplorer maintenant, en trouvant sa pièce pauvre ou caricaturale, mais ce serait une erreur si l'on se souvient qu'avant lui il n'y a rien, ou en tout cas, pas grand chose. Je doute qu'il soit l'inventeur de tout, mais son rôle dans l'émergence de la tragédie grecque est fondamental et indéniable.

Concernant Électre, son rôle est assez mineur, d'ailleurs, elle ne donne pas son nom à la tragédie contrairement à son père Agamemnon dans un autre volet de l'Orestie. (Néanmoins, quand on sait le nombre de pièces perdues et les sept malheureuses pièces d'Eschyle qu'il nous reste, on se dit qu'il avait peut-être ailleurs développé plus le rôle d'Électre.)

Chez Eschyle, Électre se borne à se lamenter, à reconnaître son frère Oreste à coups de mèches de cheveux et d'empreintes de pas et à lui réclamer justice pour le meurtre de son père. Et c'est à peu près tout.

Chez Sophocle, on note une franche évolution du style d'écriture, c'est beaucoup mieux écrit, c'est très poétique, très fin et le rôle d'Électre est enrichi. L'auteur lui trouve un contrepoint avec Chysothémis, exactement comme il l'avait fait pour Antigone avec Ismène. le rapport mère-fille est également très intéressant. Électre assume son rôle d'opposante, elle le revendique et en est fière. Elle veut être l'épine dans le pied tant de sa mère que d'Égisthe et se sent prête à jouer du poignard si par hasard son frère Oreste avait un petit coup de mou au moment de passer à l'acte.

Chez Euripide, la prestation d'Électre est un peu moins spectaculaire mais la construction de la pièce est bien meilleure. Sophocle avait révolutionné Eschyle et Euripide révolutionne Sophocle. Les évolutions purement théâtrales propulsent Euripide à mi-chemin entre Eschyle et Racine. Il crée l'ancêtre des actes au théâtre, il abaisse la proportion de répliques chantées, il crée d'ailleurs de véritables dialogues. Et il se moque doucement mais surement d'Eschyle.

On sait que son prédécesseur avait opté pour la reconnaissance au cheveu et à l'empreinte de pas. Ici, Euripide casse tout ça et démontre que c'est bidon. Il a un souci de plus grande crédibilité. Autant Eschyle nous servait du rapport aux dieux, autant Sophocle appuyait sur le bouton du pathos en nous abreuvant de poésie, autant Euripide essaie de rapprocher le théâtre de ses spectateurs d'alors sans jouer trop la carte du surnaturel.

Ainsi, ce livre n'est pas tant intéressant dans les histoires qu'il raconte que sur ce qu'il nous donne à voir et à comparer sur l'évolution même du théâtre, des origines vers ce que l'on connaît aujourd'hui, au travers de trois auteurs décisifs qui traitent d'un même sujet ou à peu près.

Pour ma part, j'aurais tendance à attribuer 2 étoiles à Eschyle, et 3 étoiles pour chacun des deux autres. C'est la comparaison des styles offerte par ce livre vraiment pas trop gros et bien fait que j'élève à 4 étoiles. Mais tout ceci n'est bien entendu que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Electre est l'archétype de la tragédie grecque, une oeuvre qui se distingue par sa cruauté et sa violence. Les plus grands poètes de l'époque en ont fait leur version et plutôt que de s'opposer les trois pièces présentées ici se complètent pour ne plus faire qu'un ensemble indissociable. Agamemnon est mort assassiné par l'amant de sa femme qui en a profité pour usurper le titre de roi et pour prendre sa place sur le trône et dans le lit de la reine. Electre sa fille reléguée au simple rang de servante n'a plus qu'une idée en tête, venger son père et retrouver une position plus digne de son statut. Aurait-elle eu la même rage meurtrière si elle avait gardé ses prérogatives de princesse consort ? On peut en douter tant son personnage déborde d'ambitions et d'orgueil. Pour verser le sang elle a besoin d'un bras armé, bras qu'elle va trouver en la personne de son frère Oreste qu'elle pensait mort et qui réapparait après de longues années d'exil caché au loin par des partisans de son défunt père. Lui-même désire venger le héros de la guerre de Troie qu'il présente comme la droiture et la probité même. Il est vrai qu'Agamemnon fait partie des artisans de la victoire, mais pour mettre les bonnes grâces des dieux de son coté il n'a pas hésité à égorger de sa main sa plus jeune fille Iphigénie. A l'issue du conflit, il est revenu au pays accompagné d'une nouvelle concubine, de quoi largement exacerber les ressentiments de son épouse. Tuer !!! Voilà le maitre mot et si Orestre n'a pas de scrupules à éliminer celui qui a pris la place de son père, il est plus réservé sur le châtiment à appliquer à leur mère. Il hésite, mais Electre se dresse, crache les milles feux de sa colère et pousse son frère à commettre l'irréparable . Lyrique, poignant et terriblement réaliste malgré les interventions des choeurs qui agissent un peu comme une voix off, ce livre est une somme que tout le monde devrait connaitre car au même titre que l'Ylliade et l'Odyssée d'Homère, il fait partie des oeuvres fondatrice de la littérature mondiale...
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deux livres à lire pour les cours. Commençons par celui de Giraudoux !

Au début je ne savais pas exactement à quoi m'attendre, d'autant plus qu'on nous avait annoncé que cette pièce était liée aux événements de 1936. J'ai été assez surprise par l'humour de l'auteur souvent présent, les détails en apparence insignifiant qu'il a inséré... J'ai bien aimé cet aspect neuf de l'histoire. Giraudoux y a apporté de nombreux éléments, parfois en reprenant certaines idées des auteurs antiques comme les Euménides ou le jardinier (le laboureur chez Euripide). Néanmoins cette profusion de détails m'a un peu inquiété car je ne savais pas exactement à quoi ils correspondaient, pourquoi l'auteur avait utilisé ceux-là en particulier, ce qu'il voulait dire. Je compte donc sur mes futures analyses de cours pour éclairer cet aspect.

Quant aux pièces antiques, j'ai largement préféré celle d'Euripide qui n'était no trop longue ni trop courte et contenait pas mal de détails sans pour autant étouffer comme dans la pièce de Giraudoux. Néanmoins j'ai trouvé très intéressant de pouvoir comparer les éléments différents et en commun entre chaque pièce, l'écriture était très fluide, que ce soit pour Euripide, Eschyle ou Sophocle.

La fin est assez différente dans chacune des pièces. Electre et Oreste ont à chaque fois un côté un peu agaçant, mais c'est propre à la tragédie grecque et ça ne m'a pas plus énervé que ça. Je pense que j'aurai beaucoup de plaisir à étudier ces pièces en cours dont l'action m'aura bien plu, que ce soit au début, ou à la fin, notamment les nouveaux procédés qu'utilise Giraudoux.

Ces quatre pièces m'ayant bien plu, j'aimerais beaucoup lire les autres correspondant à cette univers des Atrides, concernant Agamemnon et le procès d'Oreste. Il s'agit donc d'une pièce assez difficile à lire pour Giraudoux si on ne comprend pas ce qu'il veut dire, mais dans l'ensemble très agréables, surtout celles des auteurs de la Grèce antique !
Lien : http://livresdecoeur.blogspo..
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Bien écrit, mais lire trois fois la même histoire peut très vite devenir fatiguant.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
LE CORYPHÉE : Maintenant souviens-toi du meurtre et contre les coupables...
ÉLECTRE : Que dois-je demander ? Instruis-moi et guide mon ignorance.
LE CORYPHÉE : Demande qu'il surgisse contre eux quelqu'un, dieu ou mortel...
ÉLECTRE : Que veux-tu dire ? Un juge ou un vengeur ?
LE CORYPHÉE : Dis-le franchement : quelqu'un qui les tuera à leur tour.
ÉLECTRE : Puis-je sans impiété demander cela aux dieux ?
LE CORYPHÉE : Sans doute : n'est-il pas juste de rendre mal pour mal à un ennemi ?

ESCHYLE, Les Choéphores.
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CHRYSOTHÉMIS : La justice est dans ce que tu penses bien plus que dans ce que je dis. Mais si je tiens à vivre libre, je dois en tout obéir à mes maîtres.

SOPHOCLE, Électre.
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ÉLECTRE : Ce qui dure n'est pas la richesse, mais c'est le caractère,
car il nous est inné, et peut résister au malheur.

EURIPIDE, Électre, Quatrième épisode.
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Vidéo de  Eschyle
ESCHYLE — Le Chœur & le Sacré (UNIVERSITÉ NANTERRE, 1994) Un cours audio de Émile Lavielle enregistré le 8 février 1994 pour l’Université de Nanterre.
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