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Jérôme Garcin nous présente vingt-huit auteurs et nous fait entrer dans leur intimité.
Avec délicatesse, sans voyeurisme. Avec tendresse, respect et admiration.
La cohérence entre la vie d'un écrivain et ses livres m'a toujours semblée importante.
Avec « Les livres ont un visage », Jérôme Garcin me conforte dans cette idée et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé certains auteurs dans leur vie, et en ai découverts d'autres que je ne connaissais pas (mais que j'ai scrupuleusement notés).
Ce livre, au titre si parlant, est un beau voyage littéraire, très bien écrit.
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Nous voilà au coeur d'un voyage littéraire, ou ce que Jérôme Garcin nomme plus singulièrement ses « visites buissonnières », à travers l'incursion dans l'intimité de vingt-sept personnalités différentes. Un conteur qui aime à explorer et faire découvrir l'Homme qui constitue l'écrivain afin que son lecteur s'imprègne le mieux possible de son univers. Les livres ont un visage n'est pas son premier essai, Jérôme Garcin avait déjà initié l'expérience de la rencontre littéraire avec Littérature vagabonde, ouvrage dans lequel il avait rassemblé ses apartés avec des auteurs tels que René Char, Frédéric Dard, André Dhôtel, Julien Green.
Quels auteurs nous sont donc proposés ? Des personnalités aussi diverses et variées: Julien Gracq, Gabrielle Wittkop, Jean-Marie le Clezio, François Nourrissier, Julian Barnes, Germaine Mühlethaler, Isabelle von Allmen, Jules Roy, Jean Mauriac, Bernard Giraudeau, Patrick Rambeau, Jean-Jacques Sempé, Nicole Lombard, Clément Rosset, Jacques Chessex, Denis Grozdanovitch, Daniel Boulanger, Jean-Yves Cendrey, Eric Holder, Jacques Chauviré, Régis Jauffret, Pierre Combescot, Jonathan Littell, Bernard Frank, Homeric, Christine de Rivoyre, Patrice Franchet d'Espèrey. Et j'ai peine à dire que je connaissais tout juste la moitié des noms de cette liste. Ceux que je connais, c'est bien loin de ces portraits subjectifs et confidentiels que Garcin dresse à travers les quelques heures passées avec son interlocuteur. Ces textes se reposent sur des visites qui bien souvent datent du début des années deux mille, et le temps qui sépare leur rédaction de leur publication a bien souvent vu l'auteur s'éteindre. À cet effet, une postface a donc été rajoutée, ce qui est le cas pour Julien Gracq, décédé en 2007, et dont l'entretien date de 2002 chez lui en région Pays de la Loire.

le temps de quelques pages, l'auteur prête sa voix à ses hôtes, la plupart du temps, telle Gabrielle Wittkop « D'ailleurs, j'écris et vis comme un homme! », l'auteur de Sérénissime assassinat et La mort de C. au sein de son studio francfortois, et revient sur sa vie, son passé avec l'alternance de passages à la première personne et à la troisième personne du singulier. Chaque récit nous livre une brève biographie de la personne en question, non dépourvue d'intérêt si la personnalité nous est inconnue. Femme iconoclaste s'il en est, les écrits de Wittkop, publiés par les éditions Verticales grâce à son directeur Bernard Wallet, a été découverte tardivement. À travers sa littérature sombre et torturée, sulfureuse même, sa personnalité hors du commun qui la porte davantage du côté de la mort, l'auteure exècre l'enfantement, d'ailleurs Jérôme Garcin utilise à son propos une fois l'adjectif nécrophile titre de son premier roman La nécrophilie et évoque des accointances avec Le Marquis de Sade, Voltaire, Diderot mais aussi E.T.A Hoffmann. Obsédée par deux choses, les mots et son âge, elle a à coeur d'utiliser une langue riche, précise et incisive. le dernier roman qu'elle ait publié avant sa mort Sérenissime assassinat, a pour narration une intrigue policière sur arrière-fond vénitien au temps du XVIIIe siècle. En somme, voilà une personnalité, plus qu'une femme, une auteure fascinante, dont ces quelques pages font naître l'envie de se plonger dans son univers particulier. Jérôme Garcin a parfaitement réussi son pari.


Les autres conversations sont tout aussi passionnantes, découvrir le quotidien, les habitudes de chacun d'entre eux, plus particulièrement leur refuge intime,en ce qui concerne Le Clezio la baie de Douarnenez, est savoureux. À travers ces confessions, Garcin capture l'état d'esprit, la mélancolie, la nostalgie, d'un être qui accepte de se retourner sur sa vie, de revenir sur ces instants solennels qui deviennent éternellement gravés dans leur mémoire d'adulte, comme la découverte de cette Bretagne inconnue pour notre auteur transnational. D'autres chapitres sont plus touchants, je pense notamment à celui sur François Nourrissier, qui le dépeint perclus chez lui, amoindri par la maladie de Parkinson, et qui s'interroge sur l'opportunité de publier son dernier manuscrit relatant la vie de feue sa femme Reine, Tototte, Cécile Muhlstein, atteinte d'alcoolisme chronique. Garcin y excelle à décrire l'enfer de ce couple, chacun tout aussi brillant dans son domaine, pour elle la peinture, pour lui la littérature, mais qui s'est peu à peu perdu, s'est dessaisi de son bonheur à travers l'enfer de leurs démons intérieurs, de l'auto-dépréciation.

Ces entretiens sont souvent trop courts, celui de Christine de Rivoyre, femme de lettres prolixe, auteur du roman Petit matin, qui a reçu le prix Interallié en 1968, pourtant inconnue pour moi au bataillon jusqu'au jour de ma lecture des lignes de Jérôme Garcin, est, à cet égard, exemplaire. On ressent parfaitement l'effort du journaliste pour condenser au maximum ce tableau d'impressions qui se dégagent de ses échanges avec elle, afin que le lecteur s'imprègne immédiatement de l'univers qui est le sien, de cette vie certes solitaire mais ancrée dans une sorte de plenitude trouvée grâce à ses chevaux et sa lande d'Hossegor, au creux des souvenirs vivaces de son amour décédé il y a vingt-deux ans de cela en Inde, Alexandre Kalda. Notre auteur se voit obliger d'user d'une plume vive et concise, assez expressive pour exprimer à la fois le sentiment de révolte, de colère conjugués à son amour pour le monde, l'univers équin, bref le bouillonnement vital qui l'a toujours animé, un amour exalté de la vie toujours aussi ardent à l'heure du récit de Garcin.

Ce livre se lit donc comme une compilation de biographies, qui au-delà de votre goût, votre méconnaissance, votre indifférence ou votre dégoût pour l'auteur en question, nous permet d'accéder à leurs univers à travers le prisme du regard bienveillant de Jérôme Garcin. Des bouts d'analyse et de témoignages rares et exceptionnels tant sur l'oeuvre que sur l'Homme. Avec, en prime, un style fort, poignant quand il est nécessaire, informatif, frappant, émouvant, puisque quand l'oralité est absente, il est nécessaire de marquer son lecteur à travers l'impact de ses mots au reflet des brèves impressions que ces rencontres ont laissées dans le souvenir de Garcin et finalement sur notre esprit. Laissez-vous simplement aller à la lecture de ces brèves de vie, de cette littérature, qui vous donneront certainement le goût d'aller plus loin.
Lien : https://wordpress.com/post/t..
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Jérôme Garcin nous offre des mots sur l'amour des livres et de ceux qui les écrivent, un partage autour de rencontres. Peu importe qu'on ait les références culturelles ou pas, les visages décrits nous parlent. Parce que chacun a une histoire, racontée avec tendresse et pudeur. le livre refermé, j'ai eu envie de découvrir, et de faire d'autres rencontres.
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Quel joli titre! Qui tient ses promesses. Jérôme Garcin nous fait partager ses rencontres avec des écrivains. Avec sa plume délicate, avec un respect empreint d'une tendre lucidité, l'auteur réussit à mieux nous faire connaître des personnages touchants, souffrants ou hauts en couleurs.
Ces écrivains ont aussi leur histoire. Et grâce à Jérôme Garcin, nous en découvrons une partie. Un très beau moment de lecture.
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Les livres ont un visage
Jérôme Garcin
Mercure d e France, 2009, 234p




C'est un petit livre sympathique. le lecteur est heureux de lire ces pages dévouées à l'amitié et à l'admiration. Il a ainsi l'occasion de faire plus ample connaissance avec des écrivains ou des personnalités qu'il connaît, et d'en découvrir d'autres, dont certains dont il ignorait jusqu'au nom, Ainsi Hérault de Séchelles, 1759-1794, avocat dès l'âge de dix-huit ans, et d'une beauté remarquable. Il fut un homme politique inclassable, et amant des femmes. Il écrivit des oeuvres littéraires et politiques, dont notamment Une théorie de l'ambition. Il est mort sur l'échafaud avec Danton.
le lecteur suit aussi Pierre Combescot, né en 1940 et mort en 2017, un journaliste et un écrivain pas banal, le compagnon des canailles et des dépravés, que ses lectures portaient vers Saint-Simon, Ciagria, Suarès. Il gagna le prix Goncourt et le prix Goncourt des lycéens en 1991 pour Les filles du Calvaire. Il a écrit de nombreux romans historiques qu'il n'avait pas besoin de reconstituer. Il avait vécu les événements. Il cherchait par où entre le péché et la danse classique le passionnait. C'est un romantique.
le lecteur ouvre la porte de Jacques Chauviré, 1915-2005, un médecin né à Lyon qui écrit, qui pense que la médecine est une discipline littéraire. Il a correspondu avec Camus, qui a publié son premier roman Partage de la soif dont le titre me parle. Il était tenaillé par le sentiment tragique de l'existence.
Il rencontre Jean-Yves Cendrey né en 1957, le mari de Marie Ndiaye, Celui qui amène le pédophile à la gendarmerie, cassant le silence timoré de l'Education Nationale. Celui qui change souvent de domicile, et en 2007, à la suite de la campagne présidentielle, pour ne pas avoir à s'habituer avec certains mots. Il est temps pour le lecteur de le connaître par ses livres.
le lecteur s'est ému des témoignages émouvants consacrés à Zouc, Eric Holder né à Lille, et mort au début de l'année 2019, le motard et le disciple d eHenri Calet, l'humaniste et le libertaire. Bernard Franck., Clément Rosset Il porte un autre regard sur le roc Le Clezio dont le nom signifie en breton Les enclos, et dont le désir est de s'enraciner, et pourquoi pas dans la baie de Douarnenez, et Julien Gracq,.
Jérôme Garcin est allé voir, au tout début du XXI°, des amis que la mort attendait. Quelques écrivains ont donné leur dernière entrevue .
Ce livre parle aussi des chevaux, qu'aime Jérôme, et qu'aimait son père, et cet amour causa sa mort.
L'écriture de Garcin est claire, élégante, et aime à citer.
le livre invite à lire les livres des autres, et sans doute, ceux de l'auteur.


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N'ayant pas trouvé François GARde sur le rayonnage de la bibliothèque municipale, dans un élan de frustration rageuse, j'ai empoigné Jérôme GARcin qui précédait son absence et dont j'avais envie de découvrir l'écriture depuis quelques temps. Tout en rondeur élégante, elle est à l'image de l'homme, méticuleuse, tendre, charmeuse, cherchant le mot juste, désireuse de partager. Elle est si bien élevée qu'il lui faut des sujets rocailleux pour avoir de l'éclat. Si le portrait de Gabrielle Witkop est un délice, beaucoup d'autres glissent sur une pente torpide. le journaliste fait son boulot mais la rencontre ne vibre pas. Je me suis ennuyée chez Jean-Marie le Clézio et Nicole Lombard alors que j'aime leur univers et les ai beaucoup fréquentés. Dans les chroniques du début, la vieillesse, la maladie, la déchéance, le dépouillement des moyens intellectuels et physiques, l'irrévérence des écrivains en fin de vie a du relief. Les immoraux, les mal-en-point, les écorchés, les abîmés sont d'excellents compagnons et donnent corps aux meilleurs passages du livre. Les jeunes, les bien-portants, les actifs sont nettement moins intéressants. Trop de résumés de livres, trop d'entretiens quand on voudrait de la vie, des bavardages, des impressions personnelles, du voyage, des anecdotes. D'un gracieux saut de kangourou j'ai bondi au-dessus d'une bonne partie de l'objet.
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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L'auteur rend visite à des écrivains encore vivants dans leur univers familier. Variété des styles, variété des paysages. Ce livre nous aide à réfléchir sur la brièveté de la vie, les traces laissées par les écrivains, l'influence de leur enfance et de leur environnement sur leurs oeuvres. L'auteur est aussi un fervent adepte du sport équestre et il dépeint bien le monde du cheval.
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Fils d'éditeur, Jérôme Garcin vient de publier de courts entretiens avec divers auteurs. Il part du postulat que si au lieu d'enseigner les biographies sévères d'auteurs aux bambins dans les écoles, on leur faisait plutôt lire des entretiens avec lesdits auteurs, ils en deviendraient du coup plus accessibles et plus vivants. Ce point de vue se défend très bien et se justifie par la teneur du livre. Je connaissais les auteurs interviewés de nom, mais les connaître un peu mieux par ce biais m'a donné envie d'en découvrir plusieurs.
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Jérome Garcin, journaliste et écrivain français, est l'auteur de Les livres ont un visage. Il part à la croisée des chemins des écrivains. Il nous emmène chez Julien Gracq, chez Nourissier, chez Le Clézio et chez tant d'autres.
La pause chez l'écrivain est l'occasion pour lui de décrire le lieu, de donner une perspective sur l'oeuvre, en tirer les grands traits. Il offre aussi des anecdotes propres à la vie personnelle de l'auteur.
Il a su donner à chaque écrivain une aura particulière. Il a su en tirer la substantifique moelle.
Il promène son lecteur de la Bretagne, où se niche l'été Jean-Marie Gustave le Clézio, en Champagne à Thiercelieux chez Eric Holder, en passant par la Grande-Bretagne de Julian Barnes.
De son entretien avec Giraudeau, il conserve la générosité d'un homme aux semelles de vent. Sempé est l'homme à la litote. Il vient à la rescousse de Régis Jauffret, souvent dénigré et bafoué en lui reconnaissant d'être « l'un des écrivains les plus singuliers d'aujourd'hui ». Sempé est pour lui « un balzac qui se prolonge et survit, en souffrant, à l'époque agitée de Houellebecq ». Et tant d'autres !
A lire !
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