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EAN : 9782070376780
304 pages
Gallimard (14/10/1985)
3.57/5   100 notes
Résumé :
À la Libération, le héros (et narrateur) Luc Martin, quatorze ans, dont le père instituteur est mort va se trouver mêlé à la confusion générale des années d’après guerre. Il va être accueilli par un certain Vanderputte avec qui il commettra quantité de cambriolages et vols pour alimenter «le grand vestiaire» c’est-à-dire l’appartement du vieux Vanderputte.
Ce dernier va se révéler pire qu’un collaborateur, un dénonciateur de Juifs. Luc Martin le suivra jusqu’... >Voir plus
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« Je cherche un homme » : voilà en substance ce que Romain Gary ne cesse de répéter dans ses livres, avec l'insistance de Diogène brandissant sa lanterne au visage des passants.

Dans son troisième roman, l'amour de l'humanité est déjà une « promesse de l'aube », qui ne vient pas de la mère (contrairement au fameux roman autobiographique de Gary), mais d'un père idéaliste, mort juste avant la Libération. Ce dernier adresse des mots-testaments au héros orphelin : « Il te reste tous les autres hommes ».

Mais ce père n'avait pas prévu que tous les personnages du roman seraient en mal d'identité. Tels des bernard-l'ermite, les vieux se réfugient dans les coquilles d'appartements chaotiques (empruntées à d'autres) et d'idéologies bancales, justifiant leur déchéance. Et les jeunes sont formatés par les films noirs hollywoodiens, machines à illusions, où tout est faux, à commencer par la voix de Lauren Bacall.

Au propre et au figuré, ils se cherchent des habits. Et la forme qu'ils obtiennent ainsi est une forme sans eux. « Tous ces beaux vêtements avec personne dedans » : ainsi le héros voit-il le monde lors d'une crise hallucinatoire, influencée par la vision de rangées de vêtements vides amassés dans le repaire de son gang juvénile. Une bande abritée par une sorte de Fagin à la judéité inversée (eu égard à son passé trouble sous l'Occupation…). Bien avant Mme Rosa dans la Vie devant soi, ce vieillard (répondant au doux nom de Vanderputte) incarne les parties honteuses de l'humanité, que celle-ci considère au mieux comme de la crasse et au pire comme une monstruosité… ce qui l'amène à se renier elle-même.

L'humanisme pessimiste de Romain Gary s'appuie ici fortement sur le roman Ferdydurke de Gombrowicz. On peut le constater dès la découverte des deux premiers camarades du héros, Josette et Léonce, qui évoquent respectivement le charme provocant de la « lycéenne moderne », et l'écolier désireux d'échapper à son environnement citadin. le thème du vêtement rejoint également celui de la forme chez Gombrowicz. Pour ce dernier, la forme est la négation de ce que nous sommes réellement, bien que nous soyons obligés de nous exprimer par elle, de la même façon que s'habiller est un besoin primaire. Cette aporie débouchera ici sur une fin parfaitement cynique, même si entretemps, l'immaturité de ces jeunes délinquants fait souffler un vent de rébellion contre les institutions les plus enracinées, celles-là même qui s'incarnent dans l'uni-forme bien plié et repassé.
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Publié en 1949, « le grand vestiaire » troisième roman de Romain Gary sous ce nom, revient sur la période de l'immédiat après guerre après un récit burlesque, Tulipe.
1949, c'est aussi l'année où René Fallet publie « Pigalle », deux ans après « Banlieue Sud-Est »…
Un thème commun que cet après guerre, et un style si différent… tant le vécu des deux hommes – et leur âge – est différent…

Mais revenons à Romain Gary ; et au « Grand vestiaire ».
Le jeune Luc Martin, orphelin, est le fils d'un instituteur résistant tué dans le maquis. Lui et sa chienne Roxanne sont recueillis par un certain Vanderputte, en compagnie de deux autres orphelins du même âge, Léonce et Josette dont il tombe amoureux…
Avec Léonce, son complice pour les petits larcins et Josette, sa maitresse, Luc fera l'apprentissage de la vie avec en toile de fond, la musique et le cinéma américains… Humphrey Bogart … Lauren Baccall.
La découverte de la vraie nature de Vanderputte... Un geste définitif… Luc déclarera en guise de mot Fin : "Je pouvais maintenant retourner parmi les hommes".

Un livre, tels ceux de René Fallet cités plus haut, bien en phase avec leur époque. On trouve ici, en plus, cette arrière pensée si constante dans toute l'oeuvre de Romain Gary : la méfiance vis à vis de l'être humain…
Pessimiste, Romain Gary ? Certes… Mais surtout lucide dans le constat de l'ambivalence bien-mal de la nature humaine.

Même si il ne m'apparaît pas souhaitable de commencer par « le grand vestiaire » pour découvrir l'oeuvre de Romain Gary, ce « Grand vestiaire » reste indispensable dans le sens où il pose d'ores et déjà les bases des grands succès futurs de l'auteur.
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NULLE PART OU ALLER

A la libération de la France, Luc Martin, tout jeune adolescent, perd son père, résistant, tué lors des derniers combats des maquisards contre les allemands.

Pupille de la nation, il rejoint Paris, refuse d'aller en institution, et fout le camp avec Léonce, rencontré au centre d'hébergement des orphelins de guerre.

Il se réfugie chez Vanderputte, y rencontre Josette, soeur de Léonce, entame une dérive qui fait de lui une petite main du marché noir, un voleur puis un braqueur.

Son "protecteur" trafiquant, est l'objet d'un chantage de la part d'un fonctionnaire de la préfecture de police nommé Kuhl. V. se révèle aussi être un traître et un donneur de juifs.

Le récit monte en puissance vers une conclusion inévitable dans les vignes de la région bordelaise là où V., traqué, finit sa course. Luc,, passé trop brutalement de l'âge d'enfant à celui d'adulte dans un monde peu ragoutant, y trouvera alors une direction à suivre.

Une histoire triste, parfois mêlée de cocasserie, dotée de personnages marginaux étonnants-l'ancien acteur mythomane, déclamateur, travesti à l'occasion, morphinomane ("Take a walk on the wild side" chantait Lou Reed), son épouse totalement vampirisée, les prostituées d'une maison close que Marthe Robert fait fermer-Fermer des maisons closes, c'est un pléonasme-les complices des attaques à main armée.......On y lira aussi une histoire d'amour déchirante, des scènes d'agression très bien écrites notamment la toute première où Luc, pour impressionner Josette, folle de cinéma américain et de films de gangsters, met sous le nez d'une buraliste un Mauser pour lui soutirer une boîte d'allumettes.

Cette époque troublée, rationnée (on manque de tout), peu fascinante (ça sent le remugle un peu pourri, le moisi, l'aigre peur), où Pierrot le Fou et ses tractions avant, Gable et Leigh, les compromissions avec l'occupant occupent le devant de la scène, cette période que Gary décrit comme un grand vestiaire («un immense vestiaire plein de défroques aux manches vides, d'où aucune main fraternelle ne se tendait") comparable à l'empilage de vêtements volés, stockés chez un trafiquant ; cette époque donc tend une toile de fond sur la quelle Gary déploie tout son talent de narrateur, son imagination et son art de mélanger la tragédie, l'improbable, et le drôle.

Il faut être un peu magicien pour réussir à faire tenir cette histoire où le baroque (un collabo prend en charge un fils de résistant), la filouterie (un voleur s'entoure, façon cour des Miracles, d'une équipe de gamins pour faire le boulot), le désespoir (l'amour de deux tourtereaux franchement mal partis), l'absence absolue de compassion, de bienveillance, d'attention (on se tient serrés les uns contre les autres pour avoir chaud), le vide existentiel (nulle part où aller, nulle point où se diriger, nul espoir à avoir) s'entremêlent aussi intimement. Mais Romain Gary est un maître en ce sujet...

Un roman lu d'une traite.
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Une tragi-comédie, écrite et située au tout lendemain de la seconde guerre mondiale, dans un Paris voué aux profiteurs de tout poil. La démerde, dans une France en ruines où même la plus vile des marchandises se vend à prix d'or, est devenue un art de vivre. le héros de l'histoire est un adolescent dont le père, résistant, a été tué dans le maquis. Recueilli par un certain Mr Jean, "Marquis" de son nom de guerre, surveillé de près par les autorités militaires qui l'ont enjoint de déposer ses armes, Luc Martin décide de tenter sa chance dans la capitale. Il va se retrouver entraîné dans une suite d'aventures aussi désopilantes que tragiques, en compagnie d'individus voués, comme lui, à la débine et la quête désespérée d'un peu de bonheur au milieu de la décrépitude ambiante. La morale n'est pas au programme dans ce roman doux-amer qui n'est pas sans rappeler, par son écriture libre et son côté provocateur, les oeuvres d'un certain Louis-Ferdinand Céline, alors en prison puis en résidence surveillée au Danemark, en attente de son procès pour faits de collaboration. Romain Gary, le résistant de la première heure, aurait-il eu une pensée pour son aîné en écrivant ce pamphlet au vitriol, décrivant une France où "tout fout l'camp" ? Ou bien un désenchantement profond devant la difficile reconstruction d'un pays laminé par des années de guerre ?
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Le bouquin du jour : le grand vestiaire, de Romain Gary.

Un des premiers romans de Romain Gary, écrit en 1949 et très représentatif de son époque. Il y a comme un parfum de surréalisme dans cette description du Paris et de la jeunesse d'après-guerre.
Le style de l'auteur, celui qu'on retrouvera dans ces autres oeuvres, à la fois classique et audacieux, lucide et pessimiste, est déjà présent.

Ce n'est pas forcément par celui-ci qu'il faut commencer si on veut découvrir Romain Gary, mais il se lit avec plaisir.

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Le quatrième de couverture :

Luc, dont le père a été tué dans le maquis, est recueilli par le vieux Vanderputte qui héberge déjà chez lui deux autres adolescents, Léonce et Josette. Sous la direction de ce vieux sage sceptique et torturé par d'obscurs remords, tout le monde se livre au marché noir et mène une vie extravagante. Luc s'éprend de Josette. Ils se font voleurs, comme dans les films. Finalement, pour Luc, le monde devient "un immense vestiaire plein de défroques aux manches vides, d'où aucune main fraternelle ne se tendait."
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Léonce m’avait procuré de faux papiers au nom d’Étienne Roger, employé de commerce, vingt et un ans ; ils étaient admirablement imités par un vieux marchand de timbres-poste qui s’était spécialisé dans ce travail pendant l’occupation, qui avait sauvé ainsi la vie à des centaines d’hommes, et qui ne pouvait s’empêcher à présent de continuer. Il pouvait imiter à la perfection n’importe quel document, depuis les cartes d’alimentation jusqu’aux actes de décès. Il arrivait ainsi à ce miracle : fausser un monde déjà complètement faux, comme disait Vanderputte, « c’était, au fond, un homme qui avait une grande soif d’authenticité… ».
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- Ça s'appelle Kilimandjaro. C'est en Afrique
- Ça ne peut pas être en Afrique, voyons, il y a de la neige.
- Il y a partout de la neige en montagne. On appelle ça des neiges éternelles. Même en Afrique, il y en a …. Si j'étais millionnaire, j'irai vivre dans les neiges éternelles, avec ma femme. On doit respirer.

De nouveau, il frappa du poing dans le creux de sa main.
- Nom de Dieu, ce serait formidable. Il faudrait naturellement que la femme m'aime bien, qu'elle soit fidèle.
- Dans les neiges éternelles, tu ne risques rien.

Il ne m'écoutait pas, il regardait la montagne.
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J'ai le dos voûté, un regard qui cherche fur, des mains qui tremblent, je ne suis pus qu'un vieil objet cassé, avec des ressorts qui grincent... Je vois devant moi le visage d'un jeune homme qui m'observe attentivement, cet âge est sans pitié, et je lève le doigt et lui dis :
- La solitude, jeune homme, la solitude... Je ne vous la recommande pas !
J'entends ma voix enrhumée, plaintive, et je sens mon coeur froid et mes muscles raides, qui exagèrent chaque mouvement que je fais et me donnent cette allure furtive dont je suis si péniblement conscient. Mais le jeune homme continue à 'observer, il ne perd aucun détail, il regarde mes vêtements, suit mes gestes, écoute chaque mot que je dis et à la fin je me fâche et je lui crie :
- Je vous défends de me regarder, là ! Je ne suis pas du tout fait pour être regardé !
Je me calme immédiatement, je ne dois pas m'emporter, c'est très mauvais, à mon âge et avec mes organes, les émotions, et je lui dis avec une fausse bonhommie :
- Oui, je sais, je sais... Je ne suis pas un spectacle encourageant. Mais il n'en a pas toujours été ainsi.
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C’est dur à repérer, un homme, lorsque ça se planque bien. On peut vivre très vieux et jouir de tout, naturellement, en cachette. La vie, jeune homme, apprenez-le dès maintenant, c’est uniquement une question de camouflage.
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Le fripier, un M. Jourdain, était un bonhomme âgé ; il portait sa belle tête de penseur barbu, une calotte de velours noir extrêmement sale ; il était l’éditeur, le rédacteur en chef et l’unique collaborateur d’une publication anarchiste violemment anticléricale, Le Jugement dernier, qu’il distribuait gratuitement tous les dimanches à la sortie des églises et qu’il envoyait régulièrement, depuis trente-cinq ans, au curé de Notre-Dame, avec lequel il était devenu ami.
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Vidéo de Romain Gary
"Un monument ! Une biographie indispensable pour (re) découvrir Romain Gary, cet auteur incroyable ! " - Gérard Collard.
Dans le Jongleur, Agata Tuszyska peint un portrait unique de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur; et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/le-jongleur.html
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