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Trilogie maritime tome 1 sur 4

Marie-Lise Marlière (Autre)
EAN : 9782070421466
344 pages
Gallimard (30/04/2002)
3.67/5   20 notes
Résumé :
Edmund Talbot, jeune aristocrate anglais, vogue vers l'Australie. Tout au long de la traversée, il tient un journal où il raconte, d'une plume alerte et réaliste, les menus incidents du microcosme où évoluent passagers, officiers et équipage: Mr Brocklebank, artiste peintre, et sa « fille » Zenobia, aux mœurs faciles, Miss Granham et Mr Prettiman, couple inattendu, le capitaine Anderson, farouchement attaché à ses prérogatives... En contrepoint de ce journal, une le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Trilogie Maritime - Tome 1

Embarquons pour cette étonnante saga, huis-clos sur un bateau dont on ne connaitra jamais le nom (première bizarrerie parmi les nombreuses à venir), en suivant le jeune Edmund Talbot, noble mais pas encore lord, promis à un brillant avenir de par sa naissance, en route pour la colonie australienne.

Ce premier tome est constitué du journal de bord de Talbot à destination de son parrain, non-explicitement nommé ou situé, mais compris comme un haut dignitaire anglais à la grande influence. D'un style épistolaire classique, Golding en profite pour souligner habilement les horreurs qu'un statut de « surhomme » permettaient à cette noblesse sans complexes.

L'autre partie de ce texte est la reproduction d'une longue lettre à sa soeur d'un homme d'église au destin tragique, permettant un autre point de vue sur les événements.

La singularité de ce livre vient selon moi de la concomitance de cette intimité aux personnages avec un relative distance critique. En plus de l'agacement nécessaire soulevé par notre héros (humide euphémisme), on est tiraillé entre amusement moqueur et sincère empathie avec le prêtre, lui qui, au final, incarne le positif, mais d'une grande naïveté, questionnant habilement l'aveuglement du Bien face à une organisation hiérarchique donnée, où les sentiments individuels n'ont qu'à bien se tenir dans la bonne marche d'un collectif.

Chacun en retirera ce qu'il veut : un lecteur dans sa critique y a vu un livre sur le harcèlement moral, le capitaine du bateau comme « pervers narcissique »… assentiment que je ne partage pas vraiment, mais dont le livre laisse le champ libre, chaque personnage étant subtilement constitué.

L'humour, très British, est au rendez-vous, dans ce premier tome centré sur la découverte des personnages que l'on va accompagner sur cet océan des mesquineries humaines.
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Peut on mourir d'harcèlement moral ?
Rites de passage, de William Golding, est le premier livre de sa « Trilogie maritime ».
Il s'agit ici, à bord de ce navire anglais en 1814, du rite de passage de l'équateur, un bizutage particulièrement féroce.
Le jeune aristocrate Anglais Edmund Talbot quitte son pays en 1814 (Boney fait sa campagne de Russie) à bord d'un trois mâts de guerre reconverti. Il se rend aux colonies, en Australie avec des émigrés anglais. Il s'aperçoit que le capitaine Anderson est un tyran, et qu'il s'acharne sur le révérend Colley. le capitaine observe et n'interdit pas, incite sûrement, ce rite de passage très dur sur la personne du révérend Colley.
Qui, après, ira voir le révérend dans sa cabine ?

Comme dans un autre livre de William Golding, " Sa majesté des Mouches ", où la bande de Jack s'en prend à celle de Ralph, nous sommes dans une micro-société, ici à trois scènes ( dunette, passavent, gaillard d'avant), où celui qui crie le plus fort a le dessus.

Ce thème de harcèlement moral m'est cher, car j'ai connu cette expérience désagréable, et m'en suis sorti en identifiant la perverse narcissique, grâce à un livre de Marie France Hirigoyen.
Ce livre de 1980 décrit très bien, vingt ans avant la découverte de cette maladie, le cycle infernal du tyran dans son plaisir d'insulter, et de la victime dans son remord de se faire pardonner.
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La trilogie maritime de William Golding : « Rites de passage » 1980, « Coup de semonce » 1987 et « La cuirasse de feu » 1989… Mais intéressons-nous à « Rites de passage »…

J'ai découvert William Golding en 1983, alors qu'il vient de recevoir le prix Nobel de littérature. Aussitôt, je sens une attirance : je lis « Sa majesté des mouches » ; bien, mais bof, finalement. Il faudra un certain nombre d'années et le Challenge Nobel pour que je « remette le couvert » avec ce « Rites de passage »…

En fait, un journal de bord promis à son parrain – exhaustif des petits riens de la vie à bord – par Edmund Talbot qui fait route d'Angleterre en Australie à bord d'un voilier : une longue traversée, un voilier, un microcosme...
Outre l'équipage, dirigé d'une main ferme par le capitaine Anderson, nous fréquenterons le couple Miss Granham et Mr Prettiman, Mr Brocklebank, et sa «fille» Zenobia, et d'autres encore… Et parmi eux le révérend Robert James Colley qui offrira au lecteur un rebondissement inattendu dans ce huis clos maritime, et dont une lettre à sa soeur apportera un éclairage nouveau sur l'épopée… car il s'agit bien d'une épopée, sans tempête et sans naufrage ni sauvetage, sans canonades ni ennemi vu ou entendu ; mais une épopée quand même.

« Rites de passage », une allusion aux rites en usage dans la marine pour le premier passage de l'équateur… oui certes, mais aussi à ceux qui amènent un jeune aristocrate promis à un riche avenir – en l'occurrence, coopté par son parrain, un poste important en Australie – à passer à l'âge adulte.

Un roman initiatique qui ne manque pas de rappeler Michel Tournier par certains cotés et Jean-Marie le Clézio par d'autres. Superbe !
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Rites of Passage
Traduction : Marie-Lise Marlière

ISBN : 9782070421466


William Golding est surtout connu, en tous cas dans notre pays, pour "Sa Majesté des Mouches", roman initiatique d'une cruauté subtile et rare qui met en scène un groupe d'enfants et de jeunes adolescents mâles naufragés, abandonnés à leur sort sur une île où, très vite, avec un naturel qui aurait désespéré notre malheureux et ineffable Jean-Jacques, ils mettent au point une société dominée par la violence et la loi du plus fort - bref, une dictature, primaire peut-être mais dictature assurément. J'ai le roman sur l'une de mes étagères - cela fait des lustres que je l'ai lu pour la première fois, au lycée, je pense - et nous en reparlerons sans doute un jour ou l'autre. Mais pour l'instant, tenons-nous-en à cette "Trilogie Maritime" où ce sont les adultes qui font des leurs sur un voilier anglais des années 1814-1815, en partance pour cette terre promise qu'était alors l'Australie.

Que dire de ce premier volume sans se montrer injuste envers les suivants ? J'ai lu le second mais n'ai pas encore achevé le troisième et il m'est donc un peu difficile d'être tout-à-fait impartiale. Car "Rites de Passage" reste, à ce jour, à mes yeux, un livre d'une rare intensité dramatique. Tout repose sur le contraste entre le "Journal" que tient, par égard pour son riche parrain qui lui a procuré une excellente situation dans l'administration, à ,Sydney, le jeune Edmund Talbot, membre très éclairé et très élégant de la gentry, et le récit que donne de son côté, des événements traités par le jeune homme, le révérend Colley, lequel, pour sa part, écrit à l'intention de sa soeur, restée en Angleterre.

Précision importante : pas plus Talbot que Colley n'invente ni ne ment. Quand il découvrira la lettre du malheureux Colley, après la mort de celui-ci, Talbot sera d'ailleurs effondré, bouleversé, honteux d'avoir jugé sur les apparences sans avoir cherché à mieux connaître et comprendre le défunt. Et cette erreur, qu'on peut imputer en partie à sa jeunesse et à son manque d'expérience, n'a pas fini de le hanter même si, dans le second tome, avec une insouciance en apparence retrouvée, il met provisoirement sous le coude tous ces souvenirs importuns.

Dès le début de la traversée, Talbot prend Colley non pas en détestation mais en mépris. Il y a quelque chose, chez lui, qui ne lui convient pas. Il le juge trop humble, trop pleurnichard, etc, etc ... de l'autre côté au contraire, Colley ne dit que du bien de Talbot. Mal servi par son physique et ses manières, véritablement haï par le capitaine Anderson, seul maître à bord après Dieu, parce qu'il appartient à une religion que lui, Anderson, ne supporte pas, et portant en lui des goûts sexuels qu'il combat avec ardeur mais dont il risque toujours d'être la victime, Colley est un bouc-émissaire inconscient mais de haute qualité.

Un bouc-émissaire parfait à l'inquiétude des marins sous la tempête, aux problèmes existentiels du capitaine, aux jalousies privées qui rongent le carré des officiers, au mal-être des migrants de troisième catégorie, au snobisme qui égare parfois les passagers de première classe (Colley est pourtant des leurs, soulignons-le), à l'égoïsme sans malice et aux lubies d'un Edmund Talbot qui, dans le fond, n'en reste pas moins un brave garçon mais que, indiquons-le là encore à sa décharge, un mal de mer virulent va priver provisoirement de tout sens de l'analyse au moment où, justement, l'attitude de Colley en aura le plus besoin.

De la première à la dernière page, la tension monte, monte ... La mort de Colley ne l'apaise pas. La remise traditionnelle de son cadavre à l'océan encore moins. Talbot en tous cas est marqué à vie. L'Affaire Colley le poursuivra longtemps - même s'il la mettra parfois sous le boisseau. Elle le fait grandir en sorte et contraint ses pensées, trop souvent comparables à celles d'une tête de linotte qui a été élevée dans le luxe et la sécurité, à mûrir, à évoluer. C'est un début, certes mais un début qui compte.

Il n'est pas jusqu'au capitaine Anderson qui, malgré lui, ne se dise que, s'il avait montré plus de douceur et moins d'arrogance envers le pauvre ecclésiastique ...

Un premier tome qui accomplit sa tâche avec un sens aigu du drame et vous donne envie de lire la suite de cette "Trilogie Maritime." Toutefois, si vous n'aimez ni la mer, ni ce que Talbot appelle, de manière drolatique, "le parler loup-de-mer", évitez l'escale. Et maintenant, bonne route à vous ! ;o)
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Comme un naturaliste, Golding rassemble tout un microcosme et l'observe dans ses moindres détails. C'est sur un bateau qu'il conduit l'expérience, un navire anglais parti du Royaume-Uni vers l'Australie, début 19ème.
La première partie du récit prend la forme d'un journal : le narrateur est un jeune noble qui part aux antipodes, rejoindre une sinécure procurée par son parrain influent. Outrageusement snob et imbu de lui-même, il décrit la vie du navire à travers le prisme de ses préjugés de classe.

L'époque est agitée par les échos de la Révolution française : le roman met en scène des officiers en pleine ascension sociale, un passager libre-penseur "jacobin", une passagère d'une grande rigidité morale, mais aussi un prêtre catholique. le capitaine est mal embouché et violemment anti-papiste. Un peintre de célébrités, accompagné de son épouse et de sa fille présentée comme "légère", complète le tableau.

C'est la lettre du curé à sa soeur qui constitue la seconde partie du roman, éclairant d'un jour nouveau les mêmes personnages et évènements.

Le récit débute de façon comique (le mal de mer, le vocabulaire maritime que croit maîtriser le jeune narrateur), puis vire à la tragédie au fil de la progression du bateau vers l'Équateur. Car au fur et à mesure que les latitudes diminuent, c'est aussi la chute d'un homme que relate Golding avec une très grande subtilité.
Traduction parfaite de Marie-Lise Marlière.
Challenge Nobel
LC thématique de novembre 2021 : ''Faites de la place pour Noël”
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
[...] ... Nous entrâmes dans la coursive en nous hâtant d'un air négligent. J'allais renvoyer les garçons quand nous parvint un bruit de pas mal assurés sur le pont, au-dessus de nos têtes, puis un fracas du côté de l'échelle à côté de la coursive, se transformant aussitôt en un cliquetis plus rapide, pareil à celui qu'auraient pu produire des talons ferrés glissant sur les barreaux et déposant leur propriétaire tout en bas avec un coup sourd ! Malgré la répugnance que j'éprouvais pour - oserai-je le dire - l'extrême-onction de l'individu, je crus bon, par simple humanité, d'aller voir s'il avait besoin d'aide. Mais à peine avais-je fait un pas dans sa direction que l'homme lui-même pénétrait en chancelant dans la coursive. Son rabat avait glissé sur le côté. Pourtant, ce qui frappait le plus, c'était non pas l'expression, mais le désordre de son visage. Ma plume hésite. Imaginez si vous le pouvez un visage pâle et hagard auquel la nature n'a rien accordé d'autre que l'assemblage hasardeux de ses traits, pour qui elle s'est montrée avare de chair et prodigue d'os. Ouvrez-lui la bouche toute grande, ajoutez aux trous sous le maigre front des yeux effarés d'où les larmes allaient couler ... faites tout cela, dis-je, et vous serez encore bien loin de cette humiliation comique dont j'eus la révélation un bref instant ! L'homme [Colley] se mit alors à chercher le loquet, entra dans sa cabine, en referma la porte et s'efforça de pousser le verrou.

Le jeune Mr Taylor [= aspirant] se remit à rire. Je lui pris l'oreille et la tordit jusqu'à ce que son rire devînt un glapissement.

- "Permettez-moi de vous dire, Mr Taylor", lui fis-je remarquer avec le calme que demandait la circonstance, "qu'un honnête homme ne se réjouit pas en public du malheur des autres. Je vous conseille, à tous les deux [= Mr Willis, autre aspirant, est aussi présent] de tirer votre révérence et de vous en aller. Nous aurons bientôt l'occasion de faire une petite promenade ensemble, un de ces jours.

- Oh sûrement, monsieur," dit le jeune Tommy, qui avait pris pour un geste d'affection l'oreille que je lui avais tordue. "A votre disposition, monsieur.

- Oui, monsieur," ajouta Willis avec une belle simplicité. "Nous avons raté un cours de navigation."

Ils descendirent l'échelle et se rendirent dans ce que l'on m'a dit être le poste des aspirants. ... [...]
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Que cette phrase trouve sa place dans le volume trop peu épais de la connaissance de l’homme par l’homme : on peut mourir de honte.
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[...] ... - "Eh bien, Summers ? [= le lieutenant en premier]

- Mr Colley veut mourir.

- Allons donc !

- Ce sont des choses qui arrivent chez les sauvages, m'a-t-on dit. Ils se couchent pour mourir."

Je lui fis signe d'entrer dans mon réduit et nous nous assîmes côte à côte sur la couchette. Une idée me traversa l'esprit.

- "Peut-être était-ce un passionné ? Peut-être prend-il sa religion trop à coeur ? Voyons, Mr Summers ! Il n'y a rien de drôle dans cette histoire ! Je ne vous crois pas assez désobligeant pour trouver dans ma remarque un sujet d'hilarité !"

Summers écarta les mains de son visage, il souriait.

- "Dieu me pardonne, monsieur ! Il est assez douloureux d'avoir été touché par un ennemi sans courir le risque d'être la cible supplémentaire de - permettez-moi de le dire - l'un de ses amis. Croyez bien que j'apprécie le privilège d'être admis, dans une certaine mesure, parmi les intimes du distingué filleul de votre noble parrain. Cependant, il y a un point sur lequel vous avez raison. En ce qui concerne ce pauvre Colley, il n'y a vraiment pas de quoi rire. Ou bien il a perdu l'esprit, ou bien il ne connaît rien à sa propre religion.

- Mais c'est un prêtre !

- L'habit ne fait pas le moine, monsieur. Il est au désespoir, me semble-t-il. Monsieur, je me permets en tant que chrétien - en tant qu'humble serviteur de la religion - d'affirmer qu'un chrétien ne peut pas désespérer !

- Alors, j[e lui ai] parlé pour ne rien dire.

- Vous avez dit les mots que vous aviez à dire. Mais, bien sûr, ils ne l'ont jamais atteint. ... [...]
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Que faisait donc Mr Taylor à l'avant ? (Question de Mr Summers.) Mr Tommy Taylor inspectait l'arrimage des câbles dans le but de démêler le câble de l'ancre de bossoir et de le filer bout par bout. Ce superbe jargon parut satisfaire ces messieurs de la marine qui inclinèrent la tête d'un commun accord, comme si on leur avait parlé en bon anglais.
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J'ai fini par écrire une sorte de récit maritime sans jamais une tempête, sans naufrage ni sauvetage, sans un seul ennemi vu ou entendu, sans canonnades, sans héroïsme ; pas de captures, pas de vaillants combats ni d'assauts chevaleresques ! Un seul coup tiré et seulement d'un tromblon !
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