AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782264002853
317 pages
10-18 (16/05/1994)
3.68/5   14 notes
Résumé :
« Au fil de seize nouvelles, la romancière sud-africaine Nadine Gordimer, prix Nobel de littérature 1991, adopte volontiers un ton de comptine où le merveilleux (de l'enfance, de l'adolescence ou de l'amour) ne masque jamais la terreur. Car en Afrique du Sud, une splendide villa et le bonheur d'une famille ne sont rien lorsqu'on doit les confier à la garde d'un système de sécurité trop perfectionné. Un accident de chasse, la déliquescence d'un couple aisé, un week-e... >Voir plus
Que lire après Le safari de votre vie et autres nouvellesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Première rencontre littéraire avec l'Afrique su Sud, et l'une des rares femmes ayant reçu le prix Nobel au XXème siècle. Pour cela les nouvelles constitue une approche assez "facile" qui permet de donner un premier aperçu de l'écriture et des thématiques qui préoccupent l'auteure.

Ce receuil publié avant l'élection de Nelson Mandela et avant la fin de l'apatheid, ces moments capturés par Nadine Gordimer mettent en scène des Blancs et des Noirs, où ils se rencontrent ou non, s'affrontent ou manquent de se comprendre.
Certaines nouvelles comme la dernière sont très touchantes ou font preuve d'une grande compassion pour les souffrances humaines et dénoncent un système injuste qui veut séparer les individus pour faire croire à une partie d'entre eux qu'ils sont dans une tour d'ivoire... en carton-pâte ! et que celle-ci peut se refermer dangereusement sur eux mêmes. D'ailleurs, plusieurs des personnages sont politiquement engagés contre ce système que l'auteure dénonce. Pas étonnant que le régime ait censuré ses oeuvres !

Bien sûr, on n'échappe pas au probléme inhérent au receuil de nouvelles, à savoir que la qualité des nouvelles est assez inégale, mais la qualité qu'on trouve dans "les bonnes" m'a donné envie de découvrir l'oeuvre romanesque de Nadine Gordimer.


Challenge Globe-trotteurs saison 2
Challenge XXème
Commenter  J’apprécie          171
J'ai découvert Nadine Gordimer il y a bien longtemps, grâce à un article dans Courrier International, je crois, et j'ai aimé chacun des romans que j'ai lus d'elle, même s'ils sont encore peu nombreux. Cette fois, je découvre ses nouvelles. Les trois ou quatre premières sont très dures, beaucoup plus dures que ce à quoi je m'attendais de la part de cette autrice, elles me sont restées sur l'estomac au sens propre du terme. J'ai vraiment eu du mal à les digérer, mais elles disent ce qu'elles ont à dire, et elles le disent avec une force qui n'épargne pas le lecteur, un peu qui si la réalité nous sautait à la gorge, sans le filtre habituel et rassurant que les pages de papier mettent entre le lecteur confortablement installé dans son nid douillet et la sombre vérité de ce que l'auteur décrit.
Si les nouvelles suivantes ont été plus faciles à lire, c'est un patchwork désespéré que Nadine Gordimer tisse avec les nouvelles de ce livre. L'image qui apparaît peu à peu n'est pas seulement celle d'un pays divisé, et ce malgré la fin de l'apartheid, c'est celle d'un pays où l'on ne se comprend pas. Les Blancs ne comprennent pas les Noirs, les Noirs ne comprennent pas les Blancs, les nouveaux migrants ne comprennent pas le pays, le pays ne comprend pas ces nouveaux arrivants, les pauvres et les riches ne se comprennent pas, et ce au-delà de la question de la couleur. Non, personne ne comprend l'autre, d'où il vient, les stigmates qu'il porte, les blessures non refermées, l'irrationalité apparente de ses réactions. Même au sein d'un couple, l'incompréhension règne, alors qu'attendre au sein d'un peuple.
Je n'aime pas trop la photo de la couverture de mon édition, avec le sourire factice de ces deux mannequins, mais peut-être que c'est une bonne représentation de l'Afrique du Sud post-apartheid, des personnes ni toutes blanches ni toutes noires (probablement autant physiquement qu'intérieurement), avec un sourire de façade, mais un profond désarroi en-dedans. Voilà donc un très bon opus de cette grande autrice d'Afrique du Sud, qui a vu son pays évoluer, sortir de ce régime que l'on croyait porteur de tous les maux, mais dont la disparition n'a finalement pas résolu grand-chose. Nadime Gordimer a été au chevet de son pays gangrené par l'apartheid, puis elle a contemplé les espoirs d'une nation réunifiée s'effilocher peu à peu à l'épreuve du quotidien. Ce livre est poignant, il témoigne des désillusions de l'après d'un combat homérique enfin gagné. Il fait mal au coeur et à l'âme. Il n'apporte pas de solution, il ne juge pas, il constate et l'on constate avec lui, et l'on pense à ce titre d'Alan Paton, [Pleure, ô pays bien-aimé] car l'apartheid est du passé, mais l'Afrique du Sud n'a pas fini de pleurer.
Commenter  J’apprécie          54
Recueil de nouvelles paru en 1991
Dans ce recueil d'une quinzaines de nouvelles, les points de vues sont tous très différents avec cependant certains leitmotivs : la pauvreté en Afrique du Sud tout d'abord (principalement des noirs même si les blancs ne roulent pas sur l'or) ; la prison a également une place importante : de nombreux amis de narrateurs y font un séjour plus ou moins long…

Toutes ces nouvelles ont une grande force, écrites le plus souvent à la première personne, celle ci étant parfois un homme, parfois une femme, parfois un enfant….

Voici quelques résumés des nouvelles les plus marquantes :

Saute : Cette nouvelle met en scène, un homme blanc, seul dans un hôtel désaffecté, en Afrique du sud. Dans sa confession, il repasse le fil de sa vie : de petit garçon blanc privilégié pendant l'apartheid à celle de mercenaire…puis de témoin protégé ? Contre qui ? Pourquoi ? Comment est il arrivé là ? Toutes les réponses ne sont pas présentes mais ce texte a une grande force d'évocation : solitude ou suicide ?

Il était une fois : Cette nouvelle, sous forme de conte, décrit comment un couple et leur petit garçon vivent dans l'insécurité grandissante. Seront ils à l'abri en accumulant alarmes, portails, murs…. ?

Le safari de votre vie : La narratrice a 10 ans et raconte sa traversée (avec sa grand mère, son grand-père et ses deux frères) du parc Krueger. Cette famille fuit la guerre et la famine.

Mon père quitte son pays : Celui ci quittera l'Europe (de l'est) pour l'Afrique du Sud à 13 ans ( la date n'est pas citée). Il ne reverra jamais ses parents, et deviendra un blanc pauvre, au milieu de noirs encore plus pauvres….le début de la haine…

Parmi les autres nouvelles, l'histoire d'une jeune fille (anglaise ?) qui tombe amoureuse d'un terroriste (sans savoir qui il est) est effrayante ; celle d'un afrikaner qui tue par mégarde un jeune boy, a une chute surprenante.

Les personnages sont presque tous originaires d'Afrique du sud, sauf un suédois marié à une jeune femme noire. La famille de celle-ci (sa mère, sa soeur et son frère) a été arrêtée (pas de contact possible, l'arrestation a eu lieu pour « des actions politiques » )

Enfin la dernière nouvelle amnistie clôt ce recueil sur une note que j'espère optimiste …

Des nouvelles avec une écriture percutante et sans concession…
Commenter  J’apprécie          60
Le safari de votre vie est un recueil de nouvelles, certaines ne m'ont pas du tout emballé, trop de distance par rapport aux personnages mis en scène ou par rapport aux faits.

Car Nadine Gordimer s'inspire des avènements de son pays, de l'ambiance, bien que cela peut être triste, violent, ça ne m'a pas touché.

La seule que je retiendrai est « Il était une fois », sorte de parabole sur les gated communities et le tout sécuritaire sous la forme d'un conte au dénouement violent, qui permet de se rendre compte que la sécurité à tout prix peut avoir un prix.

C'est un ensemble inégal alors que j'avais apprécié de lire Un caprice de la nature.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (34) Voir plus Ajouter une citation
— Mes gars ont soif et il leur faut à boire ! s'écria Hugues en le repoussant vers la maison. Pressons-nous, Jack, pressons-nous. Donne-nous ce que tu as de meilleur, ce que tu as de tout meilleur… l'extra-supérieur que tu gardes pour ta consommation personnelle, Jack !
John articula faiblement les mots :
— Qui va me payer ?
— Il demande : « Qui va me payer ? » s'écria Hugues avec un rugissement de gaieté auquel la foule fit bruyamment écho.
Puis il se tourna vers John et ajouta :
— Te payer ! Ma foi, personne !
John promena son regard effaré sur la masse des visages, dont certains étaient souriants, d'autres furieux, certains éclairés par des torches, d'autres indistincts, d'autres sombres et ténébreux, dont certains le regardaient, tandis que d'autres regardaient sa maison, et d'autres leurs voisins. Et alors qu'il était encore, croyait-il, en train de les examiner, il se retrouva, sans avoir eu conscience de faire un mouvement, dans la buvette, assis dans un fauteuil et assistant à la destruction de ses biens, comme s'il se fût agi d'une sorte de pièce ou de divertissement étrange, de nature étonnante et stupéfiante, mais sans aucun lien quelconque avec lui, pour autant qu'il pût le comprendre.
Oui. C'était bien la buvette… cette buvette où les plus audacieux ne pénétraient jamais sans y être expressément invités, ce sanctuaire, ce lieu mystérieux, ce saint des saints ; et la buvette était pleine à craquer d'hommes, de massues, de bâtons, de torches, de pistolets ; emplie d'un bruit assourdissant, de jurons, de cris, de clameurs et de hurlements, muée tout à coup en fosse aux ours, en asile d'aliénés, en temple des puissances infernales : des hommes entraient et sortaient précipitamment, par la porte ou par les fenêtres, brisant les verres, ouvrant les robinets, buvant de l'alcool dans des bols à punch en porcelaine, enfourchant des tonneaux, fumant des pipes personnelles et réservées, tailladant le buisson sacré des citrons, attaquant et massacrant le célèbre fromage, forçant les tiroirs les plus inviolables, emplissant leurs poches d'objets qui ne leur appartenaient pas, partageant son argent sous ses propres yeux, dévastant avec insouciance, brisant, déchirant et démolissant tout ; plus rien n'était en paix, plus rien n'était secret ; il y avait des hommes partout, au-dessus, au-dessous, dans les chambres d'en haut, dans la cuisine, dans la cour, dans l'écurie… escaladant les fenêtres alors qu'il y avait des portes grandes ouvertes ; sautant par les fenêtres alors qu'ils avaient des escaliers à portée ; se jetant par-dessus la rampe dans les abîmes des couloirs ; de nouveaux visages et de nouvelles silhouettes se présentaient à chaque instant… certains criaient, d'autres chantaient, d'autres se battaient, d'autres cassaient des verres et de la vaisselle, d'autres faisaient tomber la poussière en arrosant le sol de l'alcool qu'ils n'avaient pas la force de boire, certains tiraient les sonnettes jusqu'à ce qu'ils les eussent complètement arrachées, d'autres les frappaient à coup de tisonnier jusqu'à ce qu'elles fussent réduites en miettes ; il y avait de plus en plus d'hommes… de plus en plus, de plus en plus, de plus en plus… qui avançaient en grouillant comme des insectes ; du bruit, de la fumée, de la lumière, des ténèbres, des facéties, du courroux, des rires, des gémissements, du pillage, de la crainte et de la destruction.

Chapitre LIV.
Commenter  J’apprécie          560
— Mon imagination ! Est-ce que je m'imagine que je l'ai tué ? Est-ce que je m'imagine qu'au moment où je sortais de la pièce où il était étendu, j'ai vu le visage d'un homme surgir d'une porte obscure et me montrer clairement par son regard apeuré qu'il soupçonnait mon acte ? Est-ce que je me souviens que je lui ai parlé poliment… que je me suis approché… de plus en plus près… le couteau encore chaud caché dans ma manche ? Est-ce que j'imagine la façon dont il est mort, lui ? Est-ce qu'il a reculé en chancelant dans l'angle du mur où je l'avais acculé, saignant d'une plaie interne, est-ce que son cadavre est resté debout, au lieu de tomber devant moi ? Est-ce que je l'ai vu, un instant, comme je te vois, dressé sur ses jambes… mais déjà mort !
L'aveugle, qui se rendait compte qu'il s'était levé, lui fit signe de se rasseoir sur son lit ; mais il ne prit pas garde à ce geste.
— C'est alors que j'ai songé pour la première fois à faire retomber sur lui le crime. C'est alors que je l'ai habillé de mes vêtements et que je l'ai traîné par l'escalier de service jusqu'à la pièce d'eau. Est-ce que je me rappelle que j'ai écouté les bulles monter à la surface une fois que je l'ai eu précipité dans l'eau ? Est-ce que je me rappelle que je me suis essuyé l'eau de la figure et que, parce que j'en avais été éclaboussé par le cadavre au moment de sa chute, j'avais l'impression que ce ne pouvait être autre chose que du sang ?
« Est-ce que je suis rentré chez moi quand j'ai eu fini ? Grand Dieu ! M'en a-t-il fallu du temps pour avoir fini ! Est-ce que je me suis présenté devant ma femme ; est-ce que je lui ai tout raconté ? Est-ce que je l'ai vue tomber sur le sol ? Est-ce que, quand je me suis baissé pour la relever, elle m'a repoussé avec une force qui m'a rejeté en arrière comme si j'avais été un enfant, souillant la main avec laquelle elle m'avait étreint le poignet ? Est-ce de l'imagination, cela ?
« Est-ce qu'elle est tombée à genoux, est-ce qu'elle a pris le Ciel à témoin qu'elle et son enfant qui allait naître me reniaient à partir de cet instant ? Est-ce qu'elle m'a recommandé, en se servant de paroles si solennelles qu'elles m'ont glacé le sang dans les veines — à moi, qui venais tout juste de quitter les horreurs accomplies par mes propres mains —, de m'enfuir pendant qu'il en était encore temps, car, si elle acceptait de se taire, ayant l'infortune d'être ma femme, elle refusait de me donner asile ? Est-ce que je suis parti cette nuit-là, rejeté par Dieu et par les hommes, ayant jeté l'ancre au fin fond de l'enfer, pour errer sur la surface de la terre au bout de mon câble et finir par être infailliblement attiré dans le gouffre ?

Chapitre LXII.
Commenter  J’apprécie          350
La terrible énergie avec laquelle ils parlaient avait de quoi pousser n'importe qui, même un être bon et juste (à supposer qu'un être bon et juste eût pu s'aventurer cette nuit-là dans un si triste lieu), à les mettre en liberté et, tout en laissant tous les autres châtiments suivre librement leur cours, à leur épargner cette dernière peine terrible et repoussante, qui n'a jamais détourné du mal un seul des hommes qui y sont portés, mais endurci des milliers d'hommes qui étaient presque portés à faire le bien.
M. Dennis, qui avait grandi et mûri à la bonne vieille école, qui depuis longtemps administrait les bonnes vieilles lois selon la bonne vieille méthode, au moins une fois, mais souvent deux fois toutes les six semaines, supporta ces appels avec une bonne dose de philosophie. Cependant il finit par se trouver quelque peu dérangé dans ses plaisantes réflexions par leur insistance et cogna à l'une des portes avec son bâton en s'écriant :
— Allez-vous vous taire, là-dedans ?
Là-dessus ils s'écrièrent tous ensemble qu'ils devaient être pendus le surlendemain et implorèrent son aide encore une fois.
— Mon aide ? Pourquoi faire ? demanda Dennis, en frappant de quelques petits coups badins les phalanges de la main la plus proche de lui.
[…]
— Si on ne nous délivre pas ce soir, s'écria l'un d'eux, nous sommes perdus !
— Je vais vous dire une chose, déclara le bourreau avec gravité ; […] vous allez pas être délivrés ; faudrait pas vous figurer ça… Allez-vous bientôt finir de faire ce tapage honteux ? Je vous assure que ça m'étonne que vous ayez pas honte de vous.
Il fit suivre cette admonestation d'une distribution de coups sur toutes les mains tendues, l'une après l'autre, après quoi il se rassit avec un visage joyeux.
— On vous a rendu justice, dit-il en croisant les jambes et en haussant les sourcils ; y a des lois qu'ont été faites esprès pour vous ; une très belle prison qu'a été faite esprès pour vous ; un aumônier qu'a été engagé esprès ; un fonctionnaire constitutionnel qu'a été nommé esprès pour vous ; des charrettes qui sont entretenues esprès pour vous… et vous êtes pas contents avec ça !… Allez-vous vous taire, enfin, oui ou non, vous, là-bas, le monsieur du bout ?

Chapitre LXV.
Commenter  J’apprécie          311
La crise d'incohérence devenant très vive à ce moment, Mme Varden pleura, rit, sanglota, hoqueta, et s'étouffa ; elle dit qu'elle savait que c'était très bête, mais qu'elle n'y pouvait rien ; et que, quand elle serait morte et enterrée, peut-être la regretterait-on (ce qui, en vérité, en de telles circonstances, ne semblait pas tout à fait aussi probable qu'elle paraissait se l'imaginer) ; et fit encore un grand nombre de déclarations de même ordre. En un mot, elle accomplit fort convenablement tout le cérémonial indispensable en de telles occasions ; puis, quand on l'eût aidée à monter l'escalier, elle fut déposée sur son lit personnel dans un état fort spasmodique, et c'est là que bientôt Mlle Miggs vint se jeter sur le corps.
La philosophie de toute l'affaire, c'est que Mme Varden avait envie d'aller à Chigwell ; qu'elle ne voulait faire aucune concession ni donner aucune explication ; qu'elle voulait y aller seulement si on l'en implorait et si on l'en suppliait ; qu'elle se refusait à accepter toutes autres conditions. C'est pourquoi, après bien des pleurs et des gémissements au premier étage, bien des humectations de front, bien des aspersions de vinaigre sur les tempes et des présentations de sels sous les narines, et tout ce qui s'ensuit ; après les plus pathétiques adjurations de Miggs, appuyées par un grog à l'eau-de-vie qui n'était pas exagérément faible et divers autres cordiaux de qualité également stimulante, administrés d'abord par petites cuillerées, puis par doses de plus en plus fortes, et dont Mlle Miggs prit elle-même sa part à titre préventif ( car l'évanouissement est contagieux) ; après que tous ces remèdes et bien d'autres, qu'il serait trop long d'énumérer, mais qu'il n'était pas trop long de prendre, eurent été appliqués ; après que bien des consolations verbales, d'ordre religieux, moral et divers, y eurent été ajoutées : le serrurier s'humilia et le résultat cherché fut obtenu.

Chapitre XIX.
Commenter  J’apprécie          260
Ces gens étaient fort irrités contre lui, car il avait blessé deux hommes ; ils allèrent jusqu'à inviter ceux du premier rang à l'extraire de la maison pour le pendre à un réverbère. Mais Gabriel ne se laissait absolument pas intimider et faisait aller son regard d'Hugues et Dennis, qui le tenaient chacun par un bras, à Simon Tappertit qui lui faisait face.
— Vous m'avez volé ma fille, dit le serrurier, qui m'est infiniment plus chère que ma vie ; vous pouvez donc m'ôter la vie si vous le voulez. Je rends grâces à Dieu de ce que j'aie pu tenir ma femme à l'écart de ce spectacle ; et aussi de ce qu'Il ait fait de moi un homme qui n'implorera pas la pitié de gens comme vous.
— C'est vrai que vous êtes un vieux bonhomme qu'a beaucoup de cran, dit M. Dennis avec approbation ; et vous vous exprimez comme un homme. Qu'est-ce que ça peut faire, camarade, que ça soye une réverbère ce soir ou un lit de plume dans dix ans, pas vrai ?
Le serrurier lui jeta un regard de dédain, mais ne lui répondit pas autrement.
— Pour ma part, dit le bourreau, qui était résolument favorable à l'idée du réverbère, je rends hommage à vos principes. C'est exactement les miens. Quand il s'agit de sentiments comme ça (et là-dessus il agrémenta son discours d'un juron pour le rendre plus frappant), je suis tout disposé à faire mon possible pour vous donner satisfaction, à vous ou à n'importe qui… Est-ce que vous auriez un bout de corde n'importe où à portée de la main ? Faut pas vous déranger si vous en avez pas. Un foulard fera notre affaire.

Chapitre LXIII.
Commenter  J’apprécie          300

Video de Nadine Gordimer (3) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nadine Gordimer
Vendredi 18 septembre 2020 / 9 h 45
Jean Guiloineau part sur les traces des petits cailloux semés par Geneviève Brisac et qui font écho ou référence à l'oeuvre de Virginia Woolf. Lectures par Anne Mulpas, poète, performeuse et artiste multimédia.
Directeur de la revue Siècle 21, Littérature & société. Jean Guiloineau est aussi traducteur : Nelson Mandela, Toni Morrison, Nadine Gordimer, André Brink, etc.
autres livres classés : afrique du sudVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus


Lecteurs (36) Voir plus




{* *}