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sur 736 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
A moi seul bien des personnages est difficile à définir, entre autobiographie et fiction. Ce qui frappe en premier lieu c'est la maîtrise de la narration et de l'espace spatio-temporel: l'auteur passe d'une période à l'autre de sa vie sans respecter l'ordre chronologique mais avec une cohérence d'ensemble qui nous permet de suivre le fil. Peu à peu se dévoilent des personnages profonds et attachants (je défie quiconque de ne pas compatir aux efforts de Billy pour prononcer le mot "pénis").

D'un questionnement sur la sexualité d'un adolescent américain, Irving transforme le récit en essai brillant sur la tolérance et le désir. Les nombreuses références aux oeuvres littéraires iques et la mise en parallèle permanente avec l'oeuvre de Shakespeare qui donne le titre à ce roman soulignent que ce n'est pas un sujet de réflexion contemporain ou générationnel : "On est toujours libre d'aimer qui on veut" affirme un des protagonistes, ce à quoi la bibliothécaire répond "au contraire (...) la litterature est riche en amours impossibles".

On suit l'apprentissage amoureux et sexuel de Billy depuis ses attirances peu conventionnelles d'adolescent qu'il qualifie d'"erreur d'aiguillage amoureux", attestant ainsi de la difficulté de comprendre et d'assumer ses désirs. La sexualité est pour Irving un sujet complexe et amoral servi ici avec la bonne dose d'humour et d'originalité. D'une écriture assez masculine et sans tabou qui m'a parfois fait penser à Portnoy et son complexe de Philip Roth, ce livre m'a donné envie de mieux connaître l'auteur, et de lire enfin le monde selon Garp.
Lien : https://yaourtlivres.canalbl..
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Bienvenue pour une nouvelle chronique.
Votre serviteur est heureux de vous retrouver !
John Irving, c'est un cas qui a longtemps laissé dubitatif votre serviteur, ayant rencontré une déception avec un opus plus ancien, une distance avait etait prise avec cet auteur .
Ce titre, c'est un ensemble de hasards qui a conduit votre serviteur a le lire, et le hasard fait bien les choses ...
Il y a rarement des opus qui sont curieusement en phase avec le parcours d'un lecteur ou d'un spectateur ...
Et votre serviteur doit admettre que ce titre a rencontré un écho indéniable en lui...
Tout d'abord, le point négatif, le style ...
Nous sommes ici en prèsence d'un style qui ne révolutionne rien, qui s'apparente à un style la.bd, sans audace, sans recherche léxicale, et c'est bien dommage ...
De ce fâit, le livre se lis trop facilement à certains moments, des passages sont helas survolés ...
Et c'est bien dommage chers lecteurs ...
Dommage, car ce texte fait preuve d'une érudition rare en matière de theatre, c'est un opus qui fâit decouvrir cet univers si cloisonne, qui contient des univers multiples passionants, au travers desquels l'on passe malheureusement ...
Sur cet aspect, John Irving apparaît comme un érudit indéniable, comme une mine de savoir ...
Votre serviteur en a même pris l'initiative de visionner des pièces de Shakespeare, et Il en a pris une claque monumentale ...
Apres, il y a un autre aspect qui a pris à coeur votre serviteur ...
Pendant longtemps, ce fut un chemin compliqué, pour savoir qui j'étais, qui etait en réalité mon personnage, et en lisant ce livre, j'ai pris conscience que la thématique rejoignait mon parcours , mes interrogations ...
John Irving au travers de sa fiction, a mis des mots sur la réalité qu'est ma vie, ce qui ne m'est jamais arrivé ...
Oui, le personnage de Bill, me parle terriblement, oui, je partage ces interrogations, ces difficultés , et c'est vrâiment une expérience unique ...
Ce que John Irving décrit, c'est en grande partie d'une réalité sidérante, qui laisse pantois...
Je crois que tout ceux et toutes celles qui s'interrogent sur ce qu'ils et elles sont, et qui sont perdus es, devraient lire ce livre, car cet opus c'est une lecon de vie, c'est une aventure unique, qui apporte par delà la fiction, des réponses aux interrogations existentielles qui sont des pièges que la vie nous tends ...
Cet opus, c'est une chance, un nouvel espoir pour comprendre que nous ne sommes pas seuls face à nos difficultés ...
Cet opus c'est un pavé dans la mare putride des réacs homophobes, qui sont obligés de reconnaître que la norme n'existe pas, que la normalité n'existe pas, et que chacun et chacune est différent, et que tous et toutes avons le droit d'être comme nous le sommes, et que personne n'a rien à dire ...
Cet opus c'est une lecon de vie, c'est un chef d'oeuvre, que j'encourage vivement à lire ...
Merci pour votre attention chers lecteurs et lectrices ...
Portez vous bien , prenez soin de vous et lisez des livres .
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Le narrateur est bisexuel. Il aime les hommes et les femmes. Les femmes transgenres en particulier, et de longs méandres, amers et drôles, aident à comprendre pourquoi. Il reste un homme. Aimer les deux genres ne l'amènent pas particulièrement à souhaiter être femme. Il avoue rechercher une apparence féminine ET masculine parce qu'il est « mignon », parce que c'est plus facile pour draguer. Et parce qu'il est Ariel, essentiellement. J'y reviendrai.
Il est bi donc, mais pas confus, pas en quête de son identité sexuelle, du moins pas après l'adolescence. S'il y a un aspect sociologique, ou sociétal, je ne sais pas, dans le roman, ce n'est pas parce que son identité sexuelle lui pose un problème, mais parce qu'elle pose un problème aux autres. Ceux qui le rejettent, mais dont Billy ne s'embarrasse pas longtemps en fin de compte, et ceux qui ne savent tout simplement pas comment le prendre. Des membres de sa famille qui le prennent pour un déviant, les membres de la communauté gay pour qui il n'ose pas sortir complètement du placard. Irving sous-entend que son héros bi dérange parce qu'il rappelle que les frontières sont poreuses, celles du sexe, du comportement sexuel, que l'identité n'est pas une forme fixe qui surgit toute armée passée la puberté. Il n'y a rien là de bien inédit, pourtant, rien qui justifie le parfum de scandale. À plusieurs reprises dans son récit, le narrateur indique qu'il est poussé bon gré, mal gré, dans la communauté gay. Étudiant à New York, tout à sa joie d'être sexué frais émoulu de sa province, cela se comprend (si on veut draguer des mecs, a fortiori dans les années 60, il vaut mieux se trouver dans les endroits ad hoc). Homme mûr, dans les années 80, les années SIDA, il se voit sommé de choisir son camp, de rejoindre la cause et la communauté. La communauté, justement et à ce moment précis, Billy ne sait pas quoi en faire. Pour la première fois depuis son adolescence, ce garçon équilibré qui sait exactement qui il est ne sait pas quoi faire de lui. Il n'est pas un héros, il n'arrive pas à courir aux chevets des mourants, et il y en a tellement. À noter que cette partie, la seconde d'un livre au demeurant drôle, voire facétieux, est assez éprouvante. de la même façon crue qu'il décrivait le sexe, l'auteur montre la maladie, la déchéance, la mort d'une grosse partie du personnel du roman. Je ne peux pas le dire autrement : c'est dur à lire. Vous ne direz pas que je ne vous ai pas prévenus.

Glissez, mortels. À me relire, j'ai l'impression de parler d'un livre grave et sérieux, de sujets importants-de-société. Or pas du tout. Ces passages sombres de thanatos pesant font oublier l'éros pétillant du roman, inévitable dans la première partie consacrée à la poignée d'années pendant lesquelles Billy entre en scène. Dans tout les sens du terme. Il est presque dommage de faire À moi seul… un roman de la bisexualité. Ce Billy est un personnage, construit de la sorte par la volonté d'un auteur, pas un porte-drapeau, pas une allégorie. La bisexualité qui le compose lui donne chair et fluidité, et c'est ce mouvement doux qui en fait une entité crédible, aussi vivante que peut l'être un personnage de roman. C'est l'entrechoquement des atomes multiples qui l'anime. Avant de se poser en être sexué, Billy Abott est une créature de livres. Rappelons que Billy se comprend bisexuel en même temps qu'il se découvre écrivain, d'un même mouvement. Il est d'ailleurs symptomatique que la personne qui formulera toutes ses amours futures soit une bibliothécaire. Avant le sexe, elle lui fait découvrir les livres, le charpente avec beaucoup d'intelligence à coup de références incontournables. Fielding, Dickens, Flaubert Flaubert qu'il ne faut pas lire avant d'être totalement désespéré, et James Baldwin, bien sûr, parce que tout jeune gay des années 60 doit avoir lu La Chambre de Giovanni. Mais avant Miss Frost, il y a le théâtre. Ibsen et Shakespeare. Tennessee Williams. Théâtre dans le théâtre. La grande distraction de la petite communauté, c'est son théâtre amateur. Et c'est aussi la nôtre, vu que c'est à mourir de rire. de la tante insupportable au grand-père qui n'aime rien tant que jouer les héroïnes shakespeariennes, en passant par le tonton alcoolique et un ténébreux bûcheron norvégien qui dirige la troupe, que voilà une fine équipe. Portée par trois harpies (la grand-mère la mère et la tant de Billy, en mode marâtre de Cendrillon), la famille de Billy est pesante, intolérante, mais sur les planches, ce petit monde ridicule de province est cocasse. Peut-être parce notre héros est un esprit libre qui se détache lentement. Toujours est-il que l'auteur s'amuse – trop, pourrait-on dire. Il fanfaronne et cabotine à mort. Mais c'est efficace, avec des scènes hilarantes. Au-delà des pitreries et des costumes, il est surtout l'idée – baroque – de l'étourdissant tourbillon du monde. Des êtres changeants. Des identités fluctuantes. Nous sommes de l'étoffe dont sont faits les rêves, et notre petite vie est entourée de sommeil : lorsque la troupe monte La Tempête, est-il vraiment surprenant que Billy se voit attribuer le rôle du génie Ariel ? du personnage au « sexe indécis ». Non sans doute. C'est facile. Mais cela tombe tellement bien.

Un mot, avant que d'en finir. Je crois que ce roman des genres et des identités est en large part un roman d'amour. Il s'ouvre et se clôt sur une évocation de Miss Frost, la muse de notre écrivain. Celle qu'il cherchera à demi-mot dans les autres femmes de sa vie, qu'il n'oubliera jamais. de cette galerie de personnage, la scandaleuse bibliothécaire est celle dont on ne peut pas s'empêcher de tomber amoureux, un petit peu. Sage et fascinante, la Femme Mûre est une institution littéraire – il y a par ailleurs quelque chose d'éminemment classique dans ce roman aux dégagements farfelus. Mais ce genre de femme-là, je n'en ai pas croisé souvent. Inaccessible jusqu'au bout, debout jusqu'à la fin. Et la scène de la séparation est un bijou. Très drôle, très, très triste, complètement en allée où ?, comme dirait l'autre. Face à l'imposante Frost sur le compas des amours de Billy, sa Némésis, Kittredge, le tyran local, capitaine de l'équipe de lutte. Un sale type, un type perturbant que Billy passera sa vie à tenter de comprendre. Frost et Kittredge, la bibliothécaire et le lutteur, restent les curseurs de la vie sentimentale du narrateur. We are formed by what we desire, déclare Billy au seuil du roman. La question subsidiaire est : se déprend-on jamais de ses 18 ans ?
Lien : http://luluoffthebridge.blog..
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« En une personne » peuvent se conjuguer plusieurs êtres, comme chez Bill, ce jeune homme issu d'une famille de First Sister, tranquille cité rurale du Vermont, vouée à la forêt, aux scieries et à un Collège universitaire renommé. Dans cette famille un peu bizarre, on se passionne pour le théâtre amateur, surtout quand il permet de s'habiller comme le sexe opposé, et pour la lutte, sport universitaire cher à l'auteur. Mais rassurez-vous, les dames de la famille sont très « comme il faut »

Bill l'est un peu moins : grand admirateur de Flaubert, Irving nous conte son éducation sentimentale (et plus), notamment par la belle et grande bibliothécaire municipale, qui se révèlera être un ancien lutteur d'élite, et, au cours d'un séjour à Vienne, alternativement par sa meilleure amie, par un grand poète américain, par une soprano, et par une transsexuelle « crédible ».

Son bonheur durera jusqu'aux années 80, quand le SIDA s'abattra sur la communauté homosexuelle et bisexuelle new yorkaise, avec une incroyable cruauté : les scènes au chevet des amis mourants sont d'un réalisme terrible.

Mais Bill sera épargné, et il se réfugiera pour mener son travail d'écrivain dans la maison familiale, entouré de sympathiques fantômes. Et il finira par comprendre le trouble lien qui l'unissait à Kittredge, son condisciple brillant et méprisant qui traverse le récit.

Ce roman sera disponible en Français en avril, sous le titre « A moi seul bien des personnages » (au Seuil) ; précipitez vous, car, comme d'habitude, ce 13ème roman d'Irving est une merveille d'écriture.
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Lu dans la version américaine . Titre original : In One Person.

Un vieux monsieur – William Abbott (Billy) a environ 70 ans lorsqu'il se retourne sur son passé – raconte comment il a vécu sa bisexualité depuis sa prime adolescence jusqu' au moment de la narration, 2011.
Le roman commence par un défi que le personnage-narrateur se lance : il deviendra écrivain et couchera avec la bibliothécaire, Miss Frost. Il vit dans une petite ville du Vermont (décor cher aux romans de John Irving) First Sister avec sa mère qui a un nouveau compagnon – professeur à l'académie de Favorite River dont il tombe amoureux. Dès lors son destin va être marqué par la lecture (compulsive de Dickens et des fameuses « Grandes Espérances ») et le théâtre par les pièces – et notamment de Shakespeare - que son beau-père met en scène avec la troupe locale. Donc petit-à-petit, au fur et à mesure de ses expériences sexuelles, le narrateur se définit comme « bi ».
Bien sûr ce choix ne va pas sans heurter la sensibilité de son entourage, notamment sa mère et sa tante alors que son grand-père Harry, qui s'habille en femme pour des rôles au théâtre est plus tolérant. Car l'homosexualité est considérée comme une maladie dans l'Amérique des années 50. Il suffit, pour s'en convaincre de lire les témoignages de Lou Reed qui a subi des électrochocs pour se « guérir ».
Billy consulte donc les spécialistes locaux : le Dr Harlow, vieille birbe intolérante que ne conçoit le « droit chemin » que dans l'hétérosexualité et la mère de sa meilleure amie, sorte d'orthophoniste-psychologue, Martha Hadley car Billy a des problèmes pour prononcer certains mots comme « pénis ». le personnage construit sa personnalité à travers la lecture (De Grandes Espérances, Tom Jones, Madame Bovary, et un roman de James Baldwin, Giovanni's Room (la chambre de Giovanni) où l'auteur aborde l'homosexualité. Il se construit aussi à travers les pièces de Shakespeare que monte son beau-père où il se reconnaît dans tel ou tel personnage et où il voit son grand-père grimé en femme. Mise en abyme du travail d'écrivain (problème de langage au départ, influence d'autres écrivains, recherche du père…) le titre français explique bien ce qu'est Billy alors que l'anglais reste dans le non-dit, le fameux « understatement ».
Les rebuffades que Billy va rencontrer seront bien sûr du côté « conservateur » mais aussi chez les femmes et les gays. En se situant comme « bi », le personnage n'est finalement accepté nulle part. Les gays aimeraient qu'il soit totalement de leur côté, les femmes veulent « construire quelque chose » qu'il n'est pas prêt à assumer.

"On this bitter-cold night in New York, in February of 1978, when I was almost thirty-six, I had already decided that my bisexuality meant I would be categorized as more unreliable than usual by straight women, while at the same time (and for the same reasons) I would never be entirely trusted by gay men."(Dans le froid mordant de ce soir de février 1978, lorsque j'avais trente-six ans, j'avais déjà une petite idée de ce que signifiait qu'être bisexuel, je serais considéré parmi les moins fiables par les femmes hétéro, alors qu'en même temps (et pour les mêmes raisons) je n'aurais pas tout-à-fait la confiance des homos.)

Jusqu'aux années 80 où apparaît le SIDA, Billy aura encore moults problèmes de conscience- et le narrateur montrera bien qu'il vivra sa vie de « bi » contre vents et marées – puisqu'il se reproche, en voyant tous ses meilleurs amis et amants sombrer dans la maladie et mourir, de ne pas être infecté :

‘I wasn't afraid of dying; I was afraid of feeling guilty, forever, because I wasn't dying.'
(Je n'avais pas peur de mourir ; j'avais peur de me sentir coupable à jamais puisque je ne mourais pas !)

Et puis il y a le personnage de Kittredge, extrêmement complexe puisqu'il représente l'archétype du lutteur macho, le grand frère protecteur, le jeune adulte cynique. Kittredge, en tant que protagoniste, je l'avoue, m'agaçait – et là John Irving parvient à nous le rendre bien antipathique à tel point qu'on ne comprend pas l'attirance de Billy pour ce beauf. L'évolution du personnage qu'en propose l'auteur est un tour de force romanesque, notamment par les côtés obscurs qu'il révèle.
Quant au style du roman lui-même, là aussi on assiste à une évolution du langage qui passe par exemple de « transsexuel » à « transgenre » de nos jours en même temps qu'une évolution de la société, Billy se retrouvant de l'autre côté de la barrière puisque c'est lui qui initie les autres non seulement à l'écriture mais aussi à devenir une personne. Là encore, plus rares sont les conservatismes mais aussi plus violents. On a l'impression tout au long du roman de lire à la fois un journal intime pris dans l'histoire des Etats-Unis représentés par la province.
Un roman assez long mais d'une longueur justifiée pour faire tout aboutir. Un bon livre, à mon sens est celui dont la fin est réussie. Et c'est le cas.
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Parce qu'elle nous avait manqué, on adore la magie romanesque retrouvée enfin par Maître Irving. Je crois avoir lu tous ses romans et nouvelles. Celui-ci a une place particulière, manifeste LGBT vibrant mais subtil bien avant l'heure. Hymne à Shakespeare et à la diversité sexuel Superbe galerie de portraits inoubliables. Belle, très belle histoire.
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Je suis une inconditionnelle de John Irving qui a l'art d'écrire sur des sujets qui peuvent parfois faire polémique avec toujours en toile de fond une pointe d'humour, une situation cocasse, une indulgence envers des personnages toujours attachants. Il nous ramène pourtant à la période sombre de la maladie qu'on ne nommait pas à l'époque, le sida. La souffrance endurée dans l'indifférence générale voire dans la raillerie : "Ils l'ont bien cherché". Et là le ton devient grave, comme un rappel à plus de retenu, d'humanité, d'hommage à ceux qui sont partis. C'est un livre qui parle de la vie en somme, pas moralisateur du tout, simplement de l'importance de s'accepter dans nos différences. On y parle aussi beaucoup de littérature, vecteur initiatique du désir et de l'identité sexuelle. J'ai pris beaucoup de plaisir à lire ce livre.
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Bill adolescent rencontre miss frost la bibliothéquaire qui va l'initier à la littérature puis à la sexualité. Mais qui est-elle? Pourquoi tout le monde la marginalise. Roman drole touchant , on nous parle d'identité , de différence, d'homosexualité, de transgenre, démontrant que chacun ou chacune a un seul objectif: trouver le bonheur. Ce livre nous rend fier d'être humain.
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John Irving a vraiment le chic pour créer un univers particulier dans lequel il fait évoluer des personnages tellement attachants qu'il est impossible de les oublier une fois le livre refermé.
Billy Abbot grandit dans une petite ville du Vermont au sein d'une famille grande amatrice de théatre sous la direction du grand-père qui se costume en femme pour les besoins de son art et dirige avec son associé norvégien une troupe qui met en scène Ibsen et Shakespeare.
Billy est secrètement amoureux de Miss Frost la superbe bibliothécaire transexuelle bien connue dans sa jeunesse pour ses exploits de lutteur sous le nom de Big Al.
Avec son amie Elaine qui reste sa confidente privilégiée, ils lorgnent tous deux les charmes du beau Jacques Kitteredge.
Ainsi Billy est amené à explorer toutes les facettes de la sexualité alors que l'épidémie de sida qui se déchaine dans les années 1980 décime ses amis et relations.
Ce magnifique roman entièrement orienté sur les choix d'identité sexuelle se lit comme une initiation du jeune héros et une marche glorieuse vers le respect absolu des individus dans leurs différences qui sont aussi leurs richesses.
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Mon préféré parmi les livres d'Irving (dont j'ai également lu "Le Monde selon Garp", "Hôtel New Hampshire" et "L'oeuvre de Dieu, la part du diable"). L'identité sexuelle et notamment la bisexualité en est le thème central. L'histoire est touchante et attachante, se déroulant entre l'Amérique "profonde", avec son puritanisme et ses paradoxes, et l'Europe, pas si "vieille" que ça au regard du thème central. L'auteur souligne à juste titre que la bisexualité est victime d'un double ostracisme: de la part des hétérosexuels, persuadés que les "bis" sont en réalité des homosexuels et de la part des homosexuels, décrétant que les "bis" seraient des gays se refusant à assumer leur identité. Je me souviens avoir eu des discussions passionnantes sur ce sujet avec des amis homos, entretenant effectivement cette opinion à propos des bisexuels. Cette intolérance ne s'inscrit-elle pas dans la même ligne que celle des hétéros vis-à-vis des homosexuels ? Au-delà du beau roman, ce bouquin est un hymne à la tolérance et à la compassion en son sens véritable...
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