J'ai fait la traversée de ces pages avec difficulté alors que j'avais lu avec agrément des romans du même auteur. le style en est responsable, les phrases sont si complexes que leur sens reste quelquefois obscur
Aidée par les extraits de lettres, par des évènements servant de repères, des dates, des noms, voici ce que j'ai réussi à prélever du livre
Henri James nait en 1843. Son père n'est pas contraint par un travail, même si ses intérêts sont ceux d'un intellectuel, la famille de cinq enfants se déplace de New York à Genève, de Boston à Newport ou Cambridge. Elle doit son aisance à un aïeul Irlandais arrivé en Amérique en 1789 et qui s'est enrichi mais elle n'a pas hérité de son goût des affaires
A proximité il y a des cousins et cousines qui n'ont plus leurs parents, (c'est le règne de la tuberculose) et sont tutorés par des tantes ou des grands parents.
Henry a une grande admiration pour son frère ainé, William, ils tâtent chacun de formations variées, des deux côtés de l'Atlantique. William étudie la médecine, puis la philo avec, dans l'intervalle, une expédition naturaliste au Brésil. Henry, après avoir découvert qu'il ne comprend rien aux mathématiques suit des cours de droit mais vainement car seule la littérature l'intéresse. Il envoie très tôt des critiques à des journaux.
Deux frères plus jeunes participent à la guerre de sécession et le vivent comme une aventure excitante. Henry, qui a un problème de dos, les envie. Une jeune cousine, Marie, se meurt de tuberculose et sa correspondance est loin d'être banale, elle y parle aussi de Dieu mais les autres ne semblent pas avoir de préoccupations religieuses ! Je respire quand une lettre envoyée à
Henry James est reproduite : quel plaisir ce serait de les lire toutes, elles doivent, elles, traiter un peu de la vie quotidienne !
New York, la résidence initiale, commence à ressembler à une capitale mais c'est à Boston, où la famille est alors installée, qu'elle apprend, bouleversée, l'assassinat de Lincoln. Il est aussi question de Newport, ville qui - la guerre terminée - parait s'enrichir et où la bonne société mène – si j'ai bien compris -- une « vie distinguée » et se sent « remontée » .
Je m'étonne : N'y avait-t-il pas d'hommes noirs de ce côté de l'Amérique du nord ? Seul est évoqué un domestique qui avait fait sensation en Irlande vers 1832 lorsqu'il accompagnait le père d'
Henry James venu rendre visite à sa parenté. Mais ce n'est guère étonnant si l'on songe que les noirs de ce temps occupaient des positions subalternes et que les « inférieurs » blancs ou noirs sont pratiquement absents des livres d'
Henry James (ou d'
Edith Wharton, pour m'en tenir à ce que j'ai lu de l'époque)
Les médecins n'ont que l'auscultation pour surveiller les poumons de leurs malades Pour le reste ils conseillent souvent de « prendre les eaux » Ce que fait William en Allemagne ou à Divonne. de là il s'étonne de percevoir ses compatriotes différemment et énonce quelques généralités sur les Allemands et les Français qu'il a côtoyé
A quel âge Henry s'installe-t-il à Londres ? Il est déjà écrivain et parait introduit dans un milieu qui le séduit complètement. Cette capitale est, selon lui, en complète opposition avec les normes étrangères mais on ne comprend pas bien en quoi elle est si différente. James se refuse au concret : rien sur l'aspect des habitations ou des femmes, rien, bien entendu, sur les menus alors qu'on se reçoit beaucoup. Seules d'étonnantes invitations au petit déjeuner sont mentionnées.
On croit deviner que cette « bonne société » approche de sa fin et on aimerait davantage de descriptions, mais non.
A Londres l'auteur est heureux de rencontrer la célèbre Georges Eliot La familiarité de la famille avec la littérature est ancienne, elle lisait (et critiquait)
Georges Sand, citait
Balzac, tenait
Théophile Gautier en grande estime et avait été affectée par la mort de
Hawthorne. Un jeune frère engagé dans la guerre avait écrit une fois qu'il était en train de lire le récit de la bataille de Waterloo que fait Hugo dans les Misérables, c'était en 1862 et le livre d'Hugo venait de sortir
Motis38