Après avoir lu
ROBE DE MARIE et "
cadres noirs" (pas fait la chronique de celui là...ambiance différente de "
robe de marié",plus abouti sans doute pour mon avis personnel) j'ai démarré cette trilogie avec ce 1er opus "
travail soigné".
Sans vouloir faire de jeu de mot un peu glauque,voilà un livre dont l'écriture est soignée.Tout est très bien calibré,l'enquête progresse avec un suspens constant.
Dès le départ le ton est donné. En quelques mots le décor est planté,les personnages décrits soigneusement (et cette façon de faire m'a evoqué celle de
Fred Vargas). Personnages tous avec un physique et/ou une personnalité intéressants.
Prenons le commissaire Verhoen! le caprice de la nature ,ou plutot la tabagie de sa mère, a fait qu'il ne mesure qu'1 m 45 ."A quarante ans,ce petit homme au visage long et marqué,chauve comme un oeuf à l' intelligence redoutable ,totalement dévoué à son travail au détriment de sa vie de famille ,même s'il est profondément amoureux de sa femme Irène.Irène enceinte de 8 mois 1/2 .(J'ai trouvé une incohérence à ce propos...Il y a deux passages qui évoquent leur 1ère rencontre (p.40 et p 366 pour l'édition en poche) et les 2 sont différentes...)
Et puis il y a Louis,"en un mot,physiquement,Louis était quelqu'un d'élégant,de mince,de délicat,de profondément agaçant..Mais surtout ,Louis était riche.Avec tout l'attirail des vrais riches:Une certaine manière de se tenir,une certaine manière de parler ,d'articuler,de choisir ses mots,bref avec tout ce qui sort du moule de l'étagère du haut étiquetée "Gosse-de-riche"."
Il y a également Armand,"un homme maigre,avec de grandes oreilles et d'une radinerie d'anthologie" quelques lignes plus loin: "Camille regarda son collègue d'un air navré:Armand restait économe jusque dans son imaginaire"
Maleval,"avait 26 ans,un charme dont il abusait comme il abusait de tout,des nuits,des filles,du corps.Le genre d'homme qui ne s'économise pas.Il exhibait ,d'un bout de l'année à l'autre ,un visage épuisé.Quand il pensait à Maleval,Camille était toujours vaguement inquiet et se demandait si les turpitudes de son collegue nécessitaient beaucoup d'argent."
D'autres personnages aussi minutieusement décrits l'entourent ,psychiatre ou supérieur hiérarchique.
Le roman est en 3 parties.La 1ère court sur une période de 18 jours ,du 7 au 24 Avril,la 2éme sur quelques heures ,22h45/2h15,et la 3ème a lieu 1 an plus tard,juste quelques pages.
La 1ère partie,la plus importante ,montre un aspect du genre intéressant car il rend hommage à la littérature américaine(ce qui m'a montré 4 thrillers à découvrir!!certains titres connus évidemment d'autres moins,pour moi en tout cas).Toute l'intrigue est développée,critique en passant le monde du journalisme,et minutieusement sème ses indices,ses rebondissements pour arriver à la fin de la 1ère partie où j'avoue m'être laissée totalement emporter,émue par tout le déploiement de force pour retrouver ce qui semble être la derniere victime de ce monstre sadique ...
Quelques heures pour y parvenir et c'est ainsi que nous débouchons sans temps mort dans la dernière ligne droite qui va crescendo (on frôle l'arret cardiaque,je vous l'assure) pour finir dans une terrible apothéose..
Je verrais très bien ce livre adapté pour le cinéma.Tous les ingrédients ,les descriptions sont là,prêts à être utilisés par un réalisateur .
Et on conclut par le cynisme des dernières pages.
Vous sortez sonnés, écoeurés aussi par des scènes de crime particulièrement horribles (j'ai sauté quelques lignes),avec une sensation de déjà vu pour le développement de l'intrigue avec un "oui mais" et prêts à vous plonger dans la suite "
Alex"