AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782259204897
312 pages
Plon (19/10/2007)
4.04/5   93 notes
Résumé :
Pourquoi la démocratie et les droits de l'homme sont-ils nés en Occident plutôt qu'en Inde, en Chine, ou dans l'Empire ottoman? Parce que l'Occident était chrétien et que le christianismes n'est pas seulement une religion.
Certes, le message des Évangiles s'enracine dans la foi en Dieu, mais le Christ enseigne aussi une éthique à portée universelle: égale dignité de tous, justice et partage, non-violence, émancipation de l'individu à l'égard du groupe et de l... >Voir plus
Que lire après Le Christ philosopheVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
4,04

sur 93 notes
5
4 avis
4
2 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
Livre passionnant qui nous apprend comment le christianisme influence encore nos modes de pensées et nos vies. En reprenant l'histoire depuis le début, des faits et gestes de Jésus de Nazareth relatés par les Évangiles, en passant par la subversion de son message qu'en a fait l'Église institutionnelle, notamment à travers l'Inquisition, et le questionnement progressif de son propos amorcé dès la Renaissance et l'Humanisme et accentué avec les Lumières, au profit de la raison et la science, l'auteur fait un remarquable résumé de 2000 ans d'histoire chrétienne. Comme toujours, il sait intéresser son lecteur par un style simple et accessible en s'appuyant sur de nombreuses références.
Commenter  J’apprécie          230
Comment exprimer en quelques phrases le contenu du livre ?

Commençons par dire qui est Jésus-Christ.

Jésus est le fondateur de la religion chrétienne. C'est un juif qui s'est voulu réformateur du judaïsme.

Jésus a initié une nouvelle voie spirituelle fondée sur la rencontre avec sa propre personne, il a transmis un enseignement éthique à portée universelle : non-violence, égale dignité de tous les êtres humains, justice et partage, primat de l'individu sur le groupe, importance de la liberté de choix de l'individu, séparation du politique et du religieux, amour du prochain allant jusqu'au pardon et à l'amour des ennemis. Cet enseignement révèle un Dieu amour soucieux de se conformer à la volonté de Son Père.

L'Eglise a bien transmise, la parole du Christ, mais il se fait qu'elle-même a été lacunaire dans la mise en pratique du message qu'elle annonçait. Pourtant les premiers chrétiens ont préférer mourir en martyres plutôt que de renier leur foi. L'Eglise a connu un tournant lorsque le christianisme est devenu la religion officielle de l'Empire romain. Des persécutés à cause de leur foi, ils sont devenus persécuteurs. L'institution s'est alors occupée d'elle-même.

A la renaissance, les philosophes des Lumières ont réussi à faire de la liberté de conscience un droit fondamental de tout être humain. Aujourd'hui ces idées se sont imposées à tout l'Occident, croyants et non-croyants. de ces philosophes des Lumières, Erasme est un représentant incontestable.

Les colères du Christ ont focalisées le sens qu'il voulait donner à ses propos, Il s'en prenait à ses disciples, qui ne comprenaient rien de son message, aux hommes religieux de son époque : scribes, pharisiens, prêtres doit-il dénonce l'hypocrisie, le formalisme, le dogmatisme, le moralisme ou la lecture fondamentaliste des textes.

L'auteur clôture son ouvrage par l'Evangile selon saint Jean, chapitre 4, verset 3 à 30, nommé : « L'entretien avec la Samaritaine ».

Pour cet Evangile, les exégètes ont contribués à nous fournir des questions/approches intellectuelles qui sont dans le fil conducteur de la réflexion de Frédéric Lenoir à savoir par exemples :
- Les Samaritains méprisés contre l'avis de Jésus.
- Jésus veut montrer qu'amour et liberté sont les deux piliers qu'il veut apporter à l'humanité.
- Ce n'est pas au Temple de Jérusalem qu'il faut adorer Dieu, mais en esprit et en vérité.
- La vérité et la liberté n'ont de sens que dans ce qui constitue la nature même de Dieu : l'amour.
Bien d'autres choses encore sont révélées dans cet Evangile.

Le Christ philosophe est un livre qui donne accès à une chaîne de réflexions sans fin.

Frédéric Lenoir est un homme de grand savoir ouvert à bien des formes de pensées. Il a même enseigné, en France et en Belgique, avec beaucoup de bonheur et de satisfaction, la philosophie à des enfants et même à Molenbeek dans des écoles fréquentées par des enfants issus de milieux défavorisés.

Commenter  J’apprécie          70
Au coeur de l'essai, l'éthique universelle du Christ : justice, non violence, liberté, égalité, fraternité…

Pourquoi les droits de l'homme sont-ils nés en Occident ? Frédéric Lenoir nous répond, parce que l'Occident était chrétien. L'Eglise, dès sa naissance, a assombrie l'enseignement du Christ, c'est-à-dire qu'elle a subverti les valeurs du Christ. Dès que le christianisme est devenu religion officielle de l'Empire Romain au Vie siècle, c'est un voile, un nuage, un ciel qui s'est interposé entre le véritable enseignement du Christ.

L'ouvrage, reprenant par époque, le développement de la religion chrétienne, parvient à montrer que c'est en opposition à l'institution ecclésiale, que le message du Christ a pu se développer et parvenir à notre société actuelle. de même que l'auteur porte une lecture neuve sur les Evangiles.
L'ouvrage est pertinent, clairement présenté, et écrit dans une clarté implacable. L'auteur part des origines pour parvenir à notre société moderne actuelle qui a repris l'essentiel du message christique. Voici les grandes lignes.

L'enseignement de Jésus est révolutionnaire pour son temps. Contre la tradition juive, ( Jésus reste tout de même juif) Jésus prône l'égalité entre personne, la liberté au-delà des conditions extérieures de détermination (ethniques, sociales, politiques…) propres à une société, où chacun à sa place, son rôle à tenir, le tout au détriment de la partie (système holiste). Pour qu'un homme puisse suivre Jésus, il doit se défaire des liens familiaux, qui priment dans une société traditionnelle. Par là, c'est la Tradition qui est touchée. Amour du prochain, fraternité, justice sociale…autant de valeurs portées par le Christ. Et c'est valeurs ont forgé notre identité moderne.
Mais le message christique, a dévié. L'Eglise a été coupable d'actes de violence, des persécutions à l'Inquisition. Par ailleurs, elle a permis de contribuer à développer des centres de charité, pour la pauvreté…

L'humanisme de la Renaissance était encore imprégné du message christique, il ne reniait pas la foi. Les Lumières reprennent à leur tour, des idées des Evangiles, et au-delà du Christ. Elles ne fondent pas ce message sur la foi, mais sur la raison. Partant de là, le message du Christ est conservé sous une forme d'un humanisme séculier, et ensuite athée (les Lumières croient en une entité…). C'est la version laïcisée qui est venue à nous.
Enfin, l'auteur revient sur notre société actuelle : la place de la religion, du christianisme.

Jésus, deux millénaires avant nous, avait posé les bases de la « modernité ». Pourquoi dès lors, cette modernité a été refusée ? Ces valeurs étaient, à mon avis, trop révolutionnaires, dans une société aussi traditionnaliste. Peut-être que l'Humanité devait apprendre des leçons, peut-être son histoire n'était pas toute faite, elle attendait de voir la contingence, des actes libres surgir. S'il n'y avait pas eu de Moyen Age de l'Eglise, certaines idées n'auraient pas germé. C'est que chaque époque est complémentaire. On pense sur des idées léguées par les plus anciens, par là, on peut les reprendre, et développer à son tour, une idée novatrice, qui fait la dialectique des idées précédentes. ( ex : en philosophie, Kant, qui concile les empiristes et les idéalistes).

Ces valeurs ne devaient pas s'imposer, comme une hétéronomie, mais elles devaient se réaliser, se choisir, et devenir la marque de l'autonomie de la raison et de l'homme. Est-ce-là aussi un enseignement du Christ ?
Ces questions sont toujours ouvertes, le monde est toujours à regarder, à deviner, à déchiffrer.

On l'aura compris : le christianisme est toujours là, c'est un christianisme « invisible ». D'ailleurs, n'avons-nous pas trop de foi en nos idées modernes ?
Commenter  J’apprécie          40
« le christ philosophe » est un livre passionnant, parce qu'il démontre grâce à une argumentation précise, l'impact fondamental qu'à eu le christianisme sur toute l'histoire de la pensée occidentale.
Ce livre très pertinent, construit comme une enquête, met en perspective la manière dont le Christianisme influence les mentalités et l'élite intellectuelle depuis toujours. Au point que les penseurs des lumières s'en soient eux-même inspirés. Notamment lorsqu'ils ont, par la raison, voulu fonder la société humaine sur la liberté, l'égalité et la justice sociale.
En effet, pour Jésus, le seul espace sacré était l'esprit. Quelles que soient ses origines sociales, sa religion, sa nationalité, seuls comptent les actes, les pensées, et les paroles, qui permettent de soupeser l'âme humaine, de fonder sa qualité intrinsèque, dépouillée de la vie mondaine artificielle.
Aujourd'hui encore, une sagesse de l'Amour qui change le visage traditionnel d'un Dieu inspirant la crainte et que contredit l'instinct le plus universellement répandu, celui de s'affirmer en dominant l'autre, n'est pas encore atteinte.
Commenter  J’apprécie          80
Frédéric Lenoir est un auteur désormais célèbre et très médiatisé. Ce n'était pas encore le cas en 2007, au moment où il a publié ce livre. Dans cet ouvrage, il y a beaucoup de choses (et peut-être trop ?): la vie et l'enseignement de Jésus, l'histoire du christianisme, y compris les schismes et les hérésies, la relation entre l'Eglise et la société moderne, etc... C'est présenté d'une manière claire et synthétique mais, comme j'ai déjà beaucoup lu par ailleurs sur tous ces sujets, je n‘ai sans doute pas appris grand-chose.
Le titre même de ce livre peut surprendre. Mais F. Lenoir souligne que « la révolution apportée par la philosophie du Christ a créé une véritable onde de choc dans l'histoire humaine ». En effet, dans le domaine éthique, l'enseignement de Jésus a promu le pardon, la non-violence et l'amour du prochain. De plus, il se trouve à la base des valeurs fondamentales de notre société laïque moderne: la liberté, l'égalité, la fraternité, la séparation des pouvoirs. (J.-C. Guillebaud a livré le même type d'analyse dans "Comment je suis redevenu chrétien", paru également en 2007).

Toutefois, le message principal de Frédéric Lenoir est ailleurs. Il peut se résumer en une phrase: « Le christianisme n'est PAS D'ABORD une religion, avec des dogmes, des sacrements et un clergé: c'est AVANT TOUT une spiritualité personnelle et une éthique transcendante à portée universelle » (p. 298 de l'édition de poche). Il importe de bien méditer cette phrase qui, justement, fait écho au titre du livre. Pour ma part, j'en déduis ceci: la place de l'Eglise - avec toute son influence et tous ses pouvoirs - , autrefois dominante, n'a jamais garanti le respect des principes éthiques énoncés par le Christ. Inversement, l'effondrement apparent de l'Eglise dans la société contemporaine n'implique pas nécessairement un dévoiement moral généralisé. La position de l'homme devant le "Royaume de Dieu" n'a vraiment pas changé depuis deux mille ans: ce "royaume" est toujours comme un mirage qui recule à mesure qu'on avance… Dans cette quête individuelle jamais achevée, l'action de l'Eglise n'a en fait qu'un rôle très mineur.

Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (40) Voir plus Ajouter une citation
Jésus a-t-il réellement existé ? Pendant dix-huit siècles, cette question ne s'est pas posée en Occident. En chrétienté, on ne s'interrogeait pas plus sur la réalité de l'existence de Jésus que sur l'authenticité et l'historicité des événements merveilleux relatifs à sa vie, enseignés au catéchisme et à la messe dominicale où tout le monde se retrouvait. A la fin du XVIIIe siècle, sous l'effet conjugué des Lumières philosophiques et du développement des sciences, l'Europe passe tous les savoirs traditionnels au crible de la raison critique. Une poignée d'exégètes et de théologiens allemands appliquent la méthode scientifique à la religion chrétienne et à ses sources bibliques. En France, malgré l'opposition de l'Eglise catholique, ce mouvement est relayé dans la première moitié du XIXe siècle par l'école dite de Strasbourg (1804-1891) ou Timothée Colani (1824-1888), les futurs fondateurs de la Revue de théologie, commencent à diffuser, auprès d'un petit milieu de spécialistes, les éléments du débat allemand qu'ils alimentent avec leurs propres études. Aucune publication n'entoure ces travaux qui suscitent la méfiance de la hiérarchie ecclésiale, alors que leurs auteurs ne cherchent pas à nier l'existence de Jésus, mais à mieux connaître un Jésus débarrassé de la gangue de la foi

Chapitre I. L'histoire de Jésus et le Jésus de l'Histoire
Commenter  J’apprécie          20
Bien entendu, l'Inquisition a finalement été supprimée au XVIIIe siècle. Mais pourquoi ? Parce que l'institution aurait pris conscience de s'être abominablement égarée et se serait amendée ? Non. Simplement parce qu'elle n'avait plus les moyens de sa volonté de domination. Parce que la séparation de l'Eglise et de l'Etat (parfaitement conforme au message du Christ) lui a enlevé le "bras séculier" sur lequel elle s'appuyait pour faire périr les hérétiques. Parce que les humanistes de la Renaissance et les philosophes des Lumières sont passées et qu'ils ont réussi à faire de la liberté de conscience un droit fondamental de tout être humain. Aujourd'hui ces idées se sont imposées à tous en Occident, croyants et non-croyants. Non seulement elles ne sont pas advenues par l'Eglise, mais contre l'Eglise, qui a lutté de toutes ses forces (déclinantes) pour essayer de conserver son pouvoir et ses prérogatives. Le grand paradoxe, l'ironie suprême de l'histoire, c'est que l'avènement moderne de la laicité, des droits de l'homme, de la liberté de conscience, de tout ce qui s'est fait aux XVIe, XVIIe, et XVIIIe siècles contre la volonté des clercs, s'est produit par un recours implicite ou explicite au message originel des Evangiles. Autrement dit, ce que j'appelle ici "la philosophie du Christ", ses enseignements éthiques les plus fondamentaux, ne parvenait plus aux hommes par la porte de l'Eglise...alors elle est revenue par la fenêtre de l'humanisme de la renaissance et des Lumières! Pendant ces trois siècles, alors même que l'institution ecclésiale crucifie l'enseignement du Christ sur la dignité humaine et la liberté de conscience par la pratique inquisitoriale, celui-c- ressuscite par les humanismes.

Prologue
Commenter  J’apprécie          10
La liberté individuelle est une dimension fondamentale de l'enseignement de Jésus, liée à la voie personnelle de salut qu'il propose. Refusant l'idée d'un déterminisme ou d'un destin fixé d'avance, il affirme que chacun peut tracer son propre chemin.
Commenter  J’apprécie          120
La recherche historique et critique sur les textes fondateurs du christianisme aurait pu rester confidentielle, mais c'est sans compter avec l'arrivée d'un trubilion, écrivain reconnu et proche des exégètes strasbourgeois. Ernest Renan s'empare en effet du sujet "Jésus", lui offre sa plume et publie en 1863 La Vie de Jésus qui devient un best-seller malgré la double levée de boucliers, de l'Eglise qui l'accuse de chercher à ébranler la foi et des exégètes qui lui reprochent de présenter un personnage trop romanesque. Le public, lui, s'arrache ce livre qui lui offre un Jésus inédit. En préface de sa treizième édition, Renan explique sa démarche d'une manière que ne renieraient pas les exégètes modernes : "Si les Evangiles sont des livres comme d'autres, j'ai eu raison de les traiter de la même manière que l'helléniste, l'arabisant et l'indianiste traitent les documents légendaires qu'ils étudient." Et il se positionne en historien qui " n'a qu'un souci, l'art et la vérité", par opposition au théologien qui "a un intérêt, c'est son dogme". Renan a ouvert une brèche dans l'esprit du public cultivé et les exégètes poursuivent leurs travaux, s'appuyant sur de nouveaux éléments de la recherche historique et archéologique et défrichant des pistes inédites.

Chapitre I. L'histoire de Jésus et le Jésus de l'Histoire

Commenter  J’apprécie          10
Au fil des sièces, le projet humaniste va se développer jusqu'à émanciper l'individu et la société de la tutelle de la religion. Mais contrairement à ce qu'on croit fréquemment, il ne naît pas contre les idées chrétiennes, ni contre l'idée de Dieu. Le premier moment de l'humanisme, la Renaissance, reste profondément ancré dans une vision chrétienne. C'est au nom des principes évangéliques, qu'ils harmonisent avec la pensée des Anciens, que les humanistes valorisent l'homme et critiquent les abus de l'institution ecclésiale.
Commenter  J’apprécie          40

Videos de Frédéric Lenoir (174) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Frédéric Lenoir
Extrait du livre audio « L'Odyssée du sacré » de Frédéric Lenoir lu par Mathieu Buscatto. Parution numérique le 17 janvier 2024.
https://www.audiolib.fr/livre/lodyssee-du-sacre-la-grande-histoire-des-croyances-et-des-spiritualites-des-origines-nos/
>Théologie sociale chrétienne>L'Eglise et la société>L'Eglise et les différentes disciplines (25)
autres livres classés : religionVoir plus
Les plus populaires : Non-fiction Voir plus


Lecteurs (326) Voir plus




{* *}