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Wilfrid Lerat (Traducteur)Georges Sokoloff (Préfacier, etc.)
EAN : 9782845451001
361 pages
Editions des Syrtes (23/09/2004)
5/5   2 notes
Résumé :
Né quelques mois après Staline, l’historien et journaliste Sergueï Melgounov, socialiste russe modéré, dénonce la politique de terreur instaurée dans le pays après la révolution d’Octobre. Pour évoquer les horreurs de la guerre civile et du « communisme militaire », Melgounov ne s’en tient pas au terme «atroce». Il explicite le mot, comme on défroisse une page pour en étaler l’insoutenable contenu. La valeur de ses propos est d’autant plus précieuse qu’il fait parle... >Voir plus
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Indispensable témoignage de l'historien Russe Sergueï Melgounov, qui a vécu et subi la barbarie bolchevique (communiste) sous la Terreur Rouge entre 1918 et 1924 : 23 perquisitions, 5 arrestations, plusieurs interrogatoires, ainsi qu'une condamnation à mort commuée en exil.

Grâce à un grand nombre de documents : archives, témoignages, journaux…, Sergueï Melgounov décortique la machine monstrueuse mise en place par le régime Totalitaire Communiste de Lénine et Trotski.

En effet, le régime Totalitaire Communiste réel est issu du coup d'Etat Bolchevique à Petrograd en Russie du 7 novembre 1917 et perpétré par la troïka infernale représentée par : Lénine, Trotski et Staline.

Ce livre publié dès le mois de décembre 1923 à Berlin, contient une liste détaillée des horribles crimes : Crimes contre l'Humanité, Terreur, Guerre Civile, Famine gigantesque, arrestations arbitraires et exécutions sommaires, tortures à mort, crimes individuels et de masse (fusillades, pendaisons, noyades collectives, etc.), déportations en camps de concentration ouverts dès 1918, rafles, perquisitions et interrogatoires jours et nuits, systèmes de fichage, de surveillance, de délation et d'endoctrinement idéologique de toute la population, mensonges et propagandes, etc., commis contre le peuple Russe par Lénine, Trotski, Dzerjinski, Staline…

Pour appliquer ainsi l'Idéologie Totalitaire Communiste par le moyen de la Terreur, Lénine et Trotski ont inventé dès 1918 le premier système concentrationnaire de masse de l'Histoire de l' »inhumanité », pour aboutir en 1923 à la création de l'immense : Archipel des îles Solovki. (Confer également les excellents ouvrages de : Boris Chiriaev : « La veilleuse des Solovski », Raymond Duguet : « Un bagne en Russie : Solovki », Anne Applebaum : « Goulag : Une histoire », Francine-Dominique Liechtenhan : « le laboratoire du Goulag : 1918-1939 », Joël Kotek et Pierre Rigoulot : « le siècle des camps : emprisonnement, détention, extermination, cent ans de mal absolu »). Ce que nous explique l'auteur, pages 299 et 300 :

« Mais Portaminsk a paru insuffisant ; au cours de la dernière année, ce sont les îles Solovki qui sont devenues le lieu central de déportation. »

Puis, page 239 :

« Tout ceci se passait en 1921-1922. le seul fait que 442 prisonniers soient morts sur un total de 1 200 en dit assez sur les conditions de vie dans ce camp de Kholmogory. »

Et toujours sur ces immondes camps de concentration, page 281 :

« Les camps de concentration, ont déclaré un jour devant le Comité central exécutif des socialistes-révolutionnaires détenus, sont des lieux de répression sauvage, des foyers d'épidémies sans précédent où la mortalité est formidable ». « Et, ici encore, il n'y a pas d'exagération de leur part. J'ai rapporté plus haut les statistiques de la mortalité du camp de Kholomogory. Au camp d'Arkhangelsk, en 1922, sur 5 000 détenus venus de Cronstadt il n'en restait que 1 500. Ainsi de quelques milliers de prisonniers, sans qu'on en ait exécuté un seul, il n'en restait que moins du tiers. »

Comme le précise Sergueï Melgounov, l'un des principes barbares le plus ignoble utilisé par les bolcheviques, consistait à prendre en otages (confer également l'indispensable ouvrage de Robert Vaucher : « L'Enfer Bolchevik, Petrograd sous La Commune et La Terreur Rouge ») : les familles (enfants, femmes, vieillards) des soi-disant « ennemis du peuple », afin de les déporter en camps de concentration ou de les exécuter purement et simplement, page 203 :

« La chose la moins admissible reste l'exécution des otages membres d'une même famille ; on ne peut moralement admettre le fait qu'à Elisavetgrad (mai 1920), on a fusillé une famille de quatre fillettes de 3 à 7 ans et une vieille mère de 69 ans, parce que son fils était officier… ».

Toujours dans la monstruosité communiste, il faut évoquer ici, une autre méthode d'extermination de masse, reprise et déjà appliquée lors de « notre » Révolution Française, durant la période Jacobine de Robespierre en 1793-1794, page 114 :

« La conscience humaine se refuse cependant à croire à ces noyades sur des barques, au XXe siècle, noyades qui renouvelaient les scènes connues de la période de la Révolution française. Mais ce n'est pas seulement une vague rumeur qui nous parle de ces barques. Voici le second cas où nous pouvons les constater. Et il y a une troisième communication quelque temps après : le procédé restait toujours le même. Vladimir Voïtinski, dans l'article qui sert de préface au livre Les Douze Condamnés à mort (procès des socialistes-révolutionnaires à Moscou), écrit : « En 1921, les bolcheviks transportèrent sur une péniche 600 prisonniers des diverses prisons de Petrograd à Cronstadt ; à l'endroit le plus profond entre Petrograd et Cronstadt la barque fut coulée : tous les prisonniers furent noyés, sauf un seul qui parvint à atteindre en nageant la côte de Finlande… ».

Le règne de la Terreur Rouge Bolchevique frappait n'importe qui, quelque soit : l'âge, le sexe, la profession, la classe sociale…, n'importe où, n'importe quand !
Chaque Russe devenait une victime potentielle en sursis, comme l'auteur le précise clairement, page 243 :

« Pour se faire une idée plus exacte de la nature de la terreur rouge, il faut se pénétrer de l'horreur des formes qu'elle a prises. Il faut savoir non seulement qu'on a fusillé des coupables, et des innocents, des adversaires politiques et des indifférents, mais il faut savoir comment on les a fusillés. Ces circonstances extérieures sont peut-être même plus importantes pour la compréhension de ce qu'on a appelé la terreur rouge.
Nous avons déjà vu passer sous nos yeux Saenko, un sadique dans toute la force du terme. Karéline dit quelques mots de son adjoint, le matelot Edouard. Sa célébrité venait de ce que, causant amicalement avec des détenus, riant même d'un rire insouciant, il savait « terminer » avec art l'entretien d'un coup de revolver dans la nuque. »

De plus, l'auteur décrit les ignobles tortures à mort (concernant des centaines de milliers de civils innocents) commises par les fanatiques et sadiques Tchékistes, dans environ 1 000 Centres de tortures de la Tcheka à travers l'U.R.S.S..
Les deux grands organes de répressions de l'Etat parti unique bolchevique, étaient :
– L'Armée Rouge créée par Lénine en février 1918 et dirigée par Trotski ;
– Et la Tcheka (police politique) créée par Lénine en décembre 1917 et dirigée par Félix Dzerjinski, dont le siège social (La Loubianka) était situé à Moscou.

Voici un exemple, parmi la foultitude de tortures à mort à travers toute la Russie, de la description de l'horreur totale perpétrée par les sadiques Bolcheviques de la Tcheka, pages 222 et 223 :

« Plus loin, Nilostonski décrit l'aspect d'un des « abattoirs » d'êtres humains de Kiev (l'auteur affirme qu' »abattoir » était le terme employé officiellement) lorsque la commission y pénétra : « … Tout le sol en ciment du grand garage (il s'agit de « l'abattoir » de la Tcheka du gouvernement) était inondé de sang. Ce sang ne coulait plus à cause de la chaleur, mais formait une couche de quelques pouces d'épaisseur ; c'était un horrible mélange de sang, de cervelles, de morceaux de boîtes crâniennes, de touffes de cheveux et autres débris humains. Tous les murs troués de milliers de balles étaient éclaboussés de sang ; des morceaux de cervelle et des lambeaux de cuir chevelu y adhéraient. Un caniveau de vingt-cinq centimètres de largeur sur vingt-cinq de profondeur et d'une longueur approximative de dix mètres allait du centre du garage à un local voisin où se trouvait un tuyau souterrain d'écoulement. Ce caniveau était rempli sur toute sa longueur de sang à ras bords… A côté de ce lieu d'horreur, dans le jardin de ce même immeuble, gisaient les corps des 127 victimes du dernier massacre, enfouis à la hâte sous une légère couche de terre… Là, ce qui nous a surtout frappés, c'est que tous les corps avaient le crâne fracassé, certains même avaient la tête complètement écrasée. Les malheureux avaient vraisemblablement été assommés avec une massue. Certains corps n'avaient pas de tête, mais la tête n'avait pas été tranchée… elle avait été arrachée. On n'a pu identifier que fort peu de cadavres, à certains détails particuliers, comme des dents en or, que les bolcheviks, en l'occurrence, n'avaient pas eu le temps d'arracher. Tous les corps étaient complètement nus. »

Et également, page 225 :

« Voici les tortures infligées à la Tcheka de Kiev, dite la Tcheka « chinoise » : « le supplicié était attaché au mur ou à un poteau et on lui appliquait solidement contre le corps l'extrémité d'un tube de fer de quelques pouces de large. Par l'autre extrémité du tube on introduisait un rat, l'ouverture était fermée ensuite par un grillage de fil de fer que l'on chauffait au feu. Affolé par la chaleur, le rat commençait bientôt à ronger le corps du malheureux pour s'ouvrir un issue. Cette torture se prolongeait des heures durant, parfois un jour entier jusqu'à la mort de la victime » (p.25). »
« … L'auteur du livre que nous citons affirme, d'après les données de la commission, que Kiev n'était nullement une exception. Ces mêmes faits ont été observés partout. Chaque Tcheka avait pour ainsi dire sa spécialité. »

Pour mémoire, en U.R.S.S., le monstrueux bilan humain sous la Terreur Rouge Bolchevique, entre 1917 et 1924 : Lénine, Trotski, Staline et Dzerjinski ont exterminé environ 10 000 000 d'innocents civils et militaires.

Une tristement célèbre phrase de Lénine résume parfaitement sa fanatique Idéologie, sa Pensée Unique, page 81 :

« Que 90 % du peuple russe périssent, pourvu que 10 % vivent jusqu'à la révolution mondiale ! ».

Merci, Monsieur Melgounov pour votre précieux témoignage, malheureusement la folie des hommes a continué, après la mort de Lénine, à massacrer des populations entières, au nom de l'infâme Idéologie Communiste !

Confer également les précieux témoignages sur le thème du Totalitarisme, de :
Alexandre Soljénitsyne (L'archipel du Goulag) ;
Alexandre Soljénitsyne (Une journée d'Ivan Denissovitch) ;
Jacques Rossi (Qu'elle était belle cette utopie !) ;
Jacques Rossi (Le manuel du Goulag) ;
Evguénia S. Guinzbourg (Le vertige Tome 1 et le ciel de la Kolyma Tome 2) ;
Margarete Buber-Neumann (Déportée en Sibérie Tome 1 et Déportée à Ravensbrück Tome 2) ;
Iouri Tchirkov (C'était ainsi… Un adolescent au Goulag) ;
Boris Chiriaev (La veilleuse des Solovki) ;
Malay Phcar (Une enfance en enfer : Cambodge, 17 avril 1975 – 8 mars 1980) ;
Zinaïda Hippius (Journal sous la Terreur) ;
Jean Pasqualini (Prisonnier de Mao) ;
Kang Chol-Hwan (Les aquariums de Pyongyang : dix ans au Goulag Nord-Coréen) ;
Aron Gabor (Le cri de la Taïga) ;
Varlam Chalamov (Récits de la Kolyma) ;
Lev Razgon (La vie sans lendemains) ;
Pin Yathay (Tu vivras, mon fils) ;
Ante Ciliga (Dix ans au pays du mensonge déconcertant) ;
Gustaw Herling (Un monde à part) ;
David Rousset (L'Univers concentrationnaire) ;
Joseph Czapski (Souvenirs de Starobielsk) ;
Barbara Skarga (Une absurde cruauté) ;
Claire Ly (Revenue de l'enfer) ;
Primo Levi (Si c'est un homme) ;
Primo Levi (Les naufragés et les rescapés : quarante ans après Auschwitz) ;
Harry Wu (LAOGAI, le goulag chinois) ;
Shlomo Venezia (Sonderkommando : Dans l'enfer des chambres à gaz) ;
Anastassia Lyssyvets (Raconte la vie heureuse… : Souvenirs d'une survivante de la Grande Famine en Ukraine) ;
François Ponchaud (Cambodge année zéro) ;
Sozerko Malsagov et Nikolaï Kisselev-Gromov (Aux origines du Goulag, récits des îles solovki : L'île de l'enfer, suivi de : Les camps de la mort en URSS) ;
François Bizot (Le Portail) ;
Marine Buissonnière et Sophie Delaunay (Je regrette d'être né là-bas : Corée du Nord : l'enfer et l'exil) ;
Juliette Morillot et Dorian Malovic (Evadés de Corée du Nord : Témoignages) ;
Barbara Demick (Vies ordinaires en Corée du Nord) ;
Vladimir Zazoubrine (Le Tchékiste. Récit sur Elle et toujours sur Elle).
Lien : https://totalitarismes.wordp..
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Citations et extraits (177) Voir plus Ajouter une citation
En mars [1919], à Astrakhan, une grève d'ouvriers éclate. Les témoins attestent que cette grève a été noyée dans le sang des ouvriers. "Dix mille ouvriers qui discutaient paisiblement dans un meeting de leur dure situation matérielle ont été entouré par des mitrailleurs, des matelots et des soldats armés de grenades. Les ouvriers ayant refusé de se disperser, une salve de coups de fusils a été tirée ; puis les mitrailleuses se sont mises à crépiter, dirigées vers la masse compacte des participants, et les grenades à main à éclater avec des explosions assourdissantes. La foule a tremblé, est tombée à terre, puis s'est tue. Le crépitement des mitrailleuses a couvert les gémissements des blessés et les cris des blessés à mort...
"La ville s'est vidée. Le silence s'est fait. Les uns se sont enfuis, les autres se sont cachés.
"Il n'y avait pas moins de 2 000 victimes dans les rangs des ouvriers.
"Ainsi se termina la première partie de l'effrayante tragédie d'Astrakhan.
"La deuxième, encore plus terrible, commença le 12 mars. Une partie des ouvriers furent faits prisonniers par les "vainqueurs" et répartis dans six postes sur des péniches et des bateaux. Parmi ces derniers, le vapeur Gogol se distingua par ses horreurs. On envoya à l'autorité centrale des télégrammes au sujet de "l'émeute".
"Le président du soviet révolutionnaire militaire de la République, Trotski, répondit par ce télégramme laconique : "Réprimer sans merci !" Et le sort des malheureux ouvriers prisonniers fut décidé. La folie sanglante se déchaîna sur la terre et sur l'eau.
"On fusillait dans les caves des postes de la Tcheka et dans les cours. On jetait les victimes entassées dans les bateaux et les péniches par-dessus bord, dans la Volga. On attachait des pierres au cou de certains malheureux, d'autres étaient pieds et poings liés. L'un des ouvriers, oublié dans une prison près d'une machine et resté en vie, raconte qu'en une nuit, sur le vapeur Gogol, on jeta par-dessus bord environ 180 personnes. En ville, dans les postes de la Tcheka, il y avait tant de cadavres qu'on parvenait à peine à les transporter la nuit au cimetière où s'entassaient les corps sous le nom de "victimes du typhus".
"Le commandant de la Tcheka, Tchougonov, publia un ordre d'après lequel, sous peine de mort, il était interdit de ramasser les cadavres perdus sur la route du cimetière. Presque chaque martin, de très bonne heure, les habitants d'Astrakhan trouvaient dans les rues des ouvriers fusillés demi-nus et couverts de sang. Et ils erraient de cadavre en cadavre, à la lumière du petit jour, à la recherche de leurs chers disparus.
"Le 13 et le 14 mars, on ne fusilla que des ouvriers. mais ensuite les autorités, sans doute, se ressaisirent. Il n'était guère possible d'attribuer la cause des massacres au soulèvement de la bourgeoisie. Et les autorités pensèrent que "mieux vaut tard que jamais". Pour masquer quelque peu l'impudence des exécutions des prolétaires d'Astrakhan, on décida d'arrêter les premiers bourgeois venus et de s'en débarrasser d'une façon très simple : "On prendrait chaque propriétaire d'immeuble, chaque marchand de poisson, chaque petit commerçant et on les fusillerait..."
"Vers le 15 mars, on ne pouvait guère trouver de maison où l'on ne pleurât un père, un frère, un mari. Et dans quelques maisons, c'étaient plusieurs habitants qui avaient disparu".
Pour établir le chiffre exact des victimes, il aurait fallu interroger individuellement chaque citoyen d'Astrakhan. Au commencement d'avril, on donnait un chiffre de 4 000 victimes. mais la répression ne s'arrêta pas. L'autorité avait évidemment décidé de se venger sur les ouvriers d'Astrakhan de toutes les grèves de Toula, de Briansk, de Petrograd, qui avaient éclaté en mars 1919. Les exécutions se calmèrent seulement en avril.
(Pages 98 à 100)
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Comment le pouvoir soviétique répondit-il à ces deux actes [en août 1918 : l'assassinat de Ouritski, commissaire du peuple de la Commune du Nord, chef de la commission extraordinaire de Petrograd ; et l'attentat contre Lénine à Moscou] ?
Conformément à l'arrêté de la Tcheka de Petrograd dit l'Ejenedelnik Tcheka du 29 octobre, n°5, 500 otages furent fusillés. Nous ne connaissons pas et nous ne connaîtront probablement jamais le nombre exact des victimes ; nous ne connaissons même pas leurs noms. On peut pourtant affirmer que le nombre réel dépasse les chiffres du communiqué officieux tardif (aucun communiqué officiel ne fut jamais publié). En effet, le 23 mars 1919, l'aumônier militaire anglais, B. S. Lombard, écrivait à lord Curzon : "A la fin d'août, deux barques remplies d'officiers ont été coulées, les cadavres ont été rejetés par la mer à proximité d'un de mes amis sise dans le golfe de Finlande. Plusieurs cadavres étaient attachés par deux ou par trois à l'aide de fils de fer barbelés".
Serait-ce un rapport inexact ? Pourtant nombre de gens à Moscou et à Petrograd sont à même de confirmer ce fait et des témoignages provenant d'une tout autre source nous prouveront que les pouvoirs soviétiques ont eu recours, à maintes occasions, à ce moyen barbare de la noyade (par exemple, en 1921).
Un témoin oculaire des événements de Petrograd relate les détails suivants : "En ce qui concerne Petrograd, un dénombrement superficiel nous donne 1 300 exécutions, quoique les bolcheviks n'en avouent que 500. Ils ne comptent pas les centaines d'officiers, les anciens serviteurs et les particuliers fusillés à Cronstadt, dans la forteresse Pierre-et-Paul à Petrograd, sans ordre spécial du pouvoir central, mais simplement sur l'ordre des soviets locaux. Rien qu'à Cronstadt, en une seule nuit, 400 personnes furent fusillées. On creusa dans la cour trois grandes fosses, 400 personnes furent placées devant et exécutées l'une après l'autre".
Dans une interview, accordée à un journaliste, Péters, un des leaders de la Vetcheka [autre nom de la Tcheka, la police politique bolchevique], a appelé ces journées "la terreur hystérique".
(Pages 47 à 49)
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"La tuerie dura des mois. Le crépitement semeur de mort des mitrailleuses retentissait chaque nuit jusqu'au matin.
"La première nuit d'exécution en Crimée fit des milliers de victimes : à Simferopol, 1 800 (A Simferopol, dans le domaine de Krymtaev, en quelques nuits on mitrailla plus de 5 500 soldats enregistrés (Obchtchee Delo, 10 juin 1921)), à Féodossia, 420, à Kertch, 1 300, etc.
(...) "On jetait les cadavres dans les anciens puits génois. Quand ces derniers étaient remplis, on emmenait les groupes de condamnés, soi-disant pour les conduire aux mines : on leur faisait creuser des fosses communes, on les enfermait pendant deux heures dans une cave, on les déshabillait en ne leur laissant que leur croix et, à la tombée de la nuit, on les fusillait.
"On les rangeait par couches. Par-dessus les cadavres on mettait une nouvelle rangée de vivants pour "égaliser" et ainsi de suite jusqu'à ce que la fosse fût remplie jusqu'au bord. Le matin, on achevait les survivants en leur fracassant la tête à coups de pierres.
"Combien furent enterrés à demi vivants !
"A Kertch, on organisa "la descente du Kouban" : on transportait les victimes en mer et on les noyait.
"On chassait les femmes et les mères affolées à coups de fouet et quelquefois on les fusillait. Derrière le cimetière juif, à Simferopol, on pouvait voir les femmes fusillées avec de petits enfants.
"A Ialta, à Sébastopol, on enlevait les malades des hôpitaux sur des brancards et on les fusillait ; et non seulement des officiers, mais des soldats, des médecins, des infirmières, des instituteurs, des ingénieurs, des prêtres, des paysans, etc.
(Pages 123 et 124)
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On prit par centaines des otages parmi les femmes et les enfants des paysans au moment des soulèvements ruraux dans le gouvernement de Tambov ; ils furent répartis dans diverses prisons dont celles de Moscou et de Petrograd également et ils y restèrent presque deux ans.
On voit, par exemple, l'état-major de Tambov publier le 1er septembre 1920 l'ordre suivant : "Faire subir aux familles des rebelles une terreur rouge impitoyable... Emprisonner tous les membres de ces familles à partir de 18 ans, sans distinction de sexe, et si les bandits continuent à se soulever, les fusiller tous. Les villages auront à verser une contribution extraordinaire ; en cas de non-paiement, confisquer toutes les terres et tous les biens".
La manière dont ces ordres furent exécutés ressort des communiqués officiels parus dans les Izvestia de Tambov : le 5 septembre, cinq villages ont été incendiés ; le 7 septembre, plus de 250 paysans ont été fusillés. Rien que dans le camp de concentration de Kojoukhov, près de Moscou, on pouvait trouver en qualité d'otages (en 1921-1922) 313 paysans du gouvernement de Tambov, parmi lesquels des enfants de un mois à 16 ans. Dans ce milieu d'otages à moitié nus, sans effets chauds, sans nourriture, se déclara en automne 1921 une épidémie de typhus exanthématique.
(Pages 62 et 63)
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L'un des citoyens de Saratov y fait la description du ravin du faubourg du Monastère, ravin où, un jour, s'élèvera certainement un monument aux victimes de la révolution ("Activité de la Tcheka de Saratov" in Tcheka, p. 197.) :
"Dès la fonte des neiges, les parents ou les amis des victimes s'en vont, par groupes ou un à un, vers ce ravin, furtivement. Au commencement on arrêtait ces pèlerins, mais ensuite ils sont devenus très nombreux... Malgré les arrestations, il s'y rendaient quand même. Les eaux du printemps en détrempant la terre mettaient à découvert les victimes de l'arbitraire communiste. A partir de la passerelle, en aval, l'on voyait sur une distance de quatre-vingt à cent mètres des tas de cadavres. Combien y en avait-il ? Nul n'aurait pu le dire. La Tcheka elle-même l'ignorait. Dans le courant de 1918 et 1919, d'après des listes et sans listes, environ 1 300 personnes auraient été fusillées. On ne transportait les condamnés jusqu'au ravin qu'en été ou en automne ; l'hiver, on fusillait n'importe où. Les cadavres qui étaient en haut du tas, c'est-à-dire les fusillés de la fin du dernier automne, étaient encore presque conservés. En simple chemise, les mains ficelées derrière le dos, quelquefois dans un sac ou bien complètement nus...
"Le fond du ravin offre un spectacle d'horreur et d'épouvante. Mais les visiteurs regardent avidement, cherchant des yeux le moindre indice qui permette de reconnaître le corps d'un être cher...
"... Et ce ravin devient de jour en jour de plus en plus effrayant pour les habitants de Saratov. Il engloutit de plus en plus de victimes. Après chaque exécution, on fait ébouler le bord escarpé du ravin pour recouvrir les cadavres : le ravin s'élargit. Mais, à chaque printemps, l'eau met à découvert les dernières victimes qui y ont été jetées...".
(Pages 95 et 96)
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