Écrits pour la parole

Le grondement d'une Afropéenne.

Ce livre a reçu le prix Seligmann contre le racisme en 2012. Comme l'indique son titre, il est destiné à être dit ou lu.

Il se présente en deux parties, « In-tranquilles » et « Femme in a city », qui chacune se divisent en fragments. Ils font entendre les voix de celles et ceux qu'on entend rarement et qui parlent de l'histoire, de la société, et ce du plus profond de leur intimité. Léonora Miano décrypte ainsi les non-dits de la société française sur les questions raciales.

L'auteure, par une alternance d'instantanés, de petites histoires, de bribes de réalité, évoque l'immigration, le machisme, la vie à Paris, avec force et humour.
Elle ne veut plus entendre de mots vides comme « communauté » comme si les Noirs de France, aux origines si diverses, formaient une communauté : « et pendant que la République pérore sur ses valeurs séculaires, elle continue d'ignorer que c'est son regard, toujours incroyablement déconnecté de ses discours, qui fait de la minorité une communauté ».
Elle n'a plus envie de crier parce qu'à force d'être décrit comme noir, on est dépossédé de son individu ; elle écrit .« tu ne peux pas laisser ta couleur dans le confort de la sphère intime, tu l'emmènes partout avec toi, pour te décrire on est bien obligé de dire le mot : noir ».

Ces pages d'une densité rare dans lesquelles l'auteure s'engouffre dans les failles du présent pour mettre le doigt là où ça fait mal et brise le silence sur les clichés qui collent durablement à la peau des femmes en général, et des femmes noires en particulier ; celles-là même qui donnent une note d'espoir à la fin de ces Ecrits pour la parole : « Celles qui inventent un langage nouveau Celles qui ne croient pas à l'achèvement du monde Celles qui brisent les cloisons factices Celles qui accouchent de l'à-venir se disent : Afropéennes ». Les discours qui sont mis en scène ici se soucient bien peu d'être policés. Au contraire ce livre veut choquer, remuer, pousser le lecteur dans ses retranchements bien que l'auteure n'ait pas de haine, de revanche à prendre ou de leçons à donner.

Pour écouter Ecrits sur la parole dans L'atelier fiction de France Culture :
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