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EAN : 9782035912466
128 pages
Larousse (15/01/2014)
3.61/5   52 notes
Résumé :
Entre débat sur l'éducation et satire d'une époque, cette pièce de théâtre érige la scène en une école de la vie où l'authenticité des sentiments triomphe toujours. ©Electre 2015
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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L'école des maris a été créée le 24 juin 1961 sur la scène du Palais Royal. L'année qui précède a été difficile pour la troupe de Molière. En octobre 1660, les comédiens sont chassés du théâtre du Petit-Bourbon qu'ils partageaient avec les Comédiens Italiens, car le bâtiment doit être démoli pour permettre l'agrandissement du Louvre, projeté de longue date. On leur offre en échange la salle de théâtre du Palais Royal, construit par Richelieu et légué au roi après sa mort. La salle est très grande, et a été à la pointe de la technique lors de sa construction. Mais elle est délabrée et nécessite des travaux coûteux. La troupe de Molière va donc connaître plusieurs mois sans pouvoir jouer, le temps de remettre la salle en état, au moins partiellement.

Le démarrage dans ce nouveau lieu est laborieux : Molière a dans sa besace Don Garcie de Navarre, qu'il a déjà crée à la cour. Mais cette pièce, qui est une comédie héroïque, genre éphémère inventé par Pierre Corneille, et qui n'a pas le potentiel comique que le public associe déjà à Molière, ne rencontre guère le succès. D'autant plus que les théâtres concurrents mettent à l'affiche des pièces qui attirent les foules : une tragédie de Thomas Corneille pour l'hôtel de Bourgogne, et une pièce à machines, La conquête de la Toison d'or, écrite par le grand Pierre Corneille, pour le théâtre du Marais. le public délaisse le Palais Royal au profit de ces deux spectacles des frères Corneille. Les revenus de la troupe de Molière connaissent une baisse sensible. Il se doit donc de proposer à la troupe et au public une oeuvre qui fasse revenir les spectateurs en nombre, d'autant plus qu'il vient d'obtenir de recevoir deux parts au lieu d'une seule, dans le partage des bénéfices du théâtre.

L'école des maris est une pièce à la croisée des chemins. Jusque là, Molière a connu le succès soit grâce à des grandes pièces en 5 actes, adaptées surtout du théâtre italien, soit grâce à des petites pièces en un acte, dont les trames pouvaient faire écho à des débats dans la société de l'époque, comme Les précieuses ridicules. L'école des maris sera une pièce en trois actes, qui va à la fois s'appuyer sur des canevas pré-existants, mais en même temps évoquer des thèmes en débat dans la société mondaine de l'époque, qui constitue l'essentiel du public de Molière.

Une des sources de l'oeuvre se trouve dans une pièce espagnole de Mendoza, en cours d'adaptation par Scarron juste avant sa mort, et qu'il lègue en quelque sorte à Molière. Deux frères qui ont épousé deux soeurs, ont des comportement diamétralement opposés avec leurs épouses : l'un se montre libéral, et l'autre répressif. Et c'est ce dernier qui se trouve trompé par son épouse. La liberté qui devait être ou non accordée aux femmes, de même que l'idée qu'il est impossible d'empêcher une femme qui décide d'être infidèle de l'être, étaient très discutées dans les milieux galants, et elle est évoquée dans de nombreuses oeuvres de l'époque. Molière est donc complètement dans l'air du temps en s'y attaquant.

Nous retrouvons les deux frères de la pièce espagnole dans l'Ecole des maris. Mais pour des raisons de bienséance, ils ne sont pas encore mariés. Ils sont tuteurs de deux jeunes soeurs, qu'ils envisagent d'épouser. Ariste, le plus âgé des deux, laisse une grande liberté à Léonor, au point de lui laisser décider si elle souhaite ou non l'épouser. A l'opposé, Sganarelle, limite au maximum la liberté d'Isabelle, qui trouvera pourtant moyen d'entrer en contact avec un jeune homme, Valère, qui en suivant les indications d'Isabelle, arrivera à l'enlever et l'épouser, en bernant Sganarelle ; alors que Léonor choisit de convoler avec le vieil Ariste. La trame est donc très simple, et le comique vient essentiellement de Sganarelle joué par Molière, présent sur la scène presque en permanence.

La pièce connaîtra un beau succès, à la ville mais aussi à la cour. Elle sera d'abord représentée à Vaux-le-Vicomte devant Fouquet, puis à Fontainebleau devant le roi. Elle est un peu oubliée maintenant, peut-être éclipsée par l'Ecole des femmes, qui reprend en partie les mêmes thématiques, et qui est sans doute un peu plus aboutie et ambitieuse. Mais L'école des maris a permis à Molière d'asseoir sa place dans le paysage du théâtre parisien, et a été une étape importante dans l'évolution de son oeuvre.
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Allez, vous avez bien une soirée de libre ? Ou un après-midi ? Si dans un rayon kilométrique raisonnable on ne donne pas (ce qui est probable) l'école des maris en ce moment, procurez-vous cette pièce, ou gratuitement et sans délai lisez la sur un site dédié à Molière. Non pas que je veuille vous dicter vos occupations de loisirs, mais je trouve dommage qu'elle soit négligée.
Déjà le premier dialogue, portant sur la mode et sur l'éducation, entre les deux frères, le tenant de la modernité, et le réfractaire vaut la peine. Mais l'acte II dans lequel Isabelle communique avec son amant grâce à son tuteur tient de la farce et donne à maintes reprises l'occasion de sourire.

Deux frères ont « hérité » de deux soeurs à la mort du père de celles-ci, afin d'en être les tuteurs puis les époux s'il leur plait. Chacun en a pris une en charge. Ariste prend soin de Léonor à laquelle il permet de sortir et de s'habiller à la mode, pensant que le meilleur moyen de pousser à se conduire mal est de contraindre. Sganarelle lui élève Isabelle dans la plus stricte obéissance, lui défendant de sortir et de s'habiller pour plaire, les femmes ne pouvant défendre elle-même leur vertu.
L'un des deux verra sa promise s'envoler aux bras d'un autre, je vous laisse deviner lequel, le tuteur et futur mari servant de truchement à leurs échanges, d'où des dialogues assez savoureux. Ainsi celui-ci à la scène 6 de l'acte II entre l'amant Valère et le tuteur sévère Sganarelle qui fut interprété par Molière lui-même.
VALERE
Oui, oui, votre mérite, à qui chacun se rend,
Est à mes voeux, monsieur, un obstacle trop grand ;
Et c'est folie à moi, dans mon ardeur fidèle,
De prétendre avec vous à l'amour d'Isabelle.

SGANARELLE
Il est vrai, c'est folie.

VALERE
Aussi n'aurais-je pas
Abandonné mon coeur à suivre ses appas,
Si j'avais pu savoir que ce coeur misérable
Dût trouver un rival comme vous redoutable.

SGANARELLE
Je le crois.

VALERE
Je n'ai garde à présent d'espérer ;
Je vous cède, monsieur, et c'est sans murmurer.

SGANARELLE
Vous faites bien.

VALERE
Le droit de la sorte l'ordonne ;
Et de tant de vertus brille votre personne,
Que j'aurais tort de voir d'un regard de courroux
Les tendres sentiments qu'Isabelle a pour vous.

SGANARELLE
Cela s'entend.

Tout au long d'ailleurs on trouve le plaisir de la langue de XVIIème siècle « Elle est sage, elle m'aime, et votre amour l'outrage ; Prenez visée ailleurs, et troussez moi bagage. »

L'école des maris est la première d'un ensemble de quatre pièces en relation les unes avec les autres. Suivra l'École des femmes, puis suite aux réactions hostiles, la Critique de l'école des femmes et enfin l'Impromptu de Versailles auquel répond l'Impromptu de l'hôtel de Condé de Montfleury fils.

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C'est une pièce bien trop méconnue que L'école des maris, de Molière qui a été écrite après un échec auprès du très dur public parisien.
Deux frères, Ariste et Sganarelle, sont promis à deux femmes et ont une conception de l'amour totalement opposée.
Sganarelle garde sa promise enfermée sans savoir qu'elle en aime un autre, Valère. Vous imaginez la suite !
Comment ne pas apprécier cette belle farce pleine d'humour ?
J'ai eu la chance de voir cette pièce jouée au théâtre. C'était magique ! L'âme de Molière ne vieillit décidément pas, elle est toujours aussi divine et brillante.
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Ariste et Sganarelle, deux frères ont été nommé tuteur de deux soeurs : le premier a hérité de Léonor, le second d'Isabelle. À charge pour eux de les éduquer correctement, et, s'ils le souhaitent, de les épouser après.

Si Ariste est plutôt raisonnable, et permet à Léonor d'assister aux bals et aux comédies, Sganarelle est jaloux comme un turc, et garde la pauvre Isabelle enfermée dans sa chambre en permanence. La méthode est cependant peu efficace, puisque la jeune fille ne songe qu'à échapper à ses griffes et à se faire épouser par quelqu'un d'autre : Valère, qui lui témoigne son amour par des oeillades appuyées, faute de mieux.

Les deux amants vont monter un stratagème pour pouvoir se parler : Sganarelle, trop confiant en ses méthodes infaillibles, sert sans s'en rendre compte de messager entre les deux, et organise ainsi l'enlèvement de sa propre fiancée.

La pièce est courte, mais plutôt sympathique : l'amour et la raison triomphent, et les jaloux finissent cocus !
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C'est formidable de découvrir encore des pièces de Molière !
« L'école des maris » est une comédie qui n'est pas souvent jouée et donc beaucoup moins connue que « L'École des femmes ». La pièce a été représentée pour la première fois à Paris, au Théâtre du Palais-Royal en 1661 par la troupe de Monsieur, frère du roi.
Et pourtant, quelle modernité !
Deux jeunes soeurs, Léonor et Isabelle se voient confiées à la mort de leur père à deux tuteurs, deux frères d'âge mûr Ariste et Sganarelle. Ils sont chargés de les éduquer avant de les épouser mais tout les oppose. Alors qu'Ariste, l'aîné, laisse libre Léonor de mener sa vie comme elle l'entend, Sganarelle, personnage rigide et jaloux refuse le moindre écart et enferme Isabelle. Cette dernière, éprise de Valère, un jeune gentilhomme de son âge, va mener une intrigue pour atteindre l'objet de son désir et par là même celui de son émancipation.

J'ai beaucoup aimé cette pièce de Molière qui décrit la société misogyne et patriarcale du 17eme siècle avec des personnages forts, une fratrie croisée qui donne un effet de miroir.
Heureusement que j'ai lu ce texte car je n'ai pas vraiment aimé la mise en scène de Thierry Hancisse joué à la comédie Française en 2000 (vu en DVD) parce que les acteurs (très bons au demeurant) pleurent sans arrêt. Cela ne va pas avec cette comédie écrite en alexandrins qui fait triompher l'esprit féminin sur l'insignifiante vanité masculine. Cela me donne plutôt envie de rire.


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Citations et extraits (14) Voir plus Ajouter une citation
ARISTE
Mon frère, son discours ne doit que faire rire.
Elle a quelque raison en ce qu'elle veut dire :
Leur sexe aime à jouir d'un peu de liberté ;
On le retient fort mal par tant d'austérité ;
Et les soins défiants, les verrous et les grilles
Ne font pas la vertu des femmes ni des filles.
C'est l'honneur qui les doit tenir dans le devoir,
Non la sévérité que nous leur faisons voir.
C'est une étrange chose, à vous parler sans feinte,
Qu'une femme qui n'est sage que par contrainte.
En vain sur tous ses pas nous prétendons régner :
Je trouve que le coeur est ce qu'il faut gagner ;
Et je ne tiendrois, moi, quelque soin qu'on se donne,
Mon honneur guère sûr aux mains d'une personne
A qui, dans les desirs qui pourroient l'assaillir,
Il ne manqueroit rien qu'un moyen de faillir.
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SGNANARELLE

Je vous plairais, sans doute, équipé de la sorte ;
Et je vous vois porter les sottises qu'on porte.

ARISTE

Toujours au plus grand nombre on doit s'accommoder,
Et jamais il ne faut se faire regarder.
L'un et l'autre excès choque, et tout homme bien sage
Doit faire des habits ainsi que du langage,
N'y rien trop affecter, et sans empressement
Suivre ce que l'usage y fait de changement.
Mon sentiment n'est pas qu'on prenne la méthode
De ceux qu'on voit toujours renchérir sur la mode,
Et qui dans ses excès, dont ils sont amoureux,
Seraient fâchés qu'un autre eût été plus loin qu'eux ;
Mais je tiens qu'il est mal, sur quoi que l'on se fonde,
De fuir obstinément ce que suit tout le monde,
Et qu'il vaut mieux souffrir d'être au nombre des fous,
Que du sage parti se voir seul contre tous.

SGANARELLE

Cela sent son vieillard, qui, pour en faire accroire,
Cache ses cheveux blancs d'une perruque noire.

ARISTE

C'est un étrange fait du soin que vous prenez
À me venir toujours jeter mon âge au nez
Et gu'il faille qu'en moi sans cesse je vous voie
Blâmer l'ajustement aussi bien que la joie.
Comme si, condamnée à ne plus rien chérir,
La vieillesse devait ne songer qu'à mourir,
Et d'assez de laideur n'est pas accompagnée,
Sans se tenir encor malpropre et rechignée.

SGANARELLE

Quoi qu'il en soit, je suis attaché fortement
À ne démordre point de mon habillement.
Je veux une coiffure, en dépit de la mode,
Sous qui toute ma tête ait un abri commode ;
Un bon pourpoint bien long et fermé comme il faut,
Qui, pour bien digérer, tienne l'estomac chaud ;
Un haut-de-chausses fait justement pour ma cuisse
Des souliers où mes pieds ne soient point au supplice
Ainsi qu'en ont usé sagement nos aieux
Et qui me trouve mal n'a qu'à fermer les yeux

(Folio, p.33-34)
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ARISTE

Soit ; mais je tiens sans cesse
Qu'il nous faut en riant instruire la jeunesse,
Reprendre ses défauts avec grande douceur,
Et du nom de vertu ne lui point faire peur.
Mes soins pour Léonor ont suivi ces maximes
Des moindres libertés je n'ai point fait des crimes.
À ses jeunes désirs j'ai toujours consenti
Et je ne m'en suis point, grace au Ciel, repenti.
Les divertissements, les bals les comédies ;
Fort propres à former l'esprit des jeunes gens ;
J'ai souffert qu'elle ait vu les belles compagnies
Ce sont choses, pour moi, que je tiens de tout temps
Et l'école du monde, en l'air dont il faut vivre
Instruit mieux, à mon gré, que ne fait aucun livre
Elle aime à dépenser en habits, linge et nœuds
Que voulez-vous ? Je tache a contenter ses vœux.
Et ce sont des plaisirs qu'on peut, dans nos familles,
Lorsque l'on a du bien, permettre aux jeunes filles.
Un ordre paternel l'oblige à m'épouser ;
Mais mon dessein n'est pas de la tyranniser.
Je sais bien que nos ans ne se rapportent guère, o
Et je laisse à son choix liberté tout entière.
Si quatre mille écus de rente bien venants
Une grande tendresse et des soins complaisants
Peuvent, à son avis, pour un tel mariage,
Réparer entre nous l'inégalité d'âge,
Elle peut m'épouser ; sinon, choisir ailleurs.
Je consens que sans moi ses destins soient meilleurs
Et j'aime mieux la voir sous un autre hyménée,
Que si contre son gré sa main m'était donnée.

SGANARELLE

Hé ! qu'il est doucereux ! c'est tout sucre et tout miel

ARISTE

Enfin, c'est mon humeur, et j'en rends grâce au Ciel.
Je ne suivrais jamais ces maximes sévères,
Qui font que les enfants comptent les jours des pères.

(Folio, p.39)
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Leur sexe aime à jouir d'un peu de liberté ;
On le retient fort mal par tant d'austérité ;
Et les soins défiants, les verrous et les grilles
Ne font pas la vertu des femmes ni des filles.
C'est l'honneur qui les doit tenir dans le devoir,
Non la sévérité que nous leur faisons voir.
C'est une étrange chose, à vous parler sans feinte,
Qu'une femme qui n'est sage que par contrainte.
En vain sur tous ses pas nous prétendons régner :
Je trouve que le cœur est ce qu'il faut gagner.
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Elle a quelque raison en ce qu'elle veut dire :
Leur sexe aime à jouir d'un peu de liberté ;
on le retient fort mal par tant d'austérité ;
Et les soins défiants, les verrous et les grilles
Ne font pas la vertu des femmes ni des filles.
C'est l'honneur qui les doit tenir dans le devoir,
Non la sévérité que nous leur faisons voir.
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