C'est un livre étrange qui navigue, ou voyage, à travers continents, lieux et imaginaires. Alma, le personnage principal est portée par un mouvement qu'elle suit plus qu'elle ne maîtrise. On est parfois pris dans le tourbillon, parfois ralenti par l'histoire. Mais c'est surtout le style de l'auteur, sa poésie qui nous emmène en voyage avec lui.
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Je crois que la plupart des gens ne songent jamais à la folie de cette annonce. Un homme ailé, qui vient de se poser dans la pièce, ses ailes sont encore légèrement dressées, à l'extérieur le paysage impassible, avec cet arbre solitaire, gracile et élancé dans la lumière méditerranéenne ; il vient apporter un message d'un monde éloigné à des millions de lieues et en même temps tout proche, où n'existent ni temps ni distance, un monde qui vient de se nicher dans cette femme. Je ne sais pas ce que c'est que le divin, ou plutôt, je ne saurais pas le décrire, je ne sais pas comment des êtres humains peuvent supporter le contact du divin, je ne pense pas que cela se puisse. Si cela se produit néanmoins, on obtient à peu près ce tableau.
Le comble du farfelu, c'est le soir quand on vient nous chercher : un autobus plein d'anges, un drôle de ramassis. Coke, calmants, problèmes de maths, ils ont chacun sa méthode pour tenir le coup. Les plus exposés, ce sont les anges qui peuvent voir les gens, parce que ceux-ci leur disent les pires insanités, déclarations d'amour, grossièretés, obscénités. Ils savent bien que nous n'avons pas le droit de répondre, ce qui semble exciter follement certaines personnes.
Les anges (à ce qu'on dit) bien souvent ne savent pas s'ils vont parmi les vivants ou bien parmi les morts.
Né en 1933 à La Haye, Cees Nooteboom s'est imposé comme l'un des plus grands écrivains européens contemporains. Romancier, poète, essayiste, il a reçu les plus hautes distinctions littéraires aux Pays-Bas, en Allemagne, en Autriche et en Espagne.
*Adieu**, composé en partie lors du confinement du printemps 2020, est marqué par l'impossibilité et la mort. Au fil des pages, le lecteur accède aux paysages silencieux de l'auteur, à sa cosmogonie poétique sur laquelle se déploient l'aile d'un ange, l'empreinte d'une absence et celles des silhouettes aimées.
Merci au Nederlands Letterenfonds dutch foundation for literature [Fonds des lettres néerlandaises] et à Margot Dijkgraaf pour la réalisation de cette vidéo.
**L'Oeil du moine** suivi de **Adieu** de Cees Nooteboom : https://www.actes-sud.fr/catalogue/loeil-du-moine-suivi-de-adieu
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