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sur 15150 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Amélie Nothomb, on aime ou on n'aime pas.
Eh bien j'aime. "Stupeur et tremblements" est le 1er roman que j'ai lu d'elle, je ne savais pas trop à quoi m'attendre en commençant la lecture.
C'est drôle, grinçant, fulgurant.
Roman autobiographique, il retrace le parcours de la narratrice, Amélie-Chan, jeune femme fraîchement diplômée qui arrive en tant qu'interprète dans la grande firme Yumimoto.
Toutefois, ne pas connaître les us et coutumes japonais est fatal pour elle et c'est ainsi que d'impair en impair, elle finit par se retrouver "dame-pipi" de son entreprise.
On passe un bon moment à la lecture de ce roman! Et j'ajouterai que si vous avez un ado, par là, qui ne sait pas que lire, ça peut marcher! Je l'ai étudié avec une classe de 3ème, ils ont adhéré :)
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Stupeur et tremblements, ce titre pour souligner le trouble face à un acte de soumission.

"Je pris donc le masque de la stupeur et je commençais à trembler."

Conjointement à la force de cet adage, dont j'aime la symbolique, je suis fascinée par l'accouplement de ces deux mots. Un singulier et un pluriel doublés d'un féminin et d'un masculin. Ce mariage apporte un bel érotisme au sens premier attaché à la peur.

Bien que charmée par le thème et l'écrivaine, je ne lis ce roman qu'aujourd'hui. J'ai découvert Stupeur et tremblements par le cinéma, dont l'interprétation par Sylvie Testud et la qualité de mise en scène par Alain Corneau m'avaient séduites. J'avais dû cependant voir et revoir les premières vingt minutes plusieurs fois, suite à un épisode technique fâcheux qui a failli avoir raison de ma patience.

De ce roman, j'aime un ensemble harmonieux. La qualité d'écriture de Nothomb dévoile une sensualité à fleur de peau.
La peau étant ma fleur préférée, j'ai apprécié être dans la sienne, avec l'empathie qui fait de nous, lecteurs, des êtres sensibles.
Un vocabulaire de choix, quelques mots qui portent le sourire à mes lèvres, avides de nouveauté et d'originalité. Des mots et des expressions que j'aime parce qu'ils m'amusent.

Ce roman est lascif et charnel. Amélie Nothomb, généreuse, y dévoile ses atours personnels.

"Deux mètres devant moi, le spectacle de son visage était captivant. Ses paupières baissées sur ses chiffres l'empêchait de voir que je l'étudiais. Elle avait le plus beau nez du monde, le nez japonais, ce nez inimitable, aux narines délicates et reconnaissables entre mille."

Une femme a cette capacité émotionnelle de se livrer à la contemplation féminine sans pour autant se sentir attirer sexuellement par l'objet de sa convoitise. Amélie Nothomb écrit ses fantasmes avec beaucoup de naturel et de mystère. Cette note enveloppe le lecteur, les sens en éveil, avec délectation.

Maintenant que son lecteur est apprivoisé, Amélie Nothomb contraste franchement la première couche suggestive, avec une soudaine laideur, vive et violente. La descente aux enfers d'une employée qui plus bas ne pourra pas tomber.

Asservissement, humiliation, accablement, désespérance, absurdité...
Stupeur et tremblements.
Bienvenue dans une entreprise japonaise au Japon.

La deuxième raison pour laquelle ce livre a pris du temps pour être dans mes mains, est que j'ai dû travailler en partenariat avec une grande compagnie japonaise le temps d'un projet de quelques mois. C'est une expérience à vivre. Belle, non. Intéressante, moui. Fatiguante, clairement oui. Mes homologues japonais auraient souhaité faire de moi leur chose prête à répondre à tout, tout le temps, le jour, la nuit. Par affirmation et confiance en moi, j'ai su m'imposer. Face à ma hiérarchie, j'ai su convaincre par mes arguments. Factuelle, j'ai surtout exposé la nécessité de conserver sa culture d'entreprise en proposant des priorités, des étapes, des délais et de la faisabilité. Pour un japonais, tout est prioritaire, sans distinction aucune. Vous pouvez vite vous retrouver ensevelis par une charge de travail exponentielle.
J'en garde un souvenir professionnel enrichissant. Je revois mon homologue m'envoyer des emails à une heure où elle aurait dû dormir depuis longtemps... et lui demander de rentrer chez elle. Oust! Mes décisions ayant été entendues par les hautes sphères, elle a dû imaginer que mon poste était plus important que le sien, elle m'a écoutée pour aller se coucher. Il était 1h du matin à Tokyo.

J'ai beaucoup d'affection pour les personnes avec lesquelles j'avais eu l'occasion d'interagir. J'ai surtout une grande empathie, face à une civilisation dont le taux de suicide est très marqué.

Le final de ce roman est un des plus merveilleux manifestes qu'il m'ait été donné de lire.
L'histoire d'Amélie Nothomb et Mori Fubuki.

Lu en septembre 2019.
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Amélie-san est une jeune belge qui a obtenu un contrat de un an dans une des plus grandes compagnies du Japon. L'auteure a revendiqué l'authenticité de son livre en prétendant que c'est une autobiographie. J'ai fait quelques recherches, les avis sont mitigés et j'en fais partie. le vocabulaire est riche, on subit une véritable immersion dans le monde du travail au Japon. Un bel humour est présent, des anecdotes banales deviennent hilarantes. Amélie-san est un personnage attachant, ambitieux et courageux. Ce livre très accrocheur nous expose une vraie leçon de vie, l'utilisation de mots spécifique est surprenante et l'écriture est très fluide.
La différence culturelle avec la France est palpable. Ce livre montre un peu trop les points négatifs du travail au Japon même si certains éléments sont tout à fait véridiques comme le fort taux de suicide dû au stress causé par le travail. Néanmoins, j'ai bien aimé ce premier roman de Amélie Nothomb, je le conseille pour découvrir son univers atypique.
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Dans la production d'Amélie Nothomb, il y a du malsain, et puis il y a ça. L'aveu d'une expérience désastreuse, si plein de fausse naïveté, si délicieusement catastrophique, qu'on ne peut qu'hésiter entre rire et pitié. ‘'Stupeur et tremblement'', c'est un peu une suite de ‘'Lost in translation'' où Bill Murray et/ou Scarlett Johansson aurait persévéré, appris le japonais, et même trouvé un boulot à Tokyo. Malheureusement, même quand on comprend leur langue, même quand on vit avec eux, la conclusion est rigoureusement la même : les Japonais demeurent une énigme.

Nous suivons donc les tribulations, les déconvenues et la dégringolade sociale d'Amélie-san. Embauchée par une grande entreprise japonaise, personne ne lui donne de travail. Elle essaye d'en trouver, et commet l'irréparable : elle prend une initiative. Sévèrement réprimandée, on lui donne des travaux de compatibilité, qu'elle se révèle incapable de mener à bien, ayant la phobie des chiffres. Elle est alors reléguée à l'entretien des toilettes. Mais quelle que soit sa position, une seule chose compte vraiment : son lien tumultueux et sadomasochiste avec sa supérieure hiérarchique directe.

Beaucoup de choses ont été dites sur la spécificité de la culture du Japon, curieusement proche de l'Europe à certains égards, typiquement asiatique par son confucianisme, et rigoureusement unique pour l'essentiel. le fait est qu'Amélie-san, malgré toute sa bonne volonté, n'est pas plus prête de s'y intégrer que si elle était débarquée de la veille. Ce qui, en un sens, lui rend service : seul son statut d'européenne la met un peu à l'abri du machisme complet de la société japonaise, ce même machisme qui bloque sa chef très compétente à un poste subalterne.

Il y a tout de même une question sans réponse : pourquoi a-t-elle été embauchée ? Pas pour son esprit d'initiative, en tout cas. Pour avoir un quota d'européens à exhiber, peut-être. Ou pour une raison incompréhensible à nous-autres d'européens, tout simplement.
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Au début des années 90, la jeune Amélie, narratrice, est embauchée comme traductrice dans une grande compagnie nippone. Elle réalise ainsi un rêve : travailler au Japon, pays où elle a vécu quand elle était enfant et qui la fascine depuis lors, au point qu'elle a longtemps cru qu'elle était elle-même japonaise. Pas de chance pour elle, elle est Belge, c'est-à-dire Occidentale, ce qui lui vaudra bien des déboires dans son nouvel emploi. En effet, Amélie maîtrise assez bien la langue et les codes compliqués de la société japonaise mais, dans le feu de l'action et des situations kafkaïennes qu'elle est amenée à vivre, sa spontanéité toute occidentale (comprenez : totalement déplacée au Japon) reprend le dessus et lui fait commettre bourde impardonnable sur gaffe monumentale. Elle se voit ainsi progressivement rétrogradée de son poste déjà très subalterne à un placard à balai, en l'occurrence celui de Madame Pipi.

Entre cynisme et autodérision, ce roman (largement autobiographique, apparemment) est hilarant, en même temps qu'effrayant dans son compte-rendu de l'infernale culture d'entreprise japonaise, exploitante et humiliante au possible. Sans parler de la pression monstrueuse et schizophrénique que subissent en particulier les femmes (« S'il faut admirer la Japonaise – et il le faut, c'est parce qu'elle ne se suicide pas ». Ou « Le Japon est le pays où le taux de suicide est le plus élevé, comme chacun sait. Pour ma part, ce qui m'étonne, c'est que le suicide n'y soit pas plus fréquent »).

« Stupeur et tremblements » est donc un roman sur le choc des cultures entre Japon et Occident. On éprouve de la compassion pour cette anti-héroïne qui s'acharne en dépit du bon sens et de sa fierté personnelle, et de l'incompréhension pour cette société japonaise dans laquelle l'idée même de rébellion contre l'absurdité hiérarchique semble sacrilège. le meilleur Nothomb parmi ceux que j'ai lus jusqu'ici.

#LisezVousLeBelge
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J'ai dû relire ce génial roman , un de mes préférés de l'auteur ( depuis j'aime moins sa (trop?) prolifique production), car mes élèves de 3ème l'ont en lecture cursive.Je les ai prévenus que ce livre était à lire au second degré mais je ne sais pas si, à leur âge, ils seront sensibles au côté décapant et ironique de cette autobiographie...

En tout cas, j'ai eu encore beaucoup de plaisir à suivre ce" parcours du combattant" d'Amélie , au sein d'une entreprise nippone, drapée dans le kimono de ses hiérarchies et règles complexes.La fausse naïveté du récit, jointe aux traits d'humour piquant de l'auteur apportent une vivacité , une verve à l'écriture, qui en ce qui me concerne m'a ravie.

C'est la version amusée et décalée ( mais non dénuée d'émotion, cependant) du livre de Delphine de Vigan," Les heures souterraines", plus douloureux, sur le harcèlement moral, car c'est bien là le thème central: jusqu'où peut-on aller, dans cette spirale de soumission, d'humiliation ?

Pour Amélie, c'est dame-pipi ! Et on ressent le même vertige qu'elle, le front collée à la vitre du quarante- quatrième étage, où elle joue à se jeter dans le vide, le vide de son existence devenue transparente...

Pour parodier " Orgueil et préjugés" de Jane Austen, car l'excellent titre m'y fait penser, je propose " Hiérarchie et stupidités"...
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Ma première lecture d'Amélie Nothomb, et je dois dire que je n'ai pas du tout été déçue.
C'était cynique à souhait, très second degré ! J'ai appris beaucoup sur la vie en entreprise au Japon, que je ne connaissais pas, sur l'esprit des japonais en général. Petit détail, j'ai aimé également le pourquoi du titre.
C'était donc drôle et instructif ! J'ai passé un très bon moment !

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Mon premier contact, avec la belle prose d'Amélie Nothomb!
C'est hallucinant de drôlerie...
C' est aussi un aperçu (terrifiant?) sur une part importante de la vie du japonais: dans son entreprise.
Certains comportements exacerbés, décrits dans ce livre, ne sont d'ailleurs pas spécifiques aux japonais!
En lisant ce livre, je croyais me trouver das un film modernisé d'Akira Kurosawa. Etrange...
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Un livre lu il y a bien longtemps et que je me décide à relire car il est étudié par la classe de 3eme de ma fille.

Sachant que ce roman est l'un des plus connus d'Amélie Nothomb, je connaissais le thème. Cette (re)lecture a été une belle surprise.

La descente de l'échelle sociale de cette jeune femme tyrannisée par sa chef est à la fois poignante, cinglante et même parfois amusante. Mais avec des moments révoltants. La description de cette engueulade de sa chef, comparée à un viol est un morceau de littérature très fort. Car il s'agit bien d'un viol psychique.

On peut ne pas aimer A. Nothomb et sa façon de faire le buzz et de cracher un livre par an, dont certains sont sans aucun intérêt, mais Stupeur et tremblement est un excellent roman avec une très belle écriture.

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J'ai lu peu de livres d'Amélie Nothomb mais j'y ai toujours trouvé mon compte.
Celui-ci, considéré par beaucoup comme référence, m'a plu du début à la fin. Par les images qu'utilise l'auteur pour décrire le parcours dégringolade de l'héroïne, victime des brimades de sa chef dans une entreprise où elle espérait développer des compétences. Par l'installation progressive de la résignation dans les sentiments de cette jeune femme qui subit, stoïque cet enchaînement de vexations qui vont la conduire tout en bas de l'échelle qu'elle comptait gravir en arrivant. Elle a été brillamment incarnée au cinéma par Sylvie Testud.
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