Laney, une gamine de quatorze ans, vit au milieu d'une fratrie nombreuse, sa mère Arlène s'épanouissant dans les grossesses...Devenue veuve dans la trentaine, elle a multiplié les partenaires, pas toujours bien choisis, mais qui lui ont laissé des enfants. Son dernier amant en date, Earl, après un début de relation fait de tendresse et de soutien financier, a fini par montrer son vrai visage, sa jalousie conduisant à des actes de violence envers Arlène...Laney, laissée à elle-même, entretient une relation "amicale" avec John Fitz Kasch, un quarantenaire, qui, bien qu'issu d'une famille de notables, n'a pas de travail, quelques livres à son actif, ni femme ni enfant. Et il y a Hurley, le grand-père de Laney et père d'Arlene, qui n'a su conserver l'exploitation familiale perdant le statut de propriétaire, initiant le lent déclin de la famille, et entraînant le déclassement des membres de la la famille, devenus des petits blancs pauvres et marginalisés.
Dans
Haute enfance,
Joyce Carol Oates propose une mosaïque désordonnée et trois générations de personnages et un curieux témoin, Kasch...Elle arrive à créer une tension avec des pièces de puzzle, où les névroses individuelles se heurtent, cohabitent mais restent toujours dans une solitude originelle, conditionnée par le poids du passé. Des destinées cabossées, fracassées que
Joyce Carol Oates analyse, dissèque avec une précision quasi chirurgicale et un foisonnement de détails, de pensées et de fantasmes quelque fois difficiles à suivre.
Avec
Haute enfance, je découvre une écrivaine, réputée difficile et dont je redoutais le style, au vu des avis insistant sur des passages abordant des personnages sans vraiment les identifier, mélangeant les points de vue sans réels repaires...Je dois reconnaître que si je n'avais pas lu la préface de la traductrice
Claire Malroux (que je remercie), qui installe les personnages, j'aurai eu du mal à comprendre le contexte et les tensions sous-jacentes dans les relations entre les personnages. J'ai persévéré dans ma lecture et je dois reconnaître que j'ai beaucoup aimé cette narration, hachée et scandée par autant de voix différentes, une narration exigeante quelques fois violente mais qui dresse des portraits de personnages torturés, toujours en recherche d'explication de leurs malaises, en recherche de rédemption, souvent tournant en rond, étant conscients de leur handicap, et cherchant toujours à se dépasser dans une rédemption difficile à trouver...
Haute enfance est un donc récit chaotique, dense et exigeant.