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Georges Forestier (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070308323
208 pages
Gallimard (22/02/2007)
3.63/5   135 notes
Résumé :

Jean Racine
Esther

En commandant cette pièce pour les jeunes filles de Saint-Cyr, Mme de Maintenon a offert à Racine l'occasion d'inventer ce qui a pu lui apparaître comme la forme idéale de tragédie, qui ferait alterner harmonieusement le dramatique et le lyrique, les émotions propres au tragique et l'émotion due aux cantiques, le déclamé et le chanté, l'alexandrin régulier et le vers mêlé, une forme supérieure d'émotion théâtrale, au ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (16) Voir plus Ajouter une critique
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J'ai énormément aimé cette tragédie racinienne, au point d'apprendre par coeur plusieurs tirades d'Esther.

Cette pièce occupe une place toute particulière dans l'oeuvre du grand dramaturge puisqu'elle fut commandée par Mme de Maintenon (que Louis XIV avait fini par épouser secrètement) pour ses demoiselles de Saint-Cyr, (élèves de la Maison Royale de Saint-Louis, cette école pour jeunes aristocrates désargentées créée notamment dans le souci de combler le vide poignant creusé en elle par l'absence d'enfant de son sang).

De ce fait, le thème biblique choisi par le tragédien convient à tous : à la commanditaire de l'oeuvre qui met un point d'honneur à en faire un exercice pédagogique et à l'auteur pétri de jansénisme et devenu historiographe du roi. Ce dernier viendra d'ailleurs honorer de sa majestueuse personne plusieurs répétitions et patronnera la première représentation donnée par les demoiselles au sein de leur école. "Esther" a la particularité de joindre au jeu des acteurs des scènes chantées.

Le thème de cette tragédie sacrée est issu de l'Ancien Testament. L'histoire de la Juive Esther est touchante, c'est l'incarnation de l'abnégation et du sacrifice pour sauver son peuple. A la beauté et la poésie de la langue (cette tragédie est versifiée bien-sûr) devait se mêler en parfaite harmonie la musique de Jean-Baptiste Moreau, hélas aujourd'hui introuvable.
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Le style de Racine est plus émouvant, plus flamboyant et plus évocateur que jamais, dans ses deux dernières pièces, dont Esther fait partie. J'ai souvent pensé en lisant cette pièce à la poésie de Hugo, à son style imagé, à ses élans lyriques, tellement, tellement évocateur. le style d'Andromaque n'était qu'exceptionnel ; celui d'Esther est inégalable. La fin est un peu classique, et Athalie est plus réussi. Et cependant, comment être insensible à ce torrent de vers, à ces scènes qui s'enchaînent, comme un torrent et qui émeuvent tant ? Comment être insensible à ce génie de Racine, bouillonnant d'images, de visions, de pensées ? Comment peut-on ne pas sentir la résonance de ces vers, qui sont comme une tempête, et qui emportent tout, et qui nous font partager les émotions de tous les personnages ? Comment peut-on ne pas être ému, plus qu'ému, bouleversé, à ce torrent de vers, si beaux, si grands ?
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En 1689, les pensionnaires de la maison de Saint-Cyr fondée par Mme de Maintenon jouèrent la pièce Esther devant la cour de Louis XIV. Après l'échec de Phèdre en 1677, Racine s'était retiré pendant un certain temps de la vie littéraire de son époque. Mme de Maintenon ambitionnait de faire de son institution un lieu qui n'eût rien à envier aux meilleurs collèges de garçons ; à cet effet, elle avait mis au point un programme pédagogique tout à fait différent de ceux en vigueur dans les institutions religieuses, puisqu'ils étaient très rudimentaires, et se concentraient essentiellement sur les devoirs moraux et pieux. À cette époque, le théâtre était considéré comme un art et faisait partie des cursus d'apprentissage dans les collèges de l'Université, notamment ceux des jésuites. La supérieure de Saint-Cyr, Mme de Brinon, avait déjà rédigé des pièces de théâtre sur des sujets pieux afin de faire de ses élèves des femmes éclairées. Toutefois, Mme de Maintenon jugea ces pièces si mauvaises qu'elle décida de faire appel à Racine. D'après les Souvenirs de la comtesse Marguerite de Caylus, Racine aurait hésité puis demandé conseil à Boileau, lequel lui aurait d'abord suggéré de refuser, avant de se laisser séduire par le sujet d'Esther. C'est un défi de taille pour le tragédien qui doit rédiger une pièce destinée à « divertir les Demoiselles de Saint-Cyr en les instruisant », dans laquelle figurent des intermèdes musicaux. La dénomination de l'oeuvre a d'ailleurs posé problème à certains universitaires qui hésitaient sur les caractéristiques exacte de cette pièce initialement désignée comme « un Ouvrage de Poésie […] tiré de l'Écriture Sainte et propre à être récité et à être chanté ». Mme de Sévigné hésite elle-même sur l'appellation à adopter lorsqu'elle en parle à sa fille dans l'une de ses correspondances : « On a déjà représenté à Saint-Cyr la comédie ou la tragédie d'Esther », écrivit-elle dans son épître.

Voici une pièce tout à fait somptueuse dans laquelle nous retrouvons l'épineux dilemme racinien auquel sont confrontés les héros nés de la plume du dramaturge : élevée par son oncle Mardochée, Esther est une jeune femme qui est récemment devenue l'épouse du roi Assuérus, puisque ce dernier a répudié Vashti. Toutefois, Assuérus ignore qu'Esther est juive. En dépit de ses prérogatives, Esther hésite à secourir son peuple ; son époux leur voue une inimitié redoutable que son vizir Aman prend plaisir à galvaniser. La reine vit donc comme une recluse entourée de jeunes israélites dont elle préserve le secret autour de leur origine. Mais le temps presse : au début de la pièce, quelqu'un annonce à Esther que le roi, circonvenu par Aman l'Amalécite (peuple ennemi des Hébreux), a promulgué un édit ordonnant de procéder à l'extermination de tous les Juifs vivant en Perses dans dix jours. C'est un choix douloureux que doit faire la jeune reine, car, quelle que soit sa décision, elle devra en souffrir : si elle révèle à Assuérus son origine, elle périra de la main du roi. Mais si elle garde le silence, elle ne vivra que dans les remords et les regrets. Esther est à mes yeux la tragédie qui illustre le mieux les canons de ce genre littéraire : nous découvrons un illustre personnage (Esther), qui doit choisir entre ses devoirs de reine, et les liens du sang. Et en dépit des règles de bienséance qui préconisaient jadis de bannir la violence et les sujets sensibles, il faut reconnaître que cette pièce est fait sans doute partie des plus sombres écrites par Racine : les souffrances qu'endure le peuple d'Esther, la menace imminente qui pèse sur lui... le climat de la pièce est propice à l'angoisse. le personnage du vizir Aman m'a frappé avec ses tirades dans lesquelles il déverse tout son fiel envers les Hébreux, et déchaîne toute sa hargne. Et que dire de la présence du choeur, témoin impuissant de la fuite du Temps et de l'approche de l'échéance décisive ! Et la déréliction qu'éprouve l'héroïne qui n'a aucun allié. Il est d'ailleurs très intéressant d'observer que l'intrigue est menée cette fois-ci par un personnage féminin. « C'était déjà le cas dans Phèdre », me diront peut-être quelques uns. Pas tout à fait ; Phèdre subit la fatalité et précipite le cours des événements, tandis qu'Esther se dresse contre le destin, et brise la loi de l'inéluctable par sa volonté de tenter le tout pour le tout.

J'avais lu cette pièce à l'âge de quinze ans, lorsque j'étais en troisième, pour mon plaisir personnel, et elle m'avait procuré un vif émoi qui aujourd'hui encore, n'a pas perdu de son intensité lorsque je relis cet ouvrage.
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Pour apprécier "Esther", il faut connaître son contexte de création.

Madame de Maintenon avait connue une enfance difficile faite de privations. Une fois arrivée au sommet de l'État (elle reste tout de même la seule favorite à avoir été épousée par son roi !), elle encourage Louis XIV à ouvrir une institution pour jeunes filles, afin de prendre en charge puis instruire ces enfants délaissées de la noblesse pauvre. Il accède à sa demande, ce projet étant le parfait pendant des Invalides, édifié pour prendre soin des vétérans blessés et nécessiteux. La Maison Royale d'Éducation de Saint-Louis s'installe à Saint-Cyr et ouvre ses portes à 250 jeunes filles en 1686.

Le projet de Mme de Maintenon était d'établir un programme éducatif aussi poussé que ceux en vigueur dans les collèges masculins, offrant ainsi à "ses filles" une instruction plus complète que celle dispensée dans les couvents. En plus des rudiments, de nouvelles matières sont ajoutées, notamment le théâtre. Aussi, quand en 1688 le collège Louis-le-Grand s'illustre par la tragédie latine "Saül", la marquise caresse le secret espoir de les concurrencer. Elle aura recours à un dramaturge de renom pour la création de cette pièce, spécialement écrite pour Saint-Cyr : Jean Racine. L'auteur insistera dans sa préface sur le fait que son "Esther" est "une espèce de Poème" basé sur un sujet de piété, destiné à l'instruction. Il ne s'agit donc pas d'une véritable "tragédie". C'est pour cela qu'elle ne ressemble en rien à celles qu'il avait écrites précédemment.

Comme la pièce suit fidèlement le récit biblique, il n'y a pas de suspense. Esther, jeune Juive devenue reine de Perse, a le devoir de parler au roi pour sauver la vie de son peuple. Et ce au péril de la sienne, car quiconque se présente sans avoir été appelé par le souverain encoure la peine de mort.

Les vers de Racine sont toujours très beaux. Il ne manque que la musique pour entièrement les apprécier, car cette pièce a été conçue dans l'esprit des anciennes tragédies grecques. C'est-à-dire en mêlant les choeurs aux comédiens. Certains passages ont donc été spécialement conçus par Racine pour être chantés.

Autre bémol : le texte est truffé d' allégories au régime louisquatorzien et à ses guerres, à la bienfaitrice Mme de Maintenon, etc. Si on n'est pas parfait connaisseur de la période, certains vers peuvent paraître étranges et en décalage avec l'histoire présentée. le prologue de la Piété en est un exemple. Il s'agit en réalité d'un éloge dédié à Louis XIV. Racine redevient alors l'historiographe du roi et le courtisan.

C'est intéressant de découvrir cette pièce à thème religieux, peut-être plus pour son aspect "historique" (l'oeuvre de Mme de Maintenon, les filles de Saint-Cyr, la cour et le régime de Louis XIV) que pour son côté "tragédie". L'édition que j'ai lue contient les explications enrichissantes de Georges Forestier.
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Quand Racine écrit Esther, en 1689, il est plus courtisan que dramaturge, officiellement historiographe du roi depuis déjà quelques années. Il revient au théâtre pour plaire à Mme de Maintenon et écrit pour les pensionnaires de Saint-Cyr des tragédies où il réintroduit les choeurs lyriques.

Esther est une pièce d'inspiration biblique. L'action se situe à Suse, à une époque où les Juifs ont été réduits en esclavage. Aman, favori du roi Assuérus de Perse, les poursuit d'une haine féroce. Il a convaincu le roi de les exterminer parce que leur chef, Mardochée, a refusé de s'incliner devant lui.
Or, Assuérus vient d'épouser Esther, sans savoir qu'elle est la nièce de Mardochée.
La jeune reine intercède auprès du roi, lui apprend que son favori n'a cessé de calomnier son peuple, lui rappelle l'action de Mardochée qui a déjoué un complot contre Assuérus et ajoute qu'elle-même est juive…

Une intrigue réduite au minimum, en seulement trois actes, dont l'originalité pour les spectateurs et lecteurs d'aujourd'hui vient des évolutions et des chants du choeur qui marquaient, dans les tragédies sacrées de la fin de la carrière de Racine, une sorte de renouveau. Ainsi, des personnages issus du peuple participent aussi à l'action intime ou familiale en suivant les péripéties et en y réagissant de manière ponctuelle.
Ces passages chantés sont purement poétiques, lyriques, mystiques, opératiques… le premier est une lamentation en forme de prière, le second traduit l'anxiété du peuple puis célèbre le vrai Dieu et la félicité du juste opposée à l'attitude du mauvais ; enfin, le troisième est un Te Deum, un chant d'allégresse puisque la pièce finit bien.

Esther ne figure pas parmi mes pièces préférées de Racine.
C'est une pièce commandée qu'il est cependant utile de connaître. Mme de Maintenon souhaitait « quelque sujet de piété et de morale, une espèce de poème où le chant fût mêlé avec le récit ». Cette tragédie, inspirée de la Bible et du Livre d'Esther a dû la combler.

Pour les curieux, lien vers une excellent baladodiffusion sur France Culture :
https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/fictions-theatre-et-cie/esther-de-racine-9206890
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Ô mon souverain Roi !
Me voici donc tremblante et seule devant toi.
Mon père mille fois m’a dit dans mon enfance
Qu’avec nous tu juras une sainte alliance,
Quand pour te faire un peuple agréable à tes yeux,
Il plut à ton amour de choisir nos aïeux.
Même tu leur promis de ta bouche sacrée,
Une postérité d'éternelle durée.
Hélas ! ce peuple ingrat a méprisé ta loi.
La nation chérie a violé sa foi.
Elle a répudié son époux, et son père,
Pour rendre à d'autres dieux un honneur adultère.
Maintenant elle sert sous un maître étranger.
Mais c'est peu d'être esclave, on la veut égorger.
Nos superbes vainqueurs insultant à nos larmes,
Imputent à leurs dieux le bonheur de leurs armes,
Et veulent aujourd'hui qu'un même coup mortel
Abolisse ton nom, ton peuple, et ton autel.
Ainsi donc un perfide, après tant de miracles,
Pourrait anéantir la foi de tes oracles ?
Ravirait aux mortels le plus cher de tes dons,
Le saint que tu promets et que nous attendons ?
Non, non, ne souffre pas que ces peuples farouches,
Ivres de notre sang, ferment les seules bouches
Qui dans tout l'univers célèbrent tes bienfaits,
Et confonds tous ces dieux qui ne furent jamais.
Pour moi, que tu retiens parmi ces infidèles,
Tu sais combien je hais leurs fêtes criminelles,
Et que je mets au rang des profanations
Leur table, leurs festins, et leurs libations ;
Que même cette pompe où je suis condamnée,
Ce bandeau dont il faut que je paraisse ornée
Dans ces jours solennels à l'orgueil dédiés,
Seule, et dans le secret je le foule à mes pieds ;
Qu'à ces vains ornements je préfère la cendre,
Et n'ai de goût qu'aux pleurs que tu me vois répandre.
J'attendais le moment marqué dans ton arrêt,
Pour oser de ton peuple embrasser l'intérêt.
Ce moment est venu. Ma prompte obéissance
Va d'un roi redoutable affronter la présence.
C'est pour toi que je marche. Accompagne mes pas
Devant ce fier lion, qui ne te connaît pas.
Commande en me voyant que son courroux s'apaise,
Et prête à mes discours un charme qui lui plaise.
Les orages, les vents, les cieux te sont soumis.
Tourne enfin sa fureur contre nos ennemis.
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Acte II - Scène 7
(Extrait)

ESTHER
Hé ! se peut−il qu'un roi craint de la terre entière,
Devant qui tout fléchit et baise la poussière,
Jette sur son esclave un regard si serein,
Et m'offre sur son cœur un pouvoir souverain ?

ASSUERUS
Croyez−moi, chère Esther, ce sceptre, cet empire,
Et ces profonds respects que la terreur inspire,
A leur pompeux éclat mêlent peu de douceur,
Et fatiguent souvent leur triste possesseur.
Je ne trouve qu'en vous je ne sais quelle grâce
Qui me charme toujours et jamais ne me lasse.
De l'aimable vertu doux et puissants attraits !
Tout respire en Esther l'innocence et la paix.
Du chagrin le plus noir elle écarte les ombres,
Et fait des jours sereins de mes jours les plus sombres.
Que dis−je ? sur ce trône assis auprès de vous,
Des astres ennemis j'en crains moins le courroux,
Et crois que votre front prête à mon diadème
Un éclat qui le rend respectable aux dieux même.
Osez donc me répondre, et ne me cachez pas.
Quel sujet important conduit ici vos pas.
Quel intérêt, quels soins vous agitent, vous pressent ?
Je vois qu'en m'écoutant vos yeux au ciel s'adressent.
Parlez : de vos désirs le succès est certain
Si ce succès dépend d'une mortelle main.
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Athalie
Un songe (me devrais−je inquiéter d'un songe ? )
Entretient dans mon coeur un chagrin qui le ronge.
Je l'évite partout, partout il me poursuit.
C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
Même elle avait encor cet éclat emprunté
Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
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Esther

Enfin avec des yeux où régnait la douceur :
"Soyez reine", dit−il ; et dès ce moment même,
De sa main sur mon front posa son diadème.
Pour mieux faire éclater sa joie et son amour,
Il combla de présents tous les grands de sa cour,
Et même ses bienfaits, dans toutes ses provinces,
Invitèrent le peuple aux noces de leurs princes.
Hélas ! durant ces jours de joie et de festins,
Quelle était en secret ma honte, et mes chagrins !
"Esther, disais−je, Esther dans la pourpre est assise,
La moitié de la terre à son sceptre est soumise,
Et de Jérusalem l'herbe cache les murs !
Sion, repaire affreux de reptiles impurs,
Voit de son temple saint les pierres dispersées,
Et du Dieu d'Israël les fêtes sont cessées ! "
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Mardochée
On doit de tous les Juifs exterminer la race.
Au sanguinaire Aman nous sommes tous livrés ;
Les glaives, les couteaux, sont déjà préparés ;
Toute la nation à la fois est proscrite.
Aman, l’impie Aman, race d’Amalécite,
A pour ce coup funeste armé tout son crédit,
Et le roi, trop crédule, a signé cet édit.
Prévenu contre nous par cette bouche impure,
Il nous croit en horreur à toute la nature.
Ses ordres sont donnés, et dans tous ses États,
Le jour fatal est pris pour tant d’assassinats.
Cieux, éclairerez-vous cet horrible carnage ?
Le fer ne connaîtra ni le sexe ni l’âge :
Tout doit servir de proie aux tigres, aux vautours,
Et ce jour effroyable arrive dans dix jours.
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Vidéo de Jean Racine
Rencontre proposée par Yves le Pestipon. Jean Racine, Lettre à La Fontaine, 11novembre 1661, de «De Lyon» à la fin.
On lit, on joue, on voit, on étudie beaucoup les tragédies de Racine. On a raison, mais on oublie parfois qu'il eut une vie, des amis, et qu'il écrivit des lettres. Ce qui nous reste de sa correspondance occupe presque tout un volume de la Pléiade. C'est passionnant, et c'est admirablement écrit. Parmi ces lettres, celle qu'il écrivit d'Uzès, le 11novembre1661, vaut par son ton, son humour, ses anecdotes, et son destinataire, le célèbre fabuliste qui ne l'était pas encore. On y découvre des complicités, presque de «loup» à «loup», une pratique de la langue, des styles, et du voyage, qui nous en apprend beaucoup sur le xviiesiècle français, et fait rêver. Très petite bibliographie Racine, Oeuvres complètes, II, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard. Georges Forestier, Jean Racine, Gallimard, 2006.
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