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Emmanuel Bove (Traducteur)Georges d' Ostoya (Traducteur)Jean-Philippe Domecq (Préfacier, etc.)
EAN : 9782859202590
140 pages
Le Castor Astral (01/11/1998)
4.17/5   6 notes
Résumé :
Ces contes, traduits en 1925 par Emmanuel Bove et joliment illustrés par son ami Georges d’Ostoya, posent un regard aigu sur la société paysanne russe au tournant du xxe siècle. Ils témoignent d’une époque où les grands auteurs éprouvaient une responsabilité à l’égard de la population.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
J'ai choisi de découvrir Tolstoï non via « Guerre et paix » mais par une porte, plus « petite », celle des contes. Et pour me guider dans cette découverte, je ne pouvais que me tourner vers le spécialiste de Tolstoï, le docteur es Tolstoï de Babélio, à savoir PatriceG, qui m'a orientée et offert ce petit livre illustré « idylles paysannes ». Ma critique sera bien entendu empreinte d'ignorance au sujet de ce grand écrivain russe et si vous voulez en savoir plus sur cet auteur et ses oeuvres, surtout précipitez-vous sur la page de PatriceG, c'est une mine d'informations précieuse et inépuisable sur Tolstoï ! Ce sera une critique uniquement fondée sur mon ressenti, vierge de toute connaissance précise sur ce livre et cet auteur, même si la préface de Jean-Philippe Domecq permet tout de même d'avoir quelques pistes de lecture, j'ai décidé de lire cette préface suite à ce billet.

Ce joli livre blanc des éditions le Castor Astral est composé de trois petits contes dans lesquels nous sommes au coeur de la société paysanne russe de la fin du 19me siècle, 1865 exactement. J'ai tout d'abord été étonnée par la fluidité du récit, sa facilité de lecture. le récit ne parait pas du tout vieillot, désuet, il a juste un petit côté suranné lié à l'époque et au milieu paysan dans lequel il plonge le lecteur. J'imagine que la traduction d'Emmanuel Bove contribue grandement à ce confort de lecture.

Ces trois contes ont en commun de mettre en valeur des femmes adultérines, libertines (pour l'époque), éprises de liberté, en proie à la minauderie et de montrer les conséquences désastreuses de ces comportements sur les hommes. J'ai la sensation que l'auteur a du vivre une ou des histoires fortes pour en faire le sujet principal de son recueil. Car clairement l'homme apparait être la victime de ces femmes au caractère bien trempé.
Maladie d'amour, folie, violence, déchéance, dégout voilà ce qu'engendrent certaines femmes qui osent tromper, tenir tête, contourner les normes et les règles tacites d'une société corsetée. Même si dans une des nouvelles la jeune fille a été perdue du fait du comportement veule et lâche de l'homme dont elle est tombée amoureuse.

L'auteur n'épargne en rien ces femmes, épouses ou filles :

« Oui, se dit-il amèrement, Quelle superstition de croire à la pureté des femmes ! ».

"C'est avec colère qu'il pensait à la bêtise, à l'obstination des femmes"

« Et voilà que sa fille, celle pour qui il avait fait tout ce qu'un père peut et doit faire, celle à qui il avait donné une superbe éducation, ainsi que la possibilité de choisir un beau parti dans la plus haute société russe, voilà que cette fille qu'il aimait, qu'il adorait, qui était sa joie et sa fierté, l'avait un jour déshonoré, faisant de lui un homme qui ne pouvait regarder ses semblables dans les yeux ».

Les conséquences sont immenses pour les hommes et le châtiment léger semble-t-il pour ces femmes, celles-ci restant maitresses de leur vie, fortes et courageuses. La fin est chaque fois consolante cependant et le pardon clôt chaque nouvelle. Tolstoï aurait-il écrit un discours féministe avant l'heure ? Ou ressent-il une telle tristesse, voire colère, pour la gente féminine dont il se méfie ? Serait-ce un message religieux sur la tentation que représente la femme car même une femme douce, aimante, a priori « inoffensive » se transforme ensuite en objet de tentation, de désir ? Il me manque des clés pour répondre quant aux dessins de l'auteur en la matière et le but moral de ces contes dédiés aux frasques féminines.

J'ai été séduite par la façon qu'a Tolstoï de croquer ses personnages et de décrire ses paysages, sans doute le talent d'un tel monstre des lettres russes :

« Devant lui, marchait un vieillard vêtu d'une vieille touloupe rapiécée et pisseuse, dont la pluie venait de rafraîchir la couleur. Coiffé d'un grand bonnet de fourrure, une musette de cuir sur son dos large et vouté, il semblait avoir été jadis de haute stature. Sa barbe et ses cheveux étaient blancs et, seule raie noire, ses sourcils épais lui barraient le front, plein de rides. Il avançait lourdement, trainant avec effort ses bottes grossières et éculées, dans la vase ».

« le temps était splendide. Depuis trois jours, la faucille argentée de la lune, lavée par les pluies de juin, brillait dans le ciel. Aujourd'hui encore, l'époque de fenaison est une des plus belles de l'année ».

Notons qu'une personne de 60 ans est un vieillard dans ce livre et qu'en l'espace d'une génération (environ 17/20 ans) les personnes se métamorphosent en vieilles choses ratatinées même lorsqu'elles n'ont en réalité qu'une quarantaine d'années, magie du conte ou véritable état des personnes (des moujiks) à l'époque, je ne sais mais là encore je fus étonnée. Les us et coutumes de la société paysannes russes de l'époque sont dépeints par petites touches subtiles, permettant d'appréhender la mentalité de ces gens qui vivent si différemment de l'auteur.

Ce fut une bien belle entrée en matière pour découvrir cet auteur. Un grand merci à PatriceG qui saura venir alimenter et éclairer les interrogations posées ici. Je vais poursuivre ma découverte de Tolstoï avec un immense plaisir !

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Les observateurs chevronnés auront noté, mais ils sont rares, que Idylles paysannes est comme un jalon dans l'oeuvre de Léon Tolstoï et ce à plusieurs titres :
1/ Ce merveilleux récit n'a pas été écrit fin 19 ème comme l'indique l'éditeur mais en 1862, pour bien comprendre qu'il se rattache à une période avant mariage et s'inspire de faits réels vécus avec Axinia tout en restant une fiction. La date indiquée correspond à la mise en forme par l'auteur aux fins de publication. L'oeuvre ne sera publiée qu'en 1925 en France, à titre posthume donc.
2/ Ce texte sera pour Tolstoï une dénégation en quelque sorte. On voit bien que l'auteur, paradoxalement, continue sa littérature malgré ses dires de l'abandonner après la publication du Bonheur conjugal. Il se reprochait en effet d'écrire ce genre de petites distractions "vides de sens qui amusent l'homme". En fait il notera en 1862 ses exploits d'été avec Axinia qu'il maniera plus tard (ses notes) sous une autre forme, en forme de conte, car le thème lui plaisait : on le serait à moins ! C'est bien là une preuve supplémentaire que Tolstoï utilise non seulement des éléments de son environnement propre mais de sa propre vie comme matériau pour son oeuvre fictionnelle, ce qui veut dire que Tolstoï est avant tout un artiste et que peu importe comment l'idée se présente pourvu qu'elle soit bonne.
3/ Sophie prendra ombrage de cette relation passée avec Axinia car Léon Tolstoï le mentionnera dans son journal qu'il fait lire à sa fiancée et que cette conquête paysanne continue de travailler dans l'environnement de Iasnaïa Poliana : là aussi on le serait à moins !
4/ Cette période de pleine interrogation de Tolstoï sur son avenir qui va de la publication du Bonheur conjugal à son mariage avec Sophie a été considérée à tort comme une période peu prolifique au plan littéraire : il y a ces idylles paysannes en gestation, l'achèvement des Cosaques, la création de Polikouchka, du Cheval, rédige son journal, ses carnets, s'attelle à sa correspondance, réfléchit aux bases de ce que pourrait être un roman historique : Les décembristes qui sera abandonné pour donner place à Guerre et paix. C'est pas mal pour quelqu'un qui a alors comme il dit "quatre colliers à tirer" : une revue pédagogique, un rôle de juge territorial, celui d' enseignant et de propriétaire foncier.
5/ On peut effectivement reprocher à Tolstoï de voir en toute belle femme attirante une invitation à la luxure, un symbole au plan littéraire mais on voit aussi que la main du diable s'arrête là car il y introduit une notion morale.
6/ D'une certaine manière ce thème de l'amour adultérin coupable sera repris dans Anna Karénine.
7/ On ne peut pas dire que ses exploits sportifs avec Axinia serviront de banc d'essai pour de futures fictions comme il le fut plus nettement avec Valéria, mais pour autant il n'en perdra pas une miette pour nourrir ses fictions.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Les deux retours
La matinée était belle et le temps doux en dépit d'une petite gelée ; au loin, des champs blancs, des arbres dressaient leurs squelettes ; un vol de freux (*) piquait le ciel brumeux et gris.
On dirait une peinture de de Vlaminck.
(*) Petit corbeau
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L'histoire avait cependant fait bien du bruit jadis ; le monde en jasa longuement et cela pour cause : en ce temps-là, le peuple vivait bien plus vertueusement qu'aujourd'hui et les histoires de cet acabit n'arrivaient que rarement.
(Une Idylle, Mélanie ..) 1894.
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