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Les enquêtes de Martin Beck tome 4 sur 10

Michel Deutsch (Traducteur)Sean French (Préfacier, etc.)Nicci French (Préfacier, etc.)
EAN : 9782743618896
327 pages
Payot et Rivages (05/11/2008)
3.85/5   175 notes
Résumé :
Martin Beck, tome 03

Par une pluvieuse soirée de novembre, tous les passagers d'un autobus sont massacrés au fusil mitrailleur. Jamais la Suède n'avait connu pareille tuerie, et l'opinion publique s'affole. Parmi les neuf victimes, un flic que Beck connaissait. Que faisait-il dans ce bus, à cette heure ? D'après sa compagne, il était surchargé de travail, mais Beck sait bien, lui, qu'il était pratiquement en congé ...
L'identification des vict... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (28) Voir plus Ajouter une critique
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Cet ouvrage du couple fondateur des thrillers modernes scandinaves, je l'ai lu en 1973 en Néerlandais, comme les 9 autres de leurs livres à suspense autour de leur commissaire légendaire de Stockholm, Martin Beck. Après le décès de Per Wahlöö en 1975, Maj Sjöwall, née en 1935, a continué à écrire, mais hélas à un rythme plus lent et avec moins de succès.

En 2003, elle a publié avec l'auteur de livres à suspense néerlandais, Tomas Ross, un thriller qui m'a également bien plu "La femme qui ressemblait à Greta Garbo". C'était sûrement la raison de sa présence à la foire annuelle du livre à Anvers. le stand de son éditeur néerlandais se trouvait, malencontreusement, tout près de celui de notre gloire nationale, Pieter Aspe, aussi bien qu'à côté de la longue file qui attendait une dédicace de mon compatriote, elle avait l'air de se retrouver isolée sur une île abandonnée. J'étais scandalisé et gêné et je l'ai invité à aller boire un thé à la cafétéria. Elle est comme sur ses photos : une femme d'un certain âge à l'esprit vif et foncièrement aimable. Pas du tout la réserve et distance nordique. Grâce à Aspe, j'ai eu aussi ma dédicace : "For Jean-Pierre with kind regards, Maj Sjöwall - 1-11-2003" et un quart d'heure des plus mémorables souvenirs littéraires.

Personnellement, je suis absolument persuadé que ce soit grâce au duo Sjöwall et Wahlöö que la Scandinavie - Suède, Norvège, Danemark et Islande (car ce serait un péché d'oublier Arnaldur Indriđason) - est, à mon avis, au sommet de cette forme spécifique de littérature. Dans ma critique de "Deadline" de Liza Marklund, j'avais noté, pour rigoler, le 1er octobre 2017, que probablement dans ces pays au programme de l'enseignement secondaire figure, en exclusivité mondiale par ailleurs, des cours de "thrillerologie". Maintenant, je sais que ce monstrueux succès d'une rimbanbelle de jeunes talents est dû à l'académie Sjöwall-Wahlöö.

Tant qu'à faire, j'ai sélectionné le thriller de leur dizaine glorieuse qui m'a plu le plus et qui leur a valu également le prestigieux Prix Edgar-Allan-Poe américain en 1971. Pour l'équivalent russe, le Prix Lénine littéraire, il a fallu à notre Maj attendre un peu plus longtemps : 2013.

En 2011, une BD est sortie "Le policier qui rit" avec des dessins de Martin Viot chez l'éditeur Casterman. N'étant pas un inconditionnel de cette forme artistique, je dois dire que je ne l'ai pas (encore) lu.

Ce "Krimi" du couple est finalement le seul qui a été porté à l'écran. En l'occurrence par le réalisateur américain Stuart Rosenberg en 1973, avec un Walter Matthau qui est peu convaincant comme Martin Beck. le titre de la version cinématographique est : "Le flic ricanant".

Ce polar est le 4e de la série de Beck et son équipe à Stockholm et il n'a strictement rien perdu de l'actualité que nous connaissons. le duo, dans cette série, avait essayé de mettre en évidence tout ce qui n'allait pas dans leur pays, considéré partout cependant, notamment pour des motifs sociaux, comme un État exemplaire.
Cette collection a débuté avec "Roseanna" en 1965 et s'est terminée 10 ans après, avec " Les Terroristes ". En 1975, longtemps donc avant l'apparition de Daesh et d'autres groupes de fanatiques malades.

Dans ce récit, un bus à impériale est découvert en biais sur le trottoir d'une rue de la capitale suédoise avec à bord l'horreur : 9 morts, 7 hommes et 2 femmes flingués à la mitraillette, parmi lesquels le chauffeur de l'autobus, un citoyen algérien du nom de Mohammed Boussi et le jeune inspecteur de la brigade criminelle de Stockholm, Åke Stenström.

Neuf morts et comme indice exploitable : RIEN ! Strictement rien qui permette à Martin Beck et ses compagnons pourtant bien motivés, à cause de l'hécatombe épouvantable et la liquidation d'Åke, MM. Gunvald Larsson, Fredrik Melander, Einar Rönn et son fidèle coéquipier Lennart Kollberg, de commencer une enquête comme il faut. Chez les journalistes c'est pareil : rien, "ingenting, nothing, nada, niente, tipota, nichego, Nichts et niks", ce qui inquiète grandement le chef de police Hammar, qui craint la réaction d'une presse impatiente.

Notre Martin se demande ce que le timide inspecteur Stenström de même pas 30 ans d'âge faisait dans cette galère et si c'est lui qui a suscité les foudres du ciel ? La fiancée d'Åke, Åsa Torell, 24 ans et employée dans une agence de voyages, déclare que son amoureux était très occupé ce dernier temps... ce qui étonne nos inspecteurs puisqu'ils viennent de traverser une période exceptionnellement calme !

Bref, une histoire extraordinairement compliquée et au bout de 48 heures, le grand espoir disparaît lorsque la seule victime pas massacrée sur place, meurt à l'hôpital. le témoignage du survivant et unique témoin, Alfons Schwerin, est court et rajoute plutôt au mystère. En réponse aux questions de l'inspecteur Rönn avant de trépasser tout à coup la bouche pleine de sang, il a laissé sur le magnéto : "Qui a tiré ?" "Dnrk." "À quoi ressemblait-il ?" "Samalson." Des réponses qui n'offrent proprement aucun clou à Beck et compagnie.

Je n'en dirai pas plus. À vous de passer quelques excellentes heures avec ce thriller historique, que j'ai relu au bout de 46 ans avec le même enthousiasme. Eh non, l'oeuvre de Maj Sjöwall et Per Wahlöö n'a pas vieilli du tout et ce serait foncièrement injuste que leur nom vînt à disparaître.
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Quatrième d'une série de dix thrillers policiers de M. Sjöwall & P. Wahlöö dont le commissaire Martin Beck est le personnage principal. Le policier qui rit bénéficie de deux préfaces, la première de Jonathan Franzen et la seconde du couple Sean et Nicci French. Je déconseille fortement de lire cette dernière avant le roman car elle dévoile trop de détails ; dès les premières phrases, j'ai décidé de lire cette préface quand j'aurais terminé le livre et je ne peux que m'en féliciter.
Par une soirée de novembre pluvieuse à Stockholm, Martin Beck peu soucieux de rentrer chez lui auprès d'une épouse avec laquelle les échanges sont devenus très froids, joue aux échecs chez son collègue et ami Kollberg. Cette même nuit, les passagers d'un autobus à impériale sont massacrés au fusil mitrailleur, parmi les victimes un jeune flic de la criminelle sous les ordres de Beck. Que faisait Åke Stenström dans ce
bus ? Qui était visé en particulier ? Aucun indice, l'enquête s'avère difficile mais rien d'impossible pour Martin Beck et ses équipiers.
Dans cette série qui couvre les années 1965 et 1975 M. Sjöwall & P. Wahlöö sont une source de renseignements sur la société suédoise de cette époque.

Challenge Atout prix 2016-2017 – Prix Edgar Allan Poe – Meilleur roman - 1971
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Voici un classique du genre, réédité plusieurs fois depuis que ces célèbres auteurs suédois l'ont écrit en 1968. Il est le quatrième roman mettant en scène l'inspecteur Martin Beck et son équipe. La série, qu'ils nommeront Roman d'un crime, en compte dix, publiés entre 1965 et 1975. Les éditions Rivages/noir ont repris tous ces titres entre 2008 et 2020 dans une traduction corrigée. Lui, Per Wahlöö vient du journalisme, elle, Maj Sjöwall, de l'édition. Ils forment un couple à l'écriture et à la ville, l'un des couples les plus célèbres du roman policier mondial. Ils ont inspiré de nombreux auteurs de polar suédois et par extension scandinaves, qui sont légions maintenant, ce qui n'était pas du tout le cas avant eux, le genre étant auparavant dominé par le roman noir américain.

Un autobus rouge à impériale en travers du trottoir. Les policiers découvrent un véritable carnage. le chauffeur et les huit passagers ont été abattus à la mitraillette. Acte d'un déséquilibré ou d'un terroriste ? Un policier se trouve au nombre des victimes, Åke Stenström. Est-ce une simple coïncidence ? Chacune des victimes va être étudiée à la loupe par l'équipe de Martin Beck, un travail colossal très bien décrit ici, avant que n'émerge une piste. Côté enquêteurs tous sont plutôt communs, pas du tout des héros beaux et intrépides. Leur force principale résulte du collectif, là aussi une belle leçon !

Les auteurs ont l'art de créer une atmosphère et à la fois d'enraciner le récit dans l'histoire : le premier chapitre présente les deux enquêteurs Berg et Kollberg occupés à jouer aux échecs – Berg est un bon policier mais lamentable à ce jeu – alors que se déroule à Stockholm une manifestation contre la guerre du Vietnam, violemment réprimée par la police. le bus n'apparaît qu'ensuite... Pluie, obscurité participent au mystère, augmentent les émotions ressenties.

Le chapitre 21 est le chapitre qui m'a le plus marqué, un chapitre clé dans l'évolution de l'enquête. L'associé principal de Martin Beck, Lennart Kollberg se rend au domicile de Åsa Torell, la petite amie du policier assassiné dans le bus. Kollberg est un policier aguerri mais incapable au départ d'affronter la détresse de la jeune femme qui, nerfs à vif, tourne dans la pièce comme un animal en cage, enfermée dans la douleur de la perte de l'être aimé. C'est parfaitement écrit avec toute la psychologie et l'émotion possibles. Lui, calme au début, elle, nerveuse jusqu'à ce que tout bascule à un moment de l'échange. La confiance s'installe doucement et des confidences intimes précieuses pour trouver l'auteur des faits émergent enfin. Un chapitre que j'ai relu après coup car il est un récit en lui-même, à la construction complexe, parfaite !

Classique ne veut pas dire vieillot, loin de là. On est réellement au côté des enquêteurs qui progressent pas à pas dans un suspens bien présent. C'est du solide et les pièces du puzzle s'ajustent parfaitement dans les dernières pages. J'ai vraiment été surpris par la modernité de ce polar écrit il y a un demi-siècle !

L'engagement social des auteurs fait partie de l'oeuvre, lui donne une vérité. On est en 1968, le contexte historique est très riche. La Suède fait office de modèle dans un système social plutôt jalousé ailleurs. le pays n'a pas connu la guerre sur son territoire et est assez prospère. Mais tout commence à se fissurer. La contestation mondiale et des attentes nouvelles sont là, des foules importantes manifestent contre la guerre du Vietnam... La grande force des auteurs est de s'attacher à ce fond social sans que cela nuise à la grande richesse de l'intrigue. le titre le policier qui rit alors que l'ensemble est très sombre, traduit bien les contrastes de ton utilisés, le tout subtilement allégé d'humour et d'une douce ironie.

Maj Sjöwall & Per Wahlöö ont ouvert une nouvelle voie dans le genre. Par la suite Henning Mankell (mettant en scène l'inspecteur Kurt Wallander), Gunnar Staalesen (et son inspecteur Varg Veum) et bien d'autres, prolongeront l'oeuvre de ces précurseurs en développant une réflexion sociologique habilement mêlée au texte. La notoriété du polar scandinave va alors connaître un succès formidable dans le monde entier. Curieusement le policier qui rit est le dernier des dix tomes du Roman d'un crime à être réédité par Rivages/noir alors qu'il est considéré comme un des plus réussi de la série. En tout cas il m'a fortement impressionné et je compte bien reprendre un Sjöwall et Wahlöö très rapidement. Peut-être avec le premier tome dont le titre est Roseanna, voire avec la BD tirée du roman le policier qui rit, réalisée par Martin Viot et Roger Seiter.

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Vous pouvez retrouver cette chronique sur Bibliofeel avec ses illustrations : photo des auteurs dans une composition personnelle.

Lien : https://clesbibliofeel.blog
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Je vais renchérir sur la critique de latina concernant la dernière masse critique Mauvais genres de Babelio : j'avais coché trois livres, et j'ai reçu celui que je voulais le moins, et même que je ne voulais plus du tout depuis que j'avais découvert qu'il 'était dans les collections de la bibliothèque municipale (ah ben oui, il aurait fallu que je vérifie ça avant de cocher bêtement tout et n'importe quoi, je suis bien d'accord avec vous). Donc, au départ, déception. Mais la suite de mon expérience s'est révélée plus enthousiasmante que celle de latina (ça lui apprendra à ne pas être assez sélective, et toc).


Parce que finalement, le Policier qui rit, c'était tout à fait ce qu'il me fallait au bon moment. Bien entendu, l'histoire n'est pas d'une gaieté folle, mais c'était pour moi une lecture reposante, avec laquelle j'ai pris mon temps, ce qui s'adaptait par conséquent parfaitement au rythme du roman. Il se trouve par ailleurs que c'est ma quatrième enquête de Martin Beck. J'avais un très bon souvenir de Roseanna, d'une veine assez glauque, mais L'Homme au balcon (avec une intrigue glauque également) et La Chambre close m'avaient moins convaincue.


Ici, l'enquête se concentre sur un crime de masse : neuf personnes tuées dans un bus de nuit, avec probablement une arme de type mitraillette. Et parmi ces neuf personnes, un collègue de Martin Beck et de son équipe de la police criminelle. Pas d'indices, pas de témoignages, pas de pistes. Une enquête qui démarre mal, qui n'avance pas, qui se traîne.... Et qui est plus représentative des enquêtes de la police suédoise des années soixante ou de la police française d'aujourd'hui que dans bien des romans policiers. Et c'est tout l'intérêt du roman que de mettre en scène des policiers ordinaires (quoique bon, on en a quand même un doté d'une mémoire eidétique, ce qui est bien pratique), plus ou moins sympathiques selon les cas, plus ou moins doués. Qui travaillent en équipe avec plus ou moins de bonne volonté. Une équipe où chacun finit par se focaliser sur tel ou tel détail jusqu'à l'obsession, chacun de son côté.


Voilà ce qui fait tout le sel du roman de Maj Sjöwall et Per Walhlöö : une enquête pas très ordinaire étant donné le crime commis, et pourtant ordinaire par la façon dont elle est menée. On est bizarrement assez loin de la façon dont a évolué le roman policier scandinave, qui a beaucoup influencé les séries télé policières scandinaves (que généralement j'aime bien, par ailleurs) - séries qui nous balancent parfois, voire souvent, un twist à la fin de chaque épisode de chaque saison... Ce qu'on retrouve des deux côtés, en revanche, c'est l'atmosphère grisâtre, tristounette, qui est la marque de toute oeuvre policière nordique qui se respecte, et que les habitués aiment à retrouver.


Ajoutons que, contrairement à d'autres romans des deux auteurs, celui-ci est marqué par pas mal d'humour, qui se fait moins présent au fur et à mesure que l'enquête se précise et prend un certain tournant. Un bon policier, donc, qui n'a pas vieilli, et qui se lit tout seul.


Juste un truc qui me titille carrément : pourquoi a-t-on traduit ce roman à partir de la version en anglais, et non de la version originale suédoise ???



Masse critique Mauvais genres
Lien : https://musardises-en-depit-..
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En cette fin d'année 67, Stockholm est secoué par des manifestations contre la guerre du Vietnam. C'est dans cette ambiance qu'un soir, un bus est pris d'assaut par un ou plusieurs tueurs qui éliminent les neuf passagers dont le chauffeur, au fusil mitrailleur. La consternation est grande, un massacre de masse d'une telle ampleur ne s'était jamais produit en Suède. L'enquête s'avère difficile, certains des passagers ne sont pas identifiables mais ce n'est pas le cas de Ake Senstrom, jeune flic, collègue de Martin Beck qui fait partie des victimes...Que faisait-il dans ce bus, au côté d'une jeune infirmière ?, était-elle sa maîtresse ?, enquêtait-il sur une affaire en sous marin ?

Une quatrième enquête difficile, en considération de l'horreur et de l'onde de choc que produit ce massacre dans la société suédoise et de l'absence d'indices. Peu de pistes, Martin Beck et son équipe s'orientent d'abord vers l'identification des victimes et fouillent dans le passé mais les progrès sont lents...
De nouveau une plongée dans la société suédoise, presque en temps réel où l'on progresse à petit pas et le passé de certains passagers - prétexte à présenter la diversité de cette société - va peut-être donner un coup de pouce à l'enquête, c'est de toute façon la seule alternative pour Beck.
Le policier qui rit est de nouveau un plaisir de lecture, une enquête où le paramètre temps est toujours important, de même que l'absence d'outils technologiques qui nous renvoient aux vieux téléphones à cadran, aux fiches papiers, au papier carbone et qui laisse une grande place à la réflexion dans une Suède apparemment tranquille mais qui est devenu le terreau d'un meurtre de masse.
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critiques presse (1)
BoDoi
21 décembre 2011
Un polar bien foutu et intéressant par ce qu’il révèle en creux, mais qui demeure trop bavard et un peu plat pour véritablement prendre son envol.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Citations et extraits (68) Voir plus Ajouter une citation
[D]'une façon ou d'une autre, il fallait endiguer cette verbosité. Finalement, Rönn trouva pour ce faire une solution théorique. Dans la pratique, les choses prirent la tournure suivante :
Ullholm avait commencé une longue déclaration par ces mots :
- Il va sans dire que, en tant que personne privée, que conservateur et que citoyen appartenant à un pays démocratique et libre, je ne fais pas la moindre différence parmi les gens en fonction de leur couleur, de leur race ou de leurs opinions. Mais essayez d'imaginer une police bourrée de juifs et de communistes. Tu vois ce que je veux dire, n'est-ce pas ?
À ces mots, Rönn s'était timidement éclairci la gorge derrière son masque avant de répondre :
- Oui. Mais il se trouve que je suis moi-même socialiste. Alors...
- Tu es communiste ?
- Oui. Je suis communiste.
Du coup, Ullholm s'était muré dans un silence de mort et était allé s'accouder à la fenêtre. Cela faisait maintenant deux heures qu'il était là, l'air sinistre, à contempler le monde perfide qui l'entourait.
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Une petite jeune fille brandissait un écriteau portant cette mémorable objurgation : FAITES VOTRE DEVOIR : BAISEZ ET FABRIQUEZ DE NOUVEAUX POLICIERS. Trois agents qui faisaient dans les quatre-vingt-cinq kilos se ruèrent sur elle, mirent sa pancarte en pièces et l'entraînèrent dans le panier à salade. Là, ils lui tordirent les bras et lui pelotèrent les seins. Elle avait eu treize ans le jour même et était encore plate comme une limande.
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Kollberg se balança sur sa chaise et dit :
- Que ressort-il de tout cela ? Qu'un soir tout à fait ordinaire, dans un autobus tout à fait ordinaire, neuf personnes tout à fait ordinaires se sont fait descendre à la mitraillette sans raison apparente. En dehors du bonhomme qui n'a pas été identifié, je ne vois rien d'anormal chez aucune de ces personnes.
- Si, rétorqua Martin Beck. Il y a quelque chose d'anormal en ce qui concerne l'une d'entre elles. Stenström. Qu'est-ce qu'il faisait dans ce bus?
Personne ne répondit.
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Un gentil garçon. Ambitieux, persévérant, intelligent, avide d'apprendre mais qui, en revanche, était plutôt timide, encore un tantinet puéril. Qui n'avait aucun esprit et, somme toute, guère de sens de l'humour. Mais qui avait le sens de l'humour ?
Peut-être avait-il un complexe ?
À cause de Kollberg, dont la spécialité était les citations littéraires et les sophismes compliqués. À cause de Gunvald Larsson, qui, un jour, en quinze secondes, avait fait sauter d'un coup de pied une porte fermée à double tour et mis KO un forcené armé d'une hache tandis que Stenström, deux mètres plus loin, se demandait ce qu'il convenait de faire. À cause de Melander, dont le visage ne trahissait jamais les sentiments et qui n'oubliait jamais rien de ce qu'il avait vu, lu ou entendu.
Il y avait vraiment de quoi complexer n'importe qui.
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Martin Beck et Kollberg étaient policiers. Ils appartenaient à la brigade criminelle. Pour le moment, ils n'avaient rien de spécial à faire et pouvaient s'estimer libres de disposer de leur temps sans mauvaise conscience.
Il n'y avait pas un seul policier dans les rues. C'était en vain que, devant la gare centrale, une vieille dame attendait qu'un agent s'approche d'elle, la salue et, le sourire aux lèvres, la fasse traverser. L'individu qui venait de lancer une brique dans une vitrine n'avait pas à s'inquiéter : aucun hululement de sirène ne viendrait brusquement interrompre ses activités.
La police était occupée.
Une semaine auparavant, le chef de la police avait publiquement déclaré que cette dernière serait contrainte de négliger une grande partie de ses missions pour protéger l'ambassadeur des États-Unis des lettres et autres expressions du mécontentement des gens qui n'aimaient ni Lyndon Johnson ni la guerre du Vietnam.
L'inspecteur Lennart Kollberg n'aimait pas Lyndon Johnson, il n'aimait pas non plus la guerre du Vietnam mais il aimait marcher sous la pluie.
A 23 heures, il pleuvait toujours et on pouvait considérer que la manifestation était dispersée.
A la même heure, huit meurtres et une tentative d'assassinat eurent lieu à Stockholm.
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