Ce mois-ci, il me fallait lire un livre qui a été adapté à l'écran. J'avais tellement le choix que je n'arrivais pas à me décider. C'est donc mon fils qui l'a fait pour moi et en est ressorti "
La guerre des mondes" de
H.G. Wells, qu'il a fallu sortir d'un coma profond puisque ça doit bien faire au moins cinq ans qu'il roupille sur l'une de mes étagères... Faut dire aussi que j'ai vu le film peu de temps après l'avoir acquis, que je n'ai pas du tout aimé et que ça m'a bien refroidi. Si j'avais su que le film n'avait en fait strictement rien à voir avec le roman, je l'aurais certainement lu bien plus tôt. Mais bon, voilà qui est fait et je n'ai aucun regret. Il n'a peut-être pas bien vieilli sur tous les plans, notamment du point de vue scientifique, mais c'est tout de même une chouette lecture qu'il faut savoir remettre dans son contexte puisqu'il a été publié en 1898.
Dans ce récit, si sont bien nommés tous les lieux avec précision (villes, quartiers, rues) dans lesquels se déroule l'action (dans le Surrey et à Londres essentiellement), peu de personnages le sont, pas même le narrateur. Ce n'est en rien dérangeant, d'ailleurs je ne m'en suis aperçu alors que ma lecture était déjà bien entamée.
Nous sommes à la fin du XIXe siècle, six ans se sont écoulés depuis l'invasion des Martiens. le narrateur, que je devine être écrivain (ou quelque chose qui s'en rapproche) décide de mettre sur papier comment il a vécu les événements. le voilà donc qu'il débute son récit à la veille de l'arrivée des Martiens, un vendredi soir comme les autres, si ce n'est que la planète Mars est en opposition avec la Terre, c'est-à-dire que c'est le moment où elles sont le plus proche l'une de l'autre. Pour ceux qui auraient eu l'occasion de l'observer au télescope cette nuit-là, ils y auraient vu des phénomènes étranges, sans pour autant pouvoir les expliquer. En fait, il s'avère que les Martiens y projetaient leurs premiers colons...
De là, s'ensuit tout un récit riche en événements et en émotions. le narrateur ayant fait le choix de parler à la première personne, nous (re)vivons cette invasion comme si nous y étions. Rien est oublié et chaque étape est scrupuleusement dépeinte : l'arrivée du premier des dix cylindres qui transportent les Martiens, la curiosité des gens, la foule tout autour du cratère, puis les premiers affrontements, la panique, la confusion et le désordre, la fuite, les destructions et la progression des Martiens, etc. de temps à autre, le narrateur nous rapporte ce que son frère a vécu de son côté (il faisait partie des personnes qui ont quitté Londres précipitamment) pendant que lui-même est coincé dans le Surrey, aux premières loges, nous permettant de suivre les événements sur deux perspectives.
H.G. Wells met un point d'honneur à tout bien nous décrire tout en gardant un style très entraînant, même très moderne pour un livre qui a plus de cent ans. On peut tout facilement imaginer : les Martiens, les tripodes, leurs attaques, l'environnement dévasté, les incendies, la panique, la peur, etc. On ne nous laisse pas le temps de s'ennuyer, il s'en passe de tous les côtés.
D'autant que parallèlement,
H.G. Wells met les humains à l'état de fourmis et qu'il donne clairement à réfléchir sur la façon dont on traite les êtres considérés comme "inférieurs" (animaux, indiens/autochtones). Ici, les Martiens sont les êtres supérieurs, parce qu'intellectuellement bien plus avancés que les humains, leur donnant le droit de les traiter comme des animaux. Subtilement, il nous invite à ouvrir les yeux sur nos propres comportements :
« Avant de les juger trop sévèrement, il faut nous remettre en mémoire quelles entières et barbares destructions furent accomplies par notre propre race, non seulement sur des espèces animales, comme le bison et le dodo, mais sur les races humaines inférieures. Les Tasmaniens, en dépit de leur conformation humaine, furent en l'espace de cinquante ans entièrement balayés du monde dans une guerre d'extermination engagée par les immigrants européens. Sommes-nous de tels apôtres de miséricorde que nous puissions nous plaindre de ce que les Martiens aient fait la guerre dans ce même esprit ? »
Je ne me souviens plus du tout de la fin du film (l'ai-je seulement vue ?), pourtant j'ai compris celle de
H.G. Wells bien avant les derniers chapitres. Mais ce n'est pas grave, j'ai tout de même passé un bon moment et je suis contente de l'avoir enfin lu.