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Critiques de Alberto Moravia (264)
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Le Mépris

J’avais lu ce roman quand j’avais 12 ou 13 ans et je m’étais profondément ennuyée. Sans aucun doute, j’étais trop jeune pour cette lecture. Il y a peu, j’ai vu le film de Jean-Luc Godard qui s’ouvre sur une scène où Brigitte Bardot, nue, demande à son mari s’il aime ses mains, ses seins, ses fesses, etc. Là encore, un ennui marqué même si j’ai été éblouie par les paysages italiens noyés de soleil liquide et brûlant. Quand mon club de lecture a choisi de découvrir ce roman, j’ai pensé que je pourrais dépasser mon impression première et découvrir les qualités de ce livre qui m’avait échappé. Peine perdue, les écrits de Moravia ne semblent pas fait pour moi. Confer mon avis sur La Ciociara.



« Émilie me semblait absolument sans défauts et je crois que je paraissais tel à ses yeux. […] L’objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l’aimer et à ne pas la juger, Émilie au contraire découvrit ou crut découvrir certains de mes défauts, me juger et, en conséquence, cessa de m’aimer. » (p. 5 & 6) Pour Alberto Moravia, l’amour dure deux ans et la frugalité heureuse des débuts fait place au mépris devant la perspective d’un profit sans gloire. En 300 pages (dans mon édition), on voit comment l’idylle glisse vers la réalité et se fracasse sur ses contours acérés. C’est un sujet assez commun en littérature et le traitement qu’en propose Alberto Moravia ne me convainc pas. Je ne comprends pas l’acharnement de Richard à comprendre les raisons du mépris de sa femme, encore moins ses illusions de retrouver l’amour d’Émilie. « Tu veux pousser les choses au pire… Voilà ce que tu veux ! / Tu admets donc que cette vérité ne me fera pas plaisir ? » (p. 127) Il se complaît dans un entre-deux parfaitement agaçant et refuse d’affronter la réalité, cherchant sans cesse des explications alambiquées à l’attitude pourtant manifeste de son épouse. « L’idée ne m’effleura pas que si elle n’éprouvait pas le besoin de se cacher, c’est que j’étais son mari et non un étranger. J’étais si convaincu de ne pas exister pour elle, du moins au point de vue amoureux, que j’interprétai naturellement son geste ambigu comme une preuve de mon néant. » (p. 247)



Richard m’a été antipathique tout au long du récit, tout comme Battista qui est un personnage tout à fait odieux. J’ai davantage de sympathie pour Émilie qui, en dépit de son attitude souvent brusque, est la seule personne honnête et franche de ce drame bouffon. Voilà une relecture ratée et j’en resterai là pour Moravia.

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Le Mépris

Roman très intemporel dans le thème abordé: celui d'une relation de couple qui se délite sans que celui qui est mis au ban n'y puisse rien; et cependant, roman un peu démodé à cause des rôles que l'homme et la femme jouent et qui nous paraissent aujourd'hui complètement dépassés alors que l'intrigue se situe dans une époque pourtant pas si lointaine. C'est le premier livre que je lis de Moravia et je crois déceler l'étoffe d'un grand auteur : à suivre...

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Lettres du Sahara

Plutôt un récit de voyage à travers l'Afrique. de belles descriptions, une plongée dans toute une série de tableaux humains et géographiques, une véritable invitation au voyage.
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Le Mépris

Roman psychologique ayant pour toile de fond Rome des années 50, et le milieu de la petite bourgeoisie.

Ce roman est remarquable par sa tension narrative,la finesse de l'évolution des protagonistes et l'amère constatation des conditionnements de la société sur les aspirations et les idéaux de l'individu ,et comment s'altèrent les relations entre les personnes.

"Quelle est ma faute,pourquoi tant de haine et de mépris ?" ,telle est l'angoissante question de Ricardo,le mari malheureux, face au changement radical du comportement de sa femme.

Moravia sait très bien nous montrer cette femme.

On assiste à la déconstruction psychologique des différents personnages.

Un couple incapable de se construire, de se consolider, de se comprendre.

Le drame de Ricardo est l'impuissance face à la solitude existentielle.



Lu en V.O.
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L'ennui

Le livre porte bien son titre !

Surtout ne pas commencer par cet ouvrage pour découvrir l'auteur.

Choisir : Le conformiste , L'automate .
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Une certaine idée de l'Inde

De retour de voyage en Inde en compagnie d'Elsa Morante et De Pasolini, en 1961, Alberto Moravia livre dans un court recueil son "expérience de l'Inde" . "l'Inde c 'est l'Inde - l'Inde c'est le contraire de l'Europe" affirme-til d'entrée.

Pourtant rien de péremptoire dans le récit qu'il en fait!

Des rencontres : il a le privilège d'interviewer Nehru. Ses rencontre avec des mendiants, des marchands ou des intellectuels, sont aussi instructives. Des visites touristiques, visites d'un intellectuel éclairé qui connait le panthéon hindouiste.

Une analyse fine et très documentée des causes de la pauvreté, des traces du colonialisme et du système des castes.

Le chapitre Cauchemars et Mirages raconte que le monde est illusion. Illusion qui va même se nicher dans les tours des fakirs "ropeè-trick" déjà raconté par Ibn Batuta . Pure fascination!

Il me reste maintenant à lire la version de Pasolini!

Et à me rendre compte par moi-même 5 ans plus tard de l'actualité de ce texte ou au contraire des changements des 50 ans écoulés.
Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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La Ciociara

Livre intéressant, il déroule l'itinéraire d'une femme et de sa fille dans la Ciociara,une région d'Italie, pendant la seconde guerre mondiale.

Elles quittent Rome et se réfugient dans la Ciociara où elles connaissent heurts et malheurs.

En un sens c'est un roman d'apprentissage. Mais c'est un temps de guerre où il n'y a plus de lois…
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L'ennui

Des romans de Moravia je n'en connaissais à ce jour que les adaptations pour le cinéma.

L'Ennui est typiquement un roman du tournant des années 60 dans ce qu'il postule dans un meme geste le détachement désabusé et la subversion.

A l'image de son éblouissante première partie ou le livre tente de donner une definition ontologique de l'Ennui ou il est question de réalité insuffisante, d'absurde et d'un peu du chat de Schrödinger.

On n'en reste pourtant pas la dans ce récit à la première personne , d'une grande fluidité , d'une grande rigueur, régulièrement et harmonieusement entrecoupé de dialogues à haute intensité.

La seconde partie ou la mère du narrateur laisse bientôt sa place à la toute jeune Cécilia , tente de mettre en perspective l'Ennui et sa résolution dans un va et vient entre Désir et Souffrance . Malgré l'ambition du projet, Moravia , homme d'une autre époque et peu intuitif ne sait comme son narrateur , dandy trentenaire oisif et fils de famille, pas faire grand chose d'autre du personnage de Cécilia , que la marque datée et paresseuse du "mystère féminin" , alors que par sa liberté il est flagrant qu'elle n'est rien d'autre qu'une héroïne moderne qui préfigure et annonce les remous bientôt à venir, d'une société ou les femmes tenteront de prendre toute leur place.
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Agostino



Moravia, avec beaucoup d’acuité et de délicatesse , aborde la période de l’adolescence, celle d’Agostino vivant dans un milieu aisé, et surtout le passage de la découverte de la sexualité. Celui-ci se fait brutalement alors qu’Agostino vit seul avec sa mère, jolie veuve encore jeune, en villégiature à la mer.

La mère se laisse tenter sur la plage par une aventure en présence d’Agostino. Celui-ci comprend alors que sa mère est aussi une femme et qu’il doit l’accepter comme telle C’est un constat brutal il perd son innocence d’enfant pour entrer dans le monde des adultes sans en être encore vraiment un.

En parallèle pour échapper à son terrible constat et pour oublier sa déconvenue il va s’accoquiner avec une bande de jeunes du peuple et se déniaiser à leur contact . Ceux-ci libres comme l’air et déjà bien dévergondés vont lui expliquer avec méchanceté ce que sa mère fait avec son amoureux.

Toléré dans cette bande de jeunes petits durs il est obligé de subir leurs sarcasmes et leurs coups. Le jeune adolescent véritable « tendron » est mal adapté à la vie rude de la rue mais comme il se sent rejeté par sa mère qui a trouvé un autre centre d’intérêt il va se rallier à eux et accepter leur domination et les suivre dans leurs maraudes .

Il va aussi découvrir les tendances sexuelles et attirances particulières de certains hommes : les invertis éphébophiles ainsi que les maisons qui abritent des belles-de-nuit ou de jour : les lupanars.

Des vacances au soleil instructives et formatrices comme dans bien des cas.

Ce livre par certain cotés : la période de vacances, les lieux, le sujet et l’ambiance , rappelle la nouvelle « mort à Venise » de Thomas Mann mais vu par l’adolescent . Un style clair, net et incisif, une narration sans affects délivrée froidement avec un cachet quelque peu daté qui lui donne un charme désuet. Un livre comme on n’en fait plus et qu’on ne refera jamais étant donné le sujet et le pudibonderie de notre XXIème siècle
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Le Mépris

Moravia a écrit là l'un de ses meilleurs livres. Outre le questionnement circulaire et dramatique du héros, qui cherche désespérément à comprendre pourquoi sa femme, non seulement et soudainement ne l'aime plus, mais aussi le méprise, il y a dans ce roman une mise à nue de l'incompréhension entre les êtres, de leur incommunicabilité et aussi de la dureté des rapports amoureux quand ceux-ci tournent mal. Le héros comprend sans comprendre, se réfugie dans le déni en rejetant toute culpabilité (qui le ronge pourtant), refusant l'explication pourtant soufflée par un autre personnage du roman (le metteur en scène) qui lui fournit une explication psychanalytique des relations entre Ulysse et Pénélope, laquelle se révèle la pierre angulaire de la rupture.

Il faut passer outre la vision de la femme au foyer que Moravia trimbale avec lui, celle d'un homme de son temps (né en 1907) et qui, après la révolution féministe des années 70, paraît bien rétrograde et patriarcale. Mais cet écueil ne doit pas empêcher le lecteur d'apprécier la subtilité des réflexions et la force poignante du roman.

Par ailleurs c'est remarquablement écrit (ou remarquablement traduit...).

Un chef d'oeuvre à mon sens.
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Le Mépris

Le narrateur, un écrivain scénariste, patauge dans sa vie professionnelle comme dans sa vie sentimentale. Tout le livre de Moravia est une plongée introspective qui cherche à comprendre les raisons d'un désastre amoureux. Je dois avouer que ce narrateur ne me donne pas envie de m'apitoyer sur son sort. Que de noeuds au cerveau chez cet homme là. Mais il est vrai que c'est le propre d'une relation amoureuse qui tourne mal de générer des noeuds au cerveau ! Outre une impressionnante analyse psychologique, le roman montre comment l'intelligence, je dirais même l'intellectualisme, apparaît comme une qualité inutile pour nourrir et développer l'amour. Si J'avais eu l'occasion de rencontrer le narrateur, je lui aurais conseillé de suivre ses instincts et sa sensibilité et de moins réfléchir.
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Le Mépris

Une perle! Mon deuxième Moravia et cela a dépassé largement mes attentes. Le paysage pittoresque de Capri contraste magnifiquement avec l'exploration déprimante qu'offre l'auteur d'un mariage qui vacille. Que ce soit le monde du cinéma, des scénaristes et celui de l'Odyssée d'Homère, tout s'imbrique parfaitement avec l'intrigue amoureuse du roman. Je me suis un peu reconnu dans ce narrateur sensible et idéaliste. On est dans la sensualité, le psychologique et jamais dans le spectaculaire (qui plaît tant à ce cher Battista). Lisant ce roman on peut presque s'imaginer à Capri sur une falaise abrupte face à la mer. La fin est digne des meilleurs films de Christopher Nolan. Il me tarde de voir l'adaptation filmique de Godard.
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Le Conformiste

Un roman qui nous dit-on n’a pas été accueilli avec enthousiasme au moment de sa parution et qui n’est pas considéré aujourd’hui encore, comme l’un des meilleurs Moravia. Cela me paraît injuste tant le propos est intelligent et acerbe. Je ne sais pourquoi mais il y a du Zweig dans ce Moravia-là. Un homme, Marcello, délaissé affectivement pas son enfance, victime de pédophilie, croyant avoir tué son prédateur à l’adolescence, culpabilisé à jamais, *traverse la vie en recherche de repères. Ces repères entre le bien et le mal qui ne lui ont pas été offerts pendant l’enfance. Il se veut gris, « conforme » dans une Italie mussolinienne, ce qui le conduit à mettre ses pas dans ceux du régime. C’est au nom de ce conformisme qu’il va épouser Giulia, la femme qui va lui donner un amour authentique, primal et vrai. Giulia ne cherche pas être conforme puisqu’elle l’est naturellement. Marcello fera ce que le régime attend de lui sans dévier, sans se laisser happer par un questionnement intime qui demeure latent. La seule chose qu’il ne pardonnerait pas au régime, c’est de s’être trompé sur le fait que la voie était la bonne. Et c’est presque avec passivité, tranquillité qu’il voit le régime s’effondrer, trouvant tout à la fin – mais trop tard – une liberté intime, une personnalité vraie qui ne doive pas se façonner en fonction du contexte politique et social. Le propos de Moravia est fort car il démontre que les mauvais choix, au moment les plus cruciaux de l’histoire, ne sont pas forcément de nature idéologique. Ils sont le produit du hasard de chaque destinée. Bref, Moravia, exprime la même idée qu’Hannah Arendt sur la normalité, l’anonymat l’insignifiance même de ce que peuvent être des fascistes ordinaires

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Le Mépris

Un vrai chef d'oeuvre .

Moravia distille avec brio comment un changement de situation brutal peut briser un couple ...le couple se déteriore jusqu'à ce que la femme avoue a son mari combien elle le méprise.

A lire absolument...un grand classique de la littérature italienne
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Les Indifférents

Il y a ceux qui se meuvent avec facilité dans le monde, sans interrogation éthique ; ils savent ce qu'ils veulent et prennent le plus court chemin pour y parvenir : ils ont toutes les cartes en main parce qu'ils y ont travaillé sans relâche et ils remportent la mise. Tel est Léo.

Il y a les rêveurs, ceux qui vivent entre deux mondes : une réalité dont ils s'évadent le plus souvent possible car ils y sont impuissants et s'y laissent déposséder par paresse ou par bêtise ; un univers onirique rempli de dangereuses chimère et d'un sentimentalisme creux. Telles sont Marie-Grâce et Lisa.

Il y a ceux enfin que leur lucidité et leur horreur du mensonge ne sauvera pas, ni ne rendra plus moraux, car leur incapacité à agir ne leur permet d'éviter aucun écueil : tels sont Carla et Michel.



Le monde d'Alberto Moravia était désenchanté déjà à l'âge où il écrivit "Les indifférents", c'est à dire entre dix huit et vint et un ans. Il est vrai que, cloué au lit par une tuberculose osseuse, il avait une vision acérée et impuissante de son époque sans horizon et de son pays, rongé par une bien-pensance et une hypocrisie qui conféraient aux moeurs et à la culture un provincialisme abhorré.

Les indifférents furent édités en 1949 et firent un scandale à leur sortie du fait de leur immoralité. Un peu plus tard, ils furent salués pour leur projet moral. Les deux ne s'excluent pas : en brossant une société de petite bourgeoisie nauséabonde, le narrateur du livre la condamne sans concession.

Moravia n'apporte ici aucune solution à la déliquescence de son milieu, mais dresse un état des lieux convainquant.
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Le Mépris

Riccardo est marié à la belle Emilia, mais celle-ci ne l'aime plus.

Pire que cela, elle le méprise.

Et Riccardo a beau chercher il ne trouve pas la raison de ce mépris.

Alors il s'interroge, il malmène Emilia, il accepte d'écrire pour le producteur Battista le scénario d'un film tiré de "L'odyssée" de Homère, une histoire en résonance avec les tourments amoureux dans lesquels il se débat, et pour cela part avec Emilia s'installer dans la luxueuse villa de Battista sur l'île de Capri.



Je sais qu'il existe un film de Jean-Luc Godard tiré de ce roman, avec une fameuse scène d'ouverture où une Brigitte Bardot demande langoureusement à Michel Piccoli s'il aime, ses mains, ses fesses, etc., film que je n'ai donc pas vu; mais je sais surtout qu'Alberto Moravia a été pendant quelques années l'un des maîtres de la littérature Italienne, et c'est surtout pour cet aspect que je souhaitais le découvrir à travers "Le mépris".

Choix peu judicieux, je dois bien le reconnaître, car ce n'est pas du mépris que j'ai ressenti pendant ma lecture, mais de l'ennui, et c'est sans doute le pire sentiment que l'on peut ressentir en littérature.

Riccardo m'a foncièrement exaspéré, il est benêt, il ne comprend pas pourquoi Emilia le méprise, il s'interroge, il s'interroge, ça cogite beaucoup (trop) dans sa tête, à tel point qu'il frise bien souvent la surchauffe, mais la solution ne vient pas.

Riccardo est en fait un homme méprisable, il faut bien appeler un chat un chat, et je comprends ce qu'a pu ressentir la douce Emilia.

Riccardo est un homme qui n'a pas su profiter du bonheur qui était plus qu'à portée de sa main, de ses propres aveux : "Plus on est heureux et moins on prête attention à son bonheur.", et c'est effectivement ce qui lui est arrivé.

Il a donc commencé à se pourrir l'esprit en s'imaginant des choses par rapport à Emilia et a fini par lui reprocher la situation dans laquelle il se trouve : écrire des scénarios de films alors qu'il n'aspire qu'à faire du théâtre, car c'est pour faire plaisir à Emilia qu'il a acheté un appartement qu'il lui faut aujourd'hui rembourser.

Sauf qu'Emilia elle n'a jamais rien demandé de tel, au moins elle n'a pas perdu de vue son bonheur, par contre son mari elle ne le comprend plus, persuadée qu'elle est qu'il cherche à la pousser dans le lit de Battista afin de s'attirer encore plus ses faveurs pour de prochains scénarios.

On ne le dira jamais assez, l'un des maîtres mots dans un couple est le dialogue, et dans celui formé par Emilia et Riccardo cette composante manque cruellement.

Riccardo finit même par en devenir violent et méchant, sa vision d'Emilia est bouleversée : "Mais c'était ainsi : je n'avais pas épousé qui pût partager et comprendre mes idées, mes goûts et mes ambitions; j'avais épousé pour sa beauté une dactylo simple et inculte, pleine, me semblait-il, de tous les préjugés et de toutes les aspirations de la classe dont elle était issue.", alors que dans le même temps il continue de lui mettre psychologiquement la pression pour lui faire avouer la source de son mépris (si Riccardo avait pu utiliser un peu plus judicieusement ses neurones ...).

Riccardo finit par se perdre, le scénario de "L'odyssée" tel que le réalisateur souhaiterait qu'il l'écrive est en réalité une transposition du triangle formé par Emilia, Battista et lui.

Alors Riccardo s'englue : "Ce baiser, en réalité, marquait le point culminant de l'équivoque dans laquelle se débattait ma vie, tant au point de vue conjugal que de mon métier.", entraîne avec lui le lecteur, et fort heureusement tout cela a une fin.

Apparemment les traductions de ce roman diffèrent car dans certaines les noms ont été francisés, heureusement pas dans la mienne car cela retire du charme à l'ensemble, et il faut bien reconnaître q'il n'y en a déjà pas beaucoup.

Cette histoire a le mérite de faire voyager le lecteur de Rome à la magnifique île de Capri, avec sa mer d'un bleu limpide, ses criques et sa nature.

Je suis allée à Capri et j'en ai fait le tour en bateau, cela fait partie de mes souvenirs de paysages les plus enchanteurs, même si cette île est devenue trop touristique, ce qui n'était pas encore le cas à l'époque où Alberto Moravia a écrit son roman.

Je n'ai pas été spécialement marquée par son style, il faut dire que l'histoire m'ayant ennuyée j'avais plutôt hâte qu'il y ait un peu d'action voire même d'arriver à la fin, et je me demande si la traduction en Français n'arrive pas à rendre hommage à la plume d'Alberto Moravia qui mérite sans doute de se découvrir dans sa version originale.

Malheureusement mon niveau d'Italien ne me permet pas (encore) de lire Alberto Moravia dans cette langue si belle, mais pourquoi pas ré-essayer une fois que je la maîtriserai mieux.

Dans tous les cas, je ne garderai pas un souvenir ému de cette lecture et j'ai bien peur que le film soit à peu près aussi ennuyeux, même si les paysages sont magnifiques et les acteurs bons dans leur rôle.

Le personnage central de Riccardo m'a déplu, tout comme celui de Battista, à croire qu'Alberto Moravia a cherché à faire une surenchère dans ce que l'homme a de plus méprisable, seule Emilia a pu trouver légèrement grâce à mes yeux.

Et cela ne suffit pas à relever le niveau de cette lecture qui a dormi quelques années sur une étagère avant d'être ouverte.

J'avais essayé une première fois et j'avais reposé le livre, il y avait sans doute une raison à cela, mais cette fois-ci j'ai eu le mérite d'aller jusqu'au bout, de voir, et de l'avoir vaincue.

Maintenant il est temps de passer à autre chose.



Fort heureusement Capri et moi ce n'est pas fini, et j'y retournerai un jour, mais pour "Le mépris" c'est bel et bien fini et l'on ne m'y reprendra plus.
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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Une certaine idée de l'Inde

Moravia fait ici le pari d’expliquer ce qui ne peut l’être, l’Inde. Il endosse le rôle de journaliste et partage avec nous son voyage en Inde, réalisé en 1961 en compagnie de Pier Paolo Pasolini et Elsa Morante. C’est un portrait complet, contradictoire, et à l’image d’un pays complexe.



Le regard de Moravia est distant et analytique. Il passe à travers l’histoire de l’Inde pour tenter d’expliquer la pauvreté actuelle. Il justifie l’irréalité de l’Inde – et la fascination qu’elle exerce sur nos esprits rationnels - sur son climat fait d’excès, sur l’omniprésence de la misère et ces ruines de villes fortifiées qui s’élèvent au milieu du désert comme des mirages. Sans oublier d’évoquer, à chaque page, sa très grande religiosité …



A lire.

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Le Mépris

Le mépris, c'est la fin d'une histoire d'amour, et c'est l'histoire de la transformation de ce sentiment merveilleux en le rejet de l'autre qu'autrefois on adorait. Ricardo partage sa vie avec Emilia tandis qu'il se passionne pour le théâtre. Il vit en écrivant des scenarii de films sans envergure, ce qui lui permet d'acheter un appartement pour son couple. Toutefois, les premiers instants dans ce nouvel appartement augurent de la fin inéluctable qui s'annonce.

Le mépris, c'est le sentiment que commence d'éprouver Emilia à l'égard de Ricardo tandis qu'un tiers, Battista, producteur de film avec lequel travaille Ricardo, s'immisce dans cette relation qui devient orageuse. Le roman pose la question de la possession - symbolique, passionnelle - de l'autre et de l'essence de l'amour, thème, on en convient aisément, sinueux et passionnant à souhait.
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Le Mépris

Quand on à atteint le vécu nécessaire pour comprendre la démarche de Moravia on déguste ce petit bijou avec joie. C'est tout sauf niais , trés trés bien écrit , avec une intrigue brillante , une intelligence permanente . Le film est magistral , le livre également , et il faut vraiment faire l'effort de le découvrir !
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Agostino

Avec ce roman,l'auteur veut nous faire réfléchir sur deux arguments.

La première réflexion,la plus évidente,concerne l'adolescence. Agostino n'est rien d'autre qu'un enfant mis à l'improviste devant à quelques vérités au sujet des rapports entre les sexes et en éprouve du malaise. L'identité de la mère se confond entre le rôle de maman et celui de femme,tandis que lui,perd son identité d'enfant et se trouve au découvert ,comme surpris par un violent orage; il ne peut reculer (l'enfance est désormais finie) et ne peut non plus rejoindre un abri (l'âge adulte est trop loin. Il ne lui reste qu'à affronter ces mauvais moments en cherchant à se protéger au mieux.



Très importante aussi est la réalité des classes. Le contraste est grand entre la réalité bourgeoise d'Agostino et celle prolétaire de la bande locale de ses nouveaux amis;

(source:un blog italien)

lu en V.O.
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