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Critiques de Alberto Moravia (264)
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Le Mépris

Seigneur ! On se promet les étoiles & l'envie puis on finit par s'engueuler pour les courses, le ménage & les factures ! L'Amour, ce menteur.



Dans une écriture désarçonnante & une clairvoyance quelque fois cruelle, ce livre véhicule toute l'affliction & l'accablement amoureux de façon sublime.

Molteni nous confie ses souvenirs concernant Émilie, comment leur mariage s'est transformé en enfer.

On vit le calvaire de l’être qui n’est plus aimé, qui soupçonne, qui souffre en se heurtant à des murs d’incompréhension, s’infligeant une torture psychologique dont il est la victime & le bourreau jusqu’à la folie.

Et cela prend du temps dans la vie & des pages dans le roman ! Si puissant & subtil !



Tout se fond & se confond dans sa tête, de soliloques en monologues répétitifs, aucune réponse jaillit. Et l'explication ne vient pas.

Comment accepter le changement soudain de l'autre ? Comment accepter qu'après l'aveuglement de la passion, il n'y ait plus que la réalité de deux êtres différents incapables de se comprendre ?

Tant de questions qui n’appellent de réponses. Et demeurent suspendues, ni émoussées ni oubliées.



Je lis & prends tristement conscience des malentendus qui se rassemblent dans le couple & deviennent une forme de vie, mais surtout qu'il n'est d'amour acquis que lorsqu'il échappe.



Très révélatrice aussi la référence à Ulysse & Penelope, où comment ces œuvres nous influencent, la façon dont nous les reproduisons, leur donnant un nouveau sens, en les projetons sur nos propres vies.



J'ai beaucoup aimé la description d'Émilie, sublimée, sacralisée, qui semblent arracher un temps l'epoux à sa souffrance. J'ai tout aimé !

Ceux qui aiment les longues agonies amoureuses, vous serez servis.

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Moi et Lui

Long dialogue imaginaire entre le protagoniste et son sexe, qui lui empoisonne la vie depuis l’adolescence et l’empêche d’atteindre la nécessaire « sublimation », prérequis à toute création artistique. Le désir sexuel du héros n’a de cesse de le ramener à des préoccupations bassement matérielles et sexuelles.



Beaucoup de répétitions, sous lesquelles transparaissent parfois les thèmes chers à Moravia : critique du monde du cinéma – que l’on peut bien sûr étendre à tous les domaines culturels – où il est plus question de divertissement, de technique et surtout de gros sous, dénonciation de la bourgeoisie italienne catholique de l’après-guerre, engoncée dans ses bonnes manières et éprouvant une certaine nostalgie pour la période d’avant-guerre. Et une scène kafkaïenne et désopilante de procès politique avec autocritique du protagoniste et applaudissements sur commande des « camarades », tous de jeunes fils à papa issus de la bourgeoisie et complétement endoctrinés.



Malgré ces passages, j’ai trouvé ce roman de Moravia d’un intérêt limité.

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Le Mépris

J'ai découvert l'histoire du Mépris grâce au film de Godard avec Piccoli. Je me suis ennuyée comme un rat mort devant ce film d'une extrême platitude, rempli de dialogues ineptes.

Mais quand j'ai vu une édition du Mépris de Moravia à cinquante centimes lors d'un marché du livre d'occasion, je n'ai pas résisté à l'envie de découvrir le texte.



Les premières pages ont été une véritable calamité. J'ai eu un mal de chien à entrer dans l'histoire. Il ne se passe pas grand chose, Richard ne me plaît pas et l'étude psychologique me gonfle. En plus le style précieux de l'auteur ne m'enthousiasme pas plus que ça.

J'ai mis quatre jours à lire quarante pages, ce qui est plus que mauvais signe. Je me décide à lire cent pages et à abandonner si je suis toujours dans le même état d'esprit.



Bien avant mon ultimatum des cents pages, j'ai un déclic et, sans être passionnée par le texte, je commence à m'y intéresser un peu. C'est grâce au personnage d'Émilie qui est la seule que je trouve sympathique.

J'ai étrangement envie de savoir si sa destinée sera celle du film ou si Godard a pris des libertés avec le texte.



C'est la seule raison qui me pousse à continuer car le récit est long et pontifiant. Comparer ce couple à celui d'Ulysse et Pénélope est probablement une façon de se démarquer de la « simple » histoire d'amour mais j'ai trouvé le procédé artificiel et ennuyeux. D'autant que Le Mépris n'est rien d'autre que l’histoire de la fin d'un couple mal assorti, qui a vécu ensemble sans jamais se parler franchement et dont les non-dits ont fini par le détruire. Il n'y a pas de quoi faire durer le suspense aussi longtemps ni convoquer Agamemnon, Calypso et les Alcinoos.



Mais le pire c'est tout de même cet imbécile de Richard qui n'entend rien à rien, lui qui se prétend si malin. Dès la scène du départ en voitures, le lecteur comprend d'où vient le malaise. Lui, il lui faudra deux-cents pages de plus, et encore parce qu'il a reçu l'éclairage d'un collègue cinéaste.



J'ai eu envie de le baffer pendant toute ma lecture tant il m'était antipathique. C'est un crétin, il n'y a pas d'autres mots. En plus j'ai détesté la manière dont il parle de sa femme, la taxant de simple et inculte (genre c'est une demeurée mais elle a un beau cul, c'est déjà ça).

J'ai également pris en grippe Battista qui n'est qu'un primate. Riche, certes, mais un primate tout de même.



Cette histoire ne m'a pas parlé, je n'ai pas été émue - même la fin ne m'a pas bouleversée. Le style y est pour quelque chose mais c'est surtout mon antipathie pour Richard qui est fautive.

Je lirai une autre œuvre de Moravia pour voir si je l'ajoute à mes auteurs honnis ou pas.
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Une certaine idée de l'Inde

C’était en 1961. Un trio célèbre et intellectuel visitait alors l’Inde. Alberto Moravia, sa femme Elsa Morante et leur ami Paolo Pasolini. Deux d’entre eux en tirèrent un récit de voyage : Une Certaine idée de l’Inde pour Moravia et L’Odeur de l’Inde pour Pasolini. Comme l’a dit lui-même Moravia dans un entretien (reproduit en annexe de ce livre), le parti pris de ces deux livres est bien différent : « Pour ma part, cela consiste à accepter sans s’identifier ; pour Pasolini (…) il s’agissait de s’identifier sans accepter vraiment. »

C’est le livre de celui qui accepte sans s’identifier que j’ai choisi de lire. En réalité, ce livre m’est apparu plus comme une série d’articles que comme un véritable récit de voyage. Et des articles d’un intellectuel brillant, dont les phrases font mouche, j’aurais pu en citer beaucoup.

Moravia semble avoir ressenti en Inde ce choc culturel qui semble commun parmi les Européens découvrant ce pays-continent. Son livre, malgré sa brièveté, ressasse les mêmes thèmes de la religion, de la pauvreté, des castes, de la religion encore… Sa traduction en phrases d’Européen de ces réalités m’a aussi permis de mettre des mots sur ces sensations contradictoires qu’inspire ce pays qui se laisse approcher mais ne se livre pas si facilement.

En définitive, parce que ce n’est ni un récit de voyage qui emmène le lecteur sur les routes au fil des pages, ni une étude profonde de l’Inde, il me semble que ce livre s’adresse avant toute chose à ceux qui connaissent un peu l’Inde ou qui comptent s’y rendre. Une bonne façon de commencer ou de conclure une escapade indienne…
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L'immortel

L'immortel est un recueil de textes lumineux,d'une concision extrême qui fait de chaque récit un petit bijou.L’intérêt vient aussi de la diversité des thèmes abordés ,?sans didactisme.

Les textes sont parfois fictionnels, souvent autobiographiques ,c'est une photographie de l'oeuvre de Moravia.Dans un texte plutôt intime, l'auteur analyse les relations complexes d'un fils, adolescent attardé,avec sa mère.

Un autre récit permet, à travers une conversation avec le poète et critique Eugenio Montale , à l'auteur de donner son point de vue sur la littérature, la poésie et de faire part des interrogations sur la question du nouveau roman.

Les deux derniers textes déroulent des fantasmes .

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Agostino

La Feuille Volante n° 1249

Agostino - Alberto Moravia – Flammarion.

Traduit de l'italien par Marie Canavaggia.



Agostino, c'est un garçon de 13 ans, seul en vacances sur une plage d'été avec sa mère, une belle et riche veuve… Cela fait monter chez lui un sentiment de fierté et de bonheur d'avoir une jolie femme rien que pour lui. Il est normal qu'à cet âge il voit sa mère comme une véritable déesse déshumanisée, pure et idéale devant ses yeux d'enfant. Mais si un homme, inconnu vient s'insinuer dans cette relation filiale, avec sa complicité à elle, il n'en faut pas davantage pour le perturber. Elle est certes sa mère mais aussi une femme jeune, jolie, désirable et sensuelle, que ne rebute pas une passade d'été. S'imaginait-il qu'elle devait restée fidèle à la mémoire de son mari mort ou s'occuper jusqu'à l'étouffer de son fils naïf ? Pour exorciser cette prise de conscience, provoquée peut-être aussi par un gifle maternelle, il se rapproche d'une bande de vauriens, fils de pêcheurs pauvres avec qui il n'a rien de commun et qui l'humilient, ce qui ne va pas arranger ses désillusions. Leur relation, bien qu'éphémère, sera toujours emprunte de malentendus, Agostino. souhaitant s'identifier à eux alors qu'ils le rejettent comme un étranger. Nous savons que les enfants entre eux ne se font pas de cadeaux et c'est sans doute leur façon d'aborder cette vie qui ne leur en fera pas non plus, et lui, le gosse de riche, devient rapidement leur tête de Turc. C'est la sortie de l'enfance, cette période le plus souvent perturbée où l'on prend conscience des ses erreurs, avec peut-être l'intuition de ce que sera la suite. Moravia, comme c'est souvent le cas dans son œuvre, fait appel à la mémoire pour évoquer cette période où l'on perd son innocence, parfois brutalement, et où nos yeux s'ouvrent sur le monde qui nous entoure. Agostino, enfant vivant dans une sorte de bulle, aura donc, et sur un court laps de temps, la révélation de ce qu'est l'argent, la violence, le sexe, la sensualité, le vice, l'hypocrisie, la méchanceté, bref la vraie image des gens et de la société, bien loin de ce qu'il imaginait. Ce sera donc pour lui l'été des initiations désastreuses, une véritable chute.

C'est que pour Agostino, le désenchantement ne s'arrête pas là, il comprend aussi qu'il devra attendre et souffrir pour accéder à cette condition d'homme à laquelle il aspire. Sa volonté de quitter prématurément ce séjour de vacances est révélateur comme l'est cette envie subite de mourir dans la barque, pleine de ses copains obscènes, qui le ramène sur la plage. Dans cette Italie marquée par le catholicisme et la culpabilité judéo-chrétienne, je vois dans l'innocence de cet enfant, une sorte de « péché originel », dont il a hérité avec la vie. C'est une faute qu'il veut se faire pardonner, celle d'avoir cru que le monde autour de lui était idyllique à la mesure de ses convictions personnelles et la violence avec laquelle tout cela s'effondre a une dimension rédemptrice. Dans le même contexte, il peut aussi être vu comme un être chassé brutalement de ce « paradis terrestre » de son enfance. Pour lui sa mère ne sera plus cet être idéal et désincarné qu'il avait rêvé, mais une femme désireuse de profiter de la vie et de ses plaisirs. Pour autant, il n'en a pas fini avec les désillusions et la vie se chargera de lui donner d'autres leçons et achèvera de le corrompre. Personnellement, je ne sais ce qui, au bout du compte, en résultera, s'il choisira de se couler dans le moule du plus grand nombre ou s'il refusera la réalité.

Comme toujours, j'ai apprécié le style, toujours fluide et poétique de l'auteur autant que les analyses psychologiques de ses personnages qui ici marquent les étapes de la prise de conscience d'Agostino, des mutations et des crises qu'il subit.





© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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L'Amour conjugal

La Feuille Volante n° 1244

L'AMOUR CONJUGAL- Alberto Moravia – Folio.

Traduit de l'italien par Claude Poncet.



Le titre est déjà tout un programme et, dans le domaine de la littérature notamment, a fait couler beaucoup d'encre. On le verra vers la fin, ce roman, qui parle d'un autre roman qui porte le même titre et parle du même sujet, est une sorte de mise en abyme. Silvio est un être un peu oisif, vaguement critique littéraire, qui voudrait devenir écrivain, mais qui est surtout amoureux fou de sa femme Léda. Il voudrait bien écrire un roman mais il a toujours douté de lui et pour l'heure, il pense que l'amour qu'il porte à son épouse l'en empêche, imagine que l'abstinence pourrait favoriser sa créativité mais refuse cette posture. Comme c'est souvent le cas dans le mariage, on épouse quelqu'un qu'on ne connaît pas vraiment et ce ne sont que les années de vie commune qui permettront cette prise de conscience de la réalité, ce qui ne va pas, évidemment, sans désillusions. Silvio n'échappe pas à la règle. Il la supposait indifférente à ses velléités artistiques, mais c'est elle qui maintenant le pousse à écrire et lui, avec quelques réticences, accepte à la demande de Léda de mettre son désir entre parenthèses, de faire chambre à part le temps d'accoucher de son roman. L'idée est plutôt bonne puisque il se met à écrire sans désemparer. Il est maintenant un autre homme et enfin un véritable écrivain grâce aux encouragements de son épouse. Elle devient sa muse et sans doute mieux, puisque c'est elle qui le pousse à être enfin lui-même. Du coup, il la voit avec d'autres yeux sans pour autant cesser de l'aimer, bien au contraire et il semble vouloir prolonger artificiellement cet état second dans lequel il crée pour mieux posséder charnellement sa femme à nouveau, son roman achevé. Ce couple n'avait pas d'enfant et j'ai eu le sentiment que leur amour commun se matérialiserait vraiment, non dans la naissance d'un bébé comme c'est le cas pour la plupart des gens, mais dans l’écriture de ce livre, inversant au passage le rôle de chacun. Ça c'est pour les apparences.

En bon écrivain qu'il est, Moravia-Silvio analyse ce travail d'écriture, son cheminement parfois lent, parfois fulgurant et ce qui en résulte, une fois l’œuvre terminée, une sensation d'apaisement, mais aussi, plus subtilement, le doute qui s'insinue en lui avec l'inutilité, la folie, une absurdité révélatrice de lui-même, une sorte de lucidité que le critique littéraire qu'il redevient pour sa propre œuvre lui souffle. Il y a , en effet, dans le fait d'écrire une sensation parfois avérée d'une impossibilité de s'exprimer pleinement et de n'enfanter que des fadaises. Face à son roman terminé, Silvio le juge mauvais, se montrant pour lui-même sans complaisance, même si Léda lui exprime son soutien amoureux. L'auteur parle avec fougue de cet amour de Silvio pour Léda en en soulignant aussi la fragilité et tout ce qui le menace. Avant de l'épouser il l'avait crue réservée, mais lui révélant un moment de son passé où il n'était pas, elle se montra à lui sous un tout autre jour, une amante sensuelle et fougueuse, l'avertit à demi-mots de la vulnérabilité de leur relation qu'elle choisit cependant de trahir, mais lui, aveuglé par cet amour ne veut rien voir. L'être humain est complexe et quand, dans sa légitime quête du bonheur, il choisit de s'unir à quelqu'un d'autre, les choses se compliquent, les duplicités se révèlent, les fantasmes se réveillent, le mensonge et l'hypocrisie s’installent et ce qu'on croyait définitif est bouleversé. De cela on ne sort jamais indemne, quelque soit l'attitude qu'on choisit d'adopter face à ces révélations et ce d'autant plus qu'à l'absence de scrupules de Léda, son appétit de l'instant, répond la naïveté de Silvio. Cette découverte, c'est autant la certitude de s'être trompé que celle de n'avoir rien vu venir parce que sa passion pour cette femme a été la plus forte et qu'il choisisse de ne rien lui révéler de ce qu'il sait désormais pour tenter d'oublier ce moment d'égarement, m'étonne. Pour autant Silvio prend conscience de la réalité et le sentiment de médiocrité, d'inutilité qu'il avait ressenti face à son roman terminé se trouve ici renforcé. Même s'il refuse cette évidence, cela est désastreux pour lui, remet les choses à leur vraie place et même s'il choisit unilatéralement de passer outre, cela augure mal de leur avenir à tous les deux. Même s'ils restent ensemble, planera toujours sur leur couple cette désillusion amoureuse de Silvio qui verra dorénavant Léda avec d'autres yeux même si l'écriture pourra être pour lui un exutoire, avoir une fonction cathartique .

J'ai retrouvé avec ce roman cet écrivain, croisé il y a bien longtemps déjà et toujours apprécié. J'ai aimé son style fluide, poétique dans les descriptions et agréable à lire, cette façon de distiller un certain suspens dans le récit, mais aussi sa manière de disséquer les sentiments humains qui, dans le domaine choisi ici, illustre parfaitement un des travers les plus marquants de l'espèce humaine et le regard lucide qu'on peut y porter, même si j'avais imaginé un autre épilogue et que je ne partage pas exactement l'attitude de Silvio.

© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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La belle romaine

Émouvant...

La lecture de la Belle Romaine m'a jeté sur une vague d'ombre et de lumière. Comme l'amour d'Adrienne, dans son ultime contact physique avec Jacques, l'homme qu'elle aime, incapable de l'aimer en retour, quand Alberto Moravia écrit : " Il y a des moments où l'on croit voir avec un sixième sens répandu dans le corps entier; et alors les ténèbres deviennent familières comme la lumière du soleil."

Lire la Belle Romaine, c'est partager les degrés extrêmes de l'existence d'une jeune et belle prostituée, héritière d'une pauvreté endémique en Italie au sortir de la guerre, ses rêves d'une existence normale, meilleure et son incapacité à s'extraire de la glu qui colle à ses basques, comme une fatalité sociale jamais ni acceptée, ni complètement refusée (LUNA-PARK, p. 17). Alberto Moravia nous donne à lire non seulement une peinture morale, sentimentale d'un personnage, mais aussi une fresque sociale enracinée dans l'après-guerre qui a fait la grandeur du cinéma italien de la même époque. Le moteur de tous les rêves d'Adrienne, le ressort de ses amours, c'est sa volonté de sortir de cette gadoue de misère incarnée par sa mère et son pauvre logement de couturière. Mais, tout au long du roman, rien ne change dans le paysage urbain où évolue Adrienne, comme s'il exprimait à lui seul, le poids de cette fatalité qu'Adrienne soulève vainement.

Par un contraste orchestré par Moravia lui-même, c'est Adrienne la prostituée qui donne une leçon de morale avec son amour naturel des gens et un accueil bienveillant des événements qui agitent son existence, loin d'une résignation soumise. Mais, comme le monde est vicié, la bonté ne prémunit pas contre la souffrance : "Il en est ainsi : la bonté, l'innocence, les hommes ne savent qu'en faire, et ce n'est pas là le moindre mystère de la vie que des qualités prodiguées par la nature et que tous louent en paroles ne servent qu'à rendre encore plus malheureux" (27).

Cette douleur de femme, c'est un homme, un écrivain qui nous la conte dans le rythme de phrases dans lesquelles coule toute sa grande sensibilité humaine, son empathie un brin désabusée pour les gens.
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Le Conformiste

Etre normal. L’obsession existentielle de Marcel, le personnage principal de ce roman. Mais "être normal" par rapport à qui? Qui est vraiment "normal"? Marcel pense trouver sa réponse dans le fascisme et son homme nouveau. Il ne cesse de rechercher sa normalité en cultivant son conformisme, espérant apaiser ses blessures d'enfance, mais la réalité le rattrape toujours: déviance des hommes de l'état fasciste, secret de sa femme, fragilité de l'amour qu'il lui porte, même ses propres sentiments le trahisse...

Moravia nous plonge dans la psychologie d'un homme blessé et dépourvu de repère, poursuivant un idéal chimérique qui l'amènera à sa perte: parabole de la société italienne à l'époque fasciste.
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L'Amour conjugal

Lire Alberto Moravia c'est lire un mélange de délicatesse et de brutalité, de sensualité et de langueur.

Ici, l'histoire d'un couple, qui, en décidant de s'installer pour un temps à la campagne, se retrouve confronté à sa propre intimité jusqu'alors cachée, maquillée par le caractère illusoire des soirées mondaines.

Il m'arrive souvent de repenser à cette histoire et de la croiser avec celle de Gatsby le Magnifique de Fitzgerald...
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La Désobéissance

Un adolescent, jusque là bon élève et respectueux de ses parents se met à observer sa vie.

Détachement des objets qui l’entourent et dont il se débarrasse, détachement de ses études, de ses parents.

Devenu spectateur de ses gestes, de ses actes, il renonce à tout, songe à mourir.

Puis viennent les premiers émois de la sexualité.

Le style est assez monocorde, le fond plutôt déprimant.

Je n’ai pas pris de réel plaisir à cette lecture.

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Le Mépris

Ricardo, notre narrateur, vingt huit ans, est scénariste en attendant de pouvoir gagner sa vie en tant qu'auteur de théâtre. Il vient d'acheter un appartement à Rome pour sa femme, avec qui il est marié depuis deux ans. Mais sa femme ne l'aime plus. Alors qu'il s'en rend compte, son monde s'écroule... Il ne se rendait pas compte du bonheur dans lequel il vivait avant que sa femme ne le méprise. Alors il accepte de partir pour Capri pour préparer un scénario sur le Ulysse d'Homère avec un metteur en scène reconnu. Il emménage avec sa femme dans une villa appartenant à son producteur Battista, que sa femme semble détester depuis leur rencontre. Ricardo se débat entre ses sentiments, son envie de comprendre sa femme, et ce scénario qui ne l'emballe pas du tout. L'histoire d'Ulysse et de Pénélope se transpose peu à peu sur son propre couple...

Le mépris est un merveilleux roman dans lequel Alberto Moravia dresse des portraits psychologiques de l'homme et de la femme très maîtrisés et intelligents, c'est aussi un roman sur le couple, sur l'amour et les souffrances que tout cela peut engendrer.

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Le Conformiste

Il y a finalement 2 livres dans « Le Conformiste ». Celui réussi d’un Moravia qui sait conduire avec maestria la progression d’un récit , avec cet art de mettre en valeur sa progression dramatique par la rigueur implacable de construction de chaque séquence, de blocs de tension et un équilibre judicieux de parties dialoguées d’une grande fluidité . Et puis il y a celui d’un écrivain qui dans le même temps, semble refuser sa confiance à l’ensemble de ces éléments et à la construction et l’évolution de ces personnages dans leur capacité d’évocation et de démonstration , en ne cessant de faire le commentaire de son œuvre pour mieux surligner les traits de son personnage principal au cas ou le lecteur jugé myope serait incapable de percevoir la démonstration.

Et pourtant à la question qu’est ce qu’un fasciste ? ou plutôt comment devient-on un fasciste, rien dans le parcours et dans l’itinéraire du personnage principal ne nous sera épargné dans la catégorie des explications causales : désert affectif durant l’enfance, violence sur animaux, fascination pour les armes , épisode traumatique, et de l’ordre plutôt de l’ordre du symptôme : le besoin d’adhérer à un univers normatif.

Par trop mécanique ce catalogue de déterminismes ne dit rien des raisons historiques et sociologiques qui poussent un jeune universitaire italien à adhérer à la propagande fasciste. C’est cette toile de fond , un regard impressionniste sur l’Italie des années20/30 qui fait défaut ici et qui aurait rendu le propos à la portée édifiante, moins didactique La notion même de conformisme n’est pas réellement interrogé.

Moravia dans la dernière partie de son livre semble prendre la mesure de cette ornière et choisit comme pour brouiller les pistes de l’achever sous forme de thriller au prix d’un captivant suspens et d’un improbable et artificiel coup de force scénaristique.

Un beau livre malade en quelque sorte.

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Le Mépris

Comment l'amour, sans que l'on ne s'en rende vraiment compte, mue-t-il en désamour au sein d'un couple? Question encore plus douloureuse quand elle ne concerne que l'un des deux protagonistes! Moravia traite cette éternelle interrogation avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité, appelant même L'Odyssée d'Homère au soutien de son analyse. L'esprit non distrait par le film de Godard que je n'ai pas encore vu, j'ai beaucoup apprécié ce roman psychologique très bien écrit.
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Moi et Lui

Une découverte de cet auteur italien pour moi et une tres bonne surprise le livre navigue entre litterature et psychologie pour mon plus grand plaisir.Je me suis régalé avec ce livre passionnant,ne le ratez sous aucun pretexte ! Humour et sincerite font le sel de ce eecit passionnant, a decouvrir sans délai !
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Les Indifférents

Les Indifférents est une manière de huis clos autour de cinq personnages, une famille de bourgeois en difficulté financière et l'amant de la mère qui la tient par l’hypothèque sur la villa que cette dernière à contracté auprès de lui. C'est une étude de mœurs d'une acuité sans merci sur une bourgeoisie à bout de souffle, vivant de faux semblants, minés par l'ennui, la lassitude, l'indifférence, la perte d'énergie vitale et de valeurs morales. Le fils de la famille, Michel, est un être plein de velléités, d'aspirations, de révolte, mais qui est toujours gagné par le renoncement. Son regard désabusé, distancié, spectateur, face au spectacle affligeant des attitudes et des postures des protagonistes fait de lui un second narrateur; c'est un Meursault avant l'heure.



Le présent roman est une oeuvre de jeunesse de l'auteur et qui a connu un fort beau succès de scandale. Il est vrai que la description acerbe de la turpitude morale et de la bêtise foncière des protagonistes est des plus réjouissante à l’œil de l'amateur de satyre et d'étude de mœurs acide.
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La Désobéissance

Un roman d'initiation que tout jeune adulte en devenir devrait lire. Moravia déploie ici une description juste et à laquelle chaque adolescent peut s'y identifier : le passage difficile de l'enfance à l'âge adulte. Cet adolescent, Luca passe par des moments de douleurs, de torpeurs, d'envie de mort... Il affronte son corps qui change, se transforme, la haine qu'il éprouve à l'égard de tout ce qu'il aimait auparavant : l'école, la complaisance de ces parents... Seul dans sa chambre d'étudiant, observant le temps changeant depuis sa fenêtre, il est lasse d'étudier, il n'a même plus la volonté de réussir quoique ce soit. Ses parents l'héritent : la bonté un peu naïve de son père faisant chaque soir les mêmes gestes mécaniques lorsqu'il lit le journal, la nature autoritaire et froide de sa mère. Il est fatigué d'obéir, il est fatigué de se soumettre, de se conformer. Un événement sera à l'origine de ce bouleversement de Luca : le jeune adolescent qu'il est surprend ces parents en train de cacher leur argent avidement, dans une coffre, derrière un tableau pourtant saint, en dessous duquel ils sont l'habitude de prier. Cette adoration de l'argent révoltera Lucas, il commencera à haïr la propriété, cette manie de la possession : il se débarrassera de timbres, de jouets... Enfin, il se lasse même de la vie. Il décide de chercher la mort pour désobéir à cette obligation qui lui est imposée : celle de vivre. Il tombe malade, se s'accroche plus à rien, la mort est vécue par lui comme un défi qu'il impose à la société et à ses parents. Mais, Il finira par guérir de cette maladie de la désobéissance en découvrant tout ce que peuvent apporter ces sens, en découvrant le plaisir charnel et sensuel à travers deux images de femmes quasi maternelles : une gouvernante et une infirmière qu'il va tour à tour désirer tout en éprouvant un sentiment paradoxal de dégout. Moravia décrit ici, simplement les tourmentes d'un adolescent, révolté et anticonformiste qui sera sauvé par ce que lui apportent ces deux femmes : un refuge auquel il peut s'accrocher.
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Histoires d'amour

La Feuille Volante n° 1245

HISTOIRES D'AMOUR- Alberto Moravia – Flammarion.

Traduit de l'italien par René de Ceccatty.



C'est une série de quatorze nouvelles écrites de 1927 à 1951 par Alberto Moravia (1907- 1990).



Parler de cet écrivain italien majeur n'est pas chose facile et le regard qu'il porte sur l'espèce humaine est acéré en ce sens qu'il dissèque à travers les personnages de ses romans et nouvelles, et avec pertinence, les rapports qui existent entre les êtres à travers leurs relations amoureuses, sexuelles ou sociales. Il s'intéresse en effet à la société italienne de son temps, puritaine, fasciste, bourgeoise, sur laquelle il jette un regard critique et choisit d'étudier plus spécialement les couples homme-femme .

Les personnages que Moravia met en scène sont souvent oisifs, peut-être rentiers, en ce sens que le lecteur n'a pas l'impression qu'ils ont besoin de travailler pour vivre. Ainsi peuvent-ils jouir de la vie sans grandes contraintes et l'auteur nous livre leurs états d'âme, leurs réactions face notamment à la séduction amoureuse qui est une des caractéristiques des êtres humains entre eux, même si ces manœuvres ne visent qu'à un moment d’exaltation charnelle pour ensuite n'être qu'un souvenir, avec son lot de regrets, de remords et un sentiment d'inutilité, de gâchis (La mexicaine). S'agissant des relations qui gouvernent un couple, cela ne va pas sans manipulations, trahisons, mensonges et adultères et bien entendu les désillusions qui vont avec, parce qu’ainsi les grands sentiments et les serments qu'on voulait définitifs sont foulés au pied et quand tout cela est révélé, celui ou celle qui en est victime en ressent l'impression malsaine de s'être trompé avant même de l'avoir été, ses certitudes antérieures définitivement envolées et éclatées sous les évidences. Il en résulte bien sur une bonne dose de frustrations, d'insatisfactions et on ne ressort pas indemnes de ce genre d'épreuves qui pourrit toute une vie et la confiance qui doit régir les couples en sort forcément meurtrie. Si les liens perdurent, ils sont forcément artificiels et minés par le doute et si tout cela débouche sur une séparation, c'est le goût amer de l'échec qui domine et que peut difficilement exorciser avec une autre liaison. Bien sûr, tous ne succombent à la luxure, au nom de l'amitié ou d'un rigorisme bourgeois ou religieux désuets, comme Perrone qui résiste à la sensuelle Véronica (Le malentendu) mais quand même les manœuvres de séduction sont là pour attester de ce besoin de tout remettre en question, pour manifester que l'amour entre les êtres n'est que factuel, peut parfaitement être bousculé voire anéanti par intérêt ou par opportunité et que finalement tout cela est interchangeable, dépend autant du hasard que du profit personnel. Contrairement à ce qu'on voudrait croire, l'amour passe et s'use avec le temps, n'a rien de perpétuel, même si on parvient toujours à jouer une sorte de comédie un peu triste autour de ce thème. Les personnages de Moravia évoluent souvent dans des décors hors d'âge, des villas isolées, sont souvent mal dans leur peau, fantomatiques, mélancoliques, hypocondriaques, désespérés au point que leurs relations impossibles ensemble se terminent souvent par la mort ou l'assassinat (L'amant malheureux – Retour à la mer), seule issue possible à cette solitude insupportable mais inévitable (Malinverno). Je retrouve chez lui la certitude que j'ai toujours nourrie que la relation durable et heureuse entre un homme et une femme dans une vie commune est difficile voire impossible et ce nonobstant le désir charnel (Retour à la mer) , y compris féminin (L'officier anglais). Ses personnages semblent perdus dans ce monde avec la jalousie et le secret qui baignent une amitié utopique mais aussi dans un monde injuste qui justifie la violence (Aller vers le peuple).

A la lecture de ces nouvelles j'ai ressenti une sorte de malaise, quelque chose de malsain qui préside à la rapports artificiels et froids qu'ils ont entre eux et ce malgré l'évocation de la beauté de certaines femmes. Ils sont ici mais assurément souhaiteraient être ailleurs mais je choisi d'y voir une réalité parfaitement humaine. Il y a comme un deuxième mouvement dans ce recueil, celui qu évoque la guerre et la période troublée du fascisme.

Moravia était surtout connu pour ses romans mais pour autant, l'art de la nouvelle ne lui était pas étranger, il ne tenait pas pour ce genre pour mineur et j'ai, comme toujours, apprécié son style fluide, à la fois précis, poétique dans les descriptions, agréable à lire et sa subtile analyse psychologique des personnages.



© Hervé GAUTIER – Mai 2018. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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L'ennui

J'ai adoré ce livre à plus d'un titre. Ayant vu le film de Cédric Kahn, je m'attendais à retrouver les pérégrinations d'un chercheur en philosophie hautain, obsessionnel et soporifique, mais le livre s'est finalement avéré beaucoup plus intéressant que son adaptation ciné. le style de Moravia est à la fois léger et intense, prenant et délicat. J'adore sa plume, l'art d'exprimer l'intime avec raffinement, et de questionner la passion amoureuse dans ce qu'elle a de plus coercitif.



Moravia raconte l'histoire d'un peintre oisif et privilégié qui perd toute inspiration (si tant est qu'il en ait déjà eu) et ne trouve pas de sens à sa vie. Dans les méandres de cet ennui congénital qui l'habite depuis toujours, impropre à la vie normale de Monsieur tout le monde, ne sachant que faire de lui-même, Dino se prend d'une passion sexuelle grandissante pour une femme inaccessible, insignifiante et finalement totalement ennuyeuse. A mesure que cette femme l'ennuie et le désarçonne par sa fadeur et son inconsistance, Dino ne cesse de chercher des réponses. N'arrivant ni à la cerner, ni à susciter chez elle d'intérêt réel, il ne reste plus que le corps sur le lequel se venger, le corps et le sexe à posséder. L'ennui constituerait-il la condition sine qua non à la naissance de la passion charnelle?





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L'ennui

La Feuille Volante n° 1096

L'ennui – Alberto Moravia – Flammarion.

Traduit del' l'irtalien par Claude Poncet.



Dino est un peintre abstrait raté de 35 ans. Fort heureusement pour lui c'est un riche bourgeois romain qui n'a pas besoin de cette activité pour vivre ou plus exactement un oisif dont la mère qui l'adore a beaucoup d'argent. Célibataire, il choisit cependant de s'éloigner de cette femme un peu étouffante, de s'installer dans un appartement qui lui servira aussi d'atelier mais sans pour autant couper définitivement les liens avec elle. Pourtant il choisit d'abandonner la peinture. Un peu par hasard, il rencontre Cécilia, un modèle de 17 ans qui posait auparavant pour un vieux peintre qui vient de mourir dans des circonstances suspectes et naturellement, ils deviennent amants. Pourtant, après une relation passionnée qui a duré deux mois, il veut la quitter sans raison valable, mais se ravise et la soupçonne de le tromper. Dès lors sa méfiance se fait plus précise d'autant qu'elle invente tout et n'importe quoi avec un grand naturel, de sorte qu'elle épaissit elle-même le mystère qui flotte autour d'elle. Elle devient insaisissable, inattendue, et pratique le mensonge avec désinvolture, ce qui a pour effet d'aiguiser encore la jalousie de Dino qui ainsi s'attache davantage à elle.

En réalité, j'ai bien l'impression que Dino est un insatisfait chronique que la vie oisive et insipide, quelque forme qu'elle prenne, ennuie profondément. Ses relations avec cette jeune nymphomane sont complexes et l'ennui qui en résulte pour lui tire son existence d'une incapacité à la posséder réellement ce qui génère chez lui une douleur insupportable. Il devient jaloux d'elle, de sa relation avec Luciani, un acteur sans le sou alors même qu'il avait décidé de la quitter. Ce roman se veut être consacré à l'ennui, soit, mais j'ai aussi lu de grandes digressions sur le mensonge, les soupçons, la jalousie et l'angoisse de l'attente puisque Dino, loin d'abandonner Cécilia, se met à l'espionner maladivement, ce qui nous réserve pas mal de longueurs. Le plus étonnant est sans doute que malgré l'amour impossible qu'il éprouve pour Cécilia, il admet la vénalité de la jeune femme et accepte de financer ses relations avec son autre amant. Ainsi se reconstitue le traditionnel triangle amoureux où Cécilia semble jouer un rôle passif, se donnant indifféremment à ses deux amants, alternant mensonges et vérités pour mieux vivre cette relation face à un Dino bizarrement compréhensif. Pourtant, ce dernier, dans le seul but d'échapper à cet ennui, se résout à la demander en mariage mais cette démarche ne plaît guère à la jeune femme qui refuse, ne pouvant ou ne voulant pas choisir entre es deux amants. Dino s'aperçoit alors que la possession même du corps de la jeune femme ne le satisfait pas, qu'il en conçoit même un certain ennui, mais refuse cependant de mettre fin à leurs relations. Il se révèle être un homme à la fois obsédé par cette femme et jaloux d'elle mais accepte cependant la réalité après avoir recherché le moyen définitif d'échapper à tout cela. C'est là un des thèmes centraux de l’œuvre de Moravia, le rapport de l'homme avec la réalité qu'il peine à accepter ce qui a aussi, dans son cas des accents autobiographiques autant que sociologiques, la société des années 1960, date de publication de ce roman, entrant dans la consommation à outrance et le néocapitalisme.

Tout le roman se décline en un long monologue mettant en évidence la déliquescence de la société bourgeoise ainsi que l’obsession du sexe et de son rapport avec l'argent. Les descriptions du corps et des postures de Cécilia ne sont pas exemptes d'un certain érotisme discret, mais, même si la littérature a largement illustré le thème de d'ennui, les longues digressions philosophiques auxquelles se livre l'auteur, dignes d'une dissertation du baccalauréat, ancienne section de « philosophie », m'ont parfois un peu ennuyé. C'est dommage parce que j'ai toujours beaucoup apprécié l'univers créatif de Moravia. C'est un peu comme si cette relecture, que je ne pratique pourtant pas volontiers, remettait un peu en cause l'intérêt que je lui porte.

© Hervé GAUTIER – Décembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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