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Citations de André Dhôtel (617)


On bavardait aussi dans les coins avec des filles, ou avec des garçons d'écurie. Alors on demandait des nouvelles du monde. Rien que ce vent de tempête qui pendant tout novembre souffla sans répit, avec des bourrasques à faire remuer la cloche au fond du clocher. Des tuiles de temps à autre se promenaient dans les rues comme des feuilles.
-- Tu ne connais pas ce vent-là, disait Tatane à Michael.
C'était un vent extraordinaire, pour qui savait l'entendre. Cela faisait un glissement continu comme une dizaine de cascades. Puis les arbres, les poteaux et les cheminées qui sifflaient. Du fond des cours montaient des grondements. Plus loin et plus haut, on sentait un chant clair et abandonné, comme si toutes les fleurs de l'été avaient ressuscité quelque part et s'étaient mises à parler. Ou, si vous voulez, là-haut le vent parlait des fleurs, des arbres chargés de feuilles pures, des herbes de la lande, et même peut-être des beaux magasins allumés dans les villes.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- pages 51-52]
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Il arrêta sa voiture en haut de la côté du Vivier et considéra l'étendue désordonnée de la Saumaie. Les pentes des collines se chevauchaient au-dessus du ruisseau. Des aubépines et des pommiers étaient encore en pleine fleur, en cette fin de mai. Le printemps avait été très tardif cette année-là. Ces flambées de fleurs surgissaient au hasard dans la verdure des prés et des bosquets, et semblaient insolites avec leur éclat intense au coeur de cette campagne déserte. Soudain l'idée lui vint qu'il ne retournerait jamais à l'Université.

[André DHÔTEL, "L'Honorable Monsieur Jacques", Gallimard, 1972 (réédition coll. "folio", 2003)]
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A peine était-il assis sur le talus qu'il aperçut le Mont Damion qui se dressait devant ses yeux, tout proche semblait-il. Ainsi on vit comme un aveugle pendant des heures ou des jours et tout d'un coup la beauté des choses surgit devant vous. L'isolement de cette colline qui tranchait sur le relief adouci de toute la région lui donnait une apparence rigide, malgré le désordre de la sylve qui s'y implantait. Fabien s'avisa de faire quelques pas afin d'explorer les parages.

[André DHÔTEL, "Le Mont Damion", Gallimard, 1964, réédition Phébus collection "libretto", 2006]
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Un désordre absolu. Qu'est-ce qu'ils étaient venus faire en ce lieu ? Mais cela valait la peine justement parce que c'était sans signification.

[André DHÔTEL, "Pays natal", Gallimard, 1966 (réédition Phébus "libretto", 2003)] (extrait cité par le peintre Camille Claus dans sa critique des "Dernières Nouvelles d'Alsace", 22-23 mai 1966)
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Le chat, lorsqu'il eut fini de boire, regarda Henri qui, lui-même, le regardait et restait immobile. C'était un rite. Il fallait que tous deux soient immobiles à un moment donné. Puis on détournait le regard et autour d'eux c'était de nouveau le jardin et le ciel, les bruits de la rivière et les mouches.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la Scierie", Gallimard, 1950 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
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La terre est immense, mais il y a des liens entre les choses.

[André DHOTEL, "Le pays où l'on n'arrive jamais", 1955, Pierre Horay éditeur, réédition J'ai Lu (1996) : page 142] (extrait choisi par Anne Mortal en son article "Le chemin pélerin. D'une fidélité à l'égarement" de l'ouvrage collectif "Lire Dhôtel", pages 117-129, sous la direction de Christine Dupouy, Presses Universitaires de Lyon, 2003, 190 p.)
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Tout, ce soir-là, était intensément lumineux et parfaitement désespéré.

[André DHOTEL, "Des trottoirs et des fleurs", Gallimard, 1981](extrait choisi par Aude Préta-de-Beaufort en son article "La religion d'André Dhôtel" de l'ouvrage collectif "Lire Dhôtel", pages 143-158, sous la direction de Christine Dupouy, Presses Universitaires de Lyon, 2003, 190 p.)
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On avait oublié le rêve sans savoir qu'on aurait pu s'en saisir.

http://wp.me/p5DYAB-TN
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Dans son pays grec, on lui avait appris qu'une faute reste toujours une faute et qu'il y a lieu de suivre le destin de cette faute, non de l'oublier facilement.
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Un soir d'été, s'étant allongé sur l'herbe du carrelage, les yeux au ciel, il avait vu deux hirondelles passer très haut comme des flèches, et les avait entendues crier très haut. Alors il s'ingénia à imiter les cris [...].

Parfois certaines d'entre elles vinrent se poser et gazouiller sur des fils électriques à trente pas de là, à mi-chemin du ciel. En vérité les hirondelles étaient ailleurs, et il souhaitait qu'elles demeurent ainsi dans ce monde supérieur.

[André DHÔTEL, "Pays natal", Gallimard, 1966 (réédition Phébus "libretto", 2003) -- page 25]
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Quand on parle des progrès de l'humanité on ne songe guère à cette foule de personnages qui ne se demandent jamais comment ils vivent.
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LE RETOUR
C'était une maison ancienne ,assez semblable à une maison d'Europe .Devant ,il y avait une longue grille faite d'entrelacs et surmontée de piques.La distance entre la grille et la maison n'était que de quelques mètres. Hélène parut à la fenêtre. Elle aperçut Gaspard,et aussitôt elle fit un geste pour lui signifier de lancer la balle.Gaspard déroula le fil de la bobine .Il en attacha à la corde ,puis il se recula un peu ,afin que la balle passe sans difficultés par-dessus la grille.(Page 126).
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page 146 :
"Ils arrivèrent sur la place où se dressait la tour de la cathédrale. Cette tour avait l'énormité d'un cauchemar, mais à mesure que les regards la suivaient dans sa montée vers le ciel, on était égaré par une beauté qui n'appartenait plus à la terre."
Collection "Le meilleur livre du mois" (Club du livre du mois), édition 1955.
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Ainsi on écoute ses manies ou ses lubies, on perd son temps, et le temps vous découvre des choses.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire et Cuire), 432 pages, 2020]
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Un jour, M. Larache organisa une sorte d'expédition au château de Marcoux, dont il prétendait faire visiter les lieux historiques (quelque histoire locale) à ses élèves. Désiré Joras lui avait donné toutes facilités, et Henri se trouva engagé dans la promenade avec Rémi.

— De cette fenêtre, autrefois, la comtesse de Marcoux, guettait le retour des chasses dans l'allée de la forêt (récitait l'instituteur).

Mais Henri regardait les portes fermées des appartements qui entouraient le vestibule. L'une de ces portes s'entrouvrit bientôt et Désiré Joras vint se joindre au groupe conduit par M. Larache et je ne sais quel intendant miteux. Désiré Joras portait une barbe grise. Il avait une taille de géant. IL s'avança vers l'instituteur pour lui serrer la main, mais il ne prononça pas une parole. Après force compliments, M. Larache, à court de mots, lui dit :

— Monsieur Joras, permettez-moi de vous présenter mon meilleur élève, Henri Chalfour.

Le châtelain acquiesça et regarda Henri. Une autre porte venait de s'ouvrir, et au fond du vestibule, une jeune fille parut : Eléonore. Ses regards croisèrent ceux d'Henri, puis elle passa et sortit sur le perron.
Ainsi s'éveillent au fond des jours et des années certaines images qui ne sont rien pour nous, et qui reviennent nous hanter lorsque nous sommes à moitié morts, abrutis par le travail et par des événements impossibles à comprendre.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la Scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950, PREMIERE PARTIE, chapitre III : "CHEZ SEMIGANT" ; réédition aux éd. Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — pages 52-53]
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— Que dire à ces gens ? gémissait M. Larache. Ils s'intéressent à un morceau de pain et à un rayon de soleil. Comment leur faire comprendre ce qu'est un ingénieur des Ponts et Chaussées ?

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", Gallimard (Paris), 1950 — rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS. Chapitre III : CHEZ SEMIGANT, page 52]
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Henri transportait le fumier sur une brouette à claire-voie. Les brouettes avaient toujours inspiré à Henri Chalfour un intérêt mêlé d'indignation. Chaque fois qu'une affaire difficile survenait, une brouette apparaissait dans sa vie, un peu avant ou tout de suite après.
A treize ans, Henri Chalfour était entré au service de Semigant, cultivateur à la ferme de Noselles, entre la noue de Chevagnes et le fleuve, à une demi-lieue de Caunes, et sa première besogne consista à monder les vaches et à porter le fumier au tas situé à l'extrémité de la cour. Henri fut éreinté dès le premier matin et vaguement enchanté aussi de faire de l'équilibre avec ces piles de fumier.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : "DES NUITS ET DES JOURS", CHAPITRE III : "CHEZ SEMIGANT" ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 51]
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Villadin est un hameau de l'Aube. Juste au-dessus du hameau s'élève une colline boisée avec des chemins frais et des sapins. C'est là qu'Albertine et Auguste Chalfour habitaient en 1875, lorsque Henri vint au monde. Rémi naquit deux ans plus tard. Les gens du village prêtèrent une attention tendre et courtoise à ces évènements, puis personne n'y pensa plus. Auguste travaillait avec Albertine chez les Romichard qui étaient cultivateurs.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Première partie : DES NUITS ET DES JOURS, Chapitre II : LE FLEUVE ET LE CHÂTEAU ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 432 pages, 2020 — page 33]
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Alexis s’était cru tout d’abord perdu dans ce pays. La solitude était angoissante et il éprouvait l’ennui d’avoir quitté les siens.
Mais bientôt il se passionnait à découvrir et à retenir dans sa mémoire les moindres tracés de ces champs et de ces bois inextricables. Aucun plan n’aurait permis de s’y retrouver. Il fallait reconnaître comme des images la terre même, les rocs, les groupes que formaient les arbres ou les plantes.
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De tout ce qui s'était passé ce soir-là et de ce qui se passa le lendemain, on n'apprit pas grand-chose en dehors de la Saumaie. À Bercourt on raconta qu'un vieux hangar avait brûlé et que le maire de Mauterre avait été « commotionné ».
On insista sur ce dernier mot qu'on aimait prononcer, et qui enlevait tout caractère dramatique à cet accident. En fait Darfaut devait se remettre d'une paralysie qui le tint au lit pendant deux semaines.
Cependant à Hersigny et à Mauterre les gens furent bouleversés lorsque le lendemain Joseph le garde champêtre rapporta qu'il avait entendu Rosalie menacer Darfaut d'un malheur, parce que Darfaut se faisait fort de découvrir la retraite de Viviane.
Déjà il y avait eu l'affaire du sapin de la Belle Étoile. Paralet assommé à cette occasion. Par qui on l'ignorait encore. On savait que, la veille, Viviane était montée dans la voiture qui emportait Darfaut, mais c'était Rosalie qu'on avait vue d'abord devant le corps du maire qui venait d'être foudroyé.
Lorsque l'on entendit les révélations de Joseph chacun éprouva le violent désir de rompre une fatalité dont on ignorait l'origine et la fin, mais dont Rosalie devait faire les frais. Qu'elle rende raison de ses menaces, qu'elle s'explique à propos de Viviane et qu'elle expie une bonne fois les passions qu'elle excitait. Dans les villages les idées et les décisions se propagent avec une étonnante rapidité, et il n'était pas huit heures du matin que des gens de Mauterre conduits par Carrier et deux ou trois fermiers d'Hersigny venaient frapper à la porte de l'école.
Ni les uns ni les autres ne savaient ce qu'ils souhaitaient. Les racontars faisaient rage. Maintenant on savait où était le mal. Il fallait avant toutes choses mater Rosalie et la faire sortir de sa peau.
À quoi cela mènerait, on verrait plus tard.
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