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Citations de André Dhôtel (617)


‒ Toi tu joues de la trompette. Moi, je peux bien me promener où je veux.
Comment en effet un joueur de trompette prétendait-il donner la leçon ? Oubliant pourquoi il était venu il se mit à rire. Elle rit avec lui.

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre XI, Gallimard, 1976 ‒ réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 238]
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Sans aucun doute, Gaspard avait été arraché à sa vie routinière d'une telle façon, qu'il se sentait entraîné de plus en plus vers l'inconnu. Il éprouvait malgré ses craintes, la joie de découvrir des choses qu'il n'avait jamais soupçonnées.
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SPLENDEUR (II)


N'étant ni ombre ni poussière
cependant nous pouvons jeter
dans le vent tous les signes
qu'on nous donna jadis
au catalogue des faux poètes.

La vérité doit sortir éclatante
de nos négociations répétées
nous-mêmes niés en premier
pour l'incendie des mondes
et la grâce du zénith.

p.167
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UN JOUR


Le premier tonnerre de l'année
porte la fête au grand silence
des vieux chardons et des herbages,
des cent vaches qui interrogent
et des villages prochains.

La nuée dit alléluia
avec des fleurs multipliées
au beau milieu de nos détresses
dans l'ombre sainte de la vallée.

Nous irons sur la route longue
et nous regarderons sans songer
les primevères sous l'orage
et le peupliers blonds d'avril.

p.174
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Et soudain, du haut des chardons eux-mêmes très distants et innombrables s'échappèrent dans une bise peu sensible des processions de graines plumeuses qui étincelèrent. Elles montèrent et s'éloignèrent en tous sens dans le ciel bleu. Bientôt cette envolée se perdit pour reprendre après un temps qu'on ne pouvait calculer.
Maximin murmura : "La clairière". [...]

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre XIV, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, pages 292-293]
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D'abord Maximin éprouva la nécessité de reconnaître la disposition de ces bosquets dont le nombre lui échappait. Comme il y avait entre eux des intervalles notables et même on pourrait dire incompréhensibles, Maximin fut soudain saisi par un espace impossible à définir. Cet espace apparaissait divisé comme le serait une gare de triage avec cette différence qu'il ne s'agissait pas de voies ou de directions tracées, mais de profondeurs chaque fois inappréciables.

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre XIV, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 292]
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Littérature : déclaration de sauvagerie – écrire dans un genre qui ne permette pas au lecteur de pénétrer l'auteur, ou de telle façon que l'auteur n'y livre rien de lui.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - page 27]
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ÂME EN PEINE


Si me cherchez me trouverez
dans les collines ensoleillées
dont ma vive âme en peine
choisit le fier séjour
naguère et maintenant.

À cause des feuilles d'érable
qui sans bruit dans le vent
recueillent le frisson
d'un monde pénétré
par des lumières étrangères.

Moi-même étranger perdu
dans un abîme contemplé
où les temps ne sont plus marqués
mais divisés par des biseaux
d'un rayonnement impair
dont la fin ni l'aurore
ne furent jamais dits.

p.20
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La simplicité de cette occupation de romanichel rend le monde plus vaste. C'est si peu de chose (et pourtant c'est un travail) que tout d'un coup on admire la forme bien combinée des arbres, l'appareil des nids d'oiseaux, le fond du ciel si naturellement composé, et les stratus et les peintures là-bas dans les musées des villes.

[André DHÔTEL, "La littérature et le hasard", notes rédigées de 1942 à 1945, texte établi et présenté par Philippe Blondeau, éditions Fata Morgana, 2015, 200 p. - page 26]
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Il était en avance. Quelle drôle d'occupation que regarder bouger la grande aiguille de l'horloge au-dessus du bar. Les gens prétendent que le temps file ; ça ne file pas le temps. Plutôt comme une plante qui pousse. Du moins, c'était l'opinion d'un agriculteur.

[André DHÔTEL, "L'azur", 1968, éditions Gallimard ; réédition collection "folio", 2003, 336 pages]
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Finalement les étoiles à l'horizon laissèrent deviner comme une nouvelle forêt dans l'invisible.
– Une nouvelle forêt, murmura Maximin.
Le lendemain, étant revenu s'asseoir derrière la maison, bien avant que le jour baisse, il fut repris par cette hantise forestière et il se dit qu'en effet ce qu'il y avait d'incroyable, c'est qu'à chaque instant tout semblait nouveau en raison même d'une immobilité presque intolérable. Enfin cessons de faire des phrases. Peut-être tout simplement cette campagne était belle, ni harmonieuse ni désordonnée, mais absolument étrangère à toute idée et à toutes proportions connues. On aurait dit désaxée. Alors le souvenir de Casimir lui revint plus poignant que jamais. Pourquoi Casimir avait-il passé certaine nuit dans la forêt ?

[André DHÔTEL, "Les Disparus", chapitre IV, Gallimard, 1976 – réédition Phébus, collection "libretto", 2005, page 81]
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En regardant cette belle vallée, on a le loisir de songer que la terres entière c’est le grand pays, mais cela ne nous satisfait pas complètement. On se dit qu’il faut rendre la terre encore plus belle, par le bonheur des hommes et par les histoires que l’on apprend inlassablement.
(p. 208, Chapitre 11, “Comment on en vient à corriger ses défauts”).
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L'HEURE TREMBLANTE


L'heure tremblante
précède l'heure nulle
où nous voyagerons au travers
du paysage qui éclatera.

Car c'est dans cet instant
que frémiront les apparences
pour nous conter le jour
et les fastes du jour sans joie.

Dans un instant mais pas encore :
c'est simplement promis
par l'exigence folle
de notre vérité.

Car nous devons savoir attendre
et saisir le moment
où toutes les choses se renversent
pour reprendre l'histoire aimée
parfaitement silencieuse
où les villages et les prés
s'inscrivent comme des mots
ressurgissant avec l'ardeur
de nos pensées et de l'été.

Il aura suffit de cueillir
une feuille inutile
et de la respirer
dans l'espoir qu'autour d'elle
s'animent les maisons
les cours et les jardins
et l'arbre dont nous rêvions
porteur de pommes ou d'ranges.

Car rien n'existe à telle heure
en notre ciel en notre terre
sinon ce tremblement au bord
de l'avenir insaisissable.

p.87-88
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Il y a dans les bois une grande paix fraternelle. La nuit, dans les ténèbres, on y aperçoit plus de choses que pendant le jour, car les moindres bruits ont une portée considérable. (p.156)
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Un silence. Le jour baissait.
Une amitié profonde soudain entre les deux hommes. Pas une amitié jurée. Rien qu'un moment qui vous saisit.
L'ombre de la nuit montait de l'herbe et de la route.
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‒ Mon fils, disait le papas, quand tu regardes le ciel, tu peux choisir par la pensée une étoile parmi des millions d'étoiles. Si extraordinaire que cela te semble, la richesse la plus insensée ne saurait forcer ton regard, et si tu as décidé de fixer les yeux sur un point unique de l'espace, personne au monde ne t'en détournera [...]
‒ Ah , révérendissime, objectait Epaminondas, j'ai toujours préféré regarder les yeux des filles. Les étoiles sont inanimées, mon père, et elles n'ont pas pitié de nous.
‒ Dans les yeux des filles, disait le papas, tu verras plus de millions d'étoiles qu'au fond du ciel le plus pur, car les filles dérobent sept pensées dans chaque pensée [...]. Si tu regardes les yeux des filles, il te faudra songer toujours au ciel.

[André DHÔTEL, "Ce lieu déshérité", Gallimard, 1949 ‒ réédition : Phébus coll. "libretto", 2003, chapitre IV, page 83]
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Avant la Révolution un Bassarier avait été fermier général. Tous les représentants de cette famille s'étaient appliqués à maintenir en même temps que leur prestige une tradition de paresse solennelle. Ils s'enfermaient dans leur maison comme des princes déchus par une erreur essentielle de l'univers, inaccessibles, excentriques, occupés de chasse et de lectures. Ils ne cultivaient pas les terres, dédaignaient même de gérer leur patrimoine, se bornant à recueillir des héritages qui fondaient sur eux, ou des revenus dont la source sembla toujours mystérieuse. On disait qu'ils possédaient des mines. Ils dissipaient leur fortune avec ennui, de temps à autre partant pour de longs voyages, achetant des chevaux, des trésors d'art, puis bazardant ce qu'ils possédaient lorsque le notaire parvenait à les convaincre qu'ils s'étaient ruinés.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- pages 44-45]
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Du potager on voyait se développer les profondeurs de cette lande, et on distinguait les pins dans l'éloignement et les bouleaux.
-- Tu connais pas la lande, observa Ramusot en se remettant au travail avec acharnement. C'est un endroit plein de fleurs où on peut aller presque jamais. Il n'y a que le grand Pierre avec les moutons.
-- Qui c'est le grand Pierre ?
-- C'est un copain.
Ramusot avait sans doute à peu près le même âge que Michael, entre seize et dix-sept ans. Le grand Pierre en comptait dix-huit.
-- Moi j'irai dans la lande si ça me plaît, dit Michael.
-- T'iras si le patron veut que tu y ailles.

[André DHÔTEL, "Le Maître de pension", Grasset, 1954 -- page 28]
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La voiture de mon père était un "tonneau" en osier avec des roues légères qui semblaient glisser sur le gravier du chemin de halage et elle était menée à fond de train par un poney noir. Je n'ai pas tardé à somnoler avec les paupières à demi ouvertes, pour m'amuser comme font les enfants, et je mélangeais dans ma rêverie la crinière du poney avec les étoiles. Toutes les choses étaient intenses, surtout le ciel de la nuit que je n'avais jamais vu si noir ni avec des étoiles aussi vives. Je me sentais heureux et perdu.

[André DHÔTEL, "La tribu Bécaille", Gallimard, 1963 - pages 86-87]
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Nous avions un but que nous ignorions nous-mêmes. Nous croyions jouer un jeu. Certes, je me montrais assez désorienté, et Jenny toujours sûre d'elle-même. Et pourtant nous avions la même prétention. Nous nous jetions dans les événements sans savoir que nous voulions je ne sais quel véritable et impossible amour. Elle avait pu rêver de moi et ne pas trouver en moi ce qu'elle avait rêvé. Pour moi, c'était le contraire. J'acceptais tout ce qui était en elle, mais sans savoir ce qu'elle était. Nous vivions pour quelque chose d'absolument inconnu, comme tous les êtres le font sans doute. Mais nous avions mis en branle des événements qui s'étaient précipités dans le sens de nos voeux impossibles et inconscients, avec une force si effrayante que quelqu'un devait périr sans doute.

[André DHÔTEL, "Mémoires de Sébastien", éditions Grasset, Paris, 1955 (réédité dans la collection "Les Cahiers Verts", 1967) — page 258]
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