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Citations de André Dhôtel (617)


Il était arrivé à Jonas de regarder les étoiles, le soir, avec son oncle. Mais c'était autre chose de se trouver là dans une solitude totale sans comprendre ce qui s'était passé, au milieu d'une plaine ouverte sur un infini tranquille et lumineux. Cela paraissait inutile bien sûr de chercher à connaître quoi que ce soit, et de se soucier de ce qui était arrivé ou de ce qui arriverait.

Victor gardait le silence. Jonas, à côté de lui, adossé au talus du fossé, le visage tourné vers les étoiles, oubliait qu'il était Jonas Souchalant, futur élève de première au lycée. Simplement étonné d'être vivant, dans le lointain des espaces fourmillant d'étoiles.

- Est-ce que tu crois qu'il y a un Dieu ? demanda Victor.

Jonas ne répondit pas. Il ne songeait pas à répondre. La question était merveilleuse et il n'y avait rien à dire de plus.
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Antoine alla jusqu'à la maison de l'écluse. Un vieil homme ramassait des radis au milieu du jardin. Il lui parla. Ce devait être Chaupille.
‒ Il ne passe pas beaucoup de péniches par ici.
‒ Une tous les quinze jours.
‒ ça ne vous fait pas beaucoup d'occupation.
‒ Je m'occupe aussi du barrage sur la rivière, mon fils.

[André DHÔTEL, "Un jour viendra", Gallimard, 1969 (réédition Phébus coll. "libretto", 2003 ‒ page 131)]
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Ainsi l'on remet toujours naïvement l'heure de la séparation, comme nous l'avons maintes fois observé et comme nous le dirons encore. La séparation apparaît tellement fatale qu'il est doux de gagner quelques heures et n'importe quelle histoire, si vous y songez bien, n'est jamais qu'une histoire de gens qui s'entretiennent, se querellent ou se saluent longuement pour prolonger leur réunion sur une terre où tout semble passager et où tout s'enfuit au fond du temps.
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[Extrait en CITATION d'une ample critique d'Hubert Juin du trentième roman d'André DHÔTEL : "Un jour viendra (1969) - "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]

"LES MERVEILLEUSES IMAGES"

" L'Ardenne est un pays étrange, plus complexe qu'on ne croit, nombreux même, qui tantôt découpe des paysages de plaine, avec des prés chiches, des bosquets semés en désordre, où les routes se tortillent, entravées par des sentiers un peu hagards, il y a des mares couvertes de lentilles d'eau, puis des bras de rivière aux détours desquels se nichent les touffes de cresson, - et, tantôt, plus loin vers l'est, le visage se durcit : ce sont les sapinières qui abritent la ténèbre et le silence, des gisements d'ardoise, un ciel plus sombre. Mais ici et là, les jardins sont semblables, dans lesquels les maisons sont enfermées : ce sont des arceaux où les rosiers font des voûtes et d'où s'effondrent les cloches du lilas. [...] En sa soixante-dixième année, André Dhôtel vient de rajouter une strophe admirable à cette sorte de louange pastorale en qui son oeuvre s'est muée. "Un jour viendra", qui est une légende, fait plus complet le poème, ajoute à l'ensemble cette touche de vie moderne qui, par là même, démontre que les images, en tout temps, pour qui sait voir, sont merveilleuses."

[Hubert Juin, "Les merveilleuses images" - revue "Les Lettres Françaises", n°1320 - 4 au 10 février 1970]
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– Avouez, dit Bertrand, que je n'ai pas de chance.
– Comment, s'écriait M. Garache, le libraire, je vous prends la main dans le tiroir-caisse, et vous osez...
– Vous deviez, coupa Bertrand, rentrer ce soir à sept heures comme d'habitude. Il n'y a jamais eu une exception en cinq ans.
– Préméditation par-dessus le marché, dit M. Garache. Et comment avez-vous appris cela ? Qui êtes-vous ?
– Tout le monde connaît vos habitudes, assura Bertrand. Qui je suis ?
Bertrand parut saisi par un grand étonnement. Le vieil homme dit avec une fureur froide :
– Il ne me reste plus qu'à téléphoner à la police.

[André DHÔTEL, "Lumineux rentre chez lui", Gallimard, 1967, 288 pages (réédition Phébus collection "libretto", 2003, 288 pages – page 15 : "incipit")]
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La banalité des faits divers nous exaltait, et je connus ainsi les premiers gestes de David, qu’on surnomma, à Bermont, l’enfant au coeur insensible.

[André DHÖTEL, "David", Editions de Minuit, 1948].
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« Il y avait un chat assis à l’autre bout du parapet. Un chat est capable de contempler jusqu’à l’infini un paysage à peu près inexistant…Il tourna la tête vers la chat, dont il aperçut l’éclat des yeux verts éclairés par quelque lampadaire du voisinage. Pourquoi ces yeux étaient-ils magnifiques s’ils n’apercevaient que des choses ordinaires ?...Pourquoi ce chat était-il si digne ? »
André DHÔTEL, auteur peu connu gagne à être découvert ne serait-ce que pour sa prose poétique.
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– Toi, tu cultiveras des cailloux à Soligny, poursuivait Lucienne. Eh bien ! je vais faire quelque chose pour toi. Je te sème ici un noyau de cerise, et dans cinquante ans tu auras des milliers de cerises. Alors tu penseras à moi.
Huit jours plus tard, Alcide devait cesser de penser à Lucienne. Dix ans plus tard, il faisait fortune en exploitant des carrières, et de nos jours encore on peut voir le cerisier.

[André DHÔTEL, "Idylles", Gallimard, 1961 - rééd. collection "folio", Gallimard, 2003, nouvelle "La nuit d'été", page 159]
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Comme une ondée passait, ils s'abritèrent contre la porte en haut du perron. Vers le matin, Jeannine s'était endormie sur la pierre nue, alors que Martinien parlait encore. Il l'enveloppa dans la pèlerine, lui mit son sac sous la tête et lentement il la déchaussa. Les gros souliers de marche et les chaussettes étaient gonflés par la pluie comme des éponges. Martinien réchauffa les pieds de la jeune fille contre sa poitrine. Puis il les garda dans ses mains et il fut extrêmement satisfait quand l'aurore lui permit d'apercevoir le dessin des orteils, alignés comme les roseaux des flûtes de Pan.

[André DHÔTEL, "Idylles", Gallimard, 1961 - rééd. collection "folio", Gallimard, 2003, nouvelle "Idylle au Chesne-Populeux", page 35]
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Il se redressa pour la regarder. Le vent du matin rabattait le châle d'Angélique sur son visage. Félix se prit à imiter à mi-voix le cri d'un oiseau loin dans le ciel. Cela ressemblait à l'appel d'autrefois dans les rues de Namur mais c'était encore autre chose.
Elle le regarda. Alors il saisit son châle et l'arracha brusquement. Il dit : "Puceronne !"
La lumière de ses yeux de de son visage n'avait pas vieilli d'un jour, depuis ce temps... Depuis quel temps ? C'était étonnant comme le soir où elle l'avait délivré (on n'oublierait jamais), ou encore comme cette nuit sous le réverbère quand il l'avait reconnue (on n'oublierait jamais).
Ils entendirent le hennissement du cheval dans l'air du matin. Apolline était partie avant l'aube pour une chevauchée dans la forêt et elle redescendait la pente sur le verger. Quand mourrait-on ?

[André DHÔTEL, "Pays natal", Gallimard, 1966 - réédition Phébus "libretto", 2003, pages 257-258]
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Des silences passaient dans ces bois, comme s'ils creusaient des avenues supplémentaires.

[...]

Un chevreuil sauta par-dessus un hallier, et présenta son poitrail et sa tête attentive. En une seconde il disparut. Jacques n'assista pas à cet événement, car il creusait avec un bâtonnet des dessins dans le sable du sentier. Armande ne tarda pas à le rejoindre :
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je pense à toi.

[André DHÔTEL, "Nulle Part", 1943, Gallimard, 242 pages ; réédition Editions Horay, 2005, 312 pages -- chapitre VI, page 91]
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A cause du chant de l'écluse, je ne pouvais pas résister. Le monde n'était plus le monde, alors il fallait bien arroser ça.
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Moi, que ma tante vouait à la routine, j'ai été emporté par un cheval pie, envoyé ici par un coiffeur baroque, et voilà que je joue aux dames avec le fils d'un collectionneur de moustaches de chat, qui est immensément riche.
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La semaine précédent le mariage fut dominée par ce silence devant la fenêtre. Ils s'en souvinrent jusque dans la cohue des Galeries Lafayette.
Il y eut même une après-midi remplie d'une joie immense. En passant sur le boulevard Montparnasse, Julien acheta deux roses pour Odile qui lui proposa aussitôt d'aller prendre le train à la gare voisine, n'importe quel train. Leurs regards exprimèrent un accord immédiat. Il fallait dépenser sans retard l'enthousiasme, en le semant dans la plus grande étendue possible.
Un omnibus les conduisit à une petite gare entourée par un lotissement affreux. La plupart des arbres avaient été emportés par le vent.
Ils pataugèrent avec une extrême satisfaction le long d'une allée où trois modèles de villa se répétaient à perte de vue jusqu'à un arrière plan semé de meules échouées.

http://wp.me/p5DYAB-1rT
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Les jeunes filles qui, sept ans auparavant, chantaient des rondes dans les rues, songeaient à se marier.

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Surtout le destin avait des regards qui vous fixaient du fond du ciel ou dans l'entrelacs des haies. On ne se l'avouait jamais. En même temps le monde n'en paraissait que plus désert et plus abandonné, parce que de telles croyances se perdaient dans l'infini et qu'on n'y pouvait rien.

[André DHÔTEL, "les Premiers temps", Gallimard, 1953 ‒ réédition Phébus collection "libretto", 2004 ‒ pages 157-158]
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Julien cueillit quelques noisettes. Une mélancolie profonde tombait sous les arbres. Il n'y avait pas un brin d'herbe. Des champignons étaient épars ça et là. Il y en avait des blancs et des orangés.

[André DHÔTEL, "Le Village pathétique", Gallimard, 1943, page 275]
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Nous mêlons nos propres histoires aux éléments. Il n'y a jamais qu'un croisement d'aventures venues de toutes parts. L'étonnant c'est de se trouver là où elles se croisent sans raison.

[André DHÔTEL, "Ma chère âme", Gallimard, 1961 (réédition Phébus, coll. "libretto", 2003)]
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La vallée ! Ses mille chemins, ses penchants couverts de prés, de bois, de cultures. Vers le sud l'immense plateau ondulé qui sépare la Seine de l'Yonne, et où les nombreux villages se perdent dans l'étendue. Il y avait ces futaies et ces halliers sans fin dans une région de marécages où Eléonore aimait faire de longues promenades, où elle avait rencontré Dufard au temps de sa franche jeunesse. Comment une campagne si vaste n'aurait-elle pas abrité tant d'événements, dont l'aventure d'Henri Chalfour n'était qu'un mince épisode ? Il avait tué Jarnicot et l'on savait aussi qu'il avait eu un enfant avec une fille de bonne famille, Rosine Villiers, qui s'était mariée à Troyes.

[André DHÔTEL, "L'Homme de la scierie", éditions Gallimard (Paris), 1950 — Deuxième partie : QUAND NOUS NOUS REVEILLERONS, Chapitre IV : QUAND S'EST TISSEE LA TRAME, page 265 ; rééd. aux éditions Sous le Sceau du Tabellion (Caluire), 2020 — page 277]
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Il regardait d'un air rêveur tantôt le revolver, tantôt le visage de Fabien. Jamais il n'avait songé que l'herbe et les arbres autour de la maison pouvaient exprimer d'un moment à l'autre tant de désespoir.
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