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Critiques de Anne Perry (1968)
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La Marque de Caïn

Sixième enquête de William Monk.🎩





Geneviève Stonefield requiert les services de détective de William Monk afin de prouver le décès de son mari, Angus. Celui-ci aurait été assassiné par son frère jumeau, Caleb auquel Angus apportait une aide financière régulière. L'enquête menée par l'inspecteur semble corroborer les craintes de l'épouse. Ne reste plus qu'à arrêter le meurtrier afin de le traduire en justice et permettre à l'épouse d'obtenir justice pour ses enfants et elle.

De son côté, Hester Latterly se retrouve confrontée à une épidémie de Typhoïde dans les bas quartiers de Londres : Limehouse. Ses contacts avec la population locale pourraient aider William dans sa traque. Son intérêt pour l'inspecteur n'est pas seulement amical... et voir William attirer par une certaine Drusilla Wyndham lui fera un drôle d'effet.

Toutefois, les apparences sont trompeuses... et William risque de l'apprendre rapidement...





Voici l'exemple parfait expliquant le bonheur éprouvé à lire une œuvre d'Anne Perry ! Dans cette nouvelle enquête policière, le lecteur est comblé avec, d'une part une intrigue palpitante et incroyablement bien pensée et agencée par l'auteure ; une évolution des personnages des plus intéressante ; et, pour terminer, un cadre historique et social de l'Angleterre victorienne des plus passionnant. Bref, on apprend tout en se distrayant ! Quel régal.🤗





Avec les séries policières à personnage récurrent, la crainte est souvent de voir les intrigues répétées. Ici, Anne Perry démontre son talent avec une intrigue complètement basique au départ (la disparition et la mort d'Angus perpétré par son frère jumeau Angus) et nous offre une enquête excitante où le lecteur est constamment surpris. Le tout dure jusqu'au final qui est... SPLENDIDE D'INGÉNIOSITÉ ! C'est à se demander si Anne Perry à l'esprit tordu !





Comme toujours, le plaisir avec les livres d'Anne Perry n'est pas seulement dans le récit, mais réside également dans la sphère historique qui nous est présentée. Certes, l'aspect historique est moins académique qu'un livre d'histoire... mais il n'en reste pas moins qu'il apporte tout son charme à son oeuvre.

Dans ce roman, La marque de Caïn, Anne Perry nous relate de manière poignante l'abandon des quartiers pauvres de Londres, soumis aux épidémies en raison de l'absence d'un système d'évacuation des eaux usées. Les autorités compétentes de l'époque refusent d'investir puisqu'ils ne sont pas concernés et considèrent que la population de ses bas-fonds est de toute manière condamnée à mourir... alors si ce n'est pas une épidémie, ce sera de faim ou de froid. À quoi bon dépenser des sous ?

L'autre donnée historique concerne comme souvent dans l'oeuvre d'Anne Perry, la place des femmes dans cette société victorienne. Ici, nous découvrons qu'une femme ne peut prétendre aux biens de son époux tant que celui-ci n'est pas déclaré mort. Ainsi, une femme et ses enfants peuvent aisément se retrouver à la rue.





Enfin, quel plaisir de suivre l'évolution de notre trio de personnages. Entre un Monk menacé dans son honneur, une Hester toujours aussi vindicative et un peu jalouse ... et un Oliver Rathbone amoureux, mais silencieux... Il y a de quoi prendre plaisir. Seul gros bémol cependant : l'intrigue concernant Monk et Drusilla est malheureusement trop vite expédiée. Elle aurait mérité plus de place dans le récit et un développement plus poussé. La méthode employée par Hester est machiavélique et j'aurais aimé que cela soit plus présent.





Pour résumer, les enquêtes de William Monk sont une valeur sûre pour les amateurs de romans policiers victoriens. La marque de Caïn est une véritable pépite machiavéliquement bien écrite et dont l'intrigue ne pourra que vous régalez.

Bonne lecture. Quant à moi, vivement la prochaine enquête !!😄

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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 1 : ..

Je me suis lancée a l'aventure de cette série policière.. une envie suite aux différents billets qui me sont passés sous le nez.



Je ne suis pas complètement séduite par ce premier tome, pour la simple raison que j'ai deviné assez vite qui était l'étrangleur. Certes sans en savoir les raisons, ni le pourquoi du comment. Pour cela il m'a fallu attendre la fin.



J'ai par contre apprécié les personnages ,l'époque bien entendu et surtout la plume de l'auteure. Alors du coup je me dis que ce roman d'introduction pose les bases et que la suite pourrait être excellente.



Je reste donc sur ma réserve avec l'espoir que la suite sera de grande qualité
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Le Temps des armes

Second tome de la saga Reavley.🌍





Avril 1915. L'Angleterre suite à l'invasion de la Belgique a déclaré la guerre à l'Allemagne. Dans les tranchées d'Ypres, Joseph Reavley tente d'apporter son aide aux soldats en tant qu'aumônier. Après chaque combat, il n'hésite pas à franchir les parapets afin de chercher des blessés au milieu des trous d'obus. Les hommes sont épuisés et peu nombreux : entre les conditions de vie dans les tranchées où rats, puces, poux et morceaux de chair de soldats sont légion, les hommes manquent également de munition et de nouvelles recrues. La soeur de Joseph, Judith Reavley a quant à elle décidé d'apporter son aide et de mettre ses talents de conductrice comme ambulancière.

De l'autre côté de la Manche, Matthew Reavley travaille toujours pour les services secrets. Ses services sont débordés et doivent gérer de nombreuses informations sur différents fronts. Pour autant, aucun des enfants Reavley n'a oublié leur but ultime : trouver le commanditaire du meurtre de leur parent connu sous le nom de Pacificateur. Celui-ci d'ailleurs est bien décidé à poursuivre ses plans machiavéliques en sapant le moral du peuple anglais....





Le temps des armes est plus sombre qu'Avant la tourmente. Ici, plus d'insouciance, de paysages verdoyants anglais, mais la description des tranchées en Belgique, des conditions de vie misérables des soldats et leur moral. Ce second opus est plus sombre, plus effrayant que le premier et ne fait aucune concession à l'Histoire et montre l'enlisement du conflit dans les tranchées.

Anne Perry a su trouver le moyen de décrire les deux modes de vie antinomique qui cohabite au travers de cette famille. D'un côté, nous suivons Joseph et Judith qui vivent et travaillent au milieu des tranchées où les gaz moutarde sont utilisés par l'ennemi. L'environnement est décrit comme froid, humide, gris, mais possédant une camaraderie à toute épreuve. De l'autre côté, nous suivons avec Matthew et Hannah les conditions de vie en Angleterre où les journaux parlent de la guerre, des pertes, mais où les music-halls restent ouverts. Cependant, ce mode de vie semble changer puisque l'absence des hommes permet aux femmes de découvrir le monde du travail. Ce conflit annonce clairement que les choses ne seront plus ce qu'elles étaient.





Côté intrigue policière, Anne Perry nous propose ici une enquête philosophique et morale comme pour la première (où il était question de tuer une personne pour en sauver des milliers). Lorsque le reporter Eldon Prentice est retrouvé noyé dans un trou d'obus, Jospeh doit décider s'il doit poursuivre sa quête de vérité ou fermer les yeux. Son enquête le conduit sur le front italien à Gallipoli où les Anglais se font massacrer. Le récit est poignant, le courage, l'abnégation sont mis en avant avec juste ce qu'il faut sans tomber dans le pathos.





Ce second volet de la saga Reavley est le plus expressif. Anne Perry offre ici une image saisissante du conflit et de l'abnégation des soldats, n'hésitant pas à se sacrifier. C'est poignant et fort.

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La disparue de Noël

C'est un vrai polar que Anne Perry propose avec La disparue de Noël!

Un conte de Noël, aussi.

Isobel, Isobel!... Tes paroles cruelles envers Gwendolen risquent de te valoir l'ostracisation de la gentry anglaise prompte à te condamner. Gwendolen se suicida et tu es la responsable toute trouvée! Autant dire une condamnation à mort pour toi, Isobel, sans possibilité de refaire un bon mariage et de retrouver les réceptions auxquelles ton rang t'a habitué!

Bon. Il y a une solution pour expier et te racheter: Une vieille coutume du moyen-âge déterrée par l'astucieux Omegus Jones... Mais ce ne sera vraiment pas de la tarte! Mais Lady Vespasia va t'accompagner à la recherche de la maman de Gwendolen, tout la-haut dans les Highlands...

Vespasia qui a peut-êtrequelque-chose à se pouver, aussi...

Tu parleras à Mrs Naylor et lui donnera la dernière lettre, non décachetée, qu'a laissée sa fille avant de se jeter dans l'étang.

Attends, attends... Tu n'est pas encore arrivée au nord, avec cet hiver qui s'installe.

Bouh! j'ai eu froid, en lisant le bouquin: Anne Perry s'y prend à merveille pour frigorifier le lecteur... Comme elle donne un aperçu glaçant de cette haute société anglaise de ce 19e siècle. Lorsque l'on gratte le vernis, ce n'est pas joli-joli... C'est même parfois assez saumâtre avec des réalités sordides et des vérités qui font mal.

Une belle histoire et un beau conte, réellement!
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Un étranger dans le miroir

« Vous avez affaire au monde tel qu'il est et pas comme vous considérez qu'il devrait être ».

Cette phrase toute simple et si vraie pourrait résumer le propos de ce roman dont l'action se passe à Londres et dans les alentours, en 1856.



Monk, notre détective dont c'est la première histoire, doit affronter cette maxime. Suite à un accident de « cab », taxi mené par un cheval, il se réveille à l'hôpital après des jours sans conscience, et qui plus est, sans plus aucune mémoire ! Dans le miroir, il voit un étranger ! Nous découvrons Monk en même temps qu'il se révèle à lui-même...stratagème bien futé de la part de l'auteure.

Le voilà devant « le problème existentiel de sa propre identité. Il repartirait de zéro, sans préjugés favorables ou défavorables à son égard. Peut-être apprendrait-il plus sur la nature profonde de l'homme qu'il était, vierge de toute espérance. Quelles étaient ses croyances, ses vraies valeurs ? Quel était son moteur dans la vie ... à l'exception de l'ambition et de la vanité ? »

Quelques indices lui permettent de dire qu'il était un homme orgueilleux et dur...Pourrait-il arriver à changer ce qu'il était ?

A vrai dire, cette notion plus philosophique n'est qu'évoquée partiellement, ce que je regrette.



En effet, elle laisse la part belle à l'enquête policière.

Car il y a eu crime. Et crime atroce : un jeune aristocrate, Jocelyn Grey, a été battu à mort dans son appartement. le chef de Monk qui ne parait pas l'apprécier outre mesure, et c'est un euphémisme, le charge de l'enquête s'avérant délicate, car elle conduit Monk dans le milieu aristocratique ô combien imbu de lui-même et méprisant vis-à-vis de la police.

Et nous découvrirons avec effroi les réactions guindées, corsetées de cette classe habituée à se faire servir et à se croire supérieure. Les femmes se feront remarquer de manière plus spéciale, car elles sont importantes, quoiqu'en pensent ces messieurs.

Le tout sur fond de guerre de Crimée, cette guerre si lointaine, là-bas du côté de la Turquie, servant les intérêts des hommes de pouvoir et menée par des généraux arrogants, mais dont la répercussion est rude car elle a opéré sa coupe mortelle dans bien des familles. Florence Nightingale et ses infirmières y font preuve d'audace et d'innovation, mais que de morts, encore !



Société de castes, jeux d'influences, argent, manigances de toutes sortes...

Monk et son nouvel adjoint Evan ont été les meilleurs pions pour m'introduire à leur suite dans l'époque victorienne.

Et pourquoi pas y rester le temps d'encore quelques tomes ?

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Vocation fatale

Quatrième enquête de William Monk.





Callandra Daviot (voir Un étranger dans le miroir) contacte William Monk suite à la découverte dans une goulotte à linge du Royal Free Hospital du cadavre de Prudence Barrymore, ancienne infirmière de Crimée retrouvée étranglée. Cette demande a aussi pour but caché de protéger un des médecins étrangers qu'elle admire secrètement : Kristian Beck. Afin de seconder notre détective, Callandra fait également appel à Hester Latterly afin que celle-ci puisse mener discrètement quelques investigations au sein même de l'hôpital.

Rapidement, les soupçons se tournent vers Sir Stanhope, éminent chirurgien. Des lettres écrites par la victime laisseraient entendre une romance.... Seulement, les apparences sont parfois trompeuses...😏





Incontestablement, Anne Perry possède une plume incroyable et sait comment garder son lecteur sur le qui-vive jusqu'à la dernière page. Un vrai régal à lire. 😍



À travers ce quatrième opus des enquêtes de William Monk, Anne Perry aborde sans concession la place des femmes dans cette société anglaise très moralisatrice et qui pourtant cache bien des horreurs sous un vernis d'aristocratie. Ce roman s'ouvre au départ sur une enquête de viol dans la haute société pour ensuite découler vers l'intrigue principale, celle d'un assassinat au sein d'un établissement hospitalier. L'intrigue est maîtrisée et le lecteur complètement captivé par un scénario intelligent et humain.



Comme toujours, le grand plus de cette intrigue revient au découpage de l'intrigue en deux temps : l'enquête menée par Monk conduisant à l'inculpation d'un suspect ; et, le procès mené tambour battant par Oliver Rathbone qui utilise sa rhétorique pour faire parler les témoins. Dans celui-ci Rathbone va se surpasser. 😉



Les personnages récurrents de la série sont indéniablement un des grands points positifs de cette série. le trio Monk/Hester/Rathbone est d'une fraîcheur et par moment d'un humour incroyable. de plus, ce quatrième ouvrage permet à William Monk de comprendre une partie de son passé, concernant la terreur qu'il a pu inspirer à ses anciens collègues.



Les autres personnages ne sont pas en reste. Nous avons au travers des différents protagonistes, une description de la société aristocratique avec ces messieurs imbus de leurs personnes, ces dames moralisatrices et détachées de la réalité et, une description plus crue grâce notamment aux infirmières travaillant au sein de l'hôpital.





Sans contestation possible, le grand atout de cette série se trouve également dans les aspects historiques évoqués et dénoncés.



Ici, Anne Perry dénonce sans sympathie la place des femmes dans cette société anglaise patriarcale où la femme n'est qu'un objet de reproduction et de paraître. L'homme peut prendre son plaisir quand bon lui semble voire même se permettre quelques abus du moment que tout cela se fasse discrètement. La société ne veut pas entendre parler de viol au sein de la famille même, des grossesses à répétitions entraînant parfois la mort des femmes.

Dans ses conditions, les femmes en sont réduites à des solutions extrêmes. Et même là, la classe sociale intervient. Ainsi, pour un avortement, une femme de bonne famille le fera faire par un chirurgien lui détectant une "tumeur" et avec un minimum de soin , alors qu'une femme anglaise sans ressources se retrouvera à faire appel à une faiseuse d'ange exerçant à l'arrière d'une boucherie par exemple et dans des conditions hygiéniques déplorables.



Anne Perry prend également sa plume pour nous décrire les conditions de travail dans les hôpitaux de l'époque et les méthodes de soin employées. Sans hésitation, vous apprécierez notre époque.😀

Les hôpitaux de l'époque sont des mouroirs. Les conditions d'hygiène sont inexistantes avec des chirurgiens opérant les patients les uns à la suite des autres dans les mêmes vêtements; des soins postopératoires se résumant à attendre de voir si le patient survit ou pas. le personnel infirmier est effrayant puisque les infirmières ne sont pas formées aux soins : souvent ces femmes sont des alcooliques, des femmes pauvres n'ayant trouvé que ce travail.



Au cas où vous auriez un doute : j'ai adoré !!

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Un deuil dangereux

Deuxième tome de la série William Monk.





William Monk doit enquêter sur le meurtre d'Octavia Moidore, retrouvée dans sa chambre, gisant dans son sang. Une enquête des plus difficile pour William Monk puisqu'il doit jongler entre les faits, la pression sociale de la famille de la victime et sa conscience. Lors de cette enquête, William Monk exclut rapidement un meurtre commis par une personne venue de l'extérieure : il ne lui reste qu'une seule possibilité à savoir un habitant de la maison. La famille presse l'enquêteur de se tourner vers les domestiques de la maison puisqu'il va de soi qu'un être bien né ne commettrait pas un acte si abject.... et les domestiques qui eux attendent en quelque sorte que l'épée de Damoclès s'abatte sur l'un d'eux. Seulement, plus Monk poursuit et découvre des faits, plus il est persuadé que le meurtrier fait partie de la famille. Une enquête qui le conduira à prendre une décision concernant son avenir...





Ce second tome est sans contexte une véritable plongée dans une Angleterre d'autrefois. D'une part, l'enquête est assez complexe pour entraîner le lecteur sur diverses pistes et envisager divers suspects... d'autre part, au fil de cette enquête, Anne Perry nous dépeint une Angleterre victorienne très conformiste, voire protocolaire : les classes sociales sont décrites avec cynisme et réalisme où le noble peut tout se permettre et le faible subir. Nous ressentons au travers de ce livre, les pressions des "nobles" dès que l'on touche à l'un d'eux et leurs abus de pouvoir afin d'obtenir gain de cause voire étouffer une affaire.

La police n'en était qu'à ses balbutiements à cette époque et l'on peut dire, qu'elle n'était pas très appréciée : voire des inconnus fouiller dans la vie d'autres n'enchantait guère les nobles qui avaient pour habitude de régler leurs problèmes à leur manière et avec discrétion.





Enfin, que dire de la vie quotidienne de l'époque? Nous pourrions penser que les nantis étaient mieux traités que les pauvres... certes, mais à quel prix. Dans ses familles aisées, le chef de famille avait pour obligation de recueillir chez lui ses parents pauvres (suite à un décès, une perte d'emploi), mais souvent, ils étaient rabaissés. Les domestiques quant à eux subissaient les pires crimes sans se plaindre puisque dénoncer équivalait à finir à la rue sans possibilité de retrouver un emploi. Ainsi, certains "maîtres" se permettaient sans vergogne de violer les bonnes pour ensuite les renvoyer ensuite une fois enceintes.





Une époque sombre relatée avec brio par Anne Perry, mais aussi une époque de découverte, de nouveauté notamment dans le domaine médical avec l'éther, la quinine même si la société médicale de l'époque était réticente à utiliser ces nouveaux médicaments. Nous avons dans ce livre une description hallucinante des hôpitaux au travers du regard d'Hester Latterly.





Pour conclure, une enquête menée avec brio où l'auteur nous fait envisager toutes les possibilités avant de nous révéler les vraies raisons du crime. Une fois le livre terminé, on se dit qu'Anne Perry est d'un machiavélisme incroyable et on en redemande.
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Dans l'oeil du cyclone

Premier tome d'une nouvelle série crée par Anne Perry, qui démarre en 1933 dans une famille anglaise dont le grand- père dirigeait le MI6 , alors que la grand- mère était décodeuse. Désormais , ils sont à la retraite, leur enfants ne se doutent de rien, ils ont payé un lourd tribut à la première guerre puisque Mick, le petit-fils adoré y est mort ainsi que le mari de Margot , une des petites filles.

Mais , on est en 1933, et Margot et sa soeur Elena, vingt-huit ans, photographe, sont en Italie pour la dolce vita. Elena fait la connaissance d' un journaliste , qui meurt dans le train sous ses yeux, non sans la charger d'une mission à Berlin. Elena n'écoutant que son courage partira pour la ville allemande, et aura de graves ennuis...

Je ne suis pas enthousiaste sur ce premier tome, j'ai trouvé qu'il démarrait trop vite ( qu'Elena dont l'ex amant s'est avéré un espion, rempile aussi tôt sur une autre relation, qui plus est, avec un inconnu, m'a laissée perplexe, on est en 1933...).

Je n'ai pas pu en continuant cette lecture , me départir d'une sensation d'invraisemblance . Anne Perry prête aux personnages des réflexions qui sont celles d'aujourd'hui (pas sûre qu'en 1933, les gens aient été aussi clairvoyants et que dans le feu de l'action, ils aient pu sortir de belles phrases, profondes, moralisatrices... )

Beaucoup de répétitions : Elena qui petite, posait des question à son grand-père "Pourquoi...? Comment...?" , pour faire comprendre à la lectrice que cette fille en a dans sa caboche...

Mais cela reste un roman bourré d'action pour qui aime les héroïnes obligées de trouver en elles, la force et le courage. L'Allemagne entre deux guerres , qui progressivement et graduellement , bascule dans l'horreur: les Chemises Brunes, La Gestapo, les livres qu'on brûle... Tout cela est très bien montré.

Je ne déborde pas d'enthousiasme pour suivre cette série, on verra ...
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Un étranger dans le miroir

Anne Perry nous fait entrer dans Londres en 1866.

Un homme se réveille à l'hôpital après un mois de coma.

Il apprend qu'il a eu un accident de cab. Il est vivant mais a perdu la mémoire.

Il apprend par son supérieur qu'il s'appelle William Monk, est inspecteur de police, qu'il enquêtait sur l'assassinat de Joscelyn Grey, jeune officier blessé à la guerre de Crimée, frère de lord Shelburne.

Très compliqué, il ne se souvient d'aucun détail de l'enquête et va devoir retisser le fil des évènements avec son jeune collègue.

Parallèlement, William Monk doit retrouver ses souvenirs.

Il semble sortir de cet accident plus sensible qu'avant, va rendre visite à sa soeur Beth mais c'est pénible pour lui qui ne reconnaît même pas son visage.

L'enquête est passionnante et nous révèle que la victime n'est pas le charmant jeune homme qu'on croit découvrir.

Ce n'est que dans dernières pages que la vérité éclate.

Dans toute l'histoire, Monk aura gagné une alliée dans la personne d'Hester Latterly, ancienne infirmière en Crimée et je devine bien qu'elle aura un rôle important dans les autres livres où Monk apparaîtra.

C'est le genre de livre où je ne rate pas une ligne car s'imprégner de l'ambiance, c'est faire partie de l'histoire en tant que spectatrice.

L'écriture est magnifique.

La traduction de Roxane Azimi est de grande qualité avec une grande diversité de vocabulaire.



Challenge plumes féminines
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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 1 : ..

Cette enquête policière est la toute première mettant en scène l'inspecteur Pitt et Charlotte Ellison, qui deviendra sa femme et partenaire tout au long des trente et quelques enquêtes suivantes.

L'histoire se déroule à Londres à l'époque victorienne et l'inspecteur Pitt est souvent amené à enquêter au sein de la bourgeoisie.

Ici, des femmes sont étranglées dans Cater street, une rue dans laquelle vivent des notables.



L'ambiance est particulièrement bien décrite, on ressent vraiment le froid mordant, la pluie, le soir qui tombe, les gouttes de pluie qui s'insinuent dans la nuque, on entend des bruits de pas derrière nous sans voir qui que ce soit, on n'ose sortir dès que le nuit tombe, même pour se rendre chez un voisin.

Bref, j'ai adoré cette atmosphère très british où l'on est content de rentrer se blottir dans un fauteuil devant la cheminée, tout en brodant, en lisant le journal (les hommes seulement, car cela n'est pas considéré comme une lecture digne des femmes !) et en buvant un thé bien chaud ou un verre de porto au besoin.



A cette époque, et dans les milieux aisés, les femmes n'avaient pas beaucoup de droits et elles passaient donc tout leur temps à papoter, à se rendre visite les unes aux autres, elles s'occupaient des pauvres en leur tricotant des mitaines, en leur recopiant des recettes ou en apportant du réconfort aux malades et aux démunis...bref, elles n'avaient quand même pas grand chose de constructif à faire et elles adoraient donc cancaner et répandre des rumeurs, ce qui bien souvent, servira à aider à la résolution d'affaires criminelles.

Un roman très agréable qui permet de comprendre comment l'inspecteur et son épouse se sont rencontrés et de mieux comprendre les différences de classes.
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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 1 : ..

Charlotte Ellison, fille d'Edouard et de Caroline, a deux sœurs, Sarah mariée à Dominic et Emily courtisée par un Lord. La famille Ellison fait partie de la bonne société de Londres, ils ont un majordome, une cuisinière et une bonne. Cette histoire débute en 1881 dans un quartier huppé de la capitale anglaise. C'est dans cet environnement que des crimes sont commis, sur des jeunes filles, dans Cater street. L'enquête est confiée au séduisant inspecteur Pitt de Scotland Yard ...

L'étrangleur de Cater street est le premier volet d'une série d'enquêtes menées par l'inspecteur Pitt.

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Les Tranchées de la haine

Quatrième tome d’une série de cinq romans policiers et historiques consacrés à la Première Guerre mondiale, Les Tranchées de la haine est dédié au frère d’Anne Perry, chirurgien militaire. S’est-elle inspirée de lui pour inventer le personnage du Dr Cavan, courageux chirurgien qui tente comme il peut de sauver la vie des blessés que Judith, l’ambulancière, et Joseph, l’aumônier du régiment, lui amènent ? Peut-être.



Ce roman offre en tout cas une reconstitution sans doute fidèle des conditions de vie épouvantables qui devaient être celles des soldats dans les tranchées d’Ypres, il y a un siècle. Nous sommes en 1917 et un souffle de mutinerie se propage sur le front car le taux de mortalité est si élevé que les soldats survivants se révoltent. Lorsque le major Northrup, fils d’un général, vient remplacer le précédent commandant, décédé au combat, il se montre tellement incompétent que les soldats ne peuvent que désapprouver ses décisions. Elles ont en effet provoqué la mort d’un nombre incalculable d’hommes ou des blessures d’une gravité extrême, des mutilations irréversibles, des amputations dont le Dr Cavan a été le témoin.



Chacun de ces hommes était l’ami ou le frère d’un autre. Aussi, pour faire comprendre au major ses torts et le forcer à écouter les conseils de soldats moins gradés mais plus expérimentés, le capitaine Morel, un ancien élève de Joseph, à l’époque où il enseignait les langues bibliques à l’université de Cambridge, et le Dr Cavan ont l’idée d’un simulacre de cour martiale qui se terminerait par un verdict de condamnation et un peloton d’exécution avec des balles à blanc.



Mais un des douze soldats impliqués déteste tellement Northrup qu’il tire avec de vraies balles pour se venger. Judith et Joseph vont tout tenter pour sauver les onze accusés du peloton d’exécution car un seul homme est coupable de meurtre. Lequel ?



Ce quatrième tome est poignant et décrit un quotidien insoutenable qui a marqué et détruit toute une génération. Que reste-t-il pour les survivants ? Le désir de s’accrocher à des idéaux d’amitié, de solidarité, de camaraderie qui pousse Judith à aider les accusés à s’évader au péril de sa vie puisqu’elle risque elle aussi d’être condamnée à mort. Quant à Joseph, son frère, il va devenir l’avocat de ces soldats qu’il côtoie depuis trois ans et qui sont tous originaires de la même région que lui, même s’ils n’appartiennent pas au même milieu social.



J’ai aimé sa ténacité, ses doutes et l’énergie du désespoir qui l’anime. Il est le personnage charismatique de cette série de cinq romans. Ses échanges avec le capitaine Morel, son ancien élève, sont un des moments marquants de ce livre. Que feront-ils, s’ils survivent, après la guerre ? Plus rien ne sera comme avant 1914, l’ancien monde a été englouti pour le meilleur et pour le pire. Les morts ne ressusciteront pas mais tout va changer et le capitaine Morel imagine déjà un monde nouveau et plus juste, où les hommes nés pauvres ne serviront plus de chair à canon, où il n’y aura plus d’injustice sociale et de cloisonnement strict en fonction de la naissance.



Un autre idéaliste nettement plus ambigu, sombre voire machiavélique domine cette série de romans. Son identité est une énigme. Les quatre enfants Reavley, Joseph, Matthew, Judith et Hannah l’ont nommé « le Pacificateur » car il est prêt à tout, même au meurtre, pour obtenir la paix. Il a même fait assassiner John et Alys Reavley, leurs parents. Il souhaitait avant-guerre que l’Angleterre et l’Allemagne signent un traité dans lequel elles se partageraient le monde et qui garantirait à l’Angleterre de récupérer ses anciennes colonies dont les États-Unis.



L’énigmatique et insaisissable « Pacificateur » que Matthew, officier des services secrets, ne cesse de traquer depuis le début, aimerait désormais que des hommes innocents soient fusillés pour l’exemple. Une condamnation cruelle et injuste provoquerait une révolte légitime, sur le modèle de la Russie avec la révolution de Lénine et Trotski qui renverse le gouvernement de Kerenski. Elle mettrait enfin un terme à la guerre.



Mais Joseph, qui désire comme tous les soldats la fin de ce conflit, ne peut accepter que ses amis soient sacrifiés sur l’autel des idées et de l’idéologie. Il est la figure positive de ce roman, la lumière au milieu des ruines. Parviendra-t-il à sauver ces hommes otages de la folie d’autres hommes ? Richard Mason, journaliste proche de Judith, ne croit pas cet exploit possible. Désabusé, il est persuadé que tout sacrifice est vain alors que Judith et Joseph sont prêts à risquer leur vie pour leurs amis accusés de meurtre et d’insubordination. Deux conceptions du monde s’affrontent dans ce récit prenant. J’attends avec impatience de connaître dans le dernier tome l’identité de ce mystérieux « Pacificateur ».

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Défense et trahison

Troisième enquête mettant en scène le trio de choc : William Monk, Esther Latterly et Me Oliver Rathbone.





Lors d'un dîner chez les Furnival, le général Thaddeus Carlyon est retrouvé mort. Ce dernier aurait fait une chute du haut du hall de l'escalier – ce qui aurait pu passer pour un accident – si l'on n'avait pas planté une hallebarde dans son abdomen. Honte pitoyable pour un général de se faire empaler. Rapidement une enquête est menée et Alexandra Carlyon, son épouse avoue le crime sans hésiter et prétexte la jalousie qu'elle éprouvait vis-à-vis de leur hôtesse, Louisa Furnival qui aurait été l'amante de son époux. L'affaire pour tous semble claire, nette et sans bavure et ne nécessite même pas de procès. Seulement, Edith la belle-sœur d'Alexandra demande à Esther Latterly de lui trouver un avocat afin de la défendre et de faire la lumière sur les mobiles.

Me Oliver Rathbone après avoir rencontré Alexandra sent immédiatement que quelque chose ne semble pas très clair concernant les motifs l'ayant poussé au crime. Il est bien décidé à trouver des éléments permettant de commuer la peine de pendaison en un homicide involontaire donc quelques années de prison. Monk est donc engagé afin de mener les investigations avec l'aide d'Esther Latterly et ce qu'ils découvrent peu à peu a de quoi les faire vomir…





Le titre de cette enquête dit tout en deux mots. Défense et Trahison et cela dans les deux camps. Que cela soit du côté de l'accusé, Alexandra qui n'a pas hésité à tuer son mari afin de protéger son enfant des horreurs commises par ce dernier à son encontre. Du côté de la famille de Thaddeus (notamment la mère) prête à tout pour défendre l'honneur de sa famille en dépit des pires horreurs afin de garder une place dans la société. Chacun des camps se sent trahit : Alexandra par la bonne société, la famille de son époux… la famille Carlyon par le crime perpétré par leur bru et les « désagréments » occasionnés. Un même monde à savoir la société hupée anglaise mais deux attitudes diamétralement opposées l'une de l'autre. Alexandra a réagi en tuant alors que Mrs Carlyon elle a préféré fermer les yeux.





Comme toujours dans cette série, le livre se décompose en deux temps avec leurs héros distincts. La première concerne l'enquête menée par Monk afin d'appuyer les faits ou trouver des éléments permettant d'innocenter la cliente de Rathbone. La seconde concerne le procès où Rathbone faisant preuve d'une grande éloquence d'un esprit calme et posé assène face à une cour totalement contre lui les preuves permettant de faire la lumière sur ce meurtre. Ces deux temps permettent au lecteur de s'immiscer au plus près dans la bonne société anglaise, d'en découvrir les règles et les mœurs. La partie où Rathbone plaide en faveur de sa cliente permet de comprendre cette société dans un cercle plus large au travers de ses institutions, des lois qui la régissent, des ressentis du public. Voir le public au tribunal arrivé et attendant avec un plaisir sincère une condamnation et voir la plaidoirie de Rathbone mettre à mal leurs principes rigides, leurs règles de bienséance en apportant des éléments montrant la dérive de leur système social est passionnant à lire.





Ajouter à cela, à la fois le passé effacé de Monk qui en plus de mener ses investigations est assailli de réminiscence d'un passé qu'il a perdu suite à un accident (lire Un étranger dans le miroir) et décide de mener une enquête en parallèle le concernant. Ses découvertes ne sont pas toutes positives puisqu'il découvre à chaque fois un homme froid, imbu de lui et rabaissant les autres, ce qu'il n'est plus aujourd'hui.





Enfin, le petit élément qui égaye un peu cette enquête vient du trio amoureux que forment nos trois personnages. Les pics que s'envoient Monk et Esther sont venimeuses alors que les échanges entre Rathbone et Esther sont plutôt timides.





Cette série n'est pas seulement une enquête policière. Anne Perry nous offre ici un regard de la société anglaise peu réjouissant où l'honneur est plus important que tout quitte à taire des horreurs. La femme n'est qu'une pouliche à qui il n'est demandé que d'apporter un héritier : elle ne possède aucun droit sur ses enfants, ne peut intervenir dans leur éducation sans l'accord du mari, demander le divorce. Bref, deviens purement et simplement un objet faisant partie des possessions de la famille. Le seul moyen qu'il reste à la disposition de la femme est donc soit de se taire, soit de passer de l'autre côté de la loi en assassinant son époux. Même dans ce cas, la loi est encore là pour rappeler cette dominance des hommes avec la condamnation quasi systématique de l'épouse.

Une société qui également joue sur le paraître où la morale, l'honneur sont mises en avant et pourtant cela n'empêche pas ces mêmes personnes de s'adonner à l'immoralité. Anne Perry le démontre subtilement au travers du portrait élogieux de Thaddeus Carlyon dressé par ses pairs alors qu'en privé il se vautre dans la monstruosité ; avec également la liaison de sa sœur hors mariage et les conséquences engendrées.





Une série policière tout simplement CAPTIVANTE d'un point de vue historique et de l'enquête policière. 👍
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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 13 :..

Encore une histoire qui démarre sur les chapeaux de roues pour l’inspecteur Thomas Pitt. Pour une l fois qu’il peut profiter d’une représentation théâtrale en compagnie de sa douce et tendre moitié, alias charlotte, ne voila-t-il pas qu’un juge occupant la loge voisine décède brusquement. On va très vite découvrir qu’il a été empoisonné ….

Heuuuh…Stop !.....Un empoisonnement ? Mais ?? Il me semble bien que le titre de cet épisode est « Le crucifié de Farriers’Lane ». Bon, ce n’est qu’en enquêtant sur le profil de la victime que nous allons découvrir, en même temps que Pitt, que le juge Stafford était sur le point de réouvrir une ancienne affaire qui datait d’il y a cinq années.

Un homme avait été crucifié, et le présumé coupable jugé, condamné à la pendaison et exécuté dans la foulée. Et si l’on avait condamné un innocent ?

Pour trouver le meurtrier du juge Stafford, Pitt va devoir aussi s’intéresser à cette ancienne affaire, les deux meurtres étant plus que probablement liés.

C’est entre autre dans le milieu des artistes que l’enquête va se diriger, ce qui va aussi nous permettre de découvrir un peu plus la mère de Charlotte. Mais les suspects foisonnent et il faudra aussi fouiner dans des endroits où Charlotte pourra évoluer sans se faire remarquer.

Une très bonne enquête, sur fond d’antisémitisme et de préjugés, et où l’on mesure bien que dans ce domaine, les choses n’ont pas vraiment évolué dans le bon sens depuis….





Challenge Mauvais Genres 2022

Challenge A travers l’Histoire 2022

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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 11 :..

Cela faisait un bon moment que je ne m’étais plus aventurée à Londres en compagnie de Charlotte et Thomas Pitt.

Dans ce onzième épisode de cette série qui en compte une bonne trentaine, l’histoire commence sur les chapeaux de roues avec un incendie qui ravage une maison dans le quartier de Highgate. Il y a une victime qui est l’épouse du médecin à qui appartenait cette demeure. Le fait que cet incendie soit d’origine criminelle va amener l’inspecteur Pitt à enquêter dans ce quartier qu’il ne connait pas très bien.

La victime était-elle réellement la cible de l’incendiaire ou était-ce plutôt son mari qui aurait dû se trouver chez lui à ce moment ? Beaucoup de questionnements en perspective car ce dernier ne comptait pas que des admirateurs dans son entourage.

Evidemment, au vu du statut social de Pitt, certaines portes lui demeurent fermées, ce qui va permettre à son épouse de pouvoir fourrer son nez partout afin de l’aider. Elle va être secondée par sa sœur Emilie, et elles ne seront pas de trop pour comprendre tout ce qui se trame derrière les portes fermées de la bourgeoisie avoisinante.

Anne Perry excelle dans ses histoires, qui sous couvert de résolution d’enquête criminelle, égratignent l’Angleterre victorienne, où tout est dans le paraître et les apparences.

Un très bon cru.



Challenge A travers l’histoire 2022

Challenge Mauvais Genres 2022

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Les Anges des ténèbres

Comment survivent les familles à l’arrière d’un conflit ?



Telle est la trame des Anges des ténèbres, troisième tome d’une série de cinq romans sur la Première Guerre mondiale. Chaque tome est consacré à une année de cette horrible boucherie qui ensanglanta toute l’Europe de 1914 à 1918 et changea le regard porté sur la guerre. Elle ne fut plus perçue comme une noble prouesse héroïque mais davantage comme ce qu’elle était en réalité : un carnage qui a anéanti toute une génération de jeunes hommes. Naquit ainsi l’idée pacifiste qui se développa jusqu’à ce que la Seconde Guerre mondiale n’y mette à nouveau un terme et qui continue, de nos jours, d’inspirer les acteurs de la construction européenne.



Les Anges des ténèbres se déroule en 1916. Joseph Reavley a été blessé et est rapatrié en Angleterre où il entame sa convalescence chez sa sœur Hannah, à Saint Giles, un petit village, dans la maison de leurs défunts parents. John et Alys Reavley ont été tués à cause du Pacificateur, un homme à l’identité mystérieuse, prêt à commanditer des meurtres pour arrêter la guerre.



J’ai retrouvé avec plaisir les frères Reavley, Joseph et Matthew qui travaille dans les services secrets et cherche qui est le responsable de la mort de ses parents. La piste des nationalistes irlandais serait-elle la bonne ?



Ce tome évoque la situation douloureuse des familles à l’arrière à travers le personnage d’Hannah, dont le mari Archie est au front. Rentrera-t-il vivant, le reverra-t-elle un jour et dans quel état ? Parviendra-t-elle à lui parler, à trouver les bons mots, combler le fossé qui s’est creusé entre eux ? Archie ne souhaite pas lui raconter son quotidien, de peur de l’effrayer. Joseph a été blessé mais n’a pas subi de trop graves mutilations. Il reprend son métier de pasteur et essaie de réconforter ceux qui n’ont pas eu cette chance. Que dire pour soulager une pareille détresse ? Certaines mutilations sont si effrayantes qu’elles laissent sans voix. Le collègue de Joseph, Hallam Ker, ne sait que dire, il est complètement dépassé et a perdu la foi. Il compte sur Joseph pour prendre le relais. Toujours aussi charismatique, ce dernier sait redonner confiance. Finira-t-il par retourner au front pour aider ceux qui y sont restés et ne sont pas encore morts ?



La guerre se joue aussi et surtout, en ce début de siècle, sur le terrain scientifique. Les scientifiques cherchent une technique qui permettra à la torpille de toucher sa cible à chaque fois. Le camp qui possédera cette technique sera victorieux et arrêtera la guerre. Voilà pourquoi le Pacificateur a placé un espion à l’Institut scientifique dirigé par Shanley Corcoran, un ami du père de Joseph. Lorsque Theo Blaine, un jeune chercheur talentueux, est assassiné, c’est la panique. Qui peut bien être responsable de cette trahison ? Cela ne peut être qu’un proche. Tout le monde devient suspect et les repères sont bouleversés.



Ce tome montre bien les rivalités entre chercheurs, tous désireux de rentrer dans l’Histoire et marquer d’une manière décisive leur époque. J’ai trouvé la révélation finale à la fois émouvante et cruelle, elle obligera l’un des personnages à faire un choix douloureux mais crucial.



À travers le personnage d’Hannah, Anne Perry rend un vibrant hommage à nos aïeules et au rôle majeur qu’elles ont joué en remplaçant avec brio les hommes aux champs, à la banque, dans tous les domaines qu’ils occupaient avant la guerre. Ce rôle leur a d’ailleurs permis d’obtenir le droit de vote, sauf en France, où les femmes ont dû attendre la fin de la Seconde Guerre mondiale pour avoir ce droit civique. Les Britanniques étaient apparemment plus progressistes que les Français…



Les Anges des ténèbres est davantage un roman historique que policier et, cent ans après la Première Guerre mondiale, sa lecture offre un regard nouveau sur ce sanglant conflit. J’ai regretté que la bataille de Verdun ne soit pas davantage évoquée mais les événements sont relatés du point de vue britannique et non français.



Le personnage de Judith, sœur d’Hannah, est peu présent. Son traumatisme face aux horreurs de Verdun est marquant. De nombreux sujets sont ainsi survolés dont les manœuvres des services d’espionnage et de contre-espionnage ou la révolution qui semble se préparer en Russie pendant que Lénine se cache en Suisse. Richard Mason, journaliste pacifiste, reçoit pour mission du Pacificateur de retrouver Trotski et de le tuer s’il envisage de poursuivre la guerre lorsque la révolution russe aura eu lieu. Tous ces thèmes, que je trouve passionnants et qui me donnent envie de poursuivre ma lecture, seront probablement évoqués dans le quatrième tome consacré à l’année 1917, année charnière et révolutionnaire. Il me tarde de connaître enfin l’identité de ce mystérieux

« Pacificateur »…

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Avant la tourmente

Pour préserver la paix, jusqu’où peut-on aller ? Jusqu’au meurtre ?

À la veille de la Première Guerre mondiale, John et Alys Reavley sont victimes d’un accident de voiture mortel, le 28 juin 1914, jour de l’assassinat de l’archiduc d’Autriche, François-Ferdinand. Une crise diplomatique sans précédent met l’Europe à deux pas de la guerre et du chaos. Avant de mourir, John, ancien député, a appelé son fils Matthew qui travaille pour les services secrets et vit à Londres. Il lui a annoncé détenir un document capital qui prouverait l’existence d’un complot qui ruinerait l’honneur de l’Angleterre et impliquerait jusqu’à la famille royale. Le document est introuvable mais Matthew et son frère Joseph découvrent sur la route les traces d’une herse et d’une corde qui auraient provoqué la mort de leurs parents. La maison a été fouillée. Qu’avait donc appris John Reavley qui puisse justifier son assassinat maquillé en banal accident ?



Avant la tourmente est le premier tome d’une série de cinq romans historiques et policiers consacrés à la Première Guerre mondiale. Le premier tome est dédié au capitaine Joseph Reavley, grand-père d’Anne Perry, qui a servi comme aumônier dans les tranchées pendant la Grande Guerre, comme on l’appelait avant qu’il n’y ait la Deuxième Guerre mondiale, qui a réussi l’horrible exploit de dépasser la première dans l’échelle de la barbarie. Les consciences modernes ont alors songé que tenter d’établir une paix durable entre les nations ne serait sans doute pas idiot et permettrait d’éviter la destruction de la planète et, avec elle, celle de l’espèce humaine.



Mais le monde de 1914 est radicalement différent. Anne Perry nous le fait découvrir à travers l’histoire de la sympathique famille Reavley : deux frères, Matthew et Joseph, et deux sœurs : Judith et Hannah. Ils décident d’enquêter sur la mort de leurs parents. Qui en est à l’origine : les indépendantistes irlandais ou des diplomates proches de l’Allemagne qui se servent du noble idéal de la paix pour tenter d’asservir le monde, se le partager en promettant au Royaume-Uni qu’il gardera toutes ses colonies et récupérera même les anciennes : les États-Unis d’Amérique ?



J’ai beaucoup aimé le personnage de Joseph qui se pose sans cesse des questions. Il a été pasteur mais, depuis la mort de sa femme Eleanor, il n’exerce plus son ministère et enseigne à la place les langues bibliques à l’université de Cambridge. Un de ses étudiants, Sebastian Allard, est retrouvé mort d’une balle dans la tête. L’arme a disparu. Le jeune homme était perturbé par la possible guerre à venir qui détruirait la beauté de la civilisation. Adulé par sa mère, il avait cependant des zones d’ombres. Il pouvait être arrogant et manipulateur. Il est passé sur la route où les parents de Joseph ont été tués, au moment du meurtre. Avait-il vu le coupable ? Qu’est-il arrivé à ce jeune homme idéaliste et pacifiste ?



Au-delà de l’intrigue policière, ce roman captivant offre une réflexion sur la guerre, la paix, la liberté, l’asservissement, la civilisation, la culture qui unit un peuple. À travers des personnages qui sont soit tourmentés comme Sebastian Allard, soit s’interrogent comme Joseph, Avant la tourmente fait surgir des débats qui seront encore plus présents dans le deuxième tome Le Temps des armes, au cœur des tranchées et de la barbarie. Ils m’ont fait réfléchir à notre époque, à l’influence du passé sur la pensée pacifiste moderne. A-t-on réussi à faire disparaître la guerre ? Les horreurs qui se déroulent en Syrie, en Irak notamment témoignent du contraire. Faut-il aider un peuple asservi à retrouver sa liberté ? À quel prix ? Quelles en sont les conséquences ? Comment y faire face ? Qu’en est-il du courage, de la lâcheté ; de l’honneur, de la magnanimité, des plus basses compromissions pour protéger ses intérêts, de la banalité du mal dont parlait Hannah Arendt ? Autant de questions à méditer à partir de ces deux romans sur la Première Guerre mondiale.

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Un étranger dans le miroir

Premier tome de la saga William Monk.



William Monk se réveille après un accident de fiacre et découvre qu'il a totalement perdu la mémoire. Son nom "William Monk" et sa fonction de policier il ne l'apprend que grâce aux propos de l'infirmier ou de son chef. Tout le reste se trouve plongé dans le néant. Désemparé et se sentant fragile, il décide de cacher se fait à son chef, Runcorn qui lui demande de reprendre l'enquête concernant la mort du Major Grey. Peu à peu, la mémoire de William lui revient par bride en ce qui concerne son passé et des éléments ayant un rapport avec cette enquête.

Devant dans le même temps enquêter sur un meurtre et sur son passé, William Monk en arrive à imaginer le pire scénario...





L'INTRIGUE :



Totalement conquise par cette double histoire. D'un côté une enquête policière "classique" et de l'autre une enquête dans la mémoire du personnage principal. La découverte par bride du type de personne qu'était William Monk avant son amnésie laisse imaginer un être froid, intransigeant, sûr de lui... tout ce qu'il n'est. William Monk doit à la fois découvrir le meurtrier du major, les raisons du meurtre, mais également louvoyer avec les autres, ne sachant pas en qui avoir confiance, de qui se méfier. Très rapidement, William comprend que Runcorn, son supérieur lui voue une haine, mais il en ignore la raison. Ce doute qu'éprouve William Monk apporte une tension dramatique supplémentaire à l'histoire. L'enquête policière passe à un moment au second plan pour ensuite revenir sur le devant de la scène avec la résurgence de certains souvenirs de Monk.





LES PERSONNAGES :



Anne Perry a su de suite accrocher le lecteur avec ce personnage de William Monk qui tout comme nous se découvre au fil du récit. Son passé est petit à petit distillé, mais on ignore une grande partie de son passé. Cela apporte une profondeur à ce personnage et un attachement incroyable puisque les questions qu'ils se posent, nous nous les posons aussi. Le second personnage Hester Latterly est typiquement la femme d'aujourd'hui, mais dans un cadre qui lui est plus conformiste. Son désir d'émancipation, de liberté, de défendre des causes en fait un personnage avec un fort caractère, une exaltation prometteuse pour la suite des aventures.

Côté personnages secondaires, retenons Imogen Latterly, la belle-soeur d'Hester qui est en quelque sorte la seule ancre permettant à William Monk de faire un peu le lien entre son passé oublié et le présent. Un personnage féminin sans grand intérêt, docile et obéissante mais utile au récit. Et comme dans toute bonne histoire, il faut un méchant à détester... nous l'avons en la personne de Runcorn. Nous ignorons la raison de cette haine et justement, cela donne envie de le découvrir.





LE CADRE HISTORIQUE :



Londres dans les années 1856. Des rues sales, jonchées de détritus. Des enfants mendiants ou ramassant les déjections des chevaux pour gagner quelques sous... Une ville où deux mondes se côtoient : les pauvres et les riches. Des aristocrates vivant dans de belles demeures, se faisant servir, habiller sans pour autant traiter leur personnel comme des êtres vivants. Une ville où la police est très mal perçue, car se mêlant de la vie d'autrui et où, le plus fort, le plus filou et celui qui l'emporte. Une époque également où les classes sociales sont si importantes que pour mener une enquête, il faut faire preuve de doigté et savoir faire des courbettes.



Dans cette enquête, nous découvrons plusieurs paramètres de l'Angleterre de cette époque avec d'un côté les héritages et le système de primogéniture : l'aîné hérite de tout afin de préserver l'intégralité de la fortune familiale. Les enfants restants doivent au mieux trouver une héritière... ou se trouver une charge soit en tant que clergyman, soit de militaire.



Un autre élément historique relaté dans ce livre : les horreurs de la guerre de Crimée et leur perception par les différents protagonistes de l'époque. D'un côté, nous avons les aristocrates qui idéalisent et glorifient cette guerre puisqu'ils l'ont vue au travers des récits de guerre ou de journaux et de l'autre, les militaires, infirmière (Hester notamment) qui eux n'y voient qu'une perte inutile d'hommes, de mauvaise gestion des soldats et de l'horreur à l'arrière des champs de bataille avec des soldats agonisant dans des conditions innommables.





BILAN GÉNÉRAL :



Un premier tome prometteur centré essentiellement sur William Monk. L'enfance de Monk est certes dévoilée, mais nous ignorons tout le reste concernant cet homme. Hester Latterly est également un élément prometteur pour les futurs tomes avec une femme de notre temps dans une époque où la femme est régie par les hommes de sa famille. Deux personnalités fortes qui promettent des étincelles. À suivre rapidement ^^

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Charlotte Ellison et Thomas Pitt, tome 19 :..

Les romans policiers de la série des « Charlotte et Pitt » se passent à Londres à l’époque victorienne.

On y pénètre dans de belles demeures dans lesquelles les dames papotent l’après-midi en buvant des litres de thé tout en admirant leurs robes et leurs chapeaux pour passer le temps, les hommes, eux, se rendent à leur club pour lire le journal, boire un verre et échanger des opinions politiques entre personne de bonne compagnie pendant que les majordomes, gouvernantes, valets de pieds, cuisinières et autres petites bonnes s’épuisent de l’aube jusqu’à tard dans la nuit pour que la maisonnée fonctionne au mieux.



Un homme est découvert mort sur le perron du général Balantyne, que l’on a déjà rencontré à l’occasion de plusieurs enquêtes précédentes.

Charlotte et lui ont d’ailleurs noué de solides lien d’amitié, ce qui lui permettra de se faire introduire au sein de la bonne société et d’aider ainsi son mari, désormais commissaire, à dénouer les fils de ce meurtre bien compliqué qui nous entraîne dans le sillage d’hommes influents qui semblent être la cible d’un odieux chantage.



J’ai apprécié de retrouver Charlotte, Pitt et leurs proches, mais le fait d’être devenu commissaire pousse Pitt à déléguer un grand nombre de taches et de ce fait, ce n’est plus lui que nous suivons au jour le jour mais son adjoint, personnage moins attachant.

J’ai toutefois passé un très bon moment au sein de la bonne société qui, sous des apparences de respectabilité, cache bien des secrets.

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A la mémoire des morts

Dénouement tant attendu des aventures historico-policières des enfants Reavley durant la Première Guerre mondiale, À la mémoire des morts dévoile enfin l’identité du mystérieux assassin de leurs parents. Qui est donc cet homme énigmatique que tout le monde appelle le Pacificateur car il prétend œuvrer au nom de la paix ?



Un de ses collaborateurs allemands décide de le dénoncer car il est persuadé que le Pacificateur « manigancera une paix qui ne sera qu’une parenthèse entre cette guerre et la prochaine ». Il ne le soutient donc plus et veut l’empêcher d’influer sur les conditions de l’armistice. Nous sommes en novembre 1918 et cet homme, Schenckendorff, se rend à Ypres où les combats font encore rage. Il y rejoint Matthew Reavley, officier des services secrets britanniques, ainsi que Joseph et Judith Reavley, l’aumônier et l’ambulancière du régiment. Ils vont le conduire à Londres pour une entrevue avec le Premier ministre Lloyd George auquel il veut dévoiler l’identité du Pacificateur.



Mais de nombreuses péripéties se dressent sur leur route. Une infirmière est violée et assassinée. Matthew et Schenckendorff se retrouvent tour à tour accusés, obligeant Judith et Joseph à enquêter pour les sortir de ce mauvais pas en trouvant le coupable.



Schenkendorff et Richard Mason, un journaliste pacifiste qui a connu le Pacificateur au moment de la sanglante guerre des Boers et est amoureux de Judith, détiennent la clé de l’énigme. Pourquoi vont-ils choisir de dénoncer leur allié alors qu’ils partageaient ses idéaux de départ ?



Ce dénouement est propice à la réflexion sur les possibles dérives de l’idéologie et la perversion des nobles idéaux. Richard Mason désapprouve les moyens employés : le meurtre et la trahison de son propre pays. Par ailleurs, pour lui, le projet du Pacificateur n’était pas un projet de paix mais un plan liberticide et dominateur où le Royaume-Uni et l’Allemagne s’entendaient pour se partager le monde et récupérer les anciennes colonies dont les États-Unis.



Le Pacificateur se montre néanmoins visionnaire quand il veut « empêcher l’Allemagne d’être l’objet de mesures de rétorsion » car « une récession dans ce pays créerait selon lui un gouffre dans l’économie européenne, susceptible d’engloutir la moitié du monde ». La crise de 1929, la Grande Dépression des années trente, l’avènement d’Hitler au pouvoir et la Seconde Guerre mondiale suivront en effet le traité de Versailles du 28 juin 1919 où l’Allemagne est jugée responsable de la guerre, privée de sa puissance militaire, d’une partie de ses territoires et condamnée à payer de lourdes réparations.



Le Pacificateur est un personnage profondément ambigu, qui perçoit le risque potentiel de laisser se développer l’esprit de revanche chez le peuple allemand, qui ne sera pas pour rien dans l’avènement du national-socialisme et d’Hitler au pouvoir, qui refusait de payer cette dette à cause de la crise. Mais le Pacificateur est aussi parfois aveuglé dans son jugement, comme le constate Richard Mason. Le Pacificateur voit « dans la révolution russe la naissance d’un nouvel ordre social qui balaierait la tyrannie et instaurerait une justice universelle » alors que sur le terrain, le journaliste n’a vu qu’un « bain de sang et le recours impitoyable aux mêmes armes éculées de l’oppression, du secret, de la duperie. »



Deux visions du monde s’affrontent dans ce dénouement tragique et poignant où le journaliste Richard Mason risque la peine de mort pour trahison en dénonçant son ancien allié et en avouant sa complicité. Les deux ont pour but d’empêcher une nouvelle guerre, les deux échoueront.



Pour le Pacificateur, la liberté n’a que peu d’importance, il est persuadé d’avoir une vision globale de l’humanité et d’avoir toujours raison tandis que les enfants Reavley, Richard Mason et Schenckendorff défendent la liberté sous toutes ses formes, y compris celle de se tromper : « il vaut la peine de mourir pour défendre le droit d’avoir tort, sinon nos valeurs n’auraient plus de sens ». Ils souhaitent ainsi rendre un ultime et émouvant hommage aux morts, « à leur courage, à leur loyauté, à leur camaraderie » et au libre-arbitre.



Le roman s’achève en un vibrant plaidoyer en faveur de la liberté qui préfigure le traité de Versailles et le discours du président des États-Unis Woodrow Wilson sur le « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes », même si cet idéalisme inspiré de la philosophie des Lumières ne fut que peu appliqué.

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ils indiquent toujours le type de crime commis
ils indiquent toujours le lieu du crime
ils indiquent toujours l'heure du crime
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