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Citations de Antoine Compagnon (255)


Gagner la sortie ? Beckett joue sur l'expression : c'est se diriger vers elle, mais c'est aussi l'acquérir, la mériter, la réussir. Comme si une sortie, ça ne se perdait ou ne se dérobait jamais. Une sortie, ça se gagne, ça se conquiert, ça s'emporte, ça se prend, comme on dit "Prenez la porte".
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Blaise Pascal "Les pensées"

Il est juste que ce qui est juste soit suivi. Il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante. La force sans la justice est tyrannique. Le justice sans force est contredite parce qu'il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute. La force est très reconnaissable et sans dispute. Ainsi, on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice, et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fût juste.
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Idéalement ( 1 ), c'est le juste qui devrait être fort. Mais dans la réalité, c'est le fort qui passe pour juste, qui s'impose comme juste.
...
Puisque le juste ne saurait être fort, il faut bien que le fort soit juste, ou passe pour juste afin que la société se maintienne.

NDL : ( 1 ) Pascal raisonne ainsi dans "Les Pensées".
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"La vraie éloquence se moque de l'éloquence" (671-513). Voilà un fragment des Pensées que l'on cite souvent, sans toujours se rappeler qui en est l'auteur. L'idée était alors à la mode. Un honnête homme doit se comporter avec désinvolture, cette negligentia diligens, ou "diligente négligence", qui avait été cultivée par l'homme de cour depuis la Renaissance. Tandis que les fleurs de la rhétorique sentent l'école et l'artifice, l'art véritable se dissimule. Pascal, sous couvert de naturel, connaissait tous les moyens de la persuasion.
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La modernité de Baudelaire, c’est la résistance à un monde moderne où tout devient périssable ; c’est la volonté de conserver et de transmettre quelque chose de durable.
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Le scepticisme de Montaigne le conduit au conservatisme, à la défense des coutumes des uns et des traditions, aussi arbitraire les unes que les autres, mais qu'il ne sert à rien de renverser si l'on est pas sûr de pouvoir faire mieux. Dès lors, à quoi bon innover ? C'est pourquoi Montaigne n'a pas apprécié que la dissertation de son ami La Boétie sur la servitude volontaire, avançant que la désobéissance civile suffirait à faire tomber un monarque, ait été détournée en un pamphlet antimonarchiste.

P. 78
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Ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel, qu'elles effacent, et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, j sens que cela ne peut s'exprimer, qu'en répondant : Parce que c'était lui, parce que c'était moi."
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Derrière tout grand roman se cache une expérience du réel que l'auteur est parvenu à fondre, à traduire, afin que nous puissions la saisir.
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Or, pour dénoncer ou pour louer le réalisme d'Une Charogne, la peinture complaisante d'une nature non plus belle et bonne, mais corrompue et corruptrice, laide et répugnante, il fallait avoir oublié la tradition de la Vanité..."souviens toi que tu es mortel"

Il est certain que si l'on veut creuser cette situation, on trouvera au fond de la pensée du rieur un certain orgeuil inconscient. C'est là le point de départ : moi, je ne tombe pas; moi, je marche droit, moi mon pied est ferme et assuré. Ce n'est pas moi qui commettrais la sottise de ne pas voir un trottoir interrompu ...
Le Sage ne rit qu'en tremblant... une maxime lue chez Bossuet. Le rire vient de l'idée de sa propre supériorité. Idée satanique...
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La fréquentation de l'autre permet d'aller à la rencontre de soi, et la connaissance de soi permet de revenir à l'autre. (page 82)
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Quel sens Proust donne-t-il au classicisme, sinon celui de la tradition des œuvres qui, en leur temps, firent scandale en dépit d'elles-mêmes?

C'est la suite presque continue à laquelle on reconnaît à présent que Baudelaire et Manet appartiennent: un seuil est équivoque, l'enchaînement l'emporte avec le recul, la continuité efface les traces de rupture.

Classicisme ne signifie donc pas intemporalité d'une œuvre, mais peut-être discordance dans tout présent, le sien et le nôtre, par opposition à l'œuvre qui passe de mode.
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Un grand écrivain, c'est un écrivain après qui la langue n'est plus tout à fait la même.
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L'autre nuit, j'ai une fois de plus fait un rêve d'examen : je devais passer le brevet ; comme d'habitude, je le ratais.
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Quand un homme public ment une fois, il n'est plus jamais cru ; il a choisi un expédient contre la durée ; il a donc fait un mauvais calcul.
Selon Montaigne, la sincérité, la fidélité à sa parole, est une conduite bien plus payante. Si l'on n'est pas poussé à l'honnêteté par conviction morale, alors la raison pratique devrait y inciter.
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Cette ignorance qui est la leçon finale des Essais, ce n'est pas l'ignorance primitive, " la bêtise et l'ignorance" de celui qui refuse de connaître, qui n'essaie pas de savoir, mais l'ignorance savante, celle qui a traversé les savoirs et s'est aperçue qu'ils n'étaient jamais que des demis-savoirs.
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Ce à quoi Montaigne aspirait, suivant le modèle antique, c'était au repos studieux, au loisir lettré, à l'otium studiosun, afin de se trouver, de se connaître. Comme Cicéron, Montaigne pense que l'homme n'est pas vraiment lui-même dans la vie publique, le monde et le métier, mais dans la solitude, la méditation et la lecture. Plaçant la vie contemplative au-dessus de la vie active, il n'est pas encore un de ces modernes qui jugeront que l'homme se réalise dans ses activités, dans le negotium, le négoce, soit la négation de l'otium, du loisir. Cette éthique moderne du travail a été liée à la montée du protestantisme, et l'otium, l'oisiveté, a perdu sa valeur suprême pour devenir un synonyme de paresse.
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Comment vit-on le mieux ? En ayant toujours la mort à l'esprit , comme Cicéron et les stoiciens , ou bien en y pensant le moins possible , comme Socrate et les paysans ? Partagé entre la mélancolie et la joie de vivre , Montaigne a tergiversé - comme nous tous -, et sa leçon finale avait été énoncée dès le début : "Je veux (...) que la mort me trouve plantant mes choux ".
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Les théoriciens donnent souvent le sentiment d'élever des critiques très sensées contre les positions de leurs adversaires, mais comme ceux-ci, confortés par leur bonne conscience de toujours, n'en démordent pas et continuent à pérorer, les théoriciens se mettent eux aussi à donner de la voix et poussent leurs propres thèses, ou antithèses, jusqu'à l'absurde, et du coup les anéantissent eux-mêmes devant leurs rivaux ravis de se voir justifiés par l'extravagance de la position adverse. Il suffit de laisser un théoricien parler et se contenter de l'interrompre de temps en temps d'un "Ouais !" un peu goguenard : il brûlera ses vaisseaux sous vos yeux !.
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Un homme épouvantable entre se regarde dans la glace.
« -Pourquoi vous regardez-vous au miroir, puisque vous ne pouvez vous y voir qu’avec déplaisir ? »
L’homme épouvantable me répond : « - Monsieur, d’après les immortels principes de 89, tous les hommes sont égaux en droits ; donc je possède le droit de me mirer ; avec plaisir ou déplaisir, cela ne regarde que ma conscience. »
Au nom du bon sens, j’avais sans doute raison ; mais au point de vue de la loi, il n’avait pas tort.
Dans cette fable, l’homme épouvantable, c’est l’homme éternel, non pas l’homme bon de Rousseau, auquel Baudelaire ne croit pas, mais l’homme déchu, marqué par le péché originel. Or, il a désormais tous les droits, les droits de l’homme. Baudelaire se moque ouvertement des « immortels principes de 89 » qui donnent à chacun le droit de se regarder dans la glace. Sous l’Ancien Régime, un miroir était un objet de luxe, l’apanage de la noblesse, mais l’industrie répand désormais à bon marché la faculté de se regarder, se s’admirer. Comme l’observait Jean Starobinski, « le regard au miroir est le privilège aristocratique de l’individu qui sait se faire le comédien de soi-même », c’est-à-dire se dédoubler, se regarder comme un autre, comme un dandy, non pas se perdre comme un Narcisse dans la contemplation de soi. La démocratisation du miroir est donc pour Baudelaire un « véritable sacrilège », à la fois scandale politique et une hérésie métaphysique
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Colette choisit la littérature contre la maternité : « Mon brin de virilité me sauva du danger qui expose l’écrivain, promu parent heureux et tendre, à tourner auteur médiocre », à bêtifier sur « le culte des enfants, des plantes, des élevages sous leurs formes diverses ». Ce qui la sauva, ce fut « sa grossesse d’homme » : « Un vieux garçon de quarante ans, sous la femme encore jeune que j’étais, veilla au salut » de l’écrivain (IV, 876). Mais ses relations avec sa fille ne cessèrent jamais d’être difficiles.
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