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Citations de Antoine Compagnon (255)


Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, renouvelle notre mythologie.
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Montaigne a rejeté le latin, la langue savante, celle de la philosophie, au profit de la langue vulgaire, celle de tous les jours. Cependant, en renonçant à la langue monumentale des Anciens, il livre ses réflexions dans un parler instable, changeant, périssable, avec le risque de devenir bientôt illisible.

... Si Montaigne a décidé d'écrire en français, c'est bien parce que ses lecteurs rêvés sont des femmes, moins familières des langues anciennes que des hommes.

P. 63-64
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... le voyage me semble un exercice profitable. L'âme y a une continuelle exercitation, à remarquer les choses inconnues et nouvelles. Et je ne sache point meilleure école, comme j'ai dit souvent, à façonner la vie, que de lui proposer incessamment la diversité de tant d'autres vies, fantaisies, et usances : et lui faire goûter une si perpétuelle variété de formes de notre nature. Le corps n'y est ni oisif ni travaillé : et cette modérée agitation le met en haleine. Je me tiens à cheval sans démonter, tout coliqueux que je suis, et sans m'y ennuyer, huit et dix heures ( III, 9, 1519) .

P. 54

NDL : Par la façon dont il parle de lui sans fioritures, il me fait penser à Jim Harrison qui parle crûment de lui, bien souvent.
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Proust nous invite alors à un véritable voyage spirituel, dont les divers paliers nous font vivre et apprécier les délicieux fragments d'une réalité subtile. L'innocente madeleine condense ce qu'il appelle "les intermittences du cœur" touchant, par-delà l'enfance, au trouble de la profanation et à l'impensable de la mort.

p. 128
(Chapitre V - "L'imaginaire" par Julia Kristeva).
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Il y a une beauté du souvenir chez Proust, une beauté qui surprend car elle surgit à l'improviste, autant pour le narrateur que pour le lecteur. La réminiscence involontaire, si elle est parfois douloureuse, peut être aussi pleinement heureuse. C'est une madeleine trempée dans du thé, un pavé mal équarri, le bruit d'une cuiller, ou la raideur d'une serviette qui révèlent des instants de la vie passée.

p.37
(chapitre I - "Le temps" par Antoine Compagnon).
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On nous dit que la lecture linéaire, prolongée, continue à laquelle nous avons été initiés-disparait, dans le monde numérique.

Or Montaigne défendait déjà-ou encore-une lecture versatile, papillonnante, distraite, une lecture de caprice te de braconnage, sautant sans méthode d'un livre à l'autre, prenant son bien là où elle le trouvait, sans trop se soucier des oeuvres auxquelles il empruntait pour garnir son propre livre.

Celui-ci Montaigne y insiste, est le produit de la rêverie non d'un calcul.
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Montaigne rappelle par là que les autres lui procurent un détour vers soi. S'il les lit et les cite, c'est qu'ils lui permettent de mieux se connaître. Mais le retour sur soi est aussi un détour vers l'autre, la connaissance de soi prélude à un retour à l'autre. Ayant appris grâce aux autres à se connaître, constate-t-il, il connaît mieux les autres ; il les comprend mieux qu'ils ne se comprennent eux-mêmes. (p.81)
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Le machiavélisme autorise à mentir, à trahir sa parole, à tuer au nom de l'intérêt de l'Etat, pour assurer sa stabilité, conçue comme le bien suprême. Montaigne ne s'y est jamais résolu. Il refuse partout la tromperie et l'hypocrisie. Il se présente toujours tel qu'il est, dit ce qu'il pense, au mépris des usages. A la voie couverte, comme il l'appelle, il préfère la voie ouverte, la franchise, la loyauté. Pour lui, la fin ne justifie pas les moyens, et il n'est jamais prêt à sacrifier la morale privée à la raison d'Etat.
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La théorie de la littérature, je la vois comme une attitude analytique et aporétique, un apprentissage sceptique (critique), un point de vue métacritique visant à interroger, questionner les présupposés de toutes les pratiques critiques (au sens large), un "Que sais-je ?" perpétuel.
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Pris au dépourvu, nous nous tenions au garde-à-vous au pied des lits tandis que nos gardes-chiourme farfouillaient dans nos affaires, remuaient des couvertures imparfaitement pliées, confisquaient des livres non signés, repéraient des brodequins mal cirés ou des boutons détachés, jetaient par terre des provisions de bouche interdites, et distribuaient généreusement les privations de sortie, voire les arrêts de rigueur. Le dernier trimestre de la rhéto commençait mal. Presque tous les dimanches, nous prenions part à la "balade des crantés", les privés de sortie que l'on promenait dans l'après-midi, sous bonne escorte, sur les coteaux de Saint-Germain-du-Val, pour leur faire prendre l'air.
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[La littérature] est La Vie mode d'emploi, suivant le titre impeccable de Georges Perec.
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Plus nous sommes près de la nature, mieux c'est ; les hommes et les femmes du Nouveau Monde vivaient donc mieux avant que Christophe Colomb ne les découvre.
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Pascal fut de ceux-là après sa "nuit de feu", un rescapé des trois libidos, revenu de la chair et de l'argent, de la science et de la gloire. On se demande qui, à la Banque de France, eut, en 1968, l'étrange idée de faire figurer son effigie sur la plus grosse coupure, le "500 francs Pascal" qui se retrouva quelquefois dans nos portefeuilles.
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Comme la démocratie, la critique de la critique est le moins mauvais es régimes, et si nous ne savons pas lequel est le meilleur, nous ne doutons pas que les autres soient pires.
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Si le bizarre n’est pas toujours beau, le beau est toujours triste.
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La conclusion reste pourtant certaine : avec sa modernité, Baudelaire résiste au monde moderne, industriel, matérialiste, américanisé, comme il dit, et à sa tendance au renouvellement incessant de toutes choses, rendues désuètes aussitôt qu’elles sont produites. Or ce mouvement inéluctable affecte aussi les œuvres de l’art, transformées en articles de mode et en marchandise.
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"Il y a [...], depuis des siècles, des hommes dont la fonction est justement de voir et de nous faire voir ce que nous n'apercevons pas naturellement. Ce sont les artistes. " L'art vise "à nous montrer, dans la nature et dans l'esprit, hors de nous et en nous, des choses qui ne frappaient pas explicitement nos sens et notre conscience;". Le poète et le romancier nous divulguent ce qui était en nous, mais que nous ignorions parce que les mots manquaient, phénomène que Bergson décrit à l'aide d'une comparaison qui peut rappeler Proust: "Au fur et à mesure qu'ils nous parlent, des nuances d'émotion et de pensée nous apparaissent qui pouvaient être représentées en nous depuis longtemps, mais qui demeuraient invisibles: telle l'image photographique qui n'a pas encore été plongée dans le bain où elle se révèlera".

Bergson, La perception du changement, (1911), la Pensée et et le Mouvant (1934), PUF, coll. "Quadrige", p.149-150

p.50
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Montaigne vient de peindre le Brésil comme un âge d'or, comme l'Atlandide de la mythologie. Les Indiens sont sauvages au sens non de la cruauté, mais de la nature - et nous sommes les barbares.

P. 22
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Le machiavélisme autorise à mentir, à trahir sa parole, à tuer, au nom de l'intérêt de l'Etat, pour assurer sa stabilité, conçue comme le bien suprême. Montaigne ne s'y est jamais résolu. Il refuse partout la tromperie et l'hypocrisie. Il se présente toujours tel qu'il est, dit ce qu'il pense, au mépris des usages. A la voie couverte, comme il l'appelle, il préfère la voie ouverte, la franchise, la loyauté. Pour lui, la fin ne justifie pas les moyens, et il n'est jamais prêt à sacrifier la morale privée à la raison d'Etat.

P. 11
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Vous n’imaginez pas tout ce qui manque à ma formation de lettré, tout ce que je n’ai pas lu, tout ce que je ne sais pas, puisque, dans la discipline où vous m’avez élu, je suis un quasi-autodidacte. J’enseigne pourtant les lettres depuis plus de trente années et j’en ai fait mon métier. Mais – comme je continuerai ici de le faire – j’ai toujours enseigné ce que je ne savais pas et pris prétexte des cours que je donnais pour lire ce que je n’avais pas encore lu, et apprendre enfin ce que j’ignorais.
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