AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Tes pas dans l'escalier

Quel roman magnifique! On finit par ne plus considérer l'histoire comme essentielle et son dénouement comme l'objectif principal, tant chaque (court) chapitre constitue à lui seul une petite perle, une pépite, comme si vous écoutiez un ensemble de sonates de Scarlatti ! La beauté et la profondeur du texte, tout en simplicité pourtant, jamais pédant, toujours le mot juste, l'expérience intime qui touche à l'universel. Quelle tristesse de refermer ce livre. J'en redemande ....
Commenter  J’apprécie          60
Tes pas dans l'escalier

Un couple quitte New York après les attentats du onze septembre et décide de s’installer à Lisbonne… pour attendre tranquillement la fin du monde.

Un couple ? D’abord lui, qui profite de sa retraite anticipée pour meubler et décorer le nouvel appartement. Elle viendra ensuite, lorsque tout sera prêt. En attendant, brillante chercheuse en neurologie, elle parcourt le monde de congrès en symposiums médicaux. Il attend son arrivée en compagnie de leur chienne…

Il attend, nous attendons… Il sort le chien, aménage leur nouveau cadre de vie à l’image de celui qu’ils viennent de quitter. Le lecteur plonge dans ses pensées, ses souvenirs. Ses idées passent de New York à Lisbonne, on s’y promène avec le chien et on s’y perd un peu, lui aussi semble hésiter. Il s’égare et peu à peu le temps et l’espace lui deviennent flous. Elle va le rejoindre, aujourd’hui. Plutôt demain… Il la guette à la fenêtre et bientôt il entendra ses pas dans l’escalier…

Quand arrivera-t-elle ? Je ne divulgache pas plus.

Disons simplement qu’il est question de retraite, temporelle et géographique, du temps qui passe et des souvenirs qui s’effilochent jusqu’à ce que les symptômes de la terrible maladie que chacun redoute commencent à apparaître.

Ennuyeux ? Un peu. Déroutant ? Complètement. Bien écrit ? Absolument. Faubert rêvait d’écrire un roman sur rien, Molina l’a peut-être réussi ? A vous de juger…

Commenter  J’apprécie          130
L'hiver à Lisbonne

Ce fut une lecture assez compliquée pour moi voire un peu pénible...

J'ai aimé l'histoire d'amour : un amour passionnel entre Biralbo, pianiste talentueux jouant dans les bars de San Sabastian et Lucrecia venue un soir et qui est directement tombée sous le charme de sa musique. C'est beau et fort entre eux mais malheureusement Lucrecia n'est pas seule et son compagnon traîne dans des affaires louches de traffic de tableaux. Elle n'est pas en sécurité avec lui mais n'a pas grand chose d'autre non plus.

L'histoire est racontée par un narrateur dont on ne sait rien de lui, mélangeant les moments de narration et ça a eu tendance à me perdre. Plus l'ambiance très lente et sombre avec un abus de whisky et de cigarettes ; le cocktail n'a pas pris pour moi.
Commenter  J’apprécie          30
Tes pas dans l'escalier

Antonio Muñoz Molina offre une déambulation poétique dans Lisbonne qui peu à peu vire au malaise.
Lien : https://www.lalibre.be/cultu..
Commenter  J’apprécie          00
Tes pas dans l'escalier

A Lisbonne, un homme attend sa compagne ; il attend aussi la fin du monde. La première est retenue à New-York par son travail de chercheur sur la mémoire, et rejoindra bientôt son homme au Portugal où ils ont choisi d'émigrer après le traumatisme du 11 septembre 2001, vécu de plein fouet par le couple. La seconde est en route également ; Bruno égrène la litanie des cataclysmes planétaires succédant aux catastrophes : pays en feu, inondations inédites, espèces en voie d'extinction, guerres et plus si affinités.





New-York-Lisbonne : villes bordées par le même océan, toutes deux traversées par un fleuve, survolées par des avions vrombissant. Bruno consacre tout son temps et son énergie à l'attente, à faire de l'appartement portugais une copie conforme du new-yorkais, vivant comme un naufragé sur une île déserte dans l'austérité, visant le dépouillement. Il s'abîme dans la routine : sortie de son bien-aimé chien, lecture de journaux, classement de ses livres par taille, par couleur, organisant sa bibliothèque comme celles conçues pour un voyage dans l'espace, comme un placard ou une cave garnis de vivres en vue d'une réclusion indéfinie. De nombreux thèmes paradoxaux s'entrelacent : l'homme à la mémoire défaillante dont la compagne effectue des recherches sur la mémoire ; l'homme dont le but est la réclusion apprécie les récits d'explorateurs, avec en fil rouge les désastres écologiques universels annonçant la fin du monde.





Avec Tes pas dans l'escalier, Antonio Munoz Molina est au sommet de son talent et réalise le tour de force de donner une consistance au vide, à l'absence, au rien du tout dans un roman dont il ne faut sauter aucune ligne afin de savourer chaque mot choisi avec génie et la musique de fond lancinante. Dans cette histoire grave et d'une tristesse sans remède, le lecteur perçoit dès le départ une menace blanche planant en alternance sur New-York ou Lisbonne, et au-delà sur l'entière planète. Au fil des jours, l'attente de Bruno vire à l'obsession dans des actes strictement répétés qui pétrifient le temps au point de le supprimer. Peu à peu devient impossible ce qui au départ est présenté comme normal. Bruno psalmodie, sa mémoire apparait vite aussi instable qu'une bulle de savon. Toutes ses pensées ou souvenirs se transforment en un mirage de chaleur, l'éloignement exerçant son impitoyable effet loupe, le passé apparaît toujours plus beau que le présent : « Il n'y a rien qui ne soit pas un effet d'optique. Ce que tu vois n'est jamais le monde tel qu'il est, ni de loin ni de près. Tu as sous les yeux un simulacre édifié par ton cerveau à partir d'un nombre restreint d'impressions visuelles. »





Le lecteur retient son souffle, sent que quelque chose déraille mais quoi ? Prêt à accueillir l'épilogue révélateur. Prêt ? Pas sûr. Quel roman ! Quel talent ! A lire absolument.
Commenter  J’apprécie          90
Pleine lune

Oulala, mais quelle lecture difficile pour moi, j'ai luté en me disant sans cesse qu'un retournement de situations allait venir, il y en a eu pourtant.

Mais je crois qu'il s'agit tout simplement de la plume de l'auteur que je n'ai malheureusement pas du tout apprécié, car normalement, c'est tout à fait le genre que j'aime, peut-être un brin TROP travaillé.

Ce sont de longues phrases, parfois sans aucuns sens, mais pourtant avec tellement de sens à la fin du roman, il faudrait presque le lire deux fois !

Des chapitres où il faut attendre pour savoir avec quel personnage nous sommes, nous laissant un peu confus…

Quoi qu'il en soit, une lecture rocambolesque pour ma part, très dur de tourner les pages sans m'endormir !

Je me suis souvent surprise à divaguer dans mes pensées, sans vraiment lire ce que je lisais tant les phrases étaient trop lourdes.



Nous sommes ici en Espagne, avec Mr l'Inspecteur (où nous ne connaîtrons jamais son nom), un peu plus de la cinquantaine, mariée à une femme internée à cause d'une grande dépression, pris dans une enquête suite au meurtre atroce d'une fillette de neuf ans. Il en fera son obsession.

Nous passons de l'Inspecteur à d'autres narrateurs, dont le tueur.



Clairement, le livre tient en 200 pages, le reste n'est que futilités, d'innombrables détails ou descriptions très très longues, qui pour ma part m'ont totalement perdue, même si nous rentrons au plus profond des âmes de nos protagonistes.

Sûrement pour être au plus près des personnages… peut-être… mais cela n'a pas fonctionné avec moi.

Même si je dois bien l'avouer, l'auteur a fait un tel travail d'écriture… Incroyable mais trop pour la lectrice que je suis.



Et si on parlait de cette fin ?! Suis-je la seule à en être très frustrée ?!



CHALLENGE SOLIDAIRE 2023
Commenter  J’apprécie          94
Tes pas dans l'escalier

Bonjour les gens-qui-lisent !

Je viens de m'inscrire il n'y a que quelques minutes, après quelques années de consultations, recherches, notations.

Bref, ayant terminé "Tes pas dans l'escalier", je me permets deux remarques:

La première étant que je ne comprends pas pourquoi cet auteur de tant de chefs d'œuvres (évidemment en premier "Dans la grande nuit des temps", et quelques autres que j'ai aussi lus), n'a pas encore été "nobélisé" :-((

La deuxième étant que comme vous avez lu ma première, j'ai été très gêné, malgré toutes les qualités etc etc, par mes souvenirs du film de Alain Raisnais, "Mon oncle d'Amérique", conçu avec la collaboration de Henri Laborit (Cecilia ?), rats/humains dans labyrinthe, parallèles USA/ Europe, avenir/passé, dégénérescence mémorielle... Après avoir bien plongé dans ce livre, j'avais un peu l'impression d'une espèce de plagiat.

A-M-Molina a quand même l'art de mettre les événements récents d'un monde dispersé en quelques phrases parfaites.

Avec lui on comprend la différence entre roman(s) et littérature !
Commenter  J’apprécie          10
Tes pas dans l'escalier

Bruno, le narrateur, s'est installé à Lisbonne « pour y attendre la fin du monde », mais pas seul : il attend aussi sa femme Cecilia, dans cet appartement qu'ils viennent d'acheter. Retraité, Bruno s'est occupé du déménagement de leur appartement de New York vers le Portugal et, pendant que Cecilia règle les détails de son transfert professionnel en Europe, il aménage leur nouveau foyer. A l'écart du bruit et de la fureur des grandes villes et du reste du monde qui court à sa perte (des feux de forêt font rage au même moment en Californie, en Australie, en Allemagne), Bruno prépare minutieusement l'appartement - couleurs de peinture, distribution des pièces, emplacement des meubles – pour qu'il soit le calque parfait de celui de New York. Pourquoi ce besoin de reconstituer aussi fidèlement un endroit familier ? Besoin de sécurité, de repères, de continuité, comme si rien n'avait changé, comme si tout était comme avant malgré leur retour sur le Vieux Continent ? Est-ce la peur de la nouveauté, du changement ? Et si oui, qui a peur, qui est fragile au point d'être perturbé par l'emplacement différent de telle lampe ou de tel ustensile de cuisine ? Bruno, Cecilia, les deux ? Autant de questions que le lecteur rationnel se pose pendant le premier tiers du roman, tant cette manie de Bruno apparaît obsessionnelle et surtout, à ce stade, inexpliquée. Pendant ce temps, le flux de conscience de Bruno nous dévoile l'histoire du couple, deux Espagnols travaillant à New York, fortement marqués par le 11-Septembre, le métier prenant de Cecilia, neuroscientifique renommée qui se livre à des expériences sur le cerveau et la mémoire de rats pour tenter d'en extraire le sentiment de peur, avec pour objectif de « déterminer s'il est possible de supprimer des souvenirs atroces de la mémoire de soldats souffrant de stress post-traumatique ».



Au fil des pages tout en introspection, le temps s'étire, se dilate, se distend entre New York et Lisbonne, entre souvenirs et projection, avec la certitude inébranlable de Bruno que les jours à venir couleront heureux et doux avec sa chère Cecilia. Mais le temps passe, ou semble passer, et un voile de confusion entoure l'arrivée toujours aussi indéterminée de Cecilia.



Suspense psychologique hypnotique, « Tes pas dans l'escalier » embarque le lecteur dans une histoire très simple au départ, qui glisse imperceptiblement vers quelque chose d'inquiétant et mystérieux, au fil de l'accumulation de petites entorses à la rationalité. On se perd en conjectures sur ce qui a pu se passer au sein du couple, avant de le découvrir dans les dernières pages.



C'est la première fois que je lis A. Muñoz Molina, et je découvre un écrivain au style impeccable et maîtrisé, qui excelle ici dans l'installation d'une ambiance floue d'inquiétude et d'oppression diffuses. Dans ce roman sur l'attente, il explore, en profondeur et sinuosités, la mémoire, la raison, la peur, la fragilité des murs qu'on se construit face à l'âpreté de la vie.



En partenariat avec les Editions du Seuil via Masse Critique de Babelio.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          602
Tes pas dans l'escalier

L’écrivain espagnol semble raconter une belle histoire d’amour sur une ville et une femme, qui se transforme au fil des pages.
Lien : https://www.lefigaro.fr/livr..
Commenter  J’apprécie          00
Tes pas dans l'escalier

Je tiens à remercier Babelio de m'avoir permis de participer à masse critique pour ce livre.





Un homme emménage à Lisbonne dans un appartement qui ressemble étrangement à celui qu'il avait à New-York, il faut que tout soit en ordre avant l'arrivée de sa femme, Cécilia, une scientifique qui travaille sur les effets de la peur sur la mémoire.



Et on attend, on attend, on attend…

L'homme prend soin de replacer les éléments de décorations exactement comme dans son ancien appartement à New-York, ce qui le perturbe et perturbe également le lecteur. Tout est tellement identique que souvent il se croit à New-York.

Et on attend, on attend, on attend…



On attend tellement, que j'ai décroché au bout de 100 pages, cette attente est interminable. Si bien qu'au fil des pages, cette femme, Cécilia qu'on attend et qui a l'air tellement parfaite m'a agacé.

Bref, tout ça pour dire que je n'ai vraiment pas apprécié cette lecture.











Commenter  J’apprécie          30
Tes pas dans l'escalier

L’écrivain espagnol signe un grand roman de l’attente mâtiné d’une sorte d’envoûtant thriller psychologique. À Lisbonne, dans les pas d’un homme en proie à ses démons intérieurs.
Lien : https://www.sudouest.fr/cult..
Commenter  J’apprécie          00
Tes pas dans l'escalier

Quelle écriture ! Après l'éblouissant et vertigineux « Dans la grande nuit des temps », mes pas m'ont à nouveau mené dans ceux d'Antonio Muñoz Molina grâce à une opération Masse Critique. Je remercie Babelio et les éditions Seuil qui m'ont permis de retrouver l'écriture sublime de cet auteur.



*

« Tes pas dans les escaliers » est un petit bijou littéraire dans lequel l'auteur se montre d'une justesse et d'une profondeur saisissantes.

A Lisbonne, un homme, seul, avec pour toute compagnie son chien Luria, attend sa femme, Cecilia, restée à New York pour régler les derniers détails de sa mutation professionnelle. C'est une nouvelle vie qui commence pour le couple marqué par les terribles attentats terroristes du 11 septembre 2001.



L'homme aménage l'appartement récemment acheté, l'agençant méticuleusement, avec amour, de telle façon qu'il soit à l'identique de l'ancien, comme s'il voulait tout de même préserver une partie de leur passé.

Elle n'y a jamais habité, et pourtant, Cecilia est partout présente : dans les nombreux objets chinés, dans la place de chaque objet, dans le choix des couleurs murales, dans les parfums qui imprègnent encore ses vêtements rangés dans la penderie, dans les nombreux livres achetés.

Tout est prêt pour l'accueillir, ses plats préférés l'attendent dans le réfrigérateur, la table est dressée pour deux personnes, cette attente chaque jour renouvelé entretenant l'illusion de sa présence.

Où est-elle ?



*

Il y a au coeur de ce roman une absence, celle de l'être aimé.

Les pensées de l'homme ne cessent de naviguer dans un flux et un reflux incessants, entre New York et Lisbonne, passé et présent, souvenirs et réalité, absence et présence, illusions et obsessions. Des gestes, le regard d'une inconnue, des odeurs, des bruits, des objets, tout redonne vie à l'absente, tout l'entraîne vers elle.



Dans cette solitude et ce vide d'elle, le temps paraît alangui, comme suspendu.

Avec pour seul repère temporel l'effondrement des tours jumelles, le lecteur est indécis quant au temps qui passe. Les jours semblent filer et s'égrener lentement dans un fondu empli de nostalgie, de mélancolie et de douceur, sublimés par les souvenirs de jours révolus.

Ainsi le temps mais aussi l'espace se superposent : comme l'écume que ramènent les vagues, Cecilia est à la fois proche et lointaine, omniprésente et évanescente. Il y a beaucoup de tendresse et d'amour dans ces moments de vie commune et dans cette étrange attente qui se cristallise et se fossilise. Mais il y a finalement beaucoup de solitude et de sacrifices dans cette vie en suspens.



Dans cette routine qui s'installe, la monotonie creuse un abyme, le calme sensuel et voluptueux s'altère, l'attente devient anormalement longue et contribue à rendre le silence inquiétant et l'incertitude oppressante.



*

Le temps semble prendre une place centrale dans l'oeuvre d'Antonio Muñoz Molina. Et s'il en était le personnage clé ?

L'auteur a en effet un talent incroyable pour l'étirer, le délier, le rendre élastique jusqu'à l'immobiliser, l'ancrer dans un entre-deux. Il a aussi cette capacité à le fragmenter, le découper en instants de vie et le restituer sans tenir compte de la moindre chronologie.



Le temps de l'attente est parfaitement maîtrisé : l'auteur donne un rythme narratif lent et distille une ambiance contemplative et feutrée qui se nuance peu à peu. Sous des dehors d'une belle simplicité, l'écriture est subtile, lucide, délicate, d'une grande intimité et d'une touchante pudeur, mettant doucement en lumière les fragilités et les non-dits de cet homme, ses espoirs, ses attentes, ses regrets, ses mensonges.



« Je suis celui qui arrive on ne sait d'où et fait soudain irruption dans un présent qui est le temps immuable de la conscience de Luria… »



*

« L'attente impose le silence dans l'appartement. »



Je vois cet homme seul, déballant les cartons et arrangeant leur appartement. Je le vois, leur chien couché à ses pieds, seul, le regard tourné vers les avions qui sillonnent le ciel ou vers la rue qui s'assombrit, croyant parfois apercevoir la femme qu'il aime descendre d'un taxi, attendant ses pas dans l'escalier. Je le vois seul, assis dans son fauteuil, sourd au monde extérieur, plongé dans le récit de l'expédition en solitaire de l'amiral Byrd. Je le vois seul, enfermé dans ses pensées, promenant son chien dans les ruelles lisboètes désertes.

C'est troublant comme ces scènes illustrent la tristesse et le silence des tableaux d'Edward Hopper.



« Chaque jour est un seul jour. »



Pourtant Lisbonne est magnifique avec cette statue imposante du Christ dominant la ville et ses façades colorées recouvertes de bougainvillées. L'auteur dépeint à merveille le charme de cette ville, ses couleurs chatoyantes, le bleu métallique du Tage et l'or du crépuscule, sa chaleur écrasante et ses odeurs marines, de cuisine et de poubelles.



*

Pour conclure, « Tes pas dans les escaliers » a été un très beau moment de lecture pour moi.

C'est un magnifique roman d'une lenteur hypnotique, je l'ai savouré page après page, allant à la rencontre de ce personnage ambigu et discret. Et puis viennent les toutes dernières lignes du récit qui l'éclairent de nouvelles nuances douces-amères.
Commenter  J’apprécie          5343
En l'absence de Blanca

Roman écrit à la troisième personne et avec peu de dialogues.

Il pourrait sombrer dans la monotonie, dans l'ennui, mais la façon dont Antonio Munoz Molina raconte cette histoire de couple en fin de relation fait qu'on a envie de savoir comment ce couple en est arrivé là, et si la flamme sera ravivée ou non.



Mario est un fonctionnaire. Blanca, sa femme, est dans le domaine artistique.

Mario est passionné par sa femme, au point de sans cesse redouter son départ pour une vie moins routinière, plus surprenante.

Tout les oppose : il est casanier, réservé, ordonné, issu d'une famille modeste, prévoyant, démonstratif de son amour.

Elle a la bougeotte, est extravertie, bordélique, issue de la bourgeoisie, secrète.



Un jour, il ne la reconnaît plus. Il a l'impression qu'une autre femme que la sienne a pris sa place.

Elle lui échappe petit à petit, et il a beau faire toutes les concessions possibles pour la garder avec lui, il est démuni face à cette femme qui s'éloigne en silence.



Ce roman est à la fois simple et complexe. Simple dans son histoire, complexe dans ses allusions et dans cette relation.

Il nous retrace l'histoire de la rencontre entre Mario et Blanca, une rencontre atypique. Lui qui l'a sauvée de la déchéance est désormais celui qui sombre lentement.

Quand le doute et la suspicion s'installent, comment garder espoir ?

Un couple peut-il survivre à la routine ?

Peut-il durer lorsqu'autant de différences existent entre lui et elle ?



Ce sont autant de questions que l'on peut se poser à la lecture de ce livre, qui m'a, contre toute attente, plu.

Commenter  J’apprécie          120
Pleine lune

Une écriture dense qui nous plonge autant dans l'horreur absolue, la folie pure d'un esprit dérangée, la douceur d'un amour naissant et une traque millimétrée.

Le style est travaillé, poussé, l'auteur pénètre au plus profond de l'âme humaine, de ce qu'elle a de plus beau, comme ce qu'elle a de plus terrible.

Les chapitres alternent les personnages, l'inspecteur en quête d'un monstre qui fuit son passé, l'institutrice qui cherche la vérité et l'assassin, ses meurtrissures, sa vie pourrie, son esprit malade. La pleine lune l'attire, le guide, tel un loup garou qui passerait à l'acte en cédant à des pulsions terribles, malsaines. Et il y a le courage d'une autre fillette, la survivante, la clé de tout. C'est une lecture qui prend aux tripes, qui chamboule. Elle est toutefois complexe, la longueur des phrases la rend parfois difficile à suivre.
Commenter  J’apprécie          40
Tes pas dans l'escalier

Le livre sur rien : Flaubert en a rêvé, Antonio Muñoz Molina l’a fait. Attention, pas tout à fait sur rien quand même. Sur l’attente, sur l’absence, sur le vide de l’existence.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
Commenter  J’apprécie          00
Pleine lune

Verbeux.



C'est une petite ville du sud de l'Andalousie. Sans histoire. Mais une petite fille vient d'être retrouvée morte la culotte enfoncée dans la bouche.



Je partais avec un a priori positif mais je ressors mitigée de ce roman. Je m'attendais à lire un polar écrit avec un style très travaillé, je me suis retrouvée avec un polar avec un style trop travaillé.



L'auteur fait des phrases proustienne qui sont certes belles, mais qui noient le lecteur et lui font perdre le fil de l'histoire. C'est dommage car j'ai trouvé que les personnages étaient très bien travaillé et leur évolution était intéressante.



Le parti pris de l'auteur de ne pas se concentrer sur l'enquête mais sur les personnages est audacieux. Il aurait pu donner un beau résultat, mais le style alourdit l'ensemble.



En conclusion, un roman qui avait du potentiel mais le style alourdit l'ensemble.
Commenter  J’apprécie          260
En l'absence de Blanca

Un petit livre simple que j'ai lu en VO mais qui m'a laissé dubitative.

Mario, petit fonctionnaire de province avec une vie bien rangée sans grand relief, monotone, confie au lecteur ses inquiétudes concernant un changement de comportement notable de son épouse nommée Blanca pour qui il éprouve une véritable fascination alors que cette dernière est diamétralement son opposé.

Il nous propose une pointilleuse analyse de ces changements passant par la description de leur vie respective avant leur rencontre et le quotidien de leur vie conjugale.

L'écriture est dérourante car le personnage de Mario nous livre une véritable ode à sa femme à base d'éléments négatifs qui auraient rebuté bien des personnes .

Un livre finalement surprenant, circulaire qui traite sur la complexité des relations amoureuses pas toujours basées sur des sentiments profonds mais sur une dépendance affective, matérielle, une relation au final sans espoir, sans avenir se dessine.

Une fin qui laisse une porte ouverte à toutes interprétations laissant un sentiment flou chez le lecteur.
Commenter  J’apprécie          120
Dans la grande nuit des temps

Le roman débute en 1936 à New York. Mais c’est l’Espagne qui est au centre du récit. L’Espagne, que le personnage principal du roman, Ignacio Abel, architecte de son métier a fuit. Il a certes fuit la guerre, les atrocités qu’elle engendre, une machine folle qui s’est emballée et qui dévore tout le monde et n’importe qui. Et surtout les raisonnables, ou les tièdes selon l’angle de vue que l’on adopte, ceux qui comme Abel ont ardemment voulu la République, mais qui en même temps, sont installés de manière confortable, et qui souhaitent des réformes progressives, pensées et préparées, en évitant les excès.



Mais Abel est aussi parti aux USA à cause d’un grand amour, Judith, une jeune Américaine, avec qui il a vécu une passion torride durant quelques mois, qui lui a donné la sensation d’être enfin en train de vivre véritablement. Mais Abel est marié, et sa liaison avec Judith devait être dissimulée, se passer pendant des instants volés, toujours trop brefs. Puis, évidemment, elle laissait des traces, au point que sa femme, Adela, a tenté de se suicider. Judith a décidé de rompre, de partir, et Abel ne peut s’empêcher de nourrir un espoir, ou plutôt une attente, de pouvoir la retrouver, malgré tout.



C’est une grande fresque romanesque, qui aborde énormément de thématiques, de questionnements. La passion, avec ses joies et souffrances, les choix que l’on fait dans une existence, et qui s’avèrent juste ou non lorsqu’il n’est plus temps de revenir en arrière. Les stratifications sociales, une organisation dans laquelle il y les forts et les faibles, les gagnants et perdants, ceux qui ont trop et ceux qui ont trop peu, ce qui à un moment où un autre provoque les haines et la violence. Ignacio Abel  est entre les deux, issu d’un milieu défavorisé, il s’est fait tout seul en partie, mais son métier et sa réussite, ainsi que son mariage, l’ont fait basculé dans une autre classe sociale. Il y a aussi la terrible mécanique de la violence engendrée par les rapides changements politiques, tout le potentiel de destruction que portent en eux les êtres humains lorsqu’ils détiennent la force, et que les règles habituelles sont abolies, que tout semble possible.



Le roman suit tour à tour plusieurs personnages du roman, nous laissant la possibilité d’appréhender différents points de vue, différentes visions. Cela donne un texte très long, qui prend le temps de poser, de décrire, de faire ressentir. Par moments le rythme s’emballe, mais il y a une forme de lenteur dans une bonne partie du livre, la volonté de cerner par des petites touches, d’exprimer différentes sensibilités. Il y a de allers retours dans le temps, Ignacio Abel  se souvient pendant son voyage aux USA, qui doit le mener dans une université américaine où il doit prendre un poste d’enseignant et construire une bibliothèque, les événements qui l’ont mené là il en est. Parfois en désordre, le lecteur doit progressivement reconstituer son itinéraire.



Il faut rentrer dans ce roman, accepter de suivre ses méandres, prendre le rythme. Mais si le lecteur y arrive, c’est un voyage marquant, d’une grande densité, à la fois sensible et touchant, mais aussi source de réflexions, donnant une vision complexe et non univoque des événements et des êtres.
Commenter  J’apprécie          332
Beltenebros

C'est bien écrit....mais je me suis profondément ennuyée...



L'idée est bonne, nous revenons sur les pas d'un tueur à gages, enfin presque ça, un tueur pour l'honneur d'une cause...Il est rangé, il est un héros pour ceux de sa cause, et reviens sur un assassinat ancien, pour en réaliser un autre quelques années plus tard.



J'aurais presque préféré le lire en espagnol, mais mon niveau est insuffisant.

Je suis passée à côté de ce roman, qui pourtant a du plaire à plein de gens...Pas moi, dommage.



C'est embrouillé, ça traine en longueur, beaucoup trop d'états d'âmes, heureusement c'était court !
Commenter  J’apprécie          20
Pleine lune

Ce roman fut une lecture laborieuse et éprouvante mais il m'est difficile de départager la part de l'écriture et celle des conditions caniculaires. de toute façon c'est une lecture exigeante : beaucoup de longues phrases, heureusement assez simples, des chapitres dont il faut lire parfois plus d'une page avant de savoir ou d'être sûr de savoir de quel personnage il est question. L'écriture est belle, mais déroutante, en tout cas assez efficace pour instaurer atmosphère et rythme. le rythme, justement, est particulièrement lent, presque spiralaire et hypnotisant. Il s'agit bien d'un roman policier mais quasiment sans enquête, sans compter que lecteur fait connaissance de l'assassin, sinon dès le début, en tout cas bien avant la police. L'intérêt de ce roman n'est donc ni du côté de l'enquête ni du côté de l'action. Reste le climat créé par cette écriture, remarquable, sinon agréable. Nous sommes dans une ville du sud de l'Espagne, non nommée. Le passé est très présent, voire très pesant (aussi bien la période franquiste que l'ETA) et le personnage complexe de l'inspecteur, jamais nommé, est psychologiquement très intéressant. Un roman qui pourrait se prêter à une très belle adaptation cinématographique. Un roman ténébreux un peu frustrant que j'aurais probablement trouvé envoûtant en d'autres circonstances.
Commenter  J’apprécie          292




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Antonio Muñoz Molina (1020)Voir plus

Quiz Voir plus

Culture générale facile

Qui était surnommé le Roi Soleil ?

Louis XVI
Louis XIV
François 1e

11 questions
7 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture généraleCréer un quiz sur cet auteur

{* *}