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Critiques de Antonio Muñoz Molina (234)
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Dans la grande nuit des temps

C'est un roman historique réussi, en ce sens qu'il ne presente pas un personnage et son histoire personnelle plaqués sur de événements ou, pire, prétexte à raconter des événements auxquels ils seraient artificiellement associé.... Ici le destin et le vécu intime du héros se construisent, se mettent en place , et prennent tout leur sens à partir de l'univers social et politique dans lequel il est engagé , et à partir des déchirements que connaît son monde en ce début de guerre civile. Ensuite parce que ces terribles journées de l'été sanglant espagnol sont évoquées avec une force rare. Ce roman s'organise selon une construction romanesque, on pourrait dire hélicoïdale, qui joue sur l'imbrication des événements et des souvenirs, sur leur réfraction par bribes dans la conscience actuelle du héros, selon une technique excessivement complexe et admirablement maîtrisée .

Jusqu'a présent de cet ecrivain j'admirais surtout ses sortes d'essais/nouvelles, dans lesquelles il excelle,et dont la perfection culmine dans Sefarade . Mais ce roman me semble depasser en richesse toute son oeuvre antérieure !
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Un promeneur solitaire dans la foule

expressive, un documentarisme journalistique et une plongé dans la culture. En raison de ces états divers et

La narration, la description et la méditation intègrent la méthodologie de exercice littéraire brillant marqué par une curiosité vitale, une confiance en soi expressive, un documentarisme journalistique et une plongé dans la culture. En raison de ces états divers et de son ironie cachée, un livre captivant, mais difficile. C'est un livre d'artisan, différent, au style très libre et unique. Mais ce n'est pas un roman. C'est un monologue intérieur qui boit de la réalité et tente de refléter le monde dans lequel nous vivons. On y entends ces voix celle, narrative de l'auteur se mélangeant aux voix de la ville moderne et à celles de son passé;

Ecriture extrêmement dense , parfois volontairement confuse et soulante, voir obsessionnelle. Plus qu'une lecture L'auteur propose une expérience de lecture singulière.

Pour moi une expérience forte ,presque inoubliable ou Muñoz Molina sur un rythme lent de sonate, propose des images qui dénoncent la destruction du monde livre un chant poétique à l'écologie non sectaire à amour de la vie, tout en nous donnant des indices sur la façon dont il est devenu lui même écrivain par rapprochement avec Poe, Pessoa, De Quincey, Whitman, Dickens, Lorca...

tout cela donne certes un livre clivant, difficile, que vous pourrez détester ou adorer.

J'essaye quand même de raconter les grands traits de cette narration:

C'est un livre qui ouvre de nombreuses portes, et qui nous mènera à une multitude d'auteurs que, probablement, nous n'avons pas encore lus. L'auteur nous raconte l'histoire d'un narrateur qui suit un marcheur anonyme à travers la ville, qui prend des notes, mémorise toutes sortes de stimuli audiovisuels (j'achète de l'or et de l'argent, par exemple, des matériaux de démolition purs) et fouine les gros titres des journaux des gens à côté de lui dans le métro. On ne connaît pas le nom du narrateur ou du marcheur, mais on sait ce que ressentent Thomas de Quincey, Charles Baudelaire, Fernando Pessoa, Edgar Allan Poe, James Joyce, Walter Benjamin, Herman Melville, Federico García Lorca ou Walt Whitman. Tous ces écrivains, justement, sont des descripteurs et ils nous pont parlé, dans de nombreux cas, de villes qu'ils ne connaissaient pas ou qu'ils affrontaient pour la première fois, et c'est là que réside une grande partie du secret de ce livre, car souvent le la nous ne savons plus très bien de quelle ville il nous parle, car ce qu'il veut, c'est que nous comprenions comment nous ne connaissons pas nos propres villes et comment nous sommes des étrangers dans notre propre monde. Nous portons un téléphone portable qui nous fait baisser la tête qui nous isole du monde qui nous entoure et nous ne lisons pas dans la rue ce que la ville nous propose comme écritures : Nous ne lisons pas les publicités sur les murs qui cachent des vies entières. En marchant isolément, nous avons perdu la merveilleuse habitude d'écouter des conversations au coup par coup et d'imaginer d'où vient cette phrase et où elle va. Si nous analysons seulement la moitié d'une conversation téléphonique - celle de l'interlocuteur qui est à côté de nous - nous pouvons imaginer quelle était la question ou quelle aurait été la réponse. Les écrivains ne tirent-ils pas souvent de ces ficelles et ces bribes de conversations entendues pour construire leur propre monde? créer son propre monde à partir de celui de quelqu'un d'autre à peine entraperçu fait partie du génie de l' écrivain. c'est tout le contraire. Il sait que nous ne jouissons pas tous de son plaisir quotidien, et plutôt il nous dit qu'il est heureux comme ça, et que nous l'aimons aussi. Il est heureux ainsi, malgré une légère rechute d'une vieille dépression. Il a réalisé, dans la vraie vie, un cahier avec des coupures de presse et des publicités, des dessins et des photographies et peut être vu partiellement entre le texte. Et il semble qu'il ait passé un merveilleux moment avec cette expérience.

Muñoz Molina manie le langage avec tant d talent et d' habilité, que l'on peu lire ce livre de façon relativement fluide et facile malgré son étrange format.

S'il pouvait passer pour un vieux bougon ressassant que le "monde c'était mieux avant", et que "maintenant il va trop vite", ce n'est finalement pas l'impression qu'il nous laisse; au contraire. Il est un peu dépressif certes, mais il aime ça et nous dit que nous aussi on pourrait s'exercer à ce curieux exercice et en fin de compte aimer ça!
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Beltenebros

J'avais aime L'hiver a Lisbonne, qui etait un hommage au film noir et au jazz. Dans Beltenebros Munoz Molina continue cette veine, la poursuit jusqu'a ses recoins les plus profonds, les plus caches, la creuse jusqu'au dela de l’imitation, jusqu'au dela de la parodie, jusqu'a la caricature, une caricature a faire grincer des dents, a faire blemir le lecteur qui s'approche de cet abime de noirceur. Ce n'est pas le Carre noir sur fond blanc de Malevich, c'est un carre noir desoriente qui s'estompe dans un fond noir douteux, indecis. Et pour mieux piper les des le jazz s'est transforme en boleros douceatres et vulgaires. Au secours! Haro! Socorro!



Darman, un ancien capitaine de l'armee republicaine, exile en Angleterre, revient a Madrid, envoye par une organisation communiste clandestine, pour executer un traitre qu’il ne connait pas, qu'il n'a jamais vu.



Derriere un Madrid (celui des annees soixante?) qui semble reel se profile un Madrid sordide, des entrepots obscurs, un cinema decrepit, un hopital abandonne, batisses murees ou toutes ouvertures condamnees, lieux mysterieux cachant des histoires et des vies secretes, dans une atmosphere de tenebres opaques et de brouillards equivoques, en parallele avec l'opacite et l'obscurantisme que presuppose le franquisme regnant.



Darman, a la recherche et a la poursuite de son traitre, se rememore et revit en fait une autre execution qu’il avait mene a bien (a mal?) une vingtaine d'annees plus tot, dans les memes decors sinistres. Un destin qui parait se repeter en des temps paralleles. Il debat avec sa memoire, se questionnant sur les motifs de ses actes, qui semblent eux aussi repetitifs, eprouvant des sentiments et des emotions contradictoires qui le jettent de la serenite a l'impatience, de l’angoisse a l'euphorie, du calme a la rage, de la peur a la temerite, en des allers-retours incessants. C'est un heros solitaire, desoriente par une fascinante galerie de miroirs ou se refletent le passe et le present, la realite et la fiction, la certitude et le desespoir, le devoir et sa decharge, l'amour et la haine en fin de compte. C'est le crepuscule d'un heros tachete d'ambiguite morale.



C'est tres noir. L'auteur multiplie, en plus de l'ambiance et des couleurs, les cliches de films noirs. Rita Hayworth est expressement nommee, et quelques pages plus loin une scene ou la femme desiree (la femme fatale? Comme souvent, comme toujours, fatale pour elle-meme comme pour les autres) chante dans un cabaret et effectue un effeuillage cite en fait le film Gilda de Charles Vidor ou la Hayworth enleve erotiquement ses gants apres avoir chante Put the blame on mame. Vers la fin du roman, Darman poursuit le vrai traitre dans les combles d'une boite et d'un cinema, dans ce qui semble encore une citation, du Fantome de l'opera cette fois-ci. Le roman devient, plus qu'un hommage, une anthologie, pour cerner la quintessence du genre noir.



Comme toujours, j’ai aime l'ecriture de Munoz Molina, ses longues phrases pour traduire l'illusion de lumiere dans les penombres, l’ambiguite de la traitrise, les clairs-obscurs de l'ame, les tromperies du temps, les fables de la memoire, l'interchangeabilite des bourreaux et des victimes, des chasseurs et des proies, tous des fous, tous des heros, tous des perdants. Tous des Quichottes, si l'on croit la citation de Cervantes que l'auteur a mis en exergue: “Quelquefois ils fuyaient sans savoir qui, et d’autres fois ils s’arrêtaient sans savoir qui ils attendaient.” Des Quichottes dans l'obscurite, tous poursuivant un inaccessible, tous fuyant quelque chose, qui les fantomes de son passe, qui les chimeres de son avenir.



Un livre pas facile, un beau livre, bien que pas un des meilleurs de son auteur, un livre a l'image de son titre, un beau tenebreux.

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L'hiver à Lisbonne

Billy Swan, le trompettiste évoque Chet Baker à la fin de sa carrière, même fatalité du destin, où au bout d’une vie chaotique, la musique seule lui tendra des béquilles pour continuer d’exister

L’ambiance des clubs de jazz intimistes avec leur musiciens evoluant au milieu d’un air opaque chargé de fumée et d alcool, comme des voiliers à la dérive est merveilleusement rendue
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L'hiver à Lisbonne

Histoire d'un amour aussi passionnel qu'impossible sur fond de jazz et de tableaux de maître.



La narration extrêmement descriptive encombre le fil de l'histoire qui peine à nous cueillir. On se perd dans des croisements de lieux et d'époques qui complexifient le tout pour pas grand chose. Ce n'est qu'à la bonne moitié de l'ouvrage qu'on commence enfin à se prendre à ce jeu de confession timide d'un pianiste de jazz amoureux d'un fantôme.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Il y a quelque chose de fascinant dans ce qui s'entend, se ramasse et se voit, qui dans l'iphone du fond d'une poche de l'écrivain s'enregistre, qui à son carnet se colle à la page et s'ajoute à la pointe du crayon. Muñoz Molina vagabonde dans Paris, New York, Madrid et se souvient.





Il raconte ici ses histoires, ses expériences qui l'inscrivent dans l'espace si décrié des villes. Un tissu de mots et de récits entre le réel et les gens alors semble résorber la distance avec la familière étrangeté et réaccorder le citadin à ce qui l'entoure. Il écrit, dans « Un promeneur solitaire dans la foule » , sous une forme esthétique et juste, le plus profond de l'expérience urbaine mal désignée, dévalorisée et aujourd'hui reléguée. Il lance ainsi des passerelles et ravive merveilleusement l'attention aux autres, aux choses et aux lieux. Muñoz Molina dans ces pages est à la fois ancré dans l'ici et le maintenant de l'époque et arrimé dans le deçà et l'hier du passé des écrivains et des artistes qui hantent les lieux et l'inspirent.





L'écrivain espagnol donc, sac au dos, crayon et enregistreur à portée de main, s'est immergé dans les grandes villes de sa connaissance. L'élan irrépressible de sortir dans la rue, de tout noter pour ne rien oublier ont donné un livre foisonnant qu'il n'avait pas prévu d'écrire. « Flâner, dit-il, c'est rejoindre Stendhal et sa définition du roman comme un miroir qui se promène au bord d'une route. Cela permet de s'abandonner à ce que la vie nous offre ; à accepter de façon inconditionnelle le réel. Il se crée alors un ordre narratif et poétique, mais qui dépend complètement du hasard.» Avec lui « nous pensons d'ailleurs » et la vie quotidienne semble alors se nourrir de mythes : les écrans de moniteurs, de portables, d'ordinateurs ; les messages d'informations, de publicités … Isolés des actualités qui les font naître, ils apparaissent soudainement pour ce qu'ils sont : l'idéologie du formatage et de la surveillance. L'écrivain, comme en passant et après Roland Barthes , décrypte ici les mythes avec le souci de réconcilier le réel et les hommes, la description et l'explication.





Écrivain promeneur au travail, il nous présente littérairement l'urbain où s'entrecroisent les vies célèbres et inconnues, passées et présentes ; un urbain de sons mêlés, de couleurs criardes, de déchets invasifs et de mots intrusifs. Il déambule poétiquement en compagnie d'un passé toujours présent d'auteurs qui, dit-il, lui ont appris à voir et à écrire. Dans le dédale des rues, il met ses pas dans ceux abandonnés de Charles Baudelaire, de Thomas de Quincey, d'Edgar Poe ou bien de Walter Benjamin bientôt en allé. Roman pourtant, totalement, puisqu'à Madrid et New York il échange avec un mystérieux personnage de papier, sorte de « juif errant » d'un passé grenadin enfuit ; roman encore puisqu'il passe sans prévenir du je au il et semble donner la parole à un autre lui-même ; roman toujours puisqu'il fait surgir au « coin » d'une page l'inquiétude, le basculement d'un cataclysme toujours probable.





L'impression est forte à la lecture de ces carnets de voir se faire la littérature, d'apercevoir ce qu'une subjectivité fait secrètement au lecteur. Un rare plaisir.

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Tout ce que l'on croyait solide

Lu et relu , en désespoir de cause je me suis résigné. Je n’y ai trouvé que très peu d’intérêt, tant il n’y est fait énumération de peu d’idées neuves.
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Un promeneur solitaire dans la foule

A travers de longues déambulations dans les rues de Madrid, Paris ou encore New-York, Antonio Muñoz Molina invoque les esprits des grands écrivains adeptes de la promenade et les restitue dans une immense flânerie littéraire virtuelle. Ce récit parsemé d’images et composé de fragments dictés par des titres de presse ou des slogans publicitaires, sortes d’aphorismes contemporains illustrant des scènes urbaines atemporelles, prend la forme d’un gigantesque collage qui peut tout aussi bien se lire dans le désordre, à la manière de ce merveilleux hasard qui guide toute promenade.



Les pensées de flâneurs célèbres comme Thomas de Quincey, Charles Baudelaire, Walter Benjamin ou encore Fernando Pessoa s’insèrent dans une fresque moderne, où les arts et le lyrisme le plus profond côtoient la précarité, les détritus, le terrorisme et les actes les plus sordides. L’écriture restitue avec fracas un monde urbain fait d’injonctions, dans lequel l’obsession de l’actualité et l’absurdité de la publicité à outrance sont si bien dépeintes qu’elles coupent le souffle et révèlent l’angoisse qui accable souvent l’auteur. Mais de toutes ces pensées prises sur le vif surgit également la beauté, celle qui sublime l’évanescence de l’instant, qui dévoile la légèreté de l’amour et qui incarne les trésors d’un passé toujours présent. La cohabitation de la beauté et de la laideur, allégorie de la ville moderne, est très justement incarnée dans ce roman et s’impose définitivement comme un matériau littéraire inépuisable et profondément vivant.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Peut-être faut-il aimer les villes et les déambulations éthérées dans ces mêmes villes pour apprécier cet ouvrage. J'ai abandonné après avoir tenté de persévérer les cent premières pages. Sans en nier la qualité de l'écriture, l'exercice de style est un peu long et soporifique.

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Un promeneur solitaire dans la foule

[Une] somptueuse déambulation urbaine et littéraire.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Ce promeneur est sans doute l'auteur lui-même, qui se balade, explore, les paysages urbains, à Madrid, Paris, New-York... Mais il semble régulièrement croiser le chemin, suivre, entrapercevoir, une silhouette qui se dérobe, qui disparaît lorsqu'il pense l'avoir retrouvée, d'un homme qui comme lui parcourt la ville, récupère des prospectus, catalogues, affiches etc ; essaie de classifier, de garder trace de la vie telle qu'elle est, telle qu'elle se transforme, telle qu'elle va disparaître sans doute en un cycle de plus en plus rapide de transformations. Une sorte de double, de négatif, de l'écrivain lui-même peut-être.



Mais il y a aussi tous les promeneurs illustres qui les ont précédés. De grands artistes, comme De Quincey, Wilde, Baudelaire, Joyce, Benjamin, Poe...Poe qui écrivit une nouvelle intitulée L'homme des foules, dans laquelle le narrateur, observant les passants se trouve attiré par un homme qu'il va suivre, et avec qui il n'arrivera pas à établir le contact, un peu comme Antonio Muñoz Molina n'arrive pas vraiment à communiquer avec l'homme qui apparaît régulièrement, et dans divers lieux, qu'il parcourt. Les artistes évoqués par l'auteur sont des génies acculés, méconnus par leurs contemporains, démolis par des drogues, par la misères, par le rejet de leurs œuvres ou de leurs personnes. Et qui eux aussi arpentent les rues, tentent de saisir avec leurs yeux aiguisés l'esprit de leur temps, les ambiances, les décors, les passants. Comme Benjamin qui aura rassemblé un gigantesque matériel en vue d'un ouvrage monumental, Le livre des passages, qui ne sera jamais véritablement écrit, qui va se résumer à de la documentation, des morceaux, des projets... Une sorte de splendide ruine de ce qui aurait pu être un magnifique monument. Mais le destin tragique de Benjamin, qui l'a transformé en exilé misérable, tentant de survivre tant bien que mal grâce à quelques travaux alimentaires, ne lui permettra pas de donner corps à son projet jusqu'à la fin prématurée de sa vie.



Ce sont ces passages, dans lesquels Antonio Muñoz Molina évoquent ses illustres prédécesseurs, qui m'ont le plus passionné. Il réussit à créer des personnages, à communiquer sa passion pour leurs œuvres, à nous donner la sensation de partager leurs destinées, même si pour ce faire il procède parfois à des schématisations des vies véritables de certains d'entre eux. Mais peu importe, il fait flamboyer le destin des divins miséreux créant des merveilles dont d'autres tireront des profits après leurs morts. Certains de ces passages m'ont rappelé les volumes du Manifeste incertain de Frédéric Pajak, en particulier ceux qui évoquent Walter Benjamin. D'autant plus qu'Antonio Muñoz Molinain insère dans son livre, des images, photos ou reproductions de tableaux, moins nombreux certes que les dessins dont Pajak illustre ses livres. Il y aussi de très beaux paragraphes consacrés à l'auteur lui-même, à la femme qu'il aime, à son déménagement etc. J'ai en revanche trouvé un peu trop long parfois et par moments répétitifs, les passages décrivant le monde contemporains, les publicités, décors, atteintes à la planète etc. Globalement, je pense que ce beau livre aurait encore gagné à être un petit peu plus ramassé.



Mais peu importe. J'ai aimé déambuler avec Antonio Muñoz Molina dans les villes qu'il traverse, l'entendre me parler de tous ces artistes, et évoquer ce qu'il aime et ce qui le dérange, de manière libre, sans hâte, à son rythme. Un voyage à recommencer dans d'autres livres de l'auteur.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Écrivain de la mémoire, de l’exil et des retrouvailles, Antonio Muñoz Molina nous transporte vers la polyphonie des villes avec un récit du monde contemporain.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Pardon, estimado señor Muñoz Molina, mais vous auriez pu nous épargner cet ouvrage : plus de 500 pages d'un verbiage aussi inutile !

Je vous cite :

« Le sol vibre à l'approche du train. Ne pas monter ni descendre après le signal sonore. Je regarde les visages des gens et prête attention aux voix. Je suis tout ouïe. Je me place près de quelqu'un qui parle au téléphone dans le wagon, presque tout le monde regarde avec concentration l'écran de son portable »

Ou encore, environ 300 pages après:

« Des publicités fixées avec de la colle, du ruban adhésif et même du sparadrap sont placardées sur toutes la surface des réverbères et des poteaux des feux de signalisation. Achète votre voiture. Jeune fille bolivienne propose ses services pour s'occuper de personnes âgées et effectuer tout type de travaux domestiques. Transports et déménagements. Achète Or. Achète Argent. Serruriers de confiance. Pose de fenêtres. Peintre espagnol»

Non, sans blague, pourquoi diable, estimado señor, perdre votre temps à écrire (et faire perdre ensuite le nôtre à les lire !) des centaines de pages de sornettes de la sorte, dignes du pire des écrivains en herbe ?

Vous avez avoué, je le sais pour l'avoir lu dans un entretien que vous aviez accordé au Nouvel Observateur, que l'écriture de cet opus vous avait permis de sortir d'une période difficile de dépression. C'est très bien. Il est bien connu de tous l'effet cathartique, thérapeutique que l'écriture peut revêtir pour tout un chacun. Hélas, il me semble qu'aucun viatique ne puisse en lui-même être forcément gage d'une bonne littérature!

Ce que votre éditeur nous présente en quatrième de couverture comme étant le registre de vos pérégrinations dans des villes aussi emblématiques que New York, Lisbonne, Madrid, Paris, ayant abouti à un véritable «éloge érudit d'une flânerie» m'a peut-être fait croire, à tort, que cette lecture pourrait constituer un bon moyen de faire connaissance à la fois avec vous et avec votre plume. Je m'attendais secrètement à retrouver le plaisir des délicieuses divagations que j'avais éprouvé en lisant G.W. Sebald ou chez le Rousseau des « Rêveries du Promeneur Solitaire ». Quelle déception, je n'ai retrouvé rien de tout cela !

D'ailleurs où êtes-vous exactement, estimado señor Muñoz Molina, derrière cet amas d'impressions que vous acceptez sans discrimination de transcrire, souvent sans queue ni tête, de ces bouts de descriptions de tout et de n'importe quoi, de cet immense collage d'informations de toutes sortes qui ne cesse de se disloquer sans direction précise ? Mû par la tentation de « tout écrire », auriez-vous pu, au fond, faire une place à vous-même de manière claire, ou en tout cas suffisamment cohérente pour qu'on puisse vous y reconnaître ? J'ai eu l'impression que vous n'y êtes pas, vous-aussi, qu'en tant que fantôme, à l'instar de ces nombreux auteurs (Baudelaire, Pessoa, Poe...), toutes ces silhouettes que vous glissez dans les décors que vous traversez et dont on se demande la plupart du temps ce qu'elles peuvent bien fabriquer là...

« Tout écrire », voyons, señor Muñoz Molina, quelle ambition, quel rêve insensé pour un écrivain !

Qui veut tout, dit la sagesse populaire, risque de n'obtenir rien ...

Pardonnez-moi, estimado señor, mais j'ai abandonné votre livre en cours de route et je dois vous avouer que je l'ai refermé un peu en colère. Toutefois, croyez-moi, je ne suis pas quelqu'un de rancunier, et surtout je n'aime pas proférer des jugements hâtifs ou définitifs. J'essaierai, je vous le promets, de lire plus tard un de vos vrais romans. Pour cela, et pour me départir de cette première mauvaise impression, je compte aussi sur les billets et les éventuels conseils des lecteurs si nombreux, il me semble, qui apprécient votre oeuvre. Là, il me faut néanmoins un peu de temps avant de réessayer.

Bien à vous !

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En l'absence de Blanca

J'avais adoré dans La grande nuit des temps du même auteur .Ce récit est plus court ,plus ramassé ,il traite de la relation d'un couple un peu disparate : le mari simple fonctionnaire ,d'origine modeste mais stable , profondément amoureux de sa femme d'un milieu plus aisé ,cultivée ,fantaisiste ,attirée par le monde de l'art ,qu'il a aidée lors de leur rencontre à sortir d'une profonde dépression .L'amour d'un couple peut-il résister au manque d'affinités ,de goûts et d'intérêts communs ?

Antonio Munoz Molina traite de ce sujet avec beaucoup de sensibilité ,de subtilité et un grand talent d'écriture .J'ai également apprécié ses critiques fort pertinentes du monde de l'art contemporain. Un grand écrivain espagnol!
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Un promeneur solitaire dans la foule

Mots de passe. De Madrid à New York, où il a vécu, l'écrivain espagnol cultive un art de la déambulation poétique. Dans son nouveau livre, « Un promeneur solitaire dans la foule », il sonde la désolation et le fracas des villes du XXIe siècle.
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Un promeneur solitaire dans la foule

Le promeneur Antonio Muñoz Molina rend compte du monde contemporain à travers choses vues, pubs, réminiscences littéraires.
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Un promeneur solitaire dans la foule

De New York à Paris en passant par Madrid et Lisbonne, une singulière balade buissonnière.




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Fenêtres de Manhattan

Les premières fenêtres sont le hublot de l’avion qui a amené Molina à New York la première fois et la fenêtre de l’hôtel par laquelle il regardait la ville quand il n’était encore qu’un touriste effrayé, perdu avec la langue.

Fenêtres de Manhattan, c’est plusieurs années de déambulation, mais surtout plusieurs mois de l’année 2001 incluant le 11 septembre. Après avoir regardé le temps qu’il fait par la fenêtre de son appartement, après avoir décrit le ciel et les arbres et montré les changements de saisons, Molina déambule dans les rues des journées entières, parle du New York qu’il croise, buildings et passants. Certains passages correspondent à une époque antérieure au ménage du maire Giuliani, avant qu’il ne nettoie Manhattan des indésirables, de ceux qui gachent la carte postale. Molina nous décrit la ville de tous les extrêmes avec les yeux d’un Européen qui ne s’habitue pas à l’indifférence des gens. A New York, on ne voit pas l’autre, on ne lui parle pas, on ne le touche pas. J’ai aimé son empathie envers les plus démunis, ses réflexions sur une ville dans laquelle prédomine le commerce de tout ce qui peut se vendre.

Pendant ses pauses dans les cafés, Molina se poste devant les vitrines et observe encore les passants, note dans ses cahiers tout ce qu’il voit et ses réflexions qui donneront matière à ce roman. Les piétons sont les marcheurs de Giacometti, les arbres qui ploient sous le vent sont ceux des tableaux de Van Gogh, les fenêtres sont celles des tableaux de Hopper.

J’ai apprécié les nombreuses références culturelles. Molina visite de nombreux musées et bibliothèques, surtout les plus petits d’entre eux que nous ne connaissons pas forcément. Mais ce n’est pas un guide touristique de la ville, c’est un roman très personnel et dans certains passages, Molina se livre complètement, se montrant timide face aux personnes qu’il doit rencontrer à New York, susceptibles de publier ses romans. On découvre un écrivain qui doute de lui et de ses écrits. Roman personnel aussi car c’est à New York qu’il a donné rendez-vous à une femme rencontrée depuis peu, ne sachant pas encore si cette rencontre pourra déboucher sur un amour durable. Cette femme l’accompagnera-t-elle plusieurs fois à New York ? Deviendra-t-elle la mère de ses enfants ?

Le roman est aussi une réflexion intéressante sur l’appartenance à un pays. « Voyager nous sert plus que tout à en apprendre sur le pays dont nous sommes partis ». Molina aime New York pour la ville, ses musées, ses bibliothèques et ses salles de spectacle mais il aime surtout la sensation d’être un inconnu dans cette ville.

Une fois n’est pas coutume, j’ai un petit bémol, tout petit. J’ai trouvé que le roman tournait un peu en rond parfois, surtout vers le milieu. Quelques passages, peu nombreux, m’ont un peu moins parlé. Mais beaucoup d’autres m’ont enchantée, évidemment. Et bien sûr, il y a cette écriture. Pas besoin d’en dire plus pour ceux qui la connaissent. Pour les autres, courez-y vite et vous ne pourrez plus vous en passer.

Je n’ai pas lu tous les romans de Molina, je les savoure à petites doses en redoutant le jour où je n’en aurai plus à lire. Et comme ce n’est pas un écrivain qui sort un roman tous les ans, cela pourrait venir vite. Je viens justement de voir qu’il en sort un qui fera certainement échos à Fenêtres de Manhattan puisqu’il y raconte ses périgrinations dans différentes villes.
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Dans la grande nuit des temps

Ce roman a été publié en Espagne à Barcelone, aux éditions Seix Barral, en 2009 ; La première édition française date de 2012 au Seuil et je pense que l’on n’a pas suffisamment mis ce roman en valeur.

S’immerger dans l’univers de Muñoz Molina, c’est un acte de renoncement à ses propres repères. Sans ce renoncement, la lecture restera en surface, rugueuse et laborieuse, comme l’ascension interminable d’un escalier dont on ne gravit quelques marches que pour mieux les redescendre sans qu’il y ait, en apparence, le moindre obstacle à franchir. Ce qui produit cet effet insolite et déroutant, c’est le traitement du temps, car c’est bien « dans la grande nuit des temps » que le romancier espagnol nous fait subtilement mais impérativement entrer. Naïf, en entamant sa lecture avec gourmandise, le lecteur innocent n’y prend pas garde, et pourtant, tout est mis en place dans un fabuleux incipit, une magistrale ouverture qui pose avec soin et exactitude les principes qui procèdent de la construction du roman.

Ce n’est pas par hasard si le personnage principal, Ignacio Abel, est architecte, si son sempiternel cartable à Madrid, ou sa pauvre valise à Paris, à New-York, à Rhineberg, sont bourrés de dessins et de plans de bâtiments, ceux qui ont été bâtis, ceux qui sont abandonnés, ceux qui sont rêvés, ceux qui sont à venir… Ils préfigurent dans le roman l’ample et complexe architecture romanesque dont la pierre d’angle est le temps.

Le temps de la narration est d’emblée centré sur le personnage d’Ignacio Abel, perdu dans une gare immense, la gare de Pennsylvanie à New-York, effrayé, misérable, déserteur mais constant. Le temps de l’écriture apparaît dès la deuxième phrase : « je le vois d’abord de loin, parmi la foule de l’heure de pointe... » et à plusieurs reprises : « Je l’ai vu de plus en plus clairement, surgi de nulle part, arrivant du néant, né d’un éclair de mon imagination, sa valise à la main... » (…) « Avec la précision d’un rapport de police ou celle d’un rêve, je découvre les détails réels. Je les vois surgir devant moi et se cristalliser... ». Et ce « je » de l’écriture, de la conception du roman, très présent dans les premières pages, s’efface pour resurgir de temps à autre à des moments clés de la narration, et, bien sûr, dans les dernières lignes, pour poser un regard suspendu cette fois au personnage de Judith qui prend le relais du voyage, mais dans l’autre sens, de New-York à Madrid : « Je la vois de profil, plus nette à mesure que l’aube arrive (…) d’un demain proche qu’elle n’entrevoit pas et je suis incapable moi aussi d’imaginer son avenir ignoré et perdu dans la grande nuit des temps. » Ainsi le romancier se résout-il à renvoyer dans le néant ses personnages et met ainsi un point final à son écriture.

Le temps de la narration, qui doit supporter tous les obstacles et les tragédies du réel, est totalement soumis à l’errance d’Ignacio Abel. Son errance physique pose le cadre précis de son voyage hasardeux et difficile de Madrid, en pleine guerre civile, à Rhineberg au Campus du Burton College, et une temporalité courte : les dernières semaines d’octobre 1936 ; ou le cadre tout aussi précis de ce tragique été 36 à Madrid en quête de l’amante perdue, de l’ami allemand disparu, des papiers officiels nécessaires à son départ. Son errance amoureuse emporte avec elle les fulgurances d’une passion intense rehaussée par les aléas, les mensonges, les secrets d’une liaison adultère qui s’étale sur un peu plus de huit mois, d’octobre 35 à juillet 36, et qui met en miroir Adela, l’épouse délaissée et Judith, la maîtresse perdue, l’Espagne immobile et l’Amérique en perpétuel mouvement. Son errance morale s’étale sur une vie entière et conjugue les figures qui construisent l’épaisseur d’un homme : l’enfant orphelin, le jeune homme ambitieux, l’époux et le père ayant accédé à une réussite professionnelle inespérée, l’amant prêt à tout sacrifier mais qui ne sacrifie rien ; et cette errance charrie son lot d’amours sincères, de regrets, de remords, d’erreurs, de colères, de lâchetés, de culpabilités.

Le temps d’un voyage, le temps d’une passion, le temps d’une vie. Et ces trois temps se télescopent, s’interpellent, interfèrent, surgissent au gré de la conscience d’Ignacio Abel et de ses états d’âme en fonction des événements qu’il vit. Comme dans la réalité, où nos souvenirs, nos pensées, nos interrogations se mélangent et s’entrechoquent sans souci de la chronologie ni de la répétition, nous suivons le fil distendu et anarchique de la pensée du personnage qui bute sans cesse sur certains épisodes de sa vie. Et sa vie nous apparaît comme un puzzle à reconstruire, avec sans cesse la nécessité de revenir sur certaines articulations pour préciser, pour ajuster, pour mettre en contexte, pour éclairer le fragment de vie d’un sens nouveau en fonction d’autres pièces du puzzle qui n’étaient pas encore connues ; une architecture qui utilise tous les possibles de l’espace romanesque : la hauteur, la largeur, la profondeur, et la quatrième dimension, celle du temps. Et ce procédé fait éclater le troisième temps : le temps de l’Histoire. Passant sans cesse de l’arrière-plan au premier plan de la narration, l’Histoire s’impose comme un temps implacable qui scelle les destins, pulvérise tout sur son passage et contraint à accepter l’inacceptable. Sa logique échappe à ceux qui voudraient en être les instigateurs autant qu’à ceux qui souhaiteraient rester en marge. Et elle déroule son tragique parcours sans crainte d’être arrêtée puisque ses pires absurdités et ses pires cruautés s’enfoncent inexorablement dans la grande nuit des temps, garantissant ainsi la possibilité d’être sans cesse perpétrées dans un éternel recommencement.

Enfin, signalons la remarquable qualité de la traduction de Philippe Bataillon qui parvient à restituer l’épaisseur littéraire et humaine de ce très grand roman.
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Tus pasos en la escalera

Un ouvrage sur l'attente, en plein confinement, on ne pouvait imaginer mieux. J'aime l'écriture d'Antonio Muñoz Molina, ici son habileté à intégrer dans le quotidien des conversations sur l'art, des théories sur le fonctionnement du cerveau. Et puis, comme Bruno, le personnage principal,je me suis mise à attendre un dénouement qui semblait en permanence reporté par quelques descriptions ou commentaires qui, comme de nombreux détails inondaient la lecture.

Mon impression finale est que ce roman, avec quelques dizaines de pages de moins aurait certainement obtenu un résultat final meilleur. A trop vouloir faire durer le suspense (ou du moins l'attente) on le tue.
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