Citations de Charles Bukowski (2091)
J’ai fini ma bière et l’horreur est arrivée, la pire des horreurs. Sarah m’a soulevé et m’a posé entre ses cuisses à peine écartées. Je me suis retrouvé nez à nez avec une forêt. J’ai bandé mes muscles, me doutant de la suite. On m’a enfoncé dans une nuit puante. J’ai entendu Sarah gémir. Puis Sarah a commencé à me faire subir un va-et-vient très lent. Je l’ai déjà dit, la puanteur était insupportable, c’était dur de respirer mais j’y arrivais quand même – il y avait des poches d’oxygène dans les plis. Coup sur coup, ma tête, le bout de mon crâne, butait contre le Capitaine Clito, et là Sarah lâchait un grondement d’illuminée.
tout le monde s’en fout
tout le monde s’en contrefout
tu savais pas ?
tu l’avais oublié ?
tout le monde s’en bat les reins
même ces empreintes de pas
qui semblent aller quelque part
ne mènent nulle part
tu peux prendre les choses à cœur
mais tout le monde s’en fout –
c’est la première leçon
qui mène à la sagesse
apprends-le
et personne n’a l’obligation de s’en soucier
personne n’est censé en avoir quelque chose à foutre
la sexualité et l’amour sont évacués...
comme de la merde.
tout le monde s’en branle
apprends-le
croire en l’impossible est un
piège
la foi tue
tout le monde s’en balance –
les suicidés, les morts, les dieux
ou les vivants
pense au vert, pense aux arbres, pense
à l’eau, pense à la chance et à la gloire de
toute sorte
mais garde-toi
le plus tôt possible
de dépendre de l’amour
ou d’attendre qu’on t’aime
en retour
personne n’en a rien à foutre.
[...] un jour j’avais traversé le parc McArthur
à ses côtés tandis qu’elle repérait les hommes avec
des têtes intéressantes et
j’allais les voir et leur demandait si elle
pouvait sculpter leurs têtes. je leur ai même
proposé de l’argent, ils ont tous
refusé, conscients que quelque chose ne tournait pas
rond. Je sentais moi aussi que quelque chose ne tournait pas
rond, particulièrement chez moi
c’est peu de temps après ça que
la sculptrice et moi on a
rompu. [...]
[...] même si la solitude est
bonne
l’isolement paraît
imparfait. [...]
[...] il y a trop de choses identiques à l’infini,
j’ai des doigts et il y a des doigts partout,
j’ai des yeux et il y a des yeux partout,
j’ai des cauchemars et il y a des cauchemars de partout,
si je dors je dois me réveiller,
si je baise je dois m’arrêter de baiser,
si je mange je dois m’arrêter de manger,
je ne peux pas faire ce que je veux,
je suis bloqué dans une répétition de duplication...
[...]
avant j’écrivais à Mère au sujet des lames de rasoir sur ma gorge
pour lui dire à quel point les visages avaient l’air affreux sur les gens
à quel point leurs corps semblaient du goudron durci
mais bonne vieille Maman est morte d’un cancer pendant que j’étais au pieu
avec une putain de 130 kilos qui avait débarqué à la nage depuis le Costa Rica
et je devais me dégoter un job dans les chemins de fer,
merde ouais, et je continue de penser que l’ultime rasoir sur ma gorge
comprendra le divinité de l’acier et
l’enfer de
l’attente.
Les seuls sujets qui me branchent sont la bière, les courses et la musique symphonique.
Cette nouvelle vie ne collait pas avec Jan. Elle avait l'habitude de ses quatre coups par jour et aussi de me voir pauvre et humble.Après une journée au magasin ,la virée à tombeau ouvert ,puis le sprint dans le parking et le tunnel ,y avait plus beaucoup d'amour en moi .Quand je rentrais le soir elle était déjà bien partie au pinard.
《 Monsieur le parieur》 elle m'a dit quand je suis rentré.
Elle était toute habillée; hauts talons,bas nylon ,jambes croisées haut ,balançant le pied.
《 Monsieur le parieur.Tu vois, quand je t'ai rencontrė la première fois, j'ai aimé ta façon de traverser une pièce. Tu ne TRAVERSAIS pas la pièce, tu marchais comme si tu possédais tout ,comme si rien n'avait d'importance. Maintenant que tu as quelques biftons dans la poche tu n'es plus le même. Tu te comportes comme un futur dentiste ou un plombier.( page 107)
Je détestais les week-ends. Tout le monde était de sortie. Tout le monde jouait au ping-pong, tondait sa pelouse, briquait sa voiture ou allait au supermarché, à la plage ou au parc. La foule envahissait tout. Mon jour préféré était le lundi. Tout le monde retournait au turbin, devenait invisible.
- Votre écriture, dit-elle, c'est tellement cru. Comme un coup de massue, et pourtant elle contient de l'humour et de la tendresse ....
Mon destin, j'en avais l'impression, c'était d'être assassin, détrousseur de banques, saint, violeur, moine ou ermite. La Cloche, c'était immonde. Mais la vie du citoyen moyen et saint d'esprit, c'était morne, pire que la mort même. Il me semblait pas y avoir d'autre alternative. L'instruction, elle aussi, avait tout l'air d'être un piège. Le peu que je m'étais permis d'en acquérir n'avait fait que me rendre encore plus soupçonneux. Les médecins, les avocats, les scientifiques, qu'est-ce donc ? Rien que des gens qui acceptaient qu'on les prive de leur liberté de penser et d'agir en individus.
Putains de casse-burnes ! Quel que soit le continent où ils ont vu le jour, ils sont la vraie majorité. Prêchant d’exemple et ralliant sans cesse à eux de nouveaux casse-burnes. Il y a de quoi trembler ! Bientôt, le monde leur appartiendra.
Le cœur rieur (The Laughing Heart)
Ta vie, c'est ta vie
Ne te laisse pas marteler par une soumission moite
Sois à l'affût
Il y a des issues
La lumière est quelque part
Il y en a peu mais elle bat les ténèbres
Sois à l'affût
Les dieux t'offriront des chances
Reconnais-les, saisis-les
Tu ne peux abattre la mort
Mais tu peux la combattre dans la vie
Et le plus souvent tu sauras le faire
Le plus de lumière il y aura
Ta vie, c'est ta vie
Sache-le tant qu'il est temps
Tu es merveilleux
Les dieux attendent cette lumière en toi
(J'ignore malheureusement le nom du traducteur ou de la traductrice.)
*
your life is your life
don’t let it be clubbed into dank submission.
be on the watch.
there are ways out.
there is a light somewhere.
it may not be much light but
it beats the darkness.
be on the watch.
the gods will offer you chances.
know them.
take them.
you can’t beat death but
you can beat death in life, sometimes.
and the more often you learn to do it,
the more light there will be.
your life is your life.
know it while you have it.
you are marvelous
the gods wait to delight
in you.
http://le-semaphore.blogspot.com/2016/04/charles-bukowski-le-coeur-rieur.html?m=1
Ici, une lecture du poème par Tom Waits : https://youtu.be/PPryNsxJk7s.
Plus ça change, plus c'est pareil. La bête humaine ne fait pas beaucoup de progrès.
L’homme est né pour mourir. Impossible de nier l’évidence. On se rattache à tout ce qui passe et on attend. On attend le dernier métro. On attend une paire de gros nibards dans une chambre d’hôtel, une nuit d’août à Las Vegas. On attend que les poules aient des dents. On attend que le soleil baise la lune. Et en attendant, on se raccroche à n’importe quoi.
La picole est une forme temporaire de suicide dans laquelle je m’autorise à mourir pour ensuite revenir à la vie. L’alcool est juste une sorte de colle qui permet de maintenir assemblés mes bras, mes jambes, mon zob, ma tête et tout le reste. L’écriture, c’est juste une feuille de papier, je suis quelque chose qui marche et regarde par la fenêtre. Amen.
Il y a une immense culpabilité liée à la boisson. Je ne partage pas cette culpabilité. Si je souhaite me détruire les cellules du cerveau ainsi que mon foie et différents éléments de mon corps, c’est mon affaire. L’alcool m’a mis dans des situations que je n’aurais jamais connues sans elle : des lits, des prisons, des bagarres et des longues nuits insensées. Durant toutes mes années de clochard et de banal ouvrier, l’alcool a été la seule chose permettant de me sentir mieux. Ça m’a sorti du piège rance et boueux. Les Grecs n’appelaient pas le vin « le Sang des Dieux » pour rien. Cent pour cent de mon travail a été écrit (et continue de l’être) avec un coup dans le nez et une bouteille à portée de main. Ca détend l’atmosphère, injecte une part de hasard dans les mots. Je ne pense pas que l’alcool détruise les écrivains. Je pense qu’ils sont détruits par l’autosatisfaction, leur enflure d’ego. Ils manquent d’endurance pour la simple et bonne raison qu’ils ont très peu de choses à endurer – certains d’entre eux ont du souffle, à leur début. Mais ils s’enflamment trop vite, lâchent trop tôt et se révèlent être généralement des êtres humains de bas niveau ?
Est-ce que tu crois que je deviens vraiment cinglé ? Pourquoi faut-il que je t’écrive une si longue lettre ? Quelque chose ne tourne pas rond là-haut.
Le génie de la foule
il y a assez de trahison, de haine violence absurdité chez l'
être humain moyen pour fournir une armée donnée un jour donné
et les meilleurs en matière de meurtre sont ceux qui prêchent contre elle
et les meilleurs en haine sont ceux qui prêchent l'amour
et les meilleurs en guerre sont finalement ceux qui prêchent la paix
ceux qui prêchent Dieu, ont besoin de Dieu
ceux qui prêchent la paix n'ont pas la paix
ceux qui prêchent la paix n'ont pas d'amour
méfiez-vous les prédicateurs
méfiez-vous des connaisseurs
méfiez-vous de ceux qui lisent toujours des livres
méfiez-vous de ceux qui détestent la pauvreté
ou en sont fiers il
méfie ceux qui sont prompts à faire
des éloges car ils ont besoin de louanges en retour,
méfiez-vous de ceux qui sont prompts à censurer
ils ont peur de ce qu'ils ne savent pas
méfiez-vous de ceux qui cherchent des foules constantes car
ils ne sont rien seuls
méfiez-vous de l'homme moyen la femme moyenne se
méfie de leur amour, leur amour est moyen
cherche moyen
mais il y a du génie dans leur haine
il y a assez de génie dans leur haine de vous tuer
pour tuer quelqu'un
ne voulant pas la solitude
ne comprenant pas la solitude
ils essaieront de détruire tout ce
qui diffère du leur
ne pouvant pas créer de l'art
ils ne comprendront pas l'art
ils considéreront leur échec en tant que créateurs
seulement comme un échec du monde
non pouvoir aimer pleinement,
ils croiront que votre amour est incomplet
et puis ils vous détesteront
et leur haine sera parfaite
comme un diamant brillant
comme un couteau
comme une montagne
comme un tigre
comme la ciguë
leur plus bel art
J’ai une idée, Willie. Faisons une revue, toi et moi. Appelons là The Toilet Paper Review. On n’aura même pas besoin de duplicateur. Je prendrai juste un rouleau de PQ que je chargerai dans cette machine à écrire. Toi et moi, on aura juste à écouler tous les vieux poèmes dont on n’arrive pas à se débarrasser dans The Toilet Paper Review.