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EAN : 9782846821551
64 pages
P.O.L. (18/05/2006)
4.27/5   22 notes
Résumé :
Si les tableaux de Paul Cézanne ramènent Charles Juliet sur les lieux de sa propre adolescence, ils provoquent aussi en lui un questionnement sur la création, qu´elle soit celle du peintre ou celle de l´écrivain. Ce livre est un face-à-face troublant entre deux oeuvres, il est aussi un échange, un dialogue entre deux solitudes tendues vers l´autre et vers la vérité, au-delà du temps, au-delà de la mort.
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Charles Juliet le poète écrit en 2005 à Paul Cézanne le peintre une soixantaine de pages, juste sur l'idée de lui écrire comme ça ! Une idée qui lui trottait dans la tête depuis un certain temps, mais vu le nombre de publications sur le peintre dont il a pris largement connaissance, il estimait qu'il n'avait rien à ajouter, tout semblait avoir été dit. Et puis un jour il a pris sa plume, et c'est parti mon kiki !

"Une telle idée peut paraître bizarre, dit-il, voire saugrenue. En principe, on n'écrit pas à quelqu'un qui n'est plus de ce monde." Mais Cézanne lui semble encore en vie à travers ses toiles qui lui survivent et qui émeuvent le poète ; elles le font voyager en lui-même, ajoute-t-il !

Si effectivement Cézanne le peintre convoque ainsi le poète, avec impériosité, il n'y a pas à attendre une seconde, il faut écrire. Juliet décline que lorsque lui artiste se cherchait, Cézanne et d'autres l'avaient aidé à trouver son chemin. Voilà des secrets bien gardés dans ce monde de l'invisible, hors du temps, comme on se les imagine sans pouvoir y accéder, qu'on aime bien voir éventés un peu. C'est déjà si rare non pas de faire ce genre de rêve éveillé, mais de coucher sur le papier les impressions fugaces qui nous agitent n'est pas un exercice aisé. On voit ainsi la flamme de l'artiste qui se consume à un rythme bien irréel , d'une grande fécondité quand elle se téléscope à celle de ses pairs qui l'impressionnent.

"Ainsi, j'ai souvent été en dialogue avec vous, et je conçois cette lettre comme la reprise et la continuation des échanges que nous avons eux silencieusement."
"Avant de poursuivre, je voudrais avouer qu'au début je suis allé vers votre oeuvre pour des raisons qui n'avaient rien à voir avoir la peinture. Votre nom s'identifiait pour moi à la montagne Sainte-Victoire et à Aix-en-Provence. Or j'ai vécu huit ans dans cette ville. A cette époque, je ne savais rien de vous, mais plus tard, j'ai découvert qu'au cours de ces années, mes pas avaient bien souvent recoupé vos traces.."

En remontant ainsi le temps, le poète se trouve des affinités avec le peintre. Tous deux ont connu des grands moments de solitude. Ce n'est pas juste que l'aboutissement de leur création qui éclaire sur les affres de la vie. Ce voyage avec Cézanne, comme dit justement Juliet, le renvoie à lui-même, à ses tourments, ses doutes, son désespoir. Tout ce qu'il entrevoit chez l'autre, c'est le portrait en creux de lui-même ; il croit percevoir aussi des similitudes entre l'acte d'écrire et l'acte de peindre ..

Juliet, bien qu'il s'en défende se laisse aller ensuite à l'étude de certaines peintures de Cézanne ..
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Ne pas passer à côté...

Je vais écrire doucement.
Aussi doucement que Charles Juliet, c'est-à-dire autant que faire se peut pour un écrivain.
C'est plus "facile" pour un peintre...
De ne rien précipiter.
Plus simple parce que celui qui sait peindre, pour le savoir n'a pas d'autre moyen que de savoir regarder, que d'apprendre à le faire, que de devenir patient
Un écrivain, (même assez remarquable) peut rester aveugle, avoir cette cécité mentale l'empêchant pour toujours de voir certains aspects des choses ; il y a des paysages cérébraux dont on dirait bien qu'ils se suffisent à eux-mêmes, qu'ils sont presque une dispense de chercher autre chose

Charles Juliet ne fait pas partie de ceux-là ; il ne vous fascinera pas...
Mais il vous étonnera !
Il est de la catégorie des curieux du visible. Ceux qui n'ignorent pas la violence, peut-être. Sûrement, non. Mais qui se l'ont accordée.
Pour un peintre de la hauteur de Cézanne et dans le travail poétique également, il faut savoir se "refaire"

Un oubli de soi cherchant autrement que dans l'ivresse, la fuite...
Creusant plutôt pour faire de la place, découvrir un espace (aussi intime qu'extérieur) qui permette de voir ce qui est beau
Tout ce qui est beau et auquel manque, seulement, le regard
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Ce court livret est l'occasion pour Charles Juliet de nous parler de Cézanne, le peintre incompris, l'homme en colère, l'enfant marqué à jamais par la soumission au père.
Cézanne, l'homme aux multiples visages, à l'autoportrait sans cesse renouvelé et à travers lui, l'histoire de l'Homme dans toutes son ambiguïté. L'enfance, la nature, la connaissance et l'intérêt que l'on porte aux autres, tout cela est abordé donnant lieu à de magnifiques textes.
Il est aussi question de Zola, cette amitié entachée par la maladresse, le malentendu « mal entendu » si on veut bien s'attarder sur les mots et leurs significations premières et profondes.
C'est le mal entendu par Cézanne de la bouche même de son meilleur ami qui entacha la relation nouée depuis l'enfance. Juliet revient longuement sur « l'oeuvre » ce roman de Zola qui déclencha chez Cézanne la furie et le point de non-retour. Un roman fondamental à mes yeux.
Économie de mots, économie de pages pour dire l'essentiel.
Petite merveille lue le temps d'une traversée en bateau. Quelques mots lus au fil de l'eau.
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Un livre fort sur la création et son exigeance. le croisement de deux regards, celui d'un peintre et d'un écrivain qui trouve dans l'oeuvre du maître, la matière de son propre cheminement. Un récit éclairant pour tous ceux qui se questionnent en profondeur sur l'acte de création.
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Les éditions Flohic ont fait paraître une série d'ouvrages qui allient le texte à l'image. Après avoir lu le Giacometti vu par Tahar Ben Jelloun, j'ai découvert le texte écrit par Juliet sur Cézanne, accompagné à chaque page de tableaux du maître.
Non seulement on s'imprègne des paroles de l'auteur, mais on peut en plus appréhender dans le même temps ces oeuvres picturales de Cézanne, essayer de comprendre ce que cherchait Cézanne...
Ce qu'il cherchait, n'est-ce pas un peu aussi ce que cherche Juliet ? Il y a dans le regard que l'auteur pose sur les artistes une quête perpétuelle. Incisif regard, qui semble dire : es-tu mon frère ? as-tu cette exigence du vrai toi aussi ?
Lire ce que Juliet écrit sur les autres, c'est donc le découvrir un peu plus lui-même, pour notre plus grand bonheur!
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Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Combien nous sommes peu attentifs. Ceux que nous fréquentons et que nous croyons connaître, nous ne les connaissons pas. Enfermés dans notre histoire, prisonniers de nos problèmes, nous sommes sourds et aveugles, incapables de nous arrêter à celui que nous rencontrons. Vous qu'on voyait comme un raté, comme un homme qui avait eu de légitimes ambitions puis s'était enlisé, vous étiez ce peintre révolutionnaire dont l'œuvre allait marquer l'histoire de la peinture. Qu'on vous ait à ce point méconnu est somme toute conforme à la nature de la quête dans laquelle vous étiez engagé. L'être qui atteint à la grandeur est aussi le plus humble, le plus anonyme. Il ne peut que passer inaperçu.
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Porter un regard critique d'une inflexible exigence sur ce qu'il réalise est d'une importance capitale pour un peintre, pour tout artiste. Mais contrôler ce qui s'élabore en veillant à ne pas tuer l'émotion première est délicat. Si l'émotion est trop intense, le regard se clôt. Si le regard se montre par trop sévère, l'émotion meurt. Exercice périlleux que celui qui vise à maintenir un juste équilibre entre l'une et l'autre.
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Vous qu'on voyait comme un raté, ..., vous étiez ce peintre révolutionnaire dont l’œuvre allait marquer l'histoire de la peinture. Qu'on vous ait à ce point méconnu est somme toute conforme à la nature de la quête dans laquelle vous étiez engagé. L'être qui atteint à la grandeur est aussi le plus humble, le plus anonyme. Il ne peut que passer inaperçu.
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Cézanne avait une forte personnalité, et on peut s’étonner qu’à plus de quarante ans il ait vécu dans la crainte de son géniteur. Sans doute continuait-il de porter en lui l’enfant soumis qu’il avait été. Peut-être avait-il des remords d’avoir déçu son père. Peut-être encore sentait-il peser sur lui un regard qui lui rappelait qu’il n’était pas pris au sérieux. De qui est certain, c’est qu’à la mort de ce père à l’écrasante autorité (alors que lui avait déjà 47 ans) il a dû éprouver le sentiment d’une formidable libération. Les mois qui ont suivi ont été marqués par une véritable explosion créative.
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Peindre, écrire, ce n'est rien d'autre que partir à la découverte de soi, tout en convertissant en toiles ou en poèmes ce que recèle la nuit intérieure.
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Videos de Charles Juliet (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Charles Juliet
Avec Marc Alexandre Oho Bambe, Nassuf Djailani, Olivier Adam, Bruno Doucey, Laura Lutard, Katerina Apostolopoulou, Sofía Karámpali Farhat & Murielle Szac Accompagnés de Caroline Benz au piano
Prononcez le mot Frontières et vous aurez aussitôt deux types de représentations à l'esprit. La première renvoie à l'image des postes de douane, des bornes, des murs, des barbelés, des lignes de séparation entre États que l'on traverse parfois au risque de sa vie. L'autre nous entraîne dans la géographie symbolique de l'existence humaine : frontières entre les vivants et les morts, entre réel et imaginaire, entre soi et l'autre, sans oublier ces seuils que l'on franchit jusqu'à son dernier souffle. La poésie n'est pas étrangère à tout cela. Qu'elle naisse des conflits frontaliers, en Ukraine ou ailleurs, ou explore les confins de l'âme humaine, elle sait tenir ensemble ce qui divise. Géopolitique et géopoétique se mêlent dans cette anthologie où cent douze poètes, hommes et femmes en équilibre sur la ligne de partage des nombres, franchissent les frontières leurs papiers à la main.
112 poètes parmi lesquels :
Chawki Abdelamir, Olivier Adam, Maram al-Masri, Katerina Apostolopoulou, Margaret Atwood, Nawel Ben Kraïem, Tanella Boni, Katia Bouchoueva, Giorgio Caproni, Marianne Catzaras, Roja Chamankar, Mah Chong-gi, Laetitia Cuvelier, Louis-Philippe Dalembert, Najwan Darwish, Flora Aurima Devatine, Estelle Dumortier, Mireille Fargier-Caruso, Sabine Huynh, Imasango, Charles Juliet, Sofía Karámpali Farhat, Aurélia Lassaque, Bernard Lavilliers, Perrine le Querrec, Laura Lutard, Yvon le Men, Jidi Majia, Anna Malihon, Hala Mohammad, James Noël, Marc Alexandre Oho Bambe, Marie Pavlenko, Paola Pigani, Florentine Rey, Yannis Ritsos, Sapho, Jean-Pierre Siméon, Pierre Soletti, Fabienne Swiatly, Murielle Szac, Laura Tirandaz, André Velter, Anne Waldman, Eom Won-tae, Lubov Yakymtchouk, Ella Yevtouchenko…
« Suis-je vraiment immortelle, le soleil s'en soucie-t-il, lorsque tu partiras me rendras-tu les mots ? Ne te dérobe pas, ne me fais pas croire que tu ne partiras pas : dans l'histoire tu pars, et l'histoire est sans pitié. »
Circé – Poèmes d'argile , par Margaret Atwood
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