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Critiques de Christian Léourier (233)
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Comment les Fleurs vinrent aux Genêts

Ne pas confondre le but et le moyen...

Au cœur de cette histoire il y a l'amour. L'amour d'un jeune homme pour une jeune fille et sa réciproque. Et pour cet amour, qu'est-ce que l'on est prêt à faire et à sacrifier ? Mais ce n'est pas tout...



Dans une lande d'un territoire qu'on pourrait vaguement qualifier d'écossais (mais il pourrait tout aussi bien être breton, gallois ou irlandais), Yanig, fringant jeune homme sans le sou est amoureux de la belle et charmante Bleuwen. Or, celle-ci est la fille d'un braconnier malsain et acariâtre qui a bien compris qu'il pourrait gagner un joli pécule en exigeant une dot rien que pour autoriser le mariage de sa fille auprès de laquelle se pressent de nombreux prétendants.



Yanig, avec ses pauvres habits et son seul courage pour richesse a peu de chances d'infléchir le vieux. C'est pourtant lui que Bleuwen chérit en son cœur. Le vieux braconnier n'oppose pas un véto définitif à Yanig mais lui impose une épreuve difficile à surmonter : il aura Bleuwen lorsqu'il aura rapporté ce gros sac rempli de pièces d'or...



Bleuwen fait vœu de l'attendre et pour lui signifier qu'elle pense à lui, à chaque jour qui passe plantera un rameau de genêt sur la lande. Elle remet également à son amoureux une poire et un rossignol pour l'aider dans sa quête.



Yanig va donc patiemment et courageusement se faire un devoir de gagner de l'argent. Pièce après pièce, de l'argent, de l'argent, toujours de l'argent, des années durant, de l'argent, encore de l'argent. Il y réussit d'ailleurs. Tant est si bien qu'avec les années, quelque peu grisé par ses réussites, il prend plaisir à gagner de l'argent, toujours plus d'argent.



Je vous laisse découvrir la parole de sagesse profonde enfermée en ce conte en vous rappelant simplement, à vous aussi, de ne jamais confondre le but et le moyen... Mais ce n'est que mon avis, l'une et l'une seulement des milliers de fleurs d'or qui jalonnent la lande couverte de genêts denses de Babelio, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Sitrinjêta

3/4 Oui, 1/4 Non.



Hénar Log Korson est un Solarien (entendez Terrien), l'espèce humaine, une parmi tant d'autres, ni la meilleure, ni la pire, mais en tout cas pas la principale. Après négociations, il arrive à réunir vaisseau et équipage pour se lancer dans une chasse au trésor à travers l'espace dont l'Alpha et L'Omega semblent être une race, LA race la plus mythique de l'univers connu. Mais s'il se croyait seul sur le coup, Hénar s'est lourdement trompé. Ne serait-il que le jouet de forces qui le dépassent ?



Il y a des livres où dès les toutes premières pages, on sait qu'on va aimer un livre. Populaire (dixit la quatrième de couverture) ne veut pas dire mauvaise qualité. Bien écrit, et pas pour un gamin de 8 ans.

L'auteur nous offre, nous plonge dans un univers complexe multi race vaguement organisé ( à base d'Instance suprême de coordination galactique, de Confédération) fondé par des races à squelettes interne, à squelette externe, à pas de squelette.

Réellement très alléchant. Mais hélas, le roman ne fait que 290 pages. Exit donc les passages qui auraient pu être jouissifs sur l'organisation galactique, les descriptions des races. (Bon Léourier, n'est pas le premier et sûrement pas le dernier à faire l'impasse sur un background développé et détaillé).

Donc on passe les trois quarts du roman dans une ambiance, Star Wars – Mass effect (j'ai été la chercher loin cette référence, vu que les autres commentateurs ont épuisé mes autres choix) très sympathique et Paf, on vire dans le mystico-ésotérique en fin de roman. Mais WTF ? L'auteur s'est trompé de roman, il en avait écrit deux et il a mélangé les feuilles ? La jeunesse du héros, aussi intéressante soit-elle qui ne cadre pas du tout avec le ton général du livre.

Je n'ai rien contre la sf, glauque, noire et même mystique. Mais il faut faire un choix. Soit on donne dans le Space Opera « populaire » et on assume jusqu'à la fin, soit on fait dans le « ambiance fin du monde » « la torture c'est fun » et nous, on change de grille de lecture. Mais 3/4 1/4, de surcroît l'un après l'autre, non !



Bref, et j'en revient au titre, et martèle ma conclusion : 3/4 Oui, 1/4 Non. Trois étoiles.
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Le cycle de Lanmeur, tome 1 : Ti-Harnog

Ce roman est un très beau travail de world building.

La problématique générale me fait sur le principe établir un parallèle avec les modalités habituelles dans le cycle de l'oekoumène de Ursula le Guin.

L'humanité vit sur plusieurs mondes , être humain renvoie à des réalités biologiques variées et chacune de ces humanités à vocation à être contacter par le centre de gravitées de l'espèce humaine.

Dans Ti-Harnog l'auteur qui est un spécialiste de la mise forme de mondes ,de populations et de faunes alternatifs ou alternatives à ceux et celles que porte la terre qui est la nôtre.

Le visiteur qui est un « contacteur « professionnel, devra s'acculturer à ce monde étonnant qui lui fera une place officielle en lui faisant une place très bornée dans cette culture.

C'est une lecture agréable pour les amateurs d'univers alternatif car le roman est très solidement composé et l'univers est très questionnant.

Les habitants de ce monde seront interpellés par l'altérité conséquente d'un humain intégralement autre qui est un émissaire d'une civilisation très avancée par rapport à celle de l'autochtonie qui tire plutôt sur un ensemble médiéval. Cet écart posera la question du statut éventuellement divin de cet émissaire. Cette problématique est complexifiée aussi par le fait que le contact est le résultat d'un accident ( de la route sourires).

Par ailleurs les habitants de cette planète alternative à la nôtre naissent tous de sexe féminin et ils deviennent systématiquement des hommes après avoir atteint une maturité certaine.

Cela n'est pas sans avoir de multiples répercutions sociales ces problématiques liées au genres sont encore accentuées par des problématiques liées aux castes spécialisées et très hiérarchisées de cette société autre.

Il existe sur monde un territoire peuplée de hors castes, cela apporte un peu de sel dans cette cuisine à la limite de l'ethnologie finalement sur cet univers plein de questions.

La civilisation de ce monde sera bouleversée par le contact et tout ce qui découle du contact constitue les péripéties de l'intrique romanesques de ce texte très fonctionnel.

Comme dans le cycle de l'Oekumen , la durée très longue des voyages et des communications à travers l'espace ,font de l'espace-temps une donnée quasi politique sur ce monde contacté accidentellement. Cette problématique est une complication de plus, en ce qui concerne la mise en œuvre d'une ligne de conduite solidement établie, pratique ,effective et appropriée. C'est un plaisir d'univers de SF à parcourir selon des modalités et un rythme assez attractifs finalement et en compagnie d'un homme imberbe dont l'absence de pilosité est une véritable curiosité locale. Décidément les poils ca gêne ,ça ne plait pas toujours mais ça laisse rarement indifférèrent (sourires) , et quand les sentiments s'en mêle ...

Ce planète opéra m'a beaucoup fait penser à : ,La main gauche de la nuit, qui repose sur un univers qui décline une dynamique relativement analogue à celle de ce roman qui ouvre le cycle de Lanmeur.

La main gauche de la nuit est également un excellent Roman.



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Sous le vent de la liberté

"Sous le vent de la liberté"

L'appel du grand large et de l'aventure.

Le vent souffle dans les voilures

Une ambiance exaltée,

J'entends l'océan chanter

Les terres gronder

Les hommes s'insurger

Une soif d'indépendance et de liberté !



Un long voyage dans cette fin du XVIII ème siècle mouvementée, une ample reconstitution historique sur les bouleversements géopolitiques à travers les continents.

Christian Léourier mène son récit d'une plume magnifique et élégante. La richesse du vocabulaire, l'équilibre entre considérations historiques et scènes épiques en font une fresque remarquable.



Nous sommes dans une Bretagne campagnarde au manoir de Kervadec.

Là, vivent le marquis Armel Hoel de Kervadec, désargenté et son fils Jean. le marquis s'affirme libertin et ne perd pas une occasion de brocarder les prêtres. Pourtant, il confie l'éducation de son fils au Père Milon, un prêtre d'origine roturière. Ils se ressemblent d'une certaine manière et ils s'estiment : Tous deux des humanistes !

Le marquis attaché aux doctrines des philosophes, un goût immodéré pour la lecture : Montesquieu, Rousseau, Raynal, vouant une admiration sans borne à Voltaire, ne dédaigne pas à pousser lui-même la charrue, vêtu comme l'un de ses paysans.

Au décès de son père Jean perd la possession du manoir, spolié par sa tante et une famille bourgeoise les Le Dantec. Lorsqu'il comprend leur duplicité, il se révolte et veut retrouver son frère ainé Yves parti en Amérique, héritier légitime de Kervadec.

Il quitte sa Bretagne et son amour d'enfance Maria "sa petite fille de rêve qu'a pas la bouche rouge, qu'a pas les yeux charbon noir, qu'a pas les ongles peints,

qu'est naturelle ..."

Les aventures s'enchaînent à un rythme effréné pour Jean de Kervadec, simple matelot, il devient marin et va vite vérifier que "c'est pas l'homme qui prend la mer mais la mer qui l'a pris ..."

Il parcourt le monde et ses révolutions, croise de nombreuses figures historiques La Fayette, le sultan Tipu Sahib, Toussaint, Robespierre ...

prend conscience des enjeux politiques, économiques et sociétaux de cette époque :



L'Amérique devient les Etats-Unis, le rôle joué dans le conflit des Amérindiens.

Il passe quelques années au sein d'une tribu iroquoise, nous éclaire sur leurs us et coutumes.

"Les iroquois viennent en renard, combattent en lion, partent en oiseau."

Maria est toujours dans son coeur, ses pensées ...

Mais il faut bien que le corps exulte ! quelques fois ! Otsitock l'amérindienne, l'indienne Dahnvati ...



Il s'indigne de

La traite nègrière, ces millions d'africains transportés sur des navires transatlantiques vers le nouveau monde pour les soumettre au travail forcé.

Il est présent lors de

La révolution Haïtienne, première révolte d'esclaves.

Participe à

L'âge d'or de la piraterie dans les Caraïbes et océan indien.

Il est nommé capitaine, entouré de ses fidèles et loyaux compagnons Papegai,

Bâbord-armures le basque, Miguel le portugais...

Ils appartiennent à cette race de coureurs de mer, ont bourlingué sur tous les océans, subi tous les vents, dont on dit qu'ils ont de l'eau salée dans les veines.

Kervadec a su leur inspirer une réelle amitié et un dévouement sans limite !

Ce sera une immersion dans l'univers maritime, les conditions de vie, le quotidien des équipages à bord d'un navire militaire ou négrier : Ils sont corsaires et à l'occasion pirates !

Ils vont subir les tempêtes, la fureur de l'océan et les combats : à l'abordage ! "Torreben".



Il plonge dans le tumulte de Paris en pleine révolution

"Ah ça ira, ça ira ..."

Notre héros passe d'une aventure à l'autre, fréquente souvent la mort et l'apprivoise.

Eveillé par son père à "l'esprit des lumières" il développe ses propres réflexions, remet en question ses certitudes et accorde son soutien aux combattants de la liberté,

partout !

Il devient un homme, calme ses tempêtes intérieures, maitrise sa fougue naturelle. Quand les éléments se déchaînent, il prend le vent de face, dessous, en travers...



Salut capitaine, je t'en remets aux vents

Toi et tes compagnons attachants

Te laisse à ton amour, lui prendre ses dentelles

Son ventre d'hirondelle

Que tu caresseras jusqu'au matin...

Je referme ce livre à remonter le temps

Reviens dans mon présent

Loin de ces combattants et marins.



J'ai dévoré ce fantastique roman d'aventures porté par des personnages inoubliables.



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Helstrid

J’en ai mal au cœur de mettre une note aussi moyenne à un livre de Christian Léourier, et ce d’autant plus qu’il me l’a dédicacé après une longue discussion.

Mais je préfère être honnête : on est selon moi loin du meilleur que l’auteur est capable de produire.



Dès les premières pages, les renseignements qui nous sont donnés invalident l’existence même de cette histoire. Une entreprise envoie hommes et IA sur Helstrid – planète à l’agréable climat tempéré de -150°C et à l’atmosphère légèrement toxique et vaguement privée d’oxygène – pour en extraire du minerai et l’envoyer sur Terre. Bon, dans la pratique les IA et les engins mécaniques pourraient faire le job tout seul. Les hommes sont là pour… ben pour se tourner les pouces en fait. Et on le voit d’emblée dans ce récit où Vic embarque sur un super camion contrôlé par l’IA Anne-Marie. Il n’a rien à faire.

Franchement je serais une entreprise creusant son trou dans une économie capitaliste, j’éviterais d’envoyer des poids morts coûteux susceptibles seulement de déstabiliser le processus d’extraction du fait de l’inévitable erreur humaine. La logique économique plaide pour l’absence d’hommes sur Helstrid. Et je passe le fait que l’idée même de cette entreprise qui, soumise aux lois de la physique, ne peut espérer récupérer son minerai qu’une fois toutes les quelques décennies, l’obligeant à planifier à une échelle de temps impossible, est plutôt irréaliste.



Mais passons, l’histoire est écrite. Vic est donc dans ce camion – en fait un convoi – accompagné par l’IA Anne-Marie. Ce pauvre bougre est venu sur Helstrid comme on s’engageait dans la Légion : un très très gros chagrin d’amour. Il a cru se changer les idées… Ouais, quand on n’a rien à faire, on a du temps pour ruminer ses pensées. Et il fait ça Vic : il rumine. Et il lâche la pression en engueulant Anne-Marie, cette brave IA vachement bien programmée, au langage d’accueil de touristes, manquant peut-être un peu de caractère (caractéristique inutile pour le job de l’IA soi-dit en passant).



Et c’est tout ? Pas tout à fait. Les conditions météo et géologiques de Helstrid vont se charger de rendre le voyage mouvementé. Mais ne nous mentons pas ; l’héroïne ici est Anne-Marie. Les rares prises de décision de Vic – autorisées par l’IA qui met son veto à la plupart de ses élucubrations – manquent de panache, pour parler par euphémisme.



Mais je ne veux pas être entièrement négatif. Christian Léourier manie bien la plume ou le clavier, et son récit se lit malgré tout sans profond déplaisir. J’ai même fini par m’attacher à ce brave Vic.

Léourier nous offre quelques spectacles naturels particulièrement magnifiques, et également une ou deux réflexions intéressantes sur l’inanité de la conquête des étoiles qui sont en nombre quasi infini ou sur la nature acquise plutôt qu’innée du concept de beauté.



Mais quand même… ce « huis clos au sein de l’univers infini » comme me l’a écrit l’auteur en dédicace, manque de sel. Il ne soutient pas la comparaison avec la superbe nouvelle « La longue patience de la forêt » parue dans le numéro 93 de Bifrost, à peu près en même temps que Helstrid. Là se trouve plutôt le niveau de qualité dont est capable Christian Léourier.

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Helstrid

Helstrid est un monde incommensurablement hostile et totalement inhabitable sans les technologies à même de créer de toutes pièces un monde habitable sur mesure pour le mineur du futur.

C'est un petit monde où rien n'est reconnaissable . La plupart des gaz y sont par exemple sous forme liquide ( Méthane etc. … ) .

Le lecteur découvrira pleinement les caractéristiques physiques de ce monde qui est occupé uniquement de par son intérêt minier.

le récit est celui des péripéties d'un convoi de ravitaillement de routine en vue de l'approvisionnement d'un poste avancé.

Un homme et une intelligence artificielle (qui est le camion lui-même en fait) sont en route dans un huis clos hermétique qui s'effilochera le long d'une route Pleine d'aléas .C'est un texte excellent qui fait rêver à un autre monde avec des personnages denses et réalistes qui vont se heurter à un univers impitoyable , aussi dangereux et déroutant que magnifique .

Le suspense est bien dosé tout comme les rapports entre l'IA et le chauffeur . le monde alentour est fabuleux .C'est un délice de Science-fiction .

Le propos du roman est aussi modeste que bien mené. le dénouement est bien pensé et cette ballade en huis clos et un pur bonheur pour les amateurs d'univers.

Ce texte , bien que très diffèrent, me rappel un peu : Route 666 de Roger Zelany , qui évoque aussi un huis clos .Un huit clos dans un véhicule conçu pour des randonnés en milieux hostiles ….

La thématique sollicité au fond est celle de ces bulles environnementales artificielles ( véhicules ,vêtements et autres) , ces bulles qui ont autorisé l'humanité de se lancer dans la conquête de la terre et désormais de l'espace .

Ce texte exalte modestement certains paradoxes tels que le ressenti de l'effroi en même temps que celui de l'émerveillement ou encore de celui de la peur et de la fascination en même temps …

Un modeste roman mais un univers percutant et un plaisir de science-fiction.

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Le cycle de Lanmeur - Intégrale tome 1 : Les ..

Considéré comme un cycle important de la SF française, ce 1er tome du "cycle de Lanmeur" est ma 1ère incursion dans l’œuvre de Christian Léourier, incursion qui ne restera pas isolée. J'ai été vraiment charmée par cette lecture.



Ce 1er tome est constitué de 3 romans, "Ti Harnog", "L'homme qui tua l'hiver" et "mille fois mille fleuves", 3 récits à la fois très différents des autres tout en ayant des points communs. Les 3 romans vont conter un périple au cours duquel le personnage principal apprendra à se connaître.



Ma lecture de "la main gauche de la nuit" d'Ursula Le Guin est très récente, je n'ai donc pas pu m'empêcher d'y penser en lisant "Ti Harnog". Il présente bien des similitudes avec l’œuvre de Le Guin : le représentant d'une organisation interplanétaire envoyé sur une planète, des autochtones à l'identité sexuelle originale, un dangereux périple dans une terre hostile... Ce cousinage avec "la main gauche de la nuit" ne m'a pas gênée. Si "Ti Harnog" n'est pas aussi ultime que le roman de Le Guin, il est tout de même un excellent récit qu'on prend un immense plaisir à lire. Si on peut regretter que la géographie de la planète ne soit que peu évoquée, le côté ethnologique de ce planet opera est parfaitement réussi. On découvre en profondeur la société de Ti Harnog, son organisation en castes, ses rites... Cette plongée dans une civilisation étrangère est très dépaysante et complètement passionnante. De plus, les personnages sont fouillés et les relations qu'ils entretiennent dépeintes avec subtilité.

L'aspect du roman évoquant la force fondatrice des mythes est très intéressant.



"L'homme qui tua l'hiver" propose une autre perspective. Dans "Ti Harnog" on suivait les pas d'un contacteur chargé de faire connaissance avec une planète avant le rassemblement. Dans "l'homme qui tua l'hiver" l'histoire se déroule alors que la colonisation a déjà eu lieu. J'utilise le terme de "colonisation" volontairement tant les relations entre Lanmeuriens et indigènes rappellent les relations colons / autochtones. Le récit, véritable aventure trépidante, est passionnant. Et Léourier réussit le tour de force d'intéresser le lecteur au destin d'un personnage fort peu sympathique.



Quant au dernier roman du recueil, "mille fois mille fleuves", il propose encore un nouveau point de vue. Ici l'histoire n'est pas racontée du point de vue d'un envoyé de Lanmeur mais du point de vue d'une autochtone. J'ai eu plus de mal à rentrer dans ce récit mais peu à peu j'ai abandonné toute résistance, j'ai accepté de me laisser porter par l'étrange poésie de ce roman et j'ai finalement été séduite.



Ce 1er tome du "cycle de Lanmeur" m'a beaucoup plu, intelligent tout en étant très divertissant, dépaysant, très humain et servi par une écriture très agréable.



Challenge Multi-défis 2017 - 34 (16 - le 1er tome d'une série)

Challenge Pavés 2017 - 1
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Jarvis de Hélan, tome 2 : Le Paradis des homm..

De Christian Léourier on ressuscite actuellement le cycle de Lanmeur …



Il est également l’auteur de la Série des Jarvis ( du nom du personnage principal ) .

Ce roman est le second de cette série jeunesse des Jarvis , qui se laisse lire par un public plus adulte .



Ce roman est aussi tout simplement une bonne surprise .

C’est un bon planète opéra , un bon texte de SF militaire aussi ( mission de récupération en territoire hostile ) .



Les hommes ont échoué naguère sur une planète océan , parsemée d’iles .

Sur ce monde la vie est totalement différente de ce que nous connaissons sur terre , et l’auteur s’est fait plaisir en décrivant dans les détails un environnement exobiologique sympathique , ,creusé , et : surprenant .



Un peuple de nomades maritimes , sur ce monde pauvre en métaux , devra lancer une mission de secours pour récupérer les siens sur une ile pas commode , pour ce qui est de sa flore et de sa faune .



C’est un texte court mais dense .

Le pitch est complexe et plein de surprise , malgré un format minimaliste : 186 pages et des brouettes …



J’ai passé un plus que bon moment dans cette ile , gourmet amateur d’univers que je suis .

Par ailleurs c’est un roman très représentatif de la SF populaire de qualité .



A lire de la classe de 5e jusque l’aube de la sénilité .



Je vous dis ça comme ça , Léourier est un « très bon « de la SF populaire française des années 80 , comme les Verlanger et autres consorts … pas moins .

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Sitrinjêta

Merci Babelio, merci Masse Critique, et surtout merci Critic ! (grâce aux productions Critic, je souffre moins quand je songe à la défunte collection Présence du Futur, euthanasiée par qui on sait…)





Avec "Sitrinjêta" de Christain Léourier, nous un petit space opera qui entre pulp et quête métaphysique rend un hommage presque vintage à ces bons vieux Stefan Wul et Jack Vance : on aurait pu avoir un "Farscape" à la française, mais au final on se contentera d'un anti "Star Strek"*, l'auteur prenant plaisir à prendre le contre-pied de l'univers culte de Gene Roddenberry…



Après une mise en place qui semble avoir eu lieu quelque part dans l'univers de "Star Wars", on se retrouve dans une bonne vieille course au trésor. Sauf qu'avant d'arriver à destination le capitaine se garde bien d'expliquer à son équipage en quoi il consiste (parce que l'auteur veut bien se garder d'expliquer à ses lecteurs en quoi il consiste). A la limite, la destination importe moins que le voyage et on n'est pas très loin d'un MacGuffin ^^

On a diverses menaces intérieures :

- la mystérieux contenu de la soute Z

- l'invitée de dernière minute qui s'avère être une invitée de marque

- le capitaine ayant subi une mnémotonie qui ne sait plus lesquels de ses souvenir sont les vrais

- le second métamorphe qui semble prendre son indépendance, et change d'humeur et de sexe ^^

- l'équipage entre grève et mutinerie, donc chacun des membres pourraient être un espion / saboteur

On a diverses menaces extérieures :

- des Pirates de l'Espâce en veux-tu en voilà…

- les interventions de l'Instance Suprême de la galaxie

- la guerre entre les Kongloïm arachnoïdes et la Ligue des Cinq Sphères

On devine que la quête du Solarien Hénar Log Korson est l'enjeu de lutte de pouvoirs galactiques (qui sont ses véritables commanditaires ?), mais c'est moins une opposition entre ceux qui veulent qu'ils échouent et ceux qu'ils veulent qu'ils réussissent qu'une opposition entre ceux qui veulent tirer les marrons du feu en étant les premiers à remporter le pactole une fois qu'il aura mis la fin dessus… Parce qu'il est la clé dudit trésor, et que ceux qui échouent à ouvrir le coffre au trésor meurent !!!



J'ai bien aimé la course au trésor, mais pas trop voire pas du tout son dénouement… le problème c'est que ce dernier occupe un bon tiers du roman !

Ledit dénouement est en 2 temps : Achtung spoilers



Plutôt que de consacrer des dizaines de pages à cela, on aurait pu avoir de meilleures descriptions de tous les aliens sortis de la classification xénologique que l'auteur met en avant en prélude, développer les personnages comme la dualité Hénar/Ullinn par exemple), et étoffer les péripéties du récit histoire de clarifier les tenants et aboutissant de l'intrigue… Parce qu'au final ça manque quand même un peu de véritable fun…



Je reste sur un sentiment mitigé, mais l'imagination et le style de Christian Léourier qui font le pont entre différentes époques de la Science-Fiction me plaisent bien… J'irais bien refaire un petit tour dans ses univers à l'occasion !





* Déjà le second Svaun, c'est clairement un Vulcain métamorphe et hermaphrodite : on ne pouvait être autrement plus clair sur la référence et la volonté de la détourner !

Dans "Star Strek", on avait développé une civilisation galactique sans argent basé sur la solidarité et qui avait pour la résolution de tous les conflits…

Dans "Sitrinjêta", on a développé une civilisation galactique basé sur l'argent et sur le chacun pour soi et qui a pour but d'utiliser les conflits en cours pour faire encore plus de pognon… du coup on se retrouve dans une transposition intersidérale du monde actuel qui se gargarise d'être en paix parce personne n'utilise d'ADM, mais où les grandes nations en n'ont rien à secouer qu'on s'entretue sauvagement ici ou là tant que cela ne dérange pas trop le big business (Zaïre, Soudan, Yémen, Syrie, ou le génocide au Laos dont les médias n'ont pas envie de parler… Monde de Merde)

OMG Adam Smith, Freidrich Hayek, Margaret Thatcher et Emmanuel Macron dans l'Espâce, mais quelle horreur !!!
Lien : http://www.portesdumultivers..
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Le cycle de Lanmeur, tome 2 : L'homme qui t..

Au delà de son titre intriguant, l'Homme qui tua l'hiver se révèle être un roman de sf plutôt agréable à lire, bien que tout n'y soit pas non plus excellent. Le récit met en scène la découverte de la planète Nédim par une jeune archéologue nommée Akrèn, venue, au terme d'un voyage stellaire de plusieurs années, entreprendre les fouilles d'une cité mythique : Gogleth. Mythique, Gogleth l'est pour deux raisons : d'abord elle atteste que les Nédans, aujourd'hui nomades, battirent une grande civilisation. Ensuite parce qu'elle serait la demeure de Héloc, le dieu de l'hiver. En effet, le climat est très rude sur Nédim, du fait d'une longue révolution autour de son étoile, et les hivers, comme les étés, durent plusieurs générations. Ces conditions extrêmement rudes sont au cœur de la mythologie nédane puisqu'elle sont personnifiées par la lutte éternelle que se livre Bléoc (l'été) et Héloc.



L'une des grandes force de ce livre est sa capacité à nous décrire, et au delà à faire vivre, une civilisation très originale, avec moult détails, jamais tape à l’œil ni artificiels, mais au contraire crédibles et qui, à la longue, forment un tout cohérent. On pense un peu, à l'évocation des coutumes nédanes aux Inuits de notre bonne vieille terre, mais sans que cela sente la contrefaçon. Une autre des qualités de ce roman est la réflexion qu'il porte, plutôt en filigrane qu'en étendard, sur la colonisation, en tant que méthode d'expansion d'une civilisation, et sur les rapports entre colonisateurs et colonisés et, au delà, sur les rapports entre cultures fortement inégalitaires au niveau technologique, en tout cas sur le papier.

Akrèn, en effet, vient de la planète Lanmeur (le roman fait d'ailleurs partie d'un cycle plus vaste, baptisé ainsi) qui prône la doctrine dite du Rassemblement, celui de toutes les civilisations au sein d'une même humanité. On entend donc également, en creux, une critique de la standardisation et de l’homogénéisation.



En revanche, au niveau de l'intrigue en elle-même ça reste relativement linéaire, voire morne à certain moments. Si le style est plutôt agréable et les personnages, notamment la confrontation entre Akrèn et Ennian (le guide des nédans), sont bien caractérisés, avec une certaine profondeur, l'histoire ne connait aucun rebondissement particulier. On est dans le cadre d'un récit d'expédition (celle d'Akrèn vers Gogleth, accompagnée par Ennian et ses hommes) mais qui, heureusement, de part la capacité de l'auteur à rendre son univers crédible et original, ne s'embourbe pas dans l'ennui. Enfin j'ai été relativement déçu par la fin, bien trop vite expédiée, par rapport aux enjeux soulevés et qui ne tranche pas clairement (mais peut-être n'ai-je pas su voir où voulait en venir l'auteur) entre registre symbolique, mythique ou réel.



Quelques faiblesses donc, mais qui ne sauraient masquées les grandes qualités de l'imaginaire de Christian Léourier ainsi que la critique morale que porte ce bon roman de sf.
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La Lyre et le Glaive, tome 1 : Diseur de mots

Je suis restée à la surface de ce livre, j'ai mis quatre étoiles en attendant la suite de ce livre l'année prochaine. le style est magnifique et il y a des éons j'avais lu "Le messager de la grande île" qui m'avait bien plu. Mais là!

Les premiers paragraphes lus avant la sortie du livre m'avaient intrigués. le peuple des étoiles, Urskogar, la mère des forêts, Kelt, le diseur de mots, qui dévoile l'avenir au cours de ses discussions, un peuple polythéistes qui prie tous les dieux au cas où. Et puis, cette nouvelle religion monothéiste représentée par une lyre, c'était alléchant seulement voilà à mon sens, il m'a manqué cette touche de folie, de fantaisie, d'inattendu qui m'emporte parfois dans des contrées lointaines. J'ai eu l'impression d'un texte dilué.

Pourtant j'ai beaucoup aimé Hòggni le horsto, Oddi, les sachants et l'axe divin mais tout est traité par petites touches, en surface.

J'attends la suite en espérant y retrouver ce qui m'avait fait aimer ce livre au début.
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Une Heure-Lumière - Hors-série 2023

Ce hors série UHL vaut surtout pour la nouvelle. La partie article propose différents chemins de voyage pour découvrir la collection. Je n’y ai pas trouvé d’intérêt. Peut-être sera-ce utile à un nouveau lecteur.



La nouvelle de Christian Léourier, donc, vaut le détour. Elle s’inscrit dans son englobant cycle de Lanmeur. Ce cycle est plus un contexte, en fait. Pour le contexte, il faut imaginer une humanité qui a conquis de nombreux monde et qui a sombré dans une sorte de moyen-âge. Chaque civilisation humaine de chaque planète se retrouve isolé, s’adapte à son environnement et développe ses propres codes.

Puis, un jour, la civilisation humaine de Lanmeur retrouve le chemin des étoiles et décide de réunir les différentes humanités éparpillées, mais sans conquête guerrière, plutôt par la persuasion, le contact prolongé, l’interaction.

Ce sont ces civilisations à la forte identité qui sont fascinantes. Je vous renvoie vers les merveilleux romans tels que Ti-Harnog ou Les racines de l’oubli.



La nouvelle Le trophée est un récit initiatique qui commence sur une scène qui évoque la chasse aux bisons de Danse avec les loups, et finit dans une ambiance enneigée type Le silence blanc de Jack London. Les Haélites sont un de ces peuples à l’identité forte, vivant près de la nature. La chasse aux matts, ces énormes animaux au rostre démesuré se déplaçant en horde, est un élément fondamental de classification sociale. Ilann est un jeune métis entre une Haélite et un Étranger – dans lesquels on devine Lanmeur. Les Étranger sont partis il y a longtemps mais ont laissé leur empreinte technique et génétique. Ilann a besoin de se faire sa place dans ce monde où il n’est pas un pur, de prouver son courage, par bravade aussi. Il va participer à la chasse.

Il ne sait pas que cette décision le mènera dans un long voyage où trouvera son identité et une certaine reconnaissance mystique.



Comme toujours Christian Léourier nous immerge dans une culture très différente avec douceur et empathie. Les décors traversés sont superbes, les personnages énigmatiques.

Il ne perd pas la main, et ça c’est très bien.

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Le cycle de Lanmeur - Intégrale tome 1 : Les ..

Le cycle de Lanmeur prend son origine dans la volonté de la planète du même nom de regrouper les humanités éparpillées dans l’univers dans un grand Rassemblement, une seule et unique civilisation universelle. A cette fin, elle envoie des éclaireurs préparer le terrain, les contacteurs. C’est l’occasion pour l’auteur de nous dépeindre des civilisations humaines originales et variées. Le présent livre contient les trois premiers romans du cycle, trois planètes : « Ti-Harnog » et sa société de castes non poreuses où l’on naît fille et se métamorphose en homme à mi-chemin de sa vie, Nedim à l’orbite excentrique où hiver et été durent des décennies et régissent les croyances des autochtones (« l’Homme qui tua l’hiver »), et la planète du Vieux Saumon, monde né de l’amour du Ciel et de l’Eau où les hommes vivent sur et par les fleuves (« Mille fois mille fleuve »). En sus le livre contient plusieurs poèmes et chansons du monde de Ti-Harnog qui étaient restés inédits.

J’ai chroniqué en détail ces romans et leurs civilisations dans leurs pages respectives. Ici je veux m’attacher un peu à Lanmeur.



Lanmeur est en fait très peu évoqué dans cette première intégrale. On la devine. On s’en fait un portrait imparfait, un portrait en ombres chinoises. Lanmeur a un rêve superbe: rassembler les humanités dispersées, fragiles; et elle se donne les moyens de le réaliser. On imagine avec vertige l’ampleur économique, humaine et matérielle du projet ; il englobe forcément l’activité de chacun sur des millénaires. Car il s’agit d’envoyer dans toutes les directions de l’espace des vaisseaux d’exploration, des commerçants, puis des colonies, qui mettront des décennies rien que pour le voyage aller. L’auteur a en effet pris le parti de se soumettre à la Relativité Restreinte et la technologie de Lanmeur ne permet pas d’atteindre une vitesse suffisamment proche de la lumière pour que les effets de « contraction du temps dans le référentiel du vaisseau » soient perceptibles (comme c’est le cas dans les romans d’Ender par exemple). Il leur faut donc employer l’hibernation pour maintenir les voyageurs en vie pendant le long voyage. Des décennies entre chaque contact ; les Lanmeuriens espèrent-ils vraiment établir un quelconque lien rassembleur qui ne génèrera pas ses propres dérives de civilisations ? Gageure ! Mais les Lanmeuriens y vont !



Au deuxième regard, on s’aperçoit que les motivations des Lanmeuriens sont plus tristement prosaïques. Derrière le Rassemblement on sent vite poindre la colonisation, la volonté d’établir sa suprématie. Les Lanmeuriens méprisent pour la plupart les civilisations qu’ils explorent. Ils sont là pour apporter le progrès, pour guider, fermement si besoin. Ils sont là pour piller les trésors de ces régions éloignées. Ils sont là pour se tailler de nouveaux domaines. Ils rappellent vraiment l’expansion européenne que notre monde a connue. A une grosse différence près cependant : Lanmeur n’apporte aucune religion, aucun prosélytisme. Ce sont des technocrates athées et des marchands (pour la plupart) qui rappellent plutôt la structure étatique chinoise.



La confrontation de ce monstre attirant et inquiétant avec des civilisations riches, exotiques, portées à la religion et à la superstition, fait des étincelles et allume des feux que nous conte Christian Léourier dans une langue poétique, utilisant un vocabulaire riche qui m’a souvent obligé à ouvrir le dictionnaire (antienne, contempteur, squamifère, coprophore, etc. ce dernier mot n’est même pas dans le dico). Ce ne sont pas des romans d’action, épiques et batailleurs. Ce ne sont pas des romans de hard-science. Ils sont… comment dit-on, des romans d’atmosphères, d’ethnologie, de découverte de l’autre.



Je n’en reviens d’être passé à côté de ces romans dans ma jeunesse. Il est vrai qu’à l’époque mes tentatives de lecture de SF française ont été des déceptions. Caché au milieu de la « nouvelle vague » verbeuse et pessimiste se trouvait donc un conteur extraordinaire à la hauteur de Jack Vance. Je suis vraiment content de le découvrir, même si tard.



Vivement la suite !

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Le cycle de Lanmeur, tome 1 : Ti-Harnog

Un très agréable roman, qui m’a laissé dans une sereine hébétude pendant quelques heures après que je l’eusse terminé.



L’astronaute Twern atterrit sur Ti-Harnog. Envoyé de la planète Lanmeur il est un contacteur, missionné pour préparer Ti-Harnog au Rassemblement de toutes les humanités. Accompagné du Conteur Talhael il va, sous prétexte de chercher sa Vérité, nous faire découvrir ce monde étonnant. Contre son gré, il va aussi bouleverser le bel ordonnancement de la société. Car la venue d’un homme descendu du Ciel, à la fois début et fin du monde, le Penn’t Adébenn, est prévue dans les vieilles légendes, et le physique si particulier de Twern selon les canons des Harnogiens le désigne comme étant cet Élu.



L’essentiel du plaisir que j’ai ressenti réside dans la qualité apportée à la construction ethnologique et sociologique de Ti-Harnog. L’exotisme est complet. On découvre une espèce d’humains qui naissent systématiquement filles, grandissent, font des enfants filles, puis subissent la murkéto – une métamorphose qui les transforment en hommes, toujours mûrs, toujours barbus (d'où l'étrangeté de Twern, jeune homme fort et imberbe). Ces hommes font des enfants avec les femmes toujours jeunes, et se constituent en castes : ils sont Cultivateurs, Messagers, Conteurs ou Saigneurs. Les règles d’honneur rigides qui régissent les rapports entre les castes rappellent le code samouraï. En tant qu’Occidental libéré, égoïste et guère pieux j’ai eu du mal à comprendre les comportements et les choix de ces hommes et femmes, et cela participe à l’exotisme, à l’étrangeté et finalement au plaisir.

La société n’est pas parfaite, et ceux qui manquent à leurs devoirs se voient bannis sur le continent Nord, devenant des horcs (coïncidence heureuse, ça ressemble aux Orcs mais avant tout c’est un diminutif pour « hors-caste »). On découvre aussi l’organisation clanique des horcs, proche de celle des Sauvageons du Trône de Fer et malgré tout emprunte des codes de caste qu’ils ont abandonnés.



L’histoire est agréable à lire. Et pourtant j’ai eu des doutes au début, car l’objectif assigné aux contacteurs me semblait inatteignable. La Relativité règne sur cet univers (pour une fois) et il faut des siècles de voyage en hibernation pour que le contacteur atteigne la planète de sa mission et tente, à lui tout seul, de briser les sociétés autochtones et les préparer à l’intégration dans la civilisation Lanmeurienne. Même si un contacteur réussit, comment empêcher la société locale de dériver à nouveau sur des temps si longs et des espaces si infinis ? Des groupes identiques séparés par des barrières physiques infranchissables s’éloignent inévitablement ; c’est une des choses que nous a appris la théorie de l’évolution.

Aidé par la prophétie du Penn’t Adébenn, Twern va effectivement bouleverser Ti-Harnog, mais Ti-Harnog va aussi le bouleverser et l’état final des évènements ne sera guère plus proche de Lanmeur qu’au début.



La démarche employée par Christian Léourier rappelle avec bonheur Jack Vance (Tschaï, Durdane, Koryphon, etc.), le cycle de l’Ekumen d’Ursula le Guin ou, dans une moindre mesure, Ténébreuse de M.Z. Bradley. Le résultat est largement au niveau de ces chefs d’œuvre.

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Le cycle de Lanmeur, tome 4 : Les racines d..

Une fois de plus, Christian Léourier me bluffe.



Ce roman fait partie du cycle de Lanmeur, cette planète dont le gouvernement a décidé d’unifier toutes les humanités à travers le cosmos au sein d’un grand Rassemblement, sous sa coupe évidemment.



Pas de plongée dans une société humaine aux mœurs étranges ici, mais dans la noirceur et l’espoir qui bataillent dans le cœur de tous les hommes. C’est un bagne que l’on découvre à travers le conteur Garth. Un bagne dont l’ignominie des gardiens et des prisonniers collabos n’a rien à envier à nos galères, nos camps de concentration ou nos goulags. Un bagne posé sur Borgoet, une planète aux forêts mortelles, qui étouffent, mordent, piquent et tuent ; qui fait mieux que se défendre face à l’invasion de ces pitoyables humains qui essaient de faire leur trou. Un bagne où les prisonniers n’ont aucun souvenir de leur méfaits passés, effrayés par leurs propres questions et cherchant l’oubli dans la puissante drogue du léthé. Les femmes ? des putains destinées à soulager un peu les bagnards, rien de plus. « Les Evadés » ? « Papillon » ? des contes de bisounours à côté.



Durant la première partie, tout est fait pour insurger le lecteur et faire grimper en flèche le thermomètre de la vengeance. Quand celle-ci éclate comme un orage d’été, c’est la délivrance et la jouissance.

La deuxième partie montre la révolution en marche et la création du nouveau régime sous la coupe d’un dénommé Iwerno qui, par son charisme et son goût du pouvoir, évoque Robespierre ou Staline. La plongée sociale dans cette communauté où tous les coups sont permis est digne d’un excellent Silverberg. Pas de manichéisme ici : le même homme peut se révéler courageux et idéaliste un jour, et implacable et violent le lendemain ; et les héros de la révolution peuvent finir sur les bancs des accusés.



Mais le pompon de l’ignominie est remporté par Lanmeur dont les moyens employés pour satisfaire leur vision déshumanisée du Rassemblement sont à faire vomir.



C’est violent, mais la nature humaine y est dépeinte sans fioritures et l’on ne peut que trouver tout cela terriblement vraisemblable.

Une excellente lecture.

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Contes et légendes de la mythologie celtique

J'ai quelques connaissances en mythologie grecque/romaine, scandinave, égyptienne, mais il me manquait les bases en ce qui concerne la mythologie celte.

Grace à ce petit livre, j'ai pu commencer à combler cette lacune. Bien-sur, c'est un livre jeunesse et les histoires racontées là sont très simples. Mais cela m'a permis d'avoir déjà quelques notions.

J'ai retrouvé avec plaisir les dieux des temps anciens dont parle Peter Tremayne dans sa série Fidelma. Et rien que pour ça, ce livre vaut la peine d'être lu.

Bon maintenant, il ne me reste plus qu'à en trouver un plus complet et adressé à un public adulte.
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Helstrid

Je suis désolée de constater que j'en suis à ma troisième déception d'affilée avec le Bélial', ça ne peut pas continuer ainsi ! Mais voilà, Helstrid n'a rien de bien remarquable à mes yeux, au contraire. Et je comprends mieux, après l'avoir terminé, pourquoi j'ai mis des jours à lire un si petit texte.



Pourtant, à voir que le personnage principal s'appelait Vic, et qu'un de ses collègues se prénommait Pol, j'ai trouvé d'emblée que c'était un clin d'oeil marrant à Yoko Tsuno et ça m'a plutôt favorablement disposée en la faveur de Christian Léourier. Cela dit, j'ai l'impression maintenant que ce n'était pas même un léger clin d'oeil, mais une référence appuyée et lourde comme il en pullule dans cette nouvelle.



L'intrigue n'a aucun intérêt. Vic est un homme largué par sa copine sur Terre, qui part pour un monde lointain et hostile - ce qui implique 25 ans de stase pendant le voyage - afin d'oublier son chagrin d'amour. Helstrid est une planète inhabitable pour les humains, qui vivent donc dans une base protégée dont ils ne sortent pas. Ils extraient du minerai, dont ils ne connaissent que vaguement l'usage. D'ailleurs, ils n'ont pas l'air de savoir des masses de choses sur Helstrid, ou bien Léourier nous les cache soigneusement. Vic se porte volontaire pour aller ravitailler un avant-poste avec un convoi de trois camions gérés par des IA, dénommées Anne-Marie, Béatrice et Claudine (que des prénoms français des années cinquante ou soixante, c'est un peu curieux). le voyage se passe donc mal, sinon il n'y aurait pas d'histoire. Et c'est à peu près tout.



Bien que tout ça débute un peu poussivement, bien que Vic passe pas mal de temps à pleurnicher sur la femme qui l'a quitté il y a déjà un bail, on commence à s'intéresser à ce qui lui arrive lorsqu'un phénomène météorologique curieux se présente. Forcément, ça va être le noeud de l'intrigue. Oui mais non. Ensuite il y a une tempête. Ensuite il y a une panne des communications. Ensuite il y a un pont dangereux qu'on va avoir du mal à passer mais on passe quand même. Ensuite un autre pont infranchissable, un lac gelé dont la surface craque, et je vais m'arrêter là car tout ça ne va nulle part. Des phénomènes géologiques et météorologiques surgissent aussi inopinément qu'inexplicablement, mais ça n'intéresse personne : ni les IA, ni Vic, ni ses collègues, et encore moins l'auteur. Ce qui montre à quel point la planète Helstrid n'est pas du tout au centre de ses préoccupations ; il s'en contrefiche, on ne saura quasiment rien d'elle. Pourquoi avoir donné son nom à la nouvelle ? Mystère.



Puisque le voyage en terre hostile n'a rien pour accrocher, puisque les mystères de la nature sont éludés, on pourrait logiquement penser que c'est la relation humain/IA qui va être le centre d'intérêt. Non plus. Certes, Vic est protégé par une IA en particulier, Anne-Marie, mais il ne se passe pas grand-chose entre eux, sinon qu'Anne-Marie répète inlassablement qu'elle trouve toujours une solution et que Vic passe son temps à maugréer. Alors, c'est que le sujet est centré sur les IA, sur leur évolution, un truc dans le genre... Mais non, là non plus. Et la fin arrive donc avec ses gros sabots, qui sent la philosophie bon marché.



Il y a plusieurs événements ou faits qui auraient pu être développés afin que le texte prenne un sens. Cela dit, tout ça avait déjà été exploité par d'autres. L'environnement hostile, bon, on va pas faire une liste, le voyage qui se passe mal, non plus. La compagnie qui extrait du minerai d'une planète lointaine (qui aurait pu donner une critique sur le capitalisme), c'est vu dans Alien et Aliens. Les phénomènes naturels étranges, même si c'est ce qui est le plus alléchant, ça rappelle fortement les manifestations de l'océan de la planète Solaris. le coup des IA qui partagent leurs données mais peuvent connaître une expérience personnelle... c'est les Tachikoma dans l'univers de Ghost in the Shell. Et la confrontation IA/humain, avec une IA super sûre d'elle, ça vous fait penser à quoi ? À Hal et Dave dans 2001, forcément. Christian Léourier devait donc trouver sa propre voie (et faire aussi bien que les autres, si possible, avec autant de références de qualité). C'est raté.



Le tout manque un peu de crédibilité, à mon sens - les erreurs d'Anne-Marie, qui pourtant est présentée comme sachant très ben ce qu'elle fait, le fait que les humains soient incapables de sortir sur Helstrid et n'explorent rien, le manque de réserve en oxygène pour le voyage, le manque d'intérêt général pour des phénomènes très curieux, ce genre de choses. On se passerait bien également d'un certain vocable comme "noyau noétique", qui ne revêt aucun intérêt et m'a rappelé les pires moments passés en compagnie de Ian McDonald. Mais la cerise sur le gâteau, ce sont les problèmes de Léourier avec la grammaire française et notamment la concordance des temps, qui ont achevé de m'exaspérer. C'est un minimum, quand on se dit écrivain, que de respecter la concordance des temps, merde ! Et que fait l'éditeur dans tout ça ? Personne pour remarquer ça ?



Du coup, vu ce que je viens de lire, et étant donné que je ne connais rien d'autre de Léourier, je me suis demandé si ce texte inédit (dont on ne connaît pas la date d'écriture) était un écrit de jeunesse pas bien maîtrisé, ou au contraire un vague sursaut de vieil auteur fatigué.



Mais comme je ne veux pas en rester là avec le Bélial', je vais tenter La Ménagerie de papier et L'homme qui mit fin à l'histoire de Ken Liu. Je ne m'avoue pas vaincue !







Masse Critique Mauvais genres
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Les oiseaux d'Argyl

Christian Léourier est un magicien des mots : il manie la langue française avec habileté et sait captiver son lecteurice sans coup férir. Aussi la publication des nouvelles de cet auteur a-t-elle déclenché mon enthousiasme : vingt-sept textes s’étirant de 1972 à 2021 à savourer tranquillement. Un très beau cadeau des éditions Argyll.



Près de cinquante ans séparent le premier et le dernier textes de cette anthologie. On peut légitimement s’attendre à des différences énormes, tant de thèmes que de style. Et pourtant, malgré des évolutions bien compréhensibles, tant dans les sujets choisis que dans la façon d’écrire, certains points reviennent à travers les âges. Certaines préoccupations, certaines obsessions se retrouvent dans les années soixante-dix comme au XXIe siècle.



Le regard désabusé et critique sur les sociétés policées, par exemple. Féroce, avec « Le mont-de-piété », qui date de 1975 et où les plus pauvres et endettés doivent vendre peu à peu les différentes parties de leur corps. Thème repris en 2015 dans « Toute chose a un prix », mais avec un traitement très différent. On sait que de nos jours, aux États-Unis, les dons du sang sont rémunérés. Que certains trafics d’organes doivent sévir en quelques endroits. À quand l’institutionnalisation de ce procédé, toujours au profit des mêmes, au détriment des autres ? Tout aussi désabusé, dans « L’ouvre-boîte », bien en avance sur les Divergente, Hunger Games et autres dystopies qui ont fait les beaux jours du YA, Christian Léourier imagine un monde où les habitants ne peuvent sortir de chez que selon la couleur de leur vêtement. Et à chaque couleur correspond une plage horaire. Kafka n’est pas loin. Surtout quand le grain de sable qui détraque la machine du personnage principal est un simple ouvre-boîte qui refuse de fonctionner. Critique encore dans « La Guerre des riches » : les guerres ne sont même plus discutées, elles font partie intégrante de la société. Et pour l’éviter, comme souvent, il faut de l’argent. Encore et toujours ! Le personnage principal n’en a plus assez et tente par tous les moyens de ne pas répondre à l’appel aux armes auquel il est contraint.



Critique toujours dans « Celui qui parle aux morts », mais d’un autre ordre : ici, l’auteur s’en prend aux faux prêtres, aux faux oracles, à ces personnes qui obtiennent et veulent conserver un pouvoir sur les ordres en leur faisant gober des mensonges éhontés. Par exemple, qu’ils sont connaissent, eux seuls, les rites qui permettent au village de ne pas subir de catastrophe. J’ai aimé la solution proposé par un homme qui se dresse face à eux : pas de révolte stérile, non, plutôt la même ruse. Faire croire que, lui, parle avec les morts et sait ce qu’ignorent les autres. Alors qu’il lui suffit de savoir observer et de comprendre la psychologie de ses concitoyens. Les prophètes aussi sont moqués, mais avec tendresse dans la dernière nouvelle, la plus récente « Ismaël, Elstramadur et la destinée » : comment un naufragé spatial bouleverse totalement une société d’un monde un peu arriéré par rapport à lui. Mais sans le vouloir. Et presque sans le savoir. Une dirigeante sait exploiter sa venue pour tenter d’offrir à ses concitoyens une paix inexistante depuis des décennies.



Dans tous ces textes, ou presque, même ceux qui s’apparentent à la fantasy, on retrouve des éléments de SF. Thème classique de ce genre, la collusion de deux sociétés au niveau de développement différent, la rencontre de sociétés extraterrestres. Le nouvelle d’ouverture, « La Roulotte », qui est marquée par son époque, comme plusieurs suivantes (sans que cela soit péjoratif et les rende inintéressantes à lire, loin de là), met en scène un extraterrestre à l’apparence étrange. Il doit donc, par discrétion, se réfugier dans un cirque où il peut passer inaperçu, monstre parmi les monstres. Dans « Ismaël, Elstramadur et la destinée » comme dans « Celui qui parle aux morts », précédemment cités, l’essentiel de l’histoire se déroule dans un monde proche de notre Moyen-Age ou l’équivalent. Mais des bribes de progrès sont présents, là, derrière. Et ont une influence plus ou moins grande.



C’est encore plus net dans « Une faute de goût » où nous nous trouvons dans l’avenir, quand les êtres humains ont enfin établi le contact avec d’autres espèces et en est à gérer les relations diplomatiques qui les unissent. Nouvelle délicieuse. Comme « Visages », où en à peine trois pages, Christian Léourier montre toutes les subtilités et l’exigence de la réelle compréhension de l’autre (thème qu’aborde sans cesse Octavia E. Butler, par exemple dans sa trilogie Xenogenesis : L’Aube, L’Initiation et Imago – que je suis en train de lire avec délice). Et les dangers de prendre pour étalon absolu sa propre façon de penser. Dangereux, ça, comme le narre « Point de vue »où les Terriens, avec leurs réflexes colonialistes, se mettent en grave danger quand ils se pensent infiniment supérieurs aux sauvages d’une autre planète prônant le don de la mort comme un présent incommensurable. Idem dans « Le jour de Gloire » : un fonctionnaire terrien arriviste et plein d’ambition voit se libérer un poste de dirigeant sur une planète plus ou moins arriérée. Sans réfléchir plus avant il se précipite et devient roi. Était-ce vraiment une si bonne idée ?



Enfin, le thème du voyage temporel est traité, de façon très intéressante et peu optimiste (c’est le ton général de nombre de nouvelles ici présentes, en fait) dans « Vues en perspective du jardin des Plantes », qui met un certain temps à démarrer, puis nous conduit dans une subtile variation sur le temps et les conséquences d’une malencontreuse erreur.



J’aurais pu parler aussi de l’attaque systématique qui revient à travers les périodes contre les plus fortunés qui, souvent, écrasent de leur pouvoir ceux qui n’en ont pas les moyens : possibilité de ne pas aller faire la guerre, mais payer un pauvre pour qu’il y aille à votre place dans « La Guerre des riches » ; monopole des soins de pointe au détriment des plus démunis dans « Le Syndrome de Fajoles » (heureusement qu’une pirouette finale sauve un peu la morale… quoique…) . Des critiques de la religion qui n’est qu’un paravent devant une prise de pouvoir ou d’autres buts plus ou moins bien intentionnés. On l’a vu dans « Celui qui parle aux morts », dans « Ismaël, Elstramadur et la destinée ». Mais cela apparaît également dans « Le triptyque de Kohr » où un mystérieux artefact, jugé sacré, est au centre de prises de décisions capitales pour la société : les citoyens doivent-ils être guidés par le mensonge ? Toujours cette question et ses conséquences terribles.



Ensuite, j’ai trouvé que très souvent, les personnages principaux songeaient au suicide. La situation leur semble tellement désespérée, sans aucun espoir, qu’ils tombent dans une sorte d’hébétude et ne rêvent que de pouvoir se laisser aller. C’est le cas, un moment, dans « Les oiseaux d’Argyl » où un homme se trouve naufragé sur une planète peuplée d’oiseaux, lui qui a perdu la femme qu’il aimait en partie à cause de semblables volatiles. Et dans « Le Dernier métro » (hommage très indirect à François Truffaut), celui dont on suit les tribulations manque terriblement de volonté, miné par la vie qui ne lui apporte pas grand-chose : il est prêt à se laisser aller, quand il se trouve embarqué dans un voyage qui pourrait bien être le dernier. Mais là aussi, il reste éminemment passif, en décalage avec les autres.



Enfin, je ne pouvais pas oublier d’évoquer l’omniprésence de la publicité agressive dans pas mal de nouvelles. « Fils de pube », comme son nom l’indique, est une satire de cette façon d’essayer de nous imposer une pensée qui n’est pas la nôtre. Ironique et violent. « L’ouvre-boîte » propose cette même intrusion permanente des messages pseudo bien intentionnés, véritables machines à vider décérébrer. Le thème était à la mode depuis au monde les années cinquante, comme le montre brillamment le célèbre Planète à gogos de Frederik Pohl et C.M. Kornbluth. Et cela n’a jamais réellement disparu de la SF. Encore récemment, la trilogie Trademark de Jean Baret (au Bélial’), montrait tout le pouvoir de nuisance et de destruction d’une telle invasion de notre vie par la publicité.



Je n’avais pas suivi les publications des éditions Argyll en ce début 2024 et j’ai failli m’en mordre les doigts. Je n’aurais pas supporté de passer à côté de ce petit bijou. J’ai pris énormément de plaisir à lire ce recueil de nouvelles de Christian Léourier. Et j’ai été happé par pratiquement tous les textes. C’est dire, tant il est difficile souvent de rester immergé du début à la fin dans un tel type d’ouvrage. Attention cependant, si vous venez ici à la recherche de nouvelles du Cycle de Lanmeur, ce sera en pure perte. Les récits le traitant ont été écartés. Et c’est tant mieux : on peut ainsi se concentrer sur la richesse et la force de l’écriture de cet auteur que j’apprécie décidément toujours autant.
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Le cycle de Lanmeur - Intégrale tome 2 : Les ..

Ce deuxième volume de l’intégrale du cycle de Lanmeur se compose de deux romans – « les Racines de l’Oubli » (1988) et « la Loi du Monde » (1990) – et trois nouvelles – « la Source », « le Secret » et « le Réveil des Hommes Blancs ».



Pour rappel, Lanmeur est une planète peuplée d’humains, d’un niveau technologique avancé, qui se sont lancés dans le Rassemblement de toutes les humanités peuplant une infinité de mondes au sein d’une grande fédération. Christian Léourier s’offre ainsi un décor qui lui permet de peindre des sociétés humaines, pour la plupart dénuées de technologie mais faisant corps avec leur environnement. C’est un euphémisme de dire que l’auteur excelle dans ce genre d’exercice ; il rend sans difficulté des points à Jack Vance et Ursula Le Guin. Sa plume très poétique nous donne un accès empathique à ses personnages auxquels on ne peut que s’attacher.



Ces sociétés humaines si étranges et pourtant accessibles sont également montrées dans leurs interactions avec Lanmeur. Dans ce volume, l’idéalisme des débuts du Rassemblement s’est émoussé et a largement fait place à un mépris pour les « sauvages » et à une rapacité envers leurs terres. Après le Contact vient le temps de la Colonisation.

Mais cela ne va pas de soi. Malgré son avance technologique, Lanmeur se heurte à une résistance le plus souvent passive comme dans « La Loi du Monde », parfois armée comme dans « Les Racines de l’Oubli » (mais ce dernier roman est une exception dans la mesure où il s’agit d’un bagne). Rares sont les fois où l’idéal des débuts est affiché par des colons lanmeuriens (« le Réveil des Hommes Blancs »).



A travers ces descriptions merveilleuses, Christian Léourier dénonce les dérives du pouvoir toujours tenté par l’autoritarisme, voire l’existence même du principe de pouvoir centralisé. Il rejette l’idée du colonialisme, réalisé sous prétexte « d’éduquer les peuples moins favorisés » et aboutissant au mépris de ceux que l’on est venu « aider ». Améliorer le niveau de vie des « primitifs », c‘est aussi détruire la symbiose que ces sociétés ont créée avec leur environnement.

Comme de nombreux auteurs français, Léourier semble regretter l’état dans lequel nous avons mené notre société. Mais il a une façon de peindre ses regrets qui est créative et splendide.
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Le cycle de Lanmeur, tome 2 : L'homme qui t..

Ce roman, qui fait partie du cycle de Lanmeur, est un concentré d’imaginaire anthropologique.

Concentré assurément car il ne fait même pas 200 pages et contient pourtant autant d’images fabuleuses que les gros pavés dont les éditeurs d’aujourd’hui nous abreuvent. Anthropologique car, une fois encore, Christian Léourier excelle à nous présenter une civilisation humaine fascinante très différente de ce que nous connaissons.



Akrèn est une jeune archéologue de Lanmeur, la planète qui a décidé d’unifier toutes les civilisations éparpillées dans l’univers au sein du Rassemblement. Depuis toujours elle rêve d’explorer les vestiges de Gogleth, la principale ville autochtone de la planète Nédim. Lorsqu’elle l’atteint après des années de voyage en hibernation, elle découvre une colonie Lanmeurienne en train de dépérir, des autochtones méprisants et songeant à la révolte, et l’hiver implacable qui, ici, est déjà là (G.R.R. Martin, si tu m’entends…).

Car Nédim est une planète à forte excentricité dont la longueur d’une saison englobe des générations humaines (pas aussi longtemps que sur l’Hélliconia de Brian Aldiss mais pas loin). C’est si long que les autochtones Nédans ont personnifié les saisons comme deux Dieux qui s’affrontent éternellement pour l’amour de Nédim et règnent tour à tour durant des dizaines d’années. La vie des Nédans est réglée dans leur quotidien même par cette lutte divine. A présent, il est temps pour l’Élu de se rendre à Gogleth couverte de glace, pour tuer l’Hiver. Akrèn profite de l’aubaine et se joint à l’expédition pour explorer la Ville dont elle a toujours rêvé.



Le roman est divisé en trois parties : l’arrivée à Loed, capitale mourante des colons Lanmeuriens imbibés de drogue, l’expédition vers le Nord glacial avec chiens et traineau, enfin la découverte de Gogleth qui se révèle une véritable nécropole aussi riche que la Vallée des Rois en Égypte. Transversalement, le plus intéressant est la présentation du mode d’existence religieusement rigide, forgé par des siècles de confrontation avec une nature hostile, des Nédans, et des interactions avec les colons. Les deux groupes éprouvent un profond mépris l’un pour l’autre. Akrèn considère les autochtones comme des arriérés superstitieux, cependant elle n’a de cesse de parvenir à se faire accepter par ses guides lors de l’éprouvant voyage vers le Nord. Les Nédans voient les colons comme de gênants moustiques d’été incapables de comprendre les forces qui habitent leur planète et seront balayés par elles. Malgré les tentatives le fossé qui les sépare est infranchissable. Du moins…



J’ai pris mon temps pour lire ce court roman, car sa densité me rassasiait au bout de quelques pages. Je l’ai consommé délicatement comme un mets précieux. A la fin j’aurais voulu prolonger ce contact, en apprendre plus sur Nédim et ses Dieux, mais paradoxalement j’étais ravi de sentir que ce désir ne serait pas satisfait. Si le désir et la curiosité sont encore présents à la fin d’une histoire c’est qu’elle a parfaitement rempli son office. Elle termine par la note la plus positive qui soit, l’antithèse de l’ennui.

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Thème : Les évadés de Christian LéourierCréer un quiz sur cet auteur

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