AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christine Angot (624)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Le voyage dans l'Est

Du 16 au 20 mars, a lieu, à Aix-en-Provence, le Festival des Ecrivains du Sud. J'aime préparer en amont ce type d'événement, un peu comme un voyage littéraire. Il débutera cette année par la présentation de Christine Angot, autrice très médiatique dont je n'avais jamais rien lu.



Ayant trouvé son dernier livre, qui a reçu le prix Médicis 2021, dans une boîte à livres, il y a quelques semaines, c'était l'occasion de découvrir cette autrice.



Elle décrit, dans Le voyage dans l'Est, ses premières rencontres avec son père à l'âge de treize ans et son besoin de reconnaissance de filiation. La réponse qui lui est apportée consiste en une reconnaissance juridique non ébruitée, qui s'accompagne d'un inceste durant deux années à l'adolescence et de rapports sexuels père/fille qui reprennent durant une courte période à l'âge adulte.



Cette lecture est perturbante, car même si ce livre est qualifié de roman, il s'apparente à une autofiction, au sein d'une famille dysfonctionnelle :

- Un père autocentré qui semble entretenir ces rapports avec sa fille, car il a l'impression d'avoir rencontré un autre soi-même,

- Une fille traumatisée qui cherche à donner une cohérence dans les représentations que son entourage peut avoir d'elle et de son père,

- Une mère qui ne dénonce pas les faits à la police quand elle les apprend, admet facilement le nouveau rapprochement père/fille à l'âge adulte, explique l'adultère de sa fille auprès de son gendre pour maintenir le couple,

- Un mari qui, en connaissant les faits, reçoit son beau-père et entend les nouveaux actes sexuels, entre lui et sa femme, sans réagir.



L'autrice revient sans arrêt dans ses livres, dans sa vie, sur ces épisodes sans pouvoir dépasser ce traumatisme pour vivre pleinement. Ce type d'écrit permet peut-être de faire parler de ces agressions, qui peuvent exister quel que soit le milieu social, et des conséquences psychologiques sur le long terme pour les victimes.



Commenter  J’apprécie          225
Un tournant de la vie

J'ai beaucoup apprécié ce livre qui permet de ressentir plus de sensations que ce que son titre augure de prime abord. C'est bien plus que des tournants qu'on éprouve, mais carrément des soubresauts, des hauts le cœur, et même des nausées. Ce livre vous procure à moindre coût les mêmes sensations qu'un Grand-Huit. Croyez-moi, ce roman de Christine Angot c'est la fête foraine de la syntaxe, le tir au pigeon du vocabulaire, et le train fantôme de la phrase bien écrite.

Vivement la Foire du trône et ses barbe à papas vicieux.

Commenter  J’apprécie          31
Le voyage dans l'Est

Christine Angot a fait de l’inceste paternel dont elle a été victime son fonds de commerce. Les faits sont redondants avec ses précédents ouvrages. S’y ajoute une relation sexuelle consentie avec son père, une fois arrivée à l’âge adulte. On ne comprend plus, à moins qu’elle ne soit masochiste ?
Commenter  J’apprécie          81
Le voyage dans l'Est

Peut-on faire un coup de cœur d’un livre qui nous sidère ? De ceux qu'on lit d'une traite, le souffle coupé, l'esprit rivé sur le destin du protagoniste. A se demander la suite, surtout celle qui née quand l’horreur survient. Car dans "Le voyage dans l'est", c'est en effet l'horreur qui décime la vie de Christine, 13 ans, trop heureuse d'enfin rencontrer son père, grand traducteur au Conseil d'Europe. Malheureusement, les retrouvailles ne vont pas se passer comme elle l'imaginait, puisque son géniteur tant attendu va la soumettre à l'inceste de l’enfance jusqu'à l'âge adulte. Entre culpabilité et rémission, Christine, désemparée va tenter de se construire et s'émanciper de la manipulation dont elle se retrouve victime.

.

Avec maîtrise, l’autrice nous dévoile un roman nécessaire qui balaye toute la noirceur de l'inceste : l'impuissance, la notion du consentement, la reconstruction, la perversion du bourreau et surtout la passivité de la société. « Il y avait ceux qui savaient, ceux qui ne savaient pas. Ça ne changeait pas grand-chose. Les uns pensaient que j'allais bien, parce que je ne l'avais pas dit, les autres, parce que je l'avais dit. » Le lecteur devient témoin, devant l'effondrement psychique, social et sentimental de la victime. Orchestrant une atmosphère aussi lourde que l'horreur des faits, l’écrivaine réussit à faire passer un message percutant, témoignage romancé d'un inceste, qu'il faut surement avoir vécu pour l’avoir écrit, et lu pour le faire entendre. On pourrait définir le thème récurrent chez Christine Angot, mais peut-être pourrait-on dire aussi, que ce n'est jamais de trop, quand c'est important.

"L'inceste est une mise en esclavage. Ça détricote les rapports sociaux, le langage, la pensée...vous ne savez plus qui vous êtes, lui, c'est qui, c'est votre père, votre compagnon, votre amant, celui de votre mère, le père de votre sœur ? L'inceste s'attaque aux premiers mots du bébé qui apprend à se situer, papa, maman, et détruit toute la vérité du vocabulaire dans la foulée."

.

Pour tous ceux qui veulent savoir comment l'innommable s'écrit.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
Commenter  J’apprécie          30
Le voyage dans l'Est

Il y a bien le terme « roman » inscrit sous le titre du dernier opus de Christine Angot, un roman qui ressemble beaucoup à une autofiction, mot que récuse l’autrice qui affirme « Le terme autofiction ressemble trop à “autobiographie”. » Alors, c’est comme une boisson sans alcool qui ressemble à s’y méprendre à une boisson alcoolisée ? Elle dit aussi que « le roman, ce n’est pas du témoignage » Pourtant, dans ce roman qui n’en est pas vraiment un sans être une autofiction et où il ne faut pas chercher un témoignage (difficile de s’y retrouver pour le lecteur lambda que je suis !) on retrouve toujours le même thème récurrent de l’inceste.

Est-il utile de résumer l’intrigue, tant Christine Angot se répète d’un livre à l’autre ? Car il s’agit toujours d’explorer cette période de sa vie où elle a été victime d’inceste de la part de son père. Tout commence lorsque son père Pierre Angot, la reconnait enfin à l’âge de13ans. Tout débute par un baiser sur la bouche qui pourrait sembler anodin. A force de séduction, le père obtiendra d’elle des relations sexuelles. Christine, éblouie d’être reconnue par ce père brillant, cultivé, à l’adolescence, âge où tout se joue, accepte ses exigences qui font d’elle une victime consentante.

Alors oui, il est intéressant de voir comment s’échafaude une relation incestueuse, quels sont ces puissants rouages qui empêchent la victime de parler et de se révolter contre son bourreau. Mais l’autrice ne veut pas que ses écrits soient lus comme le témoignage d’une victime d’inceste. Non, ce qu’elle veut (mais le sait-elle vraiment, ce qu’elle veut la radicale et tant médiatisée Christine Angot ?) c’est reprendre toute cette histoire depuis le début, lorsqu’elle fait la connaissance de ce père absent si longtemps de sa vie, et nous raconter par le détail la chronologie de l’histoire de toute sa vie.

Angot est la spécialiste des emprunts littéraires : Hervé Guibert, Yann Andrea pour n’en citer que quelques- uns, et aussi des emprunts à Angot (on n’est jamais mieux servi que par soi-même !) et pour qui connait un peu son œuvre, ce ne sont que scènes ressassées, les mêmes plats resservis avec une nouvelle sauce pour nous faire croire à quelque chose de neuf et d’inédit.

J’avais lu qu’elle nous offrait une version quelque peu différente de ces précédents romans, mais je n’ai trouvé qu’une chronologie des faits sans rien nous épargner de détails bien assommants entre des scènes crues. Je n’ai pas dégoté là une miette de nouveauté. De plus, l’écriture est froide et terne et je me suis vite ennuyée.

Oui, il est important de mettre des mots sur toute forme de violence sexuelle, mais, plutôt d’Angot, lisez, Vanessa Springora, Camille Kouchner, Christiane Rochefort, Isabelle Aubry, Elsa Fottorino et tant d’autres au talent indéniable.





Commenter  J’apprécie          596
Le voyage dans l'Est

Très difficile d'écrire une critique après avoir lu ce roman. C'est en tout cas marqué roman sur la couverture alors qu'il s'agit de récit autobiographique.

Christine Angot revient sur l'événement qui l'a détruite quand elle avait 13 ans. Elle n'avait jamais connu son père, elle est fascinée par cet homme, brillant intelligent qui parle une trentaine de langues. Elle veut qu'il l'aime. Mais lui va très rapidement abuser d'elle, sexuellement, à chacune de leurs rencontres.

Elle essaie d'en parler à sa mère et n'y parvient pas. Elle va subir l'inceste pendant 15 ans.

Depuis, elle revient sur cet événement dans beaucoup de ses textes. Le style est froid, direct avec beaucoup de détails crus. Elle dissèque et analyse ses actes. Ça met mal à l'aise parfois.

Mais c'est nécessaire sans doute pour elle .

Ce n'est pas ce que je préfère lire en général mais le fait qu'elle ait obtenu le prix Médicis m'a influencée.
Commenter  J’apprécie          150
Un tournant de la vie

Oh que c'est compliqué l'amour !

Contrairement à de nombreux commentaires sur Babelio moi je trouve que Christine Angot en parle très bien.

Dans "Un tournant de la vie" une femme aime deux hommes et je ne me je suis pas inquiétée de savoir si c'était de l'autofiction ou pas puisqu'il semble que Vincent ressemble à Doc Gynéco l'ancien compagnon de Christine Angot (que je n'apprécie pas particulièrement).

C'est une histoire universelle de relations entre la narratrice, son conjoint et son ex dont elle est toujours amoureuse. Les deux hommes se connaissent, travaillent ensemble et sont amis.

Coincée entre amour et loyauté, elle n'arrive pas à trancher. Elle ne cache pas à Alex, l'homme avec qui elle vit, qu'elle voit Vincent et qu'elle a envie d'être avec lui. À ma grande surprise, je l'ai trouvé plutôt honnête et sage.

Il est reproché à Christine Angot un texte trop dialogué mais au contraire c'est ce qui lui donne sa force et qui permet d'entrer dans leur intimité. Ils s'engueulent régulièrement et se réconcilient et elle décrit parfaitement ces moments ambiguës où on ne veut pas faire de mal aux autres mais où les sentiments dépassent la raison. Je recommande la version audio lue par l'autrice qui sait y mettre le ton.

Et puis la fin est particulièrement intéressante. D'ailleurs, personne n'en parle dans les critiques comme si le livre n'avait pas été lu jusqu'au bout, ce qui est dommage.

Bref, Christine Angot montre que la vie n'est pas simple et que l'on peut être amené à faire des choix en fonction des circonstances. J'aime sa sincérité.





Challenge Coeur d'artichaut 2022

Challenge Riquiqui 2022

Challenge Multi-défis 2022

Challenge ABC 2021-2022

Commenter  J’apprécie          140
Le voyage dans l'Est

Ce livre peut se lire d une traite

Il y avait très longtemps que je n avais pas lu cette autrice

Quel témoignage toujours au fait de l actualité

On ne peut pas se sentir bien en lisant ce texte

Difficile d imaginer cette situation bien que l on la sache véridique

Facile à lire mais je trouve le ton assez impersonnel je n ai pas reussi à sympatiser avec le personnage principal.

Commenter  J’apprécie          60
Le voyage dans l'Est

"- Ouvrez, ouvrez. Non madame, là vous retenez. Vous ne poussez pas, là, vous retenez. Poussez poussez poussez poussez..."



Avec ce récit blafard d'une oblitération émotionnelle, la rêche Christine Angot revient à nouveau sur l'inceste qui l'a détruite comme on triture les lèvres d'une plaie qui du coup ne cicatrisera jamais.



Dans le collapsus de ses traumatismes intimes, elle parvient à ordonner la chronologie de sa profanation : de l'âge de 13 ans jusqu'à aujourd'hui, son prédateur -ou son ombre- n'a cessé de la tourmenter. Tour à tour fille et putain d'un père adoré autant qu'haï, la jeune femme n'a pu se reconstruire que dans les tourments de l'opprobre. C'est à ce douloureux cheminement que l'écrivaine -froidement factuelle- nous confronte : comment d'un acte ontologiquement négateur est né un objet littéraire libératoire.



Inconfortable, le roman nous assène ses quatre vérités : l'inceste est inimaginable, indicible, inaudible. Ses victimes et complices malgré elles (car la culpabilité les taraude) se débattent contre une interruption totale et durable de leur propre histoire. Quand certaines restent paralysées par cette occlusion émotionnelle, d'autres -et Christine Angot s'y essaie- parviennent à force de contractions à évacuer les sanies qui les empoisonnent. Incurables mais soulagées.



L'auteur ne "fait pas beau", le sujet l'interdit. Elle écrit cru, obscène et brutal -jamais autant cependant que ne le furent les assauts de son atroce géniteur- et son témoignage sidère. Piétinant son nom, qu'elle porte comme un étendard maudit, Christine Angot, en Erinye inapaisable, hurle doucement sa douleur et nous poignarde, impitoyable.



A vif.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
Commenter  J’apprécie          50
Le voyage dans l'Est

En résumé : Un récit biographique de la relation d'inceste que lui a imposé son père.



En détail :

Christine est au collègue quand sa mère, qui l'a élevée seule, lui fait rencontrer son père. C'est une véritable joie pour la jeune fille, qui a une attente émotionnelle forte envers ce père absent. Dès la première rencontre, l'homme manifeste un intérêt vif pour la jeune fille et accepte de lui faire une place dans sa vie, grâce à ces nombreux voyages d'affaires. Mais très vite, les gestes déplacés surviennent et la mère est évincée des rencontres.



Le texte est très précis, l'auteure analyse les situations, les repasse dans sa tête ainsi que les choix qu'elle a dû faire et détaille les différentes options possibles. Aucune n'est bonne. Quelles limites fixer, au-delà desquelles un geste n'est plus affectueux mais incestueux ? Que peut-elle supporter en échange de la présence de ce père dans sa vie ? L'autrice n'a aucune illusion sur ce qu'elle est en train de vivre et sur le fait que sa vie est irrémédiablement abîmée.



Le récit traite de la difficulté de raconter, quand un des mécanismes de défense est justement d'enfouir, de mettre le plus de distance possible avec ses événements qui n'auraient pas dû avoir lieu. L'écriture est parfois décousue et rend bien la difficulté de retracer la chronologie des événements. L'auteure fait un travail précis de déconstruction des faits, les met à plat pour mieux les analyser et appuie où ça fait mal.



Un ouvrage qui fait réfléchir sur les mécanismes de l'inceste et sur la destruction qu'il engendre sur les personnes qui en sont victimes. Il n'y a pas seulement les

faits, mais aussi tout le reste de la vie : l'image de soi, les relations avec les autres, notamment les autres hommes, ceux qui ne sont pas le père. Ce livre porte sur les

relations sexuelles non consenties, les troubles alimentaires, les pensées suicidaires.



Du même auteur : Une semaine de vacances.
Commenter  J’apprécie          20
Le voyage dans l'Est

Ce roman n’en est pas un. De la Littérature point. Mais c’est une parole, un témoignage, une confession. Au fil des pages, Angot nous livre le récit de l’inceste, sa construction de silences, de non-dit ou de non-entendu, de honte, de dénis, de vouloir-vivre et de révoltes étouffées. Il y a la solitude d’une enfant face à la lâcheté des adultes, la nôtre, et puis cette femme qui s’élève seule sur des fondations de mensonge. Et puis la chute.

Sans pudeur ni voyeurisme, Angot raconte, nous montre. Ce n’est pas de sa faute si elle est victime, si elle n’a rien dit. D’ailleurs elle a dit. Ce sont les autres qui n’ont pas vu. Car la bête n’a pas de cornes ni de langue fourchue, c’est un homme, c’est son père. Le père d’une autre famille aussi et puis l’amant retrouvé de sa mère. Un homme bien, intelligent, influent. Banal ? Non. La banalité du mal n’est jamais qu’une illusion qui vit par nos renoncements.

C’est ce qui saute à nos yeux grand ouverts par la force de ce Metoo de papier*, comme une orange mécanique sans saveur littéraire. Qu’importe. Angot n’est pas Kubrick ni Nabokov, mais Kubrick comme Nabokov n’ont rien changé.



* Dans la même veine, lire l’excellent « Famillia Grande » de Camille Kouchner
Commenter  J’apprécie          00
Le voyage dans l'Est

Pour être honnête, la lecture de ce livre m'a laissée perplexe pourtant je suis une habituée de ce genre de lecture.

L'histoire est sordide (rien d'étonnant vu que ça parle d'inceste), le nombre de personnes qui sont au courant et qui vivent la situation comme ci c'était quelque chose d'envisageable.

Il est parfois difficile de comprendre les situations, ça part un peu dans tous les sens au niveau chronologique, les dialogues sont décousu, on a l'impression qu'elle écrit tout ce qui sort de sa tête sans mettre en forme.

Remarque c'est peut-être juste son style.

Commenter  J’apprécie          00
Le voyage dans l'Est

Commenter  J’apprécie          00
Le voyage dans l'Est

Il m'a fallu du temps pour lire ce livre . J'avais l'impression de connaitre l'histoire et de ne pas avoir envie de revenir sur ce sujet . J'étais même fatigué d'avance en croyant savoir déjà tout de l'inceste subi par Christine Angot ... Quelle erreur, ce livre est une découverte: l'inceste subi est un déni de filiation d'un Père qui refuse de reconnaitre sa fille et qui la manipule si bien qu'elle met des années avant d'arrêter d'aller le voir. L'omerta familial est incroyable et la soumission est incompréhensible. Ce livre est un devoir de mémoire pour l'écrivain et une nécessité d'instruction pour les lecteurs .
Commenter  J’apprécie          40
Le voyage dans l'Est

Quelle autrice plus clivante que #christineangot ? Quel thème plus poignant que celui qu’elle creuse, livre après livre, depuis L’Inceste, Une semaine de vacances, Un amour impossible ?

La première question, bien sûr, est de se demander ce que ce livre apporte de différent, de plus au précédent. Roman, comme le proclame la couverture, ou plutôt récit et essai tour à tour, démontant, démontrant avec une précision clinique les rouages d’une emprise pas comme les autres ? Peu importe si le style, passant du récit au scalpel, au recopiage de son journal sibyllin, m’a parfois frustrée. Car la brillance et la précision de son analyse est une leçon, une leçon plus que nécessaire en ces temps où l’inceste entre adultes est relativisé du moment qu’il est consenti.

Mais peut-il y avoir consentement lorsque l’emprise et la négation de la personne s’enracinent aussi loin que dans la négation du lien de sang ?
Commenter  J’apprécie          60
Une semaine de vacances

Dans l'arène de Christine

(rédigé en 2012)



(Pardon d'avance pour ceux qui pourraient être choqués)

Elle est forte la Christine.



Elle nous inflige (mais nous sommes -hélas- consentants), un récit sur une relation sexuelle qui est certes cru, mais pas insupportable a priori (encore une fois, je parle du récit, pas de l'inceste).



Ce livre est une arnaque, il ne peut fonctionner qu'avec des accessoires en option.



En soi, je trouve ce roman ni bien, ni mal écrit. On retrouve les tics de l'auteure, ses fausses audaces assez ridicules et quelques passages plus concis, plutôt bien tournés, voire parfois de la belle littérature - à mon goût en tous cas- qui encouragent à poursuivre.



Mais il y a un problème.



Pour que ce livre ait un sens (je n'ai pas dit "du sens"), il faut acheter en option le cirque Angot qui se donne en spectacle un peu partout (télés, journaux...) en nous revendant ad nauseam, l'inceste dont elle a (difficile d'écrire "aurait") été victime.



Et le livre ne se lit qu'avec cet accessoire, qui en devient le principal intérêt.



La Maison Angot nous emprisonne donc avec son format propriétaire et poursuit son exploitation marchande du sordide. Elle en a le droit après tout, elle possède (hélas) la licence inceste, en multipropriété.



Mais cette petite entreprise fonctionne de manière perverse. Ainsi, dans ce roman, la phrase choc, qui est censée dévoiler le drame, n'est qu'à moitié explicite, mais vous glace quand même, parce que l'on sait "par ailleurs".



Ce livre n'existe pas sans son environnement tissé de tout ce qu'Angot diffuse à l'envi. Si on ne connait pas son histoire - admettons encore une fois qu'elle soit réelle car sinon ce serait désespérant-, le livre n'existe plus.

Imagine t-on la Sainte-Victoire de Cezanne (pour reprendre un élément de la critique de Télérama) qui ne figurerait pas sur le tableau principal, mais sur un tableau annexe ou sur le mur ? Imagine t-on un film porno qui comporterait en bonus, un exposé sur la linguistique selon Chomsky ?



Les arguments selon lesquels il faut traiter ce sujet, le révéler dans toute son horreur, applaudir à l'incroyable originalité...On les connait, ils sont utilisés chaque fois que le concept remplace l'oeuvre. de même l'argument du triomphe de la langue, outre qu'il prend une saveur particulière dans un tel contexte, n'est qu'un tour de passe passe de plus.



Alors ceci dit, on peut aimer le cirque, on peut aimer les concepts et on peut aimer les tours de passe passe. Mais ça ne passera pas par moi. Histoire d'enfoncer le clou, son éditeur se met au diapason en proposant une mise en page avec des marges immenses entourant un texte d'une taille à satisfaire les déficients visuels sévères. Arnaque supplémentaire dans la forme, à rajouter au dossier.



Fais gaffe Christine, on va quand même finir par ne plus se laisser prendre.



Comme le disait Pierre Dac : "Quand, durant tout un jour, il est tombé de la pluie, de la neige, de la grêle et du verglas, on est tranquille. Parce que, à part ça, qu'est-ce que vous voulez qu'il tombe ?... Oui, je sais, mais enfin, c'est rare...".



Avec Christine, tout est déjà tombé et ce n'est même plus rare. Alors que reste t-il ?
Commenter  J’apprécie          30
Le voyage dans l'Est

Histoire d'un inceste par un père sur sa fille quand c'était un délit peu reconnu et encore moins connu .Ià est commis par un père qu'elle connaissait très peu ,qu' elle espérait beaucoup pensant ainsi accéder au bonheur des autres qui connaissaient le leur .La chute est dure car le papa est un pervers dont elle subit les sévices ,partagée entre le malaise et la peur de le perdre .Dénoncer est courant ,relater avec autant de détails l'est moins . Horreur complète ,révulsion et meilleurs compréhension de la monstruosité de l'acte. C.A. ne nous épargne pas mais nous frappe à l'estomac.Ouf.







Commenter  J’apprécie          50
Le voyage dans l'Est

Pour préparer la soirée de présentation de la rentrée littéraire à la médiathèque de Ballan-Miré, j’ai lu un certain nombre de romans. Et dans la liste, il y avait Le voyage dans l’Est de Christine Angot, qui a été récompensé par le prix Médicis. Honnêtement, je n’avais pas envie de le lire. Je n’aime pas particulièrement Christine Angot, que ce soit la personne ou ses romans, et j’ai un souvenir assez douloureux de la lecture d’Un amour impossible, un 1er janvier (et bonne année surtout !).



Le voyage dans l’Est fait écho à Un amour impossible, il y est raconté à peu près la même histoire, celle de la relation incestueuse entre Christine Angot et son père. L’emprise de ce dernier.



Si Un amour impossible mettait en avant la relation entre la jeune Christine et sa mère, sourde aux appels à l’aide de sa fille, car tellement sous l’emprise elle aussi de cet homme qui lui a toujours fait comprendre qu’il était tellement au-dessus d’elle, dans Le voyage dans l’Est, il est plutôt question de la relation entre Christine et son père. Son envie à elle d’avoir une relation normale avec un père, son envie à lui de la baiser (désolée, je n’ai pas d’autres mots).



Ce qui est dramatique dans Le voyage dans l’Est, c’est que Christine Angot a parlé, a dénoncé. Mais personne autour d’elle n’a à un moment dit : « OK, ce n’est pas normal, on va voir les flics et ils vont le jeter en prison ». Non, on a fait comme si tout était normal, « Oh, il couche avec sa fille ? Bon, d’accord, tu me passe le sel, s’il-te-plaît ? » On a continué à inviter Christine et son père à la même table et même pire, on a essayé d’avoir la même emprise sur elle – tant qu’à faire.



Le voyage dans l’Est est très dur à lire. L’histoire de Christine Angot est terrible. Son père a réussi à lui donner l’impression qu’elle était amoureuse de lui et que ce qu’ils faisaient n’était que la conséquence normale de leur amour, que c’était beau. Il a réussi à la faire culpabiliser, adulte, d’avoir consenti. C’est une manipulation abjecte.



Mais encore plus difficiles à lire, sont les descriptions de leurs rapports. Crus. Détaillés. J’avais envie de fermer les yeux en lisant, je tendais les bras pour m’éloigner le plus possible de ce livre sordide et profondément triste. Savoir que des pères peuvent détruire ainsi leurs enfants, savoir que d’autres hommes profitent de jeunes filles brisées (cette scène au cinéma m’a donné envie de vomir), ça me fout en l’air.



Cette lecture, que j’ai trouvée extrêmement éprouvante, m’a attendrie vis-à-vis de Christine Angot et de son histoire, qu’elle couche sur le papier comme une sorte de catharsis, je suppose. Mais lorsque des lecteurs empruntent Le voyage dans l’Est à la bibliothèque, je ne peux pas m’empêcher de les informer que cette histoire pourra les heurter autant qu’elle m’a heurtée, comme un genre de parental advisory, explicit containt.
Lien : http://mademoisellemaeve.wor..
Commenter  J’apprécie          30
Le voyage dans l'Est

Le Voyage dans l’Est est un tour de force. Un texte très important, que chacun·e devrait lire. Avec une maîtrise de la structure, du mot juste qui impressionne.
Lien : https://www.lesinrocks.com/l..
Commenter  J’apprécie          00
Le voyage dans l'Est

Sujet ô combien sensible, l'inceste.

Comment on ne peut se défaire d'un tel traumatisme.

Christine Angot change de perspective dans ce récit. Elle raconte les faits, l'engrenage, l'impuissance, les relations amoureuses par ailleurs.

Cela fait souvent froid dans le dos (la scène au cinéma entre son père et son amoureux) : après avoir dénoncé l'acte du père, l'amoureux rentre dans son jeu : ???

Un témoignage qui fait réfléchir. Et nous comment agirait-on ? Serait-on dans le juste ? Ou ferions-nous des dégâts supplémentaires ?
Commenter  J’apprécie          10




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christine Angot Voir plus

Quiz Voir plus

Mozart pour l'été et du soleil dans les oreilles

Né à Salzbourg le 27 janvier 1756, il est mort le 5 décembre 1791 à :

Prague
Vienne
Salzbourg

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Thèmes : musique classique , compositeurCréer un quiz sur cet auteur

{* *}