AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Christine Angot (624)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Une semaine de vacances

Lu en 2017. J'avais enfin réussi à dépasser mon appréhension de lire cette auteure très controversée.

Un récit prégnant, un huis-clos, qui ne raconte pas, mais "dit", livre des mots, dérangeants, percutants, écoeurants. Ceux de la manipulation mentale, de la séduction perverse, de la domination implacable, du chantage affectif ignoble, de la persuasion perfide, de la culpabilisation, du rapport de force d'une personne sur une autre. Une narration extrêmement figurative, un témoignage révoltant et nécessaire, mais à recommander à un public prêt à encaisser le choc, tant émotionnel que littéraire (!)
Commenter  J’apprécie          00
Un amour impossible

C'est le premier livre de Christine Angot que je lis.

Un roman, une histoire inspirée de la sienne. Un père incestueux, le silence, puis des mots mais une mère qui ne dira rien, qui ne fera rien. C'était ainsi. La colère, les tentatives pour comprendre ? Expliquer ? Vivre, essayer.

On voit la relation avec sa mère se dissoudre, passé d'un amour exclusif, fusionnel à une distance, un rejet.

Si maman si, si maman si, si tu voyais ma vie......
Commenter  J’apprécie          00
Un amour impossible

Et bien... Pas forcément très fier d'être un homme à l'issue de cette lecture.

Je connaissais cette auteure pour l'avoir vue ou entendue à la télé ou à la radio, mais pas comme écrivaine. C'est bien écrit et la fluidité du texte permet une lecture aisée. Sur le fond, c'est puissant, c'est grave. L'amour impossible en raison des convenances sociales, l'inceste répugnant qui ne dit pas son nom, une mère résignée, voilà qui a de quoi révolter. Je vais transformer cet essai et lire d'autres ouvrages de Christine Angot.
Commenter  J’apprécie          11
Les Désaxés

Les Désaxés ce sont Sylvie et François, un couple fusionnel depuis une quinzaine d'années, qui tombe amoureux très vite et qui, malgré les sentiments qu'ils se portent encore, sont en pleine crise de désamour. C'est l'histoire de l'usure du quotidien, accentuée par la maladie de Sylvie qui est maniaco-dépressive et le manque de confiance en lui de François. C'est l'absurde nécessité de devoir se quitter pour s'aimer encore ou du moins ne pas en venir à se détester.



Je suis assez mitigée à la sortie de cette lecture. que j'ai eu autant de mal que d'envie de terminer. J'apprécie habituellement l'écriture de l'auteure mais dans ce roman elle m'a un peu "étouffée" , restituant bien, en cela, l'atmosphère pesante qui règne entre les deux protagonistes. Les pages sont compactes, les lignes s'enchaînent, très peu de dialogues, les phrases sont courtes, sèches, acérées, le vocabulaire est sobre, simple tout cela rendant presque la lecture soporifique par moment.



Rien de très original dans ce roman dont le sujet est vu et revu.

Commenter  J’apprécie          30
Une semaine de vacances

Il n'y a rien de plus révélateur que la dénégation. Ceci n'est pas une pipe. Ceci n’est pas un porno complaisant. Mais… qu’est-ce que c’est ?

A priori, c’est un texte de 130 pages qui ne comporte qu’une demi-douzaine de retours à la ligne, mais ponctué « normalement ». Procédé courant pour inspirer l’absence de toute logique, et l’enfermement. Les scènes de sexe couvrent plus de la moitié du texte. Le reste, ce sont les faits et geste de l’homme, et ses déclarations, centrées sur ses autres relations féminines. Plus quelques bribes de narration (la séparation finale).

Très peu de repères, même subtils, autres qu’en relation directe avec la dimension sexuelle, à l’âge du personnage féminin. Ses lectures, "Chiens perdus sans collier"… Ses amitiés, scolaires. Elle est vierge, l’homme veut la posséder analement pour préserver son hymen. A quelques reprises, il lui demande de dire « C’est bon papa ». On ne sait pas si elle obtempère.

Ce texte est la narration d’un épisode d’emprise totale d’un homme adulte sur une jeune fille ou une adolescente, dans un huis-clos de quelques jours. L’emprise est déjà installée. La fille en est totalement prisonnière, puisqu’à la fin elle ne supporte pas d’être renvoyée à sa famille au lieu de pouvoir accompagner l’homme "à Carcassonne". L’homme est un pervers narcissique type, qui possède une science exercée des alternances lâcher-serrer et aduler-rabaisser. Il est totalement obsédé par la possession sexuelle, qu’il exige plusieurs fois par jour et dans les environnements les plus divers, y compris publics. La fille est « inexpérimentée » face aux fantasmes de l’homme, dont les tentatives de pénétration anale lui procurent douleur et détresse.

Les lecteurs et lectrices réagissent probablement de façons très diverses, de l’indifférence à l’indignation ou à l’excitation.

Car ce « roman » peut très facilement se lire comme un roman pornographique. Toutes les scènes sont décrites en gros plan, longuement jusqu’au plus fin détail et jusqu’à l’orgasme masculin, avec du sperme, très souvent dans la bouche. Je n’ai vu pour ma part aucun obstacle dressé par Christine Angot à une lecture pornographique, qu’elle soit d’un adolescent « normal » en quête de ses premiers émois solitaires, ou d’un adulte moins « innocent » voire déjà bien imbibé. Au contraire, et c’est là que le bât blesse vraiment.

Les choix de focale sont conformes à ceux de l’industrie pornographique. De même les détails, notamment la pénétration orale active ("mouthfuck", aggravation de "deepthroat") "jusqu’au fond du palais" (sic), plusieurs fois décrite. L’évocation du « 69 » est certes une antiquité, mais elle en fait partie. Mais là où l’auteure se prend à mon avis vraiment à son propre piège, c’est dans un petit détail (le diable est dans les détails !) avec le mot « fister » (p.69, hasard malencontreux). Pour décoder ce mot, il faut connaître la représentation de la pratique correspondante dans la pornographie. Je le vois donc ici comme une véritable complaisance, peut-être accidentelle, mais en tout cas pas du tout maîtrisée.

Oui le livre a connu un grand succès de librairie. Mais de quelle nature ? Combien de femmes et d’hommes ? Et quels effets, recherchés ou non ? Certainement, une jeune femme pourra y avoir vu, pour son édification, les ficelles d’un pervers et d’une emprise infernale. Mais moins clairement que, par exemple, dans "L’Inceste" de la même auteure. Un jeune garçon ? J’en doute fort. Je me permets de rappeler que "Moi, Christine F., 13 ans" a été lu, de notoriété publique, par beaucoup d’hommes comme un livre pornographique. Il fallait pourtant surmonter beaucoup d’aspérités ! Et le "Rapport Hite" donc. Cette dimension, la réception et le devenir d’un texte, les jalons à y poser, relève de la responsabilité de l’auteur-e et ici, il me semble que Christine Angot s’est fourvoyée dans le but certes louable d’édifier son lectorat sans discours moralisateur explicite, peut-être prise par l’ambition d’unir un thème et un genre incompatibles…



Commenter  J’apprécie          00
Un amour impossible

Ce n'est pas un roman sur l'inceste, Angot en a consacré d'autres, plus spécifiquement, à cette blessure indépassable subie pendant son enfance, mais sur la relation à la mère. L'édition que j'ai eu entre les mains ajoute très judicieusement "conférence à New-York" en appendice, qui éclaire magnifiquement les intentions de l'autrice. Le style est très simple en apparence, parfaitement adapté à la description du quotidien et des sentiments sous-jacents aux comportements des protagonistes. J'ai été intéressé et ému de bout en bout par cette évocation de l'intime qui parvient sans effort à toucher l'universel.
Commenter  J’apprécie          20
Le voyage dans l'Est

Livre coup de poing que celui-ci. Même si on a déjà lu dans ses précédents livres la relation toxique que son père lui a imposée, Christine Angot n’a jamais été aussi loin dans la description, non seulement de cette « relation » mais aussi de son ressenti. Elle se dévoile, fragile, brisée, malheureuse, incapable de se reconstruire. C’est tellement vrai.. Ce livre m’a laissée mal à l’aise, et son film sortant en même temps que ma lecture, je n’ai pu me résoudre à voir sur grand écran, ce que j’ai lu. Trop dur pour moi.
Commenter  J’apprécie          40
La petite foule

Portraits de personnages tout en rigueur et subtilité dans l'observation.

Le regard de Christine Angot est ouverture et bienveillance sur ceux qui composent cette "petite foule", pris individuellement : jamais elle ne condamne, elle peint juste une réalité en effectuant un arrêt sur image sur une employée du textile, deux femmes âgées discutant dans un café, une mère et sa fille, un homme rencontré dans le bus, un grand cinéaste et un moins grand, une soirée mondaine, la solitude d'une "fille-mère" (non exhaustif)...

Tout en "montrant" comme elle sait le faire, Angot suggère sans les dire les raisons pour lesquelles nous nous travestissons socialement et mettons en scène la petite comédie des rapports à autrui (parfois à soi) : le besoin de "persévérer dans son être" et de se sécuriser face au monde.

Le dessein d'Angot est servi par son style faits de multiples coups de pinceaux, mais précis, et non floutés au hasard : peu à peu ils approchent du centre du motif, qui est chez tous plus ou moins le même avec des manifestations différentes suivant les situations et les milieux.

Ces petits tableaux ne comportent pas une fin qui dicterait au lecteur ce qu'il doit penser, mais laissent les personnages en suspens dans leur action : ils continueront à vivre et agir après que nous en ayons détaché nos regards.

C'est de l'art à la rencontre de la vraie vie.

--

Je n'avais pas vu dans un premier temps l'épigraphe reprenant une citation de La Bruyère mais avais pensé à lui spontanément : cette série de portraits se place bien dans la lignée du moralisme, mais Angot est plus tendre que lui.
Commenter  J’apprécie          142
L'Inceste

Christine Angot a été bien massacrée par les critiques - en particulier Jourde et Naulleau - à croire qu'il y a des littéraires qui n'apprécient pas l'originalité, la franchise, voire le génie de certains auteurs bien différents de nos contemporains, qui " ecrivassent" pour faire plaisir et se ranger dans la catégorie de "tout le monde" - pour ne déplaire à personne... C'est l'air du temps.

J'ai aimé ce style unique - personne n'écrit comme Christine - personne ne se livre de telle sorte au lecteur, ne se met à nu ainsi.

Une telle confidence est remarquable, pertinente et percutante. Elle donne le frisson, le tournis. Mais on comprend tout ce qui se passe dans l'esprit et le corps de l'écrivain et on est pris d'empathie.

On imagine alors les affres de l'auteur, son parcours, ses espérances et ses déceptions, sa longue et courte aventure amoureuse avec une femme dont le milieu est celui des midinettes et des richissimes. Un monde d'égoïstes auquel n'appartiendra jamais Christine, si forte et si faible en même temps.

Révéler ses travers, ce sado-masochisme qu'elle affiche, revendique, explique, condamne et accepte, révéler son aventure incestueuse avec son père, il fallait oser, et décider d'écrire un livre qui allait choquer le lecteur mais il faut que le livre, l'histoire ou récit soit pris par le corps tout entier pour être tel quel - être la patte même de l'écrivain, qui ne recule devant rien, et donne tout l'emploi du temps de trois mois d'amour difficiles, et de quelques autres années qui l'ont été aussi.

Elle se dit folle, ose avouer sa folie à son lecteur, à la fois avec gêne, pudeur, mais il le faut - et on l'acceptera ou pas. Or comme disait Caligula, celui qui n'est pas avec moi est contre moi. C'est pour cette raison qu'on adore ou que l'on déteste Christine Angot.

Ce qu'elle veut, c'est écrire pour raconter ce qu'elle a dans ses bras et le déposer sur la feuille, comme un enfant ou un trésor, tel quel - c'est son rapport intime avec l'écriture et il n'y a pas d'autre moyen d'écrire pour avancer, progresser, créer jusqu'au bout une histoire qui est pour elle la véritable histoire de l'écriture, de la Littérature - n'en déplaise aux mentors ou aux universitaires, ou critiques attardés.



J'ai été touchée par cette véhémence, cette sincérité cette force, ce besoin de vérité, de clarté et d'amour

Cet amour aussi qu'elle porte à sa fille Léonore qu'elle adore - comme Dior - cela aurait pu faire une belle pub - et tellement originale !!



Parfois elle me fait un peu peur à cause de ce sado masochisme qu'elle explique si bien - je ne la crois pas méchante pour autant, mais terriblement intelligente, franche, entière, ayant souffert mais ayant toujours gardé la tête haute et l'esprit clair.



Beaucoup de souffrance dans ces lignes mais le signe même d'un des plus grands écrivains femmes de notre époque.



Mal comprise mal lue, mal décryptée, son style devrait s'imposer dans les prochaines années, et mettre au défi tout romancier de faire une œuvre tout aussi bien réussie dans son originalité, dans ses déductions, ses élégances à se sortir d'une situation difficile sans passer par les voies médiatiques actuelles... Vous savez à quoi je fais allusion, cf Sandrine Rousseau et ses acolytes pleurnichantes.

Oui, Christine Angot "se débrouille" drôlement bien...

Et si le lecteur ne la comprend pas ou la déteste, c'est qu'il n'est pas (encore) à la hauteur pour lire ses œuvres - et quant aux autres critiques, écrivains ou assimilés, je pense qu'ils sont tout simplement jaloux de ce succès, de cette réussite, de cette personnalité hors du commun.



J’avais lu ce récit il y a déjà quelques années et l’avais apprécié tout de suite. Depuis quelques temps, Christine Angot est invitée, décryptée, entendue, écoutée d’une manière toute différente par les médias et c’est justice. J’ai hâte de voir le film que Christine vient de tourner sur son histoire. J’ajoute que je suis fort étonnée d’avoir vu aussi peu de commentaires sur l’Inceste sur Babelio. Á croire que ces chères féministes et lecteurs/trices de tout bord préfèrent les feel good, Goncourt, prix et autres balivernes détestables.

Bravo Christine, et merci de ce grand courage !
Commenter  J’apprécie          308
Une semaine de vacances

J'ai lu quand il est sorti "une semaine de vacances" d'Angot, et je n'en avais pas fait le compte-rendu.

Je devais être un peu "sonnée".

--

J'ajoute ce titre pour exprimer mes premières impressions après avoir vu le documentaire sorti en salle aujourd'hui 20 mars 24, intitulé "une famille".

Ma démarche est un peu bizarre, mais je n'ai pas trouvé d'autre moyen d'exprimer mon ressenti sur ce film important.

--

Je salue l'honnêteté de Christine Angot et la qualité de son travail, tant littéraire que cinématographique. Sa réflexion va loin, très loin.

--

Elle ne fait pas l'unanimité : comment la faire quand on met le doigt précisément sur un fonctionnement social qui préserve la structure du groupe au détriment de la construction d'un enfant, alors que les deux sont intimement liés et que les enfants d'aujourd'hui formeront la société de demain ? En matière de gestion, c'est ce qu'on appelle de la "cavalerie".

--

Il y a incontestablement une sphère de l'intime. Elle doit être préservée quand tout va bien, ou que rien ne va trop mal.

--

Mais dans le cas de la maltraitance envers les enfants, la cécité des témoins (feinte ou réelle) affectera inéluctablement le tissu social de demain.

--

Si on n'a pas de compassion pour ceux qui "sont agis" sans pouvoir se défendre, qu'on ait au moins la clairvoyance de sauvegarder le groupe social. Ce que nous ne faisons pas en ne voyant pas et en nous taisant.

--

La sauvegarde que nous croyons effectuer en nous taisant n'en est pas une : le poison enfoui continuera son oeuvre malsaine, il produira ses effets dans le temps, empoisonnera nos racines. Si rien n'est "reconnu", tout ressortira d'une façon opaque, déformée, toxique (encore plus toxique, car on ne peut pas affronter un adversaire invisible). Et les générations suivantes continueront à subir des effets délétères d'une expérience vécue par ceux qui les ont précédés et que la mort a réduit au silence.

---

Voilà pourquoi j'admire le travail d'Angot, et je signale en passant la qualité de ses interventions à France Culture (et autres) sur le travail littéraire.

--

Angot est une sculptrice de mots : rien d'étonnant à ce que sa fille Léonore soit une plasticienne sculptrice.
Commenter  J’apprécie          150
Le voyage dans l'Est

Christine Angot dans un style journalistique, informatif, cherchant la succession des évènements, s’attachant aux détails du premier diner avec son père qui n’a pas voulu la reconnaitre, de sa première rencontre remplie de fierté, finit par lâcher :

« Il m’a embrassée sur la bouche ».

Inceste, c’est le mot qu’elle met, bien que n’ayant que treize ans.

Il lui écrit qu’il l’adore, elle répond, portée par le fait qu’elle l’admire infiniment (il parle entre vingt et trente langues, il travaille au Conseil de l’Europe).

Et qu’il l’a reconnue.

Même si la logique temporelle est parfois brouillée, les sentiments de Christine, entre l’admiration et la peur, peuvent essayer de discerner : «  Gérardmer, la bouche. Le Touquet, le vagin. L’Isère, l’anus. La fellation, c’est venu tôt. »

Et être à distance d’elle-même, ne plus penser, se surveiller en permanence, franchir, ou plutôt se voir franchir les limites en niant chaque fois les gestes, se forger « une forteresse à l’intérieur de laquelle ce qui existait n’existait pas. »

Est-ce une relation père-fille normale ? Christine essaie de se persuader que si, mais elle sait bien que non, qu’elle se ment à elle-même, or le déni l’aide à survivre, à continuer à vouloir se faire reconnaitre par son père.

Sa mère, qui était tombée raide dingue de lui, et qui pourtant avait dû affronter le fait d’accoucher seule, se sent à l’écart, à juste titre : elle est moins intéressante que le père, ils vont aller diner au restaurant sans elle qui a préparé le diner.

Voilà, il a gagné, même si c’est une pauvre victoire : ce duo mère -fille fusionnel connait des turbulences, d’autant plus graves qu’elles ne peuvent en parler, elle des gestes qui lui plombent la tête, la mère de son complexe de classe sur lequel il joue allègrement.

Comment faire pour contourner la réalité, la distordre ?

Comment faire le tri entre la manipulation, évidente, et les sentiments ?

Après la lecture de Triste Tigre, pour laquelle je n’avais pas vraiment énoncé tous mes doutes, le Voyage dans l’Est me semble finalement plus près de ce que c’est pour une petite fille de se faire inclure, pas à pas, dans un inceste.

Émouvant, par sa sincérité, par sa manière de ne pas charger unilatéralement le père, puisqu’elle repart vers l’Est pour le retrouver, des années après, Christine Angot nous livre ses errances, sa perdition, sa honte, son anorexie, ses insomnies, perd confiance en elle, se méprise, ne termine aucune étude, se sent morte, anesthésiée, fait une psychanalyse, pour comprendre pourquoi elle recherche des rapports normaux avec son père, qui , lui, veut au contraire enfreindre les lois, sauf celle du plus fort.

Le pouvoir ultime du patriarcat.

Le pouvoir de celui qui viole le tabou universel de l’inceste, celui qui fonde toutes les civilisations, en les faisant émerger de la sauvagerie.

Cela, en foulant aux pieds la filiation.

Autant le personnage médiatique de Christine Angot, provoquant scandale sur scandale, m’a toujours paru détestable, autant j’ai aimé la sincérité de ce voyage, et sa conclusion : peut-on faire tellement de mal à l’être aimé ?

Comment survivre, et surtout comment comprendre ce qu’est d’avoir été asservie, mise en esclavage, chosifiée par celui en qui elle avait placé toute sa confiance ?

Notons aussi que Christine Angot n’a pas porté plainte contre son père, qui pousse la perversité jusqu’à lui intimer d’écrire «  sur ça », car « c’est une expérience que tout le monde ne vit pas. »

Commenter  J’apprécie          5450
Un amour impossible

Impression mitigée.

Un recit cathartique de l'auteure sur sa relation avec sa mère, fusionnelle à l'enfance puis perturbée par l'irruption à l'adolescence du père défaillant et incestueux, l'éloignement à l'âge adulte, les reproches sur son acceptation du mépris de cet homme et enfin la réconciliation et la complicité avec elle à la maturité et l'apaisement acquis par l'écriture.

Une écriture soignée mais la narration de cette intimité, sans pudeur et avec un certain détachement est (volontairement ?) dérangeante par son déficit émotionnel.

Commenter  J’apprécie          90
Un amour impossible

Plus jamais je ne regarderai un film et lirai le livre après ! Non, plus jamais, surtout si j’ai adoré le film « Un amour impossible », avec Virginie Efira.



L’adaptation cinématographique est exactement conforme à l’histoire, celle de l’auteure, fruit d’un amour impossible. Sa mère, de milieu social modeste, a connu une histoire d’amour passionnée avec un universitaire issu d’une famille très aisée. Mais cet homme manipule la jeune femme en lui disant qu’il est franc, il lui dit tout de suite que le mariage, ce n’est pas pour lui. Et malgré tout, il lui demande un enfant…dont il ne s’occupera jamais. Sauf pour lui faire la pire chose qui existe quand elle sera adolescente.



J’ai adoré le film, plein de vie et de fraicheur, j’ai aimé très moyennement le livre, dont j’ai trouvé l’écriture très plate.

J’ai vu sur Babelio que ce livre avait réconcilié beaucoup de lecteurs avec cette auteure, mais moi, je ne pense pas la lire à nouveau.



« C’est l’histoire d’un amour…♫ » candide et pourri, passionné et pervers.

Commenter  J’apprécie          3012
Un amour impossible

J'ai lu ce livre juste après "Triste tigre", que je n'avais pas trouvé dingue mais le sujet est toujours intéressant. Et je trouve ça incroyable comme les deux autrices ont vécu leur traumatisme différemment.



Dans "Un amour impossible", Christine Angot traite l'inceste comme un détail de sa vie. Un détail qui a une importance évidemment mais moi qui pensais que le sujet allait être principal dans ce livre, ce n'est pas du tout le cas. Le sujet principal est surtout la relation qu'elle a entretenu toute sa vie avec sa mère. Tantôt fusionnelle, tantôt chaotique, tantôt distante, tantôt compréhensive.

Une relation complexe que le traumatisme de la jeune fille n'a pas vraiment ébranlé, il s'agit là des aléas que l'on a dans toute relation parents / enfants.



Avec un détail cependant, ce père, qui fait tout pour être présent, mais qui ne veut pas être trop important non plus. Qui commet des actes odieux mais que l'on pardonne sans trop de problème. D'ailleurs cet homme a bien vécu jusqu'à la fin de sa vie sans être inquiété outre mesure. Ce que Neige Sinno a dû parfaitement déplorer en lisant ce livre.
Commenter  J’apprécie          20
Une semaine de vacances

Quel choc !

Oui, j’avais déjà vu Christine Angot aborder la question de l’inceste sur quelques plateaux télé mais j’ignorais tout de ce livre au moment où je l’ai commencé. Et là, dès les premières pages on est plongé dans la réalité de ce que doit vivre une adolescente pour une semaine de vacances avec un père incestueux.



C’est direct, c’est cru, choquant, révoltant, terminé le 2 novembre, c’est seulement aujourd’hui que je rédige ma chronique, besoin de laisser décanter, de digérer l’épreuve de ce qu’elle a dû vivre pour pouvoir en dire quelque chose.



Après avoir terminé, j’ai lu quelques critiques, j’ai retrouvé ce que j’ai pu ressentir dans certaines d’entre elles, d’autres m’ont quelque peu contrarié, celles qui y ont vu du porno, de la vulgarité, de la provocation ou qui analysent, qui comparent, entre autres avec Camille Kouchner ou Vanessa Springora. Je pense qu’il est vain de comparer et qu’il faut prendre le livre de Christine Angot comme un cri, une thérapie, une manière de vider son sac pour tenter de se reconstruire et qu’il faut l’accepter comme tel sans aller plus loin dans l’analyse qui mettrait à distance. Sa manière brutale d’exprimer ce vécu si douloureux sans l’expression des émotions est pour moi justement ce qui permet au lecteur de réaliser ce qu’elle a pu vivre, de comprendre les dégâts occasionnés par un adulte sur une enfant et d’éprouver de l’empathie pour toutes les victimes de l’inceste ou de la pédophilie. Quel fléau !



On ne ressort pas indemne d’une telle lecture mais quel courage d’avoir pu écrire ce texte.
Commenter  J’apprécie          201
Une semaine de vacances

Je ne sais pas trop quoi dire après cette lecture, brève mais intense, dans son genre. C'est autobiographique, une semaine d'abus sexuels vécus par l'auteure, à un âge qui ne nous est pas précisé. Ce qui est le plus choquant pour moi, c'est le discours de ce père à sa fille. Quel chantage affectif monstrueux ! Et ce que ce pédophilie dégage : écœurant ! Incapable de penser à autre chose qu'à des actes sexuels durant les quelques jours passés ici avec sa fille. Et au moindre refus ou propos qui lui déplaît, il la rembarre "chez elle" (chez sa mère, je suppose). Puis ce discours du "je te prépare pour une meilleure vie amoureuse plus tard"... Bref, un gars complètement à gerber qui explique aussi à sa fille ses aventures avec d'autres femmes et ses critères de comparaison sexuels. Il n'y a pas d'émotions décrites dans ce livre, juste une succession de faits... Je ne sais pas ce qu'il est advenu de cet être abject qui était apparemment un homme respecté, un homme "de la haute". L'auteure de dit pas si elle a porté plainte, on ne sait pas si elle en a parlé à sa mère ou une autre personne... Du coup, cette lecture, elle met mal à l'aise de par les faits relatés (surtout qu'on ne sait pas qu'il s'agit d'inceste, au départ, même si on perçoit le côté sale et de domination de la relation directement) mais elle nous laisse avec toutes nos questions quant à sa finalité.
Commenter  J’apprécie          10
Une semaine de vacances

Pour dire la blessure Christine Angot choisit de mettre en scène les gestes de l’inceste qu’elle a subi .

L’écriture est d’une précision chirurgicale pour décrire les parties du corps impliquées, comme des objets lointains qui lui restent étrangers. Le lecteur comprend vite que derrière cet hyper réalisme, si l’autrice est bien présente physiquement, rien de sa personne, de son moi, de tout ce qui touche à sa singularité humaine, dans sa sensibilité et ses émotions, rien de ce qui est profondément et réellement « elle » ne l’est. Cette écriture qui dit le corps comme un automate désarticulé, un ensemble de pièces détachées d’elle même, réussit à traduire le désarroi et les interrogations qui la traversent. Avec des mots arides, recroquevillés sur chaque détail corporel, elle fait éclater le corps, son corps, elle le fait mourir. Pour dire cette omniprésence du corps, elle façonne un langage qui réussit à la désincarner totalement. Elle met ainsi en lumière, sa position de pantin désarticulé qui ne s’appartient plus, elle montre les ressorts pervers de l’emprise, elle évoque la manière dont l’acte incestueux la maintient dans une négation absolue d’elle même.

La lecture de ces pages est un chemin douloureux pour le lecteur, qui partage ainsi à travers l’écriture de Christine Angot la réalité profonde de son vécu.

La découverte de cette écriture magistrale fait de la lecture de ce livre, un moment exceptionnel.

Commenter  J’apprécie          111
Le marché des amants

Ce qu'il y a de spectaculaire chez Christine Angot, c'est le contraste entre son regard attentif et curieux, son esprit rapide, percutant, logique d'une part et sa sensibilité à fleur de peau, de l'autre. Si Angot était un animal, elle serait un menu écureuil, prisonnier au creux des mains, petite boule de poils et d'os toute grelottante de frayeur mais tête en alerte, yeux vifs qui regardent, regardent...

---



L'amour et l'écriture sont les grandes choses de la vie.

L'amour, c'est difficile : on le veut, mais il y a tant d'incertitudes, tant de doutes...

L'autre ne vous voit pas toujours : il y a l'intellectuel qui joue à se faire des frayeurs et regagne vite ses pénates à la première alerte, tant pis s'il a embarqué l'autre sur une barque pourrie ; et il y a celui qui vous voit mais se sent tellement différent, qui n'a que son monde d'artiste et pense que ça ne suffira pas, qui se retire peu à peu. Pourtant c'était beau et sincère...

Se profile un troisième homme, et c'est pas gagné d'avance non plus, mais enfin une porte s'ouvre...



Heureusement il y a l'écriture, mais l'écriture ce n'est pas l'amour.



J'aime Angot parce qu'elle m'émeut. Mais aussi à cause de son style, de sa simplicité, de sa sobriété, de sa maladresse voulue pour exprimer le flou des sentiments, leur vacillement, la colère. Avec le marteau et le ciseau de la langue, elle tourne autour du détail qui fait sens jusqu'à ce qu'il soit extrait du magma, puis elle le dépose sur la page à côté des autres et retourne à son travail de fouille, inlassablement.

Les matériaux qu'elle extrait ne sont pas totalement inconnus, mais l'angle sous lequel elle les observe révèle tant de nous et du monde que certains voudraient la faire taire : "hystérique", disent-ils, quand elle soulève la pierre sous laquelle se cache l'objet hideux dont ils connaissent parfaitement l'existence mais qu'ils ne veulent pas voir. Au minimum coupable de mauvais goût.



Angot, exploratrice de l'intime en littérature : cela nécessite une bonne dose de courage.



Commenter  J’apprécie          102
Un amour impossible

Fin des années 50. Rachel tombe follement amoureuse de Pierre, qui a des théories fumeuses sur leur rencontre. Il veut bien lui faire un enfant, mais surtout pas l'épouser, à une époque où l'un n'allait pas sans l'autre. Christine naît, Pierre disparaît, Rachel fait ce qu’elle peut.

Puis, à l’adolescence de leur fille, Pierre reparaît et s’en occupe quelques week-ends … Et ce qu’il se passe alors porte le nom du grand succès littéraire de Christine Angot.



Ce livre m’a exaspérée : comment peut-on faire un tel brouillon (euphémisme) avec une histoire de perversi*n, d'inc*ste, d’emprise psychologique, de malentendus mère-fille ? Le fond est de la matière à chef d’oeuvre, mais entre les mains d’Angot, ça donne ce genre de phrase :



“Ah la la mon Dieu, qu'est-ce que j'en ai marre, mon Dieu, mais j'en ai marre, j'en ai marre, j'en ai marre, mais j'en ai marre !... Mais j'en ai marre, mais marre, mais j'en ai marre, marre, marre, mais marre ! J'en ai marre j'en ai marre j'en ai marre, mais qu'est-ce que j'en ai marre, mais qu'est-ce que j'en ai marre mon Dieu…” page 60



Évidemment, il y a quelques fulgurances, mais pas assez pour que je veuille retenter l’expérience Angot. Je regarderai l’adaptation ciné, ça ne peut pas être pire !
Commenter  J’apprécie          10
Le voyage dans l'Est

Un livre assez rythmé et qui vous tient jusqu’à la fin. On rentre dans la thématique assez rapidement et pour ma part c’était assez déroutant (je n’étais pas prêt).

Je trouve que ce livre est intéressant pour la/les réflexion/s une fois terminée cette dernière page… un livre que je recommande mais faut être prêt avec le sujet…
Commenter  J’apprécie          00




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Christine Angot Voir plus

Quiz Voir plus

Marche ou Crève

Sous quelle nom le livre a été publié?

Stephen King
Richard Bachman

17 questions
25 lecteurs ont répondu
Thème : Marche ou crève de Stephen KingCréer un quiz sur cet auteur

{* *}