AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de David Lodge (472)


Le sexe pour Wells était idéalement une forme de récréation, comme le tennis et le badminton, quelque chose que l'on faisait quand on était venu à bout d'une tâche, pour se défouler et exercer un moment son corps plutôt que son esprit...
Commenter  J’apprécie          50
Avant d'aller plus loin , ce serait probablement une bonne idée d'éclairer la conception du monde, la métaphysique, que ces jeunes gens devaient à leur éducation et à leur milieu catholique. Là-haut il t avait le ciel, en bas l'enfer. Le nom du jeu c'était le salut, c'est à dire la manière d'aller au ciel et d'éviter l'enfer. Le tout ressemblait un peu au jeu de l'oie. Un péché, vous envoyait directement au fond du puits; les sacrements, les bonnes actions, les mortifications vous permettaient d'en sortir et de retrouver la lumière. Tout ce que vous faisiez, tout ce que vous pensiez était soumis à une comptabilité spirituelle. C'était bon, mauvais ou encore neutre. (page 20)
Commenter  J’apprécie          50
Le monde a-t-il besoin de plus de romanciers?
On peut évidemment arguer que l'être humain ne peut se passer de la narration : c'est l'un des outils fondamentaux pour donner un sens à ce que nous vivons, et cela depuis la nuit des temps. Mais cela entraîne-t-il forcément, je me le demande, la multiplication sans fin de nouvelles histoires? Avant le règne du roman, le conteur n'était pas soumis à la même obligation : on pouvait reprendre indéfiniment les vieilles légendes, l'affaire de Troie, l'affaire de Rome, l'affaire de la Grande-Bretagne... en les aménageant pour suivre les changements d'époques et de moeurs. Tandis que depuis trois cents ans les écrivains sont requis d'inventer à chaque coup une nouvelle histoire. Pas totalement nouvelle, bien sûr -il a été assez souligné qu'à un certain degré ce sont les mêmes schémas en nombre limité qui se reproduisent-, mais il faut chaque fois que l'intrigue soit incarnée dans un groupe de personnages différents et se développe dans des circonstances différentes. Si l'on pense aux milliards d'individus réels qui ont vécu sur cette planète, chacun avec son histoire personnelle unique, cela semble extraordinaire, et même pervers, que nous nous cassions la tête pour inventer en supplément toutes ces vies fictives. Et il s'agit vraiment d'un casse-tête. Tant de simples "données" doivent faire l'objet d'une décision lorsqu'on écrit un ouvrage romanesque. La réalité doit être représentée par une pseudo-réalité, laborieusement fabriquée et décrite. Pour pouvoir suivre l'histoire, il faut que le lecteur retienne ces données mais elles sont éliminées dès qu'il a fini le livre, afin de laisser place à un autre. Bientôt il ne subsiste dans sa mémoire qu'un nom ou deux, quelques vagues impressions concernant les personnages, un souvenir approximatif de l'intrigue et le sentiment d'avoir aimé ou non ce qu'il lisait. C'est effrayant de songer au nombre de romans que j'ai pu consommer dans ma vie et au peu de substance que j'en ai retenu dans la plupart des cas. Devrais-je vraiment encourager ces jeunes gens intelligents à apporter leur quote-part au tas de poussière de toutes les vies fictives oubliées? N'auraient-ils pas une activité plus profitable en élaborant des modélisations informatiques de la conscience à l'Institut des sciences cognitives de Ralph Messenger?
Commenter  J’apprécie          50
Tout le monde universitaire semble être en transhumance. La moitié des passagers sur les vols transatlantiques en ce moment sont des professeurs d’université. Leurs bagages sont plus lourds que la moyenne, lestés qu’ils sont de livres et de papiers - plus volumineux aussi car ils doivent prévoir des tenues habillées aussi bien que des vêtements de sport, ce qu’il faut pour assister à des conférences ou pour aller à la plage, ou encore au British Museum, ou au Folk Village. Car si cette ronde des colloques est aussi fascinante, c’est parce qu’elle permet de convertir le travail en jeu, de combiner tourisme et activité professionnelle, et tout cela aux frais de la princesse.
Commenter  J’apprécie          50
Où vont les gens quand ils meurent?
Quelque part sous terre ou dans le ciel?
Je n'en sais rien, a dit grand-père, mais il se peut
Qu'ils s'installent tout simplement à demeure dans nos rêves.
Commenter  J’apprécie          50
La surdité est une sorte d'avant-goût de la mort, une très lente introduction au long silence dans lequel nous finirons tous par sombrer.
Commenter  J’apprécie          50
« Ma pile est morte, ai-je dit. Tu veux que j’en mette une nouvelle ? C’est un peu délicat dans le noir.
- Non, pas la peine », a répondu Fred comme elle n’arrête pas de dire ces temps-ci. Il lui arrive par exemple d’entrer dans mon bureau pendant que je travaille sur l’ordinateur sans porter mon appareil parce qu’il transforme le murmure apaisant du clavier en un cliquetis gênant aussi bruyant qu’une vieille Remington, et de me dire quelque chose que je n’entends pas et, en une fraction de seconde, il me faut faire un choix : interrompre la conversation pendant que je cherche à tâtons la pochette de mon appareil et que j’installe les oreillettes, ou bien tenter d’improviser sans ça ; généralement, j’essaie d’improviser, et le dialogue se déroule plus ou moins de la façon suivante :
Fred : Mur mur mur.
Moi : Quoi ?
Fred : Mur mur mur.
Moi (cherchant à gagner du temps) : Ah ah.
Fred : Mur mur mur.
Moi (essayant de deviner le contenu du message) D’accord.
Fred (surprise) : Quoi ?
Moi : Qu’as-tu dit ?
Fred : Pourquoi as-tu dit « d’accord », si tu n’as pas entendu ce que j’ai dit ?
Moi : Attends que je mette mon appareil.
Fred : Non, pas la peine. Ce n’est pas important.
Commenter  J’apprécie          50
Il sentit le désir s'éveiller en lui comme une racine morte après une pluie de printemps.
Commenter  J’apprécie          40
Tous les héros des romans à l'eau de rose semblaient avoir une poitrine robuste et des cuisses fermes.
Commenter  J’apprécie          40
Les barrières de merde sont en train de tomber, les barricades de l'amour se dressent contre les flics.
Commenter  J’apprécie          40
Il ne supportait pas que la moindre imperfection puisse venir ternir la victoire, et la mort du président Roosevelt, juste avant la capitulation des Allemands, lui sembla une fausse manœuvre de la part de Dieu.
Commenter  J’apprécie          40
Tout en laissant infuser le thé, il composa de tête un petit article, « Catholicisme », pour une encyclopédie martienne compilée après que la vie sur terre eut été détruite par la guerre atomique.
(…)
Les rapports entre conjoints étaient restreints à certaines périodes limitées, déterminées d’après le calendrier et la température corporelle de la femme. Les archéologues martiens ont appris à reconnaître le domicile des catholiques grâce à la présence d’un grand nombre de graphiques compliqués, de calendriers, de petits livrets remplis de chiffres, et de quantité de thermomètres cassés, ce qui atteste de la grande importance attachée à ce code.
p. 27
Commenter  J’apprécie          40
Eût-il été catholique, je me suis demandé si Kierkegaard serait sanctifié à l’heure qu’il est, et si l’on édifierait une basilique sur sa tombe. Il ferait un bon saint patron des névrosés.
p. 350
Commenter  J’apprécie          40
La plupart des récits contiennent un élément de surprise. Si nous sommes en mesure de prévoir tous les rebondissements d'une intrigue, il y a fort à parier qu'elle nous laissera indifférents. Mais ces rebondissements doivent être convaincants tout autant qu'innatendus.
Commenter  J’apprécie          40
Lorsque avril, avec ses douces ondées, a transpercé la croûte sèche de mars jusqu'à la racine et empli toutes les veines de la terre de ce liquide vital qui donne naissance aux fleurs; lorsque le zéphyr, lui aussi, de son souffle suave, a insufflé la vie aux nouvelles pousses tendres, partout dans les taillis et sur les landes, que le jeune soleil a franchi la moitié de son parcours dans le signe du Bélier, et que les petits oiseaux qui dorment toute la nuit les yeux ouverts poussent leur chant (le chant que la nature inspire à leur coeur), c'est alors, comme l'a fait observer le poète Geoffrey Chaucer il y a bien des années, que les gens éprouvent le besoin de partir en pèlerinage. Sauf que de nos jours, dans les milieux professionnels, on appelle cela plutôt des congrès.
Commenter  J’apprécie          40
Quand on vit seule et qu'on sort avec un homme, soit il faut insister lourdement pour partager l'addition, soit on a un malaise, l'impression de contracter une espèce de dette érotique que l'autre pourra vous demander de rembourser n'importe quand.
Commenter  J’apprécie          40
Nous sommes en juin, et la saison des colloques bat son plein. À Oxford et Rummidge, il va sans dire, les étudiants sont encore assis à leurs pupitres dans les salles d'examen, tels des prisonniers que l'on a mis aux fers, mais leurs professeurs, quant à eux, peuvent s'échapper pour quelques jours avant de s'atteler à la correction des copies d'examens ; en Amérique du Nord, en revanche, le second semestre de l'année universitaire est déjà terminé, les copies sont déjà corrigées, les diplômes distribués et les professeurs, enfin libres, peuvent profiter de leurs bourses de voyage et partir vers l'est ou l'ouest, ou aller au gré de leur fantaisie. Vrrrrrouuuummm!

Tout le monde universitaire semble être en transhumance. La moitié des passages sur les vols atlantiques en ce moment sont des professeurs d'université. Leurs bagages sont plus lourds que la moyenne, lesté qu'ils sont de livres et de papier – volumineux aussi, car ils doivent prévoir des tenues habillées aussi bien que des vêtements de sport, ce qu'il faut pour assister à des conférences ou pour aller à la plage, ou encore au British Museum, ou au Schloss, ou au Duomo, ou au Folk Village. Car si cette ronde des colloques est aussi fascinante, c'est parce qu'elle permet de convertir le travail en jeu, de combiner tourisme et activité professionnelle, et tout cela aux frais de la princesse. Grattez une communication et vous verrez le monde ! Je suis Jane Austen – Donnez-moi des ailes ! Ou Shakespeare, ou T. S. Eliot, ou Hazlitt. Tous vous donnent droit à un petit tour de manège, à un petit tour en jumbo-jet. Vrrrrrouuuummm!
Commenter  J’apprécie          40
Il mit longtemps avant de surmonter le manque d'assurance enraciné en lui du fait de ses origines modestes, sa petite stature, ses affections chroniques, et la voix aiguë dont il ne put jamais éradiquer la marque du "commun" , avant de prendre conscience que son succès et sa réputation grandissants le rendaient attirant aux yeux des femmes.
Commenter  J’apprécie          40
... c'était strictement réservé aux péquenots, aux touristes et aux hommes d'affaires. Morris Zapp, qui passait pour un homme raffiné, aurait vu sa réputation anéantie sur-le-champ si quelque collègue ou quelque étudiant l'avait surpris dans un des strip-bars du South Strand. "Quoi ? Morris Zapp fréquente des bars topless ? Morris Zapp paie pour voir des nichons ? Qu'est-ce qui se passe, Morris, tu n'as plus ton compte ces temps-ci ?" Et patati et patata, ils n'auraient pas arrêté de le taquiner. C'est pourquoi Morris n'avait jamais franchi le seuil d'aucun strip-tease du South Strand, bien qu'il eût été souvent pris par des accès de curiosité vulgaire en se rendant au restaurant ou au cinéma ; mais maintenant qu'il est là en plein Soho exotique et pornographique, à dix mille kilomètres de chez lui, avec pour seuls témoins quelques rares étrangers (car la nuit est humide et glacée), il se dit : "Pourquoi pas ?" et s'engouffre dans la première boîte de strip-tease qu'il trouve, sous les yeux d'un Indien tout triste à la porte.
Commenter  J’apprécie          41
Après une heure de discussion épuisante, Désirée avait consenti à un compromis : elle voulait bien attendre six mois avant d'engager la procédure de divorce à condition qu'il quitte la maison...
"_ Je vais partir, avait-il dit. Je vais prendre un congé de six mois à la fin du trimestre. Laisse-moi jusqu'à Noël.
_ Où vas-tu aller ?
_ Quelque part. L'inspiration lui vint soudain et il ajouta : En Europe, peut-être.
_ En Europe ? Toi !"
Il l'observait sournoisement du coin de l'oeil. Ca faisait des années que Désirée le suppliait de l'emmener en Europe, et il avait toujours refusé. Car Morris Zapp était une de ces bêtes rares parmi les professeurs de lettres américains, il était rebelle à toute aliénation. Il aimait l'Amérique, l'Euphoria en particulier. Il avait des besoins simples : un climat tempéré, une bonne bibliothèque, tout un tas de petits culs alléchants autour de lui, et aussi assez d'argent pour s'entretenir en cigares et en alcool, pour avoir une maison moderne et confortable et deux voitures. Les trois premiers articles étaient, pour ainsi dire, les ressources naturelles de l'Euphoria, et quant au quatrième, l'argent, il était parvenu à se le procurer au bout de quelques années de travail acharné. Il ne voyait pas en quoi les voyages pouvaient améliorer son sort, surtout s'il fallait traîner derrière lui en Europe Désirée et les gosses. Zapp avait un proverbe bien à lui : "Les voyages vous ramollissent l'esprit." Enfin, maintenant qu'il était au pied du mur, il voulait bien faire une entorse à ce principe dans l'intérêt de l'harmonie familiale.
" Pourquoi n'irions-nous pas tous ensemble ?" dit-il.
Il observa le visage de Désirée travaillé par des sentiments contradictoires : son désir de se rendre en Europe se trouvait en conflit avec son dégoût pour lui. Le dégoût l'emporta par K.O.
"Vas te faire foutre", dit-elle en quittant la pièce.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de David Lodge Voir plus

Quiz Voir plus

David Lodge

Avec David Lodge il vaut mieux avoir

La vie en berne
La vie en sourdine
La vie en lambeaux
La vie aux trousses

10 questions
39 lecteurs ont répondu
Thème : David LodgeCréer un quiz sur cet auteur

{* *}