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Citations de David Lodge (461)


Après tant d'années de sexualité monogame auprès de Martin, cela semblait impensable de repartir à zéro avec un nouveau partenaire, un inconnu. Nous étions si accoutumés l'un à l'autre, nous avions pris de l'âge ensemble, acquis une tolérance réciproque à l'égard de nos défaillances, de la compréhension à l'égard de nos besoins, de nos manies, nous connaissions nos préférences, nos inclinations, nos dégoûts, et s'il lui arrivait de débander ou à moi de ne pas jouir, c'était sans importance, il ne laissait pas l'échec le tracasser, je ne faisais pas semblant, car nous savions que ce n'était que partie remise. Il faut du temps pour construire une telle relation, c'est comme une langue à apprendre. Quel comportement avoir en se retrouvant nez à nez, nue à nu, avec un inconnu qui ne la connaîtrait pas, cette langue, qui en parlerait une autre?
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Il y avait des années qu'il n'éprouvait plus aucun désir spontané envers Marjorie, et maintenant il ne pouvait même plus se forcer à en avoir. Quand elle avait donné des signes de ne plus désirer de relations sexuelles, sous prétexte qu'elle en était arrivée à cette étape de sa vie, il s'était senti secrètement soulagé. La jeune fille gironde et pleine de fossettes qu'il avait épousée était maintenant devenue un petit boudin vieillissant qui se colorait les cheveux et se maquillait trop. Son corps potelé le mettait mal à l'aise quand par hasard il le voyait nu, et, son esprit, lorsqu'elle se risquait à l'exhiber, le mettait presque aussi mal à l'aise. Il eût été futile de s'en plaindre, car on ne voyait pas maintenant comment elle pouvait changer et devenir soudain intelligente, spirituelle ou sophistiquée, pas plus qu'on ne voyait comment elle pouvait devenir grande, mince et athlétique. Il avait épousé Marjorie pour ce qu'elle était, une jeune femme simple, dévouée et docile, une de ces beautés joufflues qui a trop vite tendance à devenir grassouillette, et il avait bien fallu qu'il l'acceptât telle qu'elle était. Vic avait des idées vieillottes sur le mariage. Une femme ce n'était pas comme une voiture : pas question de faire un échange-standard quand la nouveauté s'émousse ou que la carrosserie commence à tomber en morceaux. Si vous vous rendez compte que vous avez fait une erreur, tant pis pour vous, vous n'avez qu'à prendre votre mal en patience. Rien ne vous oblige, en revanche, se disait-il tristement, à faire votre devoir conjugal.
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J'envie la foi des croyants en même temps que je m'en méfie. Certaines études ont montré qu'ils ont de bien meilleures chances d'être heureux que ceux dont les systèmes de croyances sont totalement séculiers - et on comprend pourquoi. La vie de chacun d'entre nous contient sa part de tristesse, de souffrance et de déception, et tout cela est plus aisé à supporter si l'on croit qu'il y a une autre vie à venir dans laquelle les imperfections et les injustices de celle-ci seront compensées ; et cela rend la perspective de la mort beaucoup moins déprimante. C'est la raison pour laquelle j'envie les croyants. Il n'existe bien sûr aucun fondement plausible à leur foi, mais vous n'avez pas le droit de le faire remarquer sous peine de paraître grossier, agressif ou peu respectueux - sous peine d'avoir l'air en fait de vous en prendre à leur droit d'être heureux.
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Il faut agir pour se défendre quand on le peut et, quand on ne le peut pas, attendre stoïquement l'issue.
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Les détournements ne constituent qu’un risque parmi tant d’autres dans les voyages modernes. Tous les étés, il se produit quelque perturbation sur les lignes internationales - une grève des contrôleurs du ciel français, une grève tournante parmi les bagagistes britanniques, une guerre au Moyen-Orient.
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L’atmosphère bourdonne du babillage incessant de ces universitaires errants qui posent des questions, se lamentent, prodiguent conseils et anecdotes. Avec quelle compagnie avez-vous voyagé ? Votre hôtel a combien d’étoiles ? Pourquoi la salle de conférences n’est-elle pas climatisée ? Ne prenez pas de salade, dans ce pays on utilise de l’engrais humain pour faire pousser la laitue. Laker a des prix imbattables, mais leur terminal à L.A. est minable.
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Comme elle devait être différente, pensa-t-il, la vie d'un père qui n'était pas catholique, d'un père comme les autres, libre de décider -bel et bien de décider en toute confiance - d'avoir ou de ne pas avoir un enfant.
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A la suite de l'émission, le mince courrier qui tombait dans la boîte aux lettres se transforma en tonnes de missives (...)
La plupart des correspondants insistaient pour qu'il accorde à la vie une nouvelle chance et ils joignaient de l'argent ou l'offre d'un emploi lucratif.
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On ne pouvait guère, bien sûr, décrire fidèlement la satisfaction du désir d’être poursuivi pour pornographie, et il ne comptait pas parmi ces romanciers modernes, tels James Joyce et D.H. Lawrence, qui s’étaient battus pour repousser les frontières de ce que l’on pourrait explicitement nommer sans encourir de poursuites.
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Au cours de ce week-end, il m'est venu à l'esprit que la compréhension de la conscience est pour la science moderne ce que la pierre philosophale était pour l'alchimie : l'ultime récompense de la quête du savoir.
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L'une des difficultés auxquelles on doit faire face lorsqu'on veut donner une représentation honnête de la vie de la classe ouvrière (ceci est particulièrement net dans les romans victoriens bien intentionnés traitant des problèmes de la vie ouvrière) réside dans le fait que le roman est une forme littéraire essentiellement bourgeoise, et qu'il n'est guère de tournure de phrase utilisée par le narrateur qui ne trahisse ce parti pris social.
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C'est extraordinaire à quel point, dès qu'on partage son espace vital avec quelqu'un, on le découvre sous un jour différent, et on est irrité par des choses complètement inattendues.
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En réalité, les cauchemars sont à peu près la seule chose qui me soit épargnée, dans le genre. Je souffre d'accès de dépression, d'anxiété, de panique, de suées nocturnes, d'insomnies, mais je n'ai pas de cauchemars. Je n'ai jamais beaucoup rêvé. Ce qui signifie simplement, ai-je cru comprendre, que je ne me souviens pas de mes rêves, car nous passons tout notre sommeil à rêver, paraît-il. On dirait qu'il y a dans ma tête une télé qui clignote toute la nuit sans personne pour la regarder. Canal Rêve. Si seulement je pouvais l'enregistre au magnétoscope. Cela me fournirait peut-être la clé de ce qui ne va pas chez mois. Je ne parle pas de mon genou. Je parle de ma tête? Mon esprit. Mon âme.
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Tandis que je dînais avec Walt Litz dans le club de la faculté le deuxième soir après mon arrivée, un grand type bien charpenté est entré d’un air digne entouré d’une petite troupe, s’est arrêté et a laissé son regard balayer la salle. C’était Harold Bloom et j’ai eu l’impression que son regard se posait sur moi un instant d’un air menaçant avant qu’il aille s’installer à sa table […]. J’ai dit à Walt que j’avais écrit une recension particulièrement caustique du livre de Bloom, mais je ne pensais pas qu’il s’en souviendrait. « Harold se souvient de tout », a dit Walt à mon grand désespoir. […] J’ai gardé la tête basse pendant tout le reste du repas.
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Tu ne le croiras peut-être pas, mais la vie politique de Euphoric State me manque beaucoup. Ce qu'il leur faudrait ici, ce serait quelques bons attentats à la bombe. Ils pourraient commencer par faire sauter le directeur du département d'anglais, un certain Gordon Masters, dont la principale passion est de tuer des bêtes sauvages et d'accrocher leurs dépouilles aux murs de son bureau. Il a été capturé à Dunkerque et a passé la guerre dans un camp de prisonniers. Je ne comprends pas comment les Allemands ont pu le supporter. Il dirige le département un peu comme s'il était encore à Dunkerque, effectuant de constants replis stratégiques devant les forces écrasantes de l'adversaire, l'adversaire étant ici bien sûr les étudiants, les administrateurs, le Gouvernement, les cheveux longs des garçons, les jupes courtes des filles, la promiscuité sexuelle, les Rapports, les crayons à bille - en somme presque tout ce qui constitue le monde moderne.
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Pourquoi serait-il bouleversé par la vie privée de Robyn Penrose ? Ca n'avait vraiment pas de sens. Ce n'est pas ton affaire, se dit-il, furieux. Ton affaire, ce sont les affaires. Il se tapa sur le front avec le poing comme pour se ramener à la raison, ou se défaire de la déraison. Qu'est-ce qu'il faisait ici, bon Dieu, plongé ainsi dans le noir, à rêvasser sur des déesses grecques, lui qui était directeur général d'une compagnie de fonderie et de mécanique dont le déficit probable, ce mois-ci, allait être de trente mille livres ? Il devrait plutôt être à son bureau en train de concocter son projet pour informatiser les stocks et les achats.
Néanmoins, il demeurait là, avachi dans son fauteuil à penser à Robyn Penrose et au déjeuner de dimanche auquel il l'avait conviée.
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Il fait couler de l'eau chaude dans la cuvette rouge foncé, se badigeonne le visage de mousse à raser en bombe, et se met à racler sa mâchoire avec un rasoir mécanique muni d'une lame Wilkinson. Vic tient absolument à acheter anglais, et il se dispute fréquemment avec son fils aîné, Raymond, qui préfère son rasoir jetable fabriqué en France. Si encore c'était le seul point de friction entre eux, mais loin de là. Le facteur principal limitant le nombre de leurs contentieux c'était, en fait, la relative rareté de leurs rencontres, Raymond étant toujours au lit quand Vic partait pour le travail et toujours sorti quand il rentrait à la maison.
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- Je pense que nos fiançailles ont été le plus long prélude, le plus interminable flirt de toute l'histoire de la sexualité, dit Dennis.
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Je multiplie les thérapies. Le lundi j'ai ma séance de physiothérapie avec Roland, le mercredi je vais chez Alexandra pour la thérapie comportementale cognitive, et le vendredi c'est soit l'aromathérapie, soit l'acupuncture. Mercredi et jeudi, en général, je suis à Londres, mais là je vois Amy, qui constitue elle aussi une sorte de thérapie j'imagine.
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Fred et moi sommes allés à la première du spectacle de Noël, Peter Pan, au théâtre municipal. La mise en scène était très réussie, avec des détails d'époque méticuleusement choisis, sauf que Peter Pan était noir. Le jeune acteur qui jouait ce rôle était en fait excellent, mais je n'ai pas pu m'empêcher d'être constamment distrait par son caractère exotique dans ce milieu bourgeois edwardien qui n'aurait sans doute pas manqué de susciter les commentaires des enfants de Mrs Darling dans la pièce de Barrie, mais que le texte ne leur permettait pas de remarquer. Je voulais bien accepter ce plaidoyer sociopolitique en faveur d'un casting daltonien, comme on appelle cela paraît-il, à la condition que les adeptes de la cause admettent que cela a souvent un certain coût sur le plan esthétique, mais ils refusent.
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