AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Emil Cioran (2662)


Rien de ce qui appartient au monde ne m’a laissé indifférent et je n’en ai rien dénigré. Aussi ai-je glissé, fébrile et appliqué, dans son vide. L’appel et le chant de la terre perçaient jusque dans les pensées qu’elle désertait. J’étais, tel l’apôtre, enseveli avec Jésus en Dieu, mais la moindre œillade d’une passante suffisait pour m’arrimer aussitôt dans le temps.
Commenter  J’apprécie          140
On ne peut être gai que parmi les hommes : mais on ne connaît la joie que seul.
Commenter  J’apprécie          140
Le sommeil fait oublier le drame de la vie, ses complications, ses obsessions ; chaque éveil est un recommencement et un nouvel espoir. La vie conserve ainsi une agréable discontinuité, qui donne l’impression d’une régénération permanente. Les insomnies engendrent, au contraire, le sentiment de l’agonie, une tristesse incurable, le désespoir. Pour l’homme en pleine santé –à savoir l’animal- il est futile de s’interroger sur l’insomnie : il ignore l’existence d’individus qui donneraient tout pour un assoupissement, des hantés du lit qui sacrifieraient un royaume pour retrouver l’inconscience que la terrifiante lucidité des veilles leur a brutalement ravie.
Commenter  J’apprécie          140
Toutes les eaux sont couleur de noyade.
Commenter  J’apprécie          140
Quand vous subissez la tentation du Bien, allez au marché, choisissez dans la foule une vieille, la plus déshéritée, et marchez-lui sur les pieds. Sa verve excitée, vous la regarderez sans lui répondre, pour qu’elle puisse, grâce au frisson que donne l’abus de l’adjectif, connaître enfin un moment d’auréole.
Commenter  J’apprécie          1416
Par la réflexion et par l’expérience intérieure, j’ai découvert que rien n’a de sens, que la vie n’a aucun sens. Il n’empêche que tant qu’on se démène on projette un sens. Moi-même, j’ai vécu dans des simulacres de sens. On ne peut pas vivre sans projeter un sens. Mais les gens qui agissent croient implicitement que ce qu’ils font a un sens. Autrement ils ne se démèneraient pas. Si on tire la conclusion pratique de ma vision des choses, on resterait ici jusqu’à notre mort, on ne bougerait pas, cela n’aurait aucun sens de quitter le fauteuil où on est. Mon existence en tant qu’être vivant est en contradiction avec mes idées. Puisque je suis vivant, je fais tout ce que les vivants font, mais je ne crois pas à ce que je fais. Les gens croient à ce qu’ils font, car ils ne pourraient pas le faire autrement. Je ne crois pas à ce que je fais, mais j’y crois un peu malgré tout : c’est à peu près ça ma position.
Commenter  J’apprécie          141
Le sentiment que j’ai toujours eu était le sentiment d’inutilité, d’absence de but. On pourra dire que c’est maladif, mais maladif seulement dans ses effets, pas d’un point de vue philosophique. Philosophiquement il est tout à fait normal qu’on trouve tout inutile. Pourquoi devrait-on faire quelque chose, pourquoi ? Je crois que toute action est fondamentalement inutile. Et que l’homme a manqué son destin qui aurait dû être de ne rien faire.
Commenter  J’apprécie          140
L’intelligence et les sens peuvent s’accorder et même s’entraider. Mais quand intervient l’âme, avec ses incertitudes obscures, la paix est troublée.
Commenter  J’apprécie          140
Emil Cioran
  
  
  
  
Face au tout de la mort, le rien de la vie est une immensité.
Commenter  J’apprécie          130
Il n'est pas bon pour l'homme de se rappeler à chaque instant qu'il est homme. Se pencher sur soi est déjà mauvais ; se pencher sur l'espèce, avec le zèle d'un obsédé, est encore pire : c'est prêter aux misères arbitraires de l'introspection un fondement objectif et une justification philosophique. Tant qu'on triture son moi, on a le recours de penser qu'on cède à une lubie ; dès que tous les moi deviennent le centre d'une interminable rumination, par un détour on retrouve généralement les inconvénients de sa condition, son propre accident érigé en norme, en cas universel.
Commenter  J’apprécie          130
Idolâtres par instinct, nous convertissons en inconditionné les objets de nos songes et de nos intérêts. L'histoire n'est qu'un défilé de faux Absolus, une succession de temples élevés à des prétextes, un avilissement de l'esprit devant l'Improbable. Lors même qu'il s'éloigne de la religion, l'homme y demeure assujetti ; s'épuisant à forger des simulacres de dieux, il les adopte ensuite fiévreusement : son besoin de fiction, de mythologie triomphe de l'évidence et du ridicule. Sa puissance d'adorer est responsable de tous ses crimes : celui qui aime indûment un dieu, contraint les autres à l'aimer, en attendant de les exterminer s'ils s'y refusent. Point d'intolérance, d'intransigeance idéologique ou de prosélytisme qui ne révèlent le fond bestial de enthousiasme. Que l'homme perde sa /faculté d'indifférence/ : il devient assassin virtuel ; qu'il transforme /son/ idée en dieu : les conséquences en sont incalculables. On ne tue qu'au nom d'un dieu ou de ses contrefaçons : les excès suscités par la déesse Raison, par l'idée de nation, de classe ou de race sont parents de ceux de
l'Inquisition ou de la Réforme.
Commenter  J’apprécie          130
N'est-ce pas insupportable ce grouillement d'hommes qui prennent la place de toutes les autres espèces ? L'homme salit et dégrade tout ce qui l'entoure.

1970
Commenter  J’apprécie          132
La valeur intrinsèque d'un livre ne dépend pas de l'importance du sujet (sans quoi les théologiens l'emporteraient, et de loin), mais de la manière d'aborder l'accidentel et l'insignifiant, de maîtriser l'infime. L'essentiel n'a jamais exigé le moindre talent.
Commenter  J’apprécie          130
L'homme sécrète du désastre.
Commenter  J’apprécie          132
L'Utopie relève de l'infantilisme. Elle comporte un procédé de pensée qui me donne la nausée. Rien n'est plus contraire à ma nature, à mes idées, à mes /sensations/. Cela ne m’empêche pas de reconnaître qu'elle représente une constante de l'esprit humain, et que l'homme ne saurait se passer de divagations utopiques, s'il veut agir, enseigner, prôner, etc. On ne remue pas la société avec les Maximes de La Rochefoucauld.
Commenter  J’apprécie          132
Comment peut-on concevoir la vie en l'absence de corps, comment peut-on envisager une existence autonome et originelle de l'esprit ?
Commenter  J’apprécie          130
Dans la misère, l'homme désire l'indispensable ; s'il a l'indispensable, il désire le nécessaire ; s'il a le nécessaire, il désire le superflu ; s'il a le superflu, il désire le vice - d'où il retombe dans la misère. Tel est le cycle de chaque individu isolé comme de l'humanité en général.
Commenter  J’apprécie          130
Et qu'est donc la vie sinon le lieu des séparations ?
Commenter  J’apprécie          130
Et nous sommes tous des violents, des enragés qui, ayant égaré les clés de la quiétude, n'ont plus accès qu'aux secrets du déchirement.
Commenter  J’apprécie          131
« Etre objectif c’est traiter l’autre comme on traite un objet, un macchabée, c’est se comporter à son égard en croque-mort. »
« Sans la faculté d’oublier, notre passé pèserait d’un poids si lourd sur notre présent que nous n’aurions pas la force d’aborder un seul instant de plus, et encore moins d’y entrer. La vie ne paraît supportable qu’aux natures légères, à celles précisément qui ne se souviennent pas. »
« Il ne faut pas s’astreindre à une œuvre, il faut seulement dire quelque chose qui puisse se murmurer à l’oreille d’un ivrogne ou d’un mourant. »
« Quand on sait de façon absolue que tout est irréel, on ne voit vraiment pas pourquoi on se fatiguerait à le prouver. »
« Qu’est-ce qu’une crucifixion unique, auprès de celle, quotidienne, qu’endure l’insomniaque ? »
« Tout désir vaincu rend puissant. On a d’autant plus de prise sur ce monde qu’on s’ne éloigne, qu’on n’y adhère pas. Le renoncement confère un pouvoir infini. »
« Il est plus aisé d’avancer avec des vices qu’avec des vertus. Les vices, accommodants de nature, s’entraident, sont plein d’indulgence les uns à l’égard des autres, alors que les vertus, jalouses, se combattent et s’annulent, et montrent en tout leur incompatibilité et leur incohérence. »
« La vieillesse est l’autocritique de la nature. »
« La joie, seule vraie victoire sur le monde, est pure dans son essence, elle est donc irréductible au plaisir, toujours suspect et en lui-même et dans ses manifestations. »
« Ce qui décide du degré d’achèvement d’une œuvre, ce n’est nullement une exigence d’art ou de vérité c’est la fatigue et, plus encore, le dégoût. »
« On ne s’enrichit qu’en fréquentant des disciplines éloignées de la sienne. »
« Deux ennemis c’est un même homme divisé. »
« Ce n’est pas la peur d’entreprendre, c’est la peur de réussir qui explique plus d’un échec. »
« On ne redoute l’avenir que lorsqu’on n’est pas sûr de pouvoir se tuer au moment voulu. »
« Toute pensée dérive d’une sensation contrariée. »
« En permettant l’homme, la nature a commis beaucoup plus qu’une erreur de calcul : un attentat contre elle-même. »
« Il n’y a pas de sensation fausse. »
Commenter  J’apprécie          130



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Emil Cioran Voir plus

Quiz Voir plus

Rome

En quelle année place-t-on traditionnellement la fondation de Rome ?

922 avant J.-C.
753 avant J.-C.
581 avant J.-C.

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}