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Critiques de Enrique Vila-Matas (137)
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Montevideo

L’insolite Enrique Vila-Matas nous parle dans son dernier livre comme toujours, Littérature. Son narrateur, euh…presque son alter-ego, d’un humour cynique s’amuse en digressions interminables à se mettre dans la peau d’un auteur médiocre en panne d’écriture. La médiocrité ( fausse médiocrité , claro 😊) est chez lui l’arme la plus simple pour ne pas prendre trop au sérieux la littérature, ce qui, selon lui , a toujours été la meilleure manière de la prendre vraiment au sérieux.



Matas dont je viens de lire son troisième livre m’amuse beaucoup. Son narrateur sur les traces des écrivains aimés, à la recherche de citations, d’anecdotes vécues par d’autres, dans des lieux marquants de la vie littéraire et de la fiction ,semble nous développer des réflexions profondes sur le difficile compagnonnage de l’écrivain avec ses œuvres présentes et surtout futurs, qui verront où ne verront jamais le jour. Or avec une ironie distante, un brin pessimiste, retournant ses propres réflexions en dérision, il nous prend souvent au dépourvu . Sa satire sur les intellos cyniques, dont le langage soit disant codé, littéraire et n’ouvert qu’aux initiés, ou sur « Le Souffle », cette inspiration qui leur tombe de nulle part et leur permet en tant qu’écrivain de pondre des petit-chefs-d’œuvre littéraires est jubilatoire.



“Le métier d’écrivain est un métier assez misérable mais il est en plus peuplé de sots qui ne se rendent pas compte de sa fragilité immense, de son aspect éphémère”, Roberto Boleno ,

“Le secret d’ennuyer est celui de tout dire.”, Voltaire,

“Dans ma pauvre vie si plane et si tranquille, les phrases sont des aventures.”, Flaubert,…..

Et concluant,

“La seule chose que nous savons est que nous ne savons rien.” , Enrique Vila-Matas 😊,



Et Montevideo dans tout cela ?

« Pendant des années, j’ai pratiqué une sorte de saudade secrète, une étrange nostalgie d’outre-mer, mélancolie d’un lieu que je n’avais pas connu, dont il ne m’était pas clair que je pourrais y faire un voyage un jour. Ce lieu, c’était Montevideo…. Montevideo était une ville mais aussi un état d’âme, une manière de vivre en paix en dehors du centre convulsif du monde, un rythme ancien aux pieds nus.’

Alors qu’au début du livre en février 1974, le narrateur débarque à Paris dans l’intention anachronique de devenir un écrivain nord américain des années 1920, style “génération perdue”, invité à Montevideo pour un colloque il change de cap. Dans cette ville où il n’y est jamais allé, qu’il n’a que rêvé à travers la nouvelle fantastique de Julio Cortazar, « La Porte condamnée » , l’ambition de voir le croisement du réel et du fictif va lui faire perdre pied dans la fiction, le glissant dans la peau d’un personnage de fiction. Sur le thème du double fond et du fantastique, le voilà converti en écrivain sud américain à Montevideo. Permettant à l’imaginaire de se déplacer dans le temps et l’espace et au glissement de frontières entre réel et fictif, voilà où mène la folie de La Littérature ! Et malgré sa panne d’écriture et son héroïque recherche pour la quitter à jamais, il s’en rend compte que son dilemme est qu’il vit pour écrire même s’il n’écrit pas 😁! « …le grand mystère de l’univers était qu’il y eût un mystère de l’univers. », lui disait sa mère ,et si le mystère n’était que ce « modeste, un humble et très simple interrupteur » comme dans la nouvelle de Cortazar,” au lieu exact où le fantastique faisait irruption “?



« Au bout de la jetée, dans la rafale, je n'oublierais jamais, où tout m'est devenu clair. La vision, enfin. »

Samuel Beckett

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La modestie et autres récits

Par le biais de ses nouvelles, j’aborde pour la première fois l’écrivain catalan Enrique Vila-Matas, suite aux billets enthousiastes d’une amie babeliote.

Dés la première, « La Houle », je suis sous le charme, une prose intelligente et espiègle, d’un humour décalé. Matas joue à entremêler le réel et la fiction, cette fine ligne de démarcation entre la littérature et la vie dont il se délecte, et nous avec.

Il poursuit avec « Villa Mirador », un homme qui devient du jour au lendemain “plus personne”, et se confie au téléphone à notre narrateur, choisi au hasard dans l’annuaire. Non, ce n’est pas de la SF ou du fantastique, beaucoup plus subtil, le charme fou des identités interchangeables.....

Dix-huit récits inégales en longueur, plus ou moins “noirs”, imprégnés de folie, où le suicide est souvent au rendez-vous et l’ombre de Franco s’y reflète de temps en temps. Le tout servi d’une intrigue dont la structure aérienne, réjouit, amuse et fait réfléchir. Mes préférés étant, “Dante t’envoie le bonjour”, un bonjour qui va coûter cher, “Le vampire amoureux”, Nosferatu brisé et en extase devant la beauté du mal parfait, “Souvenirs inventés”, sublimes réflexions sur la Vie, le métier d’écrivain et la littérature, et “La modestie”, les mémoires d’un voleur de phrases d’autobus. Mais je ne peux, ne pas mentionner la nouvelle avec Sophie Calle, “ Parce qu’elle ne l’a pas demandé “. Calle, voulant simplement changer de vie, demande à Vila-Matas, « .....toi, tu écris une histoire et moi, je la vis. », une aventure rocambolesque dans les dédales de l’imagination.



Les amateurs d’action doivent ici passer leur chemin. Ces histoires sur la vacuité et le tragique de l’existence ne mènent nul part, pourtant on s’y accroche comme une moule à son rocher. Une première lecture de Vila-Matas qui me fait penser aux tableaux de Magritte ( même les titres des tableaux et ceux des nouvelles sont dans la même veine), tous les ingrédients y sont: l’humour décalé, l’absurde, le trompe l’œil...inutile de chercher la réalité derrière, elle n’existe pas, derrière c’est l’immense vide de notre condition mortelle......pour autant aucune tristesse.



“....je ne voulais pas faire un pas de plus dans l’abîme du vide et passer de la littérature à la vie. Plus encore, je ne souhaitais pas laisser mon écriture dans ce trou ténébreux qu’on appelle la vie.”
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Impressions de Kassel

Une scène dans le train,

“« Pourriez-vous me dire ce qu'est ce paquet rangé dans le porte-bagages au-dessus de votre tête ? » demande un passager. Et l'autre de lui répondre : « Ah, c'est un McGuffin*. » le premier veut savoir ce que c'est et le second le lui explique : « Un McGuffin est un instrument pour chasser des lions en Allemagne. » « Mais il n'y a pas de lions en Allemagne », rétorque le premier. « Ce n'est donc pas un McGuffin », répond le second.”

Pour faire court, victime d'un McGuffin, Enrique Vila-Matas va s'engager à participer à "Une Installation " à la Dokumenta 13 de Kassel (une exposition d'art moderne et contemporain qui se tient tous les cinq ans, à Kassel dans le Land de Hesse, en Allemagne). Une "Installation" pour un écrivain ? Eh bien c'est une version allégée ( je ne peux pas tout vous raconter 😊) de la proposition suivante : passer tous les matins pendant trois semaines à la fin de l'été 2012 au restaurant chinois Dschingis Khan dans les faubourgs de Kassel, pour écrire sous les yeux du public**. L'endroit étrange pour faire quelque chose de bizarre, donne à Vila-Matas, l'impression de vivre une fois de plus le début d'un voyage qui peut finir par se transformer en un récit écrit dans lequel il mêlerait "comme tant d'autres fois perplexité et vie en suspens pour décrire le monde comme un lieu absurde auquel on accédait par le biais d'une invitation très extravagante." Bien sûr à part écrire, on lui demande d'essayer d'entrer en contact avec ceux qui passeraient dans le restaurant et voudraient lui parler, " s'interconnecter " étant un vrai concept et une recommandation très répandus au sein de la Dokumenta13, ce qui l'enthousiasme beaucoup moins.

"Impressions de Kassel" est le reportage romancée de cette participation à la Dokumenta , agrémenté par divers réflexions et ressentis sur l'Art Contemporain dans la cadre précis des oeuvres présentes à l'exposition. Un peu perdu entre “the invisible pull “, une brise artificielle dans un espace vide qui le remplit d'un curieux mais intéressant bien-être , " The Brain “un amas de détritus (où se trouvent aussi le flacon de parfum d'Eva Brown et la serviette de son mec Adolf), qui semble un grand “n'importe quoi” , ou "la conférence sans personne" du Critical Art Ensemble, Vila-Matas, écrivain singulier, intelligent, à l'humour subtile, ne tarde pas à se mettre dans le bain. Il va jouer le jeu, jouant dans sa tête avec sa propre identité, interprétant les oeuvres, sous divers perspectives aussi bien négatives que positives, "l'effet produit en moi par certaines oeuvres de cette Documenta modifiait ma façon d'être....spectacle déconcertant.....Kassel n'avait pas la réputation de danser au rythme de la logique."

C'est un auteur exigeant mais oh combien agréable à lire ! Il est humain, modeste, sincère et plein d'humour et pratique l'autodérision, une façon de ne pas se prendre soi-même et le monde trop au sérieux.

J'aime tout ce qui bouscule, et ce livre en est un, et partage pleinement l'enthousiasme de Vila-Matas, ayant vécue cet été la même euphorie dans une autre exposition de même ampleur dans une autre ville d'Europe.

Et pour finir, en tournant la dernière page, je me pose la question,

Et si La Vie elle-même n'était qu'une série de McGuffin 😁 ?



"J'ai, un jour, entendu dire que la vraie vie n'est pas celle que nous menons, mais celle que notre imagination invente."



* Un objet générateur nécessaire au suspens et au développement d'un récit ou pour motiver les caractères, mais en lui-même sans aucune importance ou signification.

"The MacGuffin is the thing that the spies are after but the audience don't care."

Alfred Hitchcock

**Marie Darrieussecq y a participé aussi, à une période antécédente au séjour de Vila-Matas.

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Bartleby et Compagnie

Bartleby et compagnie est un roman bizarre. Une recherche litteraire deguisee en roman. C'est le journal que tient Marcelo, un ecrivain que les muses ont abandonne depuis 25 ans. Il decrit ses journees, ses sensations, et en pied de page des notes sur la negation de l'ecriture. Sur des ecrivains qui se sont nies a ecrire, qui n'ont pas su, qui n'ont pa pu, continuer a ecrire. Sur certains qui se sont caches derriere un anonymat opiniatre. Sur d'autres, qui n'ont rien ecrit, malgre l'aura de talent que tout le monde leur accordait. Des disciples du heros de Melville, le scribe Bartleby, et sa reponse a tout et a tous: “je prefererais ne pas". La vanite et la modestie. La perte de foi, le manque de conviction, ou la reaffirmation d'une conviction. La paresse et l'inertie, ou des fois l'hyperactivite. Toutes raisons qui peuvent amener un ecrivain au syndrome de Bartleby, au refus de s'y mettre, au refus de continuer.





En derniere instance ce “roman" est un voyage au pays de la litterature. Une reflexion sur la valeur de la litterature. Pourquoi refuser d'ecrire? Parce que tout a deja ete dit? Qu'il n'y a rien a rajouter? Parce que le langage ne peut vraiment exprimer la vie? Parce que ca ne vaut pas le cout d'arreter de vivre pour ecrire sur la vie? Et la question devient vite pourquoi ecrire? Le narrateur se presente comme un non-ecrivain, mais en fait il ecrit. Il est un continuateur malgre lui, et bien qu'il s'en dedise il comprend que ses notes au pied de page peuvent avoir de la valeur, et pas que pour lui. Il est important de parler bien qu'il fasse bon de se taire. Ne serait-ce qu'une fois. “Traven se cachait, et moi, je vais me cacher, demain le soleil se cachera, ce sera la dernière éclipse totale du millénaire. Et ma voix, déjà, commence à se faire lointaine tout en se préparant à annoncer qu’elle s’en va, qu’elle s’en va goûter à d’autres lieux. Je n’aurai existé, dit la voix, que si en parlant de moi c’est de vie que l’on peut parler. Et elle dit qu’elle s’éclipse, qu’elle s’en va, que ce serait parfait de finir ici, mais elle se demande si c’est bien souhaitable. Et elle se répond à elle-même que c’est souhaitable, en effet, que ce serait merveilleux de finir ici, ce serait parfait, qui qu’elle soit, où qu’elle soit”.





Avec beaucoup d'ironie, une attitude un peu espiegle, Vila-Matas nous propose un regard frais (neuf? que de plus erudits tranchent) sur la litterature. Un voyage original dans ces contrees. Par de petites routes delaissees, par des chemins detournes. Pour rompre les habitudes. Pour changer d'air. Ca fait du bien.

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Perdre des théories

Ce billet est l'amende que je dois payer pour m'etre introduit par effraction dans le billet d'une de mes amies. Je m'en acquitte pour eviter d'autres formes de proces.



Je dois recenser un petit livre de Vila-Matas. Tout petit. Ni un roman, ni une nouvelle, ni un essai. Un petit recit, redige expres pour des inconscients comme moi. Qui ne s'apercoivent que c'est un piege qu'une fois qu'ils sont pris. Mais c'est sans douleur et meme avec un certain plaisir (serais-je masochiste?). Et comme c'est un piege, je vais multiplier les citations, pour essayer d'en sortir, de m'en sortir.



L'auteur (ou le narrateur?) se rend a Lyon, prendre part dans un congres litteraire. Une fois sur place personne ne vient le chercher, et ca lui donne du temps a reflechir a l'attente. Et de se rappeler des ecrivains qui ont traite de l'attente, Kafka ou Beckett entre autres. “Les mots de la vieille femme russe delicieusement absurde dont parle Bertrand Russell dans ses memoires sont surement tres senses : « Oui, messieurs. Il fait mauvais temps et nous attendons qu'il change. Mais il vaut mieux qu'il fasse mauvais temps que rien du tout et que nous attendions au lieu de ne rien attendre. »”



Desoeuvre, il sort de son hotel deambuler un peu et achete des journaux et un magazine litteraire dedie a Julien Gracq. Ses pensees tournent alors autour de la modernite de Gracq, de son style, et plus generalement de l'importance du style en litterature. “L'intrigue se traine derriere le style. Je ne puis resister à rappeler cette question posee un jour par Rodrigo Fresan a John Banville : — Ami Banville, le style est-il le roi et l'intrigue un simple soldat de deuxieme classe ou est-ce le contraire ? — le style avance en faisant de triomphales enjambees, l'intrigue suit en trainant les pieds, lui avait repondu Banville. Cette reponse sans replique m'a rejoui parce qu'elle semblait me liberer definitivement d'un cliche que j'avais ressasse dans ma jeunesse, cette « idee reçue » tres en vogue dans le monde anglo-saxon, selon laquelle les romans devaient toujours privilegier l'intrigue, le recit d'une histoire.

J'ai appris a petits pas a ne plus respecter les intrigues. L'apprentissage est devenu definitif le jour ou j'ai lu des declarations de Vilem Vok dans The Paris Review qui confirmaient mes soupçons : il n'y a qu'un nombre reduit d'intrigues, il n'est nullement indispensable de leur accorder une importance demesuree, il suffit d'en introduire une – presque par hasard – dans le livre qu'on est en train d'ecrire afin de pouvoir ainsi disposer de plus de temps pour peaufiner ce qui devrait toujours nous importer le plus, le style.”



Qu'est ce qui est important en litterature? Il note, pour ne pas les oublier, les points qui lui semblent importants en ce debut de XXIe siecle: “Cinq traits essentiels, incontournables : L'« intertextualite » (ecrit ainsi, entre guillemets). Les connexions avec la haute poesie. L'ecriture conçue comme une horloge qui avance. La victoire du style sur l'intrigue. La conscience d'un paysage moral delabre.” Belle theorie, mais a peine l'a-t-il notee qu'il s'avise que les auteurs qu'il admire n'en ont jamais ete les esclaves, mais se sont laisses porter par leur plume ou leur ordinateur, et que les premieres pages ecrites decident des suivantes: “Comment se fait-il, ai-je pense, que l'une des choses que les gens en general ne comprennent pas chez les ecrivains – du moins chez les ecrivains serieux –, c'est qu'on ne commence pas par avoir quelque chose a ecrire pour ensuite passer a la pratique, mais que c'est le processus de l'ecriture proprement dit qui permet a l'auteur de decouvrir ce qu'il veut ecrire ?”.



Sur ces pensees on vient le chercher pour sa causerie, mais il fait l'ivrogne et s'esquive, renoncant au congres, renoncant a parler devant audience de theorie litteraire, renoncant en fait a toute theorie litteraire. Il se l'avoue dans le train qui le ramene chez lui, a Barcelone: “le seul objectif de ma theorie de Lyon etait de me liberer de son contenu, d'ecrire, de perdre des pays, de voyager et de perdre des theories, de les perdre toutes”.



Et moi je suis tombe dans le piege, j'ai ecrit un billet qui a l'air de rendre compte d'un essai, sur la theorie litteraire ou sur la litterature sans theories, alors que c'etait peut-etre un roman sur un homme perdu a Lyon, et qui, dans l'attente d'un contact qui tarde a venir, se morfond, s'interroge sur les raisons qui l'ont pousse a y venir, et en fin de compte se sauve, se derobant a tous ceux qui pourraient l'y chercher? Quelque part il dit qu'il projette d'ecrire un roman titre “L'attente”. C'est peut-etre celui que j'ai lu?



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Paris ne finit jamais

Ce livre (2003) est un régal ! Ludique, drôle et tendre. Il traite de mémoire, de solitude et de création littéraire.



Il s'ouvre par une scène improbable. le narrateur, alter ego de l'auteur, participe à un concours de sosies d'Hemingway à Key West, en dépit du fait qu'il ne ressemble pas du tout à Hemingway. Après s'être bien ridiculisé, il fait un voyage à Paris avec son épouse et se consacre à passer en revue sur le mode ironique les deux années qu'il a vécues dans cette ville, en 74-75, au cours desquelles il fut non pas « très pauvre et très heureux «  comme Hemingway mais « très pauvre et très malheureux ». Ces notes qu'il a jetées machinalement sur son siège dans l'avion du retour et qu'il feint d'avoir oubliées, seront à l'origine de « Paris ne finit jamais », la triple conférence de deux heures qu'il aura l'honneur de prononcer dans un symposium à Barcelone consacré à l'ironie.



Les 110 notes soit-disantes éphémères qui suivent sont écrites sur le ton de la conversation avec des digressions sur le présent du narrateur dont on sait depuis l'ouverture qu'il est un imposteur grotesque à la mémoire défaillante. Au récit auto-parodique de souvenirs personnels drôles et mélancoliques, se mêlent la littérature (française surtout) et sa parodie.



Et nous voilà à Paris, période post-soixante-huitarde. le jeune écrivain barcelonais plein d'ambition s'est exilé pour composer « La lecture assassine ». Il est entièrement vêtu de noir, porte une barbe noire, fume la pipe et promène un regard tourmenté comme un vrai poète maudit. Et il veut aussi car c'est la mode, se faire passer pour un jeune Situationniste. Il loge dans une chambre de bonne que lui loue Marguerite Duras et dans laquelle des célébrités sont passées avant lui. Il ne la comprend pas bien Marguerite Duras car elle parle constamment un « français supérieur » et lui donne des conseils d'écriture sibyllins. Il faut dire que l'écrivain en herbe à l'ambition de tuer le lecteur et Duras est sublimement stupéfaite. Au fil du texte, Marguerite Duras réapparaîtra de manière saugrenue dans des scènes formidables. le jeune apprenti se fraye un chemin à Saint-Germain-des Prés, se faufile au Flore haut lieu de tradition apatride et dans d'autres cafés emblématiques avec quelques exilés hispaniques et latino-américains. Il nous fait entrer dans des caves mystérieuses où des illustres tiennent des conférences, à moins qu'il ne s'agissent d'imposteurs ou de travestis. Il brosse le portrait de figures haut-en-couleurs, il décrit avec un humour tordant le petit monde gravitant autour de Marguerite qui vient de tourner Indiana Song. Il nourrit sa mémoire de tout ce petit monde en pique-assiette littéraire astucieux. En même temps seul dans sa mansarde à lui, face au portrait de Virginia Woolf le jeune écrivain est en proie aux doutes et erre au milieu de ses obsessions littéraires.

Au terme de son séjour parisien il ignore encore s'il est devenu l'écrivain qu'il voulait être. Il retourne cependant à Barcelone en sachant désormais taper à la machine convenablement et, nanti de l'ultime et précieux conseil de Marguerite qu'elle tient de Queneau, il pressent comment il doit pratiquer son métier.



J'ai lu ce livre plein d'originalité et de fantaisie d'une traite en riant souvent. J'en lirai d'autres car Paris ne finit jamais.
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Etrange façon de vivre

« Depuis que Dieu n'existe plus, depuis que nous ne croyons plus que quelqu'un nous observe, notre vie manque de finalité. »



Le roman (1997) nous raconte la folle journée d'un écrivain médiocre qui ne peut pas se regarder dans le miroir. Et pas seulement à cause de son grand nez. le narrateur qu'on surnomme Cyrano est un écrivain à succès : il arpente depuis des années la rue Durban pour espionner ses plus misérables habitants afin d'en faire les protagonistes de sa trilogie réaliste en cours. Il est marié à Carmina et père de Bruno, un enfant qualifié d« horrible » Mais ce jour là, tout déraille. Rosita sa maîtresse et belle-soeur menace de le plaquer après sa conférence rue Verdi qui a lieu le soir même. Au lieu de préparer son discours habituel sur la « Structure mythique du héros », il décide de l'éblouir en se lançant dans un discours sur l'espionnage dans le travail d'écrivain, thème ô combien plus alléchant. Et de se remémorer divers épisodes de sa vie d'espion, interrompus par la réalité banale, triviale, parfois dramatique et sa réflexion personnelle, comme dans la vraie vie ou comme dans un roman moderne. Les frontières entre réalité et imagination, s'estompent peu à peu. Celles entre auteur, narrateur et personnages aussi.



Le fait est que le lecteur espionne ce curieux personnage en jubilant. On se demande bien évidemment s'il va partir avec Rosita ou rester avec Carmina et son enfant. Bruno est d'ailleurs le seul personnage de sa famille qui n'espionne pas (c'est pourquoi il semble cinglé). Cyrano se souvient qu' enfant, ses parents l'ont envoyé espionner Dali à Cadaques. Sa mère voulait savoir si dans la vie ordinaire, le génie était un génie. Ce qui nous vaut une des scènes les plus bidonnantes du livre. Plus tard, à Antibes, il a sonné chez Graham Green son idole. Il a rencontré aussi dans le train un ex-agent double véritable, tout droit sorti d'un roman de John le Carré. Il envisage de se servir de son témoignage à la conférence mais doute de la pertinence de la raconter tout en nous la racontant bien évidemment. Et il note la ressemblance physique avec un soupçon d'imagination entre l'agent-double et lui. le souvenir plus ou moins bidon est transformé sous nos yeux en littérature sous la pression de la belle Rosita-Shéhérazade. Mille et une allusions à la littérature sont utilisées par l'écrivain Cyrano et son double malicieux, Vila-Matas. Je vous laisse le plaisir de les identifier.



Je poursuivrai ma découverte de Vila-Matas avec gourmandise.





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Montevideo

Le narrateur de ce roman (2022), un double imaginaire de l'auteur, voyage à la recherche de clés qui l'empêchent d'écrire.

Ce voyage est mental, même s'il utilise des lieux et des événements réels. Il est littéraire, moderne et labyrinthique. Il nous emmène par les cases Paris, Cascais, Montevideo, Reykjavik, Bogotà et de nouveau Paris un peu comme un jeu de marelle à la Cortazar. Et justement le mystère de la Porte condamnée est au coeur du livre. Dans cette nouvelle de Julio Cortazar, située dans l'hôtel Cervantes de Montevideo, le protagoniste Petrone est réveillé toutes les nuits dans sa petite chambre 205 par les pleurs d'un enfant qu'il entend à travers une porte qui communiquait jadis avec la chambre voisine. Pourtant le gérant lui assure qu'il n'y a pas d'enfant à l'étage, ni même dans l'hôtel. le narrateur du roman se rend à Montevideo dans l'espoir de retrouver cette petite chambre et la porte condamnée derrière l'armoire, « l'endroit exact où le fantastique fait irruption dans l'histoire. ».

Cette (en)quête est un vrai labyrinthe que j'ai trouvé plaisant, pendant les deux tiers du livre puis un peu alambiqué ensuite. Ce que j'aime chez Vila-Matas c'est la légèreté et la liberté avec lesquelles il raconte. Son narrateur est libre. Il imagine, rêve, cauchemarde à l'intérieur de la littérature. Et il raconte avec virtuosité ses associations d'idées. Il fait dialoguer Mallarmé, l'hermétique et Miles Davis qui joue en tournant le dos au public. Il peut se trouver dans trois endroits différents : dans une chambre d'hôtel d'une exposition à Paris, mais aussi à Shanghai avec Marlene Dietrich et à Bogotá près de Gabo avec, dans les trois lieux une petite valise rouge qui se trouvait également à Montevideo. Outre Cortazar, il cite de très nombreux auteurs fort différents avec une prédilection pour les inventeurs, les créatifs, parmi lesquels mon préféré Antonio Tabucchi. Alors parfois on s'y perd un peu car les digressions sont nombreuses et sinueuses et à la fin ennuyeuses. Je n'ai pas non plus autant ri que dans Paris ne finit jamais ou Etrange façon de vivre, même s'il y a des passages fort amusants. A Cascais par exemple, le narrateur est empêché de dormir à cause des éclats de rire intempestifs de son voisin de chambre Jean-Pierre Léaud lui-même, pourtant sérieux comme un pape. Néanmoins j'ai passé un bon moment au pays de l'écriture.

Et bien évidemment je poursuivrai ma découverte de Enrique Vila-Matas.
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Cette brume insensée

Cette brume insensée est l’avant-dernier opus d’Enrique Vila-Matas, paru en 2019 en langue originale, il est traduit dès 2020 en français.



Le narrateur, Simon Schneider, est un personnage de grande culture, mais qui semble un raté total, selon les normes en vigueur. Il survit tant bien que mal dans une masure sur le point de s’écrouler, de travaux littéraires. Il officie par exemple comme « traducteur préalable », celui qui défriche les difficultés des traductions pour ceux qui vont mettre leur nom sur la couverture. Mais sa principale passion et source de revenus, sont les citations. Il les collectionne de manière compulsive, et se fait payer pour en offrir un choix à son frère, Rainer, devenu Bros. Ce dernier, après quelques écrits ratés en Espagne, a émigré aux USA où il a commis quelques romans devenus cultes, et qui ont donné lieu à des tirages importants, en faisant une star de leur auteur. A l’instar de Pynchon et Salinger, il se cache, et personne n’arrive à le rencontrer. Suite au décès de leur père, Bros convoque Simon à un rendez-vous à Barcelone, en plein referendum pour l’indépendance de la Catalogne.



C’est un livre fascinant, amusant par moments, angoissant parfois, et qui l’air de rien posent un certain nombre de questions sur la littérature, et notre rapport au monde. Le monde de Simon, construit sur la littérature, semble s’effilocher, se dissoudre, les gens disparaissent, sa maison est prête à s’écrouler. Cela paraît en opposition avec le monde de succès de Bros, riche et célèbre, vivant au centre, à New York. Mais le monde de Bros ne paraît pas plus solide : personne n’a de contacts ni de certitudes sur ce qu’il est, la qualité réelle de ses ouvrages questionne. D’autant plus qu’il se présente comme Pynchon, enfin un des Pynchon, groupe d’auteurs qui écrivent à tour de rôle des livres sous ce nom. Simon laisse entendre que ce sont les citations et suggestions qu’il fait à son frère qui sont le matériel essentiel des ouvrages de Bros, qui en eux-mêmes sont en réalité assez creux ; ce sont les interprétations qu’on en fait qui construisent le sens pas forcément intrinsèquement présent. Entre des livres morts, dans lesquels Simon va chercher des extraits, et les livres de Bros qui se construisent à partir de ces extraits, et qui d’une certaines manières ne sont pas vivants, puisqu’ils sont bâtis sur des dépouilles, sans véritables transmutation, résurrection, la littérature ne semble plus pouvoir exister. Simon et Bros, opposés, mais tous les deux dans une sorte d’impasse, comme les deux faces d’une même pièce, semblent incapables de donner un nouvel élan au monde, aux mots.



Le paradoxe de ce roman, au combien brillant, est de nous donner à lire une fiction très prenante sur la thématique de la disparition, de l’impossibilité de la fiction. Vila-Matas n’est certes pas le premier à le faire, mais son livre est vraiment très réussi, et malgré son propos il nous laisse sur la sensation que la littérature a encore de beaux jours devant elle.
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Bartleby et Compagnie

Attirée, voire captivée par les écrivains du renoncement, parmi lesquels Rimbaud et Walser que j'affectionne particulièrement, j'ai plongé avec délice dans le facétieux "roman" Bartleby et compagnie.

S'agit-il vraiment d'un roman ? Il nous narre, à la première personne, l'histoire de Marcelo, modeste employé de bureau, bossu, malheureux avec les femmes, auteur, il y a plus de vingt ans, d'un unique roman, qui se lance dans des recherches sur les écrivains ayant fait le choix d'arrêter d'écrire, de renoncer à l'écriture, marchant sur les traces de Herman Melville après les échecs de ses livres, et de son héros Bartleby, clerc de notaire qui "préférait ne pas" (I would prefer not to) exécuter les travaux d'écriture demandés.

Les recherches de Marcelo sur ces écrivains, les "bartleby" comme ils les appellent, prennent la forme de 86 notes de bas de pages, censées accompagner un livre dont le projet ne se concrétise pas.

Nous sommes confrontés à la subtile construction d'un livre à tiroirs, écrit par Vila-Matas se projetant dans le personnage d'un confrère en échec qui se passionne pour Melville et sa fameuse créature, son reflet Bartleby. Un fascinant jeu de miroirs nous est ainsi offert.

Les écrivains ont plusieurs façons de renoncer. Certains cessent d'écrire après un ou plusieurs ouvrages ou ne les achèvent pas, d'autres n'écrivent aucun des livres qu'ils auraient pu écrire, d'autres encore disparaissent, s'évanouissent dans la nature, s'invisibilisent, tels J.D.Salinger, T.Pynchon ou B.Traven.

Marcelo passe en revue l'ensemble des raisons qui conduisent les "Ecrivains négatifs" à agir de la sorte. Il y a ceux qui estiment qu'ils n'ont plus rien à dire, ceux qui deviennent fous et terminent à l'asile, comme Walser, ceux qui sont envahis par leurs hallucinations, comme Rimbaud. "Ils ont sur la pupille une vision terrible qui ne les quitte jamais" disait Victor Hugo.

Certains sont paralysés devant la dimension d'absolu de toute création. D'autres considèrent qu'ils ne peuvent écrire car ils ne sont personne, dépourvus en tant que poètes d'êtres en soi, ou que tout a été dit et qu'ils n'ont rien de nouveau à proposer.

Nombreux sont les artistes qui estiment que les mots ne suffisent pas à exprimer ce qu'ils ont à dire, ou à traduire leurs visions. Selon von Hofmannsthal, les mots forment à eux-mêmes un monde et ne disent pas la vie. La parole a failli et le langage ne sait désormais nommer, ni dompter le flux convulsif des choses.

Vila-Matas fait preuve d'une grande érudition et d'un solide sens de l'humour. A l'instar de Pessoa dont la personnalité se démultipliait grâce à ses personnages hétéronymes, il crée quantité d'auteurs fictifs à qui il prête des propos et des positions sur la création littéraire et le refus d'écrire.

Au travers de ses petites notes de bas de page au ton souvent badin et humoristique, Vila-Matas nous invite à interroger la relation que les romanciers et les poètes entretiennent avec les mots et le langage, ainsi que les différentes raisons qui peuvent les amener à y mettre fin, privilégiant ainsi la vie au détriment de l'art.





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Docteur Pasavento

Oufti les amis, quel livre !



Je suis heureuse d'avoir abordé l'univers de cet auteur par un livre secondaire, Dublinesca, où Vila-Matas campait un éditeur failli qui rassemblait quelques-un des écrivains qu'il avait édités pour aller déclamer l'Ulysse de Joyce à Dublin. Cette lecture était plus abordable que celle-ci, qui se résume en un mot.



Monumentale.



Un écrivain reconnu souhaite retrouver la solitude où il vivait pour écrire son oeuvre première, alors qu'il se trouve pourchassé à présent par la "déesse chienne du succès". Il aspire à disparaître. Il prend un puis plusieurs noms d'emprunt, se cache à Paris, puis à Naples. Et, totale désillusion, personne ne se préoccupe de le retrouver. Il n'est pas Agatha Christie.



Vila-Matas va alors nous emmener à la poursuite de 'vrais' écrivains disparus, comme Walser, qui s'enfermera dans un asile d'aliénés, Bove ou le poète catalan Baqça.



Mais heureusement pour nous lecteurs, Vila-Matas, s'il les jalouse de réussir leur disparition, reste encore bien parmi nous pour nous offrir cette oeuvre magistrale.



Ce n'est clairement pas facile d'accès, c'est toujours un peu autobiographique, truffé de références littéraires, qu'il ne faut pas avoir lues, en tout cas, je ne connaissais aucun des auteurs cités sauf Peter Handke, et cela ne m'a pas empêchée d'être emmenée par le maelström, surtout que Vila-Matas joue avec son lecteur en émaillant son récit également d'écrivains inventés, c'est bourré d'humour, mais la question reste centrale, qu'est-ce qu'écrire, qu'est-ce que la littérature, quel route sombre et étroite choisirons-nous pour nous emmener au dernier endroit, au dernier moment de notre existence ?



Une fois refermé le livre, on a l'impression que le souffle d'une très grande littérature a aéré l'esprit.
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Dublinesca

Voici un roman qui est loin d'être facile à lire. Pas difficile non plus. Davantage un objet rare.



Un éditeur, suite à un collapsus cardiaque, arrête ses activités et prend sa retraite. Il s'était spécialisé dans la grande littérature et se sentait à la fin envahi et dépassé par le numérique et ce que l'auteur appelle le roman gothique. Cet éditeur a tenté toute sa vie de trouver un génie littéraire nouveau et s'il a découvert nombre de talents, il n'est pas parvenu à dénicher cette pépite. Il tombe dans la déprime et devient, aux yeux de sa femme, un hikikomori (allez voir la définition, c'est peu réjouissant, adolescent qui souffre d'une dépendance à l'internet et se cloître chez lui pour fuir la réalité en quelque sorte). Il décide alors de partir à Dublin avec trois écrivains qu'il a publiés pour créer de vivo le sixième chapitre de l'Ulysse de Joyce où un camarade du protagoniste Bloom est enterré et par là, il veut symboliquement enterrer l'ère Gütenberg, la fin de l'imprimerie.



Alors pas de panique, inutile d'avoir lu Joyce, ce qui n'est pas mon cas, tout vous est expliqué. Je ne sors pas du livre en ayant davantage l'envie de me lancer dans la lecture de ce monstre de la littérature non plus.



J'ai aimé la ballade littéraire où l'auteur Vila-Matas que je découvrais, nous emmène pour nous parler d'auteurs ou de livres qu'il aime : il y a le Shandy de Laurence Sterne que, décidément, je trouve cité par tous les auteurs que j'aime, Peter Handke, Flaubert, Auster, les auteurs irlandais, Joyce bien sûr mais aussi Beckett, ainsi que des inconnus. Et puis, Vila-Matas en invente quelques-uns aussi, dont le Vilem Vok qui aurait écrit comme chef-d'oeuvre un livre intitulé 'Je ne sais pas'.



Le personnage de l'éditeur est fort attachant. Le style de l'auteur est éprouvé, solide mais plein d'humour et de clins d'yeux aux lecteurs que nous sommes, mais envers lesquels Vila-Matas se montre exigeant, autant que nous le sommes à l'égard des auteurs.



Et si vous voulez connaître l'atmosphère du livre ou la patte de l'auteur, je vous invite à aller lire quelques-unes des citations que j'ai extraites. Cela vous donnera une idée.



Alors oui je conseille ce livre. Certainement. C'est un livre dont on se dit 'houlà, ce n'est pas n'importe quoi ici'. Mais je ne vous le recommanderai pas si vous êtes en phase de lire un polar ou un Musso. De toute façon, vous en prendrez pour votre grade si ce sont vos lectures préférées. Ah non Simenon trouve grâce aux yeux de l'éditeur protagoniste du livre.
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Cette brume insensée

« Il avait besoin, dit-il, d’écrire un livre de non-fiction avec le cap de Creus et Barcelone comme décor qui représenterait un changement dans son œuvre. Ou ne savais-je pas par hasard que la non-fiction rendait obsolètes les modèles traditionnels de la création ?

Non, je ne le savais pas, lui répondis-je, je n’en avais pas la moindre idée mais elle me semblait idiote parce que, pour moi, vivre, c’était construire des fictions. Il y avait en plus de multiples raisons de poids pour affirmer que n’importe quelle version narrative d’une histoire réelle est toujours une forme de fiction. À partir du moment où l’on ordonne le monde avec des mots, sa nature se modifie… »



Simon Schneider vivote près de Cadaqués, en Catalogne, dans la maison familiale délabrée du Cap de Creus qu’il n’a pas quitté à la mort de ses parents. Il vit en reclus la plupart du temps, à proximité de ses monumentales archives de citations. Oui, il vit, chichement il est vrai, de ce commerce. Il y a rajouté une compétence de « traducteur préalable » (invention de Vila-Matas ?) qui consiste à préparer le travail du traducteur qui signera finalement l’ouvrage. Mais il n’est pas submergé de commandes…



Sa seule source de revenus, c’est un écrivain américain qui le rémunère au long cours pour lui fournir des citations. Il a pour pseudonyme Grand Bros, mais son véritable nom est Rainer Schneider Reus. C’est une sorte d’auteur à la Pynchon, avec une foule d’adeptes et une volonté absolue d’échapper à ce statut par un strict isolement. C’est également et surtout son frère, qui a quitté la région de Barcelone vingt ans plus tôt. Les deux frères ne se sont jamais revus, l’auteur ne contactant son fournisseur que par de brefs messages elliptiques et ironiques.



Alors que la Catalogne est en ébullition, à cause de la tentative de 2017 de déclarer son indépendance, Simon devra sortir de son cocon pour rencontrer Rainer à Barcelone. L’auteur s’est en effet décidé à revenir sur les lieux de son passé. Mais quelles sont au juste ses intentions ?



Ce roman, aux multiples inventions, est centré sur les problématiques de l’écriture, de l'intertextualité. Il donne beaucoup à penser mais sans l’aridité qui caractérise souvent les essais sur ce sujet. La grande intelligence et la verve pétillante de Vila-Matas, trouvent ici une expression quasi-idéale. Dans une bibliographie qui, pour ce que j’en ai lu, ne comporte pas la moindre fausse note, je place cette Brume Insensée tout en haut. A peine terminé, j’ai envie de le relire !

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Paris ne finit jamais

Le narrateur, qui est aussi l’auteur, se remémore, à l’occasion d’un voyage et d’une conférence qu’il doit donner, les années qu’il a passé à Paris pendant sa jeunesse, années pendant lesquelles il a tenter de débuter une entrée en littérature. Cette carrière littéraire naissante a été placée sous le haut patronage d’Ernest Hemingway, et le livre de Vila-Matas revendique l’héritage du fameux « Paris est une fête ». Mais le jeune aspirant littéraire espagnol n’a pas la même personnalité, ni le même état d’esprit que le grand Américain : il soutient qu’il a été très malheureux pendant son séjours parisien. On peut le croire à demi, car le maître mot de son ouvrage, comme de la conférence qu’il est censé donner, est l’ironie. C’est donc avec la même distance et le même second degré que l’auteur, que le lecteur doit aborder la lecture de ce livre.



Au-delà des tribulations de notre jeune homme, qui nous livre finalement relativement peu de factuel, et des choses, somme toute, relativement banales, ou métaphoriques, c’est à la littérature que le livre s’intéresse avant tout. On pourrait presque remplacer le Paris du titre, par la littérature, qui n’a ni de début, ni de fin. Le souvenir d’Hemingway, est précédé par la réminiscence d’autres auteurs qui l’ont précédé, comme évidemment Proust, mais bien d’autres encore. Et il y a les auteurs de l’époque du fameux séjour parisien de Vila-Matas (années 70 du siècle dernier), dont certains sont toujours en activité. Évidemment Marguerite Duras, qui loge l’apprenti écrivain dans une chambre de bonne, où d’autres célèbres ou moins célèbres sont passés avant lui. Il en fait un portrait amusant, mais tendre aussi, entre dérision et admiration. Mais d’autres passeront, surtout en tant que silhouettes. C’est d’ailleurs extraordinaire à quel point Vila-Matas croise presque à chaque pas des célébrités, des gens connus, qu’il admire ou découvre. Mais c’est sans doute que dans son livre, il fait le choix de ne se souvenir que de ces moment-là, comme si c’était la seule chose qui subsistait de son passage dans la capitale française. De même, les lieux qu’il évoque, sont toujours plus ou moins liés à la littérature, il ne semble rechercher que ces lieux-là. Plutôt que de visiter des musées ou lieux touristiques habituels, il préfère se rendre devant un immeuble banal, mais où un jour, un écrivain a vécu, ou un événement en lien avec la littérature a eu lieu. Même si plus rien ne semble rappeler ces moments-là, ils vivent dans les livres, et dans la mémoire de l’auteur. Ils sont éternels par la grâce du mot. Le monde de la littérature est aussi réel que le monde physique, et c’est le premier que l’auteur explore et partage avec nous.



C’est brillant, drôle, touchant aussi, et il est tellement agréable de faire ce voyage, de voir des lieux connus sous cet angle différent, celui des réminiscences littéraires, sans que cela soit pédant. Sans doute un certain nombre de références échappent à tout lecteur, tant le livre en regorge, mais c’est au final sans grande importance. Chacun peut y retrouver tel ou tel auteur, livre, moment de l’histoire littéraire ou culturelle. Et sourire à la fine ironie de l’auteur, qui cache sous une légèreté et désinvolture apparente, un rapport au livre et à la culture, une sorte de philosophie élégante du rapport au monde.
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Le mal de Montano

Enrique Vila-Matas est décidément un auteur hors du commun.



Il nous entraîne à nouveau dans son univers très particulier peuplé des fantômes des écrivains qu'il affectionne, nous narre toute la difficulté d'être un écrivain dans un monde littéraire qui favorise le nombre sur la qualité, -même en matière de culture, vous vous rendez compte !- et nous entretient ici de la fin de la littérature, au sens où il l'entend.



C'est fou, c'est décalé, toujours empreint d'humour, surtout à l'égard de son propre personnage absurde. Vila-Matas ne se prend jamais au sérieux, que du contraire, et c'est ce qui séduit dans ses livres, et c'est par ce biais qu'il arrive à nous emmener dans ses folles promenades dans le brouillard, autrement dit sa perpétuelle introspection, quelque peu hallucinée, dans le monde désillusionné de l'écriture.



Un tout tout grand écrivain.



Cette oeuvre-ci n'est pas ma préférée toutefois. Mon grand coup de coeur reste, à ce jour, Docteur Pasavento.
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Docteur Pasavento

Le Docteur Pasavento porte un nom qui le prédestinait presque à prendre la fuite. La tentation semblait d’ailleurs le démanger depuis longtemps... Un jour, alors qu’il est invité à Séville pour donner une conférence, et alors qu’il réfléchit à l’improvisation qu’il s’apprête à donner –car le Docteur est un homme joueur qui aime se laisser surprendre par son esprit -, il décide finalement de disparaître dans la nature. Il n’ira pas à son rendez-vous et ne donnera aucune explication à quiconque pour se justifier. Couardise ? Absolument pas. Cela faisait déjà quelques temps que le Docteur entendait des voix lui demander : « D’où vient ta passion pour la disparition ? ». Il fallait éluder le mystère, et parce qu’il est justement à l’opposé de toute veulerie, le Docteur Pasavento décide de vivre la disparition pour mieux comprendre la fascination qu’il éprouve à son égard. Séville ne le verra pas de sitôt. Il choisit son nouveau trajet au hasard –tout du moins le croit-il- mais il finit par atterrir à Naples où il retrouve un ancien collègue, fol esprit maintenant enfermé dans un institut psychiatrique. Quel meilleur interlocuteur pour devenir quelqu’un d’autre ? Le Docteur Pasavento improvise une nouvelle biographie et en évalue la crédibilité au regard d’un homme qui, moins fou qu’il ne veut le faire croire, oscille entre crédulité et ironie. Trop longtemps resté à Naples, le Docteur s’enfuit ensuite à Paris, rue Verneau, où il avait déjà logé plusieurs fois lorsque sa maison d’édition l’envoyait donner des conférences en France. En retrouvant les lieux et les personnages du passé, le Docteur espère-t-il secrètement se faire enfin reconnaître ? C’est que depuis sa disparition, personne ne semble le rechercher. Dans la salle Internet de son hôtel, il aura beau se connecter plusieurs fois par jour pour arpenter les sites d’informations, il doit finir par reconnaître que sa disparition n’alarme personne. Est-ce pour cela qu’il se précipite sur l’invitation que lui fait une lointaine connaissance de passer en Suisse pour donner une conférence ? A Bâle, il retrouvera les traces de son modèle à penser, Robert Walser. Enfin, après avoir exploré la disparition dans toutes ses variations et modalités, le Docteur Pasavento se réconciliera avec son identité dans une ville portuaire hispanophone.





Enrique Vila-Matas semble avoir imaginé l’histoire du Docteur Pasavento page après page, sans savoir à l’avance quelles réflexions pourrait lui inspirer le thème de la disparition. Son personnage constitue une formidable mise en abyme de lui-même –personnage toutefois plus courageux puisqu’il ose s’abandonner à l’anonymat, contrairement à son auteur :





« Je pense parfois que, si je n’avais pas eu le courage suffisant pour satisfaire mon désir de disparaître en tant qu’écrivain et rompre avec tout, […] j’aurais toujours pu utiliser le pouvoir donné par l’écriture de fiction pour, ne fût-ce que sur le papier, devenir la personne que dans la vie réelle je n’osais pas être. Mais, par bonheur, j’ai eu ce courage et il n’a pas été nécessaire d’avoir recours à la fiction. »





Et après ceci ? Quiconque est attiré par le mobile du Docteur Pasavento doit certainement s’être lui-même imaginé prendre la fuite –abandonner famille, amis, travail, résidence. Comment réagiraient les autres ? Peut-être ne réagiraient-ils pas, comme c’est le cas ici. Dans ce cas, reste la question la plus intéressante : comment réagirait-on soi-même ? C’est là que Vila-Matas est décevant ou, en réalité, terriblement pertinent puisque là où le lecteur s’attend à lire la confession personnelle d’un individu qui n’aurait disparu que pour les autres, il nous donne à lire la confession anonyme d’un homme qui a cessé d’être pour lui et pour les autres. Ainsi, ses idées sont celles d’autres autres hommes : des écrivains (Montaigne, Robert Walser, Emmanuel Bove…) ou des connaissances. La première partie du livre, notamment, n’est qu’une déflagration de références, de citations, de digressions qui visent uniquement à brouiller les limites entre la personnalité du docteur et la personnalité des individus auxquels il se réfère. Pire que ça, l’imprégnation des modèles sur le discours du Docteur se fond parfois brusquement au détour d’une phrase anodine, oubliant tout guillemet pour mieux nous troubler à notre tour : avons-nous déjà lu cette phrase dans l’œuvre d’un autre auteur ou serions-nous en train de paranoïer ? Cheminer dans la disparition équivaut peut-être à effectuer un Voyage au bout de la nuit : « J’ai pensé que ces avenues, bourrées de gens se promenant après le grand repas familial du jour de Noël, étaient, effectivement, un endroit parfait pour se dissoudre dans le flux permanent des foules, dans le flux heureux de toutes ces grandes vagues incessantes d’êtres vides qui, depuis des temps immémoriaux, venaient du fond des temps mourir sans arrêt dans cette ville immortelle. »





Dans un premier temps, tout n’est que périphrase, citations, manière de s’exprimer sans avoir l’air de le faire. On ne ressort pas de ce tourbillon de références qui semble cacher de la prétention ou de la veulerie. Et puis surgit cette réflexion : « Les livres et les écrivains font partie de la réalité, ils sont aussi réels que cette table autour de laquelle nous sommes assis. Alors pourquoi ne pourraient-ils pas être présents dans une fiction ? » et on comprend que tout ce qui précède n’est qu’un subterfuge derrière lequel se réfugie le Docteur Pasavento pour mieux parler de lui-même. Pourquoi n’évoquerait-il pas Robert Walser alors que ce sont les réflexions de ce dernier qui lui ont donné le goût pour la disparition ? Pourquoi ne citerait-il pas aussi souvent les propos de ses amis et connaissances alors que l’individu n’est, finalement, jamais autre chose qu’un homme élevé au milieu d’autres hommes ? Mais alors, même en changeant de nom et en modifiant sa biographie, le Docteur pourra-t-il vraiment disparaître ?





Ce jeu des références permet également au Docteur Pasavento de révéler ce « réseau de coïncidences » qu’il pense voir opérer quotidiennement dans ses choix, dans ses pensées et dans ses rencontres. Peut-être parce que la disparition le renvoit à sa solitude, il devient plus attentif aux signes et « découvre de plus en plus de choses partout, là où pour autrui il n’y a rien. »





Si le Docteur Pasavento nous a convaincu sur ce dernier point, peut-être pourra-t-on alors considérer que cette lecture n’est pas anodine et qu’elle est un maillon de plus dans notre propre réseau de coïncidences. Sauter de référence en référence, parsemer son discours de citations semble avoir été le seul bonheur qui est resté constant chez le Docteur Pasavento au cours de son simulacre de disparition. Je ne vois pas comment mieux rendre hommage à cet auteur qu’en passant de son texte à l’œuvre de Robert Walser ou d’Emmanuel Bove, ces deux figures d’importance dont le Docteur Pasavento parle avec une passion tangible, multipliant les citations et les anecdotes jusqu’à abolir toute existence autonome au profit de ces auteurs pourtant eux-mêmes voués à la disparition.
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Etrange façon de vivre

Un peu en-deça de Dublinesca et de l'ovni qu'est, à mes yeux, le Docteur Pasavento, cette oeuvre courte n'en contient pas moins tous les ingrédients dont j'ai déjà compris que Vila-Matas raffole. Histoire centrée autour d'un écrivain et de l'écriture, ainsi que de la reconnaissance et de l'attention que lui porte son entourage. Avec des vagabonderies dans le plus pur imaginaire, qui provoque, cette fois sans explications, des prises de distance par rapport à la cohérence du propos.



Un écrivain est marié et a un enfant un peu autiste. Sa maîtresse est la soeur de son épouse. Il prépare une conférence qu'il doit donner le soir-même. Et c'est dans le déroulement de la journée que se présente quelques hiatus, mais bon, le tout est intéressant. Peut-être un peu secondaire par rapport aux autres oeuvres lues de cet auteur. Je n'en sors en tout cas pas avec le même enthousiasme.
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Air de Dylan

« N’avais-je pas passé des années à écrire des romans dans lesquels j’essayais toujours de faire passer pour réelles mes histoires fictives ? Eh bien maintenant, j’étais confronté à l’hypothèse contraire, celle que j’avais toujours tant recherchée : j’allais devoir raconter une histoire de la vie réelle dont j’étais un témoin privilégié sous forme de mémoires abrégés d’un écrivain mort, par ce que telle était mon intention muette : transformer ce que j’avais vécu dans les dernières semaines en autobiographie de feu Lancastre. »



Le narrateur, écrivain barcelonais vieillissant et reconnu, songe sérieusement à lâcher l’écriture, lassé qu’il est de tout. Il fera la rencontre de Vilnius Lancastre, fils d’un autre écrivain de sa génération récemment disparu. Ce Vilnius est assez extravagant. Il est cinéaste mais son indolence et son aquoibonisme ont toujours pris le dessus sur ses envies de créations, qui restent à l’état d’ébauches.



Depuis la mort de son père, avec qui il entretenait une relation distante et houleuse, il se sent en quelque sorte possédé par lui ; des souvenirs et des idées qu’il considère comme celles de son père lui traversent souvent l’esprit. Convié à un colloque, pour lequel il présente un texte sur cette soi-disant possession, il rencontrera le narrateur. Petit à petit notre narrateur sera impliqué dans la vie de Vilnius, qui ressemble un peu à Bob Dylan jeune, et par extension dans celle de ses parents. Au point de vouloir renouer avec l’écriture et de penser réécrire l’autobiographie détruite de Juan Lancastre.



Enrique Vila-Matas enchevêtre, comme à son habitude, fiction et histoire littéraire dans ce roman foisonnant. Dans le désordre, il est, entre autres, souvent question d’Hamlet, d’Oblomov, de Francis Scott Fizgerald à travers la citation d’un film de l’âge d’or hollywoodien, « Three Comrades » de Frank Borzage.



Lire cet auteur est souvent un régal d’intelligence et d’écriture. Pour ce roman-ci, peut être davantage tourné vers le romanesque, j’ai tout de même trouvé quelques longueurs. Mais ces réserves sont bien minimes.
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Imposture

Un tout grand cru de Vila-Matas, cet écrivain hors norme de la péninsule ibérique, pour ne plus trop s'avancer, puisque sa région est gouvernée pour l'instant à partir de mon pays, que dis-je, de la région indépendantiste de mon pays, région qui n'est pas mienne.



Tout ceci pour dire que c'est un millésime à ne pas rater par les amateurs de l'auteur, mais aussi par ceux qui ne le connaissent pas. Car avantage certain sur "Dublinesca" ou sur le "Docteur Pasavento", ce livre ne compte qu'un peu plus de cent pages.



Quelle meilleure porte d'entrée pour cet univers hors du commun. Si, en effet, vous ne goûtez pas à l'humour omniprésent et à l'immense tendresse de l'auteur pour ses personnages dans ce bref opuscule, mais également à sa fantasmagorie, c'est que les toiles livresques tissées par Vila-Matas ne sont pas pour vous (ce qui n'est pas grave vu l'obésité de la production littéraire).



Pour ceux qui aiment, quel plaisir, quelle jubilation !

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Abrégé d'histoire de la littérature portative

Ce petit opuscule de Vila-Matas n'est pas facile d'accès. Pourtant, il est complètement loufoque, peut-être un peu trop.



L'auteur nous invente une communauté de "shandys", en référence à l'ouvrage anglais du 18e siècle "La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentilhomme" de Laurence Sterne, dont le personnage est également quelque peu foldingue et Vila-Matas nous rappelle en note de bas de page que Shandy est synonyme de joyeux, loufoque et volubile.



Cette communauté de "shandys" qu'il crée rassemble des auteurs ou artistes peu connus du grand public qui privilégient le minimalisme dans l'expression et s'en vont de ville en ville pour célébrer secrètement la littérature portative.



Comme à son habitude, Vila-Matas mêle endroits et auteurs réels et inventés de toutes pièces. On ne s'y retrouve pas du tout, mais qu'importe. Un peu plus de mal à suivre celui-ci que d'autres néanmoins. Et je n'ai pas retrouvé l'atmosphère hautement optimiste de Laurence Sterne dont le Tristram nous fait à tout bout de champ sourire malgré les sujets parfois abracadabrants proposés au lecteur. Ici, le burlesque est bien au rendez-vous mais la vision est moins positive, il faut dire que l'on parle de ce qu'il va advenir de l'art.
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