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Critiques de Faïza Guène (453)
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La Discrétion

La discrétion fait partie de ces romans intéressants et interpellants pour tous ces immigrés de l’ombre plus souvent jugés que tolérés et mieux, acceptés.



Faïza Guène, femme algérienne née en France, spectatrice, victime, écrivaine délivre les mots pour abolir cette discrétion qui habille d’ombre sa famille algérienne.



Yamina, le personnage central est la mère de quatre enfants. Née en Algérie, elle rejoint la France à trente ans lors de son mariage.



Entre la voix de ce passé algérien semé de coutumes et de pauvreté et celle du présent des quatre enfants nés en France, ce livre largement autobiographique relate le poids des difficultés pour une famille maghrébine à trouver sa place. Chaque enfant vivra la discrétion à sa façon. Hannah quant à elle choisira la révolte, l’opposition contre l’attitude de cette mère qui se cache, zigzague dans la foule pour ne pas se faire remarquer. Hannah s’offusquera de ses regards baissés, du ton méprisant qu’emploient certains membres de l’administratif face à des femmes d’une autre couleur de peau, d’une autre religion.



L’écriture de Faïza Guène est pleine, non dénuée d’humour et d’ironie. Ce livre est rempli de tous ces cris retenus pour se fondre dans la masse. En toute discrétion. Jamais tendancieux ni impolis, l’auteure exprime avec tact le poids des origines, la difficulté d’être accepté dans un pays étranger, la difficulté de trouver sa place dans un pays qui n’est pas le nôtre.



J’ai beaucoup aimé Yamina, cette femme solaire remplie d’amour qui veut juste faire sa place dans un mouchoir de poche, sans bruit, sans anicroche. Puis il y a Hannah, cette fille rebelle qui rêve d’une reconnaissance pour ses parents qui en ont bavé toute leur vie.



Enfin il y a cet épilogue de toute beauté qui nous rappelle que notre seul pays est peut-être celui sur lequel sont assis nos enfants. Debout, travailleurs, émérites de pousser un pays, de jouir de ses lois et de son sol, d’être citoyens invétérés, nécessaires avant nécessiteux.
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La Discrétion

Un livre très agréable à lire sous la plume élégante et efficace de Faiza Guene , une autrice qui a , depuis de nombreuses années , su parler avec son coeur de sujets qui , immanquablement , du fait des migrations de populations , peuvent éclairer sereinement les problèmes humains qui en découlent.

Ici , l'héroïne, Yamina , nous " éblouit " par sa discrétion. Après une enfance algérienne marquée du sceau des traditions , , la voici contrainte à l'exil pour rejoindre son mari Brahim en France . Perte des racines , choc social et culturel , la Méditerranée comme infranchissable frontière, le changement est douloureux , impossible à guérir. La perte à jamais d'une identité , d'une existence sociale , la solitude dans un monde étranger, souvent hostile qui , avec le temps , creusera un peu plus chaque année un fossé de plus en plus profond entre passé et présent, entre cette période vécue aux origines , en Algérie, et au présent, en France ...Un pays qui ne " veut " pas , un autre qui ne veut " plus " une errance discrète malgré l'amour indéfectible de Brahim et la présence de quatre enfants aux caractères si différents mais indispensables à la seule motivation " de vivre " de notre héroïne. Une belle , très belle personne , une " passeuse ", celle dont le " sacrifice " ne reçoit, pour seule " rétribution " , que la réussite des ses enfants . De l'amour à revendre .Parfois trop ?

Faiza Guéne, je l'ai dit , possède une façon d'écrire à l'image de la famille Taleb , simple , sincère, efficace , belle . Certes , le rythme est lent et il ne se passe pas d'événement brutal , non , une " force tranquille " en marche vers un avenir social amélioré, un lent et incertain cheminement vers une reconnaissance dont Brahim et Yamina se sentent obligés de payer le prix , d'être les garants pour le bonheur de leurs enfants . Une sorte d'attitude sacrificielle dont le prix est " la discrétion ".

Un livre très intéressant, sans pathos , sans parti pris , un mode de pensée assumé. On peut peut - être regretter la brièveté du propos , l'esquisse incomplète de personnages avec qui on aurait aimé " faire plus ample connaissance " , le survol des " traditions " de la culture algérienne et celui des conditions de vie en France , mais on a toutefois l'immense privilège de pouvoir s'immiscer dans une belle famille en tous points respectueuse du pays qui l'accueille mais où ils ne se sentent qu'invités et dont le seul tort est sans doute de se montrer trop " soumise " , trop " discrète " ( quoi que , Haicha ...je vous laisse découvrir ...) mais furieusement attachante , à l'image de son " pilier " , la superbe Yasmina .

Un joli roman pour réfléchir, où l'envie de vivre , le désir de bonheur simple , sont omniprésents.
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Millénium blues

Avec son nouveau roman, on retrouve ce qui fait qu'on aime Faiza Guène, le respect de l'autre, la tolérance et un regard toujours juste sur une époque ou il est bien difficile d'y trouver sa place. Ses personnages se débrouillent comme ils peuvent avec leurs tracas et leur part d'ombre. "Millénium blues" ne déroge pas à la règle. Par de courts chapitres à différents moments de la vie, entre légèreté, humour et réalisme, Faiza Guène raconte la difficulté de mener une existence sereine dans un monde qui ne fait pas de cadeaux. Mais l'amitié et l'amour viennent heureusement contrebalancer cette dureté. Ces bulles de petits bonheurs parfaitement décrites sont des soupapes pour avancer et garder l'espoir. L'auteur de "Kiffe kiffe demain" trace sa route avec ce qui fait son charme et son talent, une sincérité évidente.

Le cinquième roman de Faiza Guène est à l'image des précédents, attachant et sincère. A découvrir.
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Un homme, ça ne pleure pas

Je ne vais pas retenir votre attention très longtemps, beaucoup ont déjà exprimé leur appréciation sur ce livre... j'y ajoute, vite fait, ma voix.

Dès le début, j'étais dans l'ambiance... jusqu'à ressentir cette histoire comme un réel moment de vie pris sur le vif. De succulentes petites phrases m'ont maintenue très souvent avec le sourire aux lèvres, et parfois la larme à l’œil.

C'est drôle et sensible sans mièvrerie.

Voici un excellent moment de lecture que je recommande sans hésiter.
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La Discrétion

on fait la connaissance de Yamina, qui a traversé tant d’épreuves : quitter la ferme en Algérie pendant la guerre d’Indépendance, l’exil avec se famille au Maroc, se cacher, le retour à la fin de la guerre, abandonner l’école qu’elle aime tant pour donner un coup de mains à sa mère : elle coud des vêtements pour tous sur sa machine à coudre à pédale, tricote avec des aiguilles de fortune, plumes d’oiseaux puis, rayons de vélo récupérés dans une décharge.



Elle reste la dernière à la maison, son père ayant refusé tous les prétendants éventuels, jusqu’à ce qu’elle devienne trop vieille et que plus personne ne se présente. Alors, c’est le mariage arrangé avec Brahim, qui a dix ans de plus qu’elle et dont les mains immenses la terrorisent.



Yamina et Brahim vont avoir quatre enfants, trois filles et un garçon, le petit dernier, le chouchou à sa maman qui aurait pu virer au macho pur et dur mais ils ont été bien élevés, on est pauvre chez les Taleb, mais on est respectables et chacun pourra faire des études même si le travail n’est pas au bout.



L’aînée, Malika s’est mariée, un mariage arrangé, mais son mari avait une double vie, un enfant, elle a divorcé, le premier coup dur dans la vie de son père.



Hannah est la deuxième de la fratrie, elle cherche l’homme idéal, et tous ceux qu’elle rencontre ont forcément un défaut rédhibitoire, le manque de virilité est un problème pour elle …



Imane la troisième fille a toujours l’impression de décevoir : lorsqu’elle essaie de quitter l’appartement familial, on frise le drame, alors qu’elle a plus de trente ans mais n’est toujours pas mariée.



« Imane est la troisième fille, celle qui vient juste avant le fils, celle qui aurait dû être le fils. Imane a le sentiment de décevoir une fois de plus. »



Omar dit avec ironie qu’il est devenu un Arabe « calvitieux », c’est très bien quand il s’agit de Zinedine Zidane mais quand on est chauffeur Uber… Il est très attachant, au volant de sa voiture, toujours impeccable, même s’il a des clients ivres qui vomissent dedans. Un jour, une jeune femme le prend pour chauffeur via la célèbre application spécialiste en esclavagisme moderne, payant ses chauffeurs à coup de lance-pierre, et le courant passe entre eux. Mais elle a l’air d’avoir mieux réussi que lui, alors comment résister à l’inhibition, au manque de confiance en soi…



Yamina ne pardonnera jamais, d’avoir été obligée de quitter la ferme, les siens pour le suivre en France, à Aubervilliers. Elle sera toujours la discrète, celle qui passe en essayant de ne pas ne faire remarquer, consensuelle, se taisant même quand le chien de la voisine lui renifle le postérieur alors qu’elle en a peur et que la maitresse n’essaie même pas de le contenir.



Une éclaircie dans sa vie : quand on leur attribue un jardin ouvrier, où elle fait pousser, des fleurs, des légumes, elle a si bien appris à la ferme… Elle partage Yamina, les plats cuisinés, les desserts qu’elle confectionne, alors que souvent on ne lui rend même pas les assiettes…



Si elle essaie de se couler dans le moule, de ne pas faire de vague, ses enfants râlent, ils aimeraient bien que leurs parents qui se sont usés au travail soient un peu mieux reconnus.



On suit cette famille de 1949 à 2020, donc on traverse le 11 septembre, les attentats de Charlie, du Bataclan et là encore, eux qui ont toujours été discrets, pratiquant leur religion dans le sens noble du terme et non dans le sens dévoyé de l’islamisme radical, ils se sentent montrer du doigts, et en plus ils ne peuvent même pas montrer qu’ils sont en deuil eux-aussi !



J’ai adoré mettre mes pas dans ceux de Yamina, car elle force le respect, la discrétion dans son cas, ne signifie pas qu’elle s’écrase à tout prix, subissant les affronts sans broncher ; elle part simplement du principe qu’il ne sert à rien de se révolter pour le moindre détail, comme elle dit. Elle traverse les tempêtes, les désillusions de l’Indépendance, le visage dur de Boumediene dont il convient d’éprouver un vrai chagrin lors des funérailles nationales dignes de l’ex URSS…



Ce roman est bien écrit, bien construit, Faïza Guéne ne sombre jamais dans le pathos et j’ai laissé cette famille à regret.



Un grand merci à NetGalley et aux éditions Plon qui m’ont permis de découvrir ce roman et son auteure. Ce fut vraiment une lecture belle et bouleversante.



#rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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Kiffe kiffe demain

Cela faisait un petit moment que je voyais cet ouvrage trôner sur les rayon de la médiathèque dans laquelle je travaille sans avoir oser me lancer...jusqu'à aujourd'hui et j'avoue avoir été très surprise, dans le sens positif du terme. Doria est une jeune marocaine qui vie dans "la banlieue du Paradis" sauf que cette dernière est loin de ressembler au nom qui lui est attribué. Avec une mère qui fait le ménage dans un Formule 1 et qui ne sait ni lire ni écrire le français, un père aux abonnés absents, Doria est une élève plus que médiocre, qui voit une psy tous les lundis et a régulièrement affaire avec une Madame "Bidule truc" des services sociaux de la mairie. Et pourtant, cette jeune adolescente ne vire pas dans des trafics malsains, comme certains garçons de son immeuble, Youssef qui sera emprisonné pour trafic de drogue ou encore Hamoudi, le "Rimbaud" de ce dernier qui finira finalement par se ranger. On peut dire que celui-ci l'a fait rêver mais étant plus âgé qu'elle, elle ne l'intéressait pas, u disons pas comme elle l'aurait voulu. Certes, ils ont de longues discussions mais cela s'arrête là, au grand désespoir de notre héroïne. Joignant souvent difficilement les deux bouts à la fin du mois pour payer le loyer, Doria et sa mère savent cependant qu'elle peuvent compter sur la charité des gens du quartier mais pas seulement puisque grâce à ces fameux services sociaux, la mère de Doria pourra finalement trouver un stage, rémunéré qui plus est, et apprendre afin le dur maniement de la langue française écrite, pour la plus grande fierté de nos deux femmes.



Un roman dur, sur la pauvreté et les difficultés d'intégration mais qui n'est ni tout noir ni tout blanc : il raconte juste la vérité sans apitoiements ni rancune envers le système. Je ne suis pas certaine de vouloir considérer cet ouvrage dans la littérature jeunesse (c'est d'ailleurs la raison pour laquelle je l'ai placé dans la section "adultes" dans ma médiathèque) car à mon avis, il touche tout le monde et parle aussi bien aux jeunes (grâce au langage simple employé ici) qu'aux adultes. Un roman malheureusement intemporel sur certains aspects durs de la condition d'immigré mais dont je ne peux que vous conseiller la lecture car comme il est dit pour notre jeune héroïne (même si elle n'y croit pas, du moins pas au début), "la roue finit toujours par tourner !
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La Discrétion

Il y a des romans qui vous parlent, le livre de Faïza Guène en fait partie. Ce récit m’a vraiment touché, tout d’abord par la qualité de l’écriture, simple, toujours juste, toujours vraie, emplie d’une douceur, celle de l’amour ; et surtout par le personnage central Yamina.



Faïza Guène va donc nous conter l’histoire de cette femme algérienne de bientôt soixante-dix ans et en parallèle nous allons suivre ses quatre enfants. Yamina ne se plaint jamais, comme si cette option lui a été retirée à sa naissance. Elle n’a que son amour a offrir à ses enfants, avec un peu de chance l’amour leur fera oublier les humiliations.



Omar, trente piges, le seul garçon est chauffeur Uber, un job temporaire depuis deux ans ; Malika l’aînée de la fratrie, elle a été mariée à dix-sept ans, elle est celle qu’on remarque le moins, elle n’a jamais fait de vague. Hannah elle a toujours un temps d’avance, elle a toujours pigé plus vite que les autres, particulièrement sensible, elle ne veut pas que ses futurs enfants futurs, héritent de cette colère qui lui dévore les tripes. Imane la cadette, elle aurait dû être un fils, elle a le sentiment de décevoir en permanence



Et puis il y a Brahim, le père, il est encore beau, il ne dit pas nécessairement les mots qu’il faut, mais son réconfort est dans le cœur de Yamina.



L’histoire d’une petite fille débrouillarde, privée de son enfance par la guerre d’indépendance, obligée d’arrêter l’école pour aider ses parents à la ferme et élever ses frères et sœurs. À soixante-dix ans, elle rêve encore qu’elle a un cartable sur le dos. Un mariage arrangé après la prière du vendredi avec Brahim, un immigré de dix ans son aîné, l’arrivée en France dans un taudis où les murs pleurent d’humidité, où les souris se faufilent, les blattes surgissent de partout, un appartement qui même propre a l’air sale. Ce livre est l’histoire d’un déracinement, d’un arrachement à la terre natale.



« Je ne supporte plus que ma langue se meure de rester figée dans ma bouche, je ne supporte plus ma salive inutile, je meurs de ne pouvoir parler à personne, et même si la radio reste allumée toute la journée, je ne peux pas lui répondre. »



L’histoire de braves gens travailleurs, qui se font discrets, car ils se sentent invités en France et leurs enfants, la seconde génération, celle qui porte la colère, nés en France et qui ont l’impression d’être nulle part chez eux, ni en Algérie ni en France. Toujours devoir se justifier, montrer patte blanche pour éviter l’amalgame.



« Brahim a encouragé ses enfants, n’a jamais levé la main sur eux, les a poussés à étudier. La seule chose qu’ils peuvent lui reprocher est d’avoir été pauvre, et épuisé par le travail. »



C’est surtout une formidable histoire d’amour d’une mère pour ses enfants, elle a tenu pour qu’ils réussissent, qu’ils soient heureux et surtout indépendants. Un livre d’une grande sensibilité, tout en retenue. D’un petit village berbère à la banlieue parisienne un magnifique portrait de femme.



Faïza Guene a dédié son roman à son père, Abdelhamid, « mort de discrétion », voilà tout est dit… Un grand merci aux éditions Plon de m’avoir offert l’opportunité de lire ce livre.

« La Discrétion » de Faïza Guène. #rentreelitteraire2020 #NetGalleyFrance



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Un homme, ça ne pleure pas

« Où t’étais ? T’as vu l’heure ? Je vais t’apprendre, moi, à me respecter !

Tu crois que tu t’appelles Christine » ?

Ces mots Abdelkhader les a dits maintes et maintes fois à Dounia, sa fille ainée, la rebelle, celle qui ose lui tenir tête, à lui, le « padre ».

Finalement, elle partira, pour être libre et vivre sa vie et ses rêves, tout simplement. Elle deviendra avocate, se lancera dans la politique et écrira un livre.

Une vie réussie également pour Mourad, le narrateur, professeur dans la banlieue Parisienne.

La benjamine, Mina, la discrète, fidèle à l’image de la mère s’épanouira en élevant ses enfants.

Un conflit de génération aggravé par un déracinement culturel constitue la trame de ce roman magnifiquement écrit.

On y voit le choix forcené des enfants d’accéder au modernisme s’opposant à la rigueur des parents imprégnés de manière irréversible de leurs traditions ancestrales.

Un dur parcours conté avec une pointe d’humour par Faïza Guène, ou les liens familiaux seront soumis à rude épreuve mais résisteront finalement à l’explosion familiale.

Une remarquable démonstration d’intégration qui surmonte toutes les difficultés même les plus grandes.

A l’origine, pas particulièrement sensibilisée par cette question, l’auteure a réussi à me faire prendre conscience du prix à payer par ces déracinés.

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Un homme, ça ne pleure pas

Dans la famille de Mourad, c'est le papa que je préfère. Il ne sait ni lire ni écrire, et quand il demande à son fils de lui faire la lecture à haute voix, il attend que l'intonation soit celle d'un journaliste. Cordonnier, il ne compte pas sa peine pour que ses trois enfants puissent ‘travailler avec leur tête', eux.

La maman est du genre ‘mama' excessive et étouffante, mère méditerranéenne, mère juive, appelez ça comme vous voulez - « une mère pieuvre aussi aimante qu'envahissante ».



L'éducation de ce couple algérien exilé à Nice aura des effets différents sur les trois enfants : l'aînée reniera ses origines au nom de la laïcité et de l'émancipation féminine ; la cadette, docile, suivra la ‘voie tracée' ; tandis que Mourad, le benjamin, sera à la hauteur des ambitions paternelles en devenant prof de français.



Encore une chronique familiale tendre, émouvante et bien vue.

Et comme l'auteur est Faïza Guène, fille d'émigrés algériens, il est question d'identité culturelle et de volonté de s'affranchir des traditions, d'autant plus forte, sans doute, lorsqu'on a changé de pays, et/ou de milieu social (cf. Annie Ernaux, Edouard Louis...).

Au-delà de ces thématiques, on retrouve toutes les difficultés d'une famille ordinaire : différends dans le couple parental, querelles dans la fratrie notamment quant au partage des tâches pour veiller sur les vieux parents, brouilles durables…



Un bon moment de lecture, qui m'a rappelé certains romans de Samuel Benchetrit, Yaël Hassan, ‘Entre les murs' (Bégaudeau), ‘Présent' (Benameur)…
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La Discrétion

Parcours de Yamina, femme née à la fin des années 1940 dans l'Algérie colonisée.

Exilée en France en 1981 pour rejoindre un mari marocain plus âgé qu'elle, qu'elle n'avait pas choisi.

Devenue mère de quatre enfants, aujourd'hui adultes, toujours à dorloter son petit dernier de trente ans, son seul fils - question de culture ? ou bien tous les hommes exploitent leurs pseudo faiblesses en matière de tâches domestiques pour retarder la coupure du cordon ? C'est moins fatigant pour eux, et ça fait plaisir à maman. Coup double, sauf que ça énerve les soeurs.



Pourquoi me suis-je autant ennuyée avec un roman si court (250 pages), dont les sujets m'intéressent ? Guerre d'Algérie, exil, intégration, deuxième génération, sort des immigrés en France, et ceux du Maghreb en particulier (avec traumatisme supplémentaire pour les Algériens), maternité et féminité, émancipation des femmes. Et colère - étouffée ou exprimée, nourrie par les événements de la vie ou transmise entre générations...



Je me perdais dans les personnages, les filles de Yamina apparaissent de loin en loin dans le récit, j'ai eu du mal à mémoriser les caractéristiques de chacune et donc à m'y attacher.



Pourtant, j'apprécie généralement les romans de Faïza Guène, simples et honnêtes, truffés d'idées pertinentes, avec des formules et images qui font mouche (cf. extrait sur les cow-boys dans les westerns).

Ici, l'intrigue m'a semblé manquer de liant - tableau trop impressionniste pour une myope.
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La Discrétion

« La discrétion » ne se contente pas de livrer l'histoire d'une famille entre l'Algérie et la France, avec ce tiraillement entre deux cultures, celle de l'éducation et des origines, face à celle de la naissance et de l'imprégnation. C'est un texte plus profond qu'il n'y paraît, à travers le microcosme familial, l'auteure aborde des sujets de société très intéressants. de manière parfois grave, pour décrire certaines humiliations couvertes par une fausse bienveillance, mais aussi de manière humoristique, comme pour ne pas étrangler le lecteur.



La plume simple et directe, rend le texte accessible à toutes les personnes qui souhaitent mieux comprendre, ressentir les émotions et interrogations d'une partie de la population française. Être né français, mais ne pas se sentir à sa place, être né algérien et ne pas se sentir algérien… Une éternelle dualité que vit une partie de la population française que l'on peut difficilement comprendre si l'on ne l'a pas vécu soi-même.



Même si je n'ai jamais eu à me sentir exclue, car née française, de parents français, j'ai grandi en Tunisie, et je dois dire que je connais ce sentiment de ne pas se sentir à sa place. Ce sentiment a été très présent lors de notre retour en France, je ne savais plus qui j'étais et surtout, je vivais ce retour comme un exil. Je pleurais tout le temps et j'ai mis du temps, beaucoup de temps à me sentir à ma place. En France, je n'avais qu'une envie, c'est de rentrer en Tunisie et lorsque je retournais en Tunisie, je n'avais qu'une envie, c'est d'y rester. Tiraillée entre mes deux cultures, mes deux vies. J'ai retrouvé dans « La discrétion » de Faïza Guène, cet exil latent, sous-jacent avec la description du mal-être que l'on ressent.



Faïza Guen à travers son récit, rend hommage à ces femmes qui éduquent, discrètement, qui sont dépassée, car elles ne connaissent pas ces enfants qui réclament une identité, une reconnaissance et crient leur appartenance à cette France, qui parfois, les renvoie à ces origines qu'ils ne connaissent qu'à travers des vacances toujours heureuses, mais pendant lesquelles ils sont considérés comme étranger et français. L'exclusion est des deux côtés de la méditerranée, ils ne sont ni algériens ni français.



Comment construire son identité face à cette dualité ? On ne fait pas de vague, on se fait discret, ou alors on se révolte, on crie pour montrer que l'on existe.



Notre société a du mal à comprendre cette dualité, et ne fait que creuser le fossé. La grande mode, qui ne fait qu'attiser la haine et largement véhiculée, est de demander à une personne de quelle origine elle est ! L'extrême droite se nourrit du terreau de cette dualité.



Certains passages m'ont particulièrement touchés, notamment celui de la soeur aînée qui travaille dans une mairie et qui aide une personne en lui parlant en arabe, elle est dénoncée par ses collègues. Je sais, pour l'avoir vécu, que si l'anglais, l'espagnol, l'allemand avaient été utilisés, cela n'aurait incommodé personne. C'est une profonde injustice qui se vit au quotidien et à moins d'avoir vécu ou assister une scène de ce genre, on a du mal à comprendre.



Ce n'est pas un texte à charge, c'est une tranche de vie, aux côtés de cette famille ordinaire, où chaque membre trouve sa place, traverse la vie d'une manière discrète pour ne pas se faire remarquer ou d'une manière plus visible pour montrer qu'il existe. Chacun s'appropriant cette Histoire qui les marque au fer rouge, pour enfin s'apaiser et se construire.
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Kiffe kiffe demain

Kiffe kiffe demain est un roman que j'ai lu il y a quelques années



Doria vit dans une cité HLM en banlieue parisienne. C'est une Jeune fille, rebelle et pauvre, à la scolarité chaotique, son avenir semble compromis.

Mais aidée par sa mère, ses amis et des personnes bienveillantes elle réussit à infléchir le cours des événements pour s'offrir de meilleurs lendemains.



Sous des dehors arrogants, Dora cache un coeur remplie de tendresse et d'amour. le personnage est aussi un mélange de candeur et de maturité, elle n'est pas issue d'un milieu aisée, la vie ne l'a pas épargnée.



Après un début qui nous interpelle et qui déclenche la révolte, le lecteur lit avec soulagement la suite de l'histoire qui redonne l'espoir et donne l'envie de le faire lire autour de soi.



C'est un roman très émouvant qui nous fait passer du rire aux larmes ou l'inverse. et auxquels certains adolescents peuvent facilement s'identifier ;

Les personnages sont intéressants, émouvants,bienveillants, leur trajectoire peut inspirer les jeunes lecteurs et les amener à repenser leurs erreurs tout en les distrayant et leur redonnant de l'espoir même quand la vie n'est pas facile et qu'il faut y mettre du sien pour se sortir de situations qui paraissent sans issue.



J'ai bien aimé ce livre car la fatalité fait une large place à l'amour qui sauve de la misère, de la violence et du désespoir.



C'est un livre dans lequel "kif kif" devient "Kiffe kiffe" et oublie les clichés.











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La Discrétion

Faïza Guène narre dans ce dernier roman, avec humour et délicatesse, l’histoire d’une famille Franco-Algérienne, entre exil et intégration, discrimination et désillusions. Cette famille, c’est celle de Yamina, née en 1949 en Algérie, qui après avoir aidé ses parents, épouse à 30 ans Brahim et le rejoint en France où il travaille. L’autrice raconte avec réalisme et pudeur la difficulté pour Yamina à trouver sa place, sa discrétion ; Le poids des origines et de la double culture pour ses 4 enfants : Malika, Hannah, Imane et Omar ; 3 filles en quête d’indépendance, un garçon couvé par une mère aimante, tous en quête d’identité. Un récit à la fois gai et touchant (la marque de fabrique de Faïza Guène 😀). Merci à Netgalley pour l’envoi de ce texte.
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Kiffe kiffe demain

On a parfois des surprises !

J’avais été attiré par certains échos concernant ce livre. Je l’ai obtenu dans le cadre des échanges de Babelio et ne peux que remercier « Paroles » de me l’avoir fait parvenir.

Et en effet, c’est un roman qui m’a réservé quelques surprises. Je suis d’abord rentré dans le livre avec un certain plaisir car il est écrit de façon très agréable, très fluide, très compréhensible malgré quelques termes de verlan ou dit « des cités » qui ne gênent absolument pas la lecture et font vraiment parti du langage de notre monde, donc en quelque sorte de notre quotidien.

Il y a bien sûr dans les surprises agréables, des éléments de réticences… (Sinon, on serait dans l’angélisme total, et ce n’est pas le lieu !).

A peine avais-je lu les cinquante premières pages que j’avais déjà une fiche complètes de notes ce qui est soit un très bon signe soit un très mauvais signe ! Soit je suis enthousiaste, soit je suis très énervé. Et au début, les deux étaient vrais ! En effet, quelques courts passages nous conduisent à penser que l’on est dans un récit un peu revendicatif, avec des discours un peu « anti-français », avec beaucoup de notions de droits et aucune de devoirs.

Extrait : « J’ai besoin de l’assistance de la mairie, c’est des nuls, car il faut que ma mère aille chez la manucure ».

En fait tout cela n’est qu’accessoire et marginal dans le discours de ce livre, donc il faut vite sortir de cette vision et prendre un peu de recul, considérant ce roman comme une sorte de documentaire sans journaliste.

J’avais quelques doutes pendant ma lecture et je suis allé voir l’interview vidéo de Faïza Guène parlant de son livre et regrettant que l’on classe ses écrits comme une biographie plutôt que comme un roman : « Je l’ai écrit, mais c’est pas moi ! ».

Et si vraiment on considère ce livre comme un roman, on ressent tout différemment. Cela pourrait être une sorte de « one-woman show » avec toute la finesse d’observation et de retransmission nécessaire au plaisir du public, véhiculant un message.

Faïza Guène ne donne pas qu’une image idyllique du monde qu’elle décrit :

Extrait : « Je suis allée dans la cuisine pour nettoyer la gazinière parce que c’état dégueu, avant que l’assistante sociale fasse son inspection ».

En conclusion, je peux et veux dire que même si cela n’est pas de la littérature… classique, ce livre est magnifique.

Après tout, « Le voyage au bout de la nuit » (aucune comparaison possible) n’était pas non plus de la littérature classique. Mais il faut parler aujourd’hui des œuvres qui marquent leur temps.

J’ai vraiment pris plaisir à lire ce livre avec beaucoup de moments d’humour voire de franches rigolades.

Donc, une seule indication : lisez-le ! C’est un super boulot, et la difficulté minime qu’il y a à l’aborder justifie le fait de le découvrir. C’est un vrai plaisir et je l’ai fait découvrir autour de moi à des gens qui ont encore les sourire.

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Millénium blues

De l'auteure, j'ai déjà aimé... Kiffe kiffe demain et Un homme ça ne pleure pas.

Toujours des chroniques de vie où se mêlent humour et émotion.



Ici nous évoluons au rythme de la musique et de l'actualité des années 90, 2000 avec Zounia, dite Zouzou, son compagnon pas toujours très tendre et Carmen, son amie depuis l'enfance.

Avec simplicité et sincérité, Zouzou nous dit la jeunesse, ses fous rires et ses espoirs, puis en devenant femme le quotidien, les coups du sort et les désillusions. "La vie après tout ce n'est que ça : une addition de bons et mauvais souvenirs."



Plus doux-amer que les précédents livres lus, je ne renonce pas à lire d'autres Faïza Guène dont j'aime beaucoup le ton.
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La Discrétion

Faïza Guène, jeune auteur française d'origine algérienne, révélée à 19 ans à peine, avec l'excellent 'Kiffe Kiffe demain' paru il y a déjà 15 ans de cela, avait donné ses dernières nouvelles littéraires en 2018 avec Millenium Blues, son dernier roman en date, un récit drôle et touchant sur le quotidien d'une famille méditerannéenne.



Avec "la discrétion", son nouveau roman sorti pour cette rentrée littéraire, même si médiatiquement elle s'est faite aussi discrète que le titre de ce roman, Faïza GUENE continue de dresser le portrait choral d'une famille aux origines orientales, mais en y apportant une petite touche de singularité et en prenant parti d'un angle assez original.



Cette famille de 4 enfants, nés dans les années 80 et 90 qui ont une double culture, celle de la France où ils sont nés, et celle de l'Algérie de leur mère.

La romancière fait donc se croiser les trajectoires de chacun des membres de la famille permettant au lecteur de découvrir l’histoire familiale, du départ d’Algérie, et surtout la vie de Yamina, qui ne dit mot à ses enfants des déchirures de son exil et de passé qu'elle a délibéremment mis sous scellé.



Tout en délicatesse et en douceur mais sachant aussi se montrer un peu amère voire cruelle- on pense parfois à la plume de Magyd Cherfi notamment ses chansons, Faïza Guene nous montre que la résignation de Yamina et la colère qu'elle a réussi à étouffer toutes ses années ne l'a pas empêché de transmettre des fragments de son passé à ses enfants, ainsi qu'une volonté de résister et de subsister dans ce monde difficile .



Un beau portrait de femme et de famille comme Faïza Guene sait parfaitement les dessiner ..




Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Kiffe kiffe demain

Attaché au pas de Doria, une ado de quinze ans, c'est le quotidien des cités, sans fioriture ni pathos, qui nous est révélé. Avec un style réaliste et percutant qui alterne phrases coup de poing et incursions dans l'univers des rêves et de la poésie, l'auteur lève le voile sur ces cités dont l'embrasement nourrit les unes des journaux, avec un regard de l'intérieur, simple et humain, loin des récits à sensation ou des plaidoiries auxquelles nous sommes aujourd'hui habitués.



Ce petit roman est une agréable surprise, il se lit vite. On sourit souvent.

Je ne résiste pas au plaisir de vous faire partager une citation :



« Quand j’étais petite, je coupais les cheveux des Barbie, parce qu’elles étaient blondes, et je leur coupais aussi les seins, parce que j’en avais pas. En plus c’étaient même pas de vraies Barbie. C’étaient des poupées de pauvre que ma mère m’achetait à Giga Store. Des poupées toutes nazes. Tu jouais avec deux jours, elles devenaient mutilées de guerre. »



Faïza Guéne a écrit ce roman alors qu’elle n’avait que 19 ans et nous montre déjà une certaine maîtrise avec les mots, malgré quelques maladresses bien excusables pour un premier roman.

Elle a d’ailleurs confirmé son talent avec, entre autre, « Un homme ça ne pleure pas » que j’ai beaucoup aimé.



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Un homme, ça ne pleure pas

Roman repéré à La Grande Librairie et fortement conseillé par la médiathèque que je fréquente : deux bonnes raisons de se lancer sur ce roman.



Dans ce roman, Faïza Guène fait le portrait d'une famille d'origine algérienne dont les membres vivent leur rapport aux origines et à la France de manières très différentes. Et les confrontations sont parfois juteuses !



Si le début ne m'a pas trop emballées - la fin non plus d'ailleurs. Il faut tout de même reconnaître que Faïza Guène a fait le choix d'une narration très simple, très vraie et drôle - un parler très algérien ! - ce qui en fait un récit authentique et touchant.

Grâce à la chaleur et la simplicité de ses personnages d'origines modestes, l'auteur fait ressortir des contradictions "honteuses" de la société française moderne. Ces reproches visent principalement les relations humaines avec l'ingratitude et le manque de respect des enfants vis-à-vis de leurs aînés (et surtout de leurs parents!) et le manque de liens sociaux profonds entre les gens devenus aussi facilement jetables et remplaçables que des objets high-tech.

Et parallèlement à cela, Mourad (le personnage principal) qui devient professeur de français dans le 93 assiste assez perplexe aux éternels débats entre ses collègues sur le glissement des valeurs familiales et les conséquences dans leur métier (jeunes avec des repères flous que le système n'est plus apte à aider avec des simples transmetteurs de savoirs).

Dans ses descriptions j'ai autant reconnu des moments vécus dans ma propre famille ou avec des amis, et aussi dans mon travail ! (la précision des faits "made in Education Nationale" est d'ailleurs bluffante!)



En revanche, j'ai trouvé que le personnage de Dounia - celle qui s'éloigne de sa famille et des traditions pour s'assimiler totalement à la vie française - beaucoup trop caricatural. Bien sûr, il n'en reflète pas moins une certaine réalité, mais la façon de la diaboliser est bien trop surfaite ; et l'auteur y perd de sa crédibilité. On comprend bien à travers ce personnage l'attachement de Faïza Guène à ses traditions, ses racines et le caractère immuable et sacré qu'elle leur prête. Mais entre ce personnage et la diatribe enflammée pro port du voile à l'école : non ! c'est trop. Certes, je ne partage pas son point de vue, mais là n'est pas le problème, il me semble que son opinion aurait pu être exprimée de façon moins vindicative.

Au final, comme son personnage qu'elle critique tant, Faïza Guène semble vouloir régler des comptes. Peut-être cette fougue mal dirigée sera-t-elle plus raisonnée avec l'âge..



Malgré ce petit bémol, ce fut une découverte bien sympathique !
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Millénium blues

Elle rêvait de devenir princesse - comme nous toutes ?

Ou plutôt épouse de pionnier du Minnesota, puisque pour elle, Charles Ingalls incarnait l'homme idéal. Costaud, bosseur, adroit de ses mains, beau, chevelu, doux, aimant, réfléchi, etc.

Son bel Eddy n'a pas tenu longtemps la comparaison...



Sur fond de nostalgie des 90's, avec Abba (des 70's - 80's) en bande-son, l'auteur nous raconte la vie semée d'embûches de Zouzou, petite parisienne métisse - divorce parental, sévère dépression de la bonne copine après une tuile, 'faiblesses' (euphémisme) masculines, maternité (côté fille et côté mère), monoparentalité...



Je situe Faïza Guène et ce livre en particulier entre Marie-Sabine Roger (que j'aime bien) et Virginie Despentes (que j'adore), mais quelques crans en-dessous quand même, à cause des poncifs et d'une certaine facilité.

L'humour et le cynisme de l'auteur m'ont interpellée, amusée, parfois émue. J'avais déjà apprécié son 'Kiffe kiffe demain' et ses 'Gens du Balto'.

Ce style de lecture a fait mon bonheur à l'adolescence et je l'avais laissé de côté. Le plaisir éprouvé ici me donne envie d'y revenir plus souvent.



• Une demi-étoile a sauté avec le dernier chapitre et cette phrase, notamment : « Ça serait bien qu'on ne s'habitue pas à la terreur. »

J'ai dû mal à admettre qu'on puisse parler de 'terreur' quand, en Occident, on a un toit et de quoi vivre, aujourd'hui. L'inquiétude induite par le terrorisme n'a rien à voir avec la 'terreur' des populations d'un pays en guerre, faut quand même pas déconner.

Cette simplification démago/populiste de la part de l'auteur dans la dernière ligne droite m'a paru d'autant plus cocasse et malvenue que ce genre d'idée et de discours simplistes autour de l'insécurité a contribué à couler Lionel Jospin dès le premier tour en 2002 - épisode politique que Faïza Guène évoque par ailleurs avec pertinence dans ce roman.



PS : pour la couverture, j'aurais plutôt mis un casque de walkman que des écouteurs, plus représentatif de ces 90's dont il est tant question dans ces pages...

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♪♫ « Si, un jour, je rencontre Björn Ulvaeus et Benny Andersson, je les remercierai d'avoir écrit la bande originale de ma vie. » (Zouzou, p. 174)

https://www.youtube.com/watch?v=_NaGikvO9t8

https://www.youtube.com/watch?v=p4QqMKe3rwY
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La Discrétion

La discrétion est de mise chez Yamina, née dans les années 50 , et mariée en Algérie .

Elle a vécu les différents chaos qu'a connu ce pays. Son mari Brahim vient travailler en France, et c'est ici que naîtront leurs enfants.

Ils habitent Aubervilliers et Yamina élève ses enfants dans le respect de leur pays . Des 4 enfants, un fils, trois filles, l'une d'elle a la rébellion dans le sang, et ne manque pas de remarquer les humiliations subies et en particulier par sa mère qui n'est que douceur.

L'idée du livre est que Yamina cache une colère profonde venue d'Algérie, qu'elle la maîtrise totalement mais qu'elle sourd chez ses descendants et reprend racine.

Au lecteur de définir cette colère si présente en esprit dans le texte alors que la discrétion de Yamina est exposée.

Un joli hommage d'une fille à sa mère, romancé ou plus personnel.

Merci à NetGalley et aux Edts Plon pour cette lecture. #rentée littéraire.
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