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Critiques de Françoise Cloarec (103)
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Dans l'ombre de sa soeur

Je suis une lectrice inconditionnelle de Colette depuis mon adolescence. La musique de son écriture eut sur moi un effet immédiat. L'univers de l'enfance, l'amour du terroir, les amitiés féminines, les premiers émois amoureux, les liens avec les animaux, une liberté de pensée farouche, tout me fut enchantement. J'ai lu presque tous ses livres et beaucoup de biographies retraçant sa vie vagabonde et affranchie.



Je connaissais donc l'histoire de la famille, telle qu'elle était écrite par Colette. Sido, sa mère à l'esprit frondeur, son père, le capitaine Colette, toujours un peu dans les nuages, la fratrie : deux frères qu'elle admirait, Léopold et Achille, né du premier mariage de Sido, et enfin Juliette, née elle aussi du premier mariage de Sido. La soeur au visage mongol et aux longs cheveux, la fille mal mariée et ingrate qui accouche à distance de Sido. Je ressentais un malaise, un non-dit dans cette famille. Juliette. Ingrate de visage ? de caractère ? de toute évidence, il manquait une pièce du puzzle. D'autant que de la fille ingrate, Colette en disait peu, mais donnait à penser que les déboires financiers de la famille suivis du déménagement obligé de la maison de Saint-Sauveur étaient liés à Juliette, à son mariage et à sa sujétion à son mari.



Aussi, dès que paru le livre Dans l'ombre de sa soeur de Françoise Cloarec, je m'empressai de l'acheter, décidée à connaître cette partie obscure sur laquelle Colette, biographe de sa famille, faisait l'impasse, de même que les biographes de Colette ne s'attardait pas sur le destin de Juliette. Je ne fus pas déçue. Françoise Cloarec, romancière, biographe, et psychanalyste, s'est imprégnée longuement de l'atmosphère de « la maison de Colette » à Saint-Sauveur-en-Puysaye. Au fil de ses visite, elle s'est passionnée pour l'énigme que représentait cette jeune femme dont on parlait si peu. Alors, elle se documente, mène son enquête et surtout, psychanalyste de métier, amène au jour les secrets soigneusement occultés. En dirigeant le projecteur sur la soeur mal mariée, elle met en lumière les angles morts de la vie provinciale de cette époque. le poids de la religion et des héritages. Tous les héritages. Les biens, patrimoine, argent, terres, mais aussi la transmission des tares, tant physiques que mentales.



Alors, pour cette fois, un livre s'ouvre sur Juliette. La soeur mal-née, mal-mariée, mal-aimée sort de l'ombre. Nous sommes le 15 avril 1884 et c'est le jour de son mariage. « Juliette est seule, assise à la table du banquet, immobile. La tête penchée, entraînée par la masse de ses cheveux bruns, aucune expression ne transparaît sur son visage. » Dès cet instant, Françoise Cloarec l'accompagne avec toute son empathie, son expérience de thérapeute. Ce portrait de la jeune mariée s'appuie sur les écrits des témoins, les photos du mariage. Colette livre quelques lignes sur cet évènement : « sa singulière figure mongole, défaillante, soumise au point que j'en eu honte. »



Juliette, cette passionnée de lecture et de grands écrivains n'a laissé aucun écrit, aucune lettre. Aucun lien littéraire ne fut établi entre les deux demi-soeurs.

En redonnant sa place à l'aînée de la fratrie, Françoise Cloarec rappelle aussi la condition des femmes au XIXe siècle, début XXe, leur liberté relative et bien plus souvent, leur sujétion. Une étude et une reconstitution de l'époque que je recommande.



*La société des amis de Colette s'est donnée mission de restaurer la sépulture de Juliette, aujourd'hui à l'abandon

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J'ai un tel désir

Les destins croisés de deux femmes exceptionnelles éprises de liberté et féministes avant l’heure : Marie Laurencin et Nicole Groult. Deux femmes issues d’environnements différents qui pourtant vont vivre une immense passion amoureuse.



Marie Laurencin est issue d’un milieu modeste, elle a une jeunesse solitaire à Montmartre auprès de sa mère célibataire, à l’époque on aurait dit « fille mère ». Mais elle va devenir peintre et côtoyer des artistes de renom de la Belle époque, Braque qui lui ouvre des portes du monde artistique, Picasso, Picabia… Pendant cinq ans elle partage la vie du poète Guillaume Apollinaire qui l'encourage dans sa voie, la considère comme sa maîtresse bien sûr mais aussi comme sa domestique dans la vie quotidienne… elle s’en échappera au bout de cinq ans puis sur un coup de tête épousera un baron allemand. Ceci lui vaudra un exil en Espagne pendant la guerre de 14-48.



Nicole Groult, de son coté, appartient à une grande famille de créateurs, elle est la sœur cadette de Paul Poiret, grand couturier de l’époque, elle-même est une styliste renommée. Son mari, André Groult est décorateur et dessinateur de meubles raffinés et elle évolue dans un milieu mondain où les festivités sont nombreuses.



Les deux femmes se rencontrent au Salon des Indépendants en 1911 et tout de suite un courant passe… c’est le début d’une liaison très forte qui va transformer leurs vies.



Un roman… plutôt une biographie, mais avant tout le récit d’une relation passionnelle entre deux femmes d’exception. Françoise Cloarec s’est plongée dans leurs vies, documents écrits, rencontres avec les filles et petites filles de Nicole Groult, lecture d’une abondante correspondance en particulier des lettres enflammées de Marie à Nicole. Si au départ elle avait encore quelques doutes sur la nature des relations, platoniques ou homosexuelles, entre les deux femmes, cette phrase trouvée par hasard dans une de ces missives, et dont le début donne le titre au roman, confirme une grande passion au-delà des conventions de l’époque.



J'ai un tel désir de voir ton visage dans le plaisir, je pense souvent à cela » écrivait Marie Laurencin à Nicole Groult.



D’ailleurs la photo utilisée pour la première de couverture du roman de Françoise Cloarec ne fait aucun doute sur les relations unissant les deux femmes : les regards éperdus, la main discrètement posée sur le genou de l’aimée. Une très belle illustration.



Françoise Cloarec, invitée au salon du roman historique de Levallois en mars 2019, avait fait une brillante et enthousiaste présentation de son livre. Elle m’avait donné l’envie de le lire au plus tôt et j’en attendais beaucoup. Même si j’ai apprécié cet ouvrage et que j’ai appris beaucoup sur les deux « héroïnes », je dois avouer une légère déception. Le style est agréable mais assez académique, j’aurais aimé peut-être un peu plus de folie. J’ai aussi trouvé que l’autrice se perdait de temps en temps dans des descriptions, répétitions et digressions un peu trop longues qui cassent le rythme du récit. Malgré tout je recommande vivement cette lecture sur ces deux femmes en avance sur leur temps.

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J'ai un tel désir

Dans le Paris de la bande à Picasso, il y a une femme : Marie Laurencin.

Cette femme peintre c'est la compagne, pour un temps, de Guillaume Apollinaire, qui l'intègre dans ce cercle très fermé.

Dans ce même Paris, dans les mêmes rues, la jeune Nicole devient Madame Groult et créer sa maison de couture.

Deux femmes libres qui vont se rencontrer et s'aimer. La guerre va les séparer mais ni la distance ni les horreurs ne vont effacer les sentiments.



Florence Cloarec est une habituée de l'époque, dans son récit L'indolente sortie en 2016, elle narrait la vie de Marthe Bonnard, femme et muse du célèbre peintre. Nous retrouvons ici avec plaisir sa plume, simple et féminine qui décrit avec un réalisme saisissant la vie de bohème. De nombreux extraits de correspondances et de citations d'artistes émaillent le texte, donnant une voix à chaque protagoniste. Benoite et Flora, les deux filles de Nicole, partagent avec l'autrice leurs souvenirs de Marie et de sa relation avec leurs parents. Un livre entre fiction et recherche historique et artistique.



Florence Cloarec fait revivre sous nos yeux les quartiers Montparnasse et Montmartre, les cafés et les ateliers d'artistes. Un doux vent de nostalgie et de liberté flotte entre ses pages.
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J'ai un tel désir

Nicole Groult, Marie Laurencin : le récit passionnant d’une relation passionnée, récit de l'histoire d'amour de la peintre Marie Laurencin et de la couturière Nicole Groult dans le Paris du début du XXe siècle.



Le destin de deux femmes, incroyablement fortes, indépendantes, talentueuses, qui ne se soucient d'aucune morale. Deux femmes en avance sur leur temps qui vont conquérir leur liberté et leur place.

Entourées d’Apollinaire, Picasso, Braque, Paul Poiret, Cocteau, Max Jacob, Gertrude Stein, elles vivront une histoire hors norme jusqu’au bout.



Entre amitié et amour, « j’ai un tel désir » est la biographie de deux créatrices, de deux féministes, de deux personnalités singulières.
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J'ai un tel désir

Livre lu dans le cadre de la masse critique. j'ai été attiré par le synopsis, une relation forte, amoureuse, entre deux femmes au début du xx ème siècle.

je ne m'attendais pas du tout à lire une biographie. Une première pour moi. Un début chaotique, beaucoup de personnages, de cercles familiaux, amicaux à assimiler pour bien situer les personnages, qui sont majoritairement des artistes peintres ou dans le milieu de la couture.

plus ma lecture avance, plus je me rend compte du travail de l'auteur, c'est très précis, bien construit, et beaucoup de références y sont annotées.

On suit le parcours de Marie Laurencin, son histoire avec Apollinaire, son mariage avec un allemand, puis son exil en Espagne lors de la grande guerre. Et, Nicole Groult, qu'elle rencontrera, et qui vivront une histoire intense et hors du commun.

le destin de deux femmes, fortes, indépendantes, talentueuses, qui ne se soucie d'aucune morale sauf la leur.

Pour les amateurs de biographie et d'art, c'est un super ouvrage.
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J'ai un tel désir

Après avoir dressé le portrait de Marthe, la muse de Bonnard, dans « L’Indolente » (disponible chez J’ai Lu), Françoise Cloarec nous raconte ici la relation tendre et particulière entre la peintre Marie Laurencin et la couturière Nicole Groult.

Je connaissais déjà un peu l’oeuvre de Marie Laurencin, son style immédiatement reconnaissable, vaporeux et fluide, aux tons roses et gris très doux, ces portraits de femmes gracieuses aux yeux de biche ; je ne connaissais en revanche pas du tout Nicole, styliste et soeur du couturier Paul Poiret, en dehors du fait qu’elle soit la mère des deux écrivaines Benoîte et Flora Groult.



Lorsque ces deux femmes se rencontrent, elles ont déjà un certain vécu sentimental et professionnel – Marie en particulier fut longtemps la maîtresse de Guillaume Apollinaire à qui elle inspira de nombreux textes ; elle fréquenta le fameux Bateau-Lavoir de la belle époque montmartroise et ses non moins fameux occupants, Picasso, Derain, Braque… Toutes deux se reconnaissent : originales et non conventionnelles, sensibles et gracieuses, elles resteront liées jusqu’à la fin.

L’auteure raconte avec précision comment des femmes en avance sur leur temps conquirent leur liberté, leur indépendance et leur place dans des milieux et à une époque où cela n’allait pas de soi. Elle n’occulte pas non plus les quelques nuages assombrissant la vie de Marie Laurencin (l’exil forcé en Espagne avec son époux allemand durant la guerre, des opinions discutables) et livre un portrait très documenté (grâce notamment aux souvenirs de la féministe Benoîte Groult et aux centaines de lettres échangées) de la « dame du cubisme ».
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Storr : Architecte de l'ailleurs

'ai découvert avec émerveillement un artiste dont je découvre le nom grâce à une émission de radio et qui aura peut-être bientôt une exposition pour le faire mieux connaître.

Un livre vient d'ailleurs de lui être consacré, celui de Françoise Cloarec, peintre et psychanalyste, qui présente Marcel Storr, ce peintre cantonnier de la ville de Paris qui a dessiné soixante-douze dessins de villes, de cathédrales, de monuments imaginaires qui la fascinent immédiatement dès qu'elle les voit.

Né à Paris en 1911, abandonné par sa mère en 1914, il est confié dès deux ans et demi à des paysans de province qui l'exploitent et le maltraitent.

Sourd, illettré, solitaire, il ne parle presque pas mais dessine en rentrant chez lui, le soir, de façon systématique et sans retouches, en commençant par le haut de la page blanche et en finissant par de tout petits personnages au bas de la feuille.

Il dessine au crayon et à l'encre de couleur puis passe du vernis partout sauf sur le ciel et repasse le tout au fer chaud, ce qui donne à son œuvre un aspect bien particulier. (...)
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Dans l'ombre de sa soeur

C’est en tombant sur le portrait de Juliette en visitant la maison de Saint-Sauveur-en-Puisaye que l’autrice décide d’écrire un livre sur la fille ainée de Sido, Juliette.

J’ai beaucoup aimé me retrouver dans l’intimité de cette famille mais la première pensée qui me vient après avoir refermé ce livre c’est : « Mais quelle famille ! »

La fille aînée, Juliette est mise à l’écart, la cadette, Gabrielle (Colette) est un rayon de soleil, la mère, Sido, n’a pas eu une vie personnelle facile et opte pour des comportements différents selon qu’elle a affaire à Juliette ou à Gabrielle.

Puis, il y a les hommes, le père de Juliette, un ivrogne violent, le père de Gabrielle qui n’a jamais vraiment travaillé et a mis sa famille dans l’inconfort et bien sur le mari de Juliette, un mariage arrangé sans aucun amour.

Tout cela est quand même très particulier mais ce récit est très intéressant et richement documenté.

Si on retrouve beaucoup de citations de Colette en rapport avec ce que vit sa famille, le personnage de Colette est quasi absent et c’est bien Juliette ainsi que les autres protagonistes qui tiennent une grande place dans cette histoire.

Ce fut une très bonne lecture et qui m'a permis de me retrouver au cœur de cette famille particulière.
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De père légalement inconnu

La quatrième de couverture vantant un sujet passionnant - une femme à la recherche de ses racines, de son père - j'y allais avec un a-priori très positif. Je m'attendais à des personnages fouillés, à une histoire émouvante, du moins à rester attachée à ce roman tout au long de l'histoire.



J'en suis fort déçue. J'ai pourtant essayé, essayé de m'attacher aux personnages qui apparaissent, essayé de faire abstraction de l'écriture laborieuse pour me concentrer sur l'histoire distillée ici et là, essayé de construire moi même des personnages qui tenaient la route. Mais en fait, non, vraiment non. Un livre de 140 pages qui pourrait tenir dans une copie double, l'impression de se faire avoir comme quand on regarde un film chiant et qu'on se dit " quand même, il va se passer quelque chose!".



J'ai vraiment l'impression d'être passée à côté de quelque chose, je l'ai fini parce que c'était dans le cadre d'un masse critique, mais honnêtement, dans toute autre situation, j'aurai survolé ce bouquin juste pour voir si enfin le truc décollait. (même au milieu, quand enfin on rentre dans l'histoire de l'enfance de l'héroïne, c'est ennuyeux...).
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De père légalement inconnu

C'est dans le cadre du challenge Prix des Lecteurs Nantais que ce livre est arrivé entre mes mains. De Françoise Cloarec, je ne connaissais que son ouvrage consacré à Séraphine de Senlis dont l'adaptation au cinéma connut un grand succès.

C'est en faisant la connaissance de l'adjudant-chef Philippe Lafargue, archéologue militaire au service historique de la Défense que François Cloarec a appris l'existence de service qui permet aux enfants sans noms d'entamer des recherches. C'est lui qui lui parlera de Camille, l'héroïne de notre roman.



Comme près de 4 000 enfants, Camille a embarqué à Saigon le 26 décembre 1955 à bord du Cyrenia en direction de Marseille, laissant derrière elle son passé, son histoire, sa mère et ses frères et soeurs. Camille est eurasienne, née d'une mère vietnamienne et de père légalement inconnu, présumé français.



"Un jour, on appelle les enfants sur le pont : des dizaines de dauphins semblent encourager et soutenir les petits passagers dans une danse voluptueuse. Ils jouent, sautent, plongent, se déplacent à grande vitesse à la surface de la mer s'accompagnant de cris aigus. Les enfants applaudissent. La joie fait reculer la détresse, les raisons de la traversée. Seul le désir de vivre a un sens. L'envie de s'amuser, de plaisanter est plus forte que la mélancolie. L'abandon n'a pas encore de nom". (p.96)



Ce roman rend hommage à travers le destin de Camille, petite fille confiée aux bons soins des Sœurs de l'institution française FOEFI en charge de transformer ces petits métis en de parfaits petits français à ces milliers d'enfants arrachés à leurs familles vietnamiennes, à leur langue, leur culture.



Car à l'époque, le gouvernement français veut soustraire ces enfants à leurs mères annamites, ces mères naïves et à ces pères français qui ont fauté et donnent une mauvaise image de la France. Alors ces biens-pensants de la FOEFI (fédération des œuvres de l'enfance française en Indochine) vont avoir l'idée d'extraire ces enfants de leurs familles, leur pays et d'en faire d'honnêtes citoyens français.



suite sur le blog ;-)


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De père légalement inconnu

«De père légalement inconnu » de Françoise Cloarec

En 1949, au cours d’une réception, Camille est présentée à la société huppée de Hué, ville du centre de l’Annam. Elle est la fille du colonel Régis Delore et de Thi Vien, fille de mandarins estimés. Ce sera le seul souvenir qui aura échappé à l’amnésie de cette toute petite enfant.

Mais qui est ce père ? Camille a maintenant 60 ans. Elle est mère et grand-mère. Elle se rend au centre d’archives du Ministère de la Défense et rencontre l’adjudant-chef Bastillac. Il aide tous ceux qui sont à la recherche d’un ancêtre. Il sait observer, « un peu détective, un peu freudien ». Il va remonter le fil de cette vie et retrouver la trace de ce père.

En 1947, le colonel Régis Delore est à Hué. Il tombe amoureux de Thi Vien. Celle-ci est bientôt enceinte. La femme et les enfants du colonel sont restés en France. Il ne veut ni se soustraire à ses responsabilités, ni reconnaitre sa fille. Il tranchera en décidant qu’elle sera envoyée en France, partageant ainsi le sort de 4500 autres enfants métis. Elle portera les stigmates de deux continents, de deux univers opposés et en guerre. Elle s’appellera Camille, comme sa grand-mère paternelle. Avec cette nouvelle identité, son prénom vietnamien sera effacé et son père sera désormais légalement inconnu, mais présumé français. Arrivée dans un pensionnat à Illiers-Combray, Camille perdra tout ancrage. Régis Delore, devenu général, habite dans les environs du pensionnat et veille de loin sur sa fille. Camille incarne sa part de mystère. Il meurt le jour du Têt, le 16 février 1980.

Grâce à l’adjudant-chef Bastillac, la quête de Camille se termine. Elle retrouve ce père fantomatique qui désormais prend corps. Son histoire va pouvoir s’écrire au présent : Régis Delore, un homme, un père, un mort. Elle a trouvé un nom, un destin, une histoire, la sienne. Victime collatérale de cette guerre, elle retrouve enfin son identité, 40 ans après.

Françoise Cloarec, psychologue, psychanalyste, peintre et écrivain, retrace sans pathos mais avec empathie, de sa fine plume de clinicienne, cette « fiction librement inspirée de faits réels». L’auteure nous avait précédemment amenés sur les traces de Séraphine de Senlis, femme de ménage et peintre talentueuse que la maladie mentale avait envahie. Dans ce nouvel ouvrage, le regard compétent de cette experte, se porte sur le destin douloureux de ces enfants nés dans le fracas de la guerre. Ils ont été légalement abandonnés et sont désespérément en quête de leur filiation. Touchant d’émotion retenue.

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Séraphine : La vie rêvée de Séraphine de Senlis

Ce fut pour moi une belle et troublante rencontre en compagnie de Florence Cloarec. J'ai dévoré ce petit opus biographique, me suis laissée envoûter par la complexité de l'oeuvre, de la femme, par la somptuosité étrange, l'exubérance presque dérangeante, intimidante des peintures; par la plume de Françoise Cloarec.



Son écriture est particulière, alternant récit factuel et longues digressions parfois poétiques– sur les lieux ou points historiques – souvent émouvantes. L’auteur est psychanalyste et peintre. Elle nous livre avec passion cette biographie qui rend hommage à l’œuvre comme à la femme, avec les mots et le regard de sa double compétence; des mots et un regard sensibles, précis qui nous offrent un récit brillant, intelligent, comme on espérerait que le soient tous ceux qui ont pour vocation de dévoiler un talent et partager une passion. Elle y laisse planer le mystère, la beauté de la quête de Séraphine. Elle y esquisse à touches délicates et respectueuses le portrait de l'artiste, sans occulter pour autant la dureté du contexte, sans le déparer d'une analyse trop psychanalytique ou historique.




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Dans l'ombre de sa soeur

C’est lors d’une visite de la maison de Colette, que Françoise Cloarec est attirée par la demi-soeur de Colette, Juliette. Un regard lourd, une façon d’être sourde au monde, de s’y soustraire. Elle retrace avec ce roman biographique l’histoire de la famille de Juliette, de sa mère Sidonie, de sa célèbre sœur Colette, de mariages forcés et d’amour contrariés.



Entre roman et biographie, c’est surtout le portrait d’une époque, d’une famille et des femmes. L’autrice n’a pas son pareil pour décrire la solitude féminine et le carcan d’une société.



A lire aussi ses romans sur l’amour entre Marie Laurencin et Nicole Groult J’ai un tel désir, et L’indolente sur Marthe Bonnard, la femme du célèbre peintre.
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J'ai un tel désir

▶️1911 : Marie Laurencin, 28 ans, jeune peintre prometteuse, amie de Picasso, de Braque et des autres locataires du Bateau Lavoir, vient de rompre avec Apollinaire quand elle rencontre Nicole Groult, sœur de Paul Poiret et jeune épouse d’André Groult, décorateur et créateur de meubles d’art : «sans s’être jamais vues, elles se reconnaissent... »

▶️Dans le Paris de la belle époque, les deux jeunes femmes entament une liaison amoureuse, une amitié sensuelle qui durera (presque) toute leur vie...

▶️1914 : Marie, qui vient d’épouser un authentique baron allemand est contrainte de s’exiler durant les 4 années de guerre : elle peint moins, et seule la pensée de Nicole et leur correspondance soutenue l’empêchent de sombrer dans la dépression - ces pages sont tout simplement magnifiques...

▶️1920 : Nicole écrit à Marie: «je suis enceinte, il est de toi, viens vite! » - ce sera Benoîte Groult !, l'écrivaine, et essayiste féministe, auteure notamment du futur "Ainsi soit-elle"...

▶️C’est ici le portrait croisé de deux femmes follement modernes pour leur époque, avant-gardistes même, talentueuses et indépendantes, affranchies des conventions sociales de l’époque et de leur milieu : «j’ai un tel désir de voir ton visage dans le plaisir.. » - quel titre!..

▶️L’auteur, avec une écriture légère d’aquarelle, sensuelle aussi, brosse le tableau d’une relation hors normes, lumineuse, portée par un désir farouche de liberté - d’une époque révolue aussi....

▶️Un roman biographique drôle, poétique, sensible et «impressionniste », sensuel et passionnant !!.. A LIRE!
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Séraphine : La vie rêvée de Séraphine de Senlis

Une très belle biographie courte, documentée, écrite avec finesse sans aucune lourdeur ou métaphore déplacée. Je l’ai lue d’un trait et en suis sortie les larmes aux yeux. L’auteur est psychanalyste et pourtant ce livre est d’une émotion remarquable.
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L'indolente

"L'indolente", c'est la beauté d'un mystère qui perdure. Celui de Marthe de Méligny, la muse et la compagne du peintre Pierre Bonnard pendant cinquante ans, qui résiste à toutes les tentatives de percer ses silences, ses mensonges, ses contradictions et ses secrets - même devant des tribunaux, après sa mort et celle de Bonnard.



Le roman embrasse tout une époque, une constellation artistique passionnante ; tout autant qu'un couple silencieux et sauvage, et un amour auquel une œuvre entière, lumineuse et colorée, est dédiée alors même que Marthe est une personnalité toute en ombres.



Françoise Cloarec intervient assez peu dans la narration mais elle a sans aucun doute beaucoup travaillé. Elle fait le choix d'une forme romanesque un peu bâtarde, pour tâcher de faire exister Marthe sans pour autant avoir la prétention de savoir ce qu'elle pense et ressent. Je trouve profondément émouvant que cette femme demeure un mystère et que l'écrivaine accepte de nous la livrer comme telle. C'est un très bel hommage.
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Séraphine : La vie rêvée de Séraphine de Senlis

Séraphine était employée de famille dans sa ville de Senlis au début du XXème siècle. Un jour, elle se met à peindre...sans avoir jamais appris, elle réalisera de magnifiques tableaux, colorées, gais, foisonnants de vie. Le jour, femme de ménage, la nuit peintre autodidacte. Le collectionneur d'art allemand, Wilhem Uhde, la prendra sous son aile pendant de nombreuses années, lui permettant de vivre de son art, jusqu'à ce qu'elle sombre dans la folie à l'orée de la deuxième guerre mondiale. Elle passera les vingt dernières années de sa vie enfermée dans un asile, où elle ne touchera plus jamais un seul pinceau.

Un destin étonnant racontée par Françoise Cloarec dans une biographie courte, assez impersonnelle. Peut-être est-ce dû au manque d'informations concernant Séraphine à la vie si banale extérieurement ? Les quelques tableaux présentées ainsi que les photos rendent un peu compte de la vie intérieure intense qui devait néanmoins agiter Séraphine.
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L'indolente

Marthe Bonnard, Marthe Solange, Marie? Trop de nom différent pour une même femme. Ce qui partait à la base d'un simple coup de tête finit dans un tribunal. Un essai plus qu'un roman qui nous montre un autre aspect de la vie d'un artiste : celui de son héritage ou comment un faux nom peut boulverser l'histoire de l'art
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L'indolente

J'attendais beaucoup de ce livre. J'avais lu il y a quelques temps "Elle par bonheur et toujours nue" sur le même sujet, que j'avais beaucoup aimé. J'espérais donc l'approfondir avec ce livre. Je n'ai malheureusement pas trop accroché avec le style. Difficile de dire pourquoi. Ca m'a dérangée de me sentir constamment entre l'essai et le roman. L'auteur se met dans la peau de son personnage, lui prêtant des sentiments, tout en gardant une forme de distance qui m'a dérangée. J'aurais beaucoup aimé apprécier ce livre au sujet intéressant mais malheureusement la magie n'a pas opéré.
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De père légalement inconnu

Le roman repose sur la quête de Camille née de Thi Vien et d'un père inconnu français, à Hué, au Vietnam. Le mutisme de sa mère, les portes se ferment sur ses questionnements, jusqu'au jour où enfin, un militaire fera tout pour accéder a sa requête.Sur fond de guerre d'Indochine, l'histoire se dévoile, nous rencontrons Christophe et sa femme Maï, Mme Faubert...

Camille parviendra t-elle à mettre un visage sur ce père tant rêvé ?

Sur ces 750 enfants arrachés a leurs famille, déportés vers la France, combien connaitront leurs véritable histoire ?

Un roman passionnant qui dévoile une fois de plus le bon et le mauvais de l'être humain !
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