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Critiques de Gabriel Garcia Marquez (1216)
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Cent ans de solitude

INCOMPARABLE ! sorte d'Objet Littéraire Volant Non Identifié. Voilà les premiers mots qui m'étaient venus à l'esprit lorsque je refermai jadis ce livre. Je n'avais jamais rien lu de comparable à l'époque. Désormais, avec quelques années de plus au compteur, j'arrive mieux à percevoir d'où Gabriel Garcia Márquez a puisé son style et son énergie littéraires.



On sait la dette que Garcia Márquez reconnaît avoir contractée auprès de Franz Kafka et son Réalisme Magique doit sans doute effectivement beaucoup au monde surprenant du Tchèque. Mais, selon moi, son inspiration provient surtout d'autres auteurs latino-américains comme le grand nouvelliste uruguayen Horacio Quiroga, qui, dans ses contes aime à injecter un peu de surnaturel, tel que pouvait le faire Maupassant dans ses nouvelles fantastiques.



Mais surtout, le grand inspirateur de Garcia Márquez, c'est indubitablement et avant tout le Mexicain Juan Rulfo et son roman Pedro Páramo. On y retrouve en miniature toute l'architecture de Cent Ans de Solitude : un même lieu sur lequel évoluent beaucoup de personnages à des époques différentes, sur plusieurs générations, la confusion volontaire entre le " réel " et le rêve, la notion de destin, etc., etc.



On y retrouve même jusqu'à l'incipit, jugez plutôt. Juan Rulfo écrit à un moment : « Le père Rentería devait se souvenir bien des années plus tard de la nuit où la dureté de son lit l'avait tenu éveillé puis forcé à sortir. » Gabriel Garcia Márquez débute quant à lui son roman par la formule : « Bien des années plus tard, face au peloton d'exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l'emmena faire connaissance avec la glace. »



Bref, peu nous importe ici qui a inspiré quoi même si l'apport de Rulfo est criant. Disons plutôt que ce livre aurait pu s'appeler " Histoire (sur)Naturelle de la Colombie ". L'auteur y dépeint et y peint une fresque digne de la tapisserie de Bayeux qui s'étale sur plusieurs générations de la famille Buendia (c'est une saga au sens propre, je ne sais plus le nombre exact de générations mais environ 5 ou 6).



Ce qui frappe, outre le style et sa maîtrise cyclique et chronologique impeccable, outre l'ampleur, la densité, outre le nombre et la diversité des références, outre les considérations coloniales, outre les aspects historiques véridiques, outre l'incroyable tempérament des personnages, outre l'originalité du propos, outre le lyrisme, outre tout, ce n'est pas l'étonnante synthèse que l'auteur a réussi à faire du destin de la Colombie, alias le ville de Macondo dans le roman, non, ce n'est pas cela qui frappe l'inconscient du lecteur, ce sont surtout ses subtiles inclusions de surnaturel qui passent sans surprendre et deviennent presque naturelles à nos yeux, mystifiés de toutes parts.



Je ne classerais probablement pas le chef-d'oeuvre de sortilèges de Gabriel García Márquez dans la catégorie de ceux qui m'ont le plus fait vibrer, mais je reconnais avoir vécu auprès de lui de très bons moments littéraires. J'en garde un souvenir bienheureux car je sais qu'il fait partie de ceux dont on se dit : « Je n'en lirai pas cinquante de cette trempe-là. » Mais tout ceci n'est que mon avis, un parmi tant d'autres, c'est à dire, pas grand-chose.
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Cent ans de solitude

Je ne savais rien de ce livre , ni de ce qu'il racontait, jusqu'à ce que j'entende son titre parmi les nombreux commentaires et éloges qui accompagnèrent la disparition de son auteur.

Il y a des livres qu'on ne peut résumer.

Alors je vais vous dire ce qu'on trouve dans "Cent ans de solitude".

Il y a un village (Macondo), une famille (les Buendia), et il y a... de l'amour, de l'humour, de la féérie, de l'illusion, des rêves, des fantômes, des maladies (la peste du sommeil ?), des drames, des morts, et aussi, des civils, des militaires, des fourmis, des oiseaux morts, des filles de joie, de la violence, du sexe, des années qui passent, des hommes, des femmes, des jeunes, des vieux, des très vieux, et même des très très vieux qui n'en finissent pas de vivre...

Et puis, surtout, il y a des prénoms, les mêmes, qui reviennent de générations en générations, des prénoms qui embrouillent le lecteur, comme ils embrouillent les personnages du livre eux même, au point qu'on finit par ne plus savoir qui est le père, la mère, le fils, la fille, le frère, la sœur, l'oncle, la tante, les grands parents, les arrière grand-parents, les arrière arrière grand-parents, jusqu'à provoquer l’erreur fatale...

Oui il y a tout ça, et bien plus encore. il y a tant de richesse dans ce livre, on passe par tant de sentiment.

S'il vous prend l'envie de le découvrir, prenez votre temps, surtout si vous ne voulez pas perdre le fil de l'histoire... C'est un trésor à savourer.

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L'Amour aux temps du choléra

L'amour au temps du choléra - Paru en 1985 - Gabriel Garcia Marquez, écrivain colombien, prix Nobel de Littérature - lu en décembre 2018.

Ma question: comment ai-je pu attendre 33 ans pour lire ce magnifique roman d'amour ? Mais comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, voilà qui est fait !

A la fin du XIX ème, début du XX ème siècle, dans une petite ville des Caraïbes, non citée, où sévit régulièrement le choléra, Fermina Daza, jeune et belle étudiante et Florentino Ariza télégraphiste, violoniste et poète, pauvre, tombent éperdument amoureux et se jurent un amour éternel. Cet amour épistolaire et platonique durera trois ans. Florentino, sut immédiatement que Fermina serait LA femme de sa vie.

Le père de Fermina mit fin à cette idylle qui ne lui convenait pas, voulant pour sa fille un homme d'une classe sociale élevée. Il éloigna Fermina du tentateur en l'envoyant loin de la ville durant quelques temps.

L'éloignement permit à Fermina d'ouvrir les yeux sur son amoureux et décida de terminer son histoire d'amour, ce qui brisa le cœur de Florentino.

Fermina épousa alors le Docteur Urbino Juvénal, beau parti, médecin riche et réputé ayant fait ses études à Paris.

Il habite une grande et belle maison dans un quartier résidentiel. Ils eurent trois enfants, dont l'auteur ne parle pas, l'histoire tournant principalement autour des trois personnages principaux.

Florentino passa alors sa vie à gravir les échelons par le travail dans l'espoir de reconquérir les faveurs de Fermina. S'il y réussit, sa vie sentimentale est un désastre, il eut quantité de conquêtes d'une nuit ,purement sexuelles mais aucun sentiment envers ne fut-ce que l'une d'entre elles, dans sa tête et son cœur, il restait fidèle à Fermina.

"Fermina lui dit-il, j'ai attendu cette occasion pendant plus d'un demi-siècle pour vous réitérer une fois encore mon serment de fidélité éternelle et mon amour à jamais". (page 71) Cette déclaration, Florentino la fit lors de l'enterrement d'Urbino Juvenal, mort d'une chute lorsqu'il tenta de récupérer son perroquet qui s'était enfui de la maison pour se percher tout en haut d'un arbre du jardin.

Il s'était écoulé 51 ans, neuf mois et quatre jours, Florentino avait 22 ans lors de la rupture.

Fermina le renvoya par ces mots : "File, dit-elle. Et ne te fais plus voir tant que tu seras en vie... Et conclut : J'espère que tu n'en as plus pour longtemps" (page 71)

Juste avant de mourir, Urbino eut pour sa femme ces derniers mots : "Il parvint à la reconnaître... à travers les larmes de sa douleur irrémédiable de mourir sans elle, la regarda une dernière fois, pour toujours et à jamais avec les yeux plus lumineux, les plus tristes et les plus reconnaissants qu'elle lui eût vu en un demi siècle de vie commune, et il réussit à lui dire dans son dernier souffle : Dieu seul sait combien je t'ai aimée" (page 61).

Deux déclarations d'amour à quelques heures d'intervalle.

Fermina se demande d'ailleurs au bout de cinquante années si c'est bien de l'amour qu'elle a connu pendant tout ce temps.

Ce roman qui est une ode à l'Amour, à la fois dramatique, triste, drôle dans certains passages, toujours plein de vivacité, avec une multitude de descriptions du quotidien, de drames. Un livre qui laisse éclater les sons, les odeurs, la maladie les pleurs et les rires, la pauvreté, le sexe et bien sûr l'Amour.

Qu'est-ce que l'amour ? Est-ce la passion ? Est-ce la durée dans le temps ? Est-ce l'attachement ? Est-ce la stabilité ?

Autant de questions que l'on se pose en refermant la dernière page de ce merveilleux roman.

Ma première lecture de cet auteur extraordinaire.

Au mois de janvier 2019, notre amie Coya membre des lecteurs bruxellois (le navire bruxellois), viendra nous parler de Gabriel Garcia Marquez lors de notre première réunion de l'année. Il me paraissait évident de lire un livre de lui avant cette réunion, j'ai donc choisi L'amour au temps du choléra. Je suis plus qu'heureuse de l'avoir lu.

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Cent ans de solitude

« Cent ans de solitude » narre l'histoire de la famille Buendia sur plusieurs générations dans un village colombien éloigné nommé Macondo depuis sa fondation jusqu'à sa disparition. Tout débute par une union consanguine entre José Arcadio Buendia et sa cousine Ursula Iguaran, suite à une malédiction le couple va s'exiler et s'installer dans ce lieu reculé pour y fonder une famille.

Macondo est un pauvre village qui au fil des générations s'agrandira, s'enrichira mais traversera et subira les guerres civiles, les conflits économiques et sociaux du pays...



Que dire de « Cent ans de solitude » c'est à mes yeux ma plus belle rencontre littéraire, j'ai eu beaucoup de coup de coeur en littérature, mais cette fois-ci c'est beaucoup plus ; c'est le coup de foudre !

Je me suis laissée fondre dans ce conte où le fantastique flirte avec le réel avec aisance sans que cela ne choque, l'invraisemblable devient normal, les phénomènes surnaturels, les événements magiques, la présence de fantômes s'installent tranquillement dans l'histoire sur un rythme régulier. Ce monde étonnant semble ordinaire...

Les personnages ne sont ni bons ni mauvais, certains cherchent nuire à l'autre sans mauvaise conscience, tout naturellement, d'autres vivent l'inceste en toute innocence, et l'histoire de cette longue lignée se répète, ce n'est pourtant pas l'amour qui les unit mais leur destin est lié.



« [...] l'histoire de la famille n'était qu'un engrenage d'inévitables répétitions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu'à l'éternité, n'eût été l'usure progressive et irrémédiable de son axe ».



Dans ce village imaginaire de Macondo, le narrateur à travers la famille Buendia incorpore l'époque tragique de la Colombie entre 1850 et 1950.



Ce livre m'a transportée dans une autre dimension, son univers très singulier m'a déconnectée du monde réel et ça fait du bien.

Merci M. Gabriel Garcia Marquez pour ce moment de lecture jubilatoire, intense et grandiose, ce fut un réel plaisir. J'aimerais pouvoir oublier ce roman pour le découvrir de nouveau comme une première fois!



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Cent ans de solitude

C'était ma première rencontre avec le réalisme magique (sud-américain en tout cas); et dès la première rencontre j'étais subjugué! J'y ai trouvé tout ce que j'adore lire.



J'ai senti la présence de la veine rabelaisienne et de l'imaginaire des Mille et une nuits. En effet, l'humour, issu de la juxtaposition de situations sérieuses et de situations burlesques, est omniprésent, ainsi que l'imagination infinie qui nous rappelle ces contes orientaux et ces mythes. Le réel et le fictif se marie si bien qu'ils nous donnent l'impression de réalisme.



Cent ans de solitude est le roman d'une dynastie au sort singulier. Mais, on peut y voir l'histoire de toute l'humanité. Le premier était lié à un arbre et le dernier sera dévoré par des insectes monstrueux! Dans le Coran, on trouve que le sort du premier homme Adam a été lié à un arbre, et qu'à l'Apocalypse (selon une dernière exégèse du Coran) des insectes étranges vont dévaster la terre et mettre fin aux derniers hommes. Ce roman englobe toute l'humanité: l'histoire de développement et de décadence, de guerre, de révolution, de péchés, d'amour (plusieurs ressemblances avec des histoires bibliques aussi)... La terre tourne et l'histoire de Macondo aussi.



D'une magie étrange Garcia Marquez donne à chacun de ses personnages (mêmes les moins importants) un aspect vivant qui nous charme! Cet homme qu'on attache à un arbre pour le reste de sa vie, ce fils qui demande à sa mère de l'égorger de peur d'être enterré vivant, cet autre qui, après une vie légendaire, se ferme dans un atelier pour faire des recherches bizarres, cette fille tellement belle qu'elle envoûte tous les hommes et reste vierge pour monter au ciel, ce sage gitan qui revient après sa mort avec sa prophétie, cette mère qui résiste à tous les âges...(et plein d'autres qu'on aime beaucoup à la lecture).



Et bien des années plus tard, face à la page de Babelio, je me rappelle ce lointain temps au cours duquel l'envie de lire m'emmena faire connaissance avec Garcia Marquez.

Un grand plaisir, un grand livre.
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Cent ans de solitude

La fascination que ce roman a exercée sur moi peut s'illustrer par la seule citation que j'en ai extraite et qui, en une phrase absolument interminable et sublime, fait jaillir de la bouche d'une des protagonistes toute la verve, toute la saveur, tout le burlesque et tout le charme de la plume de Gabriel Garcia Marquez. Comme l'ont déjà fait remarquer moult lecteurs, ce livre ne ressemble vraiment à aucun autre. Sur près de 500 pages, j'ai passé le premier tiers de ma lecture à me demander où l'auteur voulait m'entraîner et puis j'ai compris en un déclic que si je voulais que l'alchimie se crée entre ce roman et moi, je devais arrêter de me poser cette question et me contenter de me laisser entraîner par l'auteur, et ça a marché !



« Cent ans de solitude » serait une peinture de l'humanité, sorte de « nature-vivante », saisie dans le prisme de la famille Buendia, vivant – on le devine même ce n'est pas dit explicitement – dans une Colombie encore très sauvage voire hostile, et ayant fondé courant XIXème siècle le village isolé de Macondo d'où elle a développé ses racines et étendu ses branches, en un éternel cycle de naissance, d'existence et de mort. Ni apologique ni réprobatrice, cette grande fresque, à la fois réaliste et fantaisiste, place ce roman en équilibre entre utopie et purgatoire.



Dans « Cent ans de solitude », les frontières semblent abolies, celles de l'espace, du temps, du réel et du fantastique, de la morale, etc. La foule de personnages évolue vaille que vaille dans une incroyable anarchie paradoxalement ancrée dans la génétique et pas seulement dans celle des Buendia de tout bord mais plus sûrement dans celle de tous les hommes. L'auteur l'écrit lui-même : « […] l'histoire de la famille n'était qu'un engrenage d'inévitables répétitions, une roue tournante qui aurait continué à faire des tours jusqu'à l'éternité, n'eût été l'usure progressive et irrémédiable de son axe » et cette intuition que l'homme ne serait qu'un hamster tournant sans fin dans la roue de l'Humanité, condamné à finir dominé par sa nature et Dame Nature, est si présente qu'elle finit par donner le tournis.



L'écriture de Garcia Marquez m'a étrangement rappelé celle de Zola et j'ai très souvent eu l'impression de lire les Rougon-Macquart en version condensée et abrégée. Moi qui avais gardé un mauvais souvenir de ma première rencontre avec Garcia Marquez, je suis très heureuse d'avoir tenté l'aventure de cette lecture atypique et les quelques longueurs de la narration n'ont aucunement gâté le plaisir que j'ai pris à ce voyage littéraire totalement hors-normes. Peu nombreux sont les livres qui m'ont complètement dépaysée, celui-ci en fait indéniablement partie.





Challenge NOBEL 2013 – 2014

Challenge AUTOUR DU MONDE
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L'Amour aux temps du choléra

« L’amour au temps du choléra » fait partie de ces romans dont la beauté se glisse jusque dans le titre.

Lors de sa parution en 1985, l’enthousiasme des lecteurs fût à la mesure du prestige de son auteur, Gabriel Garcia Marquez, encore auréolé du Nobel de littérature obtenu trois ans plus tôt.



L'histoire se situe en Colombie, sur la période 1870-1930, dans un port de moyenne importance, Barranquilla, situé à l’embouchure du fleuve Magdalena qui se jette dans la mer des Caraïbes.

Trois bateaux fluviaux possédant chacun deux roues à propulsion mues par une chaudière à bois, remontent à tour de rôle le Magdalena sur plusieurs centaines de kilomètres. Un vrai décor de carte postale si ne sévissaient pas dans la région une guerre civile interminable et de fréquentes épidémies de choléra.



L’écrivain a construit son roman en adoptant une chronologie inversée.

La première partie relate dans le détail l'ultime journée d’une personnalité locale de quatre-vingt-un ans, le docteur Juvenal Urbino. Fort d’études de médecine faites à Paris, celui-ci s’est illustré lors de son retour au pays par une lutte farouche contre le choléra.

Les dernières heures de cet homme débordant d'activités sont dépeintes sur un rythme soutenu alternant le comique de situations et la fatalité. Malgré un début et une fin pareillement funeste, cette longue introduction frôle souvent l'hilarité et constitue une entrée en matière prometteuse.



Fermina, l'épouse du docteur Urbino depuis cinquante ans, va devenir à la mort de son mari le personnage central d'une étonnante histoire d'amour au romantisme suranné.

L’autorité paternelle a empêché naguère Fermina de vivre pleinement un amour de jeunesse avec un jeune télégraphiste de son âge, Florentino Ariza. Une relation épistolaire enflammée de trois ans a malgré tout tissé à l’époque des liens particuliers entre ces deux êtres.



Cinquante et un ans, neuf mois et quatre jours se sont écoulés depuis que Fermina l'a éconduit et pourtant le cœur de Florentino n’a jamais cessé de battre pour cette femme gracieuse au regard de biche.

Paradoxalement cet homme mélancolique a durant ce demi-siècle collectionné pas moins de six cent vingt-deux amourettes, les femmes appréciant chez lui une très grande discrétion…



Maintenant septuagénaires, Fermina et Florentino trouveront-ils sur le tard l’amour qui naguère les fuyait ?



Ce roman, sans doute le plus populaire et le plus accessible de Gabriel Garcia Marquez, est un excellent ticket d’entrée dans la littérature latino-américaine dont la richesse peut au départ désorienter les lecteurs les plus jeunes.



Une petite croisière sur le Magdalena en compagnie du grand écrivain colombien vous permettrait peut-être de goûter à quelques jours supplémentaires de dépaysement estival !

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Cent ans de solitude

Il est de ces romans dont l'épaisseur, la notoriété, la densité, le sujet font peur et fascinent en même temps. On est irrémédiablement attiré mais on retarde toujours la lecture.



Une attitude que j'aurai poussé à son paroxysme avec "Cent ans de solitude": Dire qu'il m'aura fallu un quart de siècle pour parvenir enfin à reprendre et venir à bout de ce roman abandonné à la page 82 il y a 25 ans! Et ce avec une facilité déconcerntante, ce qui fait que je me sens bien stupide maintenant d'avoir hésité si longtemps devant ce chef d'oeuvre.



Certes, le bougre ne se laisse pas dompter aisément, ma longue crainte n'était pas complètement infondée : la bête est dense, très dense, il faut l'aborder avec de bonnes techniques de respiration, mais aussi une attitude de lâcher-prise face aux difficultés liées aux ramifications de l'intrigue et à l'écheveau complexe de personnages aux noms semblables.



Alors ainsi, si l'on accepte de se laisser porter par le texte, le souffle vaste et lent, quel bonheur mes amis! Quelle luxuriance, quel foisonnement, quelle langue! Quelle imagination, quel rythme, quel degré d'accomplissement dans la construction narrative!



Et tout cela pour quelques générations de Buendia que, magie oblige, on se prend à aimer bien qu'aucun d'entre eux ne soit le moins du monde aimable, mais tous si vivants, si archétypaux, et si terriblement seuls.



Puisqu'il semble écrit que chaque quart de siècle j'aie rendez-vous avec ce livre, vivement 2040 que je puisse de nouveau goûter ce nectar littéraire à l'état pur.
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Mémoire de mes putains tristes

Papi Gaby joue les mouchacho au bordel de Bogota,



Cette oeuvre de Gabriel Garcia Marquez parue à la fin de sa vie, librement inspirée de Kawabata, a suscité le scandale et l'interdiction de publication en Iran notamment.



L'embryon d'intrigue est la chaste passion d'un vieillard pour une très jeune pensionnaire de maison close, qu'on ne peut que supposer unilatérale. En effet, à aucun moment le point de vue de cette jeune fille n'est connu et la seule personne qui se porte garante de la réciprocité des sentiments de l'adolescente c'est Rosa, la mère maquerelle…



Garcia Marquez montre avec délicatesse la misère affective d'un homme qui jamais n'a connu l'amour dans l'altérité mais qui a toujours été un client de l'amour. Son dernier fantasme, sa dernière perversion, lubie, élixir de jeunesse, caprice, appelez cela comme vous voulez, c'est cette jeune fille. Si cela pourrait presque être un peu navrant raconté comme ça (un peu ridicule pour lui et révoltant pour elle) ce n'est heureusement pas le chemin du pathétique qu'emprunte l'immense écrivain colombien, mais une voie plus ironique, presque un chuchotement complice pour son lecteur.



“Celui qui n'a jamais chanté ne peut savoir ce qu'est le plaisir du chant”. Les digressions du narrateur sont autant d'occasions pour Garcia Marquez de faire acte de passation. Il lègue à ses lecteurs du monde entier le bonheur de découvrir Pablo Casals et les 6 suites pour violon de Bach, César Franck et sa suite pour violon et piano, les 24 préludes de Chopin mais aussi les boléros d'Augustin Lara, Carlos Gardel ou encore le Lagrimas Negras de Miguel Matamoros.



“Les vieux perdent la mémoire des choses qui ne sont pas essentielles et gardent presque toujours celle des choses qui les intéressent le plus.” Sans réel cheminement narratif, cette promenade dans le quotidien d'un nonagénaire, consommateur émérite de prostituées, est aussi prétexte pour l'auteur, à de sincères et légères réflexions sur l'âge, le temps qui passe, un dernier coup d'oeil dans le rétroviseur. Une lecture déroutante, parfois malaisante, souvent agréable mais pas inoubliable.



Qu'en pensez-vous ?
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Des feuilles dans la bourrasque

♫Il partira ce soir

Vous verrez du pays

Mais ne prenez pas le deuil

C'est moi qui vous le dit

Ça noircit le blanc de l'oeil

Et puis ça enlaidit

Les histoires de cercueils

C'est triste et pas joli

Reprenez vos couleurs

Les couleurs de la vie♫

-Les Freres Jacques- 1957 -

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"Blagadigondi" "tacatac sinon boumboumzizi"

Feuilles mortes, jasmin, mêlent ancolies

Un bonheur d'être triste V. Hugo l'avait dit.

Comme né de l'incipit d'un roman de Camus 1942

"Aujourd'hui, ₥₳₥₳₦ oun extranjero

es muerte à Macondo"

Ainsi pit-tauresque et premier roman du Nobel 82

"Les funérailles de la grande Mémé"

Rend Fort, cheval ni derrière ni devant

"Chronique d'une mort annoncée"

Il était tout seul à l'enterrement

L'étranger, depuis les ans, une légende, une attitude

Les feuilles mortes roulent en boule au gré des vents

Ecoute dans la bourrasque, ça 𝐬'𝐞𝐧𝐭𝐞𝐧𝐝 !

Ecoute la Réponse "Cent ans de solitude"
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Chronique d'une mort annoncée

Santiago Nasar va mourir. C'est annoncé dès le départ, dès le titre du roman. C'est un fait. On n'y pourra rien. Pas la peine de chercher à le sauver, sa mort est annoncée, et ce n'est pas à moi de la chroniquer. Enfin, si, quand même un peu sinon, je ne serais pas devant toi à te parler d'un roman de Gabriel Garcia Marquez, prix Nobel de littérature, prix pour moi d'une atmosphère tourbillonnante. Laisse la bouteille sur la table, le temps de me servir un verre, ou deux, chronique d'une beuverie annoncée.



Je ne te cacherais pas plus longtemps les coupables, ni mêmes les aboutissants de ce fol, et étrange, lendemain de noce. Alors que tout le monde reprend ses esprits fortement embrumés par le flot d'alcool qui s'y est déversé durant ces deux jours de fêtes, Santiago Nasar va mourir. Des trompettes sonnent dans le vent, vent qui fait tourbillonner la poussière. Dès qu'il y a de la poussière, je me retrouve dans mon élément, poussière de vie qui s'envole, comme la mienne de vie. Des trompettes dansent, façon mariachis. Je les entends entre les paragraphes de l'auteur. Ses phrases doivent être à l'unisson du vent et de la musique, j'avais constamment le sentiment étrange de voir tourbillonner la poussière et la musique.



Santiago Nasar va mourir, son destin probable. Pourtant tout le village semble au courant, les futurs meurtriers sortis d'une nuit de beuverie ne s'en cachent point, avec leurs couteaux de bouchers bien en avant. de quoi découper le cochon gras. Autant aller le prévenir. Peine perdue. Si le village est au courant de l'affaire, le principal intéressé doit l'être également. Peut-être est-ce cela que se disent les villageois. Moi aussi, certainement, le teint mutique, regardant se remplir mon verre, bien au-delà des heures festives. de toute façon, il fait trop chaud pour me lever au milieu de cette poussière, autant rester avec mon verre sur cette terrasse ombragée que dominent le chant d'une musique funeste.



Compte-rendu détaillé d'une histoire d'honneur. Minute par minute, le vent emmène les poussières de vies, bien au-delà du fleuve sauvage qui transite l'évêque. D'ailleurs, si ce dernier n'avait pas été à bord de son bateau, Santiago ne serait peut-être pas sorti de son pieu, les assassins auraient fini de cuver leurs vins, les cloches de l'église n'auraient pas sonné… Mais avec des si, mon verre serait encore plein, la vie n'est pas faite de si mais de faits, et je t'annonce que Santiago Nasar est mort assassiné. Et tout ça, pourquoi ? Parce que la belle Angela n'était pas vierge à son mariage…
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L'Amour aux temps du choléra

Après avoir écrit une épopée colossale et une fresque extraordinaire (La Guerre et la Paix), Tolstoï a écrit une œuvre avec un sujet plus simple mais avec la même verve et profondeur ; Anna Karénine. Gabriel Garcia Marquez a fait de même. Après avoir écrit Cent ans de solitude, livre inclassable, imprégné de réalisme magique, il s’attaque à un sujet plutôt romantique, ou s’il on veut garder la même combinaison ; il s’agit d’un romantisme magique ; L’Amour aux temps du choléra.



Il s’agit bien de l’Amour avec un grand "A" et non d’un amour ou des amours, car "l'amour [pour Garcia Marquez] est l'amour, en tout temps et en tout lieu". Un seul amour. L’amour qui a les mêmes symptômes que le choléra. Mais pourquoi l’Amour aux temps du choléra ? Cette question me rappelle une autre ; celle du grand écrivain allemand Hölderlin : Pourquoi des poètes en temps de détresse ? la beauté aux temps de la laideur et le bonheur aux temps du chagrin !



Comme l’a dit Garcia Marquez lui-même, il voulait mettre le bonheur à la mode en écrivant une histoire d’amour latino-américaine à la fin heureuse. Mais en même temps, en présentant des faits atroces (guerres civiles, épidémies, pauvreté…) avec ironie et humour. De même que si l’on observe de près les trois personnages principaux de cette histoire, on remarque que ce sont les plus sérieux et qui ont le moins ce sens de l’humour : Juvenal, docteur honorable et respecté, sérieux et exigent ; Fermina, femme altière, raisonnable et stricte ; Florentino, homme sinistre et maussade. Tout cela me rappelle Candide de Voltaire (dans certains aspects seulement) : événements presque tragiques (guerre, tremblement de terre, massacres, esclavage, torture…) personnages sérieux (Pangloss, Candide…) qui contrastent avec la narration pleine d’humour et d’ironie mais aussi une fin peu ou prou heureuse (Cunégonde devenant laide, Fermina vieille).



On dit souvent que l’une des marques essentielles de Gabo est qu’il transpose la réalité en poésie et la sublime. Gabo a aussi cette capacité ingénieuse de susciter notre intérêt par des faits banals. Même les stéréotypes de l’amour apparaissent sous un jour nouveau. En cela, il est un véritable disciple de Flaubert. Une mort absurde devient un événement fatidique, des rencontres avec des femmes deviennent des épisodes marquants (les amourettes de Florentino dont chacune est une histoire à part) ou encore des voyages en bateau (le premier et le second) qui sont d’une beauté poétique (le fleuve comme le temps coule et entre les deux voyages tout a changé : seul l’Amour demeure au contraire du poème d’Apollinaire). Gabo n'hésite pas à introduire tout un épisode pour en déduire une impression, une conclusion, un sentiment nouveau (surtout chez Florentino).



Par ailleurs, Gabo a toujours été fasciné par l’univers des Mille et Une Nuits. Cette influence apparaît dans plusieurs aspects, notamment l’amour-passion qui nous rappelle certains poètes arabes classiques qui aimaient jusqu’à l’hallucination, la présence de la poésie comme expression de l’amour et enfin la recherche d’un trésor enfoui.



L’Amour aux temps du choléra représente avec autant de grandeur que Cents ans de solitude, l’âme latino-américaine (mais je crois aussi les pays du tiers-monde) : les croyances superstitieuses, l’Europe image de prospérité et de développement, les préjugés de la société, le mariage raisonnable … pour ne citer que cela. Par cette histoire d’amour aux couleurs locales, ce roman est devenu l’un des livres les plus populaires du XXe siècle (c’est aussi, l’une des rares fois où un écrivain nobélisé publie une très grande œuvre après son couronnement). Les pages où Gabo nous décrit la vie conjugale de Fermina ; ces petites choses insignifiantes à la beauté éternelle touchent l’universel.



Revenons à cet amour bizarre de Florentino pour Fermina. Cet amour a connu, comme les personnages, une jeunesse, un âge adulte et une vieillesse. Un amour qui permet à Florentino de survivre (il s’occupe de son corps avec un intérêt excessif nous rappelant le personnage de Rigoberto dans un roman de Vargas Llosa), de devenir meilleur (il veut changer de situation et commencer son ascension sociale) et de nourrir un espoir précaire (attendre la mort de Juvenal), tout en restant fidèle à sa manière (en rentrant dans des amourettes impliquant le désir corporel loin de tout attachement amoureux). Florentino a prouvé que l’amour n’a pas d’âge ni de lieu ni aucune limite (pour revenir à la définition de départ que nous livre Gabo).
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L'Amour aux temps du choléra

Coup de coeur! Roman qui me réconcilie avec Gabriel Garcia Marquez, que j'avais découvert avec Cent ans de solitude, et n'avais pas vraiment apprécié.

Cet ouvrage "L'Amour aux temps du choléra" est un bijou. Excessivement bien écrit, ciselé (je regrette de ne pas pouvoir le lire en espagnol), est un livre qui fait réfléchir sur la passion, la fidélité dans l'infidélité, la constance des sentiments, les vicissitudes de la vie... et il aborde aussi un tabou, l'amour physique des séniors. Ce livre n'est pas triste car ponctué d'anecdotes surprenantes et amusantes. Il se lit bien, se savoure comme une friandise. Ce n'est pas un roman pour "midinette", mais c'est un message d'espoir pour tous les lecteurs qui sont un peu "fleur bleue", une réflexion intelligente sur ces mariages qui durent, parce qu'il a fallu faire des concessions, souvent arrondir les angles, accepter parfois passades ou incartades... un texte qui ose dire qu'il est possible d'aimer plusieurs personnes en même temps, où encore d'être fidèle psychologiquement alors qu'on peut mener une vie de débauché... Un roman qui montre que tout est encore possible malgré les outrages du temps.

Ce livre ne conviendra certainement pas aux lecteurs ancrés dans des convictions très classiques et assez étriquées de l'existence, ni a un public trop jeune... Pour l'apprécier pleinement, il faut avoir déjà parcouru un long chemin et savoir se pencher sur son passé.
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Chronique d'une mort annoncée

Ils avaient décidé qu'il devait mourir, pourtant, ils auraient aimé que quelqu'un les arrête. Les assassins de Santiago Nasar étaient allés, mais en vain, au-delà de l'imaginable pour ne pas le tuer.



Parmi les villageois qui ont entendu les deux frères Vicario raconter qu'ils allaient laver l'honneur de leur soeur, certains n'y ont pas cru et d'autres qui, avec beaucoup de bonne volonté, ont tenté quelque chose, ont échoué. Santiago Nasar est mort sous les multiples coups de ses meurtriers.



Volonté, hasard ou fatalité, la mort d'un homme a-t-elle dépendu d'une tradition d'honneur et d'un concours de circonstances malheureuses ? L'enquêteur – il semble que ce soit Gabriel Garcia Marquez lui-même – paraît le croire. Et puis, Nasar était arabe ce qui a fait de lui, dans ce petit village caribéen, malgré l'absence de preuves, un coupable idéal.



Dans ce roman foisonnant de sensations et de sentiments contradictoires, bien que bref, Gabriel Garcia Marquez nous emporte dans un monde fruste et fascinant. Un monde bariolé, fantasque mais bien réel, sublimé par l'imagination narrative admirable du lauréat du Prix Nobel de Littérature.

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Cent ans de solitude

"Cent ans de solitude" s'est vu récompensé en 69 du prix du meilleur livre étranger. Mais Garcia Marquez a refusé d'assister à la cérémonie de remise de la récompense arguant que "le livre ne sonne pas bien en français". Pourtant, il serait merveilleux que tous les livres sonnent aussi mal que celui-ci. "Cent ans de solitude" est un très beau roman et s'il est sans doute préférable de le lire en version originale (ça, malheureusement, je ne le saurai jamais), en français il chante merveilleusement à l'oreille.



Il est quasiment impossible de résumer cette grande fresque familiale qui s'étale sur plusieurs générations. Les noms des personnages se répètent d'une génération à l'autre et leurs destinées présentent des similitudes, des résonances entre elles qui forment un récit en forme de boucle ou plutôt en forme de cercles concentriques.



L'utilisation du réalisme magique, qui consiste en l'intrusion d'éléments surnaturels dans un récit traité sur un mode plutôt réaliste, ajoute de la poésie à un texte qui en est déjà empli par la langue. En effet, si on peut facilement se perdre dans les méandres de l'intrigue très touffue, on est littéralement emporté par la musicalité du récit.

En lisant "cent ans de solitude", on entend le texte chanter à son oreille et à son âme une mélodie unique.



Challenge Multi-défis 2016 - 29 (une fresque familiale)

Challenge Atout prix 2016 - 1 (prix du meilleur livre étranger)

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Chronique d'une mort annoncée

Il m'a fallu attendre le décès de ce prix Nobel, écrivain à succès, pour lire un de ses textes. Honte à moi ! Enfin, je vais vite relativiser les choses et, par ce biais, m'attirer bon nombre d'ennemis. Tant pis, je le dis : je comprends pourquoi je ne l'avais pas encore lu car je n'ai franchement pas accroché, mais alors pas du tout ! Voilà, ouf, ça, c'est fait !



Ce court récit est l'histoire d'un meurtre, celui de Santiago Nasar. Ou plutôt, de l'enquête, faite par le narrateur. Là, on apprend assez vite que tout le village était au courant mais que personne n'a rien fait pour empêcher le massacre. Pourquoi ? Qu'avait donc pu faire ce Santiago ?



L'histoire était plutôt sympathique (enfin, tout est relatif) au demeurant. Mais le problème est que ça commence plutôt bien au départ, un peu comme un western, et puis ça s'éternise... Alors on se dit que ça va finir par bouger, par être un peu rythmé... J'attends encore !



Que voulez-vous, tous les goûts sont dans la nature ! Tant pis, je sais que d'autres sauront l'apprécier mieux que moi (et inutile de venir glapir, de tenter de m'expliquer le pourquoi du comment... Je n'ai pas aimé, c'est tout ! Je préfère prévenir...).
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Cent ans de solitude

J'aime bien aussi cet intermède. Ce moment ou mon marque-page ne se sent pas écrasé, ce no man's land de lecture. Cette journée ou vous avez terminé la veille au soir, un polici

Euh c'est qui déjà le meurtrier ? … Ah oui j'm'en rappelle.

et puis vous pensez déjà à ce soir, avec un sentiment d'impatience, de découverte, de belle histoire ... Ouah en l'enregistrant sur Babelio, j'ai vu la note donnée par mes collègues : largement plus de quatre sur près de trois mille personnes !

Mais revenons à nos moutons. Sous le lit ? Tiens faudrait que je relise le petit prince !

Merde y a une préface ! J'la lirai après. Dès la première page tournée, j'ai su que ça n'allait pas aller. Alors j'ai insisté, redoublant de vigilance pour me concentrer. Mais après la page cinquante, j'ai fait le dur constat que les phrases s'envolaient au fur et à mesure que je les lisais.

Pour l'auteur : cent ans de solitude, pour moi une petite heure aura suffit. Stop définitif. Cette lecture n'est pas pour moi. Serais-je le vilain petit canard à contre-courant des membres de Babelio qui encensent cet ouvrage ? J'me sens du coup, comme un peu exclus de la confrérie. Pourtant amis et membres de ce site je prends plaisir à vous retrouver, à lire quotidiennement vos avis, savourant déjà le style de chacun.

Aujourd'hui je tiens à vous le dire amis et membres de Babelio : JE VOUS AIME.

Bon … beaucoup plus les filles que les garçons, tout de même.

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Vivre pour la raconter

"En fait, la mort ne lui importait guère, mais plutôt la vie : aussi bien, quand fut prononcée la sentence, n'éprouva-t-il aucun sentiment de frayeur, mais seulement de la nostalgie."

("Cent ans de solitude")



Autobiographie ou autofiction ? Qu'importe...

Je fais partie des inconditionnels de l'auteur colombien, et même les détracteurs de ce pavé qui le qualifient de "monument bâti à sa propre gloire" n'y changeront rien. Certes, on peut voir ces mémoires de Márquez comme un épigone ultime de lui-même, mais en ouvrant le livre, je n'en attendais pas moins.

Le portrait du bébé Gabito sur la couverture aurait probablement attendri même le biblique roi Hérode, et le contenu du livre m'a sincèrement enchantée.



Dans ses romans, García Márquez a développé avec beaucoup de succès un procédé qui fait voir les événements réels à travers le brouillard exotico-onirique. Le terme "réalisme magique" pourrait sans doute déjà convenir à la bonne vieille Shéhérazade, mais ce n'est que la génération des écrivains latino-américains des années 60, Marquez en tête, qui en a fait sa "marque déposée". Ses personnages, suspendus dans les hamacs qui se balancent à l'ombre des bananiers dans une sorte de hors-du-temps mythique, ses périples baroques et ses localités fantasmagoriques comme Macondo étaient à l'époque une rafraîchissante nouveauté littéraire. Au fur et à mesure que sa position sur le marché littéraire se confirmait, ces facéties commençaient à perdre leur caractère unique, et le rêve magique devenait un tour de passe-passe éventé qu'on ne peut pas répéter à l'infini. Chaque livre a pourtant confirmé la fidélité de ses lecteurs, mais aussi les craintes des critiques que Márquez n'aura bientôt plus rien à dire. Est-ce vrai ? Comme d'habitude, c'est au lecteur de trancher...



Márquez commence ce projet monumental (qui devait, dans sa version définitive, consister en trois tomes) par le retour aux sources. Le voyage à Aracataca en compagnie de sa mère est une occasion rêvée pour l'informer de son désir d'abandonner ses études de droit et devenir écrivain. Et déjà, lors de cet épisode-clé, le récit glisse en douceur dans l'hypnotisant balancement du hamac márquezien, et les spectres de ses romans se superposent aux personnages réels, un peu comme sur ces cartes holographiques qui changent d'image selon l'angle de vue. L'histoire de ses parents, celle du vieux colonel Márquez, son grand-père, celles de ses cousins, de ses incroyables tantes, de sa soeur Margot qui mangeait la terre...

L'auteur, qui selon ses propres mots "ne crée, comme chaque écrivain, qu'un seul et unique livre, même s'il paraît en nombreux volumes est sous des titres différents", reste fidèle à ce credo même dans ses mémoires. Les profondes introspections du petit Gabito qui salit encore ses couches, et ses étranges prémonitions quant à sa future inévitable carrière ne font que le confirmer.

La même autostylisation accompagne aussi son adolescence ; comme si Márquez puisait dans la mémoire collective des images d'un lycéen-poète nul en maths, vêtu de chemises à fleurs et de sandales de prophète, qui cherche l'inspiration dans les bordels et n'a pas un centavo en poche.

Peu à peu, ce dévoreur de livres se rend compte qu'il veut vraiment écrire, et fait ses premiers pas dans le journalisme. Les bleds caribéens Cartagena ou Barranquilla ne sont pas un tremplin idéal malgré leurs attraits, alors il va tenter la chance à la capitale.

Bogota est balayée par le vent froid qui souffle aux pieds des Andes, et malgré toute sa bonne volonté, Gabo n'a pas réussi à tasser les hamacs magiques dans ses valises. Le récit change un peu, et nous propose plein d'intéressants détails sur le travail pour El Espectador, sur l'histoire de la Colombie, la politique, les racines de la guérilla, et sur les événements littéraires marquants de l'époque. Les rencontres et les noms de ceux qui ont contribué à l'Histoire défilent à toute vitesse ; il est impossible de tout retenir, mais cela fait cristalliser une certaine image politique et culturelle qui est loin d'être sans intérêt.



Márquez, qui a passé des années à créer son mythe latino-américain, nous propose ici son mythe personnel. Il y devient tout ce qu'il pouvait devenir : bébé aux rêves prophétiques, élève miraculeux, poète maudit, chanteur de boléros, joueur de guitare à cinq cordes, Don Juan invétéré, journaliste engagé et enfin... un écrivain célèbre.

Dans les jungles urbaines que sont aujourd'hui Lima, Mexico City ou Santiago de Chile, une nouvelle génération a pris la plume. Sous les néons blafards des McDonald's, ils ont adopté le nom ironique de la "Génération McOndo", et ont transformé le paradis imaginaire des hamacs et des bananiers en enfer réel du béton, plein de violence, drogues, corruption et folie. Bayly, Fuguet ou Volpi ont les yeux grands ouverts et leur humour corrosif ronge le vieux mythe sans pitié. Le rêve exotique est devenu cauchemar.

Mais cela n'enlève rien au charme singulier et abracadabrant du vieux barde Márquez, et ses fidèles se laisseront à nouveau envoûter avec bonheur par le son de son pipeau magique. 5/5, et vive le hamac !
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Des feuilles dans la bourrasque

Lu en v.o. La hojarasca. Et j'ai bien fait de le lire en v.o. La prose de ce monsieur a la moustache d'un autre temps etait deja magique a ses debuts. Elle secouait le langage academique, comme d'autres americains avant et apres lui. La jeunesse de l'Amerique rechauffait les vieux os de l'Espagne.





En exergue, Garcia Marquez met une citation d'Antigone. Le livre sera donc une reecriture de l’Antigone a la sauce americaine. Une ouverture epique est chargee d'annoncer les differences, de temps, de lieu, de climat. Une ouverture sublime, invoquant le changement subi par un village suite a une tempete, qui l'a enseveli sous un amas de feuilles mortes, d'immondices vegetaux et humains. L'avalanche provoquee par une compagnie etrangere, depredatrice, La Bananiere. Et ce village devaste n’est autre que Macondo, dans sa toute premiere apparition en litterature.





Les monologues interieurs de trois personnages – coupes de quelques dialogues rapportes – mettent en place la tragedie. Un homme, sa fille, et son petit-fils. L'homme est un ancien colonel, un vieux malade et boiteux charriant un sens exacerbe de l'honneur. Il avait promis a un etranger, un medecin arrive vingt ans plus tot, de pourvoir a son enterrement. Et l'heure venue, il tient a le faire, malgre l'opposition de tout le village. Tout le village voudrait le laisser pourrir, aimerait humer les relents de sa lente decomposition. Tout le village le hait, ce docteur etranger qui refusa ses soins aux nombreux blesses d'un soir de bataille. Mais le colonel a promis, et il tient a le mettre en terre, chretiennement ou pas, il honorera sa parole donnee, bien qu'il sache que non seulement lui, mais toute sa descendance, risquent d'en payer un prix fort.





En trois monologues interieurs, qui s’entrecoupent et se melangent sans que le lecteur soit averti qu'on passe de l'un a l'autre, nous est racontee l'histoire ancienne qui force le colonel a s’opposer aux autres habitants, ainsi que la longue preparation du corps et sa mise en biere. Et le livre se finit avant le convoi mortuaire. Au lecteur d'imaginer comment se passera-t-il, comment agira a son passage la populace haineuse.





Au fur et a mesure que se developpe et s'eclaircit la trame principale, Garcia Marquez introduit des histoires secondaires, des personnages hauts en couleurs, prefigurant la marque de fabrique de ses grands romans. Le colonel m'a rappele celui de "Pas de lettre pour le colonel", et le village celui de "Les funerailles de la Grande Meme". Ce n'est pas encore le Macondo de "Cent ans de solitude", mais un premier jet, le premier essai de rendre la quintessence des petits bourgs americains. Ses premiers pas dans le realisme magique.





J'ai aime ce petit livre, peut-etre parce qu'on peut y subodorer ce que donnera plus tard l'auteur. Oui, surement parce que j'ai ses autres oeuvres en tete.

En 1955, a la sortie du livre, il etait tout jeune. C'etait son premier roman et il avait du attendre trois ans avant qu’une maison de Bogota accepte de le publier. Je ne sais comment il a ete recu a l'epoque en Colombie. En Espagne il s'est fait “descendre" par la revue (a fort tirage) Blanco y Negro: “Un amalgame de feuilles que je doute pouvoir qualifier de roman… […] l'histoire n'est, en definitive, qu'une mauvaise copie du Tandis que j'agonise, de William Faulkner… […] nous predisons peu de succes dans le monde des lettres a ce jeune ecrivain colombien, a moins qu'il ne change radicalement sa voie en ce qui se rapporte a l'ecriture. J'augure a ses personnages comme a cet etrange village appele Macondo une profonde chute dans les abimes de l'oubli. Passons la page donc". C'etait signe par le directeur de la revue, Torcuato Luca de Tena, qui, lui, croupit et croupira a jamais dans ces memes abimes qu'il invoquait. Je ris dans ma barbe et Garcia Marquez sous sa moustache.

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Cent ans de solitude

Gabriel Garcia Marquez raconte l’histoire du village Macondo fondé par la famille Buendia et de sa progéniture sur six générations jusqu’à sa destruction. L’idée de ce roman lui vient lorsqu’il revient dans son village natal, Aracataca, qu’il a quitté à l’age de huit ans. Il s’aperçoit qu’il n’est pas du tout comme il se l’imaginait dans ses souvenirs ou à travers les histoires que lui racontait sa famille. Profondément déçu, se sentant trahi, il va inventer Macondo, fondé par José Arcadio Buendia et Ursula Iguaran, cousin et cousine, qui se marièrent et formèrent le début de la dynastie Buendia. Celle-ci s’étale sur un siècle et se termine par la réalisation d’une malédiction et l’anéantissement du village et de tous ses habitants. « Car il était dit que la cité des miroirs (ou des mirages) serait rasée par le vent et bannie de la mémoire des hommes à l’instant où Aureliano Babilonia achèverait de déchiffrer les parchemins, et que tout ce qui y était écrit demeurait depuis toujours et resterait à jamais irrépétible, car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur terre de seconde chance. »

L’auteur donne l’impression de s’être vengé de l’illusion perdue de ses souvenirs d’enfance en narrant cette tragédie, en maculant ses pages du sang et de la matière fécale des habitants. Ils ont bravé le Ciel en passant outre toute recommandation, en consommant leur union coupablement incestueuse et ils en payèrent le prix par les générations maudites et leur anéantissement. La référence à l’épisode du nouveau Testament est on ne peut plus claire.

La lecture est rendue particulièrement difficile par la répétition des prénoms donnés aux enfants, ceux-ci prenant celui de leurs parents. On est vite perdu par cette tradition hispanique, immortalisant le père par la transmission orgueilleuse de son nom à sa descendance mâle, et de même d’une mère ou d’une tante, à une fille.

Autre difficulté, tout le côté ésotérique du récit qui ressuscite les morts, rappelle les esprits de l’au-delà et les mélange au commun des mortels.

Ce qui frappe dans « Cent ans de solitude » c’est l’absence de romantisme dans les relations entre les personnages et leur individualisme. Leur chair les anime plus souvent que leurs sentiments.

Il y a une grande animalité, une sauvagerie, une barbarie tout au long du roman, qui est latente. Elle n’attend qu’un prétexte pour surgir, s’acharner avec la plus grande cruauté. Jusqu’à la nature qui se déchaînera pour noyer, pourrir et finir par anéantir le village et sa population après plus de quatre ans de pluie.

« Cent ans de solitude » est un mélange de « Alice au pays des merveilles » et de « vol au-dessus d’un nid de coucou », entre surnaturel et asile de fous.

Gabriel Garcia Marquez rédige ce roman dans la plus grande précarité avec le soutien de son épouse et dans une pièce de deux mètres sur trois. Il vendra la plupart de ses biens pour le terminer. Reconnu comme un chef-d’œuvre de la littérature sud-américaine, il n’est pas facilement accessible et sa lecture est ardue.

Traduction Claude et Carmen Durand.

Editions Du Seuil, Points, 461 pages.

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