AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Georges-Olivier Châteaureynaud (100)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Singe savant tabassé par deux clowns

Le fantastique trimbale généralement avec lui un attirail de clichés et d'angoisses dont Georges-Olivier Châteaureynaud n'a que faire. Vous entrez confiant dans ses récits, les deux pieds fermement ancrés au sol et insensiblement le terrain devient spongieux, les repères mutent, une brume opaque enveloppe les choses, et c'est trop tard, le mystérieux vous a confondu, qui ressemble tellement à la réalité et vous la fait voir mieux, sans que le sourire soit jamais loin.



Châteaureynaud cite volontiers Georges Bataille : "La littérature est l’essentiel, ou n’est rien". La sienne est insolite, métaphorique, poétique et donc précieuse. Que vous puissiez ramener chez vous, à la carte, des chers disparus à peu près vivants (qui pèsent des tonnes), que l'espace public dispose d'une machine automatique à fusiller (et qui ne rend pas la monnaie) ou que le perroquet d'une gitane vous prédise le temps qu'il vous reste à vivre (juste une fourchette, rassurez-vous), qu'en feriez-vous, qu'en ferions-nous ?



Boum ! une jeune fille lancée à toute vitesse sur une trottinette heurte Ringo, producteur de cinéma : sonné, le pauvre est soigné et amoureusement câliné par la jolie qui dit s'appeler Clotho. Quand elle entraîne son cavalier chez ses deux sœurs, dont l'une porte un bijou en forme de ciseaux (couper la vie), on n'en doute plus, ce sont les Moires (les Parques) et la mythologie prend corps à travers "Les sœurs Ténèbre", ma nouvelle préférée, sans doute parce que c'est la plus inquiétante.



Celle qui m'a le mieux déridé est "Civils de plomb", bien qu'elle ne soit pas foncièrement drôle. C'est tout le procédé de l'auteur de nous tenir dans un no man's land où les choses ne sont plus tout à fait ce qu'elles sont, jamais vraiment drôles, ni tangiblement graves.



Tant d'imagination et d'esprit [*], le conteur de Palaiseau était sur un nuage en 2005 avec ce "Singe tabassé par deux clowns" ; il l'était encore en 2013 avec "Jeune vieillard assis sur une pierre en bois" qui m'avait autant enchanté (c'est vraiment le mot). J'espère en venir à son récent roman "Aucun été n'est éternel".



[*] Tant d'imagination et d'esprit : un manque de finesse, pourtant, dans la confection des titres... Est-ce moi ? J'ai du mal avec "L'attraction sensationnelle", "Dans la cité venteuse", "Civils de plomb", ... Est-ce le même homme qui écrit ces beaux textes et qui les dénomme aussi platement ? (Il fallait bien reprocher quelque chose à ce magnifique recueil).
Lien : http://christianwery.blogspo..
Commenter  J’apprécie          20
Aucun été n'est éternel

Dans cette quête initiatique, écrite avec une nostalgie gourmande, Châteaureynaud est à son meilleur.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
Commenter  J’apprécie          10
La faculté des songes

Quentin, Manoir et Hugo. Le premier est un inadapté chronique, incapable de conserver un travail et dégringolant petit à petit les échelons de la société jusqu’au vide abyssal de la rue. Le deuxième est un fonctionnaire terne et effacé, englué dans la nostalgie poisseuse de son enfance, période bénie d’avant la bombe qui a rasé sa maison et tué sa mère. Le troisième, écrivain raté et bibliothécaire démotivé, s’enfonce dans la solitude dans un petit pavillon de banlieue, en compagnie de ses deux chiens. Par la grâce d’un hasard singulier, tous trois vont se croiser et unir leurs solitudes, le temps de quelques mois, dans une vieille maison désaffectée. Survient une femme, Louise, jeune, pas bien belle, accrochée à sa guitare comme à ses rêves de gloire musicale. Trois hommes, une femme. Du drame en perspective, me diriez-vous ! Et bien pas forcément. Plutôt un long désenchantement, un lent glissement vers le néant, rythmé par quelques lueurs d’espoir vite évanouis. On n’est pas dans la tragédie, mais qu’est-ce que c’est déprimant tout de même…



C’est le problème quand on commence par l’excellence, la suite déçoit toujours un peu ! Pourtant, bien que moins riche et imaginatif que le splendide « L’autre rive », « La faculté des songes » n’est pas dénué d’intérêt pour autant. Il s’en dégage un certain charme, las et mélancolique, celui des rêves évanouis et des ambitions déçues. Le génie de Châteaureynaud est d’avoir rendu terriblement attachants ces trois loosers, personnages bien ternes pourtant au premier regard. On les aime bien, on les prend en pitié et ils nous font un peu peur aussi car on ne peut s’empêcher de penser qu’il s’en faudrait peut-être que d’un cheveu pour que nous sombrions comme eux. Pas mon livre préféré de cet auteur, mais un beau roman tout de même, portant sur un sujet particulièrement difficile.

Commenter  J’apprécie          110
Le goût de l'ombre

Nouvelles agréables à lire, grâce au style et au déroulement des histoires qui donnent envie de tourner les pages, jusqu'à la fin.

G.O.Châteauraynaud débusque avec talent l'extraordinaire au milieu du fatras de l'ordinaire, le rêve au milieu du quotidien déprimant de ses personnages.
Commenter  J’apprécie          10
Le congrès de fantomologie

Avis très mitigé à propos de ce roman. La première partie de l'histoire colle très bien au résumé. On a beaucoup de plaisir à suivre les mésaventures du personnage principal, un pauvre type un peu paumé qui se raccroche à la première femme qu'il rencontre et semble être sa seule amie. Mais le récit s'essouffle une fois le fameux "congrès" passé. L'auteur nous embarque alors dans des pérégrinations philosophico-politiques, parfois complexes, qui ralentissent grandement l'histoire au détriment du sujet abordé. La théorie défendue par l'auteur sur l'existence ou non des esprits reste cependant assez convaincante...

La fin du roman, où l'action est relancée, révèle quelques surprises quant au personnage principal. Ajoutons à cela quelques passages humoristiques et l'on accepte finalement de mettre une note moyenne mais correcte à ce roman divertissant.
Commenter  J’apprécie          00
Les Amants Sous Verre

Par rapport au scénario on est directement plongé dans l’univers des antiquités, on voit que l’auteur s’y est intéressé de près et il nous livre quelques secrets du milieu (le type de peintures recherchées, le type d’acheteurs…). Et donc inconsciemment qui dit objets anciens dit personnages d’un certain âge, et bien non : Golo n’a que 23 ans ! Et il s’est intéressé un peu par hasard à la peinture sous verre il n’a donc ni les moyens ni le style d’un acheteur classique ce qui lui permet de remarquer la belle Stella.



J’ai trouvé leur relation assez naturelle, ils sont en décalé par rapport aux autres, donc ils se rapprochent. Ensuite ils trouvent où dormir et là… le fantastique s’invite… J’avoue j’ai un peu décroché : le pourquoi du comment m’échappe, je cherche encore une logique à la fin même si des indices sont données. Je vous souhaite donc un bon décryptage si décryptage il y a !



En tout cas c’est l’idéal pour goûter à la plume de M. Chateaureynaud :)
Lien : http://bookowlic.fr/amants-s..
Commenter  J’apprécie          00
Les Amants Sous Verre

Pour ceux qui ne le savent pas, les nouvelles, c'est mon dada. Courtes ou longues, je les adore. Autant dire que j'ai été ravie d'en lire une !



Pour ce qui est de l'histoire, la quatrième de couverture y est très fidèle. Golo se rend à une convention d'art et y rencontre Stella, antiquaire qui, comme lui, a du mal à trouver son bonheur à un prix raisonnable. Lorsque ces deux-là se rencontrent, ils se plaisent beaucoup. C'est leur histoire que la nouvelle nous propose de suivre, une histoire pleine de péripéties mais qui avance avec un naturel déconcertant.



Les personnages sont sympathiques, enfin c'est l'image que je m'en suis fait. Le propre de la nouvelle est de ne donner que les éléments nécessaires à l'histoire. Le superflu n'y a pas sa place. C'est l'un des très nombreux charmes de ce format : l'imagination peut s'emballer. La mienne s'est d'ailleurs un peu trop emballée au cours des premières pages car j'imaginais Golo comme un personnage relativement âgé alors qu'il est en fait très jeune. Mais mon erreur rectifiée, je n'ai pu que me laisser porter par ce petit antiquaire qui n'a pas les moyens d'en être un, et Stella, dont on ne sait presque rien si ce n'est qu'elle n'est pas timide pour un sou.



J'ai lu cette nouvelle d'une traite tant le style de l'auteur est fluide. Malgré les détails qu'il apporte et qui sont nécessaires d'ailleurs à nous plonger dans l'ambiance, on avance à un bon rythme dans l'histoire. Je me suis juste sentie un peu perdue dans les références aux artistes et le vocabulaire spécifique à l'art évoqué et j'ai le sentiment d'avoir loupé quelques éléments intéressants malgré les quelques recherches que j'ai menées après ma lecture, mais cela ne m'a pas empêchée de voguer au gré des péripéties relatées.



J'attendais avec impatience de découvrir quel allait être le "twist" final et j'avais imaginé un certain nombre de dénouements, sans jamais trouver le bon. Je me suis laissée surprendre par la fin, surprenante mais tout à fait crédible.



Verdict : ♥♥♥♥♥ Voici une excellente nouvelle qui nous emmène dans un monde plein de surprises. Inutile d'être féru d'art pour apprécier le talent de l'auteur qui nous tient en haleine jusqu'au point final. Je compte bien rattraper mon retard dans la bibliographie de Georges-Olivier Châteaureynaud, et lire ses prochaines oeuvres.
Lien : http://sweetie-universe.over..
Commenter  J’apprécie          10
Le goût de l'ombre

Entre vie quotidienne, rêves étranges et fantastique, des mondes miniatures fascinants.



Avec ce recueil de nouvelles paru en février 2016 aux éditions Grasset, Georges-Olivier Châteaureynaud prouve une fois encore son talent pour traquer le fantastique dans les vies ordinaires, et se renouveler avec des motifs récurrents qui donnent à ses livres le parfum agréable des maisons connues mais toujours mystérieuses – la ville fictive d’Eparvay qu’il a créé dans sa première nouvelle, la hantise du franchissement du Styx, une réinterprétation des grands mythes grecs, l’univers des brocantes ou encore le talent singulier des artisans d’art – motifs construisant un univers onirique teinté de fantastique.



La suite sur mon blog ici :

https://charybde2.wordpress.com/2016/04/20/note-de-lecture-le-gout-de-lombre-georges-olivier-chateaureynaud/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          40
Le congrès de fantomologie

Très insignifiant professeur de Lettres sortant tout juste d'une dépression, Odilon Frêle n'est pas peu fier lorsqu'il reçoit une invitation à participer au premier congrès international de Fantomologie. Pas peu fier, mais tout de même intrigué. A part une nouvelle de jeunesse, il n'a jamais rien écrit sur le sujet, jamais rien étudié... Qu'importe. Le voilà parti dans sa jolie voiture ancienne à destination de la Pénombrie, petit pays totalitaire dont les frontières, fermées depuis la dernière guerre mondiale, s'ouvrent enfin aux étrangers pour ce grand événement organisé par le dictateur local à des fins... qu'il reste encore à découvrir.

D'abord accueilli avec tous les égards, Odilon voit bientôt les choses assez mal tourner pour lui. C'est qu'en effet, il n'a guère sa place, à ce congrès. Il y a eu une erreur quelque part, qui d'invité le fait intrus et d'intrus évidemment suspect - et donc coupable ! - pour ces messieurs de la police politique pénombrienne dont le chef a fait ses classes, autrefois, du côté de la Schutzstaffel. Accusé d'appartenir aux services de renseignement français, confronté à un projet qui dépasse de très, très loin le simple débat scientifique, le pauvre petit professeur se retrouve embarqué dans une aventure qu'il n'aurait pas imaginé dans ses pires cauchemars mais qui aura au moins le mérite de le forcer à se sortir de sa petite personne...



Auteur que j'aime beaucoup pour ses univers poétiques, teintés de merveilleux et d'étrange, peuplés de personnages hors normes et toujours un peu paumés, Georges Olivier Chateaureynaud s'en vient flirter ici avec les genres souvent plus carrés de l'espionnage et de la science-fiction, auxquels il insuffle son style très particulier. Les questions abordées sont souvent profondes, l'horreur de plus en plus présente - celle d'un système politique qui condense le pire et vise à l'au-delà - mais sa surenchère, loin de tout effet sensationnaliste, joue plutôt d'effets symbolistes, pile à la frontière du tragiquement réel et de l'absurde. Tout ceci forme un petit roman original, sans doute pas le meilleur de l'auteur, un peu court pour tout ce qu'il évoque, mais intrigant de bout en bout et plein d'idées intéressantes.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          50
Le congrès de fantomologie

Excellent, et trop court! Voilà ce que j'ai pensé en refermant Le congrès de fantomologie, court petit roman de Georges-Olivier Châteaureynaud, qui commence un peu comme un ancien album de Spirou (le petit pays totalitaire imaginaire d'Europe Centrale) et prend un tournant totalement étonnant et très brillant.

Odilon Frêle, personnage principal, se trouve invité à un congrès de fantomologie dans un petit pays totalitaire, seulement une fois sur place, à peine le temps de flirter avec une charmante journaliste, que le voilà embringué dans des problèmes pas possibles avec la terrible police politique locale, une bande d'horribles personnages pour lesquels la déportation est un sport. Cela commence comme un étrange roman d'espionnage, vire au fantastique au plus charmant sens du terme, et se dévore, d'autant plus que c'est merveilleusement écrit!

A vous procurer de toute urgence.
Commenter  J’apprécie          60
Le goût de l'ombre

« Aucune histoire n’est tout à fait vraie, aucune tout à fait inventée. » Chaque auteur écrit « une autre histoire », voilà tout. Les nouvelles de Georges-Olivier Châteaureynaud ont une tonalité immédiatement repérable. D’abord par un appel amusé et tendre à tous les sens, toutes les sensations, qui ne se résument pas à quelques notes standardisées, mais qui épinglent en passant un détail pittoresque : l’odeur de pierre à fusil d’un sentier caillouteux, la couleur de la pluie dans des allées commerçantes, où les enseignes la font tomber rouge, verte, jaune ou bleue... Les mots s’incarnent et se mâchent — il faut savoir prononcer « roi » comme si on mordait la gorge d’un oiseau et ajouter « soleil » comme si l’on recrachait la bouchée. Les sentiments se concrétisent — lorsqu’on s’éveille le matin, il faut faire attention à ne pas buter sur son malheur de la veille, que l’on retrouve intact comme un tas de suie au milieu de la chambre. C’est un monde palpable, à la fois poétique et concret, où l’on n’est pas toujours à l’aise, mais, au fond, on s’y est habitué.

Alors, on a tendance à s’y enfermer. L’auteur affectionne les lieux clos, une chambre, une île déserte, un restaurant d’habitués, un musée... Le temps semble s’y arrêter dans la routine d’une occupation éternellement répétée : manger, nager, inviter des personnalités, écrire des poèmes, autant de façon de tromper la vie ou de conjurer la mort. Les narrateurs eux-mêmes finissent par se figer, au sens propre : l’un s’enterre, l’autre se momifie, celui-ci devient une statue de bronze, celui-là se contente de sombrer dans un sommeil de brute. Souvent, c’est le passé qui les paralyse, un acte irresponsable (pêcher une sirène, acheter une momie), des proches envahissants (une tante possessive, un groupe de lecteurs fidèles). Mais les personnages de ces nouvelles ont besoin de ce poids sur leur vie pour les retenir d’un dangereux envol. Ils ont besoin de convier des invités futiles, de publier des livres sans intérêt, de se faire gruger par les habitués d’un restaurant : besoin de se sentir utiles, sans doute, mais aussi de poursuivre ensemble leur chemin coutumier. S’ils voyagent, s’ils s’enfuient, s’ils s’encanaillent, c’est toujours avec la certitude d’un port d’attache. Et pourtant, ils rêvent de grands départs, de changements irréversibles, de destins extraordinaires. Certains y réussissent, ou du moins le croient. D’autres attendent l’apocalypse qu’on nous prédit imminente en rapetassant leurs routines. En fait, ils redoutent la solitude qui les laisserait face à leur vacuité. Un homme qui souffre d’étourdissements se voit annoncer par son médecin qu’il est mort : il poursuit sa vie comme si de rien n’était.

C’est que chacun a sa blessure secrète, que seul aperçoit un œil exercé, et c’est cela qui les rend sympathiques, jusque dans leur cruauté. C’est cela que pourrait symboliser, dans la première nouvelle, cette mort dont on ne se rend pas compte et que seul détecte l’œil du médecin : le romancier ne repère-t-il pas en chacun de nous une forme de mort que nous ignorons ? Et dans la vie courante, combien de personnages ne rencontrons-nous pas inconscients de leurs fêlures intimes ? Dans un groupe de vedettes et de personnalités, un écrivain égaré ne voit que « des individualités hyperspécialisées dans leur discipline d’élection, par là même déséquilibrées, voire infirmes, pitoyables admirables ». Qui ne se sentirait concerné ?

Vous aurez remarqué que je ne parle pas de fantastique. Pourtant, il y a des morts qui continuent à vivre, des momies qui parlent et des musées de l’avenir. Même s’ils sont moteurs du récit, s’ils bouleversent d’un coup la vie des personnages, ces éléments ne sont que des détails, tant la réalité quotidienne est prégnante dans ces récits. Du merveilleux ? Sans doute, il y a des mythes ironiquement revisités, une sirène aux jambes musclées, des momies « neuves », une madame Charon reconvertie en croque-mort... Mais ils sont si profondément humains. Du réalisme magique ? Certes, dans un quotidien d’une banalité déprimante, un élément tout à coup détonne. Mais au lieu de nous entraîner dans un monde irréel, il est aussitôt assimilé comme une évidence. La mort même ne parvient pas à faire changer les habitudes.

Et puis non, il y a voyage. Au moins pour le lecteur, dans un monde d’une telle cohérence qu’il pourrait s’en sentir exclu, mais dans lequel il se laisse transporter par un humour féroce ou une connivence efficace. La satire du poète publiant sur des papiers coûteux pour un petit peloton d’intimes est désopilante, la petite momie dédaignant son sarcophage pour nidifier dans un étui de contrebasse est touchante. De discrètes allusions littéraires nous font sourire, lorsque l’on croise, dans la boutique d’un brocanteur, des canoës de Peaux-Rouges criards à côté des pointes de flèches de Zénon. Il faut un talent fou pour construire un monde si personnel dans lequel nous nous sentons chez nous. C’est que, comme le milliardaire sur son île ou le client du restaurant accueillant, Georges-Olivier Châteaureynaud cultive l’art précieux de nous y inviter.



NB : ce recueil n'est pas totalement identique à celui publié en 1997 sous le même titre chez Actes Sud : certaines nouvelles ont été supprimées, d'autres ajoutées, et toutes réécrites...


Lien : http://jean-claude-bologne.c..
Commenter  J’apprécie          20
L'autre rive

Ce roman est bien écrit mais vraiment on se perd dans les longueurs, il ne se passe pas grand-chose et l'auteur m'a perdu.
Commenter  J’apprécie          00
Le corps de l'autre

Louis Vertumne est un vieux con. Depuis des années, il traîne son existence de critique littéraire aigri, méprisant tout le monde (surtout les romanciers), haïssant tout le monde (surtout les romanciers). Les seules personnes qui le supportent encore sont trois femmes : son ex-épouse qui le soutient par habitude, sa femme de ménage qui lui permet quelques caresses furtives et sa secrétaire. Non content d’être un vieux con, Vertumne est un vieux con sur le point de crever. Un soir de Noël où il rentrait tranquillement chez lui, il se fait poignarder par un jeune skinhead, Donovan Dubois. Touché à mort, Vertumne s’effondre, plonge une dernière fois son regard dans celui de son agresseur… Et là – miracle des miracles ! – se retrouve projeté dans l’enveloppe corporelle de son meurtrier. Vertumne occupe donc le corps de Donovan Dubois et si ce corps a l’avantage d’être jeune et vigoureux, il a également de sacrés ennuis, notamment la menace d’être coffré par la police pour le meurtre d’un vieux critique grincheux comme un dogue. Affolé, paniqué, Vertumne fuit dans la nuit, mais rapidement son dégoût et sa terreur font place à une certaine fascination et à un à espoir flageolant : et si ce nouveau corps était l’occasion de recommencer sa vie ? De tout reprendre à zéro ? Peut-être même d’écrire le roman dont il a tant rêvé sans jamais réussir à en taper une ligne ?



« Le corps de l’autre » commençait très bien. La première moitié m’a captivée et l’originalité de l’idée de départ m’a enthousiasmée d’emblée ! Mais voilà… Cet enthousiasme n’a pas survécu aux longues et pesantes déambulations de Vertumne. Le principal problème de ce récit, pourtant singulier et fort bien écrit, vient du personnage principal : comme dit plus haut, Vertumne est un vieux con. Indécis, méprisant, mesquin, replié sur lui-même, il n’attire pas du tout la sympathie et son extraordinaire aventure ne semble pas avoir une influence très positive sur son caractère. Même coincé dans la peau d’un jeunot fauché, il reste un écrivain raté reprochant sans cesse aux autres son manque de talent. Il donne rapidement l’impression de tourner en rond – deux pas en avant, trois pas en arrière, deux pas en avant, trois pas en arrière… – et les zigotos qui tournent en rond, ça m’ennuie un peu. Rendant à César ce qui est à César : il y a du bon, voire du très bon, dans « Le corps de l’autre », quelques très jolies scènes en dehors du temps, mais aussi trop de longueurs et une histoire qui semble un peu menée à la va-comme-j’te-pousse. Pas mal, mais pas extraordinaire non plus.

Commenter  J’apprécie          90
Le verger

Voici quatre nouvelles qui mettent en relief l'aspect inquiétant du genre fantastique. Par contre, le personnage principal, l'époque et l'intrigue divergent à chaque fois. Le style est un peu suranné, le vocabulaire riche et exigeant, le rythme plutôt lent. A conseiller aux amoureux de la langue française et aux personnes à la recherche d'une lecture qui fait réfléchir.

Ne surtout pas se fier à la couverture: selon moi, rares seront les enfants qui apprécieront cet ouvrage. Les temps changent et à présent, il est plutôt destiné à un lectorat adulte.
Commenter  J’apprécie          30
Le démon à la crécelle

Tout commence lorsqu'un démon de second ordre - Isacaron, version beaucoup plus crade, un peu moins sympathique mais tout aussi réjouissante que le Crowley de Gaiman/Pratchett - offre une crécelle magique à un gamin particulièrement peu gâté par le sort. Orphelin, laid, puceau, mal aimé, maladroit, pas très futé, mal élevé, pétrifié de mal être, éternel souffre-douleur et amoureux malheureux d'une cruche impitoyable, le pauvre Kevin pourrait désormais, d'un simple tour de poignet, soumettre le monde entier à son bon vouloir. N'est-ce pas là chose diablement tentante ?

Le formidable potentiel de nuisance que semble représenter un tel pouvoir aux mains d'un tel garçon n'est pas, toutefois, le seul but que poursuit Isacaron. Car Kevin a pour protecteur Charles-Honoré Milo, vieil érudit pasionné de sciences occultes, qui au cours de ses recherches a découvert l'existence d'un objet depuis longtemps dissimulé aux mortels et que les Enfers recherchent activement.

Car en réalité, tout a commencé quelques siècles plus tôt, lorsqu'un certain Agrippa de Coscas, soudard parpaillot de la pire engeance, a extirpé du sein d'une lumineuse créature ailée l'embryon de ce qu'il faut bien reconnaitre comme un ange. Au milieu de tout le Mal dont l'existence sur terre, des guerres de Religion aux facéties nazies, des massacres de la Terreur aux dessous malsains des comités d'entreprise, n'est plus à prouver, une preuve de l'existence de l'autre camp subsiste encore peut-être, quelque part.

Pour Milo, sa découverte est un but existentiel en soi. Pour les Enfers, ce serait plutôt question de stratégie. Et en tenailles là au milieu, bien inconscients de ce qui se joue, ce sont toujours les mêmes qui trinquent.



Avec des éléments que ne renieraient ni un Dan Brown (pour le pire), ni un Perez-Reverte (pour le meilleur), Georges-Olivier Châteaureynaud concocte une recette toute personnelle, mélange de réalisme et de magie, d'aventure et d'interrogations existentielles, d'amertume et d'humour, où se pose comme en reflet de la lutte terriblement inégale du Bien contre le Mal, la double tentation du sourire et du désespoir.

Le récit est un peu inégal, avec des parties historiques que j'aurais aimé plus développées, plus abouties, et surtout rattachées au noeud principal de l'intrigue de manière un peu plus travaillée. Ce n'est sans doute pas le meilleur roman de l'auteur, mais cela reste captivant, juste et souvent touchant, avec des thèmes et un style qui me sont chers.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          50
La faculté des songes

CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 (17/20)



Prix Renaudot 1982



J'aime les livres qui parlent de livres et comme dans le résumé de celui-ci, il était question d'un bibliothécaire fantaisiste, je me suis dit que voilà un prix tout trouvé pour poursuivre mon challenge.



"La faculté des songes", c'est une bâtisse abandonnée promise à la démolition qui va devenir grâce aux hasards de la vie, un havre de repos temporaire pour trois écorchés de la vie. Quentin, qu'une nonchalance congénitale enfonce chaque jour un peu plus dans son statut de SDF, va trouver le premier ce refuge et va sauver Manoir venu s'y suicider. Ce fonctionnaire modèle, orphelin de guerre n'a pas vraiment trouvé de sens à sa vie et ne supporte plus ses nuits peuplées de cauchemars scatologiques. Le dernier membre du trio, c'est Hugo que son amour des livres m'a rendu plus sympathique. Bibliothécaire renfermé, écrivain raté, il use de subterfuges pour que son seul ouvrage paru rencontre enfin un lecteur. Exproprié de sa maison avec ses deux chowchows, c'est lui qui trouvera le nom si poétique de leur nouvelle demeure. L'ancienne propriétaire, Louise, jeune chanteuse en quête de succès apportera un peu d'amour à ces cœurs solitaires.



Les difficultés aussi bien existentielles qu'économiques de tous ces personnages n'ont pas vraiment réussi à m'émouvoir car leurs univers peuplés de rêves étranges a éloigné de moi toute notion de réalités, seuls les drames liés à l'enfance apportent de l'authenticité. Les tournures de phrases parfois un peu ampoulées de l'auteur ne m'ont pas aidée à entrer dans le récit. Ni l'arrivée de Louise, ni la fin n'apporte grand chose à ce qui est pour moi une non-histoire. Une lecture en demi-teintes car si parfois des paragraphes ont attiré mon attention, à d'autres moment c'était le vide sidéral : 10/20

Commenter  J’apprécie          110
L'autre rive

L'Autre rive fait partie des livres que j'emporterais sur une île déserte, d'ordinaire je suis un fan de Chateauraynaud, mais là avec ce titre, on touche vraiment au roman merveilleux (je l'ai offert à plusieurs reprises) et il fait partie des livres dont on souhaite que passe un peu de temps pour avoir le plaisir de le relire et de le redécouvrir.

En fantastique, je le rapproche volontiers de Gormenghast, bien que l'univers en soit différent.

Roman de quête, d'initiation, intemporel, qui pourrait se passer n'importe quand, roman du bout du monde, d'une micro-société au microcosme reproduisant toutes les grandeurs et les tares des grandes sociétés.

Roman de la différence, ici les créatures du Styx représentent les réprouvés, roman hanté par la mort, une mort acceptée, fatalitée de la vie.

Les personnages du roman ont une vie dense, et portent en eux toutes les contradictions et toutes les grandeurs qui en font des personnages de roman que l'on n'oublie pas. Cependant , la ville est un personnage à elle-seule, et lorsque le livre est terminé, elle reste présente et il est difficile de s'en détacher.

En résumé, un grand roman, même pour ceux qui n'aiment pas le fantastique, tant celui-ci n'est qu'un support aux propos de l'auteur et non pas le moteur du livre.
Commenter  J’apprécie          80
Singe savant tabassé par deux clowns

Je ne connaissais pas du tout cet écrivain, j'ai découvert un nouvelliste formidable, des histoires ciselées, loufoques, vaguement fantastiques, un régal.
Commenter  J’apprécie          00
Le château de verre

Il est comme cela des romans courtois, sans jeu de mot aucun… Simplement, « Le château de verre » est une œuvre brillante et élégante qui vous maintient en haleine jusqu’à la dernière page. Incroyable destinée que celle de Job de Logonna, sombre bâtard, élevé dans la plus grande des pauvretés, et qui réussira sur sa seule opiniâtreté à la vie, son courage mais aussi quelques belles rencontres à devenir un homme de son temps. Car Georges-Olivier Châteaureynaud, joue habilement ici sur deux tableaux, en premier plan, son barde et ses picaresques aventures (les pages sur la croisade sont extraordinaires entre autres…) et en toile de fond, l’esquisse de la civilisation médiévale ascendante du XIIème siècle, qui trouvera son apogée, grâce à des personnalités comme Job, au siècle suivant. C’est une véritable incursion dans le quotidien de cette époque, offrant, avec une belle véracité historique, nombres de scènes imagées et passionnantes. Il n’est donc pas étonnant que ce livre d’heures suscite notre intérêt en permanence, pas plus le faite de dévorer chaque page avec une certaine avidité grâce à un style est alerte et enjoué et sans aucun temps morts. « Le château de verre » est vraisemblablement l’œuvre la plus pertinente sur cette période méconnue, elle converse aussi bien aux néophytes qu’aux érudits… A (re)découvrir de toute urgence.
Commenter  J’apprécie          70
La faculté des songes

Ils sont trois. Trois hommes à qui les hasards du destin n'ont pas accordé le don de la vie - le minimum d'ardeur, l'énergie nécessaire pour être pleinement au monde et y faire un tant soit peu son chemin. Quentin, éternel renvoyé, ne connaît que les contraintes de la misère pour repousser la paresse inexorable qui le dévore et menace sans cesse de le faire tomber un peu plus bas. Manoir, fonctionnaire sans relief, aurait dû mourir enfant sous une bombe, avec sa mère et la demeure familiale. Survivant de corps plus que d'esprit, il erre de lubie en fragile obsession pour tenter de repousser les mauvais rêves qui chaque nuit cherchent à l'ensevelir. Hugo, bibliothécaire bardé de diplômes et écrivain raté, n'a jamais su trouver le souffle de dépasser l'échec de son premier livre et se noie peu à peu dans l'alcool, avec pour seuls compagnons deux chow-chow qu'il ne quitterait pour rien au monde.

Ces trois ratés qui ne vivent plus guère que de songes, une maison va les réunir - une grande maison abandonnée au coeur d'un terrain vague, un refuge à leur image contre la vie étrangère. Une dernière étape avant le dernier voyage.



S'il n'a ni l'ampleur ni la puissance imaginaire de l'Autre Rive, la Faculté des Songes est un très beau roman, qui dit avec une justesse terrible certain sentiment de vide et d'inertie irrémédiable. Qui le dit sans y opposer de faux espoirs, d'artificiel regain - désespérant, mais avec plus de mélancolie tranquille que de noirceur. Sans réel drame - car le drame, après tout, ne naît-il pas au contraire d'un débordement de vie ?

De caractères normalement très fades, l'auteur a fait des personnages très attachants malgré leur manque de substance, un peu comme des fantômes dont l'apparition serre le coeur, qu'on aimerait pouvoir retenir mais qu'on sait voués à disparaître.

C'est beau, et poignant - particulièrement pour moi, sans doute, car par certains aspects un peu trop familier. Plus je le lis, plus cet auteur me devient cher...



(Lu dans le cadre du challenge ABC)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          50




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Georges-Olivier Châteaureynaud (416)Voir plus

Quiz Voir plus

Verres

Dans le conte de Charles Perrault, il est parfois écrit que Cendrillon porte une pantoufle de vair. Qu'est-ce que le vair?

Un synonyme de verre
De la fourrure

10 questions
27 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}