AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253031833
256 pages
Le Livre de Poche (30/11/-1)
3.57/5   41 notes
Résumé :
Un marginal, réfugié avec deux autres esseulés dans une maison abandonnée, dirige une bibliothécaire municipale, malgré son absence totale d’autorité. Il a écrit, sous un pseudonyme, et édité à compte d’auteur, un recueil de contes qui n’a aucun succès. Personne ne le lit, personne ne l’emprunte même à la bibliothèque à qui il en a fait don discrètement. Alors il simule pour ce livre, des années durant, des opérations de prêt attribuées à de vraie lecteurs. Sa détre... >Voir plus
Que lire après La faculté des songesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Quentin, Manoir et Hugo. le premier est un inadapté chronique, incapable de conserver un travail et dégringolant petit à petit les échelons de la société jusqu'au vide abyssal de la rue. le deuxième est un fonctionnaire terne et effacé, englué dans la nostalgie poisseuse de son enfance, période bénie d'avant la bombe qui a rasé sa maison et tué sa mère. le troisième, écrivain raté et bibliothécaire démotivé, s'enfonce dans la solitude dans un petit pavillon de banlieue, en compagnie de ses deux chiens. Par la grâce d'un hasard singulier, tous trois vont se croiser et unir leurs solitudes, le temps de quelques mois, dans une vieille maison désaffectée. Survient une femme, Louise, jeune, pas bien belle, accrochée à sa guitare comme à ses rêves de gloire musicale. Trois hommes, une femme. du drame en perspective, me diriez-vous ! Et bien pas forcément. Plutôt un long désenchantement, un lent glissement vers le néant, rythmé par quelques lueurs d'espoir vite évanouis. On n'est pas dans la tragédie, mais qu'est-ce que c'est déprimant tout de même…

C'est le problème quand on commence par l'excellence, la suite déçoit toujours un peu ! Pourtant, bien que moins riche et imaginatif que le splendide « L'autre rive », « La faculté des songes » n'est pas dénué d'intérêt pour autant. Il s'en dégage un certain charme, las et mélancolique, celui des rêves évanouis et des ambitions déçues. le génie de Châteaureynaud est d'avoir rendu terriblement attachants ces trois loosers, personnages bien ternes pourtant au premier regard. On les aime bien, on les prend en pitié et ils nous font un peu peur aussi car on ne peut s'empêcher de penser qu'il s'en faudrait peut-être que d'un cheveu pour que nous sombrions comme eux. Pas mon livre préféré de cet auteur, mais un beau roman tout de même, portant sur un sujet particulièrement difficile.
Commenter  J’apprécie          110
CHALLENGE ATOUT PRIX 2015/2016 (17/20)

Prix Renaudot 1982

J'aime les livres qui parlent de livres et comme dans le résumé de celui-ci, il était question d'un bibliothécaire fantaisiste, je me suis dit que voilà un prix tout trouvé pour poursuivre mon challenge.

"La faculté des songes", c'est une bâtisse abandonnée promise à la démolition qui va devenir grâce aux hasards de la vie, un havre de repos temporaire pour trois écorchés de la vie. Quentin, qu'une nonchalance congénitale enfonce chaque jour un peu plus dans son statut de SDF, va trouver le premier ce refuge et va sauver Manoir venu s'y suicider. Ce fonctionnaire modèle, orphelin de guerre n'a pas vraiment trouvé de sens à sa vie et ne supporte plus ses nuits peuplées de cauchemars scatologiques. Le dernier membre du trio, c'est Hugo que son amour des livres m'a rendu plus sympathique. Bibliothécaire renfermé, écrivain raté, il use de subterfuges pour que son seul ouvrage paru rencontre enfin un lecteur. Exproprié de sa maison avec ses deux chowchows, c'est lui qui trouvera le nom si poétique de leur nouvelle demeure. L'ancienne propriétaire, Louise, jeune chanteuse en quête de succès apportera un peu d'amour à ces cœurs solitaires.

Les difficultés aussi bien existentielles qu'économiques de tous ces personnages n'ont pas vraiment réussi à m'émouvoir car leurs univers peuplés de rêves étranges a éloigné de moi toute notion de réalités, seuls les drames liés à l'enfance apportent de l'authenticité. Les tournures de phrases parfois un peu ampoulées de l'auteur ne m'ont pas aidée à entrer dans le récit. Ni l'arrivée de Louise, ni la fin n'apporte grand chose à ce qui est pour moi une non-histoire. Une lecture en demi-teintes car si parfois des paragraphes ont attiré mon attention, à d'autres moment c'était le vide sidéral : 10/20
Commenter  J’apprécie          110
Ils sont trois. Trois hommes à qui les hasards du destin n'ont pas accordé le don de la vie - le minimum d'ardeur, l'énergie nécessaire pour être pleinement au monde et y faire un tant soit peu son chemin. Quentin, éternel renvoyé, ne connaît que les contraintes de la misère pour repousser la paresse inexorable qui le dévore et menace sans cesse de le faire tomber un peu plus bas. Manoir, fonctionnaire sans relief, aurait dû mourir enfant sous une bombe, avec sa mère et la demeure familiale. Survivant de corps plus que d'esprit, il erre de lubie en fragile obsession pour tenter de repousser les mauvais rêves qui chaque nuit cherchent à l'ensevelir. Hugo, bibliothécaire bardé de diplômes et écrivain raté, n'a jamais su trouver le souffle de dépasser l'échec de son premier livre et se noie peu à peu dans l'alcool, avec pour seuls compagnons deux chow-chow qu'il ne quitterait pour rien au monde.
Ces trois ratés qui ne vivent plus guère que de songes, une maison va les réunir - une grande maison abandonnée au coeur d'un terrain vague, un refuge à leur image contre la vie étrangère. Une dernière étape avant le dernier voyage.

S'il n'a ni l'ampleur ni la puissance imaginaire de l'Autre Rive, la Faculté des Songes est un très beau roman, qui dit avec une justesse terrible certain sentiment de vide et d'inertie irrémédiable. Qui le dit sans y opposer de faux espoirs, d'artificiel regain - désespérant, mais avec plus de mélancolie tranquille que de noirceur. Sans réel drame - car le drame, après tout, ne naît-il pas au contraire d'un débordement de vie ?
De caractères normalement très fades, l'auteur a fait des personnages très attachants malgré leur manque de substance, un peu comme des fantômes dont l'apparition serre le coeur, qu'on aimerait pouvoir retenir mais qu'on sait voués à disparaître.
C'est beau, et poignant - particulièrement pour moi, sans doute, car par certains aspects un peu trop familier. Plus je le lis, plus cet auteur me devient cher...

(Lu dans le cadre du challenge ABC)
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
Commenter  J’apprécie          50
Un petit livre plaisant sans être renversant. Les quatre personnages sont tous plus ou moins brisés et surtout semblent terriblement inadaptés à notre société. Comme nous tous en somme... Les pages les plus touchantes parlent de l'enfance. Est-ce donc une particularité de Chateaureynaud d'être toujours aussi juste quand il évoque l'enfance ou l'adolescence ?

Des livres de Chateaureynaud, on préférera néanmoins le plus ambitieux, le plus transfictionnel, "L'Autre rive".

Commenter  J’apprécie          50

Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Il s'était parfois efforcé de réfléchir au rôle que jouait dans sa vie l'amour des livres. Car enfin, qu'il s'agît de ceux qu'il manipulait à longueur de temps sur son lieu de travail, de ceux qu'il ne cessait d'acheter pour son propre compte, ou encore de ceux qu'il avait rêvé d'écrire et dont un seul, ce malheureux petit volume de contes, avait vu le jour, les livres avaient toujours constitué sa seule passion, son seul plaisir, son obsession. Il vivait plus envahi, plus imprégné de livres qu'un banquier d'argent, ou qu'un boucher de sang ! Non content des caisses de nouveautés qui déferlaient chaque semaine sur son service, il courait encore les quais ses jours de congé, et passait régulièrement chez quelques libraires d'occasion... Enfant unique entre deux vieillards, il s'était vite réfugié dans la lecture. Ou bien fallait-il dire au contraire qu'il s'y était risqué ? Le livre était la porte de l'Aventure. Dans la maison silencieuse de ses grands-parents, il suffisait de pousser cette porte pour déboucher sur le tumulte de la vie, qui paraissait un instant plus tôt si lointain. Passé cette porte, Hugo foulait au pied la grève de l'île au Trésor, arpentait la lande d’Écosse avec Rob Roy, sillonnait la steppe au côté de Michel Strogoff : la vraie vie était dans les livres.
Commenter  J’apprécie          110
Quentin n'occupait dans la société qu'une place bien étroite, à peine un strapontin, et pourtant il avait fallu qu'on l'aidât à s'y hisser. Ouvrier spécialisé. On assigne à un homme une tâche simple, en quelques heures et parfois moins encore on lui montre comment l’exécuter. S'il ne donne pas satisfaction dans la journée on le renvoie. Quentin était O.S., par protection, car il devait son emploi à un ami.
Il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même ; il le savait. Aussi loin qu'il s'en souvint, le courage de tout lui avait toujours manqué. Il s'était laissé dériver doucement, nageur lassé dès les premières brasses, et il se retrouvait, à trente ans bientôt, homme de peine et fainéant.
Commenter  J’apprécie          90
En quelques semaines, indifférent au tumulte anodin de l'époque, Hugo accomplit le pèlerinage intérieur des agonisants. Il revisita ses lieux saints, ses catacombes et ses belvédères. Il buvait comme un trou et dans ce trou peu à peu il disparaissait. Il fumait à pleins poumons, et il s'en allait lui-même en fumée. Il n'était plus là qu'à moitié, à demi et plus qu'à demi transparent, bientôt fantôme, ombre en chemin vers la limpidité de la mort. Il n'était plus que mémoire.
Commenter  J’apprécie          110
Grandirait-il jamais ? Cet amour des ténèbres et de l'enfouissement, ces fantasmes de taupe, il s'y complaisait déjà tout enfant. La guerre, l'occupation n'étaient pas si lointaines, ni le pays des ogres et des loups-garous. Ses terreurs natives avaient trouvé dans les horreurs de cette époque prétexte et folklore. Quand les avions et les trains grondaient à l'est dans le soir, il s'ensevelissait au fond de son lit comme en un ventre de chaleur, d'ombre, de sécurité, jusqu'à perdre parfois le souffle.
Commenter  J’apprécie          30
Les œillères dont s'aveuglent si volontiers les hommes, pulsion sexuelle, goût du pouvoir ou de l'argent, passion d'un métier ou d'une oeuvre, et dont il était si cruellement dépourvu, ne lui dissimulaient ni le caractère funambulesque de la condition humaine, ni le gouffre sur lequel, danseurs de corde, nous titubons jusqu'à ce que le vent de la chute, nous sifflant aux oreilles, nous éveille de notre songe. Nous éveille ? Non pas même, car nous nous rendormons entre la corde et le sol, entre le faux-pas et la mort, et d'autres songes nous visitent encore, où nous rêvons qu'un inconnu tombe et se tue sous nos yeux...
Commenter  J’apprécie          20

Videos de Georges-Olivier Châteaureynaud (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges-Olivier Châteaureynaud
28 - Lecture de Georges-Oliver Chateaureynaud
autres livres classés : squatVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (93) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (2 - littérature francophone )

Françoise Sagan : "Le miroir ***"

brisé
fendu
égaré
perdu

20 questions
3679 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , littérature française , littérature francophoneCréer un quiz sur ce livre

{* *}