Citations de Georges Simenon (3586)
Ils parlaient, l'un comme l'autre, pour s'amuser. Ce n'étaient pas les mots qui avaient de l'importance, mais la façon de les prononcer, et aussi les regards qu'ils échangeaient, comme deux enfants qui nouent connaissance.
Un moment vient où le monde n'a plus d'odeur, où les paysages, les objets cessent de vivre d'une vie personnelle pour n'être plus que des choses inanimées.
Parce que l'un et l'autre ne sont qu'en bordure de notre vie, nous avons tendance à nous faire d'eux une image schématique,, oubliant que chacun a été de son temps le centre du monde. Nous agissons de même avec ceux qui ne font que passer dans notre vie, nos professeurs, nos collègues, nos amis d'un an ou de dix. N'étant, pour nous, que des accessoires, nous ne les voyons que d'un angle déterminé et nous les jugeons sur quelques traits saillants, sans leur accorder la complexité que nous nous accordons à nous mêmes.
C'était bon et c'était inquiétant aussi.Tout était inquiétant ,même la paix épaisse de la maison quand il n'y avait pas d'étranger pour casser le rythme trop régulier de la vie;
Cela sentait le dimanche soir ,la lassitude qui ne doit rien au travail,la détente veule et les minutes qui coulent plus lentement que les autres jours.
-Vous êtes intelligent ...Mais vous êtes méchant...
Il avait rarement vu une femme dans une pareille détresse, dans un tel état d'amoindrissement.
Ici, Maigret rencontrait pour la première fois la solitude à l'état pur.
Une solitude qui n'était même pas agressive .
Et alors,quand tout fut en place ,quand la perfection de ce matin-là atteignit un degré presque effrayant,le vieux monsieur mourut,sans rien dire,sans une plainte,sans une contorsion,en regardant ses images,en écoutant la voix de la marchande qui coulait toujours ,le pépiement des moineaux ,les klaxons dispersés des taxis.
Peut-être chacun ,au lieu de vivre simplement cette soirée-là la regardait -il se dérouler avec l'attention qu'on apporte aux évènements qui prendront une place importante dans le souvenir?
Maigret était sûr que si ,d'aventure ,il était obligé de passer le reste de es jours dans l'île, il ferait chaque matin le même promenade et que la pipe de cette-heure-là serait toujours sa meilleure pipe de la journée.
Je ne suis qu'un médiocre, je le sais, mais un médiocre lucide, je dirais même ,sans trop d'exagération, un médiocre satisfait.
Ce n’était plus une femme comme les autres. Elle lui apparaissait inaccessible comme la Vierge devait apparaître aux premiers chrétiens.
Où est Jacques ?
— Il est à la maison… Je croyais…
Sa gorge était trop serrée. Les mots étaient gros et râpeux comme des noyaux de pêche.
la foule allait et venait sur le parvis, comme à un entracte de théâtre
Moins il y a de témoins et plus la défense est aisée, parce que l’avocat a le champ libre…
un vaste plateau pierreux sans une maison, sans un arbre, un désert de cailloux comme il doit y en avoir dans la lune.
Il ressemblait ainsi à certains personnages des cauchemars d'enfant ,à ce figures monstrueusement grossies et sans expression ,qui avancent vers le dormeur comme pour l'écraser.
Quelque chose d'implacable ,d'inhumain,évoquant un pachyderme en marche vers un but dont rien ne le détournera.
se sentait vide comme il ne l’avait jamais été, vide et propre à la façon d’un animal que le boucher vient de débarrasser de ses entrailles, de toutes ses parties molles, et dont il a lavé et gratté soigneusement la peau.
Une balustrade noire partageait la pièce en deux. Du côté réservé au public, il n'y avait qu'un banc sans dossier, peint en noir lui aussi, contre le mur blanchi à la chaux et couvert d'affiches administratives. De l'autre côté, il y avait des pupitres, des encriers, des casiers remplis de registres énormes, noirs encore, de sorte que tout était noir et blanc.
Il n'était pas agressif .Il leur signifiait seulement ,à la face de toute la ville ,qu'il n'était plus des leurs.