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Citations de Georges Simenon (3587)


— Je suis enchanté, monsieur le commissaire, de vous avoir enfin au bout du fil.
— Croyez, monsieur le juge, que tout le plaisir est pour moi.
Mme Maigret leva vivement la tête. Elle était toujours mal à l'aise quand son mari prenait cette voix-là, paisible et bonasse, et lorsque c'était avec elle que cela arrivait, elle se mettait à pleurer tant elle était déroutée.
— Voilà cinq fois que je vous appelle à votre bureau.
— Et je n'y étais pas ! soupira-t-il avec consternation.
Elle lui fit signe de faire attention, de ne pas oublier qu'il parlait à un juge, dont le beau-frère, par surcroît, avait été deux ou trois fois ministre.
— On vient seulement de m'apprendre que vous étiez malade...
— Si peu, monsieur le juge. Les gens exagèrent toujours. Un gros rhume. Et encore, je me demande s'il est si gros que cela !
C'était peut-être le fait de se trouver chez lui, en pyjama, en robe de chambre moelleuse, les pieds dans des pantoufles, bien calé au fond de son fauteuil, qui inspirait à Maigret cette humeur enjouée.
— Ce qui m'étonne, c'est que vous ne m'ayez pas fait savoir qui vous remplace.
— Me remplacer où ?
La voix du juge Coméliau était sèche, froide, volontairement impersonnelle, tandis que celle du commissaire, au contraire, devenait de plus en plus bonhomme.
— Je parle de l'affaire de la place de la Concorde. Je suppose que vous ne l'avez pas oubliée.
— J'y pense toute la journée. Tout à l'heure encore, je disais à ma femme...

[Georges SIMENON, "Maigret et son mort", chapitre 3, Presses de la Cité, 1948]
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La jeune femme, découvrant le cadavre, se retourna tout d'une pièce. Dans l'encadrement de la porte, elle aperçut la haute silhouette de Maigret. Association d'images machinale : un mort d'une part, l'assassin de l'autre.
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“Il l’entraînait dans l’escalier et, non découragée encore, elle glapissait :
— Au secours ! … Je n’ai rien fait !… On me brutalise !…
Peut-être espérait-elle un mouvement de la foule mal renseignée, comme cela arrive plus souvent qu’on ne le pense. Maigret, à ses débuts, n’avait-il pas été roué de coups parce qu’un voleur à la tire qu’il arrêtait à la sortie d’un grand magasin s’était mis à crier :
— Au voleur !”
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Georges Simenon
Je n'écris pas : il pleuvait à verse, j'écris : Maigret était trempé.
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À trois heures, il sonnait chez Marie Papin, aussi ému qu'un amoureux, se demandant s'il trouverait ses mots, et il souhaitait presque qu'elle ne fût pas là. Il entendit des pas dans le corridor. Elle ouvrit la porte, le regarda en essuyant ses mains mouillées à son tablier.
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Il était difficile de concentrer plus de vies humaines dans aussi peu d'espace et pourtant, on ne sentait aucune chaleur, on éprouvait plus que nulle part ailleurs un sentiment d'irrémediable isolement.
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Écrire ! Je parle d’écrire des romans, d’essayer de faire vivre des personnages.
Pourquoi ?
Il y a cinquante ans que je m’use à essayer de faire vivre des hommes, en somme, à chercher des hommes qui me soient fraternels.
Et c’est aujourd’hui seulement que je viens d’avoir la réponse à la question que je me posais si souvent : Pourquoi écrire ?
Parce que, pendant tant d’années, j’ai été insatisfait. Adolescent, j’étais déjà insatisfait. J’ai continué à l’être par la suite au cours des années. Alors, j’ai cherché un monde où je trouverais comme un frère. Ce frère, deux cent quatorze ou deux cent quinze fois, j’ai essayé de le créer sans y parvenir.
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Comment faire pour décrire la petite boutique de la rue des Francs-Bourgeois où cela sentait le drap et la craie de tailleur, l'unique pièce de derrière où il fallait vivre, le gaz allumé toute la journée et le père Hire surtout, si brave, si digne, qui s'astreignait à suivre scrupuleusement les rites de la religion juive? S'il n'était pas Français, il n'était pas Russe non plus. Il ne parlait que le yiddish, et la grasse Arménienne de maman, jaune comme un coing, n'avait jamais pu le comprendre tout à fait.
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- Qu'est-ce que tu as ? Tu as l'air fatigué.
- Je le suis. J'ai beaucoup de travail.
C'était vrai. Un sale travail. Un travail qu'on ne fait d'habitude qu'une fois dans sa vie. Il était descendu au fond de lui même. Il avait gratté la surface, mis tout à nu jusqu'à ce que ça saigne. C'était fini. Il ne saignait plus. Mais on ne pouvait pas lui demander d'être le même homme.
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Il y a encore des noisetiers

Etais-je ce matin-là, plus ou moins heureux que les autres jours ? Je n'en sais rien et le mot bonheur n'a plus beaucoup de sens pour un homme de soixante-quatorze ans.
En tout cas, la date reste dans ma mémoire : le 15 septembre. Un mardi.
A six heures vingt-cinq, Mme Daven, que j'appelle la gouvernante, est entrée sans bruit, sans remuer d'air, et a posé ma tasse de café sur la table de nuit avant de se diriger vers la fenêtre et de tirer les rideaux. J'ai vu tout de suite qu'il n'y avait pas de soleil, que l'air était brumeux, qu'il pleuvait peut-être.
Nous nous sommes dit bonjour,simplement. Nous parlons peu.Pendant que je buvais une première gorgée, elle a rangé les vêtements que j'avais retiré la veille au soir et, de mon côté, j'ai tourné le bouton de la radio pour les nouvelles du matin.
Ce sont des rites. Ils se sont créés peu à peu et je serais bine en peine de savoir pourquoi nous les suivons religieusement.
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(...) ce silence exceptionnel, angoissant, arrivait de très loin en vagues concentriques, comme se propage le son des cloches, il venait d'au-delà des toits, d'au-delà du ciel d'aquarelle, donnant envie de refermer la fenêtre pour l'empêcher d'envahir la maison.

Car, de ce silence, chacun devait avoir l'impression d'être le centre, chacun qui, au milieu de cette immensité de calme absolu, déclenchait de petits vacarmes individuels avec une fourchette, un verre en ouvrant une porte, en toussant, en respirant.

En dehors de ce noyau sonore qu'on transportait avec soi, rien.
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Les gens ont d’autant plus confiance dans leur propre jugement qu’ils ont moins de connaissance ou d’expérience pour l’étayer.
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(le chef) Vous avez un plan?
(Maigret) Vous savez, chef, que les idées et moi sommes brouillés depuis longtemps. Je vais, je viens, je renifle. Il y en a qui croient que j'attends l'inspiration, mais ils se fourrent le doigt dans l’œil. Ce que j'attends, c'est le fait significatif qui ne manque jamais de se produire. Le tout, c'est d'être là quand il a lieu et d'en profiter...

("Stan le Tueur")
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On mangea des tartines de confiture en buvant du café. Mme Pontreau ferma à demi les persiennes car les rayons du soleil couchant pénétraient dans la pièce.
" Tu peux aller changer de robe, Hermine. "
L'horloge marquait les minutes, les heures, les jours d'une existence quiète et monotone.
Des poules s'obstinent à rester dans l'ombre chaude du nid alors que leurs oeufs sont éclos. Certaines même couvent encore de leurs ailes un poulet devenu aussi gros qu'elles.

(Georges SIMENON, "Le Haut-Mal", 1933, librairie Arthème Fayard, chapitre 11, page 187 de l'édition de poche Presses Pocket)
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De même que, dans son demi-sommeil, il avait presque toujours deux couches de pensées, l'une tenant davantage du rêve et l'autre de la réalité, il parvenait maintenant, à son insu, à superposer deux ordres de préoccupations.
Son regard ne quittait pas le FRANÇOISE et il manœuvrait son navire avec un sang-froid absolu. Pourtant un problème continuait à s'agiter dans une autre région de son esprit.
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Les SIMENON de 1937-1938

L'Assassin
Le Blanc à Lunettes
Faubourg
Les Sept minutes
Ceux de la Soif
Chemin sans issue
Les Trois crimes de mes amis
La Mauvaise étoile
Les Rescapés du "Télémaque"
Le Suspect
Les Sœurs Lacroix
Touriste de banane
M. La Souris
La Marie du port
L'Homme qui regardait passer les trains
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C'était chaque fois la même chose. Il avait dû soupirer en se couchant : - Demain, je fais la grasse matinée. Et Mme Maigret l'avait pris au mot, comme si les années ne lui avaient rien enseigné, comme si elle ne savait pas qu'il ne fallait attacher aucune importance aux phrases qu'il lançait de la sorte. Elle aurait pu dormir tard, elle aussi. Elle n'avait aucune raison pour se lever de bonne heure.
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Au début, on voit les gens de l'extérieur. Ce sont leurs petits travers qui ressortent le plus et c'est amusant. Puis, petit à petit, on se met dans leur peau, on se demande pourquoi ils réagissent de telle ou telle façon, on se surprend à penser comme eux et cela devient beaucoup moins drôle.
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- Etes-vous superstitieux, commissaire ?
Maigret, à cheval sur sa chaise, les coudes sur le dossier, esquissa une moue qui pouvait signifier tout ce qu'on voulait. Le docteur ne s'était pas assis.
- Je crois qu'au fond nous le sommes tous à un moment donné ou, si vous préférez, au moment où nous sommes visés...

Le chien jaune
Ch. 6
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Il doit en être ainsi au début des révolutions, quand personne ne sait encore au juste ce qui va arriver ; il ne se passe rien de particulier ; le passant non prévenu ne voit rien d'anormal et pourtant subit cette angoisse vague qui pèse sur la ville. Tout au plus, si l'on cherche des indices précis, aperçoit-on dans certaines rues des gens qu'on n'a pas l'habitude d'y rencontrer.

La jument perdue
Chapitre 7
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