Relecture de ce véritable conte de Noël de
Simenon avec un Jules
Maigret plus nostalgique que jamais. Il se souvient, la gorge pleine de soupirs rentrés, les Noëls de son enfance et espère, même s'il a cinquante ans, que la neige va se mettre à tomber. Un Noël sans neige, ça ne ressemble à rien.
Il y a presque du Dickens dans ce conte.
Jules et Louise ont passé un réveillon seuls. Ils n'ont pas de famille à fêter et à combler de cadeau, sauf la soeur de Louise qui est en Alsace et envoie une bouteille de prunelle de temps en temps. Une bouteille qui joue un rôle dans l'histoire, tant elle est sollicitée.
Le matin de Noël se traîne.
Maigret déçoit sa femme en ne faisant pas la grasse matinée, il se lève à huit heures dix, chipote un croissant du bout des lèvres, boit deux cafés, allume une pipe, sa femme tricote. Les rues sont désertes. Il imagine, dans les apprtements de son immeuble, les enfants émerveillés devant le sapin et les jouets.
Mais il était dit qu'il ne pourrait passer un Noël sans une enquête.
Deux voisines viennent le solliciter pour une étrange affaire. Mme Martin une femme mystérieuse et méfiante, une blonde âgée de quarante-cinq ans est traînée contre son gré, par Mlle Doncoeur une vieille fille amoureuse du commissaire, chez
Maigret afin qu'elle lui raconte quel étrange événement s'est déroulé chez elle durant la nuit de Noël. Sa nièce Colette, sept ans, orpheline de mère, convalescente suite à une fracture de la jambe affirme avoir vu un
Père Noël qui lui a remis une poupée après avoir exploré le parquet de sa chambre...
Maigret prend la chose au sérieux. Interroge les protagonistes de ce qu'il n'ose appeler un drame et met à jour aidé à distance par les fidèles Torrence et Lucas, les ombres du passé de Mme Martin, Loraine Martin née Boitel, et la dérive du père de Colette Paul Martin frère de Jean le mari de Loraine.
Comme dans un conte de Noël, l'histoire finit bien.
Maigret joue les redresseurs de torts, plus que de coûtume, et avoue ses sentiments les plus intimes pour sa femme Louise, en lui faisant un cadeau de Noël qui la comble plus que tout.
"- Bien sûr que je suis contente...Mais...mais...
Elle renifla, chercha un mouchoir, n'en trouva pas et enfouit son visage dans son tablier."
Une nouvelle (96 pages) dans laquelle
Simenon montre une fois de plus sa maîtrise de l'écriture en nous faisant découvrir des dimensions inconnues de son personnage fétiche.
Bravo.
A lire dans la perspective de Noël !