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Critiques de Henning Mankell (2625)
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Les chiens de Riga

Cher Wallander

Je vous retrouve donc, et plus vite que prévu !! C’est qu’il y avait urgence, mes lectures du moment finissaient par me désespérer ; il me fallait revenir au plus vite à une valeur sure. Et vous fûtes à la hauteur.

Souvenez-vous, meurtriers sans visages m’avaient laissé une bonne impression, et si je vous avais trouvé quelques petits péchés de jeunesse, j’avais trouvé de sérieuses bases pour de futures bonnes et passionnantes aventures. Et c’est bien d’aventure dont il s’agit ici. A une époque que les moins de vingt-ans ne peuvent pas connaitre, vous voilà embarqué un peu malgré vous en Lettonie à l’ère post -soviétique, dans un climat politique et social pas très clair. Vous nous entrainez donc dans une chasse à l’homme à la fois intrigue policière, poudrière diplomatique, et un roman d’espionnage ; le tout dans un pays, encore pas tout à fait un pays à part entière, où tout est à refaire, et à construire. Vous avez parfaitement remis le climat politique et social de l’époque.

Je retrouve le commissaire humain qui m’avait séduite dès le départ, et déjà vous semblez plus à l’aise en vous livrant davantage, en fendant l’armure parfois. Rydberg, votre ami récemment disparu, occupe vos pensées, il vous manque, vous lui parlez, cherchez auprès de lui les réponses à vos doutes. J’ai comme la nette impression que le charme Balte ne vous a pas laissé de marbre….

Commissaire tenace, curieux, courageux à l’extrême, fidèle en amitié, vous n’en restez pas moins un humble avec ses faiblesses, et ses peurs.

Vous m’avez fait voyager dans le temps et l’espace, m’avez remis dans de meilleures dispositions. Une valeur sure, vous-je !!!

Nous nous retrouverons donc, prochainement ; j’ai prévu de quoi remédier à mes futures pannes de lecture.

@ bientôt commissaire….


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Meurtriers sans visage

Un mois de janvier frigorifiant, le charme froid d'une Suède des années 90 le tout saupoudré d'un double homicide glaçant...



Voici l'un des premiers plateaux repas de ce cher Kurt Wallander, personnage principal de ce deuxième opus de la série. A noter que le premier roman de la série Pyramiden apparemment composé de cinq nouvelles policières n'a pas été traduit en version française (dixit Wikipedia).



Expérimenté et intuitif, Kurt Wallander est un personnage plutôt classique. En instance de divorce, il ne voit plus sa femme ni sa fille. Limite dépressif et alcolo, Wallander est un policier comme il en existe des milliers. Avec Wallander, Mankell crée un personnage à la mesure de la réalité, il ne possède pas ce sixième sens ultra-développé à la Hercule Poirot, n'a pas de flash "médiumnique" à la Allison Dubois et ne dresse pas le portrait complet d'une personne rien qu'en interprétant ses mimiques (je vous laisse deviner le personnage).



L'enquête est menée comme il se doit, des hauts des bas, on court après un tueur (des tueurs). Analyse des faits, réunion d'équipe... Tout le protocole rebattu maintes et maintes fois par les séries grassement servies à la télévision qu'au final on finit par connaître même si elles ne nous intéressent pas plus que cela!



Mais qu'est ce que j'ai aimé!



Mankell réussit haut la main ce défi de renouveler un genre qui à force d'être exploité laisse peu de place à la surprise et au suspense.

Sa plume, qui m'avait fait frémir dans Le Chinois, son imagination et son univers contrebalancent toutes ces surdoses de policiers.

Il les balance d'une belle poigne ferme et dure pour imposer son style franc et froid. Jusqu'aux dernières pages je ne me suis pas doutée de qui pouvait être le meurtrier. Bon peut être quelques soupçons... Cependant, son dénouement dépasse mes espérances quelque peu blasées d'expériences policières ratées et répétées.



Il est bien difficile de nos jours de se démarquer de cette masse d'auteurs et ce quelque soit les styles. Ainsi, trouver un auteur qui sait attirer votre attention d'un simple geste reste un réel plaisir. Allé Hop! aux Chiens des Riga à présent...





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L'homme inquiet

Intrigue assez moyenne , bien que les rapports URSS- Etats - Unis sont bien analysés , tout en nuances .

Ce qui est le plus intéressant , c'est le côté psychologique , la découverte de la vie en Suède .

J'ai épinglé l'emploi généralisé du ' Tu ' , le fait que les enfants ont la possibilité de prendre le nom de famille de leur mère , le long congé de maternité , les traditions , ici , la fête de la St Jean .

Kurt Wallander qui nous fait part de sa peur de vieillir , enfin , surtout , la peur d'être dépendant , la solitude , la peur de la retraite , les relations du commissaire avec son propre père , ses relations parfois houleuses avec sa fille .

Nous partageons le temps de l'enquête la vie de K. Wallender , les insomnies , les soirées trop arrosées dues à un trop grande solitude , le café du matin , les repas pris sur le pouce mais aussi des moments de bonheur , la vie quoi.

C'est tout cela qui rend le personnage si attachant , le thème du temps qui passe trop vite , arrivé à un certain âge , la peur de la vieillessse étant bien des thèmes universels .

Avec les trous de mémoire de plus en plus fréquents , de plus en plus graves de K . Wallender, l'auteur nous prépare doucement à faire le deuil de son personnage , à notre plus grand regret .

J'ai eu l'impression de perdre un ami , et me suis dit , ouf , je n'ai pas encore lu toutes les enquêtes , et tant pis si ce n'est pas dans l'ordre .

Décidemment , Hennig Mankell est bien talentueux ; et les lecteurs qui n'aiment pas les policiers sont perdants .

Beau moment de lecture , d'une grande humanité .

Je dois dire aussi qu'il y a beaucoup de critiques de qualité sur ce livre et que je m'excuse de ne pas écrire à chacun pour leur en faire part .
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Les chaussures italiennes

Fredrik Welin vit reclus sur un ilot sur la Baltique avec pour seules visites celles du facteur. Il vit replié sur lui -même après avoir commis une erreur médicale lors d'une opération.Pour se prouver qu'il est encore en vie, il creuse un trou dans la glace et y plonge chaque matin.

Mais alors qu'il n'attend plus rien de la vie, Harriett une femme qu'il a profondement aimé il y a 40 ans débarque dans sa vie. Ces retrouvailles vont bouleverser la vie quasi moniacal de Fredik.

Mankell, écrivain de polar, prouve avec ce roman qu'il est tout simplement un grand auteur. En abordant des thèmes essentiels de la vie : la paternité, l'amour, la solitude, la mort, le deuil, la culpabilité etc... Chaque page est chargée d'émotion sans aucun maniérisme. Il se sert aussi des magnifiques paysages de son pays et en fait un personnage à part entière. Un livre remarquable, bouleversant, qui nous questionne sur les actes manqués de nos vies. Peut-être le meilleur de Mankell.
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Les chaussures italiennes

Voilà pourquoi ce roman m'a plu et pourquoi je l'ai dégusté :

- au départ comme une boisson intéressante, rafraichissante même

(il faut dire que l'on commence par un bain de glace )

- puis peu à peu comme un poison insidieux et terriblement amer : j'avais envie de lâcher le livre tellement il me renvoyait en partie à moi-même , à ma lâcheté, à mes angoisses existentielles !

Combien sommes nous en effet à avoir peur de nos sentiments , de leur intensité et de la douleur que causerait la trahison !

La peur de prendre nos responsabilités dans la vie, que ce soit dans l'amour, dans l'amitié, dans les erreurs que nous commettons inévitablement , cette peur là nous empêche d'avancer dans la vie !

Alors on se retrouve un jour comme Fredrik Welin (le personnage central) devenu vieux avec la vérité du passé qui fait boomerang et nous invite à reprendre les rennes de notre destin même s'il ne nous reste plus beaucoup d'avenir !

Fredrik a abandonné jadis celle qu'il aimait par peur de l'attachement !

Il a abandonné son métier à cause d'une erreur qu'il a tenté de nier en prenant la poudre d'escampette sur son ile de solitude !

Alors il fallait bien qu'un jour le passé ressurgisse à sa façon !

Et de quelle façon !

C'est là tout l'art de cet écrivain que je ne connaissais pas du tout , qui a éveillé ma curiosité lors de son entretien avec François Busnel dans l'émission "la grande librairie" consacré à l'écriture scandinave !

La façon dont resurgit le passé est traitée comme une intrigue policière et je comprends là la prédilection de notre écrivain pour le roman policier !

Je vais donc suivre à la trace cet écrivain exceptionnel !

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La lionne blanche

Kurt Wallander est toujours le taciturne commissaire de police d'Ystad, commune suédoise dans la Scanie devenue mythique après la parution de la série.

Cela ne va pas. Et comment pourrait-il en être autrement! Tourmenté par son quotidien et une enquête où il est question du meurtre d'une agente immobilière et d'un doigt noir sectionné trouvé dans une ferme.



Trouver le lien entre les deux serait poser une passerelle entre deux rives improbables, la Suède et l'Afrique du sud, et, au bout du chemin, découvrir une lionne blanche plaquée au sol, prête à bondir. Cette lionne blanche, animal dangereux s'il est en chasse ou s'il se sent menacé, semble être la métaphore du pouvoir blanc.



Ce jumelage de circonstance entre Ystaad et le township de Johannesburg est l'occasion de festivités qui ne seront pas de tout repos. Aux courses poursuites dans une Suède sommeillante se mêle une course contre la montre, à des milliers de km, pour sauver ce qui peut encore l'être dans une Afrique du Sud du début des années 1990 soumise à l'Apartheid.



Quand Mankell s'intéresse à un pays malade, il s'engage. Comme dans "Les chiens de Riga", où il n'avait pas trouvé "le bilan du communisme globalement positif en Lettonie", il souligne les efforts de certains Sudafs pour faire évoluer leur pays vers des droits plus humains.

Pour accompagner son lecteur dans les méandres de ce conflit, Mankell distille plus d'actions que dans ses premiers romans.

Bien dosée le mélange enquête et découverte d'une culture fonctionne comme un diptyque marchant sur l'eau.



Ajoutez deux méchants, comme on les aime dans les livres, et vous serez comme un gerris qui, profitant de la tension de surface, se meut en patinant.
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L'homme inquiet

Henning Mankell nous offre ici la dernière fresque de Wallander, et c'est majestueux, serein. C'est étendu et le rythme est lent, ça ne court pas, on ne s'époumone pas, c'est beau à lire. J'y suis allée aussi lentement dans ma lecture, ça m'a pris une semaine pour arriver au bout de ce livre, bien sûr volontairement. Chaque moment que vivait Wallander me parlait personnellement, je me suis imaginé sur une montagne en train de contempler la mer. On s'émerveille à sillonner d'un côté la philosophie de la vieillesse avec un Wallander plus vieilli et plus que solitaire, il n'a que pour compagnie Ulysse, son chien, sa fille Linda s'est mise en couple et vient d'avoir un bébé. De temps en temps, sa mémoire lui fausse compagnie, il doit composer désormais avec les trous de mémoire instantanés. De l'autre côté, une enquête aussi froide que la guerre froide, car il s'agit bien de l'implication de la Suède dans cette période de la guerre silencieuse qui opposait les USA et l'URSS, autrement dit une guerre des espions...

Ce livre m'a plus frappé par son côté philosophique que par son côté polar!!!
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Sable mouvant : Fragments de ma vie

Un texte d’émotions, le dernier livre d’un auteur aimé : le célèbre romancier suédois Henning Mankell décédé en octobre 2015.



J’ai dévoré avec plaisir ses romans et je suis contente d’en avoir appris un peu plus sur l’homme qu’il a été grâce à ces textes. J’y ai retrouvé la Suède, les îles de « Profondeurs » et les dunes de Skagen dans lesquelles Wallander ira un jour se reposer. J’ai rencontré un grand humaniste et j’ai revu l’Afrique de « Comedia infantil ».



Dans ces « Fragments de vie », Mankell raconte des souvenirs de jeunesse, mais aussi comment il vit malgré le diagnostic brutal, comment il a refusé de se laisser emporter par les sables mouvants de la maladie. Il parle de ses préoccupations pour l’avenir : les déchets nucléaires, la pollution, sur cet héritage que nous laisserons en tant que civilisation.

Ce n’est pas un récit larmoyant de douleurs et d’apitoiement. Il avoue avoir peur, la peur de la mort et de la souffrance, mais c’est malgré tout un texte d’espoirs, de foi en l’humanité.



Il nous livre ses réflexions, sur le sens de la vie qui se résume à la survie pour une bonne part de la population mondiale, sur le passage du temps, sur la prochaine glaciation et sur les êtres humains qui ont autrefois décoré les cavernes. Ce n’est pas tant une grande œuvre littéraire qu’un témoignage qui appelle nos propres questionnements et nous oblige à regarder en face l’issue de notre propre existence.



En reprenant une citation du livre : « Tant que je me souviens d’eux, ils vivent », saluons Henning Mankell, encore vivant dans nos mémoires.

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Avant le gel

Kurt Wallander s’éloigne dans les derniers jours de l’été scanien. C’est son avant-dernière enquête et déjà Henning Mankell l’efface doucement de son horizon d’écriture. Dès lors, il manque Wallander ; son obstination, son impatience, son univers bordélique, son idéalisme bancal. Sa fille Linda, fraîchement sortie de l’école de police, mutée à sa demande dans le commissariat de son père, à Ystad, attend de commencer son travail. Ce n’est pas la relève, il n’y a pas de relève « Wallander « chez Mankell. Linda Wallander est le personnage central de ce livre. C’est elle que l’on suit. L’enquête menée par son père est en toile de fond, lui-même n’apparait que de temps en temps. Pourtant Linda Wallander est au cœur de cette enquête et du drame qui se joue. Nous regardons donc Wallander à travers les yeux de sa fille ; un regard critique, étonné, accusateur, irrité souvent, admiratif et somme toute aimant, même si elle s’en défend. Deux individualités bien distinctes et fortes qui parfois volent en éclats. Ce livre s’ouvre sur l’épisode tragique du suicide collectif en Guyana du mouvement « le Temple du Peuple » en 1978. Le reste du récit se déroule à la fin du mois d’août et au début du mois de septembre 2001. Avant les premières gelées de l’automne scanien. Un livre sombre, interrogateur sur la foi, la mort, l’appartenance à une famille, une société, l’idéal, la violence. La psychologie des personnages est toujours au premier plan, la solidité narrative aussi. Pour moi avec « Les morts de la Saint-Jean » le meilleur de la série. Peut-être parce que cette histoire a fait écho à un épisode personnel déjà ancien, lorsque ma route croisa pendant quelques mois Ursula, adepte de la secte Moon ou plutôt de l’Eglise de l’Unification puisque tel est son nom. Ursula essaya de me « recruter », je ne vois pas d’autre mot. Bien sûr, si quelqu’un lui avait fait remarquer que c’était sa « mission », sa « fonction » au sein du mouvement, elle l’aurait réfuté. J’ai retrouvé dans le livre de Mankell des similitudes de comportement entre Ursula et le personnage principal du livre (survivant de Guyana). Je ne peux que l’écrire :

Il y a de cela plusieurs années, je dirais même que c’était au siècle dernier. J’étais assise sur un banc Place de l’Odéon à Paris, perdue dans mes pensées je ne faisais pas vraiment attention au petit groupe de jeunes garçons et filles qui accostaient certains passants. Une jeune femme vint s’asseoir à côté de moi et commença à me parler. Rétrospectivement, je me suis dit que j' avaisl’air assez désœuvré pour qu’elle pense que je puisse faire partie d’un nouveau contingent d’adeptes. Pauvre Ursula, j’étais dans mon état naturel, pensant à mille choses et peut-être à des lieux de la Place Odéon. Ursula qui se présenta comme une néerlandaise d’origine allemande, vivant en banlieue avec son mari français et faisant de l’humanitaire. Nous parlons, très gentiment, très agréablement. Ursula me propose de venir chez elle, j’accepte. Nous nous retrouvons donc dans un petit appartement de la banlieue sud est, agréable, chaleureux, moderne et voici Ursula préparant un déjeuner en toute simplicité. Comme toujours chez quelqu’un (même si c’est une mauvaise habitude) je regarde les livres dans la bibliothèque et je vois non pas un, mais plusieurs livres « moonesques ». Aucun autre livre, ni magazine d’ailleurs. Déjà le tableau est posé. Nous continuons à parler comme deux copines. Je lui dis pendant le repas que j’ai vu les livres écrits par Moon et je lui demande (même si je m’en doute) si elle fait partie du mouvement. Ursula confirme et oriente le sujet sur la religion au sens large pour voir mes réactions. J’ai des amis croyants pratiquants des trois grandes religions monothéistes et me suis trouvée plus d’une fois à débattre de leur foi, de la spiritualité, de leur religion. Etant agnostique tendance athée « ça dépend de mon degré de scepticisme du jour», je m’interroge et je les interroge. Donc, une conversation (un interrogatoire ?) sur les religions, allons-y. Bien sûr, Ursula, commença un travail de bourrage de crâne, je ne vois pas d’autre terme, à mon encontre. Aucune prise avec moi, mon cerveau est d’une indépendance forcenée et obtuse. Ursula changeait de ton pour ne pas dire de personnalité quand j’argumentais sur Moon, sur sa vision du monde, sur son « message », sur sa paranoïa affichée, etc.… Le ton devenait soudain agressif, beaucoup moins sympathique. Etant partisane du dialogue et pouvant parler et débattre (même avec des idées que j’exècre) d’un ton calme et posé, justement pour toujours pouvoir comprendre le « pourquoi », cette violence verbale et cette agressivité me montraient les limites de notre relation. Quand je lui demandais de m’expliquer pourquoi elle et son mari se retrouvaient dans ce mouvement, elle récitait une succession de phrases sans réflexion, sans substance. Quand je lui demandais ce qu’elle pensait de tout ça, ne serait-ce que le fait de n’avoir pas pu choisir le prénom de sa petite fille. Elle ne pensait rien. Elle récitait. Effrayant et consternant. Ursula était charmante, sûrement intelligente, drôle, son mari était tout aussi avenant. Leur enfant était une mignonne petite fille, je me faisais surtout du souci pour elle. J’ai continué à lui rendre visite pendant trois, quatre mois, de façon régulière ; je ne la jugeais pas, je voulais comprendre. Peut-être pensait-elle arriver à ses fins avec moi, même si je refusais toutes les soirées, les sorties « entre adeptes ». Ursula aurait pût devenir une bonne amie. Malgré sa tentative de manipulation évidente vis-à-vis de moi, je l’aimais bien. Son endoctrinement était tristement total. J’ai pensé (après), que ce couple somme toute banal, un peu poussés par leur « gourou » auraient pu verser dans un extrême plus radical. En même temps je comprenais la logique d’approche d’Ursula, quand elle m’avait vue sur mon banc, seule. Je devais avoir l’allure d’une « proie » facile. Cette extrême gentillesse, douceur, calme, compassion, compréhension qu’elle déployait se lézardait au contact de l’interrogation d’autrui sur elle et ses semblables. En me souvenant des questions qu’elle m’a posées lors de notre première rencontre, je me suis aperçue qu’elles étaient orientées pour trouver ma faille, ma faiblesse, ma propre dépendance, le point qu’il fallait creuser pour m’amadouer. Le vivre en direct est très instructif à condition de se voir en spectateur. Il pose des limites sur la compréhension vis-à-vis d’autrui et met en évidence sa propre impuissance. Cette rencontre a renforcé ma recherche sans fin (et sans réponse) sur la nature humaine. Henning Mankell a écrit un livre sur le désespoir et l’espoir, Linda et Kurt Wallander vivent cette histoire pleinement. Ma rencontre avec Ursula avait un goût de désespérance, j’ose y mettre une goutte d’espoir…
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Comedia infantil

Henning Mankell partage sa vie entre la Suede et l'Afrique . De son pays d'origine , il en a tiré l'excellente série policiere des Wallander , flic à l'ancienne , désabusé , exerçant ses talents de fin limier dans une Scanie inhospitaliere au possible . De son pays d'adoption , Mankell livrera des romans beaucoup plus intimes tout en conservant cette plume magistrale toujours prompte à disséquer , analyser et spéculer sur la nature humaine .



José Antonio Maria Vaz est boulanger . Il travaille pour Dona Esméralda , une femme sans age au caractere plus qu'affirmé. Son rituel , se rendre sur le toit d'un théatre , son boulot achevé , afin de communier avec cette ville sans nom , aussi étouffante et sombre que ces nuits d'été récidivantes qui l'engloutissent inlassablement . De toutes ces nuits sans heures , il en est neuf qui resteront indélébiles . Neuf nuits passées au chevet de Nélio , jeune orphelin de dix ans retrouvé le corps criblé de balles . Neuf nuits rémanentes durant lesquelles le gamin mourant confessa une vie aussi breve qu'éprouvante , se livrant et se délivrant coeur et ame à José , dorénavant dépositaire d'un testament spirituel d'une apreté et d'une tristesse ténébreuses .



Mankell excelle donc dans divers domaines . Ses polars m'avaient plus que convaincu . Je découvre une nouvelle facette de ce Suédois prolifique et le moins que l'on puisse dire , c'est que j'en ressors enthousiaste en diable ! L'orphelin Africain , sujet porteur mais casse gueule . Sans tomber dans le misérabilisme , Mankell dresse le portrait d'un Nélio que la brutalité d'un pays gangréné par la drogue , couplé à une fatalité aussi fidele qu'un huissier de justice envers son débiteur , auront fait grandir et périr bien avant l'heure . Nélio a dix ans mais s'exprime déja comme un vieux sage . Son coeur d'enfant n'a que trop souffert le martyre , ses yeux d'enfant n'ont que trop pleuré la perte violente et définitive de proches , d'amis , de parents . C'est un parcours chaotique , brutal , excessif et pourtant , sans nul doute , terriblement commun dans un tel contexte , sur un continent ou la violence et la loi du plus fort regnent en maitres incontestés . Sa famille est attaquée . Décimée . Il en réchappe miraculeusement pour échouer dans cette grande ville dont il ne connait rien ni personne . Vif d'esprit , il s'acclimate rapidement et se lie d'amitié avec l'un des nombreux groupes d'orphelins pullulant dans la cité . Leur quotidien : la mendicité . Le partage est de mise au sein de cette petite troupe de laissé-pour-compte . D'un naturel honnete , droit et genereux , Nélio passera rapidement du statut de petit nouveau à celui de chef incontesté . La suite , à vous de la découvrir . Une seule certitude , à la fin de ce bouquin , sa disparition vous laissera comme un grand vide . Nélio , au-delà de l'individu , cristallise l'ensemble de ces gamins livrés à eux-memes et fait réfléchir quand à la condition et la survie d'une telle population vouée , somme toute , à etre dans l'instant plus que dans la vie pour finalement disparaitre dans l'indifférence et l'anonymat le plus complet à un age ou les projets d'avenir devraient etre de mise...La famine taraude le corps et l'ame mais bien moins que ce perpétuel besoin d'amour , que ce sempiternel questionnement identitaire . Tour à tour poete , lyrique et exalté , Mankell n'occulte en rien le tragique destin de ces jeunes sursitaires mais assene son histoire avec une franchise et une pudeur admirables . Comment ne pas éprouver d'empathie pour ce digne gavroche Africain au verbe haut , qui se sait partir et l'accepte comme étant le terminal inéluctable et logique d'une éphémere vie de misere et de souffrances . Mankell a visé juste et fort ! Nélio va me manquer...



Comedia Infantil , véritable testament d'une jeunesse Africaine sacrifiée .
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Les chaussures italiennes

Le Mankell que tout le monde connaît, promène son inspecteur Wallander au travers d'enquêtes les plus éprouvantes les unes que les autres. On sait, en le côtoyant, qu'il aime les personnages cabossés, les univers reculés, les paysages de Scanie. On sent bien qu'il est le cousin proche de son inspecteur, on devine son humanité au fil des livres, on l'imagine vieillir et s'émouvoir.

Et puis, on lit Les chaussures italiennes. Pas de Wallander dans les parages. Pas de crimes horribles. Un roman.

Un roman à la lecture duquel j'ai été tentée d'habiller Fredrik Welin des traits ridés et du regard profond de Henning Mankell.

Tu sais que je ne raconte que très rarement les livres, je préfère souffler sur les sensations qu'ils offrent. Celui-là donne envie de regarder en arrière, sans nostalgie, juste avec recul et honnêteté. Il caresse le coeur et fait fredonner, alors qu'il assied le lecteur face à des réalités peu réjouissantes d'ordinaire.

Je ne sais pas si tu as vu Les invasions barbares, il lui ressemble. La même trempe, la même douceur, la même horreur sans révolte.

Plus tu lis, plus ton ventre se tord. Comme quand tu attends une nouvelle importante. Comme quand tu attends ton amour. Comme quand tu attends un résultat. Et dans le même temps il t'enveloppe: un cocon, un peu froid par moment et qui se réchauffe les pages suivantes.

Il bouleverse.


Lien : http://ausautdulivre.blogspo..
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Le dynamiteur

Henning Mankell , décédé le 5 octobre 2015 est un des maîtres incontestés du roman policier scandinave, mais il s'est également imposé en littérature.



Créateur du commissaire Wallander, on savait le romancier bourré de talent, avec ses derniers romans « Les chaussures italiennes » et « Les bottes suédoises » on avait dit qu'il il atteint le niveau de la très grande littérature mais on s'aperçoit qu'il l'avait en fait atteint dès ses débuts.



En effet, quand, en 1973, il publie "Le dynamiteur, "l’écrivain suédois n’a que 25 ans. Son premier roman est un Germinal à la suédoise" .Un roman resté inédit en français avant 2018 qui n’a pas pris une ride. Bien que située dans la première moitié du XXe siècle, son histoire est atemporelle ;on perçoit déjà les premisses des grandes thématiques qu'il approfondira qu’il explorera dans la suite de son oeuvre.



Un roman enthousiasmant. parfaitement traduit par Rémi Cassaigne
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les bottes suédoises

Depuis la maison des ancêtres, avec ses bottes suédoises, barbote entre les rochers de l'île des Lundberg, Fredrik Welin, médecin à la retraite, reclus sur son île de la Baltique, celui-ci gravit les hauteurs pour se gaver de la beauté de ces lieus retirés, il se dit à lui même, " pourquoi les applaudissements seraient-ils réservés aux salles de concert? Pourquoi pas ici, sur ces rochers ? Je crois bien que je n'ai jamais rien vu de plus beau" .



Les Bottes Suédoises, dernier roman de Henning Mankel, déroule la "chronique d'une vie qui a tourné court". p22. L'incendie qui a ravagé par une nuit d'automne, sa maison familiale, est comme une tempête qui a tout effacé sur son passage, et bouleversa le regard que le vieil homme portait sur son île.



Que reste-t-il de tant de beauté, que reste-t-il de sa vie, puisque tout a été balayé, et qu'il ne reste plus que le dessin fragile des pierres calcinées, et plus haut une caravane minuscule pour seul refuge.



Deux romans s'offrent alors au lecteur, le polar puisque des soupçons émergent, sur le caractère criminel de l'incendie, plusieurs départs de feu ont été identifiés, la police locale est sur les dents. Un autre roman s'ouvre avec la venue d'une journaliste Lisa Modin, puis l'arrivée impromptue de sa fille Louise.



Si l'enquête criminelle imprime l'intrigue de ce récit, avec quelques rebondissements subtilement cadencés, en ajoutant une couche sur la peur suscitée par d'étranges étrangers, le dessein de Mankel et de faire le portrait d'un homme qui se sent décliner et qui pose une attention pleine de mélancolie sur les êtres et les événements de son passé.



Et quel beau portrait !



Ses moments de faiblesse, ou ses lâchetés lui reviennent en mémoire, il avoue simplement, les promesses trahies comme des ombres qui dansent autour de soi au crépuscule.



Ou encore il reconnaît, "qu'il est aussi facile de se perdre à l'intérieur de soi que sur les chemins des bois ou dans les rues des villes."

Il y a urgence, car tout n'est pas fini, sa fille le réclame et la perspective d'une naissance ne peut que raviver son envie de vivre, un peu comme un pied de nez qu'il aimerait bien faire à la mort. " La mort ne l'effraie que par sa grande indifférence."



Il y a urgence, il repense à Harriet trahie, il se rappelle, " la douleur qu'elle avait dû ressentir en réalisant que je l'avais quittée, je pouvais à peine l'imaginer."

La belle et énigmatique journaliste, Lisa Modin, ranime son espoir, confusément, de vivre un dernier amour, le plus beau, le plus pur qu'il puisse imaginer.



La mélancolie de cet homme de 70 ans est émouvante, elle se glisse dans tous ses rapports avec les anciens du village, ou dans sa vision poétique et touchante de son île et de tous ces paysages noyés dans la brume.

L'éloge de la pluie est en harmonie avec ses souvenirs, des souvenirs délavés, estompés qui n'attendraient qu'un dernier rayon de soleil pour éclabousser sa vie. "Le plus beau, c'est quand il pleut. Je me demande s'il existe quelque chose au monde de plus beau qu'une douce averse d'été en Suède. D'autres pays ont des monuments remarquables, des cimes ou des gouffres vertigineux. Nous, nous avons nos pluies d'été. "





Je partage l'émotion de tous les lecteurs qui comme moi ont été fascinés par la poésie que Mankel a su donner à ce roman autobiographique, son désir de vivre jusqu'au bout, si bien exprimé , "quelquefois je me figure que les arbres murmurent, que les fleurs chuchotent, que les buissons fredonnent des mélodies mystérieuses et que les églantines, dans les crevasses derrière le pommier de ma grand-mère, font résonner des notes pures sur des instruments invisibles. Alors pourquoi des îlots ne soupireraient-ils pas ?"
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Les chaussures italiennes

Un homme s'est coupé du monde et vit seul sur une île de la Baltique.

Une vie racontée, des état d'âmes, des retrouvailles inattendues , des instants magnifiques et des "foutus quarts d'heures" comme il y en a chez chaque individu.

On ne voit pas le temps passé.

Je vais passer avec plaisir à la suite, en ayant hâte de découvrir et de lire cet auteur qui détient lui aussi la faculté de nous embarquer "un de ces instants dans la vie où le temps non seulement s'arrête, mais cesse tout bonnement d'exister".
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La lionne blanche

Une incursion en Afrique du Sud au moment où l'Apartheid vient juste d'être aboli et la tension est à son comble.



Wallander part sur les traces d'une femme signalée disparue par son mari depuis 3 jours. Rien ne semble trouble dans son passé ni dans sa vie actuelle. Pendant ces recherches, une maison isolée explose, un chien policier retrouve un doigt d'homme noir non loin, et dans les décombres émergent un élément d'un revolver rare ainsi qu'un reste de radio-émetteur fabriqué en Russie. Quel est le lien entre tout cela ? Y a-t-il un lien avec cette femme disparue ou est-ce une pure coïncidence ?

Cette enquête va se révéler très éprouvante pour le commissaire qui une fois de plus fait cavalier seul et part à la dérive au final, quand il se voit contraint de tuer deux hommes. Il faut dire que sa fille va être mêlée de près aux évènements et que son propre appartement va d'abord être cambriolé puis exploser. On observe un homme fragilisé, blessé en son for intérieur, et que la situation dépasse. Un homme terriblement humain tout simplement.



Ce troisième roman de la série s'ancre pleinement dans l'actualité du moment de son écriture (publié en 1993 en Suède). En parallèle de l'enquête du commissaire, Henning Mankell nous offre de belles pages de documentation sur la situation politique en Afrique du Sud. Un prologue tout d'abord, puis des chapitres mettant en scène divers protagonistes impliqués dans l'histoire de son roman. Quand l'Histoire rencontre la petite histoire, cela donne un récit mouvementé et engagé qui implique malgré lui le lecteur dans une réflexion poussée. Le tout dans un style habile sans longueur, une langue toujours aussi agréable à lire.

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Les bottes suédoises

Sur son île de la Baltique la maison de Fredrik brûle. Il a le temps de sortir, pas très habillé avec deux bottes dépareillées et deux pieds gauches. En quelques minutes cet homme de soixante-dix ans a tout perdu. Son voisin le plus proche va le dépanner de vêtements, Fredrik pourra se loger dans la caravane de sa fille qui est sur l’île.



Qui prévenir, à qui demander de l’aide et Fredrik a t-il vraiment besoin d’aide ? Pas facile tout ça. Il va prévenir sa fille qu’il ne connaît pas très bien, va faire des courses sur le continent et puis fait le tour de son île. C’est l’automne de sa vie et sur son île.



Les autorités le soupçonnent d’avoir mis le feu délibérément, sa fille fantasque mais rêche va le brusquer dans sa vie d’ermite, son voisin est un peu trop présent, des gens meurent sur le continent et Fredrik s’embarque dans une drôle d’histoire avec une journaliste de trente ans sa cadette.



C’est une histoire tendre et drôle, une acceptation des autres avec leurs différences et leurs failles, sans se poser de question, naturellement. La peur de la mort est présente mais légère, juste un ressenti.



Et ce réveillon du nouvel an à trois dans une caravane avec plats du traiteur et vaisselle fine est un délice à lire, à vivre. Le luxe dans l’essentiel, c’est peut être ça la vie.



Les paysages toujours grandioses, la mer, la tempête, le froid, la pluie, la neige et l’île et cette vie qui continue malgré tout. Sublime !
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Les bottes suédoises

Henning Mankell emploie toujours beaucoup de finesse dans la composition de ses personnages et dans le regard qu'il porte aux conflits et aux questions existentielles qui les accompagnent.

Il y a chez lui de la tendresse et une lucidité qui forcent le respect.

Son humour pince-sans-rire à la suédoise insuffle aux personnages une dimension profondément humaine. Il aborde la difficulté de se comprendre et qui finit parfois par nous condamner à une prison de malentendus avec les êtres que nous aimons le plus.



Son récit toujours habillé d'un style impeccable est fort et mélancolique. La maîtrise de la narration ne prend jamais le pas sur le destin des personnages.

Il y a un petit quelque chose de Jim Harrison et ses Les légendes d'automne dans l'évocation de l'arrière-saison, celle de la maturité, des questionnements et des regrets. Cette dernière tranche de vie éveille la conscience du temps qui passe et la peur de l'imminence de la mort, mais elle représente également une dernière chance de goûter à des plaisirs essentiels de la vie.



On accepte avec sérénité de troquer le glamour des chaussures italiennes contre le confort rassurant des bottes suédoises.

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Daisy sisters

Daisy Sisters est une des premières œuvres de Henning Mankell, datant de l’époque où il n’était pas encore le grand auteur aujourd’hui regretté. Et ça paraît. On peut y lire divers éléments qui feront plus tard sa plume mais aussi beaucoup d’erreurs de débutant. Un peu comme s’il avait voulu tout mettre dans ce roman, un brique de plus de 500 pages dans l’édition de poche. Mais bon, c’est intéressant de voir ses débuts. Et aussi, le roman est agréable à lire même s’il ne s’agit pas d’une grande œuvre.



Daisy Sisters s’ouvre avec Elna Skoglund qui entreprend une correspondance avec Vivi Karlsson. La première habite le nord et la deuxième, la Scanie, bien au sud de la Suède. Début intéressant. Elles grandissent et, vers la fin de l’adolescence, se rencontrent enfin. Alors, la Seconde guerre mondiale fait rage, des réfugiés norvégiens traversent la frontière. Tout le monde est un peu inquiet mais les deux amies profient de leur jeunesse, veulent connaitre l’amour. Toutefois, on change complètement de ton : Elna se fait violer et devient enceinte. Pourquoi pas ? Je suis prêt à suivre Mankell partout où il veut m’amener.



Malheureusement, on se rend compte rapidement que ces 100 premières pages ne servaient qu’à amener le personnage principal du roman : Eivar Maria Skoglund, la fille illégitime d’Elna. Quinze ans plus tard, le bébé est une adolescente comme sa mère l’était. Elle veut profiter pleinement de la vie, vivre de nouvelles expériences. Et c’est alors qu’elle croise la route de Lasse Nyman, un jeune délinquant, qui l’entrainement sur le mauvais chemin. Vol de banque, poursuites en voitures, etc. Elna s’en sortira indemne, heureusement.



Ainsi, un autre épisode de la vie d’Eivar s’ouvre, la vie d’adulte. Vie de famille, travail à l’usine, besoin d’émancipation, etc. Je vous épargne ses multiples péripéties : toutes aussi ennuyeuses les unes que les autres. Après 400 pages, j’avais seulement envie de crier à l’héroïne de se ranger, et même parfois de jeter le livre au loin pour arrêter de le lire. Mais impossible, c’est un Mankell !



Je n’ai pas oublié Elna et Vivi, les deux Daisy Sisters. Elles font des apparitions de temps à autres, mais elles jouent un rôle plus que secondaire, presque inutile. Pourquoi alors s’être attardé aussi longtemps à leurs aventures de jeunesse ? Pourquoi les avoir choisi pour titre ? (C’est le même, en suédois.) Sans doute l’auteur croyait écrire une grande fresque, une saga familiale.



Toutefois, tout n’est pas négatif. Ce que j’ai apprécié du roman, c’est le portrait que Mankell dresse de son pays. Il a su partager les transformations que la Suède a subies des années 40 aux années 80 : Seconde guerre mondiale, essor de la classe moyenne, la condition de la femme, l’avortement, mais aussi des sujets plus controversés comme le viol. À cela, il faut ajouter une kyrielle de référents culturels (les modes importées importées des États-Unis, le cinéma, la musique, les cocktails, etc.). Pour moi qui n’ai pas connu cette période, ces aspects du roman étaient insctructifs. De plus, les personnages s’y fondaient naturellement et ils étaient vraiment crédibles. C’est tout de même un début qui était très prometteur pour un jeune auteur.
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Les morts de la Saint-Jean

Double enquête pour le taciturne Wallander alors que trois jeunes gens ont disparu lors d'une soirée à la St Jean, au même moment, alors que Wallander décide d'ouvrir une enquête pour disparition inquiétante, l'un de ces adjoints Svedberg ne répond pas à son appel. Arrivé à l'appartement, il le découvre assassiné, la tête explosée. Très vite, la marque d'un sérial killer ne fait plus de doute.

Loin des polars anglo saxons, Mankell installe lentement son histoire,

chez lui pas de héros pur et dur, juste un flic en fin de carrière,dépressif, qui porte un regard désabusé et inquiet sur cette violence banalisée.

L'enquête est passionnante, d'une noirceur terrible, Wallander et son caractère difficile est un flic attachant et l'on se dit que le succès de Mankell n'est pas usurpé. Une très grande cuvée.
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Les morts de la Saint-Jean

Eva Hillström, la mère d'Astrid, est inquiète. Elle a reçu une carte postale de sa fille lui annonçant qu'elle partait en voyage avec deux amis, Martin Boge et Lena Norman. En août, une deuxième carte postale arrive et Eva a la certitude que ce n'est pas sa fille qui l'a écrite. L'écriture et la signature semblent correspondre, mais Eva affirme que l'écriture de sa fille est extrêmement facile à imiter.

Les inquiétudes de cette mère commencent à déteindre sur Kurt Wallander. A son tour, il se demande ce qui a bien pu arriver aux trois jeunes s'ils ne sont pas, comme presque tout le monde le pense, partis en voyage sur un coup de tête.



Wallander décide donc d'organiser une petite réunion avec Martinsson et Svedberg, deux de ses collègues. Les trois hommes doivent décider s'il faut lancer un avis de recherche concernant les trois jeunes gens.

Mais Svedberg est absent, sans qu'il ait prévenu d'un quelconque empêchement ou d'une maladie. Il ne répond pas non plus au téléphone et aux messages que Martinsson et Wallander laissent sur son répondeur. Tout cela ressemble peu au consciencieux Karl Evert Svedberg...



Rentré chez lui, Wallander est réveillé par une crampe. Un mauvais pressentiment l'assaille soudain et il décide de se rendre à l'appartement de Svedberg, non sans attendre des renforts, en la personne de Martinsson. Les deux hommes trouvent Svedberg dans son salon, le crâne à demi arraché par un coup de fusil. L'appartement sens dessus dessous fait penser à un cambriolage qui aurait mal tourné.



Avec le choc et l'émotion causés par le meurtre d'un policier, l'affaire des trois jeunes gens ayant quitté leurs domiciles depuis la nuit de la Saint-Jean (le 21 juin) est mise en suspens. Mais Wallander va très vite devoir mener une double enquête et résoudre les deux affaires en même temps.





J'ai découvert l'inspecteur Wallander par le biais d'un téléfilm avec Kenneth Branagh dans le rôle-titre. L'atmosphère très noire et presque déprimante du téléfilm en question était particulièrement intéressante (cela change des autres téléfilms policiers) et était aussi bien adaptée à la personnalité de Wallander.



L'ambiance du livre est moins sombre et Wallander, même s'il reste assailli par le doute et la solitude, ne semble pas aussi dépressif. L'homme reste néanmoins peu communicatif: il parle peu et uniquement pour dire des choses utiles à l'enquête. La manière dont Wallander résout ces enquêtes est donc principalement cérébrale. Cela donne une intrigue prenante, à laquelle le lecteur prend activement part, même si le rythme du récit n'est pas très rapide.



Les soucis personnels de Wallander (un début de diabète et le sentiment aigu de sa propre solitude) le font apparaître très humain et, parfois, à la limite de la fragilité.
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Henning Mankell et Kurt Wallander

Deux hommes sont retrouvés morts sur un canot, exécutés d'une balle dans le cœur. Les corps sont identifiés : des criminels lettons d'origine russe liés à la mafia.

Meurtriers sans visage (1994)
Les Chiens de Riga (2003)
La Lionne blanche (2004)
L'Homme qui souriait (2005)
Le Guerrier solitaire (1999)
La Cinquième Femme (2000)
Les Morts de la Saint-Jean (2001)
La Muraille invisible (2002)
Avant le gel (2005)
L'Homme inquiet (2010)

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